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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuse (2ème partie)

    Quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuses…
     
    La primaire des « Verts » a attiré les projecteurs et les micros sur les thématiques écologistes et sur les idées du parti qui se revendique officiellement de l’écologie, parfois de façon fort abusive. L’occasion est ainsi et aussi donnée aux royalistes d’évoquer leur conception du « souci environnemental », très lié au souci politique lui-même. Une plongée dans les textes « écolo-royalistes » anciens n’est pas inutile pour en saisir toute la portée…

    Partie 2 : Bureautechnocratie et multinationales contre nature et santé.
     
    Le souci environnemental s'intègre dans la réflexion plus large sur les conditions de la vie en société et celles de la pérennisation de la Cité nécessaire aux citoyens et à leurs libertés civiques, et, tout bonnement, au bon ordonnancement de la vie en société elle-même : c'est une constante de la politique des royalistes (avec sans doute quelques exceptions pour ces derniers) de s'inquiéter de « ce qui doit durer », en particulier en l'absence angoissante d'une dynastie qui inscrive le temps du moment dans un temps plus long, en amont comme avec la promesse de l'aval. En somme, les royalistes assument une forme de régence idéologique, « en attendant l'héritier », et elle se marque par la volonté de « préserver l'héritage » dont l'environnement, dans tous ses aspects et éléments, est une énorme part et, plus encore, le cadre de vie et de mouvement des sociétés françaises et humaines.
     
    En 1971, l'on ne parle pas encore de « Trente glorieuses », ni de « Trente ravageuses », mais les royalistes rémois, eux, marquent leur défiance à l'égard, d'une part, d'une société qui oublie les limites de la biosphère et, d'autre part, d'un État qui, pris dans le grand mouvement de la société de consommation confondu, à tort, avec une juste prospérité (le gaspillage est une forme de la démesure, de l'hubris, de la consommation), ne sait comment réagir aux excès d'un système de plus en plus hégémonique. C'est ce que le Bulletin d'AF Reims de janvier 1971 souligne, dans une perspective éminemment politique et royaliste :
     
    « Mais la mise en chantier d'une politique efficace de lutte contre les nuisances nécessite l'utilisation d'importants moyens de financement. Où les trouver ? Les entrepreneurs incriminés ne veulent supporter à eux seuls l'investissement immédiatement improductif que constitue par exemple la construction d'une unité de filtrage. Ils évoquent, souvent avec raison, le handicap qui en résulterait face à la concurrence étrangère (1). C'est à l’État seul, disent-ils, de se charger d'un tel financement. Là, comme ailleurs, le problème est donc politique d'abord.
     
    Or, force est de constater que pendant très longtemps aucune force politique n'a fait mention dans son programme, de la défense du milieu naturel. Sauf, de par son origine, l'Action Française, comme nous le verrons plus loin.
     
    Pour les bureautechnocrates (2), la lutte pour la préservation de l'environnement n'est que l'une des difficultés liées au passage à la civilisation de post-consommation (3). Le progrès des sciences et des techniques amènera inéluctablement des mutations irréversibles jusque dans l'homme lui-même (4). La transformation sera douloureuse et il faudra bien y perdre tout ce à quoi nous étions attachés dans le cadre de la société de « pénurie ». C'est ainsi que certains envisagent froidement la suppression totale de toute agriculture (5), la chimie pouvant subvenir à nos besoins alimentaires, la suppression des campagnes puisque la population du monde sera telle que la ville s'étendra partout (6); si d'aucuns s'avéraient trop souffrir du complexe de « Cérès » (7), il serait possible de leur allouer une vache qu'ils pourraient élever à loisir.
     
    Si tous ne vont pas jusque là, très nombreux sont ceux qui, éloignés depuis longtemps du monde naturel, s'accommodent fort bien de sa déprédation. La finance vagabonde y a encore gros à gagner (8) Un exemple parmi tant d'autres : un important trust pharmaceutique international fait actuellement pression sur les autorités européennes (9), lesquelles ne font pas la sourde oreille, pour que, dans le cadre de la nouvelle législation viti-vinicole, l'addition d'enzymes soit autorisée dans les vins : chose qui représente un marché colossal. »
     
    Hélas, mille fois hélas : ce texte royaliste de 1971 n'est pas démenti, bien au contraire, par les 46 années qui nous séparent du temps de sa rédaction...
     
    (à suivre)
     
    Notes : (1) : Un argument toujours valable, d'ailleurs, même s'il sert parfois aussi d'alibi à quelques sociétés multinationales pour délocaliser dans des pays peu regardants sur la question environnementale (et sociale), sociétés toujours à la recherche du plus grand profit, en particulier sous la pression d'actionnaires peu soucieux de Bien commun et d'écologie.
     
    (2) : La bureautechnocratie est l'un des éléments majeurs et dominants de la société des années 1960-70, synthèse de la technocratie modernisatrice « à tout prix » et souvent progressiste par principe, par idéologie même, plus encore que par raison, et de l'administration (volontairement ?) kafkaïenne de la République, centralisatrice et liberticide par essence, si l'on en croit la critique maurrassienne. Sous la Cinquième, plus encore que les partis, elle constitue l'armature, la superstructure même du système de domination et de contrôle de la société. C'est le penseur royaliste Pierre Debray qui en forge, dans les milieux monarchistes français, la compréhension la mieux assurée et la critique la plus convaincante.
     
    (3) : La formule de « civilisation de post-consommation » est-elle la plus appropriée ? Car, en définitive, nous vivons en une civilisation toujours fondée sur la « société de consommation » dans laquelle il faut « consommer pour produire » et qui, ainsi, entraîne le gaspillage et la surenchère technologique autant que consumériste, aujourd'hui plus encore qu'hier. L'auteur a sans doute voulu signifier que le temps d'établissement de la société de consommation était désormais en passe d'être révolu dans notre pays, en cette année 1971, et que l'on entrait dans un monde qui, ayant intégré la logique de ce système, ne se posait plus la question de savoir s'il était légitime ou non... Ce processus de passage est fini, au moins depuis les années 1970 en France, ce qui n'empêche pas les contestations, évidemment (et heureusement). Là encore, ce texte vieux de 46 ans a vu juste...
     
    (4) : le transhumanisme et les rêves d'une « humanité augmentée » (surtout pour ceux qui auront les moyens financiers de cette « augmentation »...), aujourd'hui portés par de grandes multinationales des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) : quand la réalité dépasse (ou cherche à le faire) la (science)fiction...
     
    (5) : Les projets de quelques experts de la Commission européenne ne sont-ils pas de diminuer toujours plus la population agricole en Europe et ne voit-on pas, en Allemagne ou en Chine, la mise en place d'une agriculture constituée de « méga-fermes » qui sont plus de l'ordre de l'usine à produire de la viande ou des légumes que de la culture et récolte de produits nourriciers ? Et certaines bonnes âmes de Bruxelles y voient « l'avenir de l'agriculture européenne », au nom de « l'adaptation » à la mondialisation...
     
    (6) : L'urbanisation galopante dans les pays émergents et la rurbanisation non moins effrayante dans nos pays, qui entraîne la bétonnisation de 82.000 hectares de terres agricoles chaque année en France, soit environ 26 mètres carrés chaque seconde.
     
    (7) : Cérès est, en Grèce ancienne, la déesse de l'agriculture et des moissons, qui apprit aux hommes, selon la tradition mythologique, à cultiver la terre et à faire du pain à partir du blé moissonné. Le « complexe de Cérès », c'est le besoin ressenti par les hommes de travailler la terre et de faire fructifier la nature par eux-mêmes.
     
    (8) : Les multinationales monopolisent de plus en plus toute production agricole, de l'amont à l'aval, des semences à la grande distribution ou à la restauration rapide. Le système agro-alimentaire est aussi nommé « agrobusiness », terme anglo-saxon qui est sans doute moins hypocrite que sa traduction française : ce « business », c'est aussi le triomphe de l'Argent dans le domaine agricole, et il s'agit bien, dans ce système, de « faire de l'argent » plus encore que de nourrir les hommes en toute mesure et équilibre (l'obésité désormais endémique dans notre société de consommation le prouve à l'envi).
     
    (9) : les groupes de pression du secteur pharmaceutique et du secteur de la chimie freinent encore les efforts des associations de sauvegarde de la santé et des États responsables (ils ne le sont ni tous ni toujours, malheureusement) pour empêcher les diverses pollutions et malversations sanitaires : il suffit de considérer l'impossibilité concrète du Parlement européen de tenir une ligne indépendante des grands groupes agro-industriels et, plus grave encore, de constater ses votes qui, conjugués avec les « conseils » de la Commission européenne, sont en train de vider de tout sens l'agriculture biologique, de moins en moins « biologique » et naturelle, pour le plus grand bonheur des « marchands de soupe » qui « récupèrent » ce secteur pour le transformer en toute autre chose que ce qu'il devrait être...
     
  • Éphéméride du 10 avril

    1916 : Bataille de Verdun (photo : l'Ossuaire de Douaumont)

     

     

     

    1028 : Mort de Fulbert de Chartres 

     

    De L'Encyclopedia universalis :

    "Né près de Rome dans une famille pauvre, Fulbert eut pour maître un évêque italien, séjourna un peu à Rome, puis, vers 984, vint à Reims pour y suivre les leçons de l'illustre Gerbert d'Aurillac, le futur pape Silvestre II. En 992, il se rendit à Chartres pour apprendre la médecine. Bientôt il fut nommé maître, chancelier et chanoine. En 1006, la faveur du roi Robert le Pieux, qu'il connaissait depuis longtemps, le porta à l'évêché de Chartres. Fulbert acquit un prestige considérable auprès de ses contemporains; sa correspondance est une source importante de l'histoire de son temps. Après l'incendie de 1020, il reconstruisit sa cathédrale; la crypte actuelle est son œuvre.

    Fulbert est vénéré comme saint à Chartres.

    Disciple de Gerbert et utilisant comme celui-ci les grands texte de la logica vetus  Fulbert donne, par son enseignement à l'École cathédrale de Chartres, l'élan qui fera d'elle, au XIIème siècle, un centre d'études important, illustré par des penseurs de premier ordre (tels Bernard et Thierry de Chartres, Gilbert de La Porrée, Guillaume de Conches) et caractérisé par son intérêt pour les arts libéraux ainsi que par ses recherches philosophiques sur l'origine et la nature de l'univers.

    C'est à Fulbert que la célèbre école de Chartres doit ce goût de la science et des études profanes qui l'amènera à déborder les cadres du quadrivium dans le sens d'un "humanisme avant la lettre."  

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    http://nominis.cef.fr/contenus/saint/948/Saint-Fulbert.html 

     

    Sur les incendies et reconstructions de la cathédrale voir l'Éphémeride du 10 juin et l'Éphémeride du 17 octobre...

     

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    1677 : Début de la bataille de Cassel...

     

    10 avril,petain,verdun,guerre14-18,premiere guerre mondiale,von falkenhayn,poilus,joffre,voie sacrée,barrès,douaumontElle durera deux jours, et s'achèvera, le lendemain, par le triomphe total de Monsieur, frère du Roi (ci contre): Philippe d'Orléans, le prince à l'origine de la branche actuelle de notre Famille de France (voir l'Éphéméride du 21 septembre : "1640 : Naissance de Philippe, second fils de Louis XIII, à l'origine des représentants actuels de la Famille de France...", jour de sa naissance)...

    Cette année-là, on est en pleine Guerre de Hollande. Le roi et Monsieur, son frère, sont aux armées et commandent eux-mêmes les troupes. Les maréchaux de Luxembourg et d’Humières commandent l’armée sous Monsieur. En face d'eux, ennemi acharné de la France, Guillaume d'Orange...

    Monsieur chargea avec une valeur et une intrépidité rares : il eut un cheval tué sous lui et reçut un coup de mousquet; le chevalier de Nantouillet eut la cuisse percée à ses côtés, et quelques-uns de ses domestiques furent tués derrière lui.

    Ensuite, Monsieur ayant pris Saint-Omer, revint à Versailles avec Louis XIV, qui venait, lui,  de prendre Cambrai...

    La guerre fut terminée l’année suivante (1678) par la Paix de Nimègue (voir l'Éphéméride du 5 février) : la grande perdante de la guerre fut l'Espagne, qui céda à la France :

    la Franche-Comté;

    et, dans les Flandres, Cassel, Bailleul, Aire, Saint-Omer, Cambrai, Bouchain, Condé-sur-l'Escaut, Bavay, Maubeuge; et la place forte de Valenciennes, dans le Hainaut...

