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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1301

  • Anniversaire du traité de Rome : « L'Union européenne telle que nous la connaissons est en fin de vie. »

     

    A l'occasion de l'anniversaire du Traité de Rome, Alexandre Devecchio a réalisé ce Grand Entretien avec Coralie Delaume et David Cayla, qui font le point sur l'Union européenne [Figarovox, 24.03]. Telle que nous la connaissons, elle est, selon eux, en fin de vie. Ce qu'ils démontrent au fil d'une analyse serrée, minutieuse et documentée qui intéresse les patriotes français, amis d'une Europe réelle non idéologique. Dont nous sommes.  Lafautearousseau

     

    Ce 25 mars marque le soixantième anniversaire du traité de Rome, acte de naissance symbolique de l'Union européenne. Quel bilan tirez-vous de soixante de construction européenne ?

    Un bilan assez calamiteux, forcément. Il n'y a qu'à voir comment se sont passés les divers anniversaires de ce début d'année. Car celui du traité de Rome n'est pas le premier que l'on « célèbre ». L'année 2017 est aussi celle des 25 ans du traité de Maastricht, et celle des 15 ans de l'euro qui est entré dans nos portefeuilles le 1er janvier 2002.

    Personne n'a eu le cœur à festoyer.Personne n'a pourtant eu le cœur à festoyer. Et pour cause. Les deux années qui viennent de s'écouler ont vu se succéder deux événements majeurs. D'abord la crise grecque de janvier à juillet 2015, qui s'est soldée une mise en coupe réglée de la Grèce. Comme l'explique le spécialiste du pays Olivier Delorme la situation économique du pays est désormais effroyable. Sa dette est très clairement insoutenable, ainsi que le répète inlassablement le FMI, bien plus lucide dans ce domaine que les Européens. Son PIB, qui s'est rétracté d'un quart depuis le début de la crise en 2010, a encore reculé de 0,1 % en 2016. Cela signifie qu'en dépit d'une cure d'austérité digne du Guinness Book, l'économie hellène ne se relève pas. Le fait que Michel Sapin puisse affirmer, au sortir de l'Eurogroupe du 20 mars que « Le drame grec est derrière nous » montre que la « postvérité » et les « alternative facts » ne sont pas l'apanage des « populismes ». Il est évident que le problème grec se reposera très bientôt.

    L'autre événement majeur est évidemment le Brexit, qui sera officiellement enclenché le 29 mars. Symboliquement, c'est un coup très dur pour l'Union européenne, qui se rétracte pour la première fois alors qu'elle n'avait fait jusque-là que s'élargir. On a beau nous seriner que la Grande-Bretagne était très peu intégrée, l'événement reste lourd de sens.

    D'autant qu'en choisissant l'option du « Brexit dur » et en affirmant qu'à un mauvais accord avec l'UE elle préférait « pas d'accord du tout », Theresa May envoie le signal d'un retour du volontarisme en politique, ce qui ne manquera pas de susciter l'intérêt et l'envie dans les pays voisins.

    De plus, contre toute attente, l'économie du pays ne s'effondre pas. Le professeur britannique Robert Skidelsky a récemment expliqué pourquoi dans une tribune parue dans la presse suisse : «la nouvelle situation créée par le Brexit est en fait très différente de ce que les décideurs politiques, presque exclusivement à l'écoute de la City de Londres, avaient prévu. Loin de se sentir dans une moins bonne situation (...), la plupart des électeurs du Leave pensent qu'ils seront mieux lotis à l'avenir grâce au Brexit. Justifié ou non, le fait important à propos de ce sentiment est qu'il existe ». En somme, les Britanniques ont confiance dans l'avenir, et cela suffit à déjouer tous les pronostics alarmistes réalisés sur la foi de modèles mathématiques. Or si la sortie du Royaume-Uni se passe bien économiquement, ça risque là encore de donner des idées aux autres pays.

    L'Union européenne est de moins en moins hospitalière. Les dirigeants européens semblent baisser les bras pour certains, tel Jean-Claude Juncker lâchant un « Merde, que voulez-vous que nous fassions ?» devant le Parlement européen le 1er mars. D'autres s'adonnent carrément à l'injure tel Jeroen Dijsselbloem, le président néerlandais de l'Eurogroupe, affirmant toute honte bue le 21 mars : « Durant la crise de l'euro, les pays du Nord ont fait preuve de solidarité vis-à-vis des pays touchés par la crise. En tant que social-démocrate, j'accorde une très grande importance à la solidarité. Mais [les gens] ont aussi des obligations. On ne peut pas dépenser tous l'argent dans l'alcool et les femmes, et ensuite appeler à l’aide ». Bref, le bilan de la construction européenne en ce jour anniversaire est peu engageant, c'est le moins que l'on puisse dire.

    Votre dernier livre s'intitule La fin de l'Union européenne. Quels pourraient être le scénario de la fin de l'UE. Une nouvelle crise grecque ? La victoire du FN à la présidentielle ?

    D'abord, nous observons que l'Union européenne est déjà en voie de décomposition du fait de son incapacité à faire respecter ses propres règles par les États membres.

    Dans notre livre, nous parlons de la fin de l'Union européenne au présent et non au futur. On a pu observer les déchirements européens à l'occasion de la crise des réfugiés. La Commission a été obligée de suspendre l'application des traités dans l'urgence pour faire face à la désunion. Quant à la crise de la zone euro, elle a été l'occasion de tels déchirements qu'aujourd'hui cette même Commission renonce à sanctionner l'Allemagne pour ses excédents et le Portugal et l'Espagne pour leurs déficits. De même, aucune sanction n'est tombée contre la Hongrie qui a réformé sa Constitution et sa justice de manière à pouvoir contourner l'application du droit européen sur son propre territoire.

    Pourtant, on fait comme si. Les institutions européennes tournent en partie à vide, mais elles tournent, et en France le droit européen continue de s'imposer tout comme la logique d'austérité de s'appliquer. Jusqu'à quand ? Peut-être qu'une victoire du Front national accélérerait la rupture de la France avec les règles européennes et précipiterait son éclatement institutionnel mais rien n'est moins sûr. Encore faudrait-il que Marine Le Pen fasse ce qu'elle promet actuellement, et il n'est pas certain du tout qu'elle en ait les moyens. Avec qui gouvernerait-elle pour avoir une majorité ? Avec une partie de la droite traditionnelle ? Mais cette dernière ne veut absolument pas qu'on touche au statu quo...

    Un autre scénario envisageable serait en effet un défaut grec et une sortie de la Grèce de la zone euro. L'intransigeance allemande pousse de fait ce pays à envisager une stratégie de rupture, car comme on l'a dit précédemment, rien n'est résolu. Le jour où la Grèce fait officiellement défaut, les Allemands vont être contraints à « prendre leurs pertes » et donc à reconnaître ce qu'ils ont toujours refusé jusqu'à présent, c'est-à-dire qu'une union monétaire implique une union de transferts. Pas sûr qu'après cela l'Allemagne que souhaite encore rester dans l'euro.

    Le scénario d'une crise extérieure est aussi envisageable. Après tout, la crise financière de 2008-2009 est venue des États-Unis. Quelle réaction auraient les autorités européennes en cas de nouvelle crise financière mondiale ? Comment l'Allemagne, premier pays créancier au monde, absorberait-elle la perte de son épargne qui ferait suite à une déflagration financière mondiale ? Que se passerait-il si une nouvelle crise touchait par exemple l'Italie ou si une brusque remontée des taux d'intérêt rendait de nombreux pays d'Europe du Sud à nouveau insolvables ?

    Ce ne sont pas les scénarii de crise qui manquent. Ce qui manque, ce sont les scénarii crédibles qui permettrait à l'Union européenne d'en sortir renforcée. Aujourd'hui, on constate une telle divergence entre les économies des pays membres que tout choc externe touchera différemment les pays. Les pays créanciers seront-ils solidaires des pays débiteurs et inversement ? Vu les rapports de forces politiques actuels on peut sérieusement en douter.

    Enfin, il ne faut pas minorer l'importance de ce qui se passe en Europe de l'Est. Début février, le Belge Paul Magnette, pourtant connu pour être un fervent européen, constatait que « L’Europe est en train de se désintégrer ». Puis il lançait cet oukase : « j’espère que le Brexit sera suivi par un Polxit, un Hongrexit, un Bulgxit, un Roumaxit ». C'est iconoclaste, mais c'est lucide. La passe d'armes qui s'est récemment produite entre la Pologne et l'Union autour de la reconduction de Donald Tusk à la présidence du Conseil laissera des traces à Varsovie. Les propos échangés ont été très durs. Le ministre des Affaires étrangères polonais, Witold Waszczykowski, a affirmé que son pays jouerait désormais « un jeu très dur » avec l'UE. Puis d’ajouter : « Nous allons devoir bien sûr abaisser drastiquement notre niveau de confiance envers l'UE. Et aussi nous mettre à mener une politique négative ».

