Culture • Au Mucem de Marseille, plus belle l’expansion musulmane
ParJean-Paul Brighelli
On sait que nous aimons les textes de Jean-Paul Brighelli, son style, son expression directe et sans ambages, son érudition, son bon sens, son non-conformisme, devenu, de nos jours, une qualité des plus appréciables. . Même, ajouterons-nous, si nous ne partageons pas toutes ses idées. L'article qui suit - paru sur son blog le 22.08 - ne fait que nous conforter dans nos appréciations. LFAR
L’exposition sur les « aventuriers des mers » du musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) est en fait une ode à l’expansion musulmane.
Je venais de traverser le Panier, qui comme son nom l’indique est une colline au-dessus du port de Marseille, et en redescendant, je suis tombé sur l’immense esplanade désespérée qui mène au MUCEM. « Aventuriers des mers » : un programme d’autant plus alléchant que l’Inspection générale a eu la bonne idée de décréter que le thème des prépas scientifiques, cette année, serait justement l’Aventure (Homère, Conrad, Jankelevitch).
Quoiqu’échaudé déjà par quelques expositions médiocres montées dans ce cube de dentelles noires construit lorsque Marseille était capitale européenne de la culture (non, non, ne riez pas), ce MUCEM dont les collections permanentes n’ont ni rime ni raison — une juxtaposition d’objets hétéroclites et ethniques —, je me suis risqué.
La citation d’Albert Londres, à l’entrée, faisait bon genre — beau sujet de dissert en perspective : « Dans le même voyage, l’homme de terre et l’homme de mer ont deux buts différents. Le but du premier est d’arriver, le but du deuxième est de repartir. La terre nous tire vers le passé, la mer les tire vers le futur. » C’est dans Marseille, porte du sud, publié en 1927. J’aime beaucoup Albert Londres, qui pensait que le métier de journaliste consiste à « porter la plume dans la plaie ». Tout un monde — disparu. Londres mourut dans l’incendie du Georges Philippar, quelque part au large d’Aden, en 1932, peut-être allumé pour lui : notre grandeur se mesure à la taille des bûchers qu’on nous prépare. C’est ça aussi, l’aventure — le risque du naufrage.
Bref, je suis entré plus avant dans l’expo animé des meilleures intentions.
J’aurais dû me méfier en constatant que le premier « document » présenté était un extrait du Coran. J’aurais dû préparer ma visite en me rendant sur le site du MUCEM, où Vincent Giovannoni, conservateur du musée et commissaire de l’exposition, déclare : « L’exposition débute par la mise en place, au VIIe siècle, d’un empire des deux mers, celui des Omeyyades qui, régnant sur la mer Méditerranée et l’océan Indien, va permettre le développement du commerce maritime entre ces deux mondes. » Cet intéressant garçon, ethnologue (qui ne l’est pas ?) spécialiste des techniques de pêche dans l’étang de Thau, continue sur sa lancée : « Et puis, en commerçant, on rencontre « l’autre ». De l’histoire de ces rencontres, l’exposition n’élude ni l’esclavage, ni les tentatives d’évangélisation entreprises par les Européens. Elle raconte mille ans de projets commerciaux et, au final, de guerres économiques entre l’Orient et l’Occident. » C’est sûr que seul l’Occident (les « tentatives d’évangélisation », hein…) s’est rendu coupable d’esclavage et de colonisation. Que les Arabes aient conquis au VIIème siècle un immense empire par le fer et par le feu ; que les Turcs le leur aient subtilisé en appliquant les mêmes méthodes, en pire ; que les uns et les autres aient pratiqué les conversions forcées, les massacres, le pal en série, l’esclavage à bien plus grande échelle que l’Occident négrier, tout cela ne compte pas. La culpabilité sera chrétienne ou ne sera pas. Ici les bourreaux et là-bas les pauvres victimes.
J’aurais surtout dû savoir que l’exposition était la reprise — avec moins d’ampleur, d’intelligence et d’objets présentés — d’une exposition présentée à l’Institut du Monde Arabe (IMA) en 2016.
