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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Feuilleton : Chateaubriand, ”l'enchanteur” royaliste... (22)

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    Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
    Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : première abdication de Bonaparte, entrée des Alliés dans Paris...

    1. Première abdication de Bonaparte...

     

    6 avril 1814 - Abdication et adieux de Napoléon Ier - Herodote.net

    Première abdication de Napoléon, le 4 Avril 1814...

    "Quand on voit s'approcher le moment où nous allions être renfermés dans notre ancien territoire, on se demande à quoi donc avaient servi le bouleversement de l'Europe et le massacre de tant de millions d'hommes ?...

    ...Paris depuis des siècles n'avait point vu la fumée des camps de l'ennemi, et c'est Bonaparte qui, de triomphe en triomphe, a amené les Thébains à la vue des femmes de Sparte. Paris était la borne d'où il était parti pour courir la terre : il y revenait laissant derrière lui l'énorme incendie de ses inutiles conquêtes...." (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome I, page 847)

     

     

    2. L'entrée des Alliés dans Paris...

     

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    L'entrée des Alliés par la Porte Saint Martin en 1814...

     

    "...L’armée des alliés entra dans Paris le 31 mars 1814, à midi, à dix jours seulement de l’anniversaire de la mort du duc d’Enghien, 21 mars 1804. Était-ce la peine à Bonaparte d’avoir commis une action de si longue mémoire, pour un règne qui devait durer si peu ? L’empereur de Russie et le roi de Prusse étaient à la tête de leurs troupes. Je les vis défiler sur les boulevards. Stupéfait et anéanti au dedans de moi, comme si l’on m’arrachait mon nom de Français pour y substituer le numéro par lequel je devais désormais être connu dans les mines de la Sibérie, je sentais en même temps mon exaspération s’accroître contre l’homme dont la gloire nous avait réduits à cette honte.

    Toutefois cette première invasion des alliés est demeurée sans exemple dans les annales du monde : l’ordre, la paix et la modération régnèrent partout ; les boutiques se rouvrirent ; des soldats russes de la garde, hauts de six pieds, étaient pilotés à travers les rues par de petits polissons français qui se moquaient d’eux, comme des pantins et des masques du carnaval. Les vaincus pouvaient être pris pour les vainqueurs ; ceux-ci, tremblant de leurs succès, avaient l’air d’en demander excuse. La garde nationale occupait seule l’intérieur de Paris, à l’exception des hôtels où logeaient les rois et les princes étrangers. Le 31 mars 1814, des armées innombrables occupaient la France; quelques mois après, toutes ces troupes repassèrent nos frontières, sans tirer un coup de fusil, sans verser une goutte de sang, depuis la rentrée des Bourbons. L’ancienne France se trouve agrandie sur quelques-unes de ses frontières ; on partage avec elle les vaisseaux et les magasins d’Anvers; on lui rend trois cent mille prisonniers dispersés dans les pays où les avait laissés la défaite ou la victoire. Après vingt-cinq années de combats, le bruit des armes cesse d’un bout de l’Europe à l’autre; Alexandre s’en va, nous laissant les chefs-œuvre conquis et la liberté déposée dans la Charte, liberté que nous dûmes autant à ses lumières qu’à son influence. Chef des deux autorités suprêmes, doublement autocrate par l’épée et par la religion, lui seul de tous les souverains de l’Europe avait compris qu’à l’âge de civilisation auquel la France était arrivée, elle ne pouvait être gouvernée qu’en vertu d’une constitution libre...

    ...Cependant Napoléon n’était point encore détrôné; plus de quarante mille des meilleurs soldats de la terre étaient autour de lui; il pouvait se retirer derrière la Loire; les armées françaises arrivées d’Espagne grondaient dans le Midi; la population militaire bouillonnante pouvait répandre ses laves; parmi les chefs étrangers même, il s’agissait encore de Napoléon ou de son fils pour régner sur la France : pendant deux Jours Alexandre hésita. M. de Talleyrand inclinait secrètement, comme je l’ai dit, à la politique qui tendait à couronner le roi de Rome, car il redoutait les Bourbons; s’il n’entrait pas alors tout à fait dans le plan de la régence de Marie-Louise, c’est que Napoléon n’ayant point péri, il craignait, lui prince de Bénévent, de ne pouvoir rester maître pendant une minorité menacée par l’existence d’un homme inquiet, imprévu, entreprenant et encore dans la vigueur de l’âge.

    Ce fut dans ces jours critiques que je lançai ma brochure De Bonaparte et des Bourbons pour faire pencher la balance : on sait quel fut son effet. Je me jetai à corps perdu dans la mêlée pour servir de bouclier à la liberté renaissante contre la tyrannie encore debout et dont le désespoir triplait les forces. Je parlai au nom de la légitimité, afin d’ajouter à ma parole l’autorité des affaires positives. J’appris à la France ce que c’était que l’ancienne famille royale; je dis combien il existait de membres de cette famille, quels étaient leurs noms et leur caractère : c’était comme si j’avais fait le dénombrement des enfants de l’empereur de la Chine, tant la République et l’Empire avaient envahi le présent et relégué les Bourbons dans le passé. Louis XVIII déclara, je l’ai déjà plusieurs fois mentionné, que ma brochure lui avait plus profité qu’une armée de cent mille hommes; il aurait pu ajouter qu’elle avait été pour lui un certificat de vie. Je contribuai à lui donner une seconde fois la couronne par l’heureuse issue de la guerre d’Espagne. (Mémoires d'Outre-Tombe, Garnier,  (Tome 3, page 387)

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    En Nouvelle Calédonie, l'urgence est de ramener le calme et le Droit. 

    La Nouvelle Calédonie étant française, c'est le droit commun de tous les Français qui doit s'y appliquer, y compris - et en l'espèce, surtout - dans le domaine des listes électorales : tout citoyen français y résidant peut voter. Point.

    Si cela ne plaît pas à quelques énergumènes, manipulés par la Chine (qui veut s'emparer du "caillou", pour son nickel) et par Poutine (qui ne sait plus comment se sortir du bourbier où il s'est lui-même fourré), c'est leur affaire ! Qu'ils aillent goûter sur place aux joies du marxisme-léninisme tyrannique en Chine ou à celles de la nouvelle Urss que tente péniblement de rebâtir Poutine...

    Gilbert Collard a raison :

    "En #NouvelleCalédonie , la situation vire à la guerre inter-ethnique sur fond de racisme anti-blanc ! On compte déjà 2 morts et des centaines de blessés dont plus d'une centaine de policiers et gendarmes ! Le seul "appel au calme" qu'il faut, c'est l'armée !"

    Point.

    (extrait vidéo 1'20)

    https://x.com/GilbertCollard/status/1790643435256377406

    PS / DERNIÈRE MINUTE :

    S'il n'y avait le terrorisme et des morts, il serait amusant d'entendre journaleux et hommes politiques de gauche et d'extrême-gauche défendre "l'identité ethnoculturelle" des "premiers habitants de l'archipel" et leur "droit à la continuité historique sur la terre de leurs ancêtres". Nous aussi, descendants des Gaulois (des Celtes...) eux-même venus après les Basques, nous sommes ici depuis deux mille ans et plus ! Et nous supportons - contraints et forcés - une masse venue d'Afrique du Nord et sub-saharienne depuis les scélérats "décrets Chirac" de 75/76, soit à peine cinquante ans...

    Alors : on est logiques ? On fait ici ce que vous dites pour "là-bas" ?

    Mais, si l'on appliquait à la France métropolitaine le système électoral hors la loi qui prévaut en Nouvelle Calédonie, la moitié ou les deux tiers des députés LFI retourneraient à "la vie civile"; et l'équipe municipale de Stains aussi, et on verrait bien d'autres changements encore...

     

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    1. (Source : Front populaire) Le rachat des turbines Arabelle par EDF reporté sine die : un dossier qui semblait bien parti… mais c’était sans compter sur l’intervention des Etats-Unis ! Le rachat de l’entité nucléaire de General Electric par EDF aurait dû être officialisé ce 14 Mai. Même si aucune nouvelle date n’a été évoquée, la transaction ne devrait pas connaître de retour en arrière. Une bonne chose pour le nucléaire français, mais que de temps de perdu depuis la vente de la branche énergie d’Alstom à General Electric en 2015...

    nucléaire-Américains-turbines-arabelle-EDF

    Luc Rémont, patron d'EDF...

     

    2. L'Europe "condamne" la France pour sa trop lente progression dans le domaine des énergies renouvelables, ce qui met le pays "en porte-à-faux avec les objectifs européens pour 2030", disent les Eurocrates, qui nous fatiguent, avec leur eurocratie !... 

    Cette condamnation, c'est un comble ! En somme, comme le dit Guillaume Bigot (et nous aussi, accessoirement !) :

    "Nous payons donc (12 milliards €) Bruxelles pour qu’ils nous infligent des amendes. L’UE, c’est un club SM !"

    Congés : L'Europe condamne la France !

    L'Europe condamne la France ?

    Nous, nous condamnons "cette" Europe" de bureau/technocrates...

     

    3. Le Système marche sur la tête ! Invité de Points de Vue, Jérôme Fourquet revient sur sa note publiée dans Le Figaro :

     "La France est premier exportateur mondial de pommes de terre mais les chips et les frites sont transformées en Belgique, puis nous les importons. On marche sur la tête..."

    (extrait vidéo 0'50)

    https://x.com/Le_Figaro/status/1790608295712924023

    Écoles, prisons, hôpitaux… La France est dans l'impasse» | Jérôme Fourquet  - YouTube

    OUI, C'EST VRAI !

    LA FAUTE À QUI, À QUOI ?

    LA FAUTE AU SYSTÈTME,

    QUI ÉCHOUE EN TOUT ET PARTOUT !

    LA SOLUTION ?

    "MENER UNE ACTION RÉELLEMENT D'OPPOSITION, C'EST-À-DIRE PRÔNANT OUIVERETEMNT LA SUBVERSION DU RÉGIME"

    (LÉON DAUDET)

     

    4. Dans Mer et Marine : Porte-avions Charles de Gaulle : livraison d’Aster à la mer et transfert de matériel par drone aérien.... (extrait de l'article de Vincent Groizeleau) :

    "Pour la première fois, le porte-avions français a reçu, lors d’un ravitaillement à la mer, un missile surface-air Aster 15, que l'équipage a pu installer dans son lanceur vertical alors que le Charles de Gaulle était en navigation. Il a également mené avec un autre bâtiment du groupe aéronaval un premier transfert de matériel léger par drone aérien.

    Cette opération permet de valider la capacité à recharger à la mer les lanceurs verticaux Sylver A43 où sont logés les missiles surface-air Aster 15, qui constituent le principal moyen d’autodéfense du Charles de Gaulle. La manœuvre a été réalisée en Méditerranée, où évolue actuellement le groupe aéronaval français dans le cadre de la mission Akila, par le Jacques Chevallier, premier des quatre nouveaux bâtiments ravitailleurs de forces (BRF) de la Marine nationale. Un Aster 15, conditionné dans son conteneur de lancement, a été transbordé..."

     

    5. Ils étaient 17.000 l'an passé, et il a fallu refuser du monde; ils sont 18.000 cette année, et il a encore fallu refuser du monde... Dans France Catholique : l'autre visage de la jeunesse de France, la vraie, celle qui illustre la pensée de Jacques Bainville, "Pour des renaissances, il est encore de la Foi..." 

    "En ce week-end de Pentecôte, le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté réunira plus de 18 000 personnes, entre Paris et Chartres – et de plus en plus de jeunes –, autour du thème « Je veux voir Dieu. Les fins dernières ». Interview, analyse, histoire : découvrez notre dossier ! "
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    6. D'accord avec SOS PARIS : on en a déjà parlé, mais il vaut mieux le redire encore et encore, et agir "avant", plutôt que de venir se plaindre et pleurer, "après", si on laissait faire... :

    "La suppression des grilles de la promenade Richard-Lenoir est un son-sens financier, écologique, esthétique et urbanistique. Ce projet décidé sans consultation ni enquête publique, suscite l'incompréhension et l'opposition légitime des riverains."