    La chute de l'UE était-elle inscrite dès le départ de son ADN ou s'agissait-il d'une bonne idée qui a été dévoyée ?

    Certains « eurosceptiques » pensent que le ver était dans le fruit, que la personnalité même des « Pères fondateurs » (Monnet, Schumann) souvent proches des États-Unis et/ou des milieux d'affaires portait en germes l'échec de l'Europe, qui ne pouvait être qu'un grand marché intégré un peu amorphe, une sorte de grande Suisse. Ce n'est pas notre avis.

    Il y a eu en effet, pendant toute l'époque gaulliste, un affrontement entre deux visions de l'Europe. Celle de Monnet et des autres « Pères fondateurs », désireux de fonder une Europe supranationale qui échappe aux « passions populaires » et soit confiée aux bons soins de techniciens. C'est elle qui s'est imposée, puisque l'Union européenne est un édifice économico-juridique avant tout, un Marché unique ficelé dans un ensemble de règles de droit qui sapent la souveraineté des pays membres. Cette Europe fait la part belle à l'action d'entités « indépendantes » : Commission, Banque centrale européenne, Cour de justice de l'Union. Celles-ci prennent des décisions majeures mais ne sont jamais soumises au contrôle des citoyens et à la sanction des urnes. On a donc décorrélé la capacité à décider et la responsabilité politique, ce qui est tout de même assez grave pour la démocratie.

    Pourtant, il existait une autre conception de l'Europe, celle des gaullistes. Elle semble d'ailleurs connaître actuellement un regain d'intérêt puisque l'on entend parler à nouveau, si l'on tend l'oreille, « d’Europe européenne ». Il s'agissait de bâtir une Europe intergouvernementale et d'en faire une entité politique indépendante de chacun des deux blocs (c'était en pleine Guerre froide), dont l'objet serait essentiellement de coopérer dans le domaine des Affaires étrangères, de la Défense, de la recherche scientifique, de la culture. Ça a été l'objet des deux plans Fouchet, au début des années 1960, qui ont échoué. Après cet échec, le général de Gaulle n'a pas tout à fait renoncé au projet. Faute d'avoir pu convaincre les Six, il a proposé à l'Allemagne d'Adenauer un traité bilatéral bien connu, le traité de l'Élysée. Ce traité a été signé parce qu'Adenauer y tenait. Le chancelier a toutefois fait l'objet de nombreuses pressions dans son pays, de la part de gens qui ne voulaient absolument pas renoncer au parapluie américain au profit d'un rapprochement franco-allemand. Ceux-là ont donc fait rajouter au traité de l'Élysée un préambule dans lequel il était écrit que le texte ne portait pas préjudice à la loyauté du gouvernement fédéral vis-à-vis de l'OTAN.

    C'est une vieille histoire, celle de l'affrontement de deux visions. Les uns voulaient un marché et des règles de droit intangibles pour cadenasser les peuples. Les autres voulaient créer une entité stratégique indépendante à l'échelle du monde et respectueuse des souverainetés. Rien n'était écrit, c'est l'état des rapports de force de l'époque qui a tranché. En tout état de cause, il est singulier de voir les prétendus gaullistes d'aujourd'hui prêter allégeance à l'Europe telle qu'elle est, et un François Fillon, par exemple, se ruer à Berlin pour promettre des « réformes structurelles » à Angela Merkel...

    Il faut ajouter qu'ensuite, les choses se sont dégradées par paliers. Le traité de Rome, qui créait le Marché commun, a plutôt été une bonne chose pour l'économie du continent. Le marché s'est élargi pour les produits finis des pays membres, et a offert des débouchés supplémentaires à leurs entreprises. Mais la transformation du Marché commun en Marché unique avec la signature de l'Acte unique de 1986 change tout. Pour nous, c'est une date clé. À ce moment-là, ce ne sont plus seulement les marchandises qui circulent librement, ce sont les facteurs mobiles de production, c'est-à-dire le capital productif et le travail. Ils vont naturellement s'agréger dans le centre de l'Europe, alors plus industrialisé donc plus attractif, pour des raisons historiques que nous expliquons longuement. En résulte un phénomène de « polarisation » qui appauvrit les pays de l'Europe périphérique, et enrichit le cœur, notamment l'Allemagne.

    L'Acte unique est donc un virage substantiel. Mais la mise en place de l'euro, qui fluidifie encore les mouvements de capitaux et qui rend l'Allemagne sur compétitive parce qu'il est sous-évalué pour elle, n'arrange rien. Enfin, l'élargissement à l'Est des années 2004 et 2007 est une nouvelle étape, car elle fait entrer dans le Marché unique de très nombreux Européens qui bénéficient de la libre circulation des personnes comme tout le monde, mais dont les salaires et les protections sociales sont bien moindres qu'à l'Ouest. Cela accroît très fortement la mise en concurrence des travailleurs. Les pays de l'Est se sont d'ailleurs spécialisés dans le dumping social.

    Après la chute de l'UE, faudra-t-il reconstruire une nouvelle Europe ? Pourquoi ne pas conserver une partie de ce qui a été construit ? N'y a-t-il rien à sauver de l'Union européenne ?

    Il y a des choses à sauver. Mieux, il y a des choses à développer. Toutefois, cela nécessite que soit préalablement défait l'existant, car l'édifice juridico-économique qu'est l'Union européenne (et qui n'est pas l'Europe, il faut insister là-dessus) met les pays européens en concurrence les uns avec les autres au lieu de les rapprocher. Au point de faire (re)surgir des animosités que l'on croyait hors d'âge, et même de conduire à des propos à la limite du racisme, comme ceux de Dijsselbloem évoqués plus haut.

    Pour la suite, il faudra bien admettre que tout ce qui a marché jusqu'à présent en Europe relève de l'intergouvernemental et ne doit rien à l'Union. On peut donner quelques exemples : Airbus, entreprise d'abord franco-allemande mais ayant attiré à elle les Néerlandais et les Espagnols, justement parce que ça fonctionnait. À ceci près qu'on ne pourrait plus le refaire aujourd'hui, car les règles européennes en vigueur actuellement, notamment la sanctuarisation de la « concurrence non faussée », ne le permettraient pas. Voilà à cet égard ce que dit Jacques Attali : « On ne pourrait plus faire Airbus aujourd'hui (…) la Commission européenne concentre toute son attention et ses efforts sur la politique de concurrence. Cela conduit à un désastre, parce qu'une politique de concurrence sans politique industrielle s'oppose à la constitution de groupes européens de taille mondiale ».

    On peut également citer l'Agence spatiale européenne, celle qui envoie Thomas Pesquet dans l'espace. Ça, c'est l'Europe qui marche, mais on ne l'évoque guère car elle ne pose pas problème. Elle relève de projets ponctuels, concrets, circonscrits, et permet la mise en commun de compétences sans déperdition de souveraineté. Sans doute pourrait-on garder Erasmus également, si cher au cœur des européistes et qui est, c'est vrai, un programme de l'Union. Mais l'apprentissage des langues et les échanges culturels ne doivent pas concerner pour autant qu'un nombre infinitésimal d'étudiants privilégiés. En outre, il n'y a pas besoin de traités d'ordre supranational pour faire cela. La Turquie, la Macédoine, participent au programme sans être dans l'UE. 

    « Tout ce qui a marché jusqu'à présent en Europe relève de l'intergouvernemental et ne doit rien à l'Union. »

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    Coralie Delaume et David Cayla viennent de publier La fin de l'Union européenne (Michalon 2017).

    Alexandre Devecchio

    1630167502.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

  • Réactions diverses à une actualité qui ne l'est pas moins [A suivre]

     

    Mur-bleu gds.jpgEnfants marocains fugueurs et snifeurs de la Goutte d'or

    France info nous l'apprend ce mercredi 22 mars : des enfants marocains, en grand nombre, dont certains ont moins de dix ans, courent sur les trottoirs, entre les gens, après avoir respiré colle et autres substances toxiques, dans le quartier de la Goutte d'Or, à Paris ! Dans leur état, ces malheureux gamins, évidemment, s'agressent : l'un d'eux a déjà eu la gorge tranchée, le SAMU ayant réussi à intervenir, de justesse. Le journaleux se demande, évidemment, avec gravité, ce que font les Services sociaux. Mais c'est lui qui semble avoir perdu la raison : à cet âge, quitter son pays, traverser l'Espagne pour « atterrir » à Paris, et vivre la vie que l'on vient, rapidement, de décrire, cela s'apparente à une fugue, débouchant sur un enfer. Il faut, de toute urgence, faire cesser l'une et l'autre. La solution, ce ne sont pas les Services sociaux qui la trouveront. La solution, c'est de réunir tous ces enfants, les remettre à l'ambassadeur du Maroc, à charge pour lui d'affréter un ou plusieurs avions, pour les ramener chez eux et les rendre à leurs familles.  

