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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1347

  • Poutine est revenu ! Le Tsar chez Louis XIV...

     

    Mur-bleu gds.jpgUn bon moment de vraie, de belle et bonne télé information, ce lundi 29 mai, avec les excellents commentaires de Pascal Boniface, sur BFM/TV, qui nous a fait vivre, en direct, l'arrivée de Vladimir Poutine à Versailles. Pascal Boniface nous a changés, l'espace de quelques dizaines de minutes, de la médiocrité affligeante, de l'ignorance crasse, de la partialité révoltante de journaleux qui confondent en permanence carte de presse et carte de parti (n'importe lequel, pourvu qu'il soit de gauche et politiquement correct). Merci à lui, et bravo, puisque la dureté des temps fait que, maintenant, quand quelqu'un fait normalement son travail, on est amené à le féliciter pour ce simple fait ! 

    Car l'événement est d'importance  : après les cinq années calamiteuses du pitoyable nain qui nous a servi de lamentable semble-président, le nouveau Chef de l'Etat, faisant acte de realpolitik, a invité Vladimir Poutine en France. Mais les relations s'étaient terriblement - et stupidement - dégradées entre nos deux pays frères - frères en Europe et en chrétienté, au moment où l'Islam, pour la troisième fois, attaque l'Europe.

    Il n'était donc pas facile de sortir, par le haut, de l'impasse dans laquelle le sous-préfet aux champs, vous savez, ce pauvre François « normal », nous avait engagés, en ce qui concerne nos rapports avec un pays objectivement allié, dans les grandes difficultés du moment présent.  

    C'est là que Louis XIV intervint ! Eh ! oui, Louis XIV ! Pascal Boniface a eu l’ « intelligence historique » ; il a su élever sa réflexion, et ses commentaires, au niveau qui convenait ; et il a très clairement expliqué que, au point calamiteux où les choses en étaient arrivées, un banal rendez-vous, une simple invitation, fût-elle d'Etat, ne pouvaient pas « recoller les morceaux ».

    XVM204f74b2-212d-11e7-834a-2675150b5d1e.jpgIl a donc fallu, d'abord, trouver un prétexte pour tendre la main à celui que l'on a sottement humilié hier (« sanctions »  débiles et contre productives, puisqu'elles nous pénalisent autant, sinon plus, que la Russie ; affaire des Mistral, qui a entamé notre crédibilité sur le marché très couru de la vente de matériel militaire; critiques de toute façon inopérantes sur l'affaire de la Crimée etc.) : la célébration des trois cents ans de la visite à Versailles de Pierre le Grand, en 1717, a fait l'affaire. Le tsar, à l'époque, voulait moderniser la Russie, il « importait » Versailles à Peterhof, comme tous les princes de cette époque, où la France dominait le monde. Dominait, non par la force brute mais par l'éclatant et magnifique visage de sa civilisation, aimable et aimée, par ses architectes, ses écrivains, ses peintres, ses savants, elle qui était, par ailleurs, « la Grande nation », la Chine de l'Europe, du point de vue démographique... 

    Certes, cette visite se déroula deux ans après la mort du Roi-soleil, en 1717, et c'est l'enfant-roi Louis XV que Pierre le Grand, en un geste de surprenante bonhomie - surprenante, mais de bon aloi - éleva dans ses bras, bousculant étiquette, protocole et gens guindés de tout poil (on dirait, aujourd'hui, « coincés »).

    Mais le palais, lui, reste bien le palais-temple du Roi-soleil, qui attire toujours les foules du monde entier, trois siècles après, tellement il symbolise, représente et, osons-le mot, personnifie le génie français, à l'instar de nos cathédrales, du Mont Saint-Michel ou des châteaux de la Loire.

    Et Poutine ne serait pas venu, même à l'Elysée, comme l'a très bien expliqué Pascal Boniface. Les affronts avaient été trop nombreux ; ils avaient duré trop longtemps ; trop de paroles démentes avaient été dites (songeons aux propos honteux d'un Laurent Fabius, qui commence décidément à être bien fatigué...). Le prétexte trouvé, il fallait un lieu qui fût à la hauteur de l'événement, qui exaltât le moment, qui symbolisât qu'une page se tournait, enfin. Un simple palais, fût-ce l'Elysée, ne pouvait convenir, parce qu'il avait été terni pendant cinq ans par un petit sous-préfet aux champs, benêt de surcroît, et parce que c'est de là qu'étaient parties toutes ces attaques aussi grotesques qu'inconsidérées contre notre allié naturel d'aujourd'hui.

    L'endroit s'imposait donc de lui-même : les ors de Versailles, la magnificence de Louis-le-Grand-en-tout, comme l'appelait l'immense Pierre Puget.

    On songe, alors, au quatrain fameux de Guitry :

    On nous dit que nos Rois dépensaient sans compter,

    Qu'ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils ;

    Mais, quand ils construisaient de semblables merveilles,

    Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ?

    Oui, Guitry a raison, évidemment. Mais son propos va bien au-delà du simple argent, du simple matériel : Versailles « fonctionne » encore, tel que l'a voulu Louis XIV, pour ce pour quoi il a été imaginé, puis réalisé. Comme un outil de gouvernement, un lieu de pouvoir, un lieu de ce pouvoir royal qui mena une authentique politique de civilisation, qui a "étonné le monde", selon le joli mot de Jean Dutourd. Comme le siège du rayonnement français. Comme l'exemple insurpassable, et du reste insurpassé, du génie national français. 

    Si l'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu, l'invitation faite au tsar d'aujourd'hui par notre Chef de l'Etat est un bel hommage rendu par cette pauvre république idéologique, à bout de souffle, à notre Royauté traditionnelle, qui nous a emmenés si loin, si haut, qu'elle en impose encore aujourd'hui !  

  • Du bon usage de M. Trump

    Taormine : Sous l'Etna, un G7 autour du volcan Trump 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    M. Trump peut sembler tout à fait imprévisible et sa politique quelque peu erratique. 

    Et pourtant son récent voyage au Proche-Orient aura eu pour objet de rappeler et conforter, après la mise entre parenthèses par M. Obama, les deux alliances essentielles des Etats-Unis d’Amérique dans la région : avec l’Arabie séoudite et avec Israël, deux pays dont Washington se pose en garant et protecteur, celui-ci pour les raisons morales, culturelles et religieuses qui ont présidé à sa création (mai 1948), celui-là pour des raisons économiques et financières qui remontent au pacte du Quincy (février 1945). D’ailleurs, le voyage de Ryad aura été un succès commercial (contrats de quelque quatre cents milliards de dollars) et diplomatique (sommet islamo-étatsunien réunissant une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement).

     

    Il y a une certaine cohérence dans cette approche, Israël et l’Arabie séoudite étant en quelque sorte des alliés objectifs que rapproche leur commune hostilité à l’Iran. Ce dernier, ardemment chiite et violemment anti-israélien, les déteste et en est détesté. On comprend moins que M. Trump puisse ressusciter un « axe du mal » incluant Iran et Etat islamique, pourtant ennemis inconciliables. C’est en effet du Golfe qu’est diffusée et financée l’idéologie mortifère, née de la rencontre entre wahhabisme et salafisme, que véhicule l’Islam sunnite. L’Iran chiite a pu participer dans le passé à des actions à caractère terroriste mais il est aujourd'hui tout entier investi dans une politique régionale laissant la pratique de la terreur internationale aux sunnites d’« Al Qaïda » et/ou de « Daesh ».