    (extrait vidéo 0'52)

    https://x.com/SOSParis/status/1790595214135927097

    Paris : le projet de « ramblas » entre Bastille et Stalingrad contesté en  justice - Le Parisien

     

    7. De SOS CALVAIRES :

    "Une journée à l’atelier avec nos artisans..."

    (extrait vidéo 1'14)

    https://x.com/soscalvaires/status/1790307779393028421

     

     

    À DEMAIN !

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  • Jeanne d'Arc, Légitimité !....

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    Quand Barrès recadre parfaitement le vrai sens de la fête de Jeanne d’Arc

    Trois commentaires reçus sur le blog permettent de réfléchir au sens profond de cette fête.

    Il en résulte que tous les Français patriotes y ont leur place. Pas les partis, ni les hommes de parti, en tant que tels.

     

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    Voici les trois commentaires qui en discutent.

     

    Incroyable de reprocher au FN de célébrer Jeanne.
    Pourquoi ne vous acharnez vous pas sur les partis de l'Establishment qui renient l'essentiel de l'histoire de France?

    Écrit par : Rembarre | samedi, 16 avril 2011

    Répondre à ce commentaire Rembarre

     

    Je vous propose une excellente définition de la personnalité de Jeanne d'Arc :
    « Chacun de nous peut personnifier en elle son idéal. Êtes-vous catholique ? C'est une martyre et une sainte que l'Église vient de mettre sur les autels. Êtes-vous royaliste ? C'est l'héroïne qui a fait consacrer le fils de saint Louis par le sacrement gallican de Reims... Pour les républicains c'est l'enfant du peuple qui dépasse en magnanimité toutes les grandeurs établies... Enfin les socialistes ne peuvent oublier qu'elle disait :

    "J'ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des malheureux."

    Ainsi tous les partis peuvent se réclamer de Jeanne d'Arc. Mais elle les dépasse tous. Nul ne peut la confisquer. »

    — Maurice Barrès

    Écrit par : Thulé | samedi, 16 avril 2011

    Répondre à ce commentaire Thulé

     

    J'aime bien le commentaire précédent.

    D'abord, parce qu'il renvoie à Maurice Barrès, c'est à dire à l'une de nos racines intellectuelles, politiques et spirituelles les plus essentielles, que nous oublions, parfois, à tort. Barrès n'a pas suivi Maurras dans sa conclusion monarchique, parce que, lui répondait-il, au moment de l'Enquête sur la Monarchie, "vous n'avez pas avec vous les puissances du sentiment". Elles étaient, encore, à l'époque, bonapartistes et républicaines. Mais les deux hommes ne se sont jamais séparés et Maurras n'a jamais renié le grand apport de Maurice Barrès, qui va, d'ailleurs, au delà du politique et s’adresse, aussi, aux personnes. Où en sont, aujourd'hui, s'il y en a encore, les puissances du sentiment ? Il me semble, en tout cas, que le vieux fond bonapartiste, révolutionnaire et républicain d'alors est en lambeaux.

    Ensuite, parce qu’il apporte à Rembarre une réponse, si j’ose dire, adéquate : il ne s’agit pas, bien sûr, de reprocher au FN de célébrer Jeanne d’Arc. Mais l’esprit de la véritable Fête de Jeanne d’Arc est clairement défini par Barrès : « tous les partis peuvent se réclamer de Jeanne d'Arc. Mais elle les dépasse tous. Nul ne peut la confisquer ». C’était, aussi, et j’espère que c’est toujours, le sens du Cortège Traditionnel du mois de mai (qui ne se déroule, d’ailleurs, pas le 1er mai) organisé à Paris et ailleurs en France, depuis 1920.

    Écrit par : JACO | samedi, 16 avril 2011

     

 

Par Mathieu Bock-Côté           

Mathieu Bock-Côté, démontre ici [Figarovox, 20.03], comment les affaires ont « vidé la campagne de sa substance politique ». Comment est en quelque sorte volé - sans-doute momentanément - le travail de réflexion de tout un pan de l'intelligence française en réaction contre les trahisons du Système. Nous n'avons pas sa confiance dans la capacité qu'aurait eu François Fillon à incarner et traduire dans les faits cette réflexion traditionaliste dans son fond, indépendamment des problèmes éthiques qui ont soulevé sur sa personne même de légitimes soupçons. La rupture de la droite ou prétendue droite française avec le Système en tant que tel nous semble trop incertaine et trop peu radicale pour mériter cette confiance. Sur le fond des choses, sur la trame de ses analyses et de sa pensée, nous nous considérons néanmoins en accord. Mathieu Bock-Côté est devenu un penseur incontournable du courant antisystème et, en ce sens, antimoderne.  Lafautearousseau    

 

On l'a dit : l'élection présidentielle de 2017 semblait imperdable pour la droite. Mais rien ne se passe jamais comme prévu en politique et la fragilisation de la campagne de François Fillon depuis quelques semaines est telle qu'il semble de moins en moins certain de participer au deuxième tour de la présidentielle, où pourraient se retrouver face à face Emmanuel Macron et Marine Le Pen, dans un duel exacerbant comme jamais les tensions et les passions françaises. La chose est d'autant plus dramatique que la candidature Fillon, avant son effondrement, semblait offrir une sortie par le haut à un pays en crise, avec un conservatisme décomplexé qui savait toutefois ne pas être histrionique. Il semblait y avoir là un débouché politique raisonnable à l'exaspération populaire. Le conservatisme semblait la meilleure manière d'éviter le populisme. On ne réécrira pas l'histoire, mais il se pourrait bien qu'une défaite de la droite à la présidentielle soit un jour considérée comme un moment gâché dans l'histoire française.

L'observateur de la campagne ne pourra s'empêcher, néanmoins, d'y voir un incroyable détournement de démocratie, qui va bien au-delà du sort de François Fillon. Depuis cinq ans, la France était prise de convulsions politiques. Le quinquennat de François Hollande aura poussé jusqu'au bout la reprogrammation terra-noviste de la gauche. Paradoxe ? L'homme qui voulait renouer avec un socialisme en lutte contre la finance aura achevé sa conversion aux questions identitaires et sociétales. En cela, il aura été fidèle à son inspiration mitterrandienne. Mais ces questions ne sont pas insignifiantes : au contraire, elles réfèrent à l'idée de l'homme sur laquelle on fait reposer la cité. À travers elles, on aura assisté à une repolitisation de grands segments de la population qui s'apprêtait à vivre la présidentielle de 2017 à la manière d'une querelle entre visions du monde. La présidentielle devait mettre en scène de grands projets et les Français trancher entre eux comme rarement ils auraient eu l'occasion de le faire dans leur histoire récente. Le peuple français aurait ainsi confirmé sa vocation de peuple politique par excellence.

Mais ce n'est pas ce qui arrive. L'élection se vide de sa substance politique et le système médiatique, effrayé depuis quelques années par la montée des thèmes conservateurs qui alimenteraient la « droitisation » de la France, reprend le contrôle de la vie démocratique en définissant ses thèmes.

L'élection présidentielle ne porte plus sur le fond des choses. La France se fait voler son élection présidentielle. On pourrait aussi parler d'une élection présidentielle avortée : la poussée conservatrice ne sera pas traduite politiquement. La quête de la transparence éthique, qui n'est évidemment pas condamnable en elle-même, écrase le politique et étouffe un conflit qui aurait pu mettre en scène de manière féconde les contradictions du pays en renouvelant les grands termes de la polarisation politique. Et qu'est-ce qu'une élection présidentielle sans substance politique, sinon une mascarade faite pour dégoûter l'homme ordinaire de la chose publique ?

Le combat des visions et des programmes ne parvient plus à prendre forme. Les aspirations profondes du pays sont de nouveau déportées vers les marges politiques ou condamnées à l'émiettement électoral. Ce n'est pas un problème absolument nouveau, toutefois : cela fait une trentaine d'années qu'il y a en France une dissociation grave entre l'offre et la demande politiques ce qui a favorisé de nombreuses jacqueries électorales, généralement autour de l'enjeu européen, et la recherche d'une troisième voie qui n'est jamais vraiment parvenue à se faire une place dans un système partisan bloqué. De Séguin à Chevènement en passant par Pasqua et de Villiers, ils auront été nombreux à chercher à reformuler les termes du jeu politique, sans vraiment y parvenir. La poussée du Front national, au-delà de son rachitique électorat d'origine, s'inscrivait aussi dans ce contexte. Le décalage entre le pays et son système politique s'accentuera.

Nous sommes témoins d'un détournement de démocratie à grande échelle. La France bouillonnait politiquement depuis 5 ans. Des grandes manifestations autour des questions sociétales aux enjeux essentiels remués par la multiplication des attentats islamistes, en passant par le déploiement de la question identitaire et la nécessaire remise en question d'un multiculturalisme ne disant pas son nom et de l'immigration massive, l'élection devait non seulement donner un nouveau président à la France, mais un nouveau cap au pays. Ce ne sera probablement pas le cas, et la protestation populaire peinera à se convertir en politique de redressement. Cela doit être d'autant plus insupportable pour un grand pan du pays que la droite, à travers le travail de nombreux essayistes et intellectuels, avait mené un authentique travail de renouvellement programmatique. Ces débats refoulés ne disparaîtront pas. Il ne suffit pas de cesser de parler d'une question pour la faire disparaître - la politique n'est pas un pur exercice de communication. Ils risquent toutefois d'entraîner un pourrissement de la vie politique française et de séparer le pays en deux camps irréconciliables. L'impuissance politique est mortifère pour la démocratie.

La politique trouve sa grandeur lorsqu'elle permet de saisir les grands enjeux d'une époque et de les traduire en options intelligentes et raisonnables offertes à la population. Elle devient médiocre et détestable lorsqu'elle met en scène seulement de petites guerres de clans en lutte pour un pouvoir qui sert moins à servir qu'à se servir. Il y a un tel décalage, en ce moment, entre l'importance des enjeux qui devraient être au cœur de la présidentielle et la manière dont elle est menée qu'elle pourrait radicaliser comme jamais le dégoût des Français pour une classe politique qui s'acharne à ne pas être à la hauteur de l'histoire. Personne n'en sortira gagnant. 

Mathieu Bock-Côté           

  • Stupéfiant !

    Heinz-Christian Strache (FPÖ) et Sebastian Kurz (ÖVP), nouveaux vice-chancelier et chancelier autrichiens, et le président Alexander Van der Bellen, lundi 18 décembre à Vienne sous l’imposant portrait de Marie-Thérèse d’Autriche 

     

    Par François Marcilhac

     

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    On savait Emmanuel Macron disciple du philosophe Paul Ricœur. On ignorait qu’il était, en même temps, adepte de l’école péripatéticienne.

    Aristote déambulait en dissertant avec ses disciples dans les allées du Lycée  ; notre président déambule dans les couloirs de l’Élysée, entouré de caméras, pour répondre aux questions complaisantes d’un journaliste de la télévision d’État, le tout enregistré le mardi pour être diffusé le dimanche suivant. On n’est jamais trop prudent  ! En marche… vers feu l’ORTF  ? Il ne s’agit que d’une anecdote, mais elle en dit long sur cet art de la communication qui, inauguré sous Giscard, a remplacé la parole régalienne. Certes, il n’y a rien à retenir de ce vrai-faux entretien déambulatoire. Sinon qu’il faudra encore attendre deux ans pour espérer voir la courbe du chômage s’inverser – Hollande, sors de ce corps  ! Qu’il est temps de rattraper notre retard en matière d’énergies renouvelables et qu’on peut compter sur lui pour voir partout surgir de terre des éoliennes défigurant le paysage. Qu’ayant fait le don de sa personne à la France, il fait «  le maximum pour [nous] protéger, pour éviter que les conflits n’adviennent, pour préparer [notre] avenir commun, pour préparer le meilleur futur  ». Ou encore, «  que d’ici mi, fin-février, on aura gagné la guerre en Syrie  » – Bachar el-Assad et Vladimir Poutine ont été soulagés de l’apprendre.