    Hamon, traître trahi, n'est pas content du PS !

    Voici que Benoît Hamon nous joue la version moderne, et tout aussi comique dans sa désarmante naïveté, de L'arroseur arrosé, qui fit la joie des spectateurs du cinéma, à ses débuts. Il n'a pas de mots assez durs, lui et ses « lieutenants » (!) contre ce PS qui le lâche, et va rallier (pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait) cette sorte d'horreur absolue qu'incarne ... Macron ! Mais, de quoi se plaint-il ? C'est bien connu : un pur trouve toujours un « plus pur » qui l'épure. De même, un traître trouve toujours un plus traître qui le trahira à son tour... 

    Hamon participa au calamiteux gouvernement du calamiteux quinquennat du calamiteux Hollande ; il y embêta tout le monde, devenant même l'un des symboles des Frondeurs, tant et si bien qu'il s'en fit virer, avec son collègue Montebourg, par un Valls, père fouettard comme jamais. Oui mais ça, pense Hamon, c'était « avant » (comme dans la pub avec Alain Delon). Maintenant que petit Ben (dixit Martine, Aubry pour les intimes), tout étonné d'être là, se retrouve candidat, il ne sait plus quoi faire dans ce costume de toute évidence beaucoup trop large pour lui, pour sa « carrure ». Alors, il devient hargneux ; il appelle ses chers immigrés à la rescousse ; il trouve un lien qui bien sûr n'existe pas entre Jean Jaurès, Guy Môcquet et Ibrahim Ali ; bref il se lance dans une fuite en avant désespérée, il dit n'importe quoi pour tenter de meubler le grand vide sidéral qu'il représente : il ferait peine, s'il n'était pas repoussant, avec ses appels incessants et quasi hystériques aux grands ancêtres de la Révolution, de la Terreur, de la Commune, de la violence révolutionnaire sanguinaire...  

  • Béziers, 29 mars, 19 h : Jacques Trémolet de Villers parle du procès de Jeanne d'Arc. C'est aujourd"hui !

     

    Conférence de 

        Jacques Trémolet de Villers
    Avocat à la Cour d’appel de Paris
        auteur de l’ouvrage qu’il dédicacera :

        « Jeanne d’Arc - Le procès de Rouen »

        le mercredi 29 mars 2017 à 19 h
        au restaurant Maria Thérésa à Béziers
        Entrée : 54 avenue du 22 août ou 23 rue Solferino

    La soirée se déroulera de la manière suivante :

    •  19 h :      Accueil. Un apéritif sera servi.
    •  19 h 30 : Conférence.
    •  20 h 30 : Pour ceux qui le désirent, dîner sur place avec le conférencier qui continuera à répondre aux questions (Prix 15 € : entrée, plat, dessert, vin en sus – Salle privatisée).

     

    Tremollet J.jpgLe 21 février 1431 s'ouvre l’un des plus fascinants et décisifs procès de l’Histoire : celui de Jeanne d’Arc.

    Cette jeune fille de 19 ans, prétendue analphabète, hallucinée, hérétique, sera en moins de cent jours condamnée à être brûlée vive.
    Dès le premier interrogatoire, les juges, Cauchon en tête, assènent les coups. Ils sont abbés, docteurs en théologie, familiers du droit canon, décidés à la faire plier.

    Dès sa première parole, Jeanne, seule à la barre, déjoue les pièges des hommes d’Église et de loi. Elle fait preuve d’un ton libertaire, habile et plein d’humour qui les déstabilise par la force de sa sincérité.
    Les voix, puisque c’est là l’essentiel, portent.

    Cent jours durant, va se jouer, en cette froide salle d’audience, l’éternel combat de la vérité.

    Tout procès se conclut dès la première audience. Jacques Trémolet de Villers, plaideur des plus importants procès politiques de ces dernières décennies, décrypte les paroles échangées et nous livre, en voix off, son commentaire jour après jour. Il introduit son lecteur dans la salle, lui fait comprendre les convictions des parties, et surtout lui fait saisir le courage sensible du personnage de Jeanne, jusqu’à craindre l’issue…

    ll y a du bon dans la procédure. Elle conserve, comme des pierres précieuses dans une châsse, un véritable trésor, et demeure en dernière analyse la seule raison sérieuse d’organiser la justice des hommes. Le texte intégral du procès, seul témoignage à faire véritablement entendre Jeanne, a été élaboré, de façon minutieuse, à partir des actes authentiques (les minutes conservées en latin et en français), vérifiés aux meilleures sources et complétés par les dépositions du procès d’annulation.

    Jacques Trémolet de Villers a plaidé de nombreuses affaires civiles et pénales à caractère politique, idéologique et médiatique. Écrivain, il a publié une biographie du célèbre avocat du XIXe siècle Pierre-Antoine Berryer, Aux marches du palais, de même que Heureux qui comme Ulysse, commentaire de son anthologie de la poésie française Vingt-quatre poèmes que nous devrions savoir par coeur pour les dire à nos enfants. Il poursuit son travail avec cet « Évangile selon Pilate » qu’est le procès de Jeanne d’Arc.

    Source : Le Midi Blanc

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  • Café Histoire de Toulon, ce mercredi 29 mars : « La catastrophe écologique vue par les alter-cathos ».

     

    Le Café Histoire de Toulon annonce la prochaine causerie du mercredi 29 mars 2017 devant les Amis du Pub Le Graal. Cette causerie, animée par Luc Richard, portera sur le thème :  La catastrophe écologique vue par les alter-catholiques. 

    Chrétiens et écologistes peuvent-ils œuvrer ensemble face à une société de consommation dévastatrice des écosystèmes et des communautés humaines ?  Pour passer du Global au Local, il leur est nécessaire de regarder en face la catastrophe écologique. Pour les y aider, Luc Richard a dirigé le livre collectif  La catastrophe écologique, fruit pourri du capitalisme,  fruit d’une journée de réflexion organisée par l’Observatoire Socio-Politique diocésain de Toulon et la revue LIMITE, en écho à l’encyclique Laudato Si. 

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

    Signalons en outre le texte passionnant de la causerie du mois de janvier 2017, de Danièle Masson, agrégée de Lettres classiques sur Eric Zemmour et le fait religieux. A lire ci-après. Café Histoire de Toulon  Danielle Masson.pdf

  • La Fontaine avait « prédit » Macron dans sa fable de la Chauve-souris et des deux belettes

     

    1903076588.10.jpg« Je suis oiseau : voyez mes ailes !... Je suis souris : vivent les rats ! »

     

    Macron se moque du monde, avec ses ralliements en cascade, qui montrent bien son « parti clic » (il suffit de cliquer sur un clavier pour faire partie de son mouvement) pour ce qu'il est vraiment : un vrai grand magasin, genre Samaritaine, où « on trouve de tout » ; et il a raison puisque, pour un moment au moins, ça marche (c'est le cas de le dire, d'ailleurs, pour un parti qui s'appelle « En Marche » !).

    Jean-Yves Le Driant, socialiste bon teint - et, nous l'avons dit, bon serviteur du Pays, comme ministre de la Défense - se rallie-t-il ? Ah, oui, mais je ne suis pas de gauche pour autant, voyez Bayrou, qui me soutient ! répond celui qui réussit le tour de force d'être le chouchou des Banques et le vrai continuateur du plus que calamiteux François Hollande, dont il inspira le programme tant qu'il resta à Bercy.

    Madelin, et Perben - donc, en gros, des gens réputés « à droite » - me soutiennent-ils ? Ah, oui, mais je ne suis pas de droite pour autant ! Voyez Robert Hue ou Daniel Cohn-Bendit autour de moi

    Ainsi la chauve-souris de La Fontaine sauva-t-elle par deux fois sa peau : « Je suis oiseau : voyez mes ailes » dit-elle d'abord, puis « Je suis souris : vivent les rats ».

    Quel jeu, autre que celui de la chauve-souris, nous joue donc notre Macron, la madone des Banquiers, le fils chéri du « capitaine de pédalo » (dit aussi « Flanby », ou « Fraise des bois », selon qu'on est chez Mélenchon ou Montebourg) ? Aucun ! Macron dit à chacun ce qu'il veut entendre, et il ajoute qu'il nous aime passionnément, et il peut parler sept minutes d'affilée (ouf !) sans que l'on puisse résumer ce qu'il a dit, comme le faisait justement remarquer Marine Le Pen, lors du premier débat télévisé de la bande des cinq, sur TF1...

