Éphéméride du 10 avril
1916 : Bataille de Verdun (photo : l'Ossuaire de Douaumont)
1028 : Mort de Fulbert de Chartres
De L'Encyclopedia universalis :
"Né près de Rome dans une famille pauvre, Fulbert eut pour maître un évêque italien, séjourna un peu à Rome, puis, vers 984, vint à Reims pour y suivre les leçons de l'illustre Gerbert d'Aurillac, le futur pape Silvestre II. En 992, il se rendit à Chartres pour apprendre la médecine. Bientôt il fut nommé maître, chancelier et chanoine. En 1006, la faveur du roi Robert le Pieux, qu'il connaissait depuis longtemps, le porta à l'évêché de Chartres. Fulbert acquit un prestige considérable auprès de ses contemporains; sa correspondance est une source importante de l'histoire de son temps. Après l'incendie de 1020, il reconstruisit sa cathédrale; la crypte actuelle est son œuvre.
Fulbert est vénéré comme saint à Chartres.
Disciple de Gerbert et utilisant comme celui-ci les grands texte de la logica vetus Fulbert donne, par son enseignement à l'École cathédrale de Chartres, l'élan qui fera d'elle, au XIIème siècle, un centre d'études important, illustré par des penseurs de premier ordre (tels Bernard et Thierry de Chartres, Gilbert de La Porrée, Guillaume de Conches) et caractérisé par son intérêt pour les arts libéraux ainsi que par ses recherches philosophiques sur l'origine et la nature de l'univers.
C'est à Fulbert que la célèbre école de Chartres doit ce goût de la science et des études profanes qui l'amènera à déborder les cadres du quadrivium dans le sens d'un "humanisme avant la lettre."
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/948/Saint-Fulbert.html
Sur les incendies et reconstructions de la cathédrale voir l'Éphémeride du 10 juin et l'Éphémeride du 17 octobre...
1677 : Début de la bataille de Cassel...
Elle durera deux jours, et s'achèvera, le lendemain, par le triomphe total de Monsieur, frère du Roi (ci contre): Philippe d'Orléans, le prince à l'origine de la branche actuelle de notre Famille de France (voir l'Éphéméride du 21 septembre : "1640 : Naissance de Philippe, second fils de Louis XIII, à l'origine des représentants actuels de la Famille de France...", jour de sa naissance)...
Cette année-là, on est en pleine Guerre de Hollande. Le roi et Monsieur, son frère, sont aux armées et commandent eux-mêmes les troupes. Les maréchaux de Luxembourg et d’Humières commandent l’armée sous Monsieur. En face d'eux, ennemi acharné de la France, Guillaume d'Orange...
Monsieur chargea avec une valeur et une intrépidité rares : il eut un cheval tué sous lui et reçut un coup de mousquet; le chevalier de Nantouillet eut la cuisse percée à ses côtés, et quelques-uns de ses domestiques furent tués derrière lui.
Ensuite, Monsieur ayant pris Saint-Omer, revint à Versailles avec Louis XIV, qui venait, lui, de prendre Cambrai...
La guerre fut terminée l’année suivante (1678) par la Paix de Nimègue (voir l'Éphéméride du 5 février) : la grande perdante de la guerre fut l'Espagne, qui céda à la France :
• la Franche-Comté;
• et, dans les Flandres, Cassel, Bailleul, Aire, Saint-Omer, Cambrai, Bouchain, Condé-sur-l'Escaut, Bavay, Maubeuge; et la place forte de Valenciennes, dans le Hainaut...
La stèle, sur le lieu de la bataille...
1707 : Naissance de Michel Corrette
Compositeur et organiste de la période baroque tardive, Michel Corrette est né à Rouen dans les dernières années du règne de Louis XIV, a traversé "le siècle de Louis XV" et s'est éteint à Paris, exactement deux ans après Louis XVI, le 21 janvier 1795.