    Le culte du Moi

    Pourquoi cet entretien maintenant  ? Alors que jamais la France n’a été aussi inégalitaire, comme l’a montré une passionnante enquête récemment publiée dans Le Monde, l’exécutif est en hausse dans les sondages, dans une période calme, c’est vrai, de discussion budgétaire, dont les décisions, bientôt définitivement votées, n’ont évidemment pas encore pu faire sentir leurs effets, surtout sur les classes moyennes. Macron joue sur le front international, plus consensuel car plus éloigné des Français, tandis que le Gouvernement fait dans la com’  : envers la «  France périphérique  », en se déplaçant à Cahors, économique et identitaire, en annonçant durcir la lutte contre les faux réfugiés. Peut-être Macron a-t-il jugé nécessaire, à la veille de nouvelles réformes, de focaliser les caméras sur sa personne, dans un exercice sidérant de culte du Moi. Apprentissage, formation professionnelle et assurance chômage, asile et immigration, réforme des institutions, sans oublier les dossiers néo-calédonien et corse, la décision sur Notre-Dame-des-Landes ou la rupture démagogique avec un consensus vieux de quarante-cinq ans sur le 90 km/h sur route  : Macron veut continuer d’aller vite en 2018 et a besoin pour cela de saturer l’espace pour apparaître comme le deus ex machina des maux de la France. Ce que confirme encore cet anniversaire fêté à Chambord, le château construit par François Ier, le «  prince architecte  », après la victoire de Marignan. Ne cessant de singer la fonction royale, dans l’espoir que les Français soient dupes, et déjà maître des horloges, Macron se pense aussi en nouvel architecte de la France. Voire en sauveur de la planète au moment où nous sommes, paraît-il, en train de perdre la lutte contre le réchauffement climatique, comme Superman l’a seriné lors du raout écologique et financier international («  One Planet Summit  » dans le texte) qu’il avait réuni à Paris la semaine dernière.

    Car la France ou les affaires internationales ne sont jamais, pour lui, que l’occasion de parler de lui-même. Le propos le plus révélateur de son entretien sur France 2, d’un point de vue clinique s’entend, a été  : «  [Les Français] ont décidé en mai dernier d’élire un président de trente-neuf ans qui sortait de nulle part. La France a stupéfait [sic] l’Europe et le monde par son choix.  » Macron serait donc, de son propre aveu, une personnalité stupéfiante. Quant à «  sortir de nulle part  », à moins que l’Inspection des finances, la banque Rotschild, le secrétariat général de la Présidence de la République ou le ministère de l’Économie ne soient «  nulle part  », Macron, peut, en effet apparaître comme un homme neuf  ! Au sens non pas romain de l’homo novus, bien qu’il le soit en un certain sens, mais plus prosaïque de celui qui n’aurait aucune responsabilité dans les politiques conduites avant son arrivée. Ce qui est évidemment un mensonge. Deux exemples parmi tant d’autres  : outre le bradage de notre industrie – secrétaire général puis ministre de l’Économie, il a livré la branche énergie d’Alstom aux Américains, avant de livrer, devenu président de la République, sa branche transports aux Allemands –, il était au secrétariat général de la Présidence, chargé, qui plus est, des questions fiscales, quand a été concocté ce «  scandale d’État  » (dixit son successeur Bruno Le Maire à Bercy) qu’est la taxe sur les dividendes des grandes entreprises, mise en oeuvre sous Hollande et déclarée inconstitutionnelle  ; facture pour l’État  : 10 milliards d’euros. Une enquête interne l’a évidemment blanchi.

    La recette autrichienne

    Alors, stupéfiant, Macron  ? En tout cas moins modeste qu’un jeune chancelier autrichien, le plus jeune dirigeant du monde, pour le coup – il a trente et un ans – qui, sans penser avoir stupéfié le monde, lui, réussit en quelques semaines ce que Merkel, avec toute son expérience, ne réussit plus en Allemagne  : former une coalition. Il est vrai que c’est avec les populistes du FPÖ, qui ont obtenu pour la première fois trois ministères régaliens – Intérieur, Défense et Affaires étrangères –, alors que l’Autriche présidera le Conseil de l’Union européenne au second semestre 2018. Paris, avec sa morgue habituelle – Macron avait déjà donné des leçons à la Pologne –, compte sur le respect des sacro-saintes «  valeurs européennes  » par l’Autriche. Loiseau, la ministre de l’Europe, y sera même «  très attentive  ».

    Occasion de nous interroger sur les grandes manœuvres qui agitent la “droite” française au lendemain de la victoire de Wauquiez, que Macron a particulièrement ciblé, lors de son soliloque déambulatoire, car il sait que la vraie menace pourrait venir du retour d’une droite de conviction, dont Wauquiez semble, à tort ou à raison, l’incarnation. Seul un avenir, qu’on peut supposer proche, car Wauquiez aura bientôt à prendre des décisions tranchantes en matière de positionnement idéologique, nous dira si le costume n’est pas trop grand pour cet ancien bébé Barrot, que sa large victoire à la tête de son parti avec un taux de participation honorable devrait inciter à jouer la carte d’une droite qui n’a plus peur de son ombre et ne cherche plus, inlassablement, son droit moral à l’existence dans le jugement léonin d’une gauche dont l’empire idéologique commence, seulement, à s’effriter après avoir failli sur les plans où elle était la plus attendue, économique et social. Mais renverser plusieurs décennies de honte de soi ne sera pas aisé. Si nous assistons, comme le montre le succès d’un récent dictionnaire, à un retour du conservatisme, le caractère ambigu d’un tel phénomène n’est pas sans interroger. La victoire de Macron au printemps dernier en est le signe  : s’il s’est fait élire au nom d’un progressisme assurément ringard, c’est qu’il a su instrumentaliser le besoin de dégagisme en assimilant le personnel politique sortant, dont il fait pourtant partie, à un passé politicien lui-même identifié au conservatisme, au profit d’une société civile qui n’est qu’un slogan. Lorsque la bulle Macron éclatera, seule une droite inflexible sur la question migratoire, tournée vers la question sociale, intransigeante sur le respect de l’identité nationale et de notre souveraineté et ouvertement décomplexée en termes d’alliances pourra susciter quelque espoir. Ce fut en tout cas la recette autrichienne.     

  • Éphéméride du 21 mars

    21 mars 1908 : Premier numéro de L’Action française quotidienne

     

     

     

    1098 : Fondation de l'Abbaye de Cîteaux   

            

    Robert, de l'Abbaye de Molesme, avec une vingtaine de compagnons, veut en revenir à une observance plus stricte que celle qui était pratiquée dans les monastères de l'époque... 

    citeaux.JPGPour bien mesurer l'importance que devait revêtir cette fondation : de Michel Mourre (Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, pages 980/981) :

    "...Cîteaux.... ne prit vraiment son essor qu'avec l'arrivée au monastère (printemps 1112) du jeune Saint Bernard, accompagné d'une trentaine de parents et d'amis...

    ...Dans le monde monastique du XIIème siècle où l'influence des "moines noirs" de Cluny était prédominante, Cîteaux se distinguait à la fois par sa spiritualité et par son organisation. Au nom d'un retour à la lettre de la règle de saint Benoît, les "moines blancs" s'insurgeaient contre la richesse excessive des monastères clunisiens, contre le luxe de leurs églises, contre l'alourdissement de la liturgie et l'abandon du travail manuel, laissé de plus en plus à des serfs. Les cisterciens revenaient à la simplicité et à la pauvreté primitive dans leurs vêtements, dans leur nourriture comme dans l'aménagement des églises et l'ordonnance du culte; vivant uniquement du travail manuel, cultivant eux-mêmes leurs terres, ils n'acceptaient ni terres données en bénéfice, ni serfs, ni dîmes. Établis à l'écart des villes, dans des endroits inhospitaliers, ils essayaient de faire revivre l'idéal des anciens Pères du désert...

     

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    Deux vues des galeries du Cloître, ci-dessus et ci-dessous...
     
     

    Un puissant mouvement de ferveur, dû, pour une large part, au rayonnement personnel de Saint Bernard, qui avait pris la direction de Clairvaux dès 1115, fit faire au nouvel ordre des progrès très rapides... Le nombre des abbayes cisterciennes passa de 19 en 1119 à 34 à la mort de Saint Etienne Harding (1134), à 343 en 1153, date de la mort de Saint Bernard. À la fin du XIIème siècle, auquel on a pu donner le nom de "siècle cistercien", on comptait 525 abbayes, et près de 700 à la fin du XIIème siècle...

     

    Dans le domaine économique, les cisterciens contribuèrent au grand effort de défrichement qui animait l'Europe du XIIème siècle. Disposant de domaines beaucoup moins étendus et beaucoup moins propices (forêts, régions marécageuses) que les clunisiens, ils les mirent en valeur, pour l'agriculture et surtout pour l'élevage, par un travail systématique dévolu non à des serfs, mais à des religieux laïcs, les frères convers; ceux-ci oeuvraient généralement dans les terres les plus éloignées des monastères, où ils ne revenaient que chaque dimanche, après avoir passé la semaine dans des exploitations appelées "granges".

     

    D'une égale importance fut l'action artistique des cisterciens, surtout dans l'architecture... À partir de 1150, les architectes de l'ordre adoptèrent sans restriction la voûte d'ogives. Dans ce domaine, "la grande importance de l'ordre cistercien vient du fait qu'il a transmis de Bourgogne dans toute l'Europe des conceptions architecturales françaises".

     

    citeaux 2.JPG

    http://www.citeaux-abbaye.com  

    http://www.citeaux.net/familia.htm  

     

    voir la photo "L'Empire de Cîteaux"
     
     
     

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    1358 : Le Dauphin Charles quitte Paris, aux mains de la révolution d'Étienne Marcel

     

    Il est le premier des quatre rois - ou détenteurs de fait du pouvoir royal ou de la légitimité royale... - à devoir quitter Paris pour sauver sa vie et son trône, avant d'y revenir en maître, après avoir vaincu les factieux...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawEn 1358, le jeune Dauphin Charles n'a que vingt ans. Son père, Jean II le Bon étant prisonnier des Anglais (il mourra d'ailleurs en captivité, à Londres...), le Dauphin est Régent du Royaume, mais un royaume vaincu, ruiné, pillé, et dans lequel les Grands vont tâcher de profiter des difficultés de la monarchie pour reprendre et étendre leurs pouvoirs...

    Le 22 février 1358 (ci contre), sous les yeux du Dauphin épouvanté, les émeutiers conduits par Étienne Marcel massacrent les seigneurs de Conflans (Maréchal de Champagne) et Robert de Clermont (Maréchal de Normandie), dans la salle même où se trouve le futur Charles V. Mais Étienne Marcel - le Prévôt des marchands, qui conduit la révolution - est trop sûr de lui, et trop tôt : il fait reculer les émeutiers; s’adressant au jeune prince, il lui affirme qu'il n'a rien à craindre; et, pour mettre le Dauphin définitivement à l’abri, il le coiffe de son propre chapeau rouge et bleu, aux couleurs de la ville de Paris - le signe de ralliement des émeutiers - tandis que, lui, s’empare de la toque à glands dorés de Charles pour la poser sur sa propre tête... (voir l'Éphéméride du 22 février).

    435 ans plus tard, c'est presque la même scène qui se déroulera, lorsque Louis XVI sera contraint de s'affubler d'un bonnet rouge et de boire avec les révolutionnaires...