     

    On sait que la diplomatie française est devenue inaudible dans la région pendant le quinquennat de M. Hollande du fait d’un engagement exclusivement idéologique. Les manoeuvres de M. Trump lui offrent peut-être une opportunité, celle de ré-exister. En stigmatisant l’Iran (et ses alliés), en prenant parti dans le conflit religieux inter-islamique, en semblant négliger les deux acteurs essentiels que sont la Turquie et la Russie, M. Trump laisse à un pays comme la France une marge certaine de manoeuvre.

     

    On verra bien si MM. Macron et Le Drian sauront en profiter. Suggérons quelques pistes : ne pas pratiquer la politique du pire en favorisant l’explosion de la région par Kurdes interposés, distinguer explicitement Etat islamique (organisation terroriste idéologique à détruire) et Iran (avatar de l’ancienne Perse avec qui il faut collaborer dans toute la mesure du possible), se rapprocher de la Russie qui ne constitue aucune menace pour nous, etc. Il ne s’agit pas de rompre avec nos alliés américains, ni d’avoir de mauvaises relations avec les monarchies du Golfe. Il convient d’affirmer, par une diplomatie active, la singularité de la France - ce qui est une des conditions de notre existence nationale. 

  • Manchester : Après l’horreur radicale

    « Il faut dire que les Occidentaux sont tentés par un pacifisme démissionnaire. On les attaque? Ils répondent en allumant des bougies, en déposant des fleurs. »

     

    Par Mathieu Bock-Côté

    Billet - toujours profond et pertinent, sans détours  - paru sur son blog le 25.05. On peut, d'ailleurs, s'y reporter, lire ses livres ...  LFAR

     

    2760774407.2.jpgL’attentat de Manchester nous a rappelé, même si personne ne l’avait oublié, que le terrorisme islamiste fait désormais partie de nos vies en Occident.

    Il prend plusieurs visages.

    Un jour, on abat la rédaction d’un journal. C’est l’histoire de Charlie Hebdo. Ou alors, on mitraille en terrasse. C’est l’histoire du Bataclan. Un autre jour, on fonce avec un camion dans une foule pour faucher le maximum de personnes. C’est l’histoire de Nice, de Londres et de Berlin.

    Et tout cela sans compter les agressions multiples à plus petite échelle. Pensons à Paris en avril.

    Sadisme

    Mais ce qui s’est passé lundi à Manchester a repoussé les limites de l’horreur, histoire de frapper encore une fois notre imagination. L’islamisme a voulu nous faire comprendre qu’il fera tout pour nous abattre.

    Un islamiste fanatique a visé un concert rassemblant de jeunes ados autour de leur idole.

    Il s’agissait clairement de tuer de très jeunes personnes. En revendiquant l’attentat, l’État islamique a célébré la mise à mort de croisés rassemblés dans un lieu de débauche.

    On voit là tout l’imaginaire du fanatisme islamiste, qui assimile à la fois l’Occident à la chrétienté et à une perversion qu’il faudrait absolument châtier.

    Il mène contre le monde occidental une guerre totale pour le soumettre.

    Tout le monde peut être abattu. Le soldat en uniforme. La fillette qui assiste au spectacle de son idole. Lundi, des êtres humains revendiquaient fièrement le carnage des gamines.

    La formule rituelle, dans de telles circonstances, c’est d’affirmer qu’on luttera avec encore plus d’énergie contre le terrorisme.

    Mais le terrorisme n’est qu’un moyen, aussi détestable soit-il. Ce moyen est au service d’une cause: l’islamisme. Il faut le redire, car la tentation de nos dirigeants, trop souvent, consiste à ne pas le nommer.

    Il faut dire que les Occidentaux sont tentés par un pacifisme démissionnaire. On les attaque? Ils répondent en allumant des bougies, en déposant des fleurs.

    Ils se replient sur un slogan débile: «vous n’aurez pas ma haine». Les islamistes pourraient-ils au moins avoir droit à notre colère? Une vraie colère. Une colère juste. Une puissante colère.

    Est-ce que devant l’islamisme meurtrier, la seule vocation de l’homme occidental consiste à comprendre pourquoi on le charcute, pourquoi on le tue, ainsi que ses enfants?

    Patriotisme

    La lutte contre l’islamisme repose sur le travail des services de renseignement et des policiers. Ils sont les seuls à pouvoir attraper à temps un assassin résolu à se faire exploser dans une discothèque ou à mitrailler une garderie.

    Mais on ne pourra se contenter d’une politique sécuritaire contre l’islamisme. Il faudra aussi lutter idéologiquement contre lui.

    Cela implique de reprendre confiance dans la valeur de notre civilisation.

    Racisme, sexisme, xénophobie, homophobie, notre civilisation aime s’accuser des pires méfaits.

    Nous ne gagnerons à terme la guerre contre l’islamisme qu’en développant un vrai patriotisme occidental.

    Mais cette guerre prendra du temps. Et le sang coulera encore souvent. 

    Mathieu Bock-Côté     

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Éric Zemmour : « Ce quartier de la Porte de la Chapelle où les femmes n'ont plus droit de cité…»

     

    Dans une chronique donnée au Figaro le 26.05, Eric Zemmour démontre comment le harcèlement de rue dans le quartier Chapelle-Pajol, à Paris, est « un moyen efficace pour occuper l'espace public, le conquérir, ­l'islamiser, le purifier de sa mécréance ». 

    Nous nous contenterons de reprendre ici les quatre courts extraits significatifs suivants :

     

    XVM14f65c8c-408d-11e7-a87f-0e95404dcfa0.jpg« C'est sans doute le hasard. Mais après la présidentielle. Cette histoire de femmes chassées des rues dans le quartier Chapelle-Pajol, à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, a attendu sagement son tour. Pendant la campagne présidentielle, les femmes étaient les bienvenues ; depuis, elles sont maltraitées. C'est beau, le hasard. »

    « La campagne est terminée. Le réel est de nouveau autorisé à montrer son vilain visage. Mais strictement encadré par la sémantique appropriée. »

    « Si vous rappelez qu'une des grandes différences entre les patriarcats islamique et chrétien, c'est justement l'enfermement des femmes, vous êtes islamophobe. »

    « Ne comptez pas sur la droite pour en parler. Elle tient un bien meilleur thème de campagne : la hausse de la CSG. Il paraît que les chefs de la droite sont gaullistes : ils ont, comme le Général, une certaine idée de la France… Ne comptez pas sur le nouveau pouvoir non plus : Macron a été élu par ceux qui ont les moyens d'ignorer ce genre de désagréments. Leurs femmes et leurs enfants ne se rendent jamais Porte de la Chapelle. Et les ministres, de Philippe à Collomb, ont une conception « bienveillante » de la laïcité. C'est-à-dire qu'ils y ont renoncé. »  

    Éric Zemmour : « Ce quartier de la Porte de la Chapelle où les femmes n'ont plus droit de cité…»    (Pour les abonnés au Figaro Premium)

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Histoire • Qui se souvient du sinistre Bergeret ?