Or, quel était le fil conducteur de l’expo parisienne ? « Guidés par Sindbad le marin de légende, al-Idrîsî le géographe, Ibn Battûta l’explorateur et bien d’autres encore, embarquez au côté des Arabes, maîtres des mers, et des grands navigateurs européens qui empruntèrent leurs routes, pour un fabuleux périple en Méditerranée et jusqu’aux confins de l’océan Indien. Des débuts de l’islam à l’aube du XVIIe siècle, une aventure en mer à voir et à vivre, au fil d’un parcours immersif exceptionnel mêlant son, images et procédés optiques. D’extraordinaires récits de voyages ont conté la richesse des échanges maritimes entre les mers de l’Ancien Monde. Les plus fameux des témoins-voyageurs partagent avec vous ces fabuleux récits, fils d’Ariane de l’exposition. Ils vous emmènent à la croisée de l’or d’Afrique et de l’argent d’Occident, des monnaies grecques et des diamants de Golconde, des verreries d’Alexandrie, de Venise ou de Bohême et des porcelaines, des soieries et des épices venues de Chine et des Moluques. »
Ainsi parlait le prospectus de présentation, en toute logique . Explorateurs et aventuriers ont peut-être des pensées de commerce et de lucre, mais l’inspiration initiale leur vient des mythes littéraires. L’Occident s’est enté sur Ulysse et Enée, l’Odyssée et l’Enéide, l’Orient sur Sindbad et les 1001 nuits. On « fait comme » — puis on dépasse la légende pour construire la sienne. Les navigateurs arabes sont partis eux aussi à la poursuite d’un rêve, des démons et merveilles comme cet oiseau Rukhkh (ou Roc, dans les traductions françaises) qui s’en prend justement au navire de Sindbad.
Mais que nous dit l’illustrissimo facchino Vincent Giovannoni ? « Le Mucem étant un musée de civilisations, plutôt que de valoriser les « héros », nous faisons la part belle aux cultures, aux civilisations et aux échanges. (…) Ce qui nous importe enfin, c’est les relations interculturelles, les échanges entre les civilisations. »
Le voyez-vous pointer le bout de son nez, notre spécialiste de la pêche du loup aux leurres ? Des produits d’artisanats divers, des casiers pleins d’épices, des bouts de tissus et des tapis persans. Mais de héros et de grands voyageurs, peu de nouvelles.
On y présente par exemple l’extraordinaire mappemonde de Fra Mauro, réalisée vers 1450 et à lire tête bêche, à l’époque on mettait le sud en haut (si vous voulez en savoir plus, lire le Rêve du cartographe, de James Cowan, Ed. Hozholi, 2015), d’une précision qui suppose une enquête minutieuse, sans nous dire que le moine vénitien — aidé d’un marin et cartographe de la ville, Andrea Bianco — s’est appuyé entre autres sur le récit de Nicolò de’ Conti, qui entre 1414 et 1440 parcourut le Moyen-Orient, navigua sur le golfe persique, passa le détroit d’Ormuz, atteignit les Indes, descendit à Ceylan, puis Sumatra, le golfe du Bengale, la
Birmanie, la Malaisie — et retour, un homme que les gentils Musulmans de l’époque obligèrent, lui et sa famille, à se convertir à l’islam sous peine de mort. C’est même à cette apostasie pas du tout imposée que l’on doit le récit de son voyage, car le pape auquel il était allé demander pardon du sacrilège consentit à le ramener dans le sein de la chrétienté pourvu qu’il raconte son périple à son secrétaire, Poggio Bracciolini. D’où la mine d’informations dont a bénéficié Fra Mauro pour établir sa carte.
Et Nicolò de’ Conti n’était pas le seul, splendides aventuriers qui ne devaient rien — mais alors, rien — à l’expansion arabe.
Je ne veux pas avoir l’air de dénigrer. L’exposition du MUCEM est encore riche d’objets précieux, comme ce bézoard (la panacée, l’anti-poison miracle, le remède des remèdes, comme la corne de rhinocéros pilée ou les poils de tigre) ramené des Indes [ci-contre].
Ou cette tapisserie monumentale illustrant l’arrivée de Vasco de Gama à Calicut.
A la fin de l’expo — mais on ne comprend pas pourquoi elle finit là si l’on ne sait pas, depuis le début, qu’elle ne se préoccupe en fait que de l’expansion musulmane —, un tableau vénitien magistral, quoiqu’un peu fouillis, célèbre la bataille de Lépante, « la meravigliosa gran vitoria data da Dio », comme dit la légende au bas de la toile,où les bateaux de Don Juan d’Autriche ont flanqué la raclée aux galères turques. À côté de moi, une jeune femme accrochée au bras d’un monsieur un peu plus âgé murmura à son compagnon : « Et à votre avis, il est où, Cervantès, dans ce fatras ? Et est-ce qu’il a déjà perdu son bras ? »