    Ce 21 mars de la même année, le Dauphin juge donc plus sage de s'éloigner de sa capitale, aux mains des émeutiers, et se dirige vers les "bonnes villes" de Champagne, ralliant aussi les barons de l'Artois et de la Picardie : Étienne Marcel ayant été assassiné le 31 juillet, le Dauphin réussit à revenir dans Paris, triomphant, cinq mois plus tard, le 2 août. 6 ans après, à la mort en captivité de son père en 1364, le Dauphin devint Charles V, le Sage, redonnant au royaume puissance et prospérité : bien servi par Jacques Coeur et du Guesclin, à sa mort, les Anglais ne possédaient plus que Calais et la Guyenne en France...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawUn demi-siècle plus tard, un autre Dauphin Charles quitta Paris, en mai 1418, à l'âge de quinze ans : il s'agissait du futur Charles VII, fils de Charles VI et petit-fils de Charles V, dont nous venons de parler. Si elle est personnellement moins violente et brutale que celle de son grand-père, la situation politique du Dauphin est certainement plus catastrophique : après douze années d'un règne prometteur, le roi Charles VI, son père fut subitement atteint de démence intermittente. Une guerre civile éclata entre Armagnacs et Bourguignons, tandis que les Anglais en profitaient pour reprendre pied dans le royaume : ils s'allièrent aux Bourguignons, et trouvèrent dans la propre femme de Charles VI une alliée inespérée, qui signa le Traité de Troyes (21 mai 1420), déclarant "bâtard" le Dauphin Charles, acceptant le mariage d'Henri V d'Angleterre avec une fille de Charles VI, et le reconnaissant comme héritier du royaume de France...

    Deux ans auparavant, le Dauphin avait quitté Paris, aux mains des Bourguignons - donc, des Anglais... -  et s'était réfugié à Bourges, d'où le sobriquet de petit roi de Bourges, reconnu seulement par le Midi de la France, quelques terres dans l'Est et une partie du Centre du pays. Tout le reste du royaume, y compris bien sûr Paris, reconnaissait le roi Anglais.

    C'est alors que tout semblait perdu, et que la dernière grande ville, Orléans, la ville symbole de la fidélité à la légitimité allait tomber, que parut Jeanne d'Arc, reçue par Charles en février 1429, et qui, trois mois plus tard, libérait Orléans et emmenait le Dauphin à Reims, pour y devenir Charles VII : le nouveau roi fit son entrée triomphale dans la capitale le 12 novembre 1437...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawAlors que les futurs Charles V et Charles VII n'étaient que Dauphins, et Lieu-tenants du royaume lorsqu'ils jugèrent bon de quitter Paris, Henri III, lui, fut le premier roi régnant à devoir quitter la capitale, pour sauver sa vie et son trône : l'hystérie "religieuse" était telle que La Sorbonne était allé jusqu'à délier les Français de leur devoir d'obéissance au roi légitime, sacré à Reims !

    Le 13 mai 1588 - on en est alors à la dernière des huit Guerres de Religion qui ont ensanglanté la France - le roi se dirige vers Chartres, puis fait sa jonction avec l'autre Henri III : Henri de Navarre, un Bourbon, descendant du dernier fils de Saint Louis, et qui sera appelé à lui succéder. Henri III, en effet, bien que catholique - et Bainville l'a bien expliqué -  n'a pas transigé sur le principe de légitimité dynastique, qui faisait la force de la monarchie. Henri III paiera de sa vie ce que Bainville appelle, en toute justice - son "dévouement".

    Un peu plus d'un an après avoir quitté Paris, Henri III y revient pour l'assiéger, avec Henri III de Navarre, le 30 juillet 1589 : deux jours après, il est assassiné par Jacques Clément, Henri III de Navarre devient Henri IV, premier Roi de France et de Navarre...

     

    21 mars,cîteaux,action française,guitton,saint bernard,cluny,duc d'enghien,chateaubriand,vincennes,chantilly,napoléon,fouché,cadoudal,lawLe dernier roi régnant à avoir quitté Paris dans des conditions tragiques - c'est l'époque de La Fronde... - est un enfant : une première fois, dans la nuit du 5 au 6 janvier 1649, terrorisé, le petit Louis XIV - il n'a pas onze ans... - est emmené par sa mère et par le cardinal Mazarin à Saint-Germain, où il est mis en sécurité.

    Une autre fois, dans la nuit du 9 au 10 février 1651, il a du faire semblant de dormir, lorsque des Frondeurs ont pénétré dans sa chambre pour s'assurer de sa présence : toute sa vie, il se souviendra de ces épreuves, de ces terreurs d'enfant face à cette agitation incompréhensible pour le petit garçon qu'il était, de ces humiliations; et il n'est pas exagéré de dire que le très mauvais souvenir de la Fronde est l'une des clés majeures permettant d'expliquer le règne du plus grand roi du monde...

    Louis XIV ne reviendra définitivement à Paris que le 21 octobre 1652 : mais ce sera en maître absolu, cette fois, et pour remettre de l'ordre dans le Royaume et le Royaume en ordre : le Grand Siècle peut commencer...

     

    Ici, deux mentions spéciales doivent être faites : pour Louis XVI, d'une part, et pour Charles X et Louis-Philippe, d'autre part...

     

  • Éphéméride du 1er novembre.

    1830 : Louis-Philippe crée l'École Navale

     

     

     

     

     

    1049 : Dédicace de l'église de l'Abbaye Saint Hilaire le Grand de Poitiers  

     

    Édifice millénaire, l’église Saint-Hilaire de Poitiers appartient aux sites culturels majeurs classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO au titre des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

    Elle est remarquable par l’équilibre de ses volumes, sa hauteur impressionnante et sa grande luminosité.  

     

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    1164 : Départ pour la France de l'archevêque Thomas Beckett, qui craint pour sa vie

     

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    Vitrail de la cathédrale d'Angers représentant Thomas Beckett.
    Thomas BECKETT a quitté clandestinement son île; il semblerait qu'il soit passé par le port d'OMONVILLE LA ROGUE, qui est un petit port de la HAGUE, très discret : dans un des greniers de son église - qui date de Saint Louis - se trouve une fresque du martyre de Thomas BECKETT; elle date de 1270, et fut restaurée en 1929.
    On y trouve aussi une statue en bois de Thomas BECKETT avec, à côté l'histoire de sa vie : des cierges sont toujours allumés, aujourd'hui, auprès de sa statue. 

             

    Jean Anouilh fera de la mort tragique de l'archevêque le sujet de sa pièce Beckett ou l'honneur de Dieu, en 1959 :

     
    • "...Dans les périls de la navigation, l'instinct de conservation des hommes leur a fait, depuis longtemps, reconnaître qu'il fallait un seul maître à bord. Les équipages révoltés qui ont noyé leur capitaine, finissent toujours, après quelques temps d'anarchie, par se confier, corps et âmes, à l'un des leurs, qui se met à régner sur eux, plus durement parfois que leur capitaine noyé..." (Becket, p.23, Livre de Poche n°1716)

    "...La beauté est une des rares choses qui ne font pas douter de Dieu..." (Becket, p.45, Livre de Poche n°1716)

    "...La seule chose qui soit immorale... c'est de ne pas faire ce qu'il faut, quand il le faut..." (Becket, p.84, Livre de Poche n° 1716)
     
     
     
     
     
     
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    1179 : Sacre de Philippe Auguste

     

    1er novembre,saint hilaire,thomas becket,jean anouilh,philippe auguste,louis xiv,philippe v,bainville,boileau,levi strauss,la boëtie,folco de baroncelliÂgé de quinze ans, il est le dernier qui sera sacré du vivant de son père (ci contre, le sceau de Philippe Auguste). Après lui, et grâce à lui, le trône et la dynastie auront acquis une telle puissance et une telle gloire que la précaution prise par Hugues Capet et suivie par ses cinq successeurs directs sera devenue inutile...

    Un moine de Saint Denis, le médecin Rigord, le nomme Auguste "…parce que les Anciens appelaient Auguste les empereurs qui augmentaient le domaine de l’État, et aussi parce que Philippe naquit au mois d’Août…". 

     

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre V, Pendant 340 ans l'honorable maison capétienne règne de père en fils

     

    "...Pour conduire cette lutte contre l'État anglo-normand, il se trouva un très grand prince, le plus grand que la tige capétienne eût donné depuis Hugues Capet. Philippe Auguste, devenu roi avant l'âge d'homme, car il était né tard du second mariage de Louis VII, fut d'une étonnante précocité. Chez lui, tout était volonté, calcul, bon sens et modération. En face de ces deux fous furieux, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, fils d'Éléonore et d'Henri Plantagenêt, Philippe Auguste représente le réalisme, la patience, l'esprit d'opportunité.

    Qu'il allât à la croisade, c'était parce qu'il était convenable d'y aller. Il rentrait au plus vite dans son royaume qui l'intéressait bien davantage, laissant les autres courir les aventures, profitant, pour avancer ses affaires, de l'absence et de la captivité de Richard Cœur de Lion. Chez Philippe Auguste, il y a déjà des traits de Louis XI. Ce fut, en somme, un règne de savante politique et de bonne administration..."

     

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     Dans notre abum L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "La France avant et après Philippe Auguste"

     

     

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    1530 : Naissance d'Étienne de la Boëtie                                 

     

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    Maison de La Boëtie à Sarlat
     
    Auteur du Contr'un, il est surtout resté dans l'Histoire pour son amitié avec Montaigne : voir l'Éphéméride du 18 août, jour de sa mort)
     
     

     La ville de La Böetie sera la première en France, en 1962, à bénéficier des bienfaits de l'excellente Loi Malraux sur la préservation des coeurs urbains de nos Communes : voir l'Éphéméride du 4 août...

     

     

     

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    1539/1596 : Naissance et mort de Pierre Pithou, principal rédacteur de la Satyre Ménippée...

     

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     http://www.satyremenippee.fr/

     

    La Satyre Ménippée, de la Vertu du Catholicon d'Espaigne et de la tenuë des estats de Paris (c'est son titre complet) est une œuvre collective satirique, qui mélange - en prose et en vers - les railleries contre la Ligue et ses chefs, trahissant la France et la Légitimité, dans leur alliance avec le roi d'Espagne...

    Son sujet : la tenue des États Généraux, convoqués à Paris le 26 janvier 1593 par le duc de Mayenne, devenu chef de la Ligue après l'assassinat du duc de Guise (voir l'Éphéméride du 23 décembre), et préférant faire élire un roi catholique - fût-il inféodé à l'étranger... - plutôt que de se rallier au roi légitime, Henri III de Navarre, devenu Henri IV, roi de France et de Navarre après l'assassinat du dernier des Valois, Henri III (voir l'Éphéméride du 2 août)...

    1er novembre,saint hilaire,thomas becket,jean anouilh,philippe auguste,louis xiv,philippe v,bainville,boileau,levi strauss,la boëtie,folco de baroncelliCirculant dès 1593, la Satyre Menippée a été imprimée en 1594 par Jamet Mettayer (marque typographique ci contre).

    Il fallait agir vite, et frapper les esprits : les Espagnols proposaient d’abolir la loi salique,  et de déclarer l’infante d’Espagne reine de France. Cet extrémisme finit par provoquer une scission au sein même des Ligueurs, malgré leur détestation de la Réforme : certains des ligueurs,  refusant une princesse étrangère sur le trône, se mirent à préparer le ralliement de la capitale à Henri IV...

    Ce fut donc une réunion de bons citoyens, "demeurés français en politique et gallicans en religion", qui eut  l’idée de la Satire Ménippée, œuvre mi-sérieuse, mi-plaisante, visant à défendre les vrais intérêts de la France, qui voulait rester catholique mais aussi indépendante.

    Le plan de la Satire Ménippée appartient à Pierre le Roy, chanoine

  • Crise agricole : distribuer de l’argent ne sert à rien

    Un grand sujet au retentissement multiformes, multidirectionnel, à traiter à fond, sur lequel revenir ... 

     

    Face à la crise agricole, que les politiques européennes et françaises ne feront qu’aggraver, distribuer de l’argent ne sert qu’à dissimuler l’ampleur des problèmes. Entretien avec Michel Collin, ingénieur agricole. 

    L’Action Française 2000 – Les solutions gouvernementales aideront-elles à résoudre cette crise de la viande et, plus globalement, les crises de l’agriculture française ?