    Les Tuileries (aujourd'hui disparues, "restituées" ici en rouge)

     

    Pourtant, son mauvais « génie », sa misérable mentalité de terroriste sont toujours parmi nous.

    1871 : Bergeret, « incendiaire en chef » des Tuileries, commence sa sinistre besogne...  

    Dans deux jours, la plupart des monuments de Paris aux mains des Communards seront en flammes (voir l'éphéméride du 24 mai), conformément à la sinistre prédiction de Louise Michel : « Paris sera à nous ou n'existera plus » (voir l'éphéméride du 17 mai)...

    Une Louise Michel qui ne faisait que s'inscrire dans la « grande » (!) tradition révolutionnaire : Carrier n'avait-il pas dit « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière », durant cette monstrueuse Révolution qui proclama « du passé faisons table rase ! » et durant laquelle Robespierre déclarait « Périsse la France entière plutôt qu'un seul principe !»

    Dès le 26 mars 1871, le château palais, complètement pillé, restait vide. Durant la Semaine sanglante (voir l'éphéméride du 21 mai), un trio de tristes sires : le sergent de ville Boudin, le garçon boucher Bénot et le général (!) Bergeret - aidés d'une trentaine d'autres criminels de leur espèce, comme Dardelle ou Mabeuf... -  préparèrent méthodiquement leur forfait contre l'Art, contre la France dans son patrimoine culturel, contre l'humanité...

    441588615.jpgFidèle suiveur de Louise Michel, Bergeret déclara : « Quand je quitterai les Tuileries, les Tuileries seront en cendres ». Les 22 et 23 mai, les acolytes incendiaires firent passer dans la cour cinq fourgons chargés de barils de poudre, bonbonnes de pétrole, goudron liquide et essence de térébenthine, qu'ils rangèrent sous le péristyle du pavillon central. Le 23, une trentaine de fédérés parcourut tous les appartements du palais et aspergea murs et planchers à pleins seaux de pétrole. Un baril de poudre fut placé dans le vestibule du pavillon de l'Horloge, trois en bas de l'escalier d'honneur, tandis qu'un amas de matières inflammables était stocké dans le salon des Maréchaux. Ils enduisirent de goudron l'autel et l'orgue de la chapelle et les boiseries du théâtre. Le feu fut allumé par Benet et l'incendie embrasa immédiatement tout l'édifice. Peu avant 9 heures du soir, l'horloge du palais s'arrêta sous l'action du feu. Vers 11 heures, une explosion secoua le pavillon central, laissant le dôme s'abîmer dans une gerbe de flammes. Le palais brûla pendant trois jours, fondant les bronzes, réduisant les marbres en poussière. Bergeret et ses hommes, ayant commandé un repas froid, soupèrent sur la terrasse du Louvre en contemplant l'incendie.

    Le 27 mai, il ne restait plus de la merveille des Tuileries que des pans de murs noircis...

  • Islam & Société • Le danger djihadiste

     

    par Gérard Leclerc

     

    rubon9-071ca.jpgLe danger djihadiste qui hante en ce moment tous les pays d’Europe, et que vient de ranimer l’odieux attentat de Manchester, a-t-il une portée civilisationnelle ? Cela prête à controverse dans le monde intellectuel. Alain Finkielkraut et Régis Debray se sont opposés sur le sujet. L’opinion du second, que nous citions déjà hier à propos de l’orchestration médiatique des attentats, est formelle : « Une menace sécuritaire ne constitue pas une offre civilisationnelle crédible, et l’islamisme n’en a aucune à proposer. Il peut causer des désordres, non constituer un ordre de rechange ; mettre à mal ici et là la civilité, non mettre en pièce une civilisation. » La démonstration qui suit est éloquente. L’islamisme extrémiste est fort de son fanatisme et de ses coups d’éclat, mais il est dans l’incapacité d’organiser un ordre, un empire. Ses succès sont momentanés, et il ne dispose d’aucun des moyens scientifiques, industriels, culturels, capables de substituer son mode de vie au nôtre.

    La réplique intervient du côté des contradicteurs qui prient l’habitant du quartier latin de franchir la Seine, pour se rendre compte de ce qui se passe dans d’autres secteurs de Paris. Il y a un scandale dénoncé, ces jours-ci, dans le quartier Chapelle-Pajol, où les femmes n’ont plus droit de cité, insultées quotidiennement, lorsqu’elles s’avisent de sortir dans la rue : « Désormais, témoignent des gens du secteur au Parisien, notre quartier est abandonné aux seuls hommes : plus une femme dans les cafés. Pas un enfant dans le square Louise de Marillac. Certaines d’entre-nous se terrent chez elles. » N’est-ce pas le président François Hollande lui-même qui déclarait que certaines zones de banlieues avaient fait sécession d’avec le pays et que la puissance publique se trouvait paralysée, incapable de réagir efficacement ? N’est-ce pas par le biais démographique, agent du « grand remplacement », que peut se produire la mutation de civilisation ? Et même, si on ne va pas jusque-là, n’est-ce pas notre société qui est en risque de désagrégation, ajoute Alain Finkielkraut. Régis Debray n’est pas convaincu. Malgré son importance, il croit le phénomène limité. « L’islam préoccupation, oui, obnubilation, non. » La discussion se poursuivra, elle n’est pas prête de se clore ! 

    France catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 mai 2017.

  • Religion & Société • Barbarin: taper sur les cathos, c’est amusant et sans danger

     Le cardinal Barbarin à Lyon, septembre 2016. SIPA

     

    L’ascension du cirque médiatico-judiciaire

    Par Régis de Castelnau

    On sera globalement d'accord avec cet intéressant et courageux billet de Régis de Castelnau [Causeur, 25.05]. L'indécente campagne, tous médias confondus, contre le cardinal Barbarin, rappelle, toutes proportions gardées, les immenses campagnes de même provenance menées naguère contre le pape Benoît XVI. Du Ralliement à la République autoritairement imposé aux Français par Léon XIII [1892], aux sanctions vaticanes contre l'Action française [1926], jusqu'à son immigrationnisme et son mondialisme actuels, l'Eglise Catholique est pourtant allée - sans en tirer aucun profit - de concession en concession au monde moderne, ou postmoderne. Jusqu'à, semble-t-il, avoir tiré un trait sur l'Europe chrétienne, réputée perdue, y compris en haut-lieu par les autorités catholiques les plus conservatrices. Pourquoi attaque-t-on ou défend-on encore l'Eglise ? Sans-doute parce qu'elle est consubstantielle de ce que fut l'Europe chrétienne qu'elle a largement contribué à former et de ce qu'il en reste ; en raison de son ordre interne, qui demeure en grande part étranger au démocratisme, au subjectivisme, au relativisme régnants ; à cause des principes d'ordre moral qu'elle continue d'affirmer à l'opposé de la doxa, parfois avec quelque courage. Sans compter ce qui la définit de supérieur et de transcendant qui fait qu'elle ne peut - sans reniement radical - se prosterner devant le mercantilisme absolu et les idoles matérialistes de la société marchande mondialisée. Celle-là même, pour revenir au cardinal Barbarin, qui n'hésite pas à traîner dans la boue les meilleurs serviteurs de l'Eglise.  LFAR  

