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Emmanuel Macron demande pardon aux harkis sans désigner les coupables, par Philippe Kerlouan.

C’est devenu une tradition, à l’approche d’élections importantes : tout gouvernement se souvient des harkis, honteusement abandonnés à la fin de la guerre d’Algérie, livrés aux représailles du FLN ou, quand ils ont pu se réfugier en métropole, parqués dans des camps. 

4.jpegUne tradition bien hypocrite, car il ne suffit pas de revaloriser leurs pensions ni de déclarer que la France « a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants », voire de demander pardon. Encore faut-il ne pas s’abriter dans un confort intellectuel en ne désignant pas les coupables et en éludant sa propre responsabilité.

Emmanuel Macron est bien mal placé pour rendre hommage aux harkis, soixante ans après. Il a bien fait de retirer la plaque installée devant son micro, où était inscrit l’objet de cette cérémonie, car un hommage de sa part eût été indécent. Faut-il rappeler que, non content de traiter la colonisation de « crime contre l ‘humanité », de confier à Benjamin Stora, dont l’impartialité laisse à désirer, un rapport sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie », il semble prendre un plaisir pervers à dénigrer l’action de la France et de l’armée en Algérie, ménageant, au contraire, les autorités algériennes devant lesquelles il se couche volontiers ?

 

Dans son allocution de ce lundi matin, Macron a évoqué une histoire « grande et douloureuse » et a reconnu l’abandon ou l’accueil indigne des harkis, à la fin de la guerre d’Algérie. Il n’y était pour rien, bien sûr, puisqu’il n’était pas né. Un projet de loi de reconnaissance et de réparation sera voté, avant la fin de l’année, pour « réparer autant qu’il est possible ces déchirures ». « Quand on insulte un harki, on insulte la France », a-t-il ajouté, oubliant que ses déclarations et ses actes antérieurs sont une insulte à tous les pieds noirs, aux harkis et à la France elle-même.

Il s’est gardé de désigner quelque responsable, laissant aux historiens le soin de le faire. Il est vrai qu’il aurait dû dénoncer la gauche, les porteurs de valise, les complices du FLN, ceux qui traitaient les harkis de collabos. Sans compter une partie de la droite, qui a feint de croire que les accords d’Évian seraient scrupuleusement respectés et qu’il n’y aurait pas de représailles. Jusqu’aux plus hautes autorités, qui ont donné des ordres pour qu’on ne protège pas les harkis. Michel Debré, lui-même, fit savoir – euphémisme révélateur – qu’il aurait souhaité « une volonté plus efficace de transférer en métropole les soldats musulmans ayant servi sous notre drapeau ».

Il aurait dû reconnaître aussi que le général de Gaulle ne considérait pas les harkis comme de vrais Français. Il l’avait exprimé lors du Conseil des ministres du 25 juillet 1962 : « On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! » Ces propos peuvent satisfaire ses partisans inconditionnels, voire plaire à ceux qui dénoncent, à juste titre, une immigration incontrôlée ; mais, s’agissant de harkis ayant servi la France, ne sont-ils pas scandaleux ?

Macron, à l’approche des élections présidentielles, cherche à se concilier un électorat qui ne lui veut pas que du bien. Tous ne sont pas dupes à en juger par les incidents qui ont émaillé son discours. Sans nommer personne, il s’est érigé en arbitre de l’Histoire. Ces événements sont trop tragiques pour qu’on puisse en faire un usage politique quelconque. Peut-être vaut-il mieux ne pas trop revenir sur cette période de l’Histoire et ne pas raviver les blessures, mais, si l’on y revient, il faut aller jusqu’au bout !

 

Philippe Kerlouan

Écrivain

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