    Michel Collin – Les solutions, si j’ai bien suivi, sont essentiellement du report d’échéance, du report de crédit et des appels comminatoires à une bonne volonté commune entre les différents acteurs de la chaîne. Ce ne sont pas des solutions : on veut essayer de donner de la trésorerie momentanée aux éleveurs, je ne vois pas en quoi cela va régler le problème structurel du prix de la viande. On ne peut pas faire l’économie d’une réflexion de fond sur le monde agricole : nous avons développé un modèle d’élevage aberrant. En amont, il nous oblige à aller chercher à l’étranger de quoi nourrir notre bétail, notamment avec du soja brésilien, qui provient de terres dont les paysans locaux auraient besoin – il y a donc un accaparement de terres, direct ou indirect. En aval, avec les concentrations anormales d’animaux dans certaines régions, les sols ne peuvent pas supporter les effluents d’élevage, les surfaces ne peuvent pas les absorber. Si on ne regarde que ces deux points, on est déjà dans l’absurde. En examinant d’autres systèmes, comme le poulet, on trouve des paysans totalement prolétarisés, qui ne sont plus agriculteurs, mais “nourrisseurs de volaille”, qui reçoivent tout de l’extérieur, poussins et aliments. Ils élèvent, si l’on peut dire, la volaille (ils portent le risque, surtout), que des machines envoyées par les entreprises de transformation viendront ramasser… Depuis plusieurs années, à chaque crise de l’élevage, les subventions réclamées ne servent qu’à masquer le problème. Des éleveurs disparaissent, la concentration s’accélère, avec comme conséquence immédiate l’augmentation de la charge de travail et de l’endettement : c’est un système artificiel, une fuite en avant perpétuelle. Le gouvernement gagne quelques mois, mais évite soigneusement de s’attaquer aux racines du problème.

    La FNSEA joue-t-elle son rôle de défense des intérêts paysans ?

    Ce qui est compliqué, c’est qu’à la tête de la FNSEA il y a Xavier Beulin, qui est aussi président d’un gros groupe agro-industriel, Avril-Sofiproteol, leader européen des oléoprotéagineux. Il est censé défendre les paysans, mais ses intérêts économiques monstrueux dans l’agro-industrie lui commandent une politique contraire. Une des sociétés de son groupe importe du poulet brésilien (émission Capital, avril 2014) ! Ses actions en tant qu’industriel vont directement à l’encontre des intérêts paysans qu’il est censé défendre. On marche sur la tête ! Rien de bon ne peut sortir de cet homme, qui a l’oreille de tous les politiques, François Hollande compris*.

    Si le gouvernement ne raisonne qu’en subventions, et si le seul syndicat représentatif n’accomplit pas son travail, existe-t-il une autre solution que de bouleverser le système de production agricole ?

    Non, il n’y a pas d’autre solution. Nous sommes sur un modèle agricole déphasé par rapport à notre époque. Ces dernières décennies, nous avons acquis un savoir certain, fiable, sur la santé, la “malbouffe”, les problèmes environnementaux, la biodiversité – et notre modèle agricole (en y incluant l’agro-industrie) génère clairement des nuisances majeures, qui mettent en danger les populations et la nature. Et il y a le problème de l’emploi : l’agriculture et la transformation des produits agricoles devraient être de formidables gisements d’emplois, mais on reste sur des problématiques d’il y a cinquante ou soixante ans… Dans ce système où l’agro-industrie et la grande distribution ont acquis un poids colossal, on ne peut pas imaginer revenir à de l’équité, donc à un vrai partage de la valeur, donc à de l’emploi. Il faut repenser totalement le modèle agricole, et cette crise est une opportunité. La transition vers le modèle qui fonctionnerait, qu’on connaît bien, l’agro-écologie, est extrêmement compliquée : les grands céréaliers, les grandes sucreries cotées en bourse, qui profitent le plus de l’argent de la Politique agricole commune (PAC), ne vont pas accepter que, du jour au lendemain, on supprime les exploitations de mille hectares dans la Brie… Mais c’est possible : il suffit d’une volonté politique. La PAC représente plusieurs milliards d’euros par an : donc, les moyens de cette transition existent. Mais le gouvernement ne fait rien, contrairement à ce que dit Stéphane Le Foll (ministre de l’Agriculture). Augmenter de 10 % les subventions aux premiers hectares ou rien, c’est la même chose ! Cela ne favorise en rien l’avènement d’une véritable agriculture paysanne, c’est une poussière. Un certain nombre de personnes, en revanche, ont des solutions, comme Jacques Caplat, qui les a exposées dans son livre Changeons d’agriculture – Réussir la transition (Actes Sud, 2014), ou Samuel Féret, qui était à la tête du collectif PAC 2013 et avait essayé de proposer une véritable modification de la PAC. Le gouvernement préfère être du côté des industriels et des puissants.

    Propos recueillis par Philippe Mesnard

    *http://www.reporterre.net/ENQUETE-5...

    Action Française 2000

     
  • Macron ou le malin génie de la repentance !, par Christian Vanneste.

    A lire le savoureux livre de Jean Tulard, “Marengo, ou l’étrange victoire de Bonaparte”, on découvre comment Napoléon a certes été un homme d’action, mais aussi comment il a été un pionnier de la communication politique. Marengo avait commencé par une défaite puis s’est transformé en victoire en fin d’après-midi.

    christian vanneste.jpgLe Premier Consul était assez responsable de la première et assez étranger à la seconde dans laquelle Desaix avait joué le rôle décisif qui lui avait coûté la vie, mais avec habileté, il a présenté son erreur initiale comme un piège tendu à l’ennemi et brillamment réussi. Le dosage de l’action et de la communication est la trame de la politique moderne. Seule l’évolution des doses est inquiétante. Marengo fut une victoire avant que l’artiste ne la métamorphose en légende.

    L’accélération prodigieuse des événements, la généralisation de la démocratie formelle en Europe, et par voie de conséquence, le raccourcissement de la durée du pouvoir et l’accroissement du poids des médias, tout concourt à ce que la communication prenne le pas sur l’action et finisse par l’étouffer. Bonaparte est demeuré une quinzaine d’années à la tête de la France. De Gaulle, onze ans à peine. Mitterrand dix ans si on retranche les cohabitations. Chirac perdait stupidement sa majorité au bout de deux ans. Sarkozy et Hollande se contentèrent d’un mandat. Les périodes de pouvoir deviennent des courses échevelées où le dire, le commenter, l’emportent sur le prévoir, sur l’agir. La présidence actuelle en offre une caricature achevée. Certains médias en sont venus à scruter non les événements mais les répercussions qu’ils auront sur les prises de parole présidentielles. 100 000 morts ! Mais que va dire le président ?

    Ce dernier laissera le souvenir d’un beau parleur, au phrasé étudié, théâtral, mais il pourrait dans l’avenir illustrer un cours de communication politique comme l’antithèse de Napoléon. Celui-ci avait l’art de construire sa légende sur ses victoires, même étranges. Son génie a permis que l’aventure piteusement terminée à Waterloo continue à alimenter la fierté française, parce que l’individu d’exception qu’il était confondait sa gloire avec celle de la France. Il suffit d’écouter Zemmour pour s’en convaincre. Avec Macron, on a un individu tellement narcissique que le souci obsédant qu’il a de son image se moque éperdument de son effet sur celle du pays. On en arriverait à penser que son art consiste à transformer les victoires en défaites, avec en prime que ces défaites pour le pays reviennent en boomerang sur celui qui croyait en tirer parti.

    Voulant imiter le Chirac de la commémoration du Vel d’Hiv reconnaissant en 1995 le rôle de l’Etat français dans la déportation des Juifs, Macron a fait de la repentance un sujet privilégié de sa communication. Chirac n’omettait pas de rappeler qu’il y avait d’autres Français que ceux de Vichy. Il y avait ceux qui avec de Gaulle avaient, eux, tenu la parole de la France. De Gaulle lui-même considérait d’ailleurs qu’ils étaient la vraie France et que Vichy était “nul et non avenu”. De Gaulle n’aurait jamais reconnu la responsabilité de la France parce qu’il considérait que l’Etat français était illégitime. Chirac gardait cette part de légende mais il voulait l’adosser à une part de sincérité.

    Chez Macron, l’équilibre est rompu. L’armée française présente en Algérie l’était aux ordres de la République et combattait un ennemi de la France ; sur le terrain, la victoire militaire était obtenue et de Gaulle avait cru que l’indépendance, indispensable pour libérer la France de cette “boîte à scorpions”, mais offerte généreusement dans ces conditions permettrait de garder des liens positifs avec l’ancienne colonie ; enfin, les efforts considérables fournis par notre pays durant la période française, sur le plan médical ou scolaire, ou pour les infrastructures, permettaient de regarder le passé le front haut. Faisant fi de ces éléments, le “président” ose qualifier la colonisation de crime contre l’humanité, parle des crimes commis par la France en Algérie semblant ignorer que ce message ne s’adresse pas comme celui de Chirac aux victimes françaises de la collaboration, mais à un pays étranger, souvent hostile dont il accrédite ainsi le discours anti-français. Peut-être songe-t-il que cette repentance sera de nature à réconcilier une certaine jeunesse d’origine algérienne présente en France avec notre pays ? On le sait maintenant : il avait tout faux. Coup sur coup, un ministre algérien évoque publiquement la France comme un ennemi traditionnel et éternel, et le gouvernement français annule un déplacement à hauts risques en Algérie. Bref, Alger considère que Macron n’en fait pas assez dans la repentance et perçoit celle-ci comme un aveu de faiblesse dont il faut profiter. Quant aux immigrés d’origine algérienne, Macron aura réalisé ce prodige de leur donner des raisons de détester le pays d’accueil et d’avoir des droits sur lui.

    On notera qu’après le rapport Stora pour le moins asymétrique en faveur des thèses du FLN, un autre rapport, “Duclert”, est tombé, cette fois sur le Rwanda et l’opération Turquoise. Il conclut à “un ensemble de responsabilités lourdes et accablantes pour la France”, en évitant de justesse le terme de “complicité” pour le génocide. Une fois encore Macron tente de lustrer son image en battant la coulpe de son pays et en justifiant les accusations de nos ennemis. Heureusement, Edouard Balladur, premier ministre à l’époque, a rappelé que la France avait été la seule à intervenir pour sauver le maximum de gens, et qu’elle n’a donc aucun reproche à subir. L’opération du Rwanda a consisté dans une prise de pouvoir armée des rebelles Tutsis appuyés par les Anglo-saxons. La France qui soutenait mollement le gouvernement Hutu a cessé de le faire dès les rumeurs de massacres, et n’est intervenue que dans un but humanitaire. Le Rwanda est passé de la francophonie à l’anglophonie, est devenu membre du Commonwealth, et cerise sur le gâteau, M. Macron a permis l’élection d’une proche de  Paul Kagame, Louise Mushikiwabo, à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Éphéméride du 11 juillet

    1791 : Voltaire entre au Panthéon

     

     

     

    911 : Traité de Saint Clair sur Epte  

     

    Il scelle l'entente entre Charles III et Rollon (date imprécise, on donne aussi le 20 juillet).

    Charles sut ainsi mettre un terme aux dévastations des Vikings venus du nord (les north men, d'où dérive normands) en les implantant dans ce qui allait devenir la Normandie: tout le pays de Caux fut donné en fief héréditaire à Rollon, qui devait, en échange, se convertir au catholicisme (ce qu'il fit, en prenant comme nom de baptême Robert) et reconnaître la suzeraineté de Charles, dont il épousa la fille.

    Il devait en outre, et surtout, protéger le royaume contre toute nouvelle invasion des Vikings. D'ennemis, impossibles à réduire, les futurs normands devenaient donc, ainsi, des alliés précieux, se chargeant eux-mêmes de défendre le royaume. 

     

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    Écu de Saint Clair sur Epte, sur lequel sont posées les armes de Normandie et celles de l'Île de France.
    Elles sont séparées au milieu du blason par un symbole représentant la rivière Epte
     
     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, Pendant 340 ans, l'honorable maison capétienne règne de père en fils :

    "...Nous n'avons pas encore parlé, pour la clarté du récit, de ce qui était arrivé en 911, au temps des grandes calamités, dans la région neustrienne la plus exposée aux invasions par mer. Incapable de résister aux Normands, l'empereur carolingien avait cédé à leur chef Rollon la province qui est devenue la Normandie. Et l'on vit encore le miracle qui s'est répété tant de fois dans cette période de notre histoire : le conquérant fut assimilé par sa conquête.