Sa musique heureuse et joyeuse est tout à fait dans l’esprit d'optimisme et de joie de vivre qui caractérise le siècle de Louis XV, et illustre parfaitement le mot célèbre de Talleyrand : "Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que la douceur de vivre..."
symetrie.com/fr/auteurs/michel.corrette
Écouter : le concerto "La servante au bon tabac" (dont le 3ème et dernier mouvement a donné la célébrissime comptine "J'ai du bon tabac dans ma tabatière..." :
1916 : Ordre du jour mythique du général Pétain : "Courage ! On les aura !".
La bataille de Verdun, qui a débuté le 21 février dure depuis maintenant 7 semaines. Elle ne s'achèvera que le 19 décembre...
Von Falkenhayn a voulu cette bataille précisément là, à Verdun, pour, selon ses propres mots, "saigner à blanc l'armée française". Or, l'État major français ne croyait pas à une attaque sur Verdun : Verdun est un saillant, on n'attaque pas un saillant, disait-on...
Le calcul de Falkenhayn était de tailler en pièce l'armée française au moyen de son artillerie : deux millions d’obus — un obus lourd toutes les trois secondes — tombèrent sur les positions françaises les deux premiers jours de l'offensive allemande.
Mais, en fait, si l'artillerie causa bien 80% des pertes à Verdun, la bataille se révélera presque aussi coûteuse pour l'attaquant : elle fit au total plus de 300.000 morts (163.000 soldats français et 143.000 allemands) et 500.000 blessés.
Alors que, côté allemand, c'est pour l'essentiel les mêmes corps d'armée qui livreront toute la bataille, l'armée française fera passer à Verdun, par rotation, 70 % de ses Poilus, ce qui contribua à l'importance symbolique de cette bataille et à la renommée du Général Pétain qui commanda la première partie de la bataille.
Quatre jours à peine après le début de l'offensive, Pétain, qui commande la 2ème Armée, est nommé par Joffre - dès le 25 février - Commandant en chef du secteur de Verdun.
Comme Falkenhayn, Pétain croit en l'artillerie et, pour lui la progression de l'infanterie doit s'effectuer avec l’appui de l’artillerie.
Il est économe des efforts de ses hommes. Il veille à adoucir au maximum la dureté des épreuves pour ses troupes.
• Dans un premier temps, il réorganise la défense. Une artillerie renforcée dans la mesure des disponibilités couvre les unités en ligne. Les forts sont réarmés.
Pour ménager ses troupes, il impose le "tourniquet" : les bataillons se relaient pour la défense de Verdun. En juillet, 70 des 95 divisions françaises ont participé à la bataille
• Dans un second temps, il réorganise la logistique. La seule voie de ravitaillement possible consiste en une voie ferrée sinueuse doublée d’une route départementale. La route ne fait que sept mètres de large et se transforme en bourbier dès les premières pluies. Sur ces 56 km de piste, il fait circuler une succession ininterrompue de camions roulant jour et nuit.
Cette artère vitale pour le front de Verdun est appelée "La Voie Sacrée" par Maurice Barrès. Il y circule plus de 3.000 camions, un toutes les quinze secondes. 90.000 hommes et 50.000 tonnes de munitions sont transportés chaque semaine.
• Enfin, il réorganise l’artillerie. L’artillerie lourde restante est récupérée. Un groupement autonome est créé et directement placé sous ses ordres. Cela permet de concentrer les feux sur les points les plus menacés.
Le résultat de cette rapide et énergique reprise en main ne se font pas attendre. Si les allemands attaquent au Mort Homme et du côté du Fort de Vaux, ils n'iront pas plus loin que le village de Fleury-devant-Douaumont, qui fut pris et repris seize fois. Ce village, qui fait aujourd'hui partie des huit villages fantômes de France (qui ont un maire, mais n'ont plus d'habitants), a représenté l'avance extrême de l'armée allemande devant Verdun.
C'est au cours de ces batailles pour Douaumont que Pétain écrira ce fameux Ordre Général 94 :
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Commentaires
Pourquoi est-il aussi important pour les Français et les Allemands de se comprendre? Parce qu'en comprenand ce qui les sépare ils comprendront ce qui les unit.