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    La stèle, sur le lieu de la bataille...

     

     

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    1707 : Naissance de Michel Corrette

     

    Compositeur et organiste de la période baroque tardive, Michel Corrette est né à Rouen dans les dernières années du règne de Louis XIV, a traversé "le siècle de Louis XV" et s'est éteint à Paris, exactement deux ans après Louis XVI, le 21 janvier 1795.

    Sa musique heureuse et joyeuse est tout à fait dans l’esprit d'optimisme et de joie de vivre qui caractérise le siècle de Louis XV, et illustre parfaitement le mot célèbre de Talleyrand : "Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que la douceur de vivre..."

     

    symetrie.com/fr/auteurs/michel.corrette

     

    Écouter : le concerto "La servante au bon tabac" (dont le 3ème et dernier mouvement a donné la célébrissime comptine "J'ai du bon tabac dans ma tabatière..." :

     

     

     

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    1916 : Ordre du jour mythique du général Pétain : "Courage ! On les aura !".

     

    La bataille de Verdun, qui a débuté le 21 février dure depuis maintenant 7 semaines. Elle ne s'achèvera que le 19 décembre...

    verdun.JPG
      Écouter : "La marche du Régiment de Sambre et Meuse" :
     
     

    Von Falkenhayn a voulu cette bataille précisément là, à Verdun, pour, selon ses propres mots, "saigner à blanc l'armée française". Or, l'État major français ne croyait pas à une attaque sur Verdun : Verdun est un saillant, on n'attaque pas un saillant, disait-on... 

    Le calcul de Falkenhayn était de tailler en pièce l'armée française au moyen de son artillerie :  deux millions d’obus — un obus lourd toutes les trois secondes — tombèrent sur les positions françaises les deux premiers jours de l'offensive allemande.

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    Lance-fusées allemand ou Minenwerfer de 245 mm. 
     

    Mais, en fait, si l'artillerie causa bien 80% des pertes à Verdun, la bataille se révélera presque aussi coûteuse pour l'attaquant : elle fit au total plus de 300.000 morts (163.000 soldats français et 143.000 allemands) et 500.000 blessés.

    Alors que, côté allemand, c'est pour l'essentiel les mêmes corps d'armée qui livreront toute la bataille, l'armée française fera passer à Verdun, par rotation, 70 % de ses Poilus, ce qui contribua à l'importance symbolique de cette bataille et à la renommée du Général Pétain qui commanda la première partie de la bataille.

    Quatre jours à peine après le début de l'offensive, Pétain, qui commande la 2ème Armée, est nommé par Joffre - dès le 25 février - Commandant en chef du secteur de Verdun.

    Comme Falkenhayn, Pétain croit en l'artillerie et, pour lui la progression de l'infanterie doit s'effectuer avec l’appui de l’artillerie.

    Il est économe des efforts de ses hommes. Il veille à adoucir au maximum la dureté des épreuves pour ses troupes.

    VERDUN 4.JPG
    Hôpital de Verdun Glorieux 
     

    Dans un premier temps, il réorganise la défense. Une artillerie renforcée dans la mesure des disponibilités couvre les unités en ligne. Les forts sont réarmés.

    Pour ménager ses troupes, il impose le "tourniquet" : les bataillons se relaient pour la défense de Verdun. En juillet, 70 des 95 divisions françaises ont participé à la bataille

    Dans un second temps, il réorganise la logistique. La seule voie de ravitaillement possible consiste en une voie ferrée sinueuse doublée d’une route départementale. La route ne fait que sept mètres de large et se transforme en bourbier dès les premières pluies. Sur ces 56 km de piste, il fait circuler une succession ininterrompue de camions roulant jour et nuit.

    Cette artère vitale pour le front de Verdun est appelée "La Voie Sacrée" par Maurice Barrès. Il y circule plus de 3.000 camions, un toutes les quinze secondes. 90.000 hommes et 50.000 tonnes de munitions sont transportés chaque semaine.

    verdun 2.JPG
    Les canons de 155 mm arrivent par la voie sacrée Bar-le-Duc/Verdun 
     
     

    Enfin, il réorganise l’artillerie. L’artillerie lourde restante est récupérée. Un groupement autonome est créé et directement placé sous ses ordres. Cela permet de concentrer les feux sur les points les plus menacés. 

    Le résultat de cette rapide et énergique reprise en main ne se font pas attendre. Si les allemands attaquent au Mort Homme et du côté du Fort de Vaux, ils n'iront pas plus loin que le village de Fleury-devant-Douaumont, qui fut pris et repris seize fois. Ce village, qui fait aujourd'hui partie des huit villages fantômes de France (qui ont un maire, mais n'ont plus d'habitants), a représenté l'avance extrême de l'armée allemande devant Verdun. 

    C'est au cours de ces batailles pour Douaumont que Pétain écrira ce fameux Ordre Général 94 : 

    courage on le saura ordre 94.jpg
     
    Dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes voir la photo "1914 : la France dévastée" et ses suivantes.
     
     
    C'est le 21 février qu'avait débuté la bataille de Verdun (voir l'Éphéméride du 21 février); le 3 décembre 1919, la Chambre "Bleu horizon" votera le Décret prescrivant l'édification de l'Ossuaire de Douaumont (voir l'Éphémeride du 3 décembre)...
     
  • Eloge des poubelles, par Michel Onfray.

    Je travaille à un livre qui comportera un chapitre sur la créolisation. On doit le concept à Édouard Glissant. Je lis donc cet auteur martiniquais tout en croisant son œuvre avec sa biographie. Jean-Luc Mélenchon a récemment fait un usage politique, donc électoraliste, électoraliste donc politique, de ce concept, d'où l'intérêt d'aller y voir de plus près...

    Habituellement, j'ajoute à la lecture des biographies celles des correspondances qui éclairent les œuvres car je souscris à cette idée que Nietzsche développe dans la préface au Gai savoir, je l'ai beaucoup dit et écrit, qu'une œuvre est le produit d'une biographie, ce qui n'est pas déconsidérer l'œuvre par la vie mais l'éclairer. Mais il n'y a pas de correspondance générale de Glissant.

    Pour autant, je ne suis pas de ceux qui estiment que le nazisme avéré de Heidegger interdit de le lire et oblige à jeter ses œuvres complètes à la poubelle. Même chose avec celle d'Aragon dont le stalinisme et l'Ode à la Guépéou, la police politique bolchevique, n'interdit pas qu'on le lise. Il est vrai que l'indignation est sélective et que les anciens staliniens donnent leurs noms à des rues ou à des collèges ce qui n'est le cas ni de Brasillach ni de Rebatet.

    Je lis donc cette biographie de François Noudelmann et je la trouve pauvre, faible et, pour tout dire, assez peu biographique. Les dates manquent, on saute du coq à l'âne, Glissant nous est raconté vivant à Paris une vingtaine d'années et revenant de Martinique sans qu’il soit précisé que pour en revenir il a bien fallu qu’il ait quitté Paris - dès lors: quand, à quelle date, comment, pour quelles raisons? On cherche en vain les réponses...

    L'enfance de Glissant se trouve racontée à hauteur d'enfant ce qui n'est guère judicieux: le biographe n'est pas le copain du petit garçon que fut le futur grand homme et, imaginer le nobélisable en germe chez le garçonnet qui commet les sottises de son âge, c'est procéder à une illusion rétrospective qui fait sortir de la biographie pour rentrer dans les habituels scénarios de film où l'on se moque bien de la réalité pourvu que la fiction produise de beaux effets...

    François Noudelmann, professeur à l’université Paris VIII et producteur à France-Culture, semble n'avoir d'autre thèse que de se présenter comme l'unique fils spirituel, l'héritier seul habilité à parler au nom de son sujet. Ce qui nous vaut des chapitres du livre composés dans une autre typographie qui, venus du ciel, montrent Noudelmann et Glissant dans un colloque à Carthage, Noudelmann et Glissant regardant un match de rugby dans un pub américain rempli d'anglo-saxons, Noudelmann et Glissant à Baltimore, etc.

    Il se fait qu'un courtisan de Glissant aujourd’hui habilité à s'en croire le seul héritier (peu importe son nom qui est sans intérêt...), prend la plume pour longuement attaquer ce livre comme un vulgaire singe mord son semblable à la gorge parce qu’il s'estime le plus proche du singe dominant. Je lis ce texte sur le net...

    Et, au détour de ma lecture, je tombe une fois, puis deux, sur mon nom qu'il conchie. Si ce petit homme reproche à Noudelmann de n'avoir pas lu les œuvres de Glissant, ce qui est pure et simple calomnie, il n'a guère plus lu mes livres vu ce qu’il me reproche. Entretenir de la relation que Glissant avait à la nourriture parce qu’il était gros mangeur, c'est, selon ce courtisan déçu d'avoir trouvé plus courtisan que lui, "faire du Onfray" et l'on comprend que chez ce monsieur qui tient blog chez Médiapart, parler du corps c'est méprisable. Où l'on constate que penser comme un curé de campagne du Moyen-Age tout en se prenant pour un moderne dont la prose est hébergée chez les rois du moderne ne pose aucun problème! Passons...

    Le quidam revient à la charge cette fois-ci parce qu’il estime que la biographie ne devrait pas s'occuper de questions proprement... biographiques! Le biographe considéré comme illégitime a en effet mal parlé de son héros: il a dit qu'il mangeait trop, qu'il séduisait trop, qu'il couchait trop, qu'il aimait trop l'argent, qu'il était trop préoccupé des honneurs (le fameux Nobel qu'il escomptait pour lequel, semble-t-il, il a consacré beaucoup d'énergie...), qu'il a trop aimé les belles voitures (une Mercedes pour lui, une Triumph décapotable pour sa femme), qu'il mentait trop, et ce depuis ses plus jeunes années, etc. De même, celui qui aimerait être vizir à la place du vizir reproche au professeur d'avoir parlé de l'agonie et de la mort d'Édouard Glissant. Depuis quand un biographe devrait-il consacrer cinq cents pages d'un livre à son sujet en évitant la nourriture, le sexe, les femmes, l’argent, le rapport aux honneurs, la fin de vie, la mort? Un pareil livre serait à coup sûr une fausse biographie mais une véritable hagiographie.

    Iznogood me reproche donc d'avoir créé une mode en France (le monsieur exagère mon influence...) qui consisterait, en gros, à vider les poubelles des grands hommes pour discréditer leur œuvre!

    C'est Madame Roudinesco qui se trouve à l'origine de ce bruit de toilette me concernant. Car, à défaut d'avoir lu l'œuvre complète de Freud, puisqu'elle se contente d'une vulgate qu'elle récite comme un catéchisme depuis plus d'un demi-siècle, elle n'a pu répondre factuellement, je ne dis pas même intellectuellement, ni même philosophiquement, au livre que j'ai consacré à Freud, Le Crépuscule d'une idole, car elle ignorait ce que j'avais écrit et n'avait bien sûr pas lu mon livre. La preuve: le livre n'était pas encore paru qu'elle vomissait déjà dessus, et ce sur toutes les chaines du service public et dans toute la presse bien pensante. Ce livre non lu par elle était nul et non avenu, non recevable au double motif... qu’il n'avait pas de bibliographie ni de notes en bas de pages! La bibliographie faisait trente pages (1) et la seule note en bas de page (2) était celle qui me faisait dire que, puisqu'il y avait quantité de citations dans ce livre, les références se feraient dans la foulée de chacune d'entre elles dans des modalités dont je donnais le détail - OC X.45 pour œuvres complètes parues aux Presses Universitaires de France, tome X, page 45...

    Un autre angle d'attaque était que j'allais vider les poubelles des grands hommes ne sachant rien faire d'autre puisque, fils de pauvre, je n'étais ni normalien ni agrégé - ce que Madame Roudinesco, fille d'un médecin et d'une neuro-pédiatre psychanalyste, n'est pas non plus, nonobstant ses études de lettres à la Sorbonne...

    En fait, quand on est fils d'un ouvrier agricole et d'une femme de ménage, pour cette gauche germanopratine, on ne peut que vider les poubelles des autres - alors que, quand on est fille d'une psychanalyste, on devient naturellement psychanalyste, par héritage. Ce qui est le cas de ladite dame.