    En peu de temps, les nouveaux ducs de Normandie et leurs compagnons cessèrent d'être des pirates. Ils se firent chrétiens, prirent femme dans le pays, en parlèrent la langue, et, comme ils avaient l'habitude de l'autorité et de la discipline, gouvernèrent fort bien; le nouveau duché devint vigoureux et prospère. Les Normands ajoutèrent un élément nouveau, un principe actif, à notre caractère national. Toujours enclins aux aventures lointaines, ils s'en allèrent fonder un royaume dans l'Italie méridionale et en Sicile, portant au loin le nom français.

    Mais, tout près d'eux, une autre conquête s'offrait aux Normands, celle de l'Angleterre, où déjà leur influence avait pénétré. Une seule bataille, celle d'Hastings, livra l'île à Guillaume le Conquérant en 1066. L'Angleterre, qui jusqu'alors ne comptait pas, qui était un pauvre pays encore primitif, peu peuplé, entre dans l'histoire et va singulièrement compliquer la nôtre. Allemagne, Angleterre : entre ces deux forces, il faudra nous défendre, trouver notre indépendance et notre équilibre. C'est encore la loi de notre vie nationale.

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    On pense que le roi de France ne vit pas sans inquiétude le duc de Normandie grandir de cette manière formidable, et, devenu roi en Angleterre, avoir un pied à Londres et l'autre à Rouen. L'Angleterre a d'abord été comme une colonie de la France. C'étaient notre langue, nos mœurs que Guillaume avait portées dans l'île, avec ses barons, ses soldats et les aventuriers qui, de toutes nos provinces, avaient répondu à son appel.

    Pourtant un danger nouveau commençait avec cette conquête. Les Capétiens n'auraient un peu de tranquillité que le jour où ils auraient repris la Normandie. En attendant, ils profitaient de la moindre occasion pour intervenir dans les querelles des Normands et pour susciter à leur duc autant de difficultés qu'ils pouvaient..."  

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    1302 : Bataille de Courtrai, dite des Éperons d'or

     

    Du même Jacques Bainville, et du même chapitre V :

    "...Mais la Flandre était désormais le principal souci de Philippe le Bel. Conduit à la conquérir par le développement de la guerre avec les Anglais, il se heurtait à la résistance des Flamands. Ce peuple de tisserands battit à Courtrai la chevalerie française : ce fut la "journée des éperons" (1302). Il fallut organiser une véritable expédition pour venir à bout de la révolte. De ce côté, l'expansion de la France rencontrait des limites. Alors que presque partout les nouvelles provinces s'étaient données joyeusement, une nation se manifestait en Flandre : un jour ce sera la nation belge. Philippe, toujours judicieux, le comprit. Il se contenta de confirmer sa suzeraineté sur le pays flamand et de garder en gage les parties les plus proches de la France, Lille et Douai, plus accessibles à l'influence française : nul ne serait Français par force..."

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    1791 : Voltaire entre au Panthéon
     
     
    Il est mort treize ans auparavant, le 30 mai 1778. Pas plus que Rousseau, ni que la plupart des Encyclopédistes et philosophes auto-proclamés, il n'aura vu la chute de cet ancien monde et de cette ancienne société qu'il aura - comme eux - contribué à mettre à bas.
     
    Et, probablement, sans savoir à quoi ils travaillaient, de fait.
     
    Il disparaît aux débuts du règne de Louis XVI, en un moment où, comme l'écrit Chateaubriand dans ses Mémoires d'Outre-tombe (Première partie, Livre IV) : "...le trône, si près de sa chute, semblait n’avoir jamais été plus solide..."
     
    Sur son tombeau se lit l'épitaphe suivant :
     
    "Il combattit les athées et les fanatiques. Il inspira la tolérance, il réclama les droits de l'homme contre la servitude de la féodalité. Poète, historien, philosophe, il agrandit l'esprit humain, et lui apprit à être libre."
     

    On aurait pu tout autant mettre ces citations de lui :

    1. Sur les Juifs : 

    "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent..."

    2. Sur les "nègres" (sic) :

    "Nous n'achetons des esclaves domestiques que chez les nègres. On nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l'acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité. Celui qui se donne un maître était né pour en avoir". (Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, 1756)...

    ..."Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu'ils ne doivent point cette différence à leur climat, c'est que des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce..." (idem).

    ..."Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Amériques ne soient des races entièrement différentes..." (idem)

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    Voltaire, le raciste joyeux, l'antisémite furieux, repose, tranquillement honoré, au Panthéon. Non loin de Lazare Carnot, organisateur du Génocide vendéen, le premier des Temps modernes...

    Maurras, lui, est ostracisé, entre autres, pour son "antisémitisme".

    Ainsi fonctionne un Pays légal pas plus troublé que cela par ses "contradictions internes" ! 

    Sur ce que le Système a "fait" du Panthéon, voir, dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet la photo "Le Panthéon".

     
     
     
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    1791 : Profession de foi royaliste de Choderlos de Laclos...
     

     

    "Je veux une monarchie pour maintenir l'égalité entre les différents départements, pour que la souveraineté nationale ne se divise pas en souveraineté partielle, pour que le plus bel empire d'Europe ne consomme pas ses ressources et n’épuise pas ses forces dans des discussions intéressées, nées de prétentions mesquines et locales; je veux aussi, et principalement une monarchie, pour que le département de Paris ne devienne pas, à l'égard des 82 autres départements ce qu'était l'ancienne Rome à l'égard de l'empire romain… Je voudrais encore une monarchie pour maintenir l'égalité entre les personnes, je voudrais une monarchie pour me garantir contre les grands citoyens ; je la voudrais pour n'avoir pas à me décider un jour, et très prochainement peut-être, entre César et Pompée; je la voudrais pour qu'il y ait quelque chose au-dessus des grandes fortunes, quelque chose au-dessus des grands talents, quelque chose même au-dessus des grands services rendus, enfin quelque chose encore au-dessus de la réunion de tous ces avantages, et ce quelque chose je veux que ce soit une institution constitutionnelle, une véritable magistrature, l’ouvrage de la loi créé et circonscrit par elle et non le produit ou de vertus dangereuses ou de crimes heureux, et non l'effet de l'enthousiasme ou de la crainte… Je ne veux pas d'une monarchie sans monarque, ni d'une régence sans régent, je veux la monarchie héréditaire…"

    Et il poursuit :

    "Je veux une monarchie pour éviter l'oligarchie que je prouverais, au besoin, être le plus détestable des gouvernements; par conséquent, je ne veux pas d’une monarchie sans monarque et je rejette cette idée, prétendue ingénieuse, dont l'unique et perfide mérite est de déguiser, sous une dénomination populaire, la tyrannique oligarchie ; et ce que je dis de la monarchie sans monarque, je l'étends à la régence sans régent, au conseil de sanctions, etc... Dans l'impossibilité de prévoir jusqu'où pourrait aller l'ambition si elle se trouvait soutenue de la faveur populaire, je demande qu'avant tout on établisse une digue que nul effort ne puisse rompre. La nature a permis les tempêtes, mais elle a marqué le rivage, et les flots impétueux viennent s’y briser sans pouvoir le franchir. Je demande que la constitution marque aussi le rivage aux vagues ambitieuses qu’élèvent les orages politiques. Je veux donc une monarchie; je la veux héréditaire; je la veux garantie par l'inviolabilité absolue; car je veux qu'aucune circonstance, aucune supposition, ne puisse faire concevoir à un citoyen la possibilité d'usurper la royauté."

    (Choderlos de Laclos, Journal des Amis de la Constitution, organe officiel des Jacobins, 12 juillet 1791, n° 33.) 

     

    De Patrick Barrau (Historien d

  • Frédéric ROUVILLOIS à Figarovox - ”La réforme territoriale de Hollande : Ubu roi !”

    frederic-rouvillois.jpgFrédéric Rouvillois vient de donner à Figarovox, à propos de la réforme territoriale en projet, un long entretien et fort intéressant que nous publions in extenso

    Figarovox le présente ainsi :

    "Frédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011). Son dernier livre Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion."

    Nous ajouterons que Frédéric Rouvillois a donné de nombreux entretiens à l'Action française 2000, qu'il a participé à différents colloques organisés par l'Action française, ainsi qu'à plusieurs assemblées générales de Gens de France. Au cours de l'une d'entre elles, il s'est entretenu avec le prince Jean de France sur « l’action sociale des princes de France ». Le prince avait voulu y montrer que les rois de France, et à leur suite les princes de France jusqu’à aujourd’hui, ont toujours eu pour principal souci l’unité de la société française, qui passe par la solidarité de tous avec tous.

    Globalement, la réflexion de Frédéric Rouvillois sur la régionalisation,  notamment sur le projet gouvernemental actuel - qu'il qualifie d'ubuesque - éclaire la nôtre.

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Pour l'historien Frédéric Rouvillois la réforme territoriale proposée par le président de la République est un charcutage aberrant qui ne tient compte d'aucune réalité historique. Il rappelle les enjeux de la décentralisation.

     

    Figarovox: Vous avez écrit plusieurs ouvrages sur la «décentralisation à la française». La réforme annoncée par François Hollande vous parait-elle aller dans le bon sens?

    Frédéric Rouvillois: Je suis effaré par cette réforme. D'abord, par sa faible utilité: soit on y va vraiment, soit on ne fait rien. Mais ce que je trouve particulièrement révoltant, c'est le degré d'abstraction de ce redécoupage. La lecture de la presse était à ce titre édifiante. Le Monde a titré «Le jour où François Hollande a redessiné la France», comme si ce que l'histoire a fait en des siècles et des siècles, M. François Hollande pouvait le défaire en un jour! Dans Le Monde aussi, on apprend qu'à 16h, la région Centre ne savait pas encore quelle allait être sa taille. Ce n'est pas un redécoupage tracé au fil des siècles, ni même pensé dans une stratégie idéologique, économique ou culturelle, mais une totale improvisation, un charcutage administratif tempéré de magouille électoraliste. On a le sentiment d'un puzzle fait à l'arraché, sans imagination, sans ambition: se contenter de coller des régions existantes, on peut faire ça en 5 minutes! Sans doute est-ce le fruit de cette nouvelle volonté «d'aller vite» pour simuler une capacité à prendre des décisions, comme si l'activisme était un gage d'efficacité!

    4016346818 copie.jpgCette réforme traduit aussi une volonté frappante d'enfumage: en lançant dans le débat public un sujet brûlant, on fait oublier la défaite cuisante des européennes. A ce titre, la réforme territoriale consiste un sujet idéal de diversion, car tout le monde a un avis sur la question, de la taille des régions à leur nom. C'est la perspective du pain et des jeux: pour distraire la «populace» des vrais problèmes économiques et sociaux on lance un redécoupage ubuesque. Cela me parait caractéristique d'un système tyrannique.

    "C'est la perspective du pain et des jeux : pour distraire la « populace » des vrais problèmes économiques et sociaux on lance un redécoupage ubuesque. Cela me parait caractéristique d'un système tyrannique."

    Surtout c'est quelque chose qui va toucher quotidiennement l'existence des gens, leur façon de vivre, sur un plan culturel, économique, industriel. On veut prendre pour modèle, de manière totalement artificielle, ce qui a été fait en Allemagne, en Italie et en Espagne, où les grandes régions correspondent à des réalités historiques très anciennes et très profondes. La Bavière n'a pas été dessinée sur un coin de table par Angela Merkel ! La Catalogne existe depuis 1000 ans! Tant qu'à faire, pourquoi ne pas couper la France en quatre Nord-Sud-Est-Ouest!

    Avec cette réforme territoriale, Hollande qui a toujours ressemblé à Ubu, vient d'être sacré roi.

    La France s'illustre par une forte centralisation. Quelles sont les racines historiques de ce rapport centre/périphérie?