Parce que l'Europe, d'une façon ou d'une autre est appelée à se faire. Parce que le France et l'Allemagne sont voisins, et, qu'avec ses composantes germanique, celtique, méditerranéenne et slave, ce couple au coeur de l'Europe en est le résumé.
L'Europe ne peut pas se construire sur le modèle de la nation, car elle serait perçue comme une Europe contraignante, jacobine, niveleuse, réductrice. Rome sut fédérer les peuples sans les asservir. Elle laissa aux peuples leurs coutumes, aux cités leur autonmie. L'idée d'empire a inspiré tous les grands desseins de l'histoire : l'Europe carolingienne, le Saint Empire romain-germanique. Elle sera la synthèse et le dépassement des anciennes antinomies nationales, comme le fut à sa manière l'art gothique.
Cher Thulé,
Il y a une contradiction majeure dans vos propos, "l'Europe ne peut pas se construire sur le modèle de la nation, car elle serait perçue comme une Europe contraignante, jacobine, niveleuse, réductrice "
et "l'idée d'empire a inspiré tous les grands desseins de l'histoire : l'Europe carolingienne, le Saint Empire romain-germanique. Elle sera la synthèse et le dépassement des anciennes antinomies nationales, comme le fut à sa manière l'art gothique.
Tout d'abord, si l'Europe ne peut se construire sur le modèle de la nation, ce n'est pas pour ce qu'elle serait perçue dans ce cas, mais simplement parce qu'elle n'est pas et ne sera jamais une nation, mais une confédération de nations.
Quant à l'idée d'une Europe "impériale" à savoir fédérale, où les nations ne seraient plus que des démembrements de la puissance publique européenne, celle-ci n'est pas compatible avec la royauté française millénaire qui ne saurait abandonner des pans entiers de souveraineté nationale. En effet, ce n'est pas la même chose que de déléguer une part de souveraineté autant de temps que cela peut-être utile à nos intérêts, que de céder à un "Empire", sa souveraineté.
Il me semble qu'il s'agit d'un point, sur lequel tout royaliste est nécessairement en accord, à moins de se renier lui-même, d'autant que la France, en ce domaine, dans le cadre de ses actuelles institutions est déjà allée trop loin au mépris de la souveraineté nationale qui s'est exprimée en 2005. Mais il est vrai aussi, que le petit Nicolas, n'est pas le grand Charles.
L'histoire du XXème siècle me paraît être plutôt celle de l'effondrement des empires que des nations.
D'autre part, s'il peut arriver que les grands courants artistiques soient transnationaux, les empires, eux, ne se construisent pas "sur un modèle", ni par consensus. Ils se construisent autour d'un hégémon (Rome, l'Autriche, la Prusse, la Russie ...).
L'Europe actuelle pourrait-elle faire exception ? J'en doute, pour ma part.
Quant à un éventuel hégémon, à ce jour, il n'y en a qu'un, me semble-t-il, de possible pour l'Europe. Et, sans qu'il soit utile de réveiller, contre elle, de vieilles haines, anachroniques, c'est l'Allemagne.
Pour le reste, dans ce cas, je partage plutôt, au moins en gros, l'analyse de DC.
Chers JACO et DC, il me semble nécessaire de faire quelques rappels historiques.
Une opinion fort répandue, fait de Clovis un des premiers rois de France. En réalité, Clovis fut roi des Francs, ce qui n'est pas la même chose. Il régna d'ailleurs sur une partie de l'Allemagne.
Il en fut de même de ses successeurs jusqu'a Charlemagne inclus, que l'on considère en France comme un empereur français, et en Allemagne, sous le nom de Karl der Grosse, comme un empereur Allemand.
En fait, depuis Clovis jusqu'a Charlemagne, ce qui existe, c'est un empire Franco-Allemand, et c'est seulement après sa dislocation de celui-ci, lors du partage (traité de Verdun en 843) que les deux nations commencèrent un destin séparé.