L’arrivée de Vasco de Gama à Calicut.

La bataille de Lépante
J’ai acheté le catalogue, splendide et intelligent, qui vous dispensera de l’expo, et je suis ressorti. Il faisait toujours beau. Sur la façade du MUCEM était annoncée la prochaine manifestation culturelle : Je gage que celle-là sera 100% marseillaise, et qu’y officiera peut-être Christian Bromberger, prof d’ethnologie à la fac d’Aix — c’est lui qui a dirigé la thèse aquatique de Vincent Giovannoni. Il a une double spécialité : l’Iran moderne et le foot. Deux beaux sujets pour célébrer la paix et la fraternité. •

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Il s’agit ici - l'actualité nous y invite - de réfléchir, avec un certain recul et de façon, bien-sûr, non exhaustive, sur ce que sont, au fond, les rapports entre l'Islam et l'Europe (la Chrétienté, l'Occident) depuis treize siècles.
La première invasion, par le sud-ouest et l'Espagne
Les troupes que commandaient ces Émirs arabes, venus donc de

Depuis le début de la guerre en Syrie, Israël soutient directement plusieurs groupes islamistes syriens. Armes, argent, médicaments ont été fournis en quantité importante aux djihadistes, en particulier le long de la frontière commune aux deux pays, sur le plateau du Golan.
Ainsi de Barcelone à Rotterdam, en passant par Paris, de l'Espagne aux Pays-Bas, axe historique s'il en est, de Londres à Berlin, de Nice à Birmingham ou à Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande, se dessine aujourd'hui toute une cartographie de la nouvelle offensive de l'Islam contre l'Europe, sans plus laisser beaucoup d'espaces, de peuples, d'Etats,
Le temps des vacances scolaires n'est pas encore fini mais, déjà, la rentrée politique s'amorce, et c'est aussi vrai pour mon compte, après un été d'écoute, de lecture, de réflexion mais aussi d'écriture et de terrain, en particulier en Bretagne, de Lancieux à Etel, en passant par Rennes, Dinan et Auray entre autres. Si un dos souffrant m'a empêché de coller autant d'affiches que les étés précédents, mon royalisme n'en est pas moins renforcé par les témoignages recueillis et les observations faites durant mes pérégrinations armoricaines, et la pratique régulière d'un « empirisme organisateur » qui n'est pas inutile pour saisir les causes derrière les faits et pour proposer de concrètes solutions aux problèmes contemporains.
Si l'on veut vraiment une démocratie active, appropriée aux enjeux contemporains et renouant avec la nécessaire subsidiarité, inséparable de la proximité, une démocratie d'exercice de ces multiples formes de « pays réel » trop souvent négligées ou marginalisées par la centralisation parisienne ou bruxelloise, c'est bien la Monarchie royale, sociale et fédérative, qu'il faut instaurer au faîte de l’État. Cette « imagination » n'est pas une utopie, mais, d'une certaine manière, un véritable « retour au réel », contre le « Semble-État » actuel, déjà dénoncé par Pierre Boutang dans les années 1970.


Le refus de l’enracinement est certainement un des traits caractéristiques de l’idéologie dominante de notre temps. Il trouve des relais à gauche comme à droite. En fait, l'orgueil commun à la gauche radicale « altermondialiste » et à la droite néolibérale globaliste, c’est de regarder la patrie (et plus particulièrement sa patrie) avec condescendance et mépriser ouvertement ceux qui y tiennent, comme s’ils étaient des attardés enfermés dans une époque révolue, et résolus à ne pas en sortir. C’est une forme d’orgueil qui se veut progressiste. Ils sont nombreux à s’en réclamer chez ceux qui se veulent éclairés et à l’avant-garde.
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La décision de retirer la statue du général Lee à Charlottesville n'était pas - la suite l'a montré - un acte d'apaisement mémoriel ni de paix civile... Les anachroniques et allogènes svastikas brandis par des suprémacistes blancs hallucinés n'étaient, non plus, ni pacifiques ni malignes.
Il y a quelques jours, le général italien Vincenzo Santo, interrogé par un journaliste sur la submersion migratoire actuelle, affirmait : « il suffit d'utiliser l'armée pour la mission qui est à l'origine de sa création, celle de défendre nos frontières. Il est tout à fait possible de mettre le holà à cette immigration désordonnée et massive. En quelques jours, l'armée italienne pourrait y mettre fin ».