    Le rapport centre/périphérie s'inscrit dans une temporalité longue. Un certain type de centralisation, modérée et pratique, remonte à la reconstruction de l'état central à partir du XIIème et XIIème siècle et va se poursuivre sous les différents rois qui vont chercher à recentraliser le pouvoir et à le soustraire aux féodalités. Je suis en désaccord total avec la thèse de Tocqueville dans l'Ancien régime et la Révolution où il explique que la Révolution française ne fait qu'accompagner un processus de centralisation déjà entamé sous l'ancien Régime, et qu'au fond Robespierre serait l'héritier direct de Louis XIV, de même que les préfets seront considérés plus tard comme les héritiers des intendants de la monarchie.

    En réalité la centralisation d'Ancien Régime reste limitée et relative, elle a un objectif essentiellement pratique: permettre à l'Etat souverain de fonctionner, éliminer des concurrences féodales trop dangereuses. A la fin de l'Ancien Régime il y a encore des dizaines de coutumes différentes qui s'appliquent aux quatre coins du pays, et on laisse beaucoup de pouvoir à la périphérie. A cette centralisation monarchique pratique s'oppose la centralisation jacobine, idéologique et révolutionnaire. Elle est axée sur une construction idéologique, celle de l'Etat nation, fondé sur la théorie du contrat social selon laquelle les individus interchangeables, sortis de l'Etat de nature confèrent l'ensemble de leurs droits à l'Etat central, et à lui seul. Dans cette vision révolutionnaire, il n'y a que deux réalités: l'individu et l'Etat central à qui les individus ont confié leur pouvoir. Tous les autres pouvoirs sont frappés d'illégitimité. Tout le reste n'existe pas, les corps intermédiaires n'ont aucune légitimité, ils ne peuvent être à la limite que les relais de l'Etat dans un système déconcentré. On est dans une perspective inverse à la théorie de la subsidiarité, défendue notamment par l'Eglise catholique et Saint Thomas d'Aquin.

    "A la centralisation monarchique pratique s'oppose la centralisation jacobine, idéologique et révolutionnairen pour laquelle il n'y a que deux réalités : l'individu et l'Etat central à qui les individus ont confié leur pouvoir."

    Concrètement, comment se met en place l'uniformisation caractéristique de cette centralisation idéologique et révolutionnaire?

    L'unité par l'uniformisation est le grand rêve de la Révolution française. D'abord, les révolutionnaires créent de toutes pièces l'idée d'un peuple, unique et abstrait, résultat du contrat social, là où, sous l'Ancien Régime le roi de France disait «mes peuples»: le peuple provençal, le peuple picard, le peuple normand, en faisant allusion à des réalités sociologiques, historiques et culturelles concrètes. Lorsque les révolutionnaires disent le peuple, ils construisent une réalité abstraite composée des citoyens qui ont le droit de vote (les femmes en sont donc exclues). Ensuite la langue: il faut qu'il y ait une coïncidence entre l'outil de communication et le peuple souverain. Il faut donc exterminer les patois, résidus du passé comme le propose l'Abbé Grégoire dans son Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française présenté à la Convention en 1794. Cela passe enfin par une structure administrative uniforme: les communes

    "L'unité par l'uniformisation est le grand rêve de la Révolution française"

    qui remplacent les anciennes paroisses et les départements créés ex nihilo sans aucune réalité historique qui suppriment les anciennes provinces d'Ancien Régime. On remplace des réalités anciennes par des abstractions nouvelles, pour faire oublier le passé. Cette uniformisation administrative s'accompagne d'une unification du droit: la Loi est sacralisée et vient supprimer les anciennes coutumes.

    Alors que la centralisation d'Ancien Régime était modérée et relative et laissait place à une démocratie locale importante, la centralisation révolutionnaire et napoléonienne est absolutiste. Elle atteint son apogée avec Bonaparte qui conjugue la centralisation pratique à la centralisation idéologique pour aboutir à une centralisation totale, aboutie, extrêmement dure, celle des lois de l'an VIII, avec un système administratif pyramidal dominé par les préfets qui rendent compte directement au pouvoir central.

    Faut-il vraiment considérer cette centralisation excessive comme un «mal français»? Ne faut-il pas plutôt y voir une chance qui a permis l'unité de notre pays et fait sa force?

    La France de Louis XIV était-elle un petit pays sans perspectives et sans puissance? C'était pourtant un Etat beaucoup plus décentralisé que celui de Napoléon…

    Certes. Mais à l'heure où la nation française est remise en cause par le haut par la construction européenne et la mondialisation, et par le bas par les revendications communautaristes et localistes, la décentralisation n'est-elle pas un moyen de plus de la fragiliser?

    La décentralisation peut être éventuellement dangereuse dans un certain contexte politique qui est le nôtre. Peut-être faut-il réfléchir à l'inverse: si la France est tellement faible et inconsistante qu'il suffit d'une modification administrative pour la faire éclater, c'est que le problème est ailleurs. D'ailleurs, si la centralisation est très ancienne, la volonté de décentraliser l'est aussi. On n'a pas attendu les années 1980 pour mettre en place la décentralisation: sous la Restauration, tout un programme de décentralisation est pensé, notamment à droite chez les ultra-royalistes mais aussi chez les libéraux (Tocqueville, Constant, Guizot).

    C'est étonnant d'ailleurs, car si la tradition décentralisatrice s'inscrit plutôt dans le cadre de la pensée de droite, elle

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (58), la Gaule sous Clovis...

    "Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France.

    Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise.

    L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien.

    Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs".

    Charles de Gaulle

    De Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'Histoire, Tome C, article Clovis, page 999 :

    "Successeur de son père Childéric 1er à l'âge de quinze ans, il reçut en héritage un petit royaume resséré entre la mer au Nord, l'Escaut à l'Est, les diocèses de Thérouane et de Boulogne à l'Ouest et le diocèse de Cambrai au Sud, mais il ne tarda pas à l'étendre en imposant son pouvoir, par la diplomatie ou par la force, aux chefs salyens et ripuaires.

    En 486, il défit Syagrius, dernier représentant de l'autorité romaine en Gaule, établit sa capitale à Soissons et occupa toute la Gaule jusqu'à la Loire.

    Il repoussa les Alamans à la bataille de Tolbiac (496 ?).

    Marié dès 493 à une princesse burgonde catholique, Clotilde, Clovis eut l'avantage de bénéficier de l'appui des évêques. Alors que les rois burgondes et wisigoths, plus romanisés que lui, étaient acquis à l'hérésie arienne, Clovis était encore païen, et, en adhérant à l'orthodoxie, il pouvait rallier à lui la masse des fidèles gallo-romains.

    Sous l'influence des évêques Avit et Rémi, ainsi que de son épouse chrétienne Clotilde, Clovis se fit baptiser à Reims, avec plusieurs milliers de ses guerriers (Noël 496 ?), devenant ainsi, aux yeux des catholiques, le seul légitime des rois barbares. "Votre foi est notre victoire", put lui écrire saint Avit, qui était pourtant évêque de Vienne (Dauphiné), au pays des Burgondes.

    Inquiets de ses ambitions, les souverains ariens, avec l'appui de Théodoric, formèrent une sorte de ligue contre Clovis, mais celui-ci imposa un tribut aux Burgondes (500), puis vainquit et tua le roi wisigoth Alaric à Vouillé (507) et conquit toute l'Aquitaine. Théodoric l'empêcha de s'avancer jusqu'à la Méditerranée (508), mais son pouvoir fut en quelque sorte consacré par l'empereur Anastase, qui lui décerna les titres de consul et de patrice.

    Clovis, le plus grand des Mérovingiens, avait fondé le royaume franc qui s'étendait désormais du Rhin aux Pyrénées; mais à sa mort, selon la coutume germanique des partages successoraux, ses Etats furent démembrés entre ses quatre fils, Thierry, Childebert, Clodomir et Clotaire."

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

    lafautearousseau

  • Lu sur le Blog de la Fédération Royaliste Provençale : ”Aux côtés de nos amis, les Bertran de Balanda”...

    1798463737.jpgGuy Bertran de Balanda vient de nous faire part du décès de sa mère. Il y a peu, c'était Bénédicte - l'une de ses sœurs - qui perdait son mari, notre ami lui aussi, Hubert de Lapeyrouse. La famille Bertran de Balanda est donc encore dans l'épreuve, si peu de temps après : Guy, Pierre, Bénédicte, Florence et Hugues.

    Nous sommes tout naturellement à leurs côtés dans ce deuil, comme nous l'avons été si souvent, et depuis si longtemps, dans les moments heureux et, surtout, les moments militants.

    Nous serons autour d’eux vendredi en la basilique du Sacré-Cœur du Prado (Messe à 11h), pour leur témoigner notre amitié et leur manifester notre soutien.

    La famille Bertran de Balanda est une famille de fidélité : il n'est que de lire ce passage où Léon Daudet évoque les "fidélités royalistes" qu'il a rencontrées dans toute la France, lors de ses déplacements, montrant combien, chez les Catalans, il se sentait chez lui, au milieu des vieilles familles des d'Espéramoins ou des Bertran de Balanda.

    Pour notre part, ce n'est pas sans émotion que nous faisons mémoire, en cette occasion, du père de Guy, lorsqu'il nous recevait, chez lui, à Marseille, dans ce salon d'angle donnant sur le Boulevard Baille et le Cours Lieutaud; puis, lorsqu'il nous eut quittés, de la présence régulière de sa mère aux Rassemblements royalistes de Montmajour et des Baux ainsi qu'à d'autres manifestations. Toute la famille était là, aussi, par exemple, avec les Jonquères d'Oriola et tant d'autres vieilles familles catalanes, lorsque le prince Jean se rendit en Catalogne, à l'invitation d'Henri de Lumley.

    La fidélité est plus qu'une qualité : c'est une vertu. Voilà quelque chose que l'on sait, chez nos amis les Bertran de Balanda. Guy, comme nous tous, est Camelot du roi, depuis bien longtemps déjà : qui pourrait compter le nombre de tracts que nous avons distribués ensemble (avec, parfois, bagarres à la clé !) ? Le nombre d'affiches collées pendant nos nuits d'interminables affichages, où nous couvrions les murs, comme le disait - furieux - un policier qui nous avait arrêtés et qui nous "engueulait" dans le fourgon : "on ne voit plus que du rouge et du jaune dans tout Marseille !." (Il parlait des affiches du Rassemblement royaliste, collées par milliers chaque année) ? Le nombre de journaux vendus, de réunions tenues, de tâches obscures et ingrates réalisées ensemble, fastidieuses parfois, mais toujours accomplies dans la bonne humeur et, en fin de compte, malgré la fatigue, avec le sentiment du bon travail accompli pour "la Cause" ?

    Voilà pourquoi nous avons choisi de faire figurer ici "notre" commun insigne de Camelots, que nous sommes nombreux à avoir reçu de Pierre Chauvet et Jean Lavoëgie, à l’Union Royaliste Provençale. Et voilà ce qu'exprimera - même, peut-être, de façon muette - notre présence, vendredi, aux côtés de nos amis, les Bertran de Balanda.

  • MAIS OÙ VA-T-IL ?

    11 novembre. Macron - Clemenceau : de l'art de s'approprier l'Histoire

     

    PAR HILAIRE DE CRÉMIERS

     

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    Sauf imprévu, il est à craindre que Macron ne s'isole dans un rêve prétendument politique qui n'a plus rien à voir avec la politique.

    Emmanuel Macron caresse son imagination. Il y met sa volupté. Sua cuique voluptas. Son rêve était de faire de la politique et la politique n'est pour lui rien d'autre que la réalisation de son rêve. C'est ainsi qu'il la conçoit. Rien pour l'instant n'ar­rête le rêve macronien. Autour de lui, pas d'obstacle, des serviteurs zélés ou insignifiants.