     

    DzuWvVmc.jpgLe cardinal Barbarin, prélat pénible, avait fait l’objet l’année dernière d’un joli lynchage, mais qui, surprise, ne fut que médiatique. Parce que la Justice refusa de se laisser instrumentaliser et intimider. Et appliqua le droit. Oui oui, ça arrive. D’où un ferme classement sans suite des plaintes fantaisistes, après une enquête préliminaire fouillée. Malgré les interventions intempestives de membres du gouvernement socialiste, en particulier Manuel Valls, et une campagne de presse acharnée. L’objectif n’était pas de poursuivre et de faire condamner les prêtres ayant commis des abus sexuels. Mais bien de faire un carton sur une autorité ecclésiastique.

    Comme d’habitude, j’étais intervenu pour ma classique dénonciation de ces lynchages médiatico-judiciaires que je n’aime pas trop. Pour être qualifié « d’avocat catholique bien connu », sur Canal+, ce dont je ne me lasse pas.

    On nous annonce aujourd’hui que les « victimes » remettent le couvert, en choisissant, comme par hasard, la procédure de « citation directe » à l’initiative de particuliers. Normalement, c’est le parquet qui diligente les poursuites, mais il existe une particularité en droit pénal français, celle qui « délègue » aux particuliers qui se prétendent victimes la possibilité d’engager des poursuites. C’est une procédure assez rare. En effet la voie normale, après le classement sans suite du parquet, pour ceux qui voulaient continuer à s’acharner, aurait été de saisir un juge d’instruction par le biais d’une plainte avec constitution de partie civile.

    Ainsi ne soit-il pas

    Ah oui, mais non, plutôt que de tomber sur un nouveau bec après une instruction contradictoire, c’est beaucoup plus intéressant d’aller directement à l’audience, de convoquer les médias, de citer des vedettes peoples : en clair, organiser un cirque pour le journal télé et la presse gourmande. Il est probable qu’on y verra, entre autre Flavie Flament chargée par le gouvernement socialiste d’un rapport sur la prescription en matière d’abus sexuels. Sur le plan juridique tout cela ne devrait normalement aller nulle part, et déboucher sur des relaxes. Mais on ne sait jamais, avec une bonne pression médiatique, et comme c’est déjà arrivé, la rigueur juridique pourrait partir en vacances. Et puis de toute façon on va se régaler de voir les mitrés sur le banc d’infamie. Ce qui est quand même l’objectif premier.

     

    Déjà la presse s’est mise au diapason et nous annonce : «Pédophilie: le cardinal Barbarin cité à comparaître en septembre ». Joli, non ? Cela laisse penser tranquillement que monseigneur Barbarin est poursuivi (par le parquet bien sûr) devant le tribunal pour pédophilie. C’est un mensonge, mais si on respecte la déontologie journalistique dans la titraille, on ne va pas s’en sortir. Il y a du papier à vendre et des clics à compter.

    Allez, continuons à taper sur les cathos, c’est amusant, et en plus c’est sans danger. 

    Régis de Castelnau
    avocat

  • République ou Royauté • L’historien Georges Dumézil à propos des avantages du principe monarchique

     

    Le célèbre historien et anthropologue français, Georges Dumézil, affirmait dans le journal « L’Express » de septembre 1986  : 

    « Le principe monarchique garantissait contre la dictature des partis, les ambitions individuelles ».

    Georges Dumézil

    Source : La Couronne

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Histoire • Rois de France, de Balzac : Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution [III]

     

    C'est en 1837 que Balzac publia Rois de France, un ouvrage concis fort intéressant, consacré aux six derniers « Louis » rois de France, de Louis XIII à Louis XVIII. Malheureusement peu réédité par la suite, cet ouvrage était devenu, de ce fait, indisponible, depuis 1950.

    Notre confrère Péroncel-Hugoz a pris l'heureuse initiative de faire rééditer Rois de France, au Maroc, par les Editions Afrique Orient. Nos lecteurs peuvent d’ailleurs lire Péroncel-Hugoz ici-même, régulièrement, puisqu’il nous fait l’amitié de sa participation – très appréciée – à Lafautearousseau.

    Nous donnerons quatre extraits de Rois de France - des « bonnes feuilles » - dans nos parutions du week-end. 

     

    415470906.jpgExtrait 2 : Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution [intégralité du chapitre, pages 83 à 95]

    Louis XVI, né à Versailles le 23 août 1754, troisième fils du dauphin, fils unique de Louis XV et de Marie-Josèphe de Saxe, était âgé seulement de vingt ans lorsqu'il succéda au roi Louis XV. Depuis quatre ans déjà, il avait épousé Marie-Antoinette d'Autriche, fille de l'impératrice Marie-Thérèse, alliance qu'il est inutile de qualifier d'impolitique. De grandes démonstrations de joie, qui allèrent jusqu'à l'indécence, accueillirent son avènement au trône. Le jeune prince n'y répondit que par un silence froid et digne ; mais il ne s'en crut pas moins obligé de céder à la voix publique et de bannir du gouvernement les hommes qui l'avaient occupé pendant les dernières années du règne précédent, et parmi lesquels il s'en trouvait que l'on eût dû conserver peut-être, la connaissance parfaite qu'ils possédaient de la situation délabrée des affaires les rendant seuls capables d'y appliquer les remèdes nécessaires. Ils furent remplacés par les hommes désignés par l'opinion populaire qui, dans les temps de corruption et de désorganisation sociale, ne devrait jamais faire loi. 

    Quand une nation est en voie de prospérité et d'agrandissement, on peut faire droit à ses exigences, car elle ne demande que des choses utiles au but où elle tend ; mais lorsqu'elle aspire à une révolution et à sa ruine, lorsque le vertige s'est emparé d'elle, la sagesse ne peut conseiller de céder à tous ses caprices maladifs et pernicieux. Le roi Louis XVI était trop jeune pour savoir faire cette distinction, et le comte de Maurepas, sur les conseils duquel il se guidait, n'était rien moins que l'incarnation de la sagesse politique. On vit donc apparaître successivement aux affaires l'encyclopédiste Turgot, homme de chiffres et non de gouvernement ; le philosophe Malesherbes, en qui le mélange de sentiments monarchiques individuels et d'idées réformatrices prouve au moins quelque absence de logique ; le cardinal de Loménie, athée en chapeau rouge ; Saint-Germain, autre matérialiste nobiliaire, et enfin le banquier protestant Necker, véritable type de l'aristocratie d'argent. 