    Je ne prendrai qu'un exemple de ce procès qui s'avère insidieusement une attaque ad hominem. J'ai en effet montré que des historiens (des vrais, eux...) de la psychanalyse avaient documenté le fait que Freud couchait avec sa belle-sœur, possiblement avec l'accord de sa propre femme, et qu’il partait en vacances avec elle, sans sa femme. Les historiens ont retrouvé les registres qui en attestent.

    Il m'est moralement indifférent que Freud se soit comporté de la sorte - finalement, tant mieux pour lui et sa propre vie sexuelle... En revanche, pour le généalogiste des fictions que j'essaie d’être, philosophiquement cette information a une portée considérable pour une raison bien simple qui est que Freud a lui-même confié qu'il avait renoncé à la sexualité et que c'est pour cette raison qu’il avait détourné sa libido dans une autre activité, à savoir la création de la psychanalyse.

    Comme toujours avec Freud, cette fiction personnelle devient une vérité scientifique: le détournement libidinal génèrerait l'activité créatrice. Ce qui débouche sur la théorie de la sublimation présentée comme une vérité scientifique valant pour tous les hommes depuis toujours et qui durera tant que dureront les hommes!

    Un bon demi de siècle de critique littéraire, esthétique, musicale a pollué l'intelligence européenne (mondiale même...) avec cette fadaise! On n'écoutait pas Mozart, on traquait la disharmonie musicale trahissant l'influence œdipienne, le Don Juan composé avec Da Ponte comme librettiste était un séducteur parce qu'homosexuel refoulé; on ne lisait pas Proust on cherchait dans La Recherche les indices d'un désir de coucher avec sa mère expliquant ses préférences sexuelles; on ne regardait pas une peinture on y cherchait la trace d'un phallus ou d’un vagin, comme Freud donnant la clé d'une toile de Vinci en confondant un milan et un vautour, ce qui mettait par terre sa fable appuyée sur l'étymologie; on n'étudiait pas la critique de Platon par Aristote on pointait le meurtre du père du jeune philosophe contre le vieux en donnant un sens phallique au doigt de l'auteur du Banquet levé vers le ciel dans la fresque de Raphaël; etc.

    Que Freud ait couché avec sa belle-sœur, je m’en moque; qu'il ait prétendu qu'il n'avait plus de sexualité et que voilà ce qui aurait généré la psychanalyse, c'est faux, mais je m'en contrefiche également; qu'il ait extrapolé son mensonge pour en faire une théorie devenue doctrine universelle selon laquelle toute création était sublimation, autrement dit le fruit d'une libido détournée de la génitalité, voilà qui me gêne car il s'agit d'une sottise totale, enfin, cette extrapolation généralisée au fait que toutes les œuvres procèdent d'une énergie libidinale déviée et qu'il faut partir à la recherche de ces preuves comme les enfants après les œufs un jour de Pâques, voilà une sidérante fiction assimilable à une escroquerie...

    C'est en ce sens que les poubelles m'intéressent et que le fils de pauvre que je suis, se trouve chez lui avec les ordures...

    Que pouvait donc bien faire Roudinesco d'une pareille information? Soit elle convenait qu’il y avait là matière à, au moins, s'interroger, au mieux, à mettre Freud et le freudisme en question afin de voir si cette fausse méthode avait produit des effets ailleurs - et elle produit des effets partout chez lui: théorie de la séduction, de la masturbation, du viol systématique des filles par leur père, du meurtre du père suivi d'un banquet cannibale, etc. Soit elle entrait dans la pathologie de la dénégation qui lui faisait tout nier en bloc, déconsidérer la personne qui proposait l’analyse, salir sa vie privée, l'attaquer sur sa sexualité supposée - par exemple: j'avais dans un article trouvé infâme la défense du crime sexuel de Polanski par la gauche germanopratine, BHL et Finkielkraut en tête, c'est donc que j'étais un pédophile refoulé... Elle pouvait aussi estimer que je vidais les poubelles des grands hommes, en digne héritier de ma mère qui fut femme de ménage arraisonné à son destin de fils de gueux. Ce qu’elle fit.

    Mais il fallait que cette dénégation ne semble pas en être une et qu'elle prenne les apparences d'une contre-enquête scientifique - tout négationnisme se prétend toujours peu ou prou une science. Elle a donc attaqué ceux qui avaient fait cette enquête prouvant que Freud était bien descendu dans cet hôtel, qu'il avait bien signé ce registre pour une chambre identifiée, qu'il s'y trouvait seul avec sa belle-sœur et qu’il avait donc partagé le même lit et non une chambre double. La méthode négationniste est simple: ce qui a eu lieu n'a jamais eu lieu - ou lieu autrement. Voici donc la pathologie à l'œuvre: il est bien descendu à cet hôtel, il faudrait sinon considérer que la signature du registre est un faux, mais la chambre qui avait tel numéro n'est plus la même aujourd’hui. Or, abracadabra, jadis elle était ailleurs et avait un lit double. Etc... Que Freud parte en vacances sans sa femme avec sa belle-sœur n'est pas un problème digne d'intérêt.

    Où l'on voit que madame Roudinesco, bien qu'elle soit de noble extraction familiale, elle, ne répugne pas non plus à fouiller les poubelles. La compagnie des ordures ne semble pas la gêner quand c'est pour la bonne cause.

    Cessons-là avec cette dame qui ne vaut que par le fait qu'elle incarne superbement à Paris, et encore, dans deux ou trois arrondissements, le fonctionnement intellectuel des tenants de la secte freudienne. J'aurais aussi pu parler de Jacques-Alain Miller qui, lors d'un entretien avec moi pour Philosophie Magazine à l'occasion de la parution de ce même livre, avait estimé que mon trajet d'enfant de classe modeste était remarquable et que c'était aussi celui ... d'Adolf Hitler! Face à ma riposte, il était convenu que peut-être lui, JAM, n'avait pas été complètement psychanalysé! Sauf à prouver qu'une analyse ne sert jamais à rien quant à l'essentiel d'un être.

    Ces gens sont l'écume des choses. Cessons-là...

    En revanche Freud a considérablement abîmé l'intelligence européenne, puis mondiale, avec ses pathologies personnelles devenues des doctrines planétaires.

    Quand Iznogood fulmine parce que Noudelmann se fait moins soucieux d'entretenir la légende de son sujet que d'en révéler son histoire, le biographe encourt les foudres de l'inquisiteur! Or, ici comme ailleurs, on attend moins les imprécations d'un Torquemada interdisant de faire la biographie d'un homme quand on s'en est proposé la gageure qu'une démonstration digne de ce nom du fait que la biographie devrait être interdite au seul profit de l'hagiographie.

    Concluons sur ce sujet: tout mépris de la biographie, qui n'est pas l'alpha et l'oméga de la compréhension d'une œuvre, je me répète, révèle un désir de masquer ce que la biographie pourrait cacher... Et cette part dissimulée s’avère souvent une force motrice, la force motrice.

    L'ennemi de la biographie cite souvent Malraux fustigeant "le misérable petit tas de secrets" auquel elle se réduirait. Elle est à mettre en relation avec la propre biographie de Malraux qui fut mythomane au dernier degré, escroc et voleur, pilleur d'œuvre d'art en Asie, faussaire de manuscrits à Paris, plutôt soldat de papier en Espagne au dire des témoins, refusant d’entrer dans la résistance quand on le lui propose en 1941 mais y entrant très tard, mi 1943, quand tout est joué, avant de se faire le thuriféraire de celle-ci avec la performance du discours d'entrée de Jean Moulin au Panthéon, etc.

    Il y aurait à dire sur les plus acharnés contempteurs de toute biographie: ce sont souvent ceux qui ont le plus à cacher... La plupart du temps, dans le domaine philosophique, et plus particulièrement chez ceux qui ont fait profession de donner des leçons existentielles, ils sont loin d'avoir pratiqué ce qu’ils ont enseigné - ce qui, à mes yeux, discrédite leur enseignement, leurs thèses, leurs prises de parole, leurs livres...

    La biographie d'un penseur n'est donc pas une variation sur le thème de la vie d'un grand homme ou telle ou telle figure les plus en vue, mais le matériau de l'œuvre. Sauf à prouver que Nietzsche a tort d'en faire la théorie, il faut souscrire à cette vérité épistémologique qui coupe l'histoire de la philosophie en deux. A défaut, on peut continuer de penser comme un chrétien pour qui le corps dans son existence matérielle demeure la malédiction des malédictions - tout en se croyant moderne et progressiste bien sûr…

    Michel Onfray

    (1) Trente-deux pages précisément dans l'édition de poche : pp. 583-615.

  • Louis XVIII face à la question sociale : quelles leçons en tirer ?, par Jean-Philippe Chauvin.

    La toile est un champ de bataille et il n’est pas certain qu’il soit le meilleur vecteur du débat d’idées car, trop souvent, elle n’est que le lieu du lynchage, de l’invective et de la calomnie : cela en est souvent désespérant pour qui conçoit la « disputatio » politique comme un moyen de faire progresser ce qui paraît nécessaire pour le pays et ses populations, ou comme celui d’élever les hommes vers des causes honorables, par l’intelligence et la réflexion…

    jean philippe chauvin.jpgMais elle peut parfois permettre, entre gens de bonne volonté, d’évoquer quelques vérités et de les valoriser quand elles sont ignorées de l’éducation nationale comme des médias. Ainsi, sur la Révolution française et la question sociale, par exemple. Voici ci-dessous les extraits d’une réponse qu’il m’est arrivé de faire il y a quelques semaines sur un réseau social bien connu… (Le débat portait sur la condition ouvrière en France.)

     

    « Si vous étudiez l'histoire sociale française, vous constaterez aisément que la Révolution française fut le pire moment "libéral" de l'histoire de France, en particulier à travers les lois d'Allarde et Le Chapelier de 1791 qui détruisent les corporations et tout le modèle social corporatif quand les lois de 1790 contre l’Église avaient déjà entraîné une hausse immédiate de la pauvreté, en particulier dans les campagnes... Ces deux lois révolutionnaires interdisaient la grève et l'association ouvrière, et permettaient la "libéralisation" (sic) du temps de travail. Le dimanche, d'ailleurs, perd alors son statut de jour de repos pour les ouvriers et il faudra attendre le roi Louis XVIII pour qu'il le redevienne, en 1814, pour tous les travailleurs... Les royalistes sociaux ont été les premiers à lutter pour redonner des droits aux classes laborieuses qui en avaient été privés par la Révolution, la République et l'Empire, ce que Marx (pas vraiment royaliste...) a lui-même remarqué...

     

    « Pourquoi le roi Louis XVIII n’a-t-il pas remis officiellement en cause les lois de 1791 ? Sans doute parce que la bourgeoisie, qui venait de « lâcher » l’empereur, ne s’est ralliée à la Monarchie que du bout des lèvres, craignant de tout perdre de ses nouveaux pouvoirs économiques et politiques acquis sous la Révolution et confortés par l’Empire, et que le roi, soucieux de refaire l’unité française plutôt que de raviver les blessures, a préféré contourner la bourgeoisie plutôt que de la braquer. En légalisant le repos dominical (1) par le biais d’une loi dite de « sanctification du dimanche », il semblait déplacer la question sur le terrain religieux sans s’en prendre directement à la bourgeoisie elle-même, et il permettait à cette dernière, peu conciliante sur ses « droits » issus de la « liberté du travail » de 1791, de ne pas perdre la face. En somme, une habileté royale en attendant que l’État monarchique restauré soit assez puissant pour imposer d’autres concessions à la bourgeoisie… Mais la Restauration, malgré certains de ses préfets qui alertent sur les terribles conditions de travail des ouvriers dans les régions minières et manufacturières (Villeneuve-Bargemont, en particulier), n’en aura ni l’occasion ni le temps, la révolution de 1830 renforçant la bourgeoisie tout en affaiblissant la Monarchie, désormais sous le risque permanent d’une nouvelle révolution libérale.