    Le problème est qu'en réalité, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, on ne vote pas pour élire le président de la République. Du moins, pas seulement. On vote pour élire le président de la République, oui, mais un président qui devra être suivi, et emmener, une majorité à l'Assemblée, afin de gouverner normalement pendant cinq ans. Et c'est là que le bât blesse, pour notre illusionniste national, notre grand équilibriste permanent, notre Janus aux largement plus que deux visages...

    Quelle majorité ferait-il élire, si par malheur il était élu ? Les journaleux se gaussent des « Etats Désunis d’Amérique », après l'élection de Donald Trump - qui leur est insupportable et qu'ils n'ont toujours pas digérée. Mais, Macron élu, la majorité qu'il essaierait de faire entrer à l'Assemblée ne serait rien d'autre qu'un agrégat inconstitué de personnalités tellement disparates et hétéroclites qu'elles n'auraient qu'un seul lien entre elles : celui d'être.... désunies !

    Et Macron prétendrait gouverner avec « ça » ?

    C'est de l'escroquerie pure et simple...

    Allez, un peu d'air pur, de culture et de vent frais avec notre bon vieux La Fontaine !   

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    LA CHAUVE-SOURIS ET LES DEUX BELETTES

    Une Chauve-Souris donna tête baissée
    Dans un nid de Belette ; et sitôt qu'elle y fut,
    L'autre envers les Souris de longtemps courroucée,
    Pour la dévorer accourut.

    Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
    Après que votre race a tâché de me nuire !
    N'êtes-vous pas Souris ? Parlez sans fiction.
    Oui vous l'êtes, ou bien je ne suis pas Belette.
    Pardonnez-moi, dit la Pauvrette,
    Ce n'est pas ma profession.
    Moi Souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles :
    Grâce à l'Auteur de l'univers,
    Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;
    Vive la gent qui fend les airs ! 
    Sa raison plut, et sembla bonne.
    Elle fait si bien qu'on lui donne
    Liberté de se retirer.
    Deux jours après, notre étourdie
    Aveuglément se va fourrer
    Chez une autre Belette aux Oiseaux ennemie.

    La voilà derechef en danger de sa vie.
    La Dame du logis avec son long museau
    S'en allait la croquer en qualité d'Oiseau,
    Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage :
    Moi pour telle passer ! vous n'y regardez pas :
    Qui fait l'oiseau ? C'est le plumage.
    Je suis Souris : vivent les Rats ;
    Jupiter confonde les Chats.
    Par cette adroite repartie
    Elle sauva deux fois sa vie.

    Plusieurs se sont trouvés, qui d'écharpe changeants,
    Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue.
    Le sage dit, selon les gens :
    Vive le Roi ! vive la Ligue !

     

  • MACRON À LA UNE..

     

    ENQUÊTE. Des accords avec quelques magnats de la presse, le soutien de l'Élysée et des communicants ambitieux : c'est le secret de la campagne médiatique d'intensité rare en faveur d'Emmanuel Macron. Décryptage.

     

    PAR LOUIS ANDERS 

    « On ne communique pas sur la com'... ». Au téléphone, la réaction du mouvement « En Marche » est nette : le service de presse ne souhaite pas divulguer d'informations sur sa force de frappe. Et pour cause : il est le coeur nucléaire du réacteur, celui grâce auquel un homme inconnu du grand public il y a encore trois ans peut désormais nourrir des espoirs d'accéder au second tour de la présidentielle. La communication d'Emmanuel Macron est en partie assurée par de jeunes loups aux vives ambitions. Son poisson-pilote, Ismaël Emelien, 29 ans, a été formé chez le géant de la publicité Euro RSCG, l'entreprise qui contrôle (avec Publicis) la majeure partie des annonces payantes passées dans les médias. Autour de lui figurent d'autres membres du cabinet de Macron quand il était ministre de l'Économie. Des garçons aux pratiques contestables : à Bercy, ces derniers n'hésitaient pas à bloquer pendant des mois les notes du secrétaire d'État au numérique, Axelle Lemaire, dans le but de réserver à leur employeur l'image de la modernité. En tout, le service de communication d'En Marche emploie à lui seul un quinzaine de personnes, soit le tiers des salariés du mouvement. Une véritable machine de guerre.

    DES UNES À LA PELLE

    Le résultat ? Des unes à la pelle dans Paris Match, des articles laudateurs dans Le Figaro ou L'Obs, des reportages sur la femme d'Emmanuel Macron dans la presse féminine, des passages positifs sur les grandes chaînes de radio et de télé alors que l'homme ne dispose pas encore de programme. Dernière opération réussie : les cinq pages consacrées au candidat à la présidentielle le 12 février dans le Journal du dimanche. Une opération de com destinée à déminer les interrogations qui commencent à poindre concernant les financements dont il bénéficie. Le dossier, réalisé « avec le concours du candidat d'En Marche » précise l'hebdomadaire, consiste en un déroulé d'informations lisses fournies par son propre porte-parole... S'y ajoutent des articles intitulés « En Marche visé par les hackers », « Pourquoi il les ensorcelle », ou « Macron, confidences sacrées » dans lequel l'homme « ne renie pas la dimension christique » du chemin qu'il suit... Vous avez dit propagande ?

    LES MAGNATS QUI LE SOUTIENNENT

    Les relais médiatiques, le candidat les a trouvés directement chez les propriétaires de la presse. Actionnaire important du groupe Le Monde SA (Le Monde, L'Obs, Challenges, Télérama, Huffington Post), Pierre Bergé a affirmé publiquement être au service d'Emmanuel Macron. Plus discrètement, l'homme d'affaires israélien Patrick Drahi soutiendrait également l'ex-secrétaire général adjoint de l'Élysée : c'est grâce à son intervention qu'il avait pu acheter le groupe SFR en dépit des blocages montés à l'époque par le ministre Arnaud Montebourg. Depuis, les titres du groupe SFR Presse (BFM, RMC, L'Express, Libération, etc.) apportent un soutien monolithique à Emmanuel Macron et relayent abondamment les attaques contre les autres candidats. Pour sa campagne, En Marche s'est directement attaché les services du président de SFR Presse, Bernard Mourad ; cet ancien banquier de Morgan Stanley a naguère travaillé pour le compte de la filiale médias d'Arnaud Lagardère (dont le groupe détient notamment Paris Match, Europe 1 et le JDD).

    N'en jetez plus ? En voilà encore. Le candidat de 39 ans serait également secondé par l'Élysée, si l'on en croit la très informée lettre Faits & Documents. Dans L'Obs du 19 janvier, Manuel Valls en personne n'affirmait-il pas : « J'en ai marre de voir que le secrétaire général de l'Élysée aide à lever des fonds pour celui qui veut tuer notre parti » ? Un coup de gueule qui fait écho au voyage récent du candidat Macron au Liban, lequel aurait été organisé en sous-main par l'exécutif ; et à la phrase prononcée par le président Hollande en personne devant deux journalistes : « Il faut liquider le PS pour créer un Parti du Progrès » (Un président ne devrait pas dire ça, éd. Stock, 2016). Une grille d'analyse qui pourrait expliquer la relative bienveillance dont bénéficie le candidat Macron dans les médias publics (AFP, Radio France et France Télévision).  

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  • LES MYSTÉRIEUX FINANCEMENTS DE M. MACRON


    400 000 euros pour le meeting de campagne à Lyon, 20 000 euros par mois pour le QG parisien, 50 salariés à temps plein, un baryton de l'opéra de Paris pour travailler la voix du candidat, des contrats passés avec l'agence de stratégie électorale Liegey Muller Pons, des déplacements en cascade y compris à l'étranger...

    Une campagne, ça coûte cher, très cher. Emmanuel Macron le sait, lui qui pourrait se voir opposer une plainte pour avoir dépensé des fonds publics à son profit quand il était ministre de l'Économie : selon les journalistes Frédéric Says et Marion L'Hour (Dans l'enfer de Bercy, éd. JC Lattes), l'homme a employé à lui seul et en huit mois seulement 80% des frais annuels de représentation du ministère afin de préparer sa campagne présidentielle. Il s'est aussi appuyé à temps plein sur trois collaborateurs parlementaires censés n'être détachés qu'à mi-temps. Une paille, par rapport aux dépenses actuelles.

    Qui finance En Marche ? Longtemps discrète sur l'origine de ses fonds, l'équipe de communication tente aujourd'hui de déminer le terrain. Le mouvement serait ainsi rémunéré par 18 000 donateurs, affirme son secrétaire général. Mais seuls 3% d'entre eux assureraient l'essentiel des dons avec des apports supérieurs à 4 000 euros. Le discours officiel du mouvement d'Emmanuel Macron est simple : c'est un parti politique à part entière qui ne peut recevoir plus de 7 500 euros par personne. Contactée par Politique magazine, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a confirmé l'existence d'un parti dénommé « En Marche ». « Une association loi 1901 a été inscrite à la Commission et elle répond aux critères pour financer ce que l'on définit comme un parti politique », nous explique-t-on. Le président de cette association est Emmanuel Macron, et la structure a été inscrite auprès de la Commission le 20 février 2016, quand l'homme était encore ministre de l'Économie...Les rumeurs courent à son sujet. Lors de sa création, ladite association était domiciliée à l'adresse personnelle de Laurent Bigorgne, le directeur de l'Institut Montaigne. Or, ce lobby libéral favorable à l'Union européenne et à l'immigration est directement financé par les plus grandes multinationales européennes et américaines et certaines banques de Wall Street. 