    Ainsi, toutes les nuances du parti novateur eurent successivement des représentants au ministère. La monarchie était désormais à la discrétion de ses ennemis, qui n'eurent plus besoin de mettre dans leurs manœuvres un hypocrite ménagement. Les parlements furent rétablis sur leurs anciennes bases, sans que l'on prît aucune précaution contre leur esprit d'opposition, encore aiguisé par la vengeance et par le triomphe qu'ils obtenaient. On ne tarda pas à retrouver les membres de cette compagnie toujours prêts à favoriser les factieux et à compliquer les difficultés où la couronne était engagée. La première faute du gouvernement de Louis XVI, faute capitale, et d'où dérive directement la catastrophe qui le termina, fut de s'égarer dans une foule de réformes, ou, pour mieux dire, de changements partiels, avant d'avoir ressaisi l'autorité souveraine et rétabli la bonne administration du Royaume. On ne faisait par-là qu'encourager les prétentions des conspirateurs, sans s'être assuré les moyens de les réprimer. L'énergie n'était point d'ailleurs une qualité du caractère du roi Louis XVI. Tout concourait donc à exagérer l'audace des révolutionnaires, qui déjà succédaient aux philosophes, dont ils ne faisaient au reste qu'appliquer les doctrines. Poussés tour à tour par cette opinion publique dont Louis XVI s'était imposé de suivre toutes les phases, les ministres, qui apparaissaient sur la scène des affaires pour en descendre au bout de quelques mois, apportaient chacun leur petite réforme, suivant la direction de leur esprit ; mais tous encourageaient l'effervescence démocratique de la nation.

    Tandis que l'on changeait le mode de perception des impôts, que la royauté renonçait aux lettres de cachet, arme qui eût été utile contre les chefs de faction; que l'on détruisait la Maison du roi, dont la loyauté faisait contraste avec l'esprit de beaucoup d'autres corps; tandis que l'on méditait la ruine du clergé français,  cet antique et magnifique monument, si monarchique et si national à la fois; tandis que l'on abolissait la torture, tombée depuis longtemps en désuétude, et qu'on s'amusait à rechercher les vestiges de corvées et de servitudes qui existaient encore, afin de les effacer, on laissait aux écrivains et aux parleurs liberté entière d'imprimer et de colporter les principes les plus immoraux et les plus subversifs. On les laissait préconiser le culte de la raison (nous répétons cette expression philosophique, sans vouloir l'expliquer), poser comme base de leur système politique l'égalité (nous ne faisons encore que répéter), et arriver à mettre les faits à la place du droit. La royauté en était venue à se déchirer elle-même les entrailles : on vit paraître une déclaration royale portant qu'une colonie, pour s'affranchir de tout tribut vis-à-vis de la métropole, n'avait besoin que de se déclarer indépendante. Cette déclaration fut proclamée à propos de la guerre de l'Amérique et de l'Angleterre. Dans cette guerre, la France, fidèle à son nouveau principe de guerroyer sans but, épuisa ses finances, et prodigua le sang de sa jeune noblesse pour s'acquérir la haine redoutable de l'Angleterre et l'amitié, assez équivoque et fort inutile, des Américains. 

    L'honneur d'avoir combattu victorieusement ne pouvait d'ailleurs compenser le mal que devait causer en France l'importation des idées républicaines. Les jeunes seigneurs, compagnons de Washington, durent préconiser à leur retour ce qui était en quelque sorte l'âme de leur gloire. Le dogme de la souveraineté du peuple sortit naturellement de ces faits et de cette conduite. On ne doit plus s'étonner lorsqu'on voit une autre déclaration royale, provoquée par le cardinal de Loménie, appeler les gens de Lettres à proposer le meilleur mode pour la convocation des Etats généraux. On se plaçait ainsi dans le lit même du torrent. C'est encore le parlement qui poussa le gouvernement à convoquer les Etats généraux, mesure formidable, que l'on ne devait peut-être employer qu'à des époques de crise extérieure, et lorsqu'un intérêt commun et évident ralliait la nation autour du trône, mais non pas, certes, lorsque les institutions de la monarchie auraient eu besoin d'une protection dictatoriale. Le ministre des Finances, Calonne, avait au préalable assemblé les notables ; mais les factieux parvinrent, par leurs manœuvres, à neutraliser l'effet qu'eût pu produire cette assemblée, composée en grande partie de membres du clergé et de la noblesse, et il n'en résulta que la divulgation de la faiblesse du pouvoir et du désordre des affaires. 

    Ce fut alors que les parlements, qui s'étaient jetés à la tête du parti réformateur, intriguèrent pour faire rassembler les Etats généraux, où ils espéraient dominer par la connaissance de la jurisprudence et l'habitude de la parole. Cette mesure était présentée comme le seul moyen de satisfaire la nation et de tirer la royauté des difficultés où elle se perdait. Elle fut adoptée, comme nous venons de le dire. La monarchie n'allait point à sa perte pas à pas, elle semblait n'y pouvoir arriver assez vite. En convoquant les Etats généraux suivant les formes anciennement usitées, on eût encore excité des troubles, mais en donnant aux Tiers Etat un nombre de représentants égal à celui des représentants du Clergé et de la Noblesse réunis on rendait un bouleversement général inévitable. Les princes du sang protestèrent en vain contre cette innovation. La première assemblée des Etats eut lieu le 5 mai 1789. Les députés du Tiers Etat, laissant bien en arrière toutes les prétentions des parlements, se constituèrent tout d'abord en assemblée nationale, et l’évolution commença. Le pouvoir ne sut prendre d'autre mesure contre cette déclaration plus que menaçante que de faire suspendre les séances et fermer la salle où elles se tenaient. Le Tiers Etat répondit à cette dérisoire répression par le serment du Jeu de paume. On ne peut comprendre que cette éclatante rébellion n'ait pas enfin dessillé les yeux du monarque ; qu'il n'ait pas vu à ce moment qu'il n'y avait plus d'accommodement possible, et qu'il ne se soit pas résolu à défendre ses droits à force ouverte. Son malheur fut de ne pas comprendre que le bonheur de la nation dépendait du maintien des institutions monarchiques, et de croire que le roi peut gouverner ses sujets sous leur propre tutelle.