    « Si la Monarchie n’a pas eu toute la latitude nécessaire pour agir sur la question sociale, elle en a au moins eu la conscience et ce n’est pas un hasard si les premières lois sociales visant à soulager les ouvriers, le plus souvent en « contournement » plutôt qu’en affrontement direct avec la bourgeoisie, sont votées et appliquées dès le roi Louis XVIII qui, en 1818, met aussi en place le livret d’épargne (aujourd’hui livret A) qui doit permettre à tous les Français de pouvoir « mettre de l’argent de côté » dans l’idée d’enraciner (au-delà des possédants et des bourgeois) les classes moyennes et les travailleurs (indépendants ou salariés) au cœur de la société : puisque les corporations protectrices n’existent plus, l’idée est de les remplacer (en attendant mieux…) par une épargne individualisée et garantie par l’État qui prend ainsi le relais des institutions professionnelles encore interdites. La stratégie royale est habile, n’est pas inutile, et nous en mesurons encore les effets aujourd’hui avec le recours massif à ce livret en période d’incertitudes, non pour « faire du profit » mais pour préserver « ce que l’on a » en attendant des jours meilleurs pour sortir cette épargne de son nid et permettre la reprise des activités économiques et commerciales dans les meilleures conditions qui soient, la prudence prévalant plutôt que l’avidité…

     

    « Tout l’intérêt d’une Monarchie royale en France est de « prendre son temps » pour bien faire les choses. Mais, convenons-en, cela peut, dans les périodes de restauration, de nouvelle instauration ou de ré-instauration, être une faiblesse, parfois fatale : cela doit donc nous inciter à poser les bases théoriques avant que d’être pratiques d’une Monarchie royale qui doit mener, dès son avènement, une politique véritablement sociale et qui s’appuie sur les forces productives et pas seulement financières, ces dernières devant être sérieusement encadrées dès le premier jour si la Monarchie veut pouvoir s’enraciner vraiment. L’élément fort de la légitimation de la nouvelle Monarchie ne peut être, en ce domaine, que l’application « sanctoludovicienne » de la justice sociale. Le comte de Paris des années 1930 l’avait fort bien compris, lui dont l’un des premiers et plus importants écrits portera sur ce thème et s’intitulera « Le Prolétariat » qui aurait pu être sous-titré : « Comment mettre fin à l’indignité sociale par la Monarchie sociale... ».

     

    (à suivre)

     

    Notes : (1) : Napoléon 1er avait toujours refusé de remettre en place le repos dominical en prétextant que les ouvriers pouvaient travailler ce jour-là aussi puisqu’ils mangeaient bien tous les jours de la semaine… Argument désarmant de cynisme et de mauvaise foi, mais qui convenait à la part la plus libérale de la bourgeoisie !

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : sur la question sociale et la Monarchie.

    La toile est un champ de bataille et il n’est pas certain qu’il soit le meilleur vecteur du débat d’idées car, trop souvent, elle n’est que le lieu du lynchage, de l’invective et de la calomnie : cela en est souvent désespérant pour qui conçoit la « disputatio » politique comme un moyen de faire progresser ce qui paraît nécessaire pour le pays et ses populations, ou comme celui d’élever les hommes vers des causes honorables, par l’intelligence et la réflexion…

    Mais elle peut parfois permettre, entre gens de bonne volonté, d’évoquer quelques vérités et de les valoriser quand elles sont ignorées de l’éducation nationale comme des médias. Ainsi, sur la Révolution française et la question sociale, par exemple. Voici ci-dessous les extraits d’une réponse qu’il m’est arrivé de faire il y a quelques semaines sur un réseau social bien connu… (Le débat portait sur la condition ouvrière en France.)
    « Si vous étudiez l'histoire sociale française, vous constaterez aisément que la Révolution française fut le pire moment "libéral" de l'histoire de France, en particulier à travers les lois d'Allarde et Le Chapelier de 1791 qui détruisent les corporations et tout le modèle social corporatif quand les lois de 1790 contre l’Église avaient déjà entraîné une hausse immédiate de la pauvreté, en particulier dans les campagnes... Ces deux lois révolutionnaires interdisaient la grève et l'association ouvrière, et permettaient la "libéralisation" (sic) du temps de travail. Le dimanche, d'ailleurs, perd alors son statut de jour de repos pour les ouvriers et il faudra attendre le roi Louis XVIII pour qu'il le redevienne, en 1814, pour tous les travailleurs... Les royalistes sociaux ont été les premiers à lutter pour redonner des droits aux classes laborieuses qui en avaient été privés par la Révolution, la République et l'Empire, ce que Marx (pas vraiment royaliste...) a lui-même remarqué...
    « Pourquoi le roi Louis XVIII n’a-t-il pas remis officiellement en cause les lois de 1791 ? Sans doute parce que la bourgeoisie, qui venait de « lâcher » l’empereur, ne s’est ralliée à la Monarchie que du bout des lèvres, craignant de tout perdre de ses nouveaux pouvoirs économiques et politiques acquis sous la Révolution et confortés par l’Empire, et que le roi, soucieux de refaire l’unité française plutôt que de raviver les blessures, a préféré contourner la bourgeoisie plutôt que de la braquer. En légalisant le repos dominical (1) par le biais d’une loi dite de « sanctification du dimanche », il semblait déplacer la question sur le terrain religieux sans s’en prendre directement à la bourgeoisie elle-même, et il permettait à cette dernière, peu conciliante sur ses « droits » issus de la « liberté du travail » de 1791, de ne pas perdre la face. En somme, une habileté royale en attendant que l’État monarchique restauré soit assez puissant pour imposer d’autres concessions à la bourgeoisie… Mais la Restauration, malgré certains de ses préfets qui alertent sur les terribles conditions de travail des ouvriers dans les régions minières et manufacturières (Villeneuve-Bargemont, en particulier), n’en aura ni l’occasion ni le temps, la révolution de 1830 renforçant la bourgeoisie tout en affaiblissant la Monarchie, désormais sous le risque permanent d’une nouvelle révolution libérale.
    « Si la Monarchie n’a pas eu toute la latitude nécessaire pour agir sur la question sociale, elle en a au moins eu la conscience et ce n’est pas un hasard si les premières lois sociales visant à soulager les ouvriers, le plus souvent en « contournement » plutôt qu’en affrontement direct avec la bourgeoisie, sont votées et appliquées dès le roi Louis XVIII qui, en 1818, met aussi en place le livret d’épargne (aujourd’hui livret A) qui doit permettre à tous les Français de pouvoir « mettre de l’argent de côté » dans l’idée d’enraciner (au-delà des possédants et des bourgeois) les classes moyennes et les travailleurs (indépendants ou salariés) au cœur de la société : puisque les corporations protectrices n’existent plus, l’idée est de les remplacer (en attendant mieux…) par une épargne individualisée et garantie par l’État qui prend ainsi le relais des institutions professionnelles encore interdites. La stratégie royale est habile, n’est pas inutile, et nous en mesurons encore les effets aujourd’hui avec le recours massif à ce livret en période d’incertitudes, non pour « faire du profit » mais pour préserver « ce que l’on a » en attendant des jours meilleurs pour sortir cette épargne de son nid et permettre la reprise des activités économiques et commerciales dans les meilleures conditions qui soient, la prudence prévalant plutôt que l’avidité…
    « Tout l’intérêt d’une Monarchie royale en France est de « prendre son temps » pour bien faire les choses. Mais, convenons-en, cela peut, dans les périodes de restauration, de nouvelle instauration ou de ré-instauration, être une faiblesse, parfois fatale : cela doit donc nous inciter à poser les bases théoriques avant que d’être pratiques d’une Monarchie royale qui doit mener, dès son avènement, une politique véritablement sociale et qui s’appuie sur les forces productives et pas seulement financières, ces dernières devant être sérieusement encadrées dès le premier jour si la Monarchie veut pouvoir s’enraciner vraiment. L’élément fort de la légitimation de la nouvelle Monarchie ne peut être, en ce domaine, que l’application « sanctoludovicienne » de la justice sociale. Le comte de Paris des années 1930 l’avait fort bien compris, lui dont l’un des premiers et plus importants écrits portera sur ce thème et s’intitulera « Le Prolétariat » qui aurait pu être sous-titré : « Comment mettre fin à l’indignité sociale par la Monarchie sociale... ».
    (à suivre)
    Notes : (1) : Napoléon 1er avait toujours refusé de remettre en place le repos dominical en prétextant que les ouvriers pouvaient travailler ce jour-là aussi puisqu’ils mangeaient bien tous les jours de la semaine… Argument désarmant de cynisme et de mauvaise foi, mais qui convenait à la part la plus libérale de la bourgeoisie !
     
  • Éphéméride du 4 novembre

    1483 : Pierre Tarisel est nommé "maître maçon" de la ville d'Amiens...

     

    Né vers 1442 et mort en août 1510, Pierre Tarisel fut d'abord maître-maçon du roi de France.

    En 1475, il inspecta la cathédrale de Noyon, qui se détériorait, puis, en 1477, il passa à Arras.

    Le 4 novembre 1483, Tarisel fut nommé maître maçon de la ville d'Amiens : il devait s'illustrer dans son poste en sauvant la cathédrale de l'effondrement...

    Il se rendit rapidement compte que les piliers du transept étaient déformés par le poids des arches latérales, et comprit qu'une catastrophe imminente se préparait, et allait causer l'écroulement de la cathédrale : il n'avait pas oublié le désastre de Beauvais, en 1284, lorsque la voûte du chœur de la cathédrale Saint Pierre s'était effondrée, douze ans seulement après son achèvement.

    Et donc, après des premiers travaux de confortement, il entreprit les travaux d'urgence nécessaires : il fit poser des arcs-boutants supplémentaires pour renforcer les arcs-boutants de la nef et du transept, mais surtout, s'étant rendu compte que les gros piliers de la croisée du transept bouclaient sous l'effet de la poussée des grandes arcades s'élevant à 42,3 mètres, il eut l'idée de génie qui allait sauver la cathédrale d'un effondrement certain : il décida de cercler presque tout l'édifice d'un chaînage en "fer d'Espagne", réputé le meilleur à l'époque. Ce chaînage, qui court dans le triforium de la nef et des transepts, est toujours en place aujourd'hui.

    Il ne fallut guère plus d'un an à Pierre Tarisel pour régler, ainsi, et définitivement le problème.

    Augustin Rodin qualifia la cathédrale d'Amiens - et ses 200.000 mètres cube d'espace intérieur, qui en font la plus vaste des cathédrales françaises - d' "empire absolu de l'élégance suprême"...

     

    https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Amiens/Amiens-Notre-Dame.htm

     

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    1577 : Naissance du Père Joseph 

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    Capucin français, Conseiller de la Reine Marie de Médicis, il se lia avec Richelieu dès 1616 et devint son collaborateur intime, ce qui lui valut le surnom d'Éminence Grise.

    Sans jamais occuper de fonctions officielles, il exerçait une influence profonde sur la politique de son temps.

    Il venait d'être nommé cardinal lorsqu'il mourut : Richelieu lui même vint le soigner dans ses derniers jours :  

     

    http://cdlm.revues.org/index968.html  

     

     

     

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    1765 : Naissance de Pierre-Simon Girard : aux origines du Canal de l'Ourcq...

     

    Depuis des siècles, Paris manquait d'eau potable...

    Certes, la Seine traversait la ville (l'empereur Julien l'Apostat écrivit que son eau était bonne à voir et à boire !...) et les Parisiens disposaient de plusieurs fontaines. Cependant, au fil du temps, l'eau potable, également utilisable pour le nettoiement des rues et l'assainissement par les égouts se mit à manquer cruellement. De très nombreux projets furent envisagés, et même Léonard de Vinci travailla sur la première écluse à réaliser... sur la rivière Ourcq, à moins de cent kilomètres au nord-est de Paris !

    Ce fut finalement Napoléon qui chargea Pierre-Simon Girard de réaliser l'ouvrage que nous connaissons aujourd'hui : l'eau arrivant au Bassin de La Villette est acheminée par deux Canaux en amont (par le Canal Saint Martin) et en aval (par le Canal Saint Denis) de la Capitale.

    Il faut du temps pour réaliser les grands ouvrages : c'est sous Louis XVIII que la première pierre de l'ouvrage fut posée, le 3 mai 1822 (voir l'Éphéméride du 3mai); et ce sera Charles X qui l'inaugurera, en 1825...

     

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    https://aufildelourcq.org/histoire/

     

     

     

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    1793 : Mort de Lescure

     

    LESCURE CALVAIRE DES BESNARDIERES.jpg
     
    La croix du calvaire des Besnardières (détail ci dessous)
     
    LESCURE MORT.jpg

      http://gvendee.free.fr/ 

     

    Et, dans notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants", voir les trois photos "Lescure (I)" , "Lescure (II) : Blason..." " et "Lescure (III) : Calvaire des Besnardières"

     

     

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    1793  : Adam Lux est guillotiné

     

    Né le 27 décembre 1765 à Obernburg-am-Main, philosophe, docteur de l'Université de Mayence, Adam Lux est l’auteur d'un Avis aux Français et d'un panégyrique de Charlotte Corday.   