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  • Aujourd'hui à Toulon, obsèques du Dr Pierre Navarranne, royaliste, d'Action française, et simplement un grand monsieur

    Au centre, Pierre Navarranne récite la Prière de la fin, sur la tombe de Maurras, à Roquevaire. A droite et à gauche, il préside la conférence du Prince Jean de France du 22 janvier 2010 à Toulon 

     

    Nous avons appris avec une vraie et grande tristesse le décès de Pierre Navarranne à qui tant de liens anciens nous rattachaient, tant de souvenirs, de goûts partagés, et surtout notre commun attachement à Charles Maurras et à l'Action française. Pourtant, nous nous effacerons comme il se doit devant ses amis toulonnais pour évoquer et saluer sa mémoire, en publiant les lignes qui suivent - qui nous sont parvenues de leur part ... Lafautearousseau

       

    Notre fidèle ami toulonnais Pierre Navarranne s'est éteint paisiblement le 24 mars 2017.

    Il était né le 7 décembre 1920 à Pau (Béarn) de filiation « d'Henry IV par les bergères » comme l'on dit là-bas. Orphelin très jeune, il vivra chez son oncle, pharmacien dans cette ville où Charles Maurras en 1890, devant le château d'Henry IV, eut la « révélation » de la nécessité de la soumission pour l'ordre et la beauté du monde.

    Dans le sillage des émeutes du 6 février 1934 et grâce à son tuteur le docteur Vidouze, très jeune il lit l'Action Française. Il participe aux activités de la fédération régionale des Etudiants, Collégiens et Lycéens d'Action française des Basses-Pyrénées, à la permanence de la rue du Maréchal Foch de Pau. Il entre à Santé Navale Bordeaux au début de la seconde Guerre Mondiale. Lors de ses visites au travers de la zone libre, Maurras aime rencontrer les jeunes talents et Pierre Navarranne a la joie de pouvoir dîner avec lui. De Santé Navale, Pierre Navarranne sort médecin dans un régiment de fusiliers-marins avec lequel il partira pour la libération sur la route de l'Allemagne et sera décoré de la croix de guerre en Alsace. Il revient à Bordeaux soutenir sa thèse de neuropsychiatrie puis rejoint un groupe aéronaval en Indochine.

    Son arrivée à Toulon en 1949 le voit embarquer sur l'Emile Bertin, la Gloire puis la Lorraine et le Montcalm. A terre, il intègre l’hôpital militaire Saint-Anne au service de neuropsychiatrie. Il devient professeur agrégé de médecine générale, puis titulaire de la chaire de médecine navale de l'Ecole d'application du service de santé de la Marine et médecin-chef des services médicaux de Saint-Anne. Il s'installera ensuite un quart de siècle dans la médecine civile à Toulon toujours, pour un cabinet de neuropsychiatrie. Maurrassien, fidèle de l'Action Française, il partageait sa passion pour LA politique avec un engagement militant constant. Il participa activement, dans les années 80, à l'organisation des rendez-vous des Baux-de-Provence ou d'autres journées d'amitiés françaises. Sur la demande de Pierre Chauvet, président de l'Union Royaliste Provençale, Pierre Navaranne fut pendant plus de deux décennies président de la Fédération Royaliste du Var. Ses visites à la maison de Maurras à Martigues ou au cimetière de Roquevaire étaient des rendez-vous qu'il aimait tant honorer, comme celui de la Messe du 21 janvier pour le Bon Roi Louis XVI. Deux citations le touchaient particulièrement. La conclusion de la lettre de rupture de Bernanos à Maurras : « Adieu Maurras, à la douce pitié de Dieu » et les premiers vers de la Prière de la fin du maitre de Martigues :

    « Seigneur endormez moi dans votre paix certaine

    Entre les bras de l'espérance et de l'amour. 

    Ce vieux cœur de soldat n'a pas connu la haine

    Et pour vos seuls vrais biens à battu sans retour "

    A sa retraite il intégra l'Académie du Var dont il fut le président de 1995 à 1999. Il fut l'orateur de nombreuses conférences comme sur l'écrivain Jacques Perret, ou son intouchable héroïne Marie-Caroline de Naples, la duchesse de Berry. On se souvient de sa thèse sur l'assassinat du roi Henry IV qui fut publiée dans laNouvelle Revue Universelle. Passionné de rugby, tirant un fil rouge du Béarn à Toulon, il n'avait que deux amours disait de lui le Sénateur-Maire de Toulon, François Trucy, « le lys et le muguet ». Pilier et mémoire du royalisme varois, il présida la belle conférence du Prince Jean de France, lors de sa visite à Toulon en 2010.

    Catholique pratiquant, très attaché aux exercices de St Ignace des pères de Chabeuil, il a rejoint son épouse et ses trois fils partis avant lui. Pour ses amis royalistes provençaux, ce fidèle maurrassien aux yeux bleus purs, puits de science toujours souriant, dont l'érudition ne le cédait qu'à son grand respect des traditions et des bonnes manières, conteur inégalable de la mémoire monarchiste, laisse l'image d'un grand « blanc du Midi ».

    A Dieu Docteur, à la douce pitié de Dieu... 

    Les obsèques seront célébrées ce mardi 28 mars à 9 h 30 en l'église Saint-Georges à Toulon.

  • Printemps à Baden

    G20 à Baden-Baden - Lichtentaler Allee

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Moins de trente ans après la disparition de l’empire soviétique, ce qui reste du bloc occidental est peut-être en train d’imploser. Il aura suffi que M. Trump, par l’entremise de son représentant au dernier G20 réuni à Baden-Baden, s’oppose à ce que soient réitérées conjointement l’opposition à « toute forme de protectionnisme » et la sacro-sainte profession de foi libre-échangiste et multilatéraliste. M. Sapin, croyant peut-être faire un bon mot mais surtout assuré de ne pas participer au prochain G20, a parlé de « désaccords […] entre un pays et tous les autres » - feignant ainsi d’oublier que le « pays » en question reste quand même la première puissance mondiale, tout à fait capable d’imposer la plupart de ses vues. M. Sapin eût donc  été mieux inspiré de profiter de l’occasion pour en appeler à un commerce plus « juste », en l’occurrence un commerce dont les règles ne joueraient pas à sens unique en faveur de certains dont nous ne sommes pas.

     

    P170316-06-770x470.jpgSon pays non plus pour M. Trump qui rappelle que « les échanges internationaux sont un jeu à somme nulle dont les Etats-Unis ont été les grands perdants ». Le grand gagnant en Europe est l’Allemagne, les autres pays de l’Union étant bien incapables de faire autrement que de suivre, y compris à leur détriment. M. Perri, ancien journaliste devenu chef d’entreprise, répète volontiers que, tout étant affaire de bonne gestion, il est bien naturel que les excédents allemands ne cessent de s’accroître. Raisonnement d’économiste pour qui le facteur humain reste secondaire.

     

    Rappelons à M. Perri que la France n’est pas l’Allemagne et que les Français ne sont pas des Allemands : à chacun son tempérament et ses atouts. Il serait plus vrai de dire que l’U.E., parce qu’elle est historiquement et essentiellement fondée sur l’économie, le commerce, la monnaie, profite à une Allemagne laborieuse, tirée du néant après 1945 par les Etats-Unis qui en ont fait, notamment avec le dogme du libre-échange, leur plus fervent soutien et leur allié inconditionnel. On comprend bien, dès lors, pourquoi Mme Merkel affichait une mine si déconfite lors de son entretien à Washington avec M. Trump,  rencontre qualifiée de « glaciale » entre la femme de foi et l’entrepreneur pragmatique.

     

    Dans l’intérêt de la France, ni libre-échangisme ni protectionnisme ne devraient constituer une position de principe. C’est affaire de nécessité, d’opportunité et de choix politique. En l’état actuel, nul besoin d’être un grand spécialiste pour se convaincre que des pans entiers de notre tissu industriel et agricole ont été victimes d’une mondialisation sauvage dont il est impératif de nous protéger pour simplement continuer d’exister. Il n’est sans doute pas trop tard pour revitaliser les grands secteurs de notre économie, au prix bien évidemment de mesures protectrices susceptibles d’entraîner, pour un temps difficile à évaluer, une diminution conjuguée de nos importations et de nos exportations. Ce serait en tout cas profiter au mieux de la nouvelle donne économique voulue par les Etats-Unis de M. Trump. 