    Après une lutte de quelques jours, soutenue d'une part avec une modérisation déplorable et des concessions ruineuses, de l'autre avec une insolence sans bornes et des exigences impitoyables, l'Assemblée prétendue nationale resta maîtresse du terrain. Le Clergé et la Noblesse reçurent ordre de se réunir au Tiers Etat. Louis XVI déclara qu'il ne voulait pas qu'un seul homme pérît pour sa querelle. Et c'était le sort de dix générations peut-être qu'il compromettait par son aveugle faiblesse ! L'ancien mode de délibération par ordre fut rejeté bien loin : il n'y eut dans l'assemblée d'autre division que celle des partis, qui, partagés par des vues d'ambition et d'intérêt personnel, se réunissaient pour le renversement des anciennes institutions. Les faibles étaient entraînés, les bons étaient écrasés par la véhémence des factieux. La déclaration des Droits de l'Homme, rejetée dans les bureaux, fut adoptée par l'assemblée réunie. Tandis que l'anarchie régnait parmi les gouvernants, il était difficile que l'ordre se conservât parmi les masses. Tandis qu'on abolissait à l'Assemblée nationale la Constitution monarchique, il était difficile que le peuple conservât pour le monarque et pour les Grands le respect qui leur était dû. A la vue des périls matériels qui menaçaient la France, Louis XVI eut une dernière velléité d'énergie : le maréchal de Broglie, qui était à la tête de quarante mille hommes de bonnes troupes, fut mandé à Paris. La populace de Paris n'eut besoin, pour faire retirer cette mesure, que de se soulever, de s'emparer de la Bastille, de piller les arsenaux et de massacrer quelques citoyens fidèles. A partir de ce moment, Louis XVI se prépara au martyre, et ne songea sans doute plus à se montrer en roi. Il se prêta à tout ce qu'on exigea de lui, se mit complètement à la merci des constituants, se laissa mener en triomphe à Paris, dépouiller de ses gardes et décorer de la cocarde aux trois couleurs, signe de ralliement des factieux. Le président de l'Assemblée nationale lui adressa par forme de compliment ces paroles : « Henri IV, votre aïeul, avait conquis son peuple ; c'est le peuple aujourd'hui qui a conquis son roi ».

    Peu de mois après, un soulèvement des Parisiens alla de nouveau l'arracher au palais de Versailles : il fut ramené à Paris avec toute sa famille et emprisonné dans le palais des Tuileries. Les circonstances les plus hideuses accompagnèrent cet enlèvement. L'Assemblée nationale, comme un essaim de vautours acharnés sur leur proie, se transporta à Paris à la suite du malheureux roi. Dès lors, on ne sait plus ce dont on doit le plus s'étonner, ou de la résignation du monarque, ou de la fureur de ses ennemis. Celui-là n'était jamais las de faire des concessions nouvelles, espérant dans son aveuglement épargner le sang de ses sujets, en sacrifiant les lois qui les protégeaient ; ceux-ci, cependant, retenus par des considérations extérieures et par une habitude de respect héréditaire, n'osaient encore abolir complètement la royauté, et s'en dédommageaient par le supplice continuel auquel ils avaient voué le roi. Le trône était en effet tout ce qu'il restait du Royaume de France. Les parlements, le Clergé, la Noblesse, la législation, l'armée, les finances, le système de la propriété, tout le reste était anéanti, et, par une dérision amère, on demandait au roi, pour tous les décrets, une approbation qu'il ne pouvait refuser.

    Nous ne parlerons pas des divers ministères qui se succédèrent à cette époque aux affaires, et qui tous n'étaient que des reflets de l'Assemblée constituante. Ce terrible pouvoir émané de lui-même, et ne relevant de rien ni de personne, ne pouvait être de longue durée ; il éprouva la réaction du mouvement destructeur qu'il avait opéré en France ; il fut obligé de s'effacer et de faire place à une Assemblée législative qui devait rétablir un autre état de choses à la place de celui qu'on avait renversé, mais qui ne pouvait en réalité que continuer l'œuvre inachevée de la Révolution et sanctionner la souveraineté de l'anarchie. Des princes avaient depuis longtemps quitté la France ; ils avaient pris ce parti à la prière du roi lui-même : beaucoup de membres de la noblesse et des classes de la société qui s'y rattachaient avaient aussi émigré. Les partisans de la monarchie n'avaient de choix à faire qu'entre la fuite et le martyre. La résistance était impossible. Le roi la défendait absolument. Il s'y opposait de tout le pouvoir qui lui restait ; et lorsque l'autorité royale était ainsi méconnue et attaquée, il était difficile aux citoyens fidèles de refuser au roi leur obéissance, fût-ce même dans son propre intérêt. Ce fut alors que l'on put voir combien en nivelant la noblesse Richelieu et Louis XIV avaient affaibli la monarchie. Les grands seigneurs s'étaient appauvris et corrompus dans l'existence oisive et luxueuse de la cour. Au lieu de s'endurcir les bras et d'aguerrir leur esprit comme leurs pères, dans les périls, dans les révoltes et les conspirations quand la guerre manquait, ils se rapetissaient et s'amollissaient en des intrigues mesquines. Au lieu d'avoir des partisans et de marcher entourés de jeunes gentilshommes, ils portaient des broderies et des diamants, ils avaient des voitures et des laquais dorés. Si la France n'eût été composée que de nobles, c'eût été merveille ; mais derrière eux se trouvait le peuple, qui, dressant la tête par-dessus la noblesse à mesure qu'elle s'affaiblissait, devait tôt ou tard être saisi d'une de ces fureurs qu'il puise dans l'ignorance de son impuissance morale, et qui se résolvent par le massacre et la dévastation.

    Quand la nouvelle jacquerie éclata, on n'avait plus pour l'arrêter à sa naissance ces escadrons de chevaliers puissants par leurs armes, plus puissants encore par l'esprit commun qui les animait. Beaucoup de seigneurs de la cour, de ceux-là même pour qui les Bourbons avaient le plus fait, abdiquèrent leur qualité et se confondirent dans les rangs des démagogues.

    La noblesse de province, demeurée pour la plupart fidèle, ne trouva aucun grand nom pour lui servir de drapeau et de signal de réunion ; ce grand corps qui comptait dans son sein quatre-vingt mille familles, s'écroula sans opposer de résistance, faute de point d'appui. L'armée de Condé et de Quiberon appartiennent aux corps d'officiers de terre et de mer. L'héroïque protestation de la Vendée appartient à l'esprit religieux et au peuple. La noblesse n'existait plus comme corps politique ; ce fait, lentement accompli, s'était seulement révélé quand une commotion avait assailli l'Etat. Les gentilshommes ne se devaient plus, dès lors, de comptes qu'à eux-mêmes. Ceux qui ne désespéraient pas de l'avenir allaient dans l'exil attendre des jours meilleurs, gardant précieusement dans leur sein le souvenir d'une patrie qui ne devait offrir désormais qu'un tombeau aux plus heureux d'entre eux. Les autres, ceux qui pensèrent que tout était fini, et qui voulaient s'ensevelir sous les ruines de la monarchie, après avoir vu leurs châteaux réduits en cendres, montaient sur les échafauds, jetaient sur la foule un regard tranquille, dédaigneux et laissaient prendre leur tête au bourreau. C'était ainsi qu'ils mouraient ! L'assassinat ne les prenait pas plus au dépourvu qu'une exécution publique.