    Ayant adhéré  avec enthousiasme au "grand mouvement de 1789", il demande et obtient la nationalité française et devient député extraordinaire de l’éphémère République de Mayence, qui proclama sa séparation du Saint-Empire romain germanique et demanda sa réunion à la France.

    Adam Lux fut chargé, avec Georg Forster, de se rendre en France afin de transmettre cette demande. Il se rangea du côté des Girondins et prit la défense de Charlotte Corday, ce qui lui valut d’être condamné à mort et guillotiné.

    adam lux.JPG 

    Stefan Zweig, excellent connaisseur de la Révolution française ("Marie-Antoinette", "Fouché"), ne pouvait qu'être séduit par cette figure hors du commun : il en a tiré une "biographie dramatique" dont la dernière version connue date de 1928.

    Interrogation fondamentale sur le devenir des révolutions dévorant leurs propres enfants, cette pièce illustre la vision pessimiste, mais lucide, d'un écrivain qui refuse énergiquement de sacrifier l'homme à l'idéologie.

     

     

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    1826 : Inauguration du Palais Brongniart

     

    Napoléon confia la réalisation de cet édifice, destiné à abriter la Bourse de Paris, à Alexandre Théodore Brongniart dès 1808. Ce dernier élabora les plans du monument mais mourut en 1813, avant son aboutissement.

    Achevée par Labarre, son œuvre architecturale abritera les activités boursières françaises pendant plus d’un siècle.

    Les échanges à la criée disparaîtront au cours du XXème siècle. Le 13 juillet 1987, l’immense corbeille sera démontée, laissant la place à l’informatisation.

     

    Palais_Brongniart_dsc07985.jpg

     

     

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    1830 : La Belgique proclamée indépendante 

     

    À la suite de la révolution belge du 25 août 1830, une conférence réunit à Londres l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse, la Russie et la France.

    Ces grandes puissances reconnaissent alors officiellement l’indépendance de la Belgique vis-à-vis des Pays-Bas. Les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies étaient en effet réunis depuis 1815.

    Le 20 janvier de l’année suivante, un protocole renforcera encore le statut d’indépendance du pays et établira sa neutralité

  • Un voeu ? La réalisation du deuxième des vingt de Jean-Christophe Buisson... (II/III)

    Dans Le Figaro magazine du 27 décembre 2019, Jean-Christophe Buisson formule "Vingt voeux pour 2020" : nous aimerions bien en voir se réaliser certains... mais le deuxième a particulièrement retenu notre attention :

    2. Une réédition du chef d'oeuvre de géopolitique publié il y a tout juste cent ans par Jacques Bainville : Les conséquences politiques de la paix.

    Oui, ce serait, certes, une excellente chose.

    Qui permettrait, d'abord, de remettre en évidence l'excellence de notre école de pensée, dont nous pouvons être fier, et qui est certainement la plus brillante opposition/contestation de la Révolution que celle-ci ait rencontré, de par le vaste monde...

    Et qui permettrait aussi de bien remettre en évidence la nocivité et la malfaisance des gouvernants et penseurs anglo-saxons qui, en voulant à tout prix sauver l'Allemagne, pour que la France ne redevienne pas trop suivante, et donc ne recommence pas à les concurrencer, ont tout simplement fait tout ce qu'il fallait pour préparer le chemin à... Hitler !

    Voici trois extraits de notre Album Maîtres et témoins... (II) : Jacques Bainville (le premier est paru hier, lundi, le troisième paraîtra demain, mercredi) :

    1920 : Les conséquences politiques de la paix" (2)

    68331560.2.jpg

     

    De "Les conséquences politiques de la paix" :



    1. Pages 14/15/16 :

    "...On s'est à peine occupé des conséquences de la paix. Nous voulons dire des conséquences politiques, car un auteur anglais a prétendu en montrer les conséquences économiques.
    L'ouvrage retentissant de Keynes est un pamphlet d'apparence scientifique qui a obtenu un succès de curiosité et de scandale par les paradoxes dont il est rempli.
    Il est devenu le manuel de tous ceux qui désirent que l'Allemagne ne paye pas ou paye le moins possible les frais de son entreprise manquée.
    La thèse de Keynes est bien connue. Elle a exercé une action certaine sur l"opinion et sur le gouvernement britanniques.
    Ce qui est curieux, c'est que le premier auteur qui se soit appliqué , de son point de vue spécial, un point de vue financier, à étudier les suites de la paix, ait été conduit à des conclusions pessimistes. Il est vrai que ce pessimisme est unilatéral. Keynes voit noir pour les pays vaincus. Il est optimiste pour les vainqueurs. Son évaluation des dommages que la France a subis est très basse. Il estime que nous relèverons nos ruines à beaucoup moins de frais qu'on ne l'estime en général. C'est le sort de l'Allemagne qui lui donne du soucis. Et il répète comme un lugubre refrain que si l'Allemagne n'est pas ménagée, si elle ne se relève pas avec la complaisance et l'appui des nations victorieuses, l'Europe toute entière tombera dans la détresse et dans le chaos.
    Dans son épilogue, Keynes parle de "ces courants inconnus qui coulent sans cesse sous la surface de l'histoire politique et dont nul ne peut prévoir les résultats." Pour lui (sa pensée est claire et elle se dégage de tout son livre), ces courants sont déterminés par les forces économiques et par elles seules. C'est un autre aspect, un aspect conservateur, de la conception matérialiste de l'histoire..."



    2. Pages 81/82 :

    "...Il n'est pas douteux que, dès la première heure, M. LLoyd George et M. Wilson n'aient été en garde. Ils ne voulaient pas d'une dissociation de l'Allemagne. Ils n'en voulaient pas pour des raisons philosophiques et politiques. A ces raisons, les négociateurs français n'en opposaient pas, parce qu'ils n'en avaient pas. Ils n'en avaient pas parce que leur philosophie était, au fond la même, que celle de leurs interlocuteurs anglo-saxons : le droit des nationalités d'abord, et la nationalité allemande devait avoir les même droits qu'une autre; l'évolution, et comme l'évolution interdit que l'on revienne en arrière, cinquante ans devaient avoir rendu l'unité allemande indestructible.
    En partant de là, on fit ce qu'on devait faire : on lui donna la consécration du droit public qui lui manquait, on aida les centralisateurs prussiens à compléter l'oeuvre de Bismarck.
    On nous dit qu'une politique réaliste et pratique le voulait aussi, qu'une grande Allemagne aux rouages simplifiés, formant un tout économique, serait, pour nos réparations, un débiteur plus sûr qu'une Allemagne composée de petits Etats médiocrement prospères.
    Ce raisonnement commence à apparaître comme une des folies les plus remarquables de l'histoire moderne. Nous y avons gagné que quarante millions de Français sont créanciers d'une masse de 60 millions d'Allemands, et pour une créance recouvrable en trente ou quarante années..."

    lafautearousseau

  • Emmanuel Macron demande pardon aux harkis sans désigner les coupables, par Philippe Kerlouan.

    C’est devenu une tradition, à l’approche d’élections importantes : tout gouvernement se souvient des harkis, honteusement abandonnés à la fin de la guerre d’Algérie, livrés aux représailles du FLN ou, quand ils ont pu se réfugier en métropole, parqués dans des camps. 

    4.jpegUne tradition bien hypocrite, car il ne suffit pas de revaloriser leurs pensions ni de déclarer que la France « a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants », voire de demander pardon. Encore faut-il ne pas s’abriter dans un confort intellectuel en ne désignant pas les coupables et en éludant sa propre responsabilité.

    Emmanuel Macron est bien mal placé pour rendre hommage aux harkis, soixante ans après. Il a bien fait de retirer la plaque installée devant son micro, où était inscrit l’objet de cette cérémonie, car un hommage de sa part eût été indécent. Faut-il rappeler que, non content de traiter la colonisation de « crime contre l ‘humanité », de confier à Benjamin Stora, dont l’impartialité laisse à désirer, un rapport sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie », il semble prendre un plaisir pervers à dénigrer l’action de la France et de l’armée en Algérie, ménageant, au contraire, les autorités algériennes devant lesquelles il se couche volontiers ?

     

    Dans son allocution de ce lundi matin, Macron a évoqué une histoire « grande et douloureuse » et a reconnu l’abandon ou l’accueil indigne des harkis, à la fin de la guerre d’Algérie. Il n’y était pour rien, bien sûr, puisqu’il n’était pas né. Un projet de loi de reconnaissance et de réparation sera voté, avant la fin de l’année, pour « réparer autant qu’il est possible ces déchirures ». « Quand on insulte un harki, on insulte la France », a-t-il ajouté, oubliant que ses déclarations et ses actes antérieurs sont une insulte à tous les pieds noirs, aux harkis et à la France elle-même.

    Il s’est gardé de désigner quelque responsable, laissant aux historiens le soin de le faire. Il est vrai qu’il aurait dû dénoncer la gauche, les porteurs de valise, les complices du FLN, ceux qui traitaient les harkis de collabos. Sans compter une partie de la droite, qui a feint de croire que les accords d’Évian seraient scrupuleusement respectés et qu’il n’y aurait pas de représailles. Jusqu’aux plus hautes autorités, qui ont donné des ordres pour qu’on ne protège pas les harkis. Michel Debré, lui-même, fit savoir – euphémisme révélateur – qu’il aurait souhaité « une volonté plus efficace de transférer en métropole les soldats musulmans ayant servi sous notre drapeau ».

    Il aurait dû reconnaître aussi que le général de Gaulle ne considérait pas les harkis comme de vrais Français. Il l’avait exprimé lors du Conseil des ministres du 25 juillet 1962 : « On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! » Ces propos peuvent satisfaire ses partisans inconditionnels, voire plaire à ceux qui dénoncent, à juste titre, une immigration incontrôlée ; mais, s’agissant de harkis ayant servi la France, ne sont-ils pas scandaleux ?

    Macron, à l’approche des élections présidentielles, cherche à se concilier un électorat qui ne lui veut pas que du bien. Tous ne sont pas dupes à en juger par les incidents qui ont émaillé son discours. Sans nommer personne, il s’est érigé en arbitre de l’Histoire. Ces événements sont trop tragiques pour qu’on puisse en faire un usage politique quelconque. Peut-être vaut-il mieux ne pas trop revenir sur cette période de l’Histoire et ne pas raviver les blessures, mais, si l’on y revient, il faut aller jusqu’au bout !

     

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

    (sur notre page facebook Lafautearousseau Royaliste)

    Une fois n'est pas coutume: on n'a pas mal au foie, à lafautearousseau, et on aime bien s'amuser, malgré (et même, surtout, "à cause de") l'actualité si souvent morose et déprimante; on aime bien, aussi, être impertinent... On commencera donc cette série d'aujourd'hui, et cette semaine, par un pied de nez à l'entreprise bien connue "Cingleries, foldingues et Compagnie"...

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    1. L'Algérie, elle, sait refouler les migrants sub-sahariens, y compris mineurs. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois, et cela ne fait s'étrangler personne, chez les bobos/gauchos/trotskos... Alors, on attend quoi, chez nous ? Pour faire pareil (en plus grand, bien entendu; beaucoup, beaucoup plus grand...)

    https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220910-niger-pr%C3%A8s-de-800-migrants-refoul%C3%A9s-par-l-alg%C3%A9rie-dont-des-dizaines-de-mineurs

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    2. À ne tout de même pas oublier : François Hollande, l'un des grands responsables du déclassement de la France : d'accord avec Maxime Thiebaut...

    (extrait vidéo 0'39)

    https://twitter.com/CNEWS/status/1568687110919720960?s=20&t=_tm37jvS3Nx8Q2b1HhAoxA 

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    3. "Sobriété", "Rationnement", "Coupures" : Macron veut nous contraindre, nous culpabiliser et, le cas échéant, nous punir pour SES erreurs, SES, fautes et folies, SES cingleries (fermeture de Fessenheim avant la mise en service de l'EPR de Flamanville; sanctions imbéciles contre la Russie, qui, en réalité, nous sanctionnent nous et notre économie...).