     

  • Chevènement au Figaro : « La supranationalité européenne a échoué, faisons confiance aux nations »

     

    TRIBUNE - « Le principe d'une autorité supérieure aux États membres de l'Union européenne est désormais rejeté par les peuples du Vieux Continent ». Tel est l'argument des auteurs de cette tribune* pour tenter de refonder l'Europe sur les nations. Ce qui devra être, selon nous, en partenariat avec la Russie. Telle est ici, aussi, notre ligne politique, conforme aux intérêts et à la vocation de la France. Ne nous cachons pas toutefois que même ainsi redéfinie, les divergences d'intérêt, de visées politiques et géostratégiques, sans compter la médiocrité d'une bonne part des dirigeants européens et les réticences désormais installées des peuples, continueront de rendre l'entreprise difficile et aléatoire.  LFAR 

     

    Nous avons connu l'Europe balbutiante, puis l'Europe triomphante, le temps est maintenant venu de l'Europe affaissée que même les coups de boutoir d'un Trump ne réveillent pas. À ces phases d'une « construction » dont le ciment est aujourd'hui irrévocablement fissuré ont correspondu de la part des peuples d'abord l'indifférence, puis la résignation (« c'est l'Europe »), enfin le rejet. Une seule certitude aujourd'hui : l'Europe ne va plus de soi. Trente années de dérégulation sur le marché et de mise sous contrôle des politiques nationales ont rendu ce constat aveuglant.

    Le plus préoccupant dans l'affaire est l'incapacité de la classe politique dans son ensemble à répondre à cette nouvelle « crise de la conscience européenne ». Les principaux partis de gouvernement se taisent ; ils ont enfin compris que l'invocation à « l'Europe mieux expliquée », à « l'Europe des projets », à l'Europe à laquelle « il faut redonner du sens », tout cela est dépassé. Mais ils n'osent franchir le pas vers une vision nouvelle.

    En face d'eux, les casseurs d'Europe prédisent un avenir de tumulte : dénonciations désordonnées et improductives, confondant dans un même opprobre le tout marché et l'immigration incontrôlée, chez le Front national. Insoumission fondée sur la révolte des peuples chez Jean-Luc Mélenchon comme si la seule désobéissance aux règles et directives les plus choquantes tenait lieu en soi d'horizon politique.

    Dans un appel lancé il y a quelques mois à la suite du Brexit, nous avions appelé à la réunion d'une conférence sur le modèle de la Conférence de Messine en 1955. Nous rappelions ce simple fait que, à la faveur de la crise, les peuples se réveillent d'une longue duperie politique. Nous disions que l'Europe ne suit pas un rêve de puissance politique et d'indépendance stratégique. Depuis ses débuts, elle nourrit à l'endroit des peuples une méfiance hautaine et fait de la Commission son auxiliaire technocratique, son agent réfrigérant des passions démocratiques. Aujourd'hui, six décennies plus tard, le vice contractuel entre les peuples d'Europe et les institutions apparaît dans sa vérité crue. Il faut donc revoir de fond en comble le contrat. Il faut le faire en gardant à l'esprit le triple objectif que dessine en creux le rejet populaire : une Europe démocratique, prospère, indépendante.

    Union nouvelle

    Comment y parvenir ? Nous appelons aujourd'hui les chefs d'État et de gouvernement élus d'ici à la fin de l'année en France, en Allemagne, en Italie à lancer une invitation aux pays constituant le nouveau cercle fondateur : il serait composé des principaux pays membres en population et en PIB. Il s'agirait de réunir une conférence refondatrice - pourquoi pas à Rome ? - qui poserait le socle de l'Union nouvelle. Son objet serait de redéfinir les principes essentiels fondant les institutions et les compétences de cette Union, principes qui seraient ensuite soumis au vote populaire par référendum - pourquoi pas le même jour ? - dans chaque pays refondateur.

    Cette conférence des refondateurs redéfinirait en profondeur la vocation des principales institutions actuelles de l'Union européenne : un Conseil des chefs d'État et de gouvernement, seule autorité chargée des grandes décisions avec droit de veto de chaque membre, un Parlement composé de délégations de parlementaires de chaque pays, une Commission chargée de la seule exécution des décisions du Conseil et du Parlement, une Cour de justice chargée d'arbitrer non d'imposer. La conférence déciderait aussi des domaines dans lesquels les compétences de l'Union seraient exercées : politique agricole, énergétique, recherche… La question de l'Europe de la défense serait quant à elle subordonnée à la ferme volonté d'une indépendance de l'Europe. À défaut de ce choix commun, devraient être envisagées des alliances partielles au cas par cas.

    À l'issue des référendums approuvant cette refondation, des conventions composées de membres de gouvernements et parlements nationaux déclineraient le traité nouveau, en prévoyant le passage du système ancien avec sa réglementation foisonnante au système nouveau.

    Ne nous résignons pas à laisser la crise de l'Europe faire de celle-ci un continent à la dérive dans un monde où se nouent les grands enjeux de demain. Ne laissons pas la génération qui vient dans un bateau ivre, conduit par des courants venus d'ailleurs. Est-ce trop demander à l'heure où la France va décider pour cinq ans de son destin ? 

    « Depuis ses débuts, l'Union européenne nourrit à l'endroit des peuples une méfiance hautaine et fait de la Commission son auxiliaire technocratique, son agent réfrigérant des passions démocratiques »

     

    * Jean-Pierre Chevènement, Marie-Françoise Bechtel, Éric Conan, Franck Dedieu, Coralie Delaume,Éric Delbecque, Estelle Folest, Jean-Pierre Gérard, Christophe Guilluy, Emmanuel Lévy, Michel Onfray, Jean-Philippe Mallé, Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint, Claude Revel et Paul Thibaud.

    Article publié dans le Figaro du 24.03.2017

  • Décès du Docteur Pierre Navarranne, royaliste, d'Action française, et simplement un grand monsieur

    Au centre, Pierre Navarranne récite la Prière de la fin, sur la tombe de Maurras, à Roquevaire. A droite et à gauche, il préside la conférence du Prince Jean de France du 22 janvier 2010 à Toulon 

     

    Nous avons appris avec une vraie et grande tristesse le décès de Pierre Navarranne à qui tant de liens anciens nous rattachaient, tant de souvenirs, de goûts partagés, et surtout notre commun attachement à Charles Maurras et à l'Action française. Pourtant, nous nous effacerons comme il se doit devant ses amis toulonnais pour évoquer et saluer sa mémoire, en publiant les lignes qui suivent - qui nous sont parvenues de leur part ... Lafautearousseau

       

    Notre fidèle ami toulonnais Pierre Navarranne s'est éteint paisiblement le 24 mars 2017.

    Il était né le 7 décembre 1920 à Pau (Béarn) de filiation « d'Henry IV par les bergères » comme l'on dit là-bas. Orphelin très jeune, il vivra chez son oncle, pharmacien dans cette ville où Charles Maurras en 1890, devant le château d'Henry IV, eut la « révélation » de la nécessité de la soumission pour l'ordre et la beauté du monde.

    Dans le sillage des émeutes du 6 février 1934 et grâce à son tuteur le docteur Vidouze, très jeune il lit l'Action Française. Il participe aux activités de la fédération régionale des Etudiants, Collégiens et Lycéens d'Action française des Basses-Pyrénées, à la permanence de la rue du Maréchal Foch de Pau. Il entre à Santé Navale Bordeaux au début de la seconde Guerre Mondiale. Lors de ses visites au travers de la zone libre, Maurras aime rencontrer les jeunes talents et Pierre Navarranne a la joie de pouvoir dîner avec lui. De Santé Navale, Pierre Navarranne sort médecin dans un régiment de fusiliers-marins avec lequel il partira pour la libération sur la route de l'Allemagne et sera décoré de la croix de guerre en Alsace. Il revient à Bordeaux soutenir sa thèse de neuropsychiatrie puis rejoint un groupe aéronaval en Indochine.