    Les adversaires se disputent, s'entretuent, se perdent dans les luttes picrocholines si chères à l'esprit partisan. Pour l'heure aucune réaction nationale n'est pour lui à redouter ; non pas qu'elle n'existe pas dans une partie de l'opinion française, mais tout est fait - et depuis longtemps - pour réduire à néant ses velléités d'expression politique. La machine à broyer ne cesse pas de remplir son office. Ainsi Macron était-il sûr de gagner l'élection présidentielle. Comme il se croit aujourd'hui sûr de l’avenir..., ce qui, en revanche, est moins assuré. Les réalités du monde viennent à sa rencontre ou plutôt il va les heurter ; la confrontation comporte des risques pour lui. Il ne peut sortir du rêve qu'à son détriment. Pour paraphraser Mitterrand et, au-delà, le Cardinal de Retz, c'est son ambiguïté à lui. Il croit posséder son rêve, mais c'est son rêve qui le possède. Il doit le poursuivre dans la recherche continuelle de sa consistance en espé­rant trouver la même facilité et le même bonheur qu'à ses débuts. Ne faut-il pas que le peuple français marche sur ses pas ? N'est-il pas forcé de s'assurer la maîtrise du calendrier politique et électoral sur lequel il travaille et fait travailler ?

    Il sait ramasser les mises. Mais ramasser les mises ne suffit pas. Que faire ? Où aller ? Mieux gérer les fonds pu­blics ? Est-ce si certain ? Les derniers budgets de la nation et de la Sécurité sociale montrent les limites de l'exercice : c'est toujours et encore chercher des recettes dans les poches des honnêtes gens pour combler les facilités du laxisme. Les déficits ne diminuent pas - ou si peu - et la dette continue à s'alourdir inexorablement et maintenant dangereusement : les chiffres, eux, ne mentent pas.

    Macron, dit-on, redonne du lustre à la fonction prési­dentielle, ce qui n'est pas très difficile après ses prédéces­seurs ; mais il y a beaucoup d'esbroufe et d'inconscience dans son comportement. Visiblement il ne sait pas commander ; il n'a jamais obéi. Il fâchera les gens. Il a le prestige de la mise en scène ; il n'a pas l'autorité de la vraie compétence. Sa parole ne crée rien ; elle se fait plaisir a elle-même ; elle n’a pas d'efficacité dans l'ordre des choses malgré toutes ses prétentions à l'efficience. Beaucoup de mots, de semblants d'idées ne font pas un redressement politique et économique, sinon en ima­gination. « Son progressisme » affiché n'est que flatus vocis.

    Macron pense pareillement se pousser sur la scène internationale en jouant des coudes. Il y a une ridicule enflure qui se dégage de ses attitudes et qui gêne. Il est faiseur de leçons, encore pire que son prédécesseur ; il distribue des points ; ses appréciations sont toutes marquées par la même idéologie républicaine d'une grotesque simplicité qui sépare le monde en bons et en méchants. Ses propositions stratosphériques de recom­position de l'Europe et du monde ne tiennent aucun compte de la vérité des choses de la terre. Il ne voit pas que l'Europe et le monde changent. De sorte qu'il ne cesse d'être surpris par l'actualité à laquelle il répond par à-coups saccadés, comme dernièrement au Moyen-Orient. Dans ses visions, rien n'est jamais prévu de ce qui se passe vraiment.

    Il se plaint, dit-on, de ses collaborateurs qui l'as­saillent de fiches insanes, inutiles, verbeuses ; mais c'est à son image et à l'image de notre République qui ne fonctionne que dans la vanité des carrières et la frivolité des opinions.

    La question est donc de savoir où « le marcheur Macron » emmène la France. Personne ne le sait et lui vraisemblablement moins que personne : de vastes considérations qui affectent des allures philosophiques ne font pas un but. Ni des jugements péremptoires n'indiquent une direction.

    DE FAUSSES IDÉES

    Ce garçon, pour qui l'écoute et l'étudie attentivement est sans profondeur d'esprit, sans grandeur d'âme, sans épaisseur de caractère. Intelligent, doué incontestablement, il lui a manqué une formation ; il est privé d’une doctrine juste et vraie. Il n'a pas de repère pour s'orienter dans les difficultés du monde ; il n'a à son usage que le baratin de la post-modernité qui ne lui donne aucune maîtrise ni des événements ni des évolutions du monde.

    Tout son art consiste à masquer par l'apparence de la fermeté sa fragilité existentielle, par la brillance de sa parole sa vacuité essentielle. Rien que la manière de reprendre à son compte tous les « tics » des vulgaires usages qui nous viennent du monde anglo-saxon et qui encombrent notre vieil univers civilisé, ces « celles et ceux », ces « toutes et tous » qui se veulent de la galan­terie et qui ne sont que de la goujaterie, manifestent une méconnaissance grave de notre génie national ; toutes ces manies sont d'un ridicule achevé. Il est constam­ment dans la faute de goût. S'imaginer que la France devient « moderne » en se complaisant dans les théories absurdes « du genre », en avalisant toutes les sottises pseudo-scientifiques qui envahissent les boniments des journalistes et des faiseurs d'opinion, révèle une médio­crité d'esprit inquiétante. Il ne saura résister à rien, ni à la PMA, ni à la GPA, ni à tout ce qui s'en suivra. Le ralliement de Juppé est un signe qui ne trompe pas.

    Il n'a, pour ainsi dire, rien retenu des leçons de Paul Ricoeur qu'il a, pourtant, fréquenté. Il ne s'est approprié que l'importance de la symbolique pour la tourner à son avantage, sans même en percevoir le sens essentielle­ment religieux et la portée eschatologique. Sa philoso­phie est de quatre sous, sa phénoménologie narcissique.

    En fait il a ramassé ses idées en se frottant de culture au gré de sa scolarité et de ses accointances ; il a assimilé la vulgate et la dogmatique de Science-Po et de l'ENA. Rien au-delà. D'où cette impression qu'il récite toujours des cours. Comme Hollande ! Il est entré avec aisance dans les milieux financiers - et pas n'importe lesquels - dont il a épousé les intérêts, les manières, les conceptions. Il est leur homme. D'où ce regard froid qui juge de haut, sans complaisance, qui acquiesce ou qui rejette, qui ne connaît que le rapport à l'argent, à la réussite, à l'utile, à ces fameuses « masses critiques » selon le jargon, celles qui justifient la décision économique et la détermination financière. Il ignore - et cette ignorance est un mépris - le petit, le faible, l'insignifiant dans le domaine de la quan­tité, de la valeur marchande, l'histoire, la géographie, le milieu humain, la force de la tradition, le respect du passé, l'engagement moral, le souci de la vérité. D'où ses tromperies et ses astuces sur le patrimoine, sur l'écologie, sur les territoires. Pour lui, ce qui compte, c'est d'être ga­gnant. Notre président est un Rastignac qui ne se conten­tera pas de la France : il vise l'Europe ; il l'a suffisamment fait entendre. Il est prêt à sacrifier les intérêts français à sa divinité. Ainsi, a-t-il déjà annoncé qu'il renoncerait unilatéralement et spontanément au Commissaire français pour mieux avancer dans l'intégration fédérale.

    Le 11 novembre n'a mérité d'être célébré par lui que comme une leçon de philosophie et d'éthique républi­caines. Ce n'est plus la célébration de la lutte et de la vic­toire d'un peuple français qui voulait rester français sur une terre française et à jamais française ; c'est la victoire dont ne sait quel Droit désincarné, quelle Démocratie universelle dont la France - ou plutôt la république française - aurait été l'héroïne. D'où l'idée de ne plus je­ter de lumière jusqu'au 11 novembre 2018 que sur le seul Clemenceau, ce qui évite de parler des militaires et ce qui permet d'insister sur la manière dont les gouvernements républicains ont récupéré à leur profit cette si coûteuse et noble victoire. Tout Français quelque peu cultivé sait en quelle paix stupide ces gouvernements incapables ont transformé cette victoire pour aboutir vingt après au plus grand désastre de notre histoire. Macron qui se croit no­vateur, n'est que notre Briand d'aujourd'hui. Il est encore des Français pour savoir ce que ce nom signifie.

    Les mêmes néfastes idées produiront les mêmes ef­fets. Les discours pacifistes et européistes de Macron prêt à abandonner tous les intérêts français ne satisfont qu'aux exigences d'un rêve égotique. Ni l'Europe ni le monde n'obéiront à Macron. Il ne fera qu'affaiblir, désarmer et détruire un peu plus la France.  ■ 

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  • Alexandre Del Valle. Le géopolitiste qui bat en brèche l’islamiquement correct depuis 25 ans [1]

    Alexandre Del Valle sur LCI 

    Par Péroncel Hugoz 

     

    2293089609.14.jpgAncien correspondant du Monde en Algérie puis en Egypte, grand-reporter, auteur d’une dizaine de volumes sur les pays du Sud (notamment Le Radeau de Mahomet, 1983, et 2000 ans d’histoires marocaines, 2014) éditeur en France ou au Maroc de 60 ouvrages orientalistes, chroniqueur sur lafautearousseau depuis 2016, Péroncel-Hugoz, ce qui est moins connu, a joué un rôle au début de la carrière du géopolitiste et essayiste Alexandre Del Valle, pied-noir franco-italien, né en 1968 à Marseille, dont la dizaine de consistants essais tend à dévoiler la vraie nature de l’offensive panislamiste sur les cinq continents,  le dernier de ces ouvrages étant, en mars 2018, La stratégie de l’intimidation, véritable bréviaire de ce mal qui ronge nos sociétés: l’islamiquement correct. Un mal, sorti certes de l’Islam mais où les Etats-Unis d’Amérique ont joué, et continuent de jouer un rôle trouble, équivoque et plus que jamais inquiétant à l’heure du trumpisme. 

    3679871411.3.jpgNous laissons donc la parole à Péroncel-Hugoz, sur la genèse de ses relations avec Alexandre Del Valle avant de publier deux des textes qu’il a écrits pour soutenir le géopolitiste : ISLAMERIQUE, préface en 1997 d’Islamisme et Etats-Unis. Une alliance contre l’Europe (l’Age d’homme, 330 p.) puis Travailler pour le roi de Turquie…, préface en 2004 de La Turquie dans l’Europe. Un cheval de Troie islamiste ? (Edition des Syrtes, 2004, 460 p.)  Lafautearousseau

     

    UN ETUDIANT PERSECUTE 

    C’est en 1990, dans mon bureau du Monde, à Paris, que je reçus, sur sa demande, pour la première fois, un étudiant aquisextain en sciences politiques, Marc d’Anna, futur Alexandre Del Valle, comme je recevais et continue à recevoir tous les lecteurs en faisant la demande, y compris quelquefois de menaçants islamistes, sionistes ou américanomanes… Notre étudiant de 22 ans me décrivit les bâtons dans les roues que lui mettaient le professeur Bruno Etienne et son entourage pour freiner ou empêcher ses recherches sur l’Islam politique qui n’en était pas encore, bruno_etienne220.jpgdu moins en France, a égorger ou fusiller les gens dans rues, gares, cafés, théâtres, etc. Les « étiennistes » privilégiaient alors l’« Islam à l’eau de rose »; et cela selon  la bonne formule de l’islamologue algérien Ali Mérad, obligé dès l’indépendance de son pays de se réfugier à Lyon, sous les menaces des islamistes algériens gouvernementaux qui étaient souvent ceux que nous avons bêtement appelés « fellagas » alors que eux se proclamaient  franchement « moudjahids », c’est-à-dire, « djihadistes » - mais déjà nous ne voulions pas voir la réalité… 

    Etant moi-même, depuis la parution, en 1983 du Radeau de Mahomet, essai sur le pré-islamisme moderne, sous la pression, au sein de mon propre journal (et ce malgré le soutien de membres de la hiérarchie du Monde, tels André Fontaine, Michel Tatu ou André Laurens), je ne pus guère offrir à Marc D’Anna, futur Del Valle, que de chaleureux encouragements à poursuivre ses travaux sur la vraie nature conquérante, anti-française et anti-chrétienne de l’Islam politique. Tout au moins en deux occasions, je fournis au jeune homme sur sa requête, des textes mettant en valeur ses découvertes factuelles car ma ligne de conduite professionnelle a toujours été : des faits, des faits, rien que des faits.   •  (A suivre ...)

    Illustration ci-dessus : Bruno Etienne