    (extrait vidéo 2'11)

    https://twitter.com/GaucheMafia/status/1568581863744372738?s=20&t=_tm37jvS3Nx8Q2b1HhAoxA

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    4. Suède : ci dessous, à gauche, le plan des immigrationnistes, "idiots utiles" de l'invasion musulmane/islamique de l'Europe; à droite, la réalité, et ces faits qui sont têtus... "Élections législatives en Suède : l'extrême-droite aux portes du pouvoir", titrait Le Monde, il y a peu : les premiers résultats confirment cette "prédiction", accordant 20/21% aux "anti-invasion", et les Conservateurs ont confirmé qu'ils gouverneraient avec eux. Le "groupe de Visegrád" va donc, de fait, se consolider et s'étendre au Nord : excellente nouvelle !

    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/09/11/elections-legislatives-en-suede-l-extreme-droite-aux-portes-du-pouvoir_6141111_3210.html

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    5. D'accord avec Jérôme Rivière sur la scandaleuse campagne (?) du Musée de l'Histoire de l'immigration dans le Métro parisien. Une campagne qui, contrairement aux attentes de ses promoteurs, conforte la justesse des arguments des opposants au "grand remplacement" imaginé et imposé par le Système, qui s'est pensé, voulu, construit sans, en dehors de, et contre nos Racines, nos Traditions, tout ce qui constitue notre Être profond. C'est ce Système qu'il faut supprimer, si l'on veut réellement lutter contre "le grand remplacement", dans les têtes et dans les rues...

    "Opération de mensonge et propagande du très militant « Musée de l’histoire de l’immigration » dans le métro parisien. Bien sûr aucune publicité contraire ne sera autorisée au nom de la « neutralité » politique."

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    6. Isabelle Surply communique :

    (extrait vidéo 0'57)

    https://twitter.com/IsabelleSurply/status/1568649241060417536?s=20&t=_tm37jvS3Nx8Q2b1HhAoxA

    Quand on pense que la magnifique Bastide de Maurras, au Chemin de Paradis, à Martigues est "interdite d'accès" par la Mairie communiste (et, surtout, corrompue de la ville) et que, bien entendu, elle ne figure pas sur la liste des monuments ouverts au public pour les Journées du Patrimoine de cette fin de semaine !...

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    7. Et, pour terminer cette série d'aujourd'hui, n'oubliez pas que vous avez un rendez-vous important, demain, mardi, amis, lecteurs, sympathisants de Paris et d'Île de France (ou, tout simplement, présent à Paris ce jour-là !... ) : 

    SOUTIEN TOTAL AU PROFESSEUR  CHRISTIAN PERRONNE !

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    À DEMAIN !

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  • ”Nos ancêtres les Gaulois” : c'est Macron qui l'a dit !...

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    Avec se petite phrase sur le Français qui est un "Gaulois réfractaire aux réformes", Macron a, en réalité, et peut-être même sans s'en rendre compte, lâché une bombe thermo-nucléaire dont les effets peuvent être dévastateurs (pour nos adversaires)...
    Certes, Macron ne fait rien d'autre qui dire le vrai, mais c'est justement cela qui est dévastateur : oui, la France, notre France charnelle, cette Nation héritée de l'Histoire et qui nous vient du fond des âges, est bien un pays Gaulois, c'est-à-dire Celte. Les Celtes ne faisant que prendre la suite des Basques - premier peuplement connu de notre Histoire - en submergeant toute l'Europe centrale et occidentale...
    Pendant 2000 ans, il en fut ainsi. Basques et Celtes, fondements de notre Peuple, connurent une remarquable stabilité et une expansion démographique constante, faisant de la France, sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, "la Chine de l'Europe" : quasiment 30 millions d'habitant en 1789, un million de nouveaux petits Français par an sous Louis XVI !
    Il fallut les horreurs de la Révolution et du Génocide vendéen (600.000 victimes pour les deux...) puis l'épouvantable saignée des inutiles guerres napoléoniennes (un million et demi de morts !) pour que notre vitalité démographique fût brisée, à jamais.
    Ensuite, ce fut 1914, et à nouveau un million et demi de "jeunes Français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue" (Charles Maurras); et 600.000 morts encore en 39/45.
    C'est uniquement à cause de ces folies héritées de la Révolution et du Système que la France dut faire appel à de la main d'oeuvre étrangère, à partir du XXème siècle, elle qui était la Chine de l'Europe sous les Rois mais qui était devenue exsangue et manquant de bras sous - et à cause de - la République...
    Encore s'agissait-il de nouveaux venus d'Europe : Polonais, Espagnols, Portugais, Italiens... tous Européens, blancs et possédant - même s'ils ne pratiquaient pas tous la religion chrétienne - des fondamentaux héritées de cette même religion chrétienne. Ce qui rendait leur intégration puis leur assimilation aisée et rapide...
    Tout changea en 1975 avec Chirac, Premier ministre soi-disant "de droite" d'un Chef d'Etat soi-disant "de droite" lui aussi - Giscard d'Estaing - et ses décrets scélérats sur le "regroupement familial" : pour un sordide calcul d'argent, Chirac pensa que si l'on faisait venir les familles des travailleurs immigrés nord-africains, ceux-ci n'enverraient plus leur argent "au bled". En somme, parlons clair, Chirac a vendu la France pour du fric. Il a ouvert toutes grandes les portes à une fausse immigration mais vraie invasion qui, comme l'eau pénétrant dans le Titanic, submerge lentement mais sûrement le pays.
    En plus, ce calcul sordide, bassement et vulgairement matérialiste s'est révélé faux : car, si la France est bien peu à peu submergée par les flots migratoires, les envahisseurs ne se fondent nullement dans notre pays mais constituent un "pays parallèle", une économie parallèle, des quartiers, cités et zones parallèles, une société parallèle etc...
    Bref, un échec complet sur toute la ligne.
    Sans compter que, la soi-disant droite "chiraco-giscardienne" ayant ouvert les portes à l'immigration/invasion, une hideuse alliance contre-nature ( contre nature ? Au fond, pas tant que cela, on va le voir...) s'est constituée : 
    - d'un côté la Finance internationale (du Fric, pour parler clair) qui cherche des quasi esclaves pour les payer le moins cher possible et, ainsi, augmenter ses profits et son tas d'or; 
    - et, de l'autre côté, les révolutionnaires, qui voient dans l'immigré le nouveau prolétaire, et cherchent à détruire tout ce qui résiste à leurs lubies internationalistes, notamment nos vieilles Nation historiques et leurs Traditions.
    Ces deux internationalismes se sont tout naturellement rejoint dans la hideuse alliance d'une sorte de Parti immigrationniste, qui veut maintenant nous endormir - ou nous terroriser (la Terreur, vieille pratique révolutionnaire éprouvée !...) en nous expliquant l'inexplicable et le faux : la France serait un pays d'immigration, un peuple métissé dès l'origine, et toute opposition à l'invasion serait... du racisme !
    Voila le mensonge énorme, la tartuferie himalayenne, l'arnaque du siècle que nous dénonçons quotidiennement, à temps et à contre-temps.
    Macron vient de nous donner un sacré coup de main, dans cette entreprise de salut public et de réaction intégrale. Il n'est pas sûr qu'il s'en soit bien rendu compte, mais, nous, nous prenons notre bien où nous le trouvons et, dans ce cas bien précis, "le diable porte pierre" !...

  • Éric Zemmour : « Cette gauche frappée de daltonisme politique »

     

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    CHRONIQUE - La gauche antiraciste continue de chercher les chemises brunes et ne voit pas les foulards verts. Ce daltonisme politique serait risible s'il n'était tragique. D'autant, pourrions-nous ajouter, qu'une grande partie de la droite n'en est pas exempte. (Figaro Magazine du 22.02). LFAR

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    Ils ont dit stop ! Ils ont dit non à l'antisémitisme ! Non au retour des années 30 ! Ils ont piétiné sur la place de la République qui leur rappelle tant de bons souvenirs. Les socialistes et toutes les associations antiracistes ont battu le pavé comme à leurs plus belles heures. Ils ont évoqué leurs souvenirs en commun. Ils ont frotté leurs belles âmes les unes contre les autres. L'antisémitisme, c'est leur truc ! Comme l'antiracisme. Comme toutes les causes humanistes qu'ils manient avec l'expérience des vieux loups de mer. Ils ne se rendent même pas compte que leur indignation est devenue un sujet de détestation, voire de franche rigolade. Nietzsche disait jadis : « Il n'y a pas plus menteur qu'un homme indigné .» Et beaucoup de Français l'ont désormais compris. La gauche antiraciste continue de chercher les chemises brunes et ne voit pas les foulards verts. Ce daltonisme politique serait risible s'il n'était tragique. Les antisémites d'aujourd'hui ne trouvent pas leur inspiration dans Maurras mais dans le Coran. Ceux qui, depuis des années, ont tué des Juifs dans les rues de Paris ou de Toulouse n'ont pas crié « Heil Hitler ! », mais « Allah Akbar ! ».

    église-1.jpgL'antisémitisme français traditionnel peut encore survivre à l'état individuel ; il n'est plus un phénomène politique depuis 1945. C'est la Seine-Saint-Denis islamisée que les Juifs quittent en masse, pas le XVIe arrondissement de Paris. L'antijudaïsme catholique a été démantelé par Vatican II. En revanche, des dizaines d'églises sont, depuis des mois, profanées, saccagées, voire brûlées. On aimerait que la police découvre les coupables…

    Il y a aujourd'hui une alliance politique entre l'extrême gauche, qui cherche dans les banlieues des troupes pour lutter contre l'Etat et le capitalisme, et les Frères musulmans, qui cherchent une alliance avec des Français pour islamiser la France. Dans leur stratégie, les Juifs sont des ennemis parce qu'ils sont capitalistes et sionistes ; et les catholiques aussi, parce que ce sont des conservateurs et des croisés. »

    La gauche, à part quelques individualités iconoclastes, n'ose pas regarder cette réalité en face. Elle forme depuis des années le camp du déni, continue de prétendre que l'immigration est « une chance pour la France », que l'islam est « une religion de paix et d'amour » sans vouloir comprendre que le terreau de l'antisémitisme se trouve là. Et la droite s'est depuis longtemps soumise idéologiquement à la gauche.

    ANTIFAS-Paris-manif-grève-générale.pngQuant aux « gilets jaunes », ils ont payé très cher leur désorganisation. Ils ont été noyautés, puis submergés par des forces militantes mieux organisées et plus déterminées. Le gouvernement est trop content de leur mettre sur le dos les violences des black blocs et, désormais, l'antisémitisme vociférant des salafistes et des islamo-gauchistes. De son côté, la France insoumise tangue, à l'instar de son chef Jean-Luc Mélenchon, entre vieux réflexes de patriotisme républicain et nouvelles tentations islamo-gauchistes. Le paysage politique est complètement nouveau et terrifiant: c'est pour cette raison que la gauche préfère évoquer entre soi le bon vieux temps.   

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (24)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES

    Plutôt que de créer en Afrique des pôles industriels qui seraient demeurés compétitifs, en raison du faible coût de la main d'œuvre, les Européens ont encouragé l'immigration qui fournissait des travailleurs réputés dociles pour les tâches dont se détournait leur jeunesse. Les résultats de cette politique à courte vue se sont révélés désastreux. Nous n'avons pas empêché le déclin du textile, des chantiers navals et de la sidérurgie. Nous n'avons pas modernisé à temps la construction automobile. Nous avons pris un retard technologique qui continue de se creuser. L'Afrique n'a pas réussi, au contraire du Sud-Est asiatique, son décollage économique. Nous sommes encombrés d'immigrés, qui ne cessent d'affluer, auxquels nous n'avons plus d'emplois à proposer. Les prêches moralisants n'y changeront rien. Les Africains ont été abandonnés au milieu du gué. Afin de conserver nos marchés, dans cette partie du monde, nous en sommes réduits à prêter à nos clients l'argent dont ils ont besoin pour nous régler leurs achats et pour leur prêter, nous empruntons, tout en sachant qu'il nous faudra rembourser tandis que les créances dont nous disposerons sont, pour le principal, irrécouvrables.