    Quant à ceux qui se jetèrent dans le parti révolutionnaire, il nous est difficile de trouver dans ce fait une tradition des anciennes révoltes nobiliaires, des guerres de la Ligue ou de la Fronde, dans lesquelles la noblesse agissait collectivement et ne combattait l'autorité royale qu'à son profit, tandis qu'à l'époque de la Révolution de 1789, les Noailles, les La Rochefoucauld, les Montesquiou, les Lauzun, enfin tous les seigneurs qui se réunirent au Tiers-Etat, ayant renoncé à leurs titres et à leurs privilèges, n'étaient mus que par l'intérêt de la nation, sinon par des vues d'ambition personnelle. Ils furent au moins coupables d'impéritie. Le moment arriva où les assassins organisés qui campaient dans Paris, dignes satellites de ceux qui gouvernaient la France, se sentirent assez aguerris au crime pour attenter à la personne du roi. Quand on voit vingt-mille hommes armés envahir les Tuileries dans un but meurtrier, briser les portes avec la hache, traîner des canons dans les appartements, et s'arrêter devant la majesté royale, toute dépouillée qu'elle leur apparaisse, on peut conclure de là que le respect, l'autorité et le nom du roi s'étaient progressivement acquis en France, et quels longs souvenirs de bienfaits et de gloire s'y rattachaient.

    C'est le 20 juin 1792 qu'eut lieu cette attaque, organisée par ceux qui disposaient du pouvoir, et qui, ayant manqué son but, demeura impunie. Deux mois ne s'étaient pas écoulés qu'un nouveau soulèvement plus formidable encore se rua sur le palais des Tuileries. Un combat s'engagea entre les hordes des factieux et quelques bataillons de la garde nationale et des gardes suisses, que conduisaient des serviteurs fidèles. Le succès dans cette circonstance ne pouvait sans doute réparer tous les maux causés par la faiblesse du prince : mais il était de son devoir de s'attacher à la moindre chance de salut. Alors, comme auparavant, Louis XVI ne jugea point ainsi. La clémence absorbait en lui toutes les facultés royales. Il alla lui-même rassurer les députés qui tremblaient sur leurs bancs en entendant les coups de fusil retentir et qui craignaient que les soldats, vainqueurs des sicaires, ne voulussent aussi en finir avec les chefs. Le roi envoya l'ordre à ses défenseurs de cesser le combat. L'Assemblée reconnut cet acte de bonté en prononçant trois jours après la déchéance du monarque, qui fut conduit avec sa famille à la prison du Temple.

    C'en était assez pour l'Assemblée législative, qui céda la place à la Convention. La Constituante avait dépouillé la royauté du cortège d'institutions qui la soutenaient : la Législative l'avait anéantie. Il fallut une troisième assemblée pour sceller du meurtre du roi l'abolissement du pouvoir royal. On s'est étonné et indigné de l'attitude passive que conserva toute l'Europe en présence de cette grande perturbation. Les gouvernements furent effrayés de l'énergie que déployait la nation française ; ils la laissaient s'épuiser et se déchirer elle-même, confondant cette révolution avec les révolutions accidentelles, attendant le moment favorable pour une invasion, et rêvant le partage de notre territoire. Ils ne se crurent point intéressés dans la question, et ne purent déplorer bien sincèrement la chute d'une Maison royale qui avait arraché quelques fleurons à presque toute les couronnes de l'Europe. Les faibles tentatives de la Prusse pour venir au secours de Louis XVI ne firent que servir de prétexte aux bourreaux de ce malheureux prince. Déclaré en état d'accusation comme coupable d'attentat à la sûreté du peuple français, il fut mandé à la barre de la Convention, dont il ne récusa pas la compétence. Chose étrange ! La Convention accueillit avidement cette suprême concession de Louis XVI. Nous ne donnerons point de détails sur ce procès, nous ne le qualifierons point, nous ne discuterons pas non plus (à Dieu ne plaise !) la compétence d'une nation à juger son chef : les résultats de ce fait en ont suffisamment démontré l'iniquité.

    C'est le 17 janvier 1793 que fut prononcée cette sentence de mort qui couvait depuis si longtemps dans le cœur des juges. Elle fut exécutée le 21 janvier. Le roi se montra en présence du supplice ce qu'il avait toujours été au milieu des hurlements d'une multitude furieuse et sous les outrages de son emprisonnement. Il fut sublime de calme, de résignation et de courage. Sa fermeté auguste ne l'abandonna ni pendant ses adieux à la reine et à ses enfants, ni sur le faîte de l'échafaud. Il protesta de son innocence et pria Dieu de ne point faire retomber son sang sur la France. Mais sa voix n'arrivait qu'aux oreilles endurcies des soldats qui de toutes parts entouraient l'échafaud. Le bruit des tambours la couvrit bientôt. La tête de Louis XVI tomba, et fut présenté à la foule par la main du bourreau.

    Des cris de Vive la République ! s'élevèrent alors du sein du morne silence qu'avait gardé le peuple pendant l'exécution. On put croire qu'il cherchait à s'étourdir et qu'il invoquait l'avenir pour oublier le passé. »  

    A lire dans Lafautearousseau … 

    Histoire • Rois de France, de Balzac : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle [II]

    Histoire • Rois de France, de Balzac, republié par Péroncel-Hugoz : Présentation [I]

    Sortie au Maroc de « ROIS DE FRANCE suivi de NAPOLEON » , essai de Balzac paru en 1837 et indisponible depuis 1950

  • Société & Actualité • Affaires et moraline : Un système par essence immoral ...

     

    823330531.jpgAinsi, moins de trois semaines après son élection à la présidence de la République, malgré le luxe de précautions mis en œuvre - et affiché - malgré ses prétentions à l'exemplarité, à la probité, etc. Emmanuel Macron, à la même enseigne que son médiocre prédécesseur, se trouve confronté à la première affaire de son jeune quinquennat. Jeune, comme lui. Peut-être à tous les sens du qualificatif, y compris celui qui est péjoratif ...

    Dans cette brève vidéo - enregistrée sous la présidence de François Hollande - Hilaire de Crémiers montre que le mensonge, l'amoralité, sont non pas accidentels, mais foncièrement constitutifs du régime. Ils en imprègnent les hommes; deviennent un fait institutionnel et, par contagion, un fait social. A quoi s'ajoute la moraline intéressée dispensée par les médias et la vigilance avide de pouvoir des juges.

    De quoi méditer en profondeur sur notre actualité ...   

     

    Un Systeme par essence immoral - LAFAUTEAROUSSEAU- Vimeo - 6'36''

  • Humeur & Actualité • André Bercoff : « La morale c'est comme la culture, moins on en a, plus on l'étale »

     

    Par André Bercoff     

    Nos lecteurs savent que nous apprécions les articles d'André Bercoff. Pour son style, sa langue, simple, directe, fleurie. Mais aussi pour sa lucidité, son bon sens, sa capacité à voir la réalité en face, d'un regard sans détours, à dire les choses telles qu'elles sont. Sur fond d'affaire Ferrand, André Bercoff dénonce ici [Figarovox, 26.05] la tartufferie des discours sur la moralisation de la vie publique. On ne peut qu'approuver.  LFAR

     

    449832132.3.jpgDonc, il s'agit de moraliser définitivement la vie politique. De faire en sorte que, désormais, la totalité des princes qui nous gouvernent soit revêtue de probité candide et de lin blanc, sauf à encourir les foudres d'une justice impitoyable.

    Les emplois fictifs de Fillon, les dérives fiscales de Cahuzac, la phobie administrative de Thevenoud, les égarements de Guéant, les fausses factures des vraies campagnes, les rétro-commissions aux partis politiques, tout cela, c'est fini. Chapitre clos. Le président Macron a promis de laver plus blanc..