    Son arrivée à Toulon en 1949 le voit embarquer sur l'Emile Bertin, la Gloire puis la Lorraine et le Montcalm. A terre, il intègre l’hôpital militaire Saint-Anne au service de neuropsychiatrie. Il devient professeur agrégé de médecine générale, puis titulaire de la chaire de médecine navale de l'Ecole d'application du service de santé de la Marine et médecin-chef des services médicaux de Saint-Anne. Il s'installera ensuite un quart de siècle dans la médecine civile à Toulon toujours, pour un cabinet de neuropsychiatrie. Maurrassien, fidèle de l'Action Française, il partageait sa passion pour LA politique avec un engagement militant constant. Il participa activement, dans les années 80, à l'organisation des rendez-vous des Baux-de-Provence ou d'autres journées d'amitiés françaises. Sur la demande de Pierre Chauvet, président de l'Union Royaliste Provençale, Pierre Navaranne fut pendant plus de deux décennies président de la Fédération Royaliste du Var. Ses visites à la maison de Maurras à Martigues ou au cimetière de Roquevaire étaient des rendez-vous qu'il aimait tant honorer, comme celui de la Messe du 21 janvier pour le Bon Roi Louis XVI. Deux citations le touchaient particulièrement. La conclusion de la lettre de rupture de Bernanos à Maurras : « Adieu Maurras, à la douce pitié de Dieu » et les premiers vers de la Prière de la fin du maitre de Martigues :

    « Seigneur endormez moi dans votre paix certaine

    Entre les bras de l'espérance et de l'amour. 

    Ce vieux cœur de soldat n'a pas connu la haine

    Et pour vos seuls vrais biens à battu sans retour "

    A sa retraite il intégra l'Académie du Var dont il fut le président de 1995 à 1999. Il fut l'orateur de nombreuses conférences comme sur l'écrivain Jacques Perret, ou son intouchable héroïne Marie-Caroline de Naples, la duchesse de Berry. On se souvient de sa thèse sur l'assassinat du roi Henry IV qui fut publiée dans la Nouvelle Revue Universelle. Passionné de rugby, tirant un fil rouge du Béarn à Toulon, il n'avait que deux amours disait de lui le Sénateur-Maire de Toulon, François Trucy, « le lys et le muguet ». Pilier et mémoire du royalisme varois, il présida la belle conférence du Prince Jean de France, lors de sa visite à Toulon en 2010.

    Catholique pratiquant, très attaché aux exercices de St Ignace des pères de Chabeuil, il a rejoint son épouse et ses trois fils partis avant lui. Pour ses amis royalistes provençaux, ce fidèle maurrassien aux yeux bleus purs, puits de science toujours souriant, dont l'érudition ne le cédait qu'à son grand respect des traditions et des bonnes manières, conteur inégalable de la mémoire monarchiste, laisse l'image d'un grand « blanc du Midi ».

    A Dieu Docteur, à la douce pitié de Dieu... 

    Les obsèques seront célébrées mardi 28 mars à 9h30 en l'église Saint-Georges à Toulon.

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Justice & Royauté • Camille Pascal : Saint louis et son chêne expliqué aux « historiens de garde »

    Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes, Pierre-Narcisse Guérin, Musée des Beaux-Arts d'Angers

     

    Par Camille Pascal     

    Au cours de l'Émission politique, François Fillon a été prié de se prononcer sur la crédibilité de Saint Louis rendant la justice sous son chêne. Dans cette remarquable tribune [Figarovox 24.03] Camille Pascal montre comment cela est révélateur du rejet des intellectuels contemporains à l'égard de toute référence au roman national. Beaucoup de choses ont disparu en même temps que la monarchie. A commencer par la vraie justice qui s'incarnait dans la personne du Roi et qu'il garantissait. Vint ensuite la justice révolutionnaire. On sait ce qu'elle fut et, somme toute, elle s'est prolongée ...  LFAR  

     

    3192984736.jpgIl est des émissions politiques qui ont marqué l'histoire de la télévision française, d'autres, l'Histoire contemporaine tout court, il est plus rare qu'elles aient provoqué un débat sur l'Histoire de France. L'Émission Politique, puisque tel est son nom, diffusée jeudi dernier sur France 2 et dont François Fillon était l'invité, marquera, à n'en pas douter, l'histoire de la télévision mais seuls les résultats du premier tour des élections présidentielles permettront de dire si elle aura joué un rôle dans l'histoire politique de notre pays. Néanmoins, une chose est sûre désormais, cette émission aura fait de l'Histoire de France un enjeu majeur de ce scrutin.

    Le « cabinet noir », chacun le sait, a toujours été depuis Monsieur Gabriel Nicolas de la Reynie, une prérogative du Lieutenant Général de Police et donc le domaine exclusif de la Maison du Roi. Quant à Christine Angot, malgré le tintement de ses bracelets, elle n'est pas, loin s'en faut, Madame de Staël, ni même Marguerite Duras dont elle a fait, ce soir-là, un pastiche pathétique. Pour autant, si l'Histoire affleurait déjà dans ces deux grands moments de télévision, elle n'était pas encore au centre du débat.

    Il a fallu attendre la confrontation entre le candidat et un professeur d'Histoire-Géographie au lycée de Nanterre, Madame Laurence de Cock, vice-présidente d'un étrange « Comité de Vigilance face aux usages publics de l'histoire » - on se demande bien en quoi l'Histoire qui constitue la mémoire collective des événements passés n'est pas d'usage public ? - pour que l'Histoire fasse son entrée en majesté sur le plateau de l'émission. Il s'agissait de condamner toute référence au fameux récit national qui est désormais considéré par certains intellectuels comme une sorte d'avant-poste du révisionnisme. L'échange fut courtois, presque respectueux de part et d'autre, alors même que les trois furies antiques, Tisiphone, Mégère et Alecton, continuaient à tournoyer autour des projecteurs quand madame Laurence de Cock demanda de but en blanc à François Fillon si la figure du Roi Saint-Louis rendant la justice sous son chêne lui paraissait « crédible » ?

    Le candidat des Républicains s'attendait certainement à tout ce soir-là sauf à devoir se prononcer sur la crédibilité de Saint-Louis... Chacun sait, pourtant, que l'image du Roi Saint-Louis rendant la justice sous son chêne dans les jardins du château de Vincennes n'est pas une invention de l'imagerie populaire, comme la barbe fleurie de Charlemagne par exemple, mais qu'elle est tirée du témoignage direct du fameux sire de Joinville (1224-1317), compagnon d'armes, conseiller et historiographe du Roi Saint-Louis. Ce personnage historique a donc non seulement existé mais il nous a laissé des souvenirs parfaitement crédibles qui sont encore aujourd'hui la principale source sur l'histoire de ce règne. Alors certes, comme toutes les sources qui sont à la disposition de l'historien, ce témoignage doit être soumis à une critique interne et externe, c'est-à-dire qu'il doit faire l'objet d'une analyse rigoureuse avant d'être confronté minutieusement aux autres sources disponibles. Il revient donc à l'historien d'expliquer dans quel contexte et surtout avec quel « outillage mental », selon la très belle expression de Lucien Febvre, le texte a été produit, mais dès lors que celui-ci n'est pas un faux, comme la donation de Constantin par exemple, il est par nature « crédible ».

    Le lecteur comprendra aisément qu'aux yeux de madame de Cock, le témoignage d'un noble et pieux chevalier franc du XIIIème siècle, croisé par-dessus le marché, soit hautement suspect mais il n'en demeure pas moins que le récit que Jean de Joinville a fait du Roi Saint Louis rendant la justice sous un chêne du bois de Vincennes est non seulement crédible mais parfaitement véridique. Peut-être faut-il rappeler à Madame de Cock, didacticienne et historienne du « fait colonial », que le Roi de France est au Moyen-Âge le principe de toute justice et qu'il peut donc à ce titre, non seulement faire la Loi, mais juger en lieu et place de magistrats qui n'étaient, en réalité, que ses délégués et qui perdaient de fait cette délégation en sa présence. Ainsi non seulement la scène du bois de Vincennes est-elle parfaitement crédible mais elle est évidemment très utile pour permettre de faire comprendre à des élèves de primaire ou du collège en quoi les rois de France étaient d'abord des « Rois de Justice ». C'est ce qu'avait parfaitement compris Ernest Lavisse, bête noire de Madame de Cock, et grand admirateur de Joinville.

    En s'interrogeant sur la « crédibilité » de ce témoignage, madame de Cock a fait preuve en vérité d'un très grand mépris non seulement pour le roi Saint-Louis, le sire de Joinville, mais au-delà pour tous ceux de nos ancêtres qui ont eu le tort, à ses yeux, de vivre au XIIIème siècle, de croire en Dieu et même en la Mission Divine de la France qui justifiait, alors, les Croisades. Il est vrai que les sujets du Roi Saint-Louis n'avaient pas la chance de lire Libération tous les jours ni même de pouvoir profiter de l'enseignement de madame de Cock.

    Ce dont cette enseignante, certainement dévouée, n'a semble t'il pas pris tout à fait conscience c'est qu'en s'interrogeant publiquement et d'un petit ton d'ironie sur la crédibilité d'un épisode parfaitement authentique de l'histoire du Roi Saint-Louis, elle a posé sur la civilisation française du XIIIème siècle le regard « colonial » que la IIIème République et ses instituteurs portaient sur les cultures, les récits et les croyances « indigènes » au début du XXème siècle. Regard condescendant et méfiant que cette historienne du « fait colonial » est, n'en doutons pas, la première à condamner. 