    Se lamenter sur le passé ne sert de rien. Il suffit de regarder lucidement le présent. Le Maghreb et l'Afrique noire entrent dans l'ère des grandes migrations. Il existe un phénomène de vases communicants qu'il conviendrait d'enseigner aux enfants européens, dès l'école primaire. Un territoire qui ne parvient plus à nourrir sa population tend à déverser le trop plein sur un territoire riche, en voie de dépeuplement. La nature historique, elle aussi, a horreur du vide. Il convient donc de s'attendre à une pression croissante des masses humaines qui commencent à se mettre en mouvement. Le temps de l'immigration contrôlée s'achève. Des mesures de police, de plus en plus contraignantes parviendront peut-être, pendant quelques années, à contenir le flux migratoire. Ce n'est même par certain. Outre qu'il faudrait de sérieuses entorses à notre conception des droits de l'homme, ce qui provoquerait de violentes campagnes d'opinion, et sans doute des réactions des Etats arabes, dont nous dépendons, partiellement, pour notre approvisionnement en pétrole, de telles mesures se révèlent, à la longue très coûteuses.

    Bien entendu, des mesures de police s'imposent. En dehors de quelques ecclésiastiques, tout le monde, les socialistes compris, s'accorde pour le reconnaître. Il faudra renvoyer chez eux des travailleurs immigrés. Souhaitons qu'ils le soient de façon honorable et que la France ne se contente pas d'une aumône. Nous avions proposé de fournir aux ouvriers de l'automobile, chassés des usines par la nécessaire robotisation, des taxis, des camions, des ateliers de réparation, à la fois pour aider l'Afrique à résoudre le problème des moyens de transport et pour qu'ils puissent rentrer chez eux la tête haute, représentants de ces marques pour lesquelles ils avaient travaillé. Renault et Peugeot ont des devoirs envers des hommes que leurs sergents recruteurs ont attirés à coup de belles promesses. Le nier serait indigne. Les Européens devront bien, un jour ou l'autre, créer des pôles de développement en Afrique plutôt que de saupoudrer le tiers monde d'aides inefficaces, parfois détournées des fins généreuses qu'elles s'assignent. Sans un redressement rapide et durable de sa natalité, l'Europe, à commencer par la France ne pourra rien. Elle sera condamnée à une colonisation, pacifique du moins dans un premier temps, porteuse pour elle comme pour l'Afrique de sous-développement, d'affrontements sanglants et de désespoir. L'Europe accepte-t-elle de subir de nouveaux temps bar­bares ?

    Les experts nous rassurent, à leur manière. Selon eux, la situation de la France serait meilleure ou moins mauvaise, comme on voudra, que celle de ses principaux partenaires. Ce qui bien sûr, est exact. Si l'on prend le taux net de reproduction, qui mesure le taux de remplacement d'une génération par la suivante, il restait en 1982, de 0,85 en France, ce qui la plaçait devant l'Allemagne, la plus mal partie, (0.67), les Pays Bas (0,73), la Belgique et le Japon (0,80) la Suède (0,79). L'Espagne (0,88), la Grande Bretagne et les Etats Unis (0,89), le Portugal lui-même (0,94) font à peine mieux que nous. Les experts, néanmoins, négligent un élément essentiel. La dépopulation est, en France, un phénomène beaucoup plus ancien que dans les autres pays dont le peuplement (sauf pour les Etats-Unis) demeure plus dense.

    En 1650, l'Europe, Russie comprise, comptait cent millions d'habitants, un sur cinq était français. Ce qui fondait l'hégémonie politique et même culturelle du « siècle de Louis XIV ». En 1800, les vingt-sept millions et demi de Français ne représentaient plus que 17,5 % de la population de l'Europe. C'était assez, pour permettre les victoires ruineuses de Napoléon. En 1900, le nombre des Français était passé à trente-neuf millions. Il avait pratiquement doublé depuis 1650 mais dans le même temps celui des autres européens avait quadruplé. Un sur dix seulement des Européens était français. Le XIXème siècle fut marqué par une chute de la natalité dont « la grande nation  » ne devait pas se relever.

    En 1938, la menace que font peser l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie, beaucoup plus peuplées et le fait que pour la première fois le nombre des décès l'emportait sur celui des naissances provoquèrent un réveil brutal mais trop tardif. Le président du conseil, Edouard Daladier a laissé un mauvais souvenir. Il convient, cependant, de reconnaître qu'il a su, dans le domaine démographique, agir avec un esprit de décision, une vigueur et un courage dont il a manqué dans les autres. Les décrets lois de 1938, qui généralisent les allocations familiales, puis « le code de la famille » promulgué le 29 juillet 1939, jettent les bases d'une politique résolument nataliste, que le maréchal Pétain puis le général De Gaulle, en accord du moins sur ce point, poursuivront. De 1900 à 1944, en dépit de plus d'un million de prisonniers de guerre, des déportations, des pertes civiles et militaires, des conditions de vie qui provoqueront, surtout en 1940, l'exode, et en 1944 une forte augmentation de la mortalité infantile, le taux de natalité tombé à 1,36 en 1940 s'élève à 1,61 en 1944. En 1945, ce taux brut de renouvellement des générations atteint 12,12. Malgré l'accroissement de la mortalité, l'excédent des naissances sur les décès est de 2000. Ce solde positif, bien que faible, paraît riche de promesses.

    Elles seront tenues. Les Français avaient pris conscience que le vieillissement de la population avait été l'une des causes de la défaite. Le sacro-saint principe égalitaire fut même battu en brèche par l'institution du « quotient familial ». Le nombre des naissances passera de 612.000 en 1938 à 640.000 en 1946. Le mouvement connaîtra son maximum en 1964 avec 874.000 naissances. L'on est encore loin des « douze millions de beaux bébés » que De Gaulle fixait comme objectif aux familles françaises en 1945. Cependant le redressement paraît bien engagé lorsque, soudain, la courbe s'inverse, lentement jusqu'en 1974, où l'on passe sous la barre de 800.000, brutalement ensuite, avec un bref répit (795.000 naissances en 1980, soit 60.000 de plus qu'en 1978) provoqué par l'allocation au troisième enfant, décidée par le gouvernement Barre. La chute a repris du fait de la politique résolument antinataliste menée de 1981 à 1983, corrigée, de façon insuffisante, en 1984. L'afflux des familles d'immigrés dissimule l'ampleur de cette nouvelle dégradation, d'autant que des milliers de femmes maghrébines viennent accoucher en France, où elles bénéficient de la sécurité sociale de leur mari, puis retournent chez elles, avec leur enfant. Si l'on s'en tenait aux naissances dont l'un au moins des parents est d'origine française, l'on tomberait sans doute au-dessous de la barre des 600.000, en tout cas on reviendrait aux 612.000 naissances de 1938.    

    A suivre  (A venir : La démocratie ou la vie).

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    (1)  (2)  (3)  (4)  (5)  (6)  (7)  (8)  (9)  (10)  (11)  (12)  (13)  (14)  (15)  (16) (17)    (18)  (19)  (20)  (21)  (22)  (23)

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (24)

     

    2293089609.14.jpgNous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude.

    La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES

    Plutôt que de créer en Afrique des pôles industriels qui seraient demeurés compétitifs, en raison du faible coût de la main d'œuvre, les Européens ont encouragé l'immigration qui fournissait des travailleurs réputés dociles pour les tâches dont se détournait leur jeunesse. Les résultats de cette politique à courte vue se sont révélés désastreux. Nous n'avons pas empêché le déclin du textile, des chantiers navals et de la sidérurgie. Nous n'avons pas modernisé à temps la construction automobile. Nous avons pris un retard technologique qui continue de se creuser. L'Afrique n'a pas réussi, au contraire du Sud-Est asiatique, son décollage économique. Nous sommes encombrés d'immigrés, qui ne cessent d'affluer, auxquels nous n'avons plus d'emplois à proposer. Les prêches moralisants n'y changeront rien. Les Africains ont été abandonnés au milieu du gué. Afin de conserver nos marchés, dans cette partie du monde, nous en sommes réduits à prêter à nos clients l'argent dont ils ont besoin pour nous régler leurs achats et pour leur prêter, nous empruntons, tout en sachant qu'il nous faudra rembourser tandis que les créances dont nous disposerons sont, pour le principal, irrécouvrables.

    Se lamenter sur le passé ne sert de rien. Il suffit de regarder lucidement le présent. Le Maghreb et l'Afrique noire entrent dans l'ère des grandes migrations. Il existe un phénomène de vases communicants qu'il conviendrait d'enseigner aux enfants européens, dès l'école primaire. Un territoire qui ne parvient plus à nourrir sa population tend à déverser le trop plein sur un territoire riche, en voie de dépeuplement. La nature historique, elle aussi, a horreur du vide. Il convient donc de s'attendre à une pression croissante des masses humaines qui commencent à se mettre en mouvement. Le temps de l'immigration contrôlée s'achève. Des mesures de police, de plus en plus contraignantes parviendront peut-être, pendant quelques années, à contenir le flux migratoire. Ce n'est même par certain. Outre qu'il faudrait de sérieuses entorses à notre conception des droits de l'homme, ce qui provoquerait de violentes campagnes d'opinion, et sans doute des réactions des Etats arabes, dont nous dépendons, partiellement, pour notre approvisionnement en pétrole, de telles mesures se révèlent, à la longue très coûteuses.

    Bien entendu, des mesures de police s'imposent. En dehors de quelques ecclésiastiques, tout le monde, les socialistes compris, s'accorde pour le reconnaître. Il faudra renvoyer chez eux des travailleurs immigrés. Souhaitons qu'ils le soient de façon honorable et que la France ne se contente pas d'une aumône. Nous avions proposé de fournir aux ouvriers de l'automobile, chassés des usines par la nécessaire robotisation, des taxis, des camions, des ateliers de réparation, à la fois pour aider l'Afrique à résoudre le problème des moyens de transport et pour qu'ils puissent rentrer chez eux la tête haute, représentants de ces marques pour lesquelles ils avaient travaillé. Renault et Peugeot ont des devoirs envers des hommes que leurs sergents recruteurs ont attirés à coup de belles promesses. Le nier serait indigne. Les Européens devront bien, un jour ou l'autre, créer des pôles de développement en Afrique plutôt que de saupoudrer le tiers monde d'aides inefficaces, parfois détournées des fins généreuses qu'elles s'assignent. Sans un redressement rapide et durable de sa natalité, l'Europe, à commencer par la France ne pourra rien. Elle sera condamnée à une colonisation, pacifique du moins dans un premier temps, porteuse pour elle comme pour l'Afrique de sous-développement, d'affrontements sanglants et de désespoir. L'Europe accepte-t-elle de subir de nouveaux temps bar­bares ?

    Les experts nous rassurent, à leur manière. Selon eux, la situation de la France serait meilleure ou moins mauvaise, comme on voudra, que celle de ses principaux partenaires. Ce qui bien sûr, est exact. Si l'on prend le taux net de reproduction, qui mesure le taux de remplacement d'une génération par la suivante, il restait en 1982, de 0,85 en France, ce qui la plaçait devant l'Allemagne, la plus mal partie, (0.67), les Pays Bas (0,73), la Belgique et le Japon (0,80) la Suède (0,79). L'Espagne (0,88), la Grande Bretagne et les Etats Unis (0,89), le Portugal lui-même (0,94) font à peine mieux que nous. Les experts, néanmoins, négligent un élément essentiel. La dépopulation est, en France, un phénomène beaucoup plus ancien que dans les autres pays dont le peuplement (sauf pour les Etats-Unis) demeure plus dense.

    En 1650, l'Europe, Russie comprise, comptait cent millions d'habitants, un sur cinq était français. Ce qui fondait l'hégémonie politique et même culturelle du « siècle de Louis XIV ». En 1800, les vingt-sept millions et demi de Français ne représentaient plus que 17,5 % de la population de l'Europe. C'était assez, pour permettre les victoires ruineuses de Napoléon. En 1900, le nombre des Français était passé à trente-neuf millions. Il avait pratiquement doublé depuis 1650 mais dans le même temps celui des autres européens avait quadruplé. Un sur dix seulement des Européens était français. Le XIXème siècle fut marqué par une chute de la natalité dont « la grande nation  » ne devait pas se relever.