En France, la nation nait de l'agrandissement du "pré carré" par les capétiens. D'emblée la monarchie française rejette la notion d'empire. Mieux, elle va devenir une briseuse d'empires. La nation française s'est attaquée aux empires sans discontinuer jusqu'au XVIIIème siècle et à recommencé à le faire en 1914.
En rompant avec l'dée impériale, la France rompt aussi avec une certaine "idée romaine", dont au contraire vont constamment s'inspirer les Allemands, et va aboutir à ce phénomène spécifiquement français d'une "transfiguration dogmatique et mystique de la nation".
Dans l'Europe actuelle, ce qui subsiste, après l'éclatement des empires, intereuropéens, mais aussi coloniaux, ce sont les nations, telles que l'Histoire des derniers siècles, les a constituées.
Il n'y a plus là d'empire du tout, sauf à ce qu'il s'en forme un nouveau autour d'une puissance hégémonique, car ce n'est pas autrement que les empires se forment et subsistent tant que la dite puissance en a les moyens.
L'analyse de Thulé est tout à fait pertinente, dès lors que la
France nait véritablement en 987, tandis que pour la nation
française, il est couramment admis qu'elle pose un acte
fondateur, lors de la bataille de Bouvines en 1214. Loin
d'être un dogme, la nation française est un sentiment
d'appartenance et un engagement commun d'affirmation
de notre identité et de notre indépendance vis-à-vis de
toute autre puissance.
Dès lors, le commentaire de Thulé, tendant à appeler de
ses voeux la reconstitution de l'ancien Empire romain, à
travers l'Europe, n'est pas compréhensible. Car comme le
dit très justement JACO " Il n'y a plus là d'empire du tout,
sauf à ce qu'il s'en forme un nouveau autour d'une
puissance hégémonique, car ce n'est pas autrement que
les empires se forment et subsistent tant que la dite
puissance en a les moyens".
C'est pourquoi, il est clair que l'Europe ne peut être qu'une
confédération de nations. Et si l'on voulait se risquer à une
comparaison historique purement symbolique, l'Europe
serait davantage à l'image de la Grèce antique unie avec
ses Cités-Etats indépendantes, qu'à celle de l'Empire
romain (hormis l'aspect territorial).
Ayons les pires craintes sur la manière dont va être commémoré l’anniversaire du déclenchement du premier holocauste de la guerre industrielle, mondiale. L’équipe de bras cassés aux commandes de notre pauvre et glorieux pays est certainement incapable de prendre la mesure de ce que fut ce suicide européen. Cent ans après le premier jour de cette immense tragédie, les historiens les plus érudits s’interrogent encore sur le processus sanglant qui massacra l’Europe à une échelle qui ne fut évidemment pas anticipée par ceux qui débutèrent ces hostilités «la fleur au fusil». Nous sommes d’une famille de pensée où il n’est nul besoin de nous convaincre du précieux de l’Histoire, joyau sans lequel selon Michel Serres «le temps se réduit à l’immédiat». Mais arrêtons nous sur les programmes saccagés dans l’enseignement, occultant cette tragédie du XXème siècle à des milliers de lycéens que l’on appelle un jour bacheliers. Il est de bon ton, et une preuve du «devoir de mémoire» de multiplier les visites d’écoliers à Auschwitz. Commençons par le commencement ! Une visite des champs de bataille de la Meuse, de l’Argonne et la cote 304, du vieil Armand, de la Somme … dans le silence et le recueillement.
En faisant réciter à ces élèves les mots de Montherlant
«Si tous les hommes qui sont morts ici se levaient, ils n’auraient pas la place de tenir parce qu’ils sont tombés par couche successive»
Et lire sur le mur du musée de Verdun les vers de Valéry
Tous
vinrent à Verdun
comme pour y recevoir
je ne sais quelle
suprême
consécration
...
ils semblaient
par la voie sacrée
monter pour un offertoire
sans exemple
à l’autel
le plus redoutable
que jamais l’homme
eut élevé.