    Mais que se passe t-il ? Quels sont ces bruits fâcheux qui circulent, alors que le premier gouvernement du nouveau régime vient à peine d'être formé ? Le même Canard qui avait triomphalement ouvert le Fillongate révèle que Richard Ferrand, l'âme de la campagne macronienne, le plus fidèle des grognards, avait contribué à l'enrichissement de son épouse sur le dos de mutualistes bretons, et rémunéré son fils, faute de trouver un non illettré dans sa région.Par ailleurs, à en croire les accusations de Corinne Lepage, le garde des Sceaux, spécialement chargé de rédiger le rapport sur la moralisation de la vie politique, aurait eu à Paris, pendant cinq ans, une secrétaire payée sur les fonds de la députée européenne Marielle de Sarnez, co-fondatrice du Modem et elle-même actuellement ministre. Tout ceci sans compter les vacances subventionnées d'Alain Tourret et les débordements oratoires de Marlène Chiappa.

    Cela fait beaucoup pour un Emmanuel Macron qui a fait de sa virginité politique une vertu et de son exigence éthique un étendard. De deux choses l'une : ou celui-ci est cohérent avec lui-même et vire ceux qui ont fauté, ou c'est business as usual dans la continuation de Hollande par les mêmes moyens. D'autant plus que les Français attendent d'abord, de ceux qu'ils ont élus, tout bêtement, tout simplement, qu'ils fassent leur métier. Le chômage, la dette, la dépense publique, le terrorisme, l'immigration, les désertifications, les déficits : point n'est besoin de continuer un inventaire des problèmes que tous connaissent et qui ne seront pas résolus, loin s'en faut, par l'absorption répétée et surmédiatisée de pilules de moraline à haute dose. Et rappelons à la cohorte des Tartuffe, adeptes, comme d'habitude des deux poids deux mesures que la morale c'est comme la culture : moins on en a, plus on l'étale. Les sermons, comme les serments, ne doivent plus être les alibis du sur-place. Il est minuit, docteur Macron. 

    « De deux choses l'une : ou celui-ci est cohérent avec lui-même et vire ceux qui ont fauté, ou c'est business as usual dans la continuation de Hollande par les mêmes moyens. »

    André Bercoff 

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre, Donald Trump, les raisons de la colère a été publié chez First.           

  • Emmanuel Macron et la Monarchie : ambiguïté ou complicité ?

     

    Par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    1345578492.2.jpgAinsi, la République s'est donné un nouveau président en un dimanche qui, s'il fut d'abord d'élection, fut aussi d'abstention : M. Emmanuel Macron a rassemblé autour de son nom à la fois ceux qui souhaitaient un nouvel élan et ceux qui tremblaient devant un nom qui continue de courir depuis les débuts de la Cinquième République en une dynastie républicaine d'opposition ; ceux qui espéraient et ceux qui craignaient ; ceux qui y croyaient et ceux qui n'y croyaient pas... Élu, l'ancien candidat est reconnu président, même s'il reste encore officiellement [au 8.05] une semaine de présidence Hollande : déjà, il endosse la posture présidentielle avant que d'en arborer les insignes. 

    Et pourtant, dans cette soirée de dimanche fraîche en température et aux places urbaines désertées, hormis les environs du Louvre, la République a semblé prendre les atours de l'ancienne Monarchie, au moins pour quelques minutes... Comme le retour étrange des fantômes d'un palais qui fût celui des rois avant de devenir le musée de la nation. Ce soir-là, ce n'était plus la Bastille détruite ni la République triomphante de Léopold Morice qui accueillaient le nouvel élu, mais la colonnade de Claude Perrault et les échos des Tuileries, comme une sorte d'hommage à ce qui avait permis à la France d'être et de paraître, à ces rois qui, selon la formule célèbre, « ont fait la France » avant que la République ne s'y installe. L'avancée solitaire au rythme de l'hymne européen (mais qui, pour beaucoup, est d'abord une musique classique de « majesté »...) dans une sorte de lumière irréelle et avec une solennelle lenteur, pouvait rappeler la cérémonie d'un sacre sous les voûtes de la cathédrale de Reims et cette même symbolique d'un homme entrant dans l'histoire par la porte du Pouvoir. Les journalistes les plus avisés ne s'y sont pas trompés, évoquant l'aspect « monarchique, royal, voire royaliste » de cette étrange entrée en présidence, avant même la cérémonie de passation des pouvoirs du 14 suivant ! Un de mes correspondants du soir résumait tout cela en une formule lapidaire : « l'hommage du vice à la vertu »... 

    louvre.jpgMais il nous faut avouer un sentiment étrange : M. Macron fait effectivement appel à ce qui fait vibrer notre fibre monarchique, et certains royalistes n'y sont pas indifférents, comme le prouvent quelques uns des noms qui l'accompagnent, dont celui de Stéphane Bern qui incarne, pour nombre de nos concitoyens, cet amour de la France et de son histoire, plus royal que républicain. Et ce n'est pas la première fois qu'il rappelle aux Français leurs racines nationales et royales, de son discours d'hommage à Jeanne d'Arc à Orléans à sa visite au Puy-du-Fou aux côtés de Philippe de Villiers. Sans oublier non plus cet entretien de juillet 2015, publié dans Le 1, dans lequel il souligne l'incomplétude de la démocratie et toute l'importance de l'incarnation royale, de « la figure du Roi » qui manque à la France : « La démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le Roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. » Ce passage de l'entretien fait désormais partie de ces morceaux de papier que l'on range dans le portefeuille pour le ressortir à l'occasion, comme une sorte de talisman intellectuel... ou de rappel utile ! 

    leprince-et-emmanuel-macron.pngMais M. Macron n'est pas le Roi, nous le savons et nous le redisons, et, si je lui reconnais cette volonté de renouer avec une part monarchique de l'héritage français, ses liens forts avec l'oligarchie financière et son européisme revendiqué ne peuvent qu'inquiéter ceux qui pensent le social sans négliger les devoirs de l'économique : l'élu présidentiel saura-t-il sortir de sa posture de candidat des élites pour devenir ce Chef de l’État qui se doit d'être celui de tous, y compris des plus faibles, pour rendre au Politique ses lettres de noblesse sociale ? Laissons le temps à l'avenir de trancher avant que cela soit celui de l'histoire ! 

    Et si, au bout du compte et au fond de l'impasse de la République, c'était « la figure du Roi » qui, justement, sortait de ce nouveau règne élyséen, comme un « complément » ou, mieux, comme la seule et juste alternative politique et institutionnelle ? Il n'est pas interdit de le croire, ni impossible de le préparer : après tout, le rôle des royalistes n'est pas de suivre les fourgons de la République mais de monter dans les locomotives de l'histoire... 

    Photo ci-dessus : Le Prince Jean de France et Emmanuel Macron se sont rencontrés à l'inauguration du Musée de Thiron-Gardais. 

    Le blog de Jean-Philippe CHAUVIN