    En 1938, la menace que font peser l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie, beaucoup plus peuplées et le fait que pour la première fois le nombre des décès l'emportait sur celui des naissances provoquèrent un réveil brutal mais trop tardif. Le président du conseil, Edouard Daladier a laissé un mauvais souvenir. Il convient, cependant, de reconnaître qu'il a su, dans le domaine démographique, agir avec un esprit de décision, une vigueur et un courage dont il a manqué dans les autres. Les décrets lois de 1938, qui généralisent les allocations familiales, puis « le code de la famille » promulgué le 29 juillet 1939, jettent les bases d'une politique résolument nataliste, que le maréchal Pétain puis le général De Gaulle, en accord du moins sur ce point, poursuivront. De 1900 à 1944, en dépit de plus d'un million de prisonniers de guerre, des déportations, des pertes civiles et militaires, des conditions de vie qui provoqueront, surtout en 1940, l'exode, et en 1944 une forte augmentation de la mortalité infantile, le taux de natalité tombé à 1,36 en 1940 s'élève à 1,61 en 1944. En 1945, ce taux brut de renouvellement des générations atteint 12,12. Malgré l'accroissement de la mortalité, l'excédent des naissances sur les décès est de 2000. Ce solde positif, bien que faible, paraît riche de promesses.

    Elles seront tenues. Les Français avaient pris conscience que le vieillissement de la population avait été l'une des causes de la défaite. Le sacro-saint principe égalitaire fut même battu en brèche par l'institution du « quotient familial ». Le nombre des naissances passera de 612.000 en 1938 à 640.000 en 1946. Le mouvement connaîtra son maximum en 1964 avec 874.000 naissances. L'on est encore loin des « douze millions de beaux bébés » que De Gaulle fixait comme objectif aux familles françaises en 1945. Cependant le redressement paraît bien engagé lorsque, soudain, la courbe s'inverse, lentement jusqu'en 1974, où l'on passe sous la barre de 800.000, brutalement ensuite, avec un bref répit (795.000 naissances en 1980, soit 60.000 de plus qu'en 1978) provoqué par l'allocation au troisième enfant, décidée par le gouvernement Barre. La chute a repris du fait de la politique résolument antinataliste menée de 1981 à 1983, corrigée, de façon insuffisante, en 1984. L'afflux des familles d'immigrés dissimule l'ampleur de cette nouvelle dégradation, d'autant que des milliers de femmes maghrébines viennent accoucher en France, où elles bénéficient de la sécurité sociale de leur mari, puis retournent chez elles, avec leur enfant. Si l'on s'en tenait aux naissances dont l'un au moins des parents est d'origine française, l'on tomberait sans doute au-dessous de la barre des 600.000, en tout cas on reviendrait aux 612.000 naissances de 1938.    

    A suivre  (A venir : La démocratie ou la vie).

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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  • Droit du travail : les armées européennes bientôt aux 35 heures ?, par Natacha Polony.

    "Dans cette histoire un peu grotesque de militaires au repos, il est question de démocratie, d’indépendance, de liberté et du sens de la vie."
    © Hannah Assouline.

    Ce jeudi 15 juillet, la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt affirmant que le temps de travail des militaires serait désormais soumis au droit européen, une décision contraire à la doctrine française, selon laquelle les forces armées sont censées être « disponibles en tout temps et tous lieux ». Pour Natacha Polony, directrice de la rédaction de « Marianne », on comprend là que l’Europe a renoncé à toute vision non comptable de l’existence humaine.

    On imagine assez bien la scène, surréaliste à souhait : une offensive, sur un territoire quelconque ; des soldats français protégeant les populations, partant à l’assaut de l’ennemi. Il faut des renforts. Ah ! non, désolé, pas ces hommes-là : ils sont en récup ! Oui, ils étaient sur l’assaut d’hier, ils ont enquillé les heures. Comprenez, mon colonel, on va se faire taper sur les doigts, on n’est pas dans les clous sur le temps de travail. Déjà, la dernière fois, l’attaque de notre ambassade a duré quinze heures, du coup, il y en a deux qui se sont fait une semaine à cinquante-cinq heures, ce n’est pas possible…

    On se doute qu’on force le trait. Tout ceci est une fiction. On se doute même que les fonctionnaires de Bruxelles et les juges de la Cour de Justice de l’Union européenne qui veulent à toute force soumettre l’armée française à la directive sur le temps de travail n’ont pas l’intention de faire advenir ce délire. D’ailleurs, l’application de ladite directive exclut le temps des opérations. Notre colonel ne se fera taper sur les doigts que lors des exercices. Histoire d’être certain que les soldats, en opération, découvrent les joies du manque de sommeil et du dépassement de soi.

    Magnifique condensé de notre époque

    Car la CJUE vient de rendre, le 15 juillet, un arrêt stipulant qu’il « ne saurait être considéré que l’intégralité des activités exercées par les militaires présentent des particularités telles que celles-ci s’opposent à toute planification du temps de travail respectueuse des exigences imposées par la directive 2003/88 ». Elle répondait ainsi à l’opposition de la France, de l’Espagne et de la Slovénie à l’application de cette directive à leur armée. Résumons : au départ, un litige opposant un sous-officier slovène à sa hiérarchie concernant une activité de garde qu’il estimait devoir lui être rémunérée en supplément de sa solde. Le litige remonte jusqu’à la CJUE, dont l’avocat général décide de s’aligner sur la position allemande : il existerait dans l’armée une différence entre les activités « normales », durant lesquelles les militaires seraient des travailleurs comme les autres, et les « opérations », durant lesquelles ils devraient être disponibles sans compter leurs heures.

    « On comprend que l’Europe a renoncé à toute vision non comptable de l’existence humaine. »

    Magnifique condensé de notre époque. Quelques-uns, dans ce pays, choisissent de vouer leur vie à la défense de la patrie. Dans une société qui organise l’amoindrissement de tout en réduisant chaque millimètre de l’activité humaine à l’échelle du spectacle et de la consommation, quelques réfractaires considèrent encore que la vie ne prend un sens que lorsqu’on la consacre à plus grand que soi, et, parmi ces réfractaires, certains pensent que ce « plus grand » peut être leur pays et sa perpétuation, et une poignée de technocrates et de juristes zélés viennent leur expliquer que le dernier bastion qui résiste à la normalisation doit absolument tomber.

    Obsession administrative pour la comptabilisation du temps de travail

    Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de prétendre que, sous prétexte qu’un soldat s’est engagé, il doit être exploitable à merci. Il ne s’agit pas de croire qu’il n’y a pas, parfois, des abus. On peut même considérer que le temps de repos obligatoire de onze heures par vingt-quatre heures permet de préserver la lucidité et l’efficacité des hommes. C’est le cas en médecine, où certaines gardes ressemblent davantage à du funambulisme qu’à de la haute précision.

    Mais l’obsession administrative pour la comptabilisation du temps de travail dans des domaines qui relèvent de la vocation et non de l’exploitation d’un travailleur en position de faiblesse traduit une réduction de la vie humaine à sa plus petite dimension et le refus de cette liberté fondamentale que constitue l’engagement. L’engagement pour la patrie, l’engagement au service des autres, ou tout simplement au service d’une passion. Le message que l’Europe envoie désormais à la jeunesse est on ne peut plus terre à terre : le travail, quel qu’il soit, est une torture, et les pouvoirs publics, dans leur bienveillance, préservent ce qui doit être votre unique épanouissement, le loisir, le divertissement, c’est-à-dire ce moment béni où vous consommez.

    Accessoirement, on comprend que l’Europe a renoncé à toute vision non comptable de l’existence humaine. On n’ose ajouter à toute idée de puissance. Non pas au sens où l’entendraient les contempteurs de la civilisation européenne réduite à sa dimension de domination, mais la puissance comme capacité de peser sur l’histoire humaine. Donc comme capacité de maîtriser son destin. En Europe, désormais, on ne vit pas. On compte.

    « Dans cette histoire un peu grotesque de militaires au repos, il est question de démocratie, d’indépendance, de liberté et du sens de la vie. »

    Emmanuel Macron, à la veille du 14 juillet, avait annoncé l’opposition de la France à cette banalisation de son armée. Mais a-t-on la force de refuser tout à coup ce qu’on a applaudi des années durant ? Ce qu’on appelle gouvernement des juges n’est pas la mise en examen de tel homme politique par un magistrat adepte des opérations « Mains propres », c’est la soumission du politique, et plus globalement de la volonté du peuple, à des jurisprudences relevant d’interprétations, par des juges non élus, de textes qui n’ont pas, contrairement à une Constitution, été délibérés et votés par le peuple. De sorte que, dans cette histoire un peu grotesque de militaires au repos, il est question de démocratie, d’indépendance, de liberté et du sens de la vie.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Mai 68 • En guerre contre eux-mêmes [1]

    « Le terrible traumatisme provoqué par la guerre des Six Jours ... »

     

     

    Il s’agit maintenant d’établir les raisons qui expliquent cet état de fait, à savoir l’homogénéité ethnique des révolutionnaires professionnels. Aux causes déjà évoquées, à savoir la mémoire de la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, s’ajoutent d’autres qui se rattachent à l’histoire immédiate qui a précédé Mai 68. 

    La « Shoah » et la guerre des Six-Jours 

    Premièrement, Yaël Auron signale ceci : « Le terrible traumatisme provoqué par la guerre des Six Jours fut à l’origine de l’émergence et du renforcement de l’identité nationale juive chez les Juifs de France, et plus particulièrement parmi les jeunes. Moins d’une année plus tard, l’insurrection révolutionnaire de Mai 68 emportait aussi la jeunesse juive. »[1] Il écrit ensuite, quelques pages plus loin, la chose suivante : « La communauté juive, hébétée et meurtrie à la fin de la Seconde guerre mondiale était devenue au cours des années 60 une communauté stable, florissante, la seconde en Europe par sa taille (après celle de Russie) et la première par ses prises de position éclatantes. Pour qui pouvait en douter, la participation des Juifs, individuelle et collective, dans trois séries d’événements en moins d’une année, révélait l’étendue du chemin parcouru par la communauté sortie exsangue de la guerre. Ces événements furent, bien sûr, la guerre des Six Jours, la réaction de la communauté juive à la déclaration blessante de De Gaulle sur le ʽʽpeuple sûr de lui-même et dominateurʼʼ en novembre 1967 et la crise de Mai 68. »[2] 

    D’après lui, aux causes lointaines liées aux horreurs de la guerre et de la barbarie hitlérienne se superposent deux causes proches qui sont intimement liées à celles-ci, la guerre des Six-Jours et la petite phrase du général de Gaulle sur le peuple juif prononcée lors d’une conférence de presse, le 27 novembre 1967. La soudaine défiance à l’égard du président de la République française, bien qu’il fût un héros de la résistance face au nazisme, qui suivit une victoire israélienne renforçant le nationalisme judéo-sioniste, explique Yaël Auron, est la cause latente du soulèvement des révolutionnaires professionnels en Mai 68. Derrière l’engagement manifeste – la révolution prolétarienne universelle – se dissimulait un élan nationaliste. 

    Le communisme de ces gauchistes était la version laïcisée de la religion ancestrale de leur famille. Comme en atteste le commentaire fait par Henri Weber a posteriori : « Ce qui séduisait les étudiants dans le marxisme, c’était sa dimension millénariste. La société radicalement mauvaise, non réformable, devait être détruite de fond en comble afin de permettre l’accession à la bonne société. Pour passer de l’une à l’autre, la révolution était nécessaire. La classe ouvrière, Messie collectif, serait l’instrument de la rédemption. Le prolétariat n’était rien ; il serait tout. De l’excès de mal naîtrait l’excès de bien. C’est cette force mystique, prophétique, religieuse qui a donné au mouvement révolutionnaire, dans les pays développés, un souffle, une dimension, une énergie considérable. Il n’est pas de grande transformation sans mythe mobilisateur. Or, nous ressentions un immense besoin de croire. »[3] 

    Une rage refoulée depuis des années se libéra, se déchaîna même. Ceux dont elle émanait furent la ressource humaine idoine pour lʼEmpire du dollar, qui avec les moyens considérables de ses services secrets, la C.I.A., le M.I.6. et le Mossad, se contentait de la canaliser dans une direction précise. Haro sur de Gaulle !  Le dissident en chef du monde occidental. Ce que lui coûta sa liberté de ton, ce fut une fin de règne paisible. Il n’est absolument pas certain que lʼEmpire américain eût pu réussir à déstabiliser ainsi de Gaulle sans cette force subversive considérable.    (Dossier à suivre)   

    [1]  Yaël Auron, op. cit., p. 130-131.

    [2]  Ibid., p. 141.

    [3]  Hervé Hamon, Patrick Rotman, op cit., p. 409. 

     

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    Dossier spécial Mai 68