    « Non seulement la scène du bois de Vincennes est parfaitement crédible mais elle est très utile pour faire comprendre à des élèves en quoi les rois de France étaient d'abord des " Rois de Justice " ». 

    Camille Pascal           

  • Histoire & Actualité • Mazarin président ! La morale n’a rien à voir avec la politique

     

    Une chronique de Jean-Paul Brighelli

    [Bonnet d'âne & Causeur 22.03]

    Le style et la lucidité Brighelli. La verdeur, l'expression directe, souvent familière, qui la rend proche, attrayante, convaincante. A quoi s'ajoute une sorte de bon sens, comme sorti du vieux fond populaire, au temps où il existait encore : L'on est d'emblée d'accord avec Brighelli. A noter, pour nous qui sommes royalistes, que Camille Pascal [voir ci-dessus] comme Jean-Paul Brighelli, sont l'un et l'autre amenés à se référer à l'Ancien Régime dès lors qu'il s'agit de droite Justice ou de compétence politique ... Lafautearousseau

         

    2704624286.jpgLes solides élans de vertu de la France contemporaine me sidèrent un peu. On veut, paraît-il, des hommes politiques intègres. Curieux discours, qui met en avant certaines qualités qui ne sont pas essentiellement politiques, mais morales. Mais qu’est-ce que la morale a à faire avec la politique ?

    Relisez Machiavel, relisez Gabriel Naudé, puis posez-vous la question : qu’est-ce qui est prioritaire, en politique ? Celui qui a acheté le veston, ou les qualités de l’homme à l’intérieur du veston ? Je ne doute pas que le Canard enchaîné, qui dispose manifestement d’un dossier très complet tombé du ciel, ait encore sous le coude la facture insensée du fournisseur des caleçons de Fillon — il a eu jadis celle des chaussettes cardinalices de Balladur. Et alors ? On distille des sous-entendus sur les mœurs de tel autre — mais qu’en avez-vous à faire ? On sort des histoires sur le chauffeur de l’un et le garde du corps de l’autre — et puis ?

    Plutôt que d’exiger un politique « propre » — une exigence portée par nombre d’électeurs qui ne le sont guère —, je préférerais que l’on exigeât (c’est chouette, l’imparfait du subjonctif, ça vous fait immédiatement passer pour un réactionnaire aux yeux des imbéciles) des hommes politiques compétents — prioritairement. Des hommes d’Etat, y compris de sexe féminin, à l’aventure.

    Mais ça, évidemment, c’est plus rare. Chez les politiques comme chez leurs électeurs.

    J’ai un peu travaillé sur le XVIIème siècle, particulièrement sur les années 1648-1658, autour de la Fronde et de la Guerre de Trente ans. Et j’en ai tiré une grande admiration pour les politiques de l’époque — Retz, conspirateur-né qui avait distribué des dizaines de milliers d’écus d’aumônes pour soulever le peuple des gueux, Condé, « né capitaine », qui n’hésita jamais à trahir son royal cousin et à diriger contre lui les armées de l’ennemi espagnol, et surtout Mazarin, qui sut résister à la Fronde, et signer les traités de Westphalie et la Paix des Pyrénées. C’est lui, juste derrière Louis XIV dont il contrôle l’embrassade avec son homologue espagnol, Philippe IV.

    Mettons les événements en balance. Mazarin était d’une origine obscure, il n’avait pas un sou vaillant quand il arriva à Rome, il coucha avec qui il fallait — hommes et femmes, disent les pamphlétaires de l’époque —, il fit même semblant d’entrer dans les ordres (tout en s’en gardant bien, lui qui avait des choses de la religion une vision essentiellement utilitaire, ce qui lui permit d’être nommé cardinal à 39 ans, et peut-être après d’épouser la Reine de France, Anne d’Autriche), il s’affecta à lui-même les revenus de 21 des plus grosses abbayes de France, et mourut en laissant une énorme fortune (il était probablement l’homme le plus riche de France, peut-être d’Europe) acquise par des procédés absolument délictueux, même selon les normes de l’époque. Et alors ? 

    Il avait acquis à la France les Trois évêchés (Metz, Toul, Verdun), Sedan et toute la Haute-Alsace, sans compter des villes éparses dans l’Est et dans le Piémont. Et aussi l’Artois, Gravelines, Thionville, tout le Roussillon (l’Espagne jusque là s’étendait au-delà de la forteresse de Salses, qui se situe à 30 kilomètres au nord de Perpignan), le Vallespir, le Conflent et le Capcir — et tout l’est de la Cerdagne. Désormais, c’étaient les Pyrénées qui formeraient la frontière. Il avait marié son filleul Louis XIV à sa cousine germaine Marie-Thérèse, et avait exigé une dot si considérable que l’Espagne ne put jamais la fournir, ce qui permit plus tard à Louis XIV d’installer un Bourbon sur le trône à Madrid — ils y sont encore. Et à part l’intermède napoléonien, nous n’avons plus jamais eu de guerre avec l’Espagne, ce qui n’est pas rien quand on pense que cela faisait plus d’un siècle que nous nous entre-tuions sur tous les champs de bataille européens. Ah oui, et il a légué Turenne et Colbert au roi, qui en fit grand usage. Parce qu’en plus, il savait s’entourer de gens compétents — et pas de sous-fifres anxieux d’être élus ou réélus.

    Chef d’un pays catholique, il sut s’associer aux puritains de Cromwell pour écraser Condé passé à l’ennemi, à la bataille des Dunes. Mais il poussa le roi à se réconcilier avec ledit Condé, qui lui gagna par la suite un petit paquet de batailles. Et il salua la restauration de Charles II en Angleterre — contre les puritains alliés de la veille. On n’avait pas encore inventé le mot de Real Politik, mais l’idée était déjà là.
    Et se sentant mourir, il eut l’habileté suprême de faire semblant de léguer son immense fortune au roi, qui fort obligeamment refusa le cadeau, car il ne sied guère à un souverain de devoir son aisance à un particulier. Dumas a tout raconté en détail dans le Vicomte de Bragelonne. Du coup, cela lui permit de doter très richement ses nièces, qui n’étaient pas non plus des premiers prix de vertu. La belle affaire !

    Bref, un type très faisandé, et le plus grand Premier ministre que nous eûmes jamais — si grand que Louis XIV, à sa mort, renonça à le remplacer.

    Voilà un homme politique selon mon cœur. Doué, intrigant, parti d’en bas et arrivé en haut, promettant tout sans jamais tenir, amateur d’arts et de musique — c’est grâce à lui que l’opéra est entré en France. Attaqué comme jamais homme politique d’aujourd’hui ne le fut (on compte près de 5000 « Mazarinades », ces terrifiants pamphlets écrits contre lui et l’accusant de tous les péchés capitaux), et survivant toujours. Italien de surcroît — Giulio Mazarini, un immigré ! —, mais éminemment français : imaginez un Algérien dans la même situation, et vous aurez une idée de ce que l’on pensait et disait de lui, y compris le fait qu’il aurait eu le « vice italien », qui était puni de mort à l’époque. Il a même eu l’idée de faire élever Philippe, le frère cadet du roi, selon des mœurs assez peu viriles, afin qu’il n’ait jamais l’idée de comploter contre son frère, comme l’avait fait Gaston contre Louis XIII. Tout en le mariant quand même à la sœur du roi d’Angleterre, pour préserver l’avenir.

    Bref, une ordure d’un immense talent. Sans lui, le Rivesaltes et le Maury seraient des vins espagnols. Un désastre.

    Evidemment, tout cela se passait à une époque où la France dominait l’Europe. Maintenant que nous sommes un renvoi en bas de page de l’historiographie allemande, nous nous soucions plus de morale  que de grandeur —c’est tout ce que l’on nous laisse.

    bruno-le-roux-demission-fekl-660x400.jpgQue la présente campagne présidentielle se consacre depuis deux mois à l’exposé de vétilles en dit long sur la façon dont la société du spectacle camoufle le politique sous des falbalas, et d’acteurs que nous fûmes (le passé simple aussi fait de moi un homme de droite) nous transforme en marchandises. Parce c’est de politique qu’il s’agit — et personne n’en parle. On frappe sur des casseroles, on s’invective sur des frais de transport (ça avait commencé il y a vingt ans à propos des « frais de bouche » de Chirac à l’Hôtel de ville de Paris), on met en examen pour des broutilles — alors qu’on devrait inculper tous ceux qui ont miné la France depuis trente ans, par exemple dans l’Education nationale — et qui persistent et signent.

    Allez, votez en fonction des programmes, en fonction de capacités réelles des candidats, en fonction de vos convictions politiques. Sinon la prochaine fois je vous raconte la vie de l’abbé Dubois — dont on fait les pipes.  • 

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur