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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1300

  • Livres & Actualité • Alain de Benoist : Le moment populiste

     

    Une recension par Jean-Paul Brighelli

    Analyse façon Brighelli - fond et forme - d'une grande force d'évocation et d'une toujours évidente lucidité [31.03].

     

    164510964.jpgVoilà deux mois que j’ai sur ma table le Moment populiste, d’Alain de Benoist (Pierre Guillaume de Roux Editeur).

    Deux mois que j’attends le bon moment de parler d’un livre intensément érudit et qui explore toutes les facettes d’un mot qui pue un peu aux narines des crétins — sauf qu’il rentre justement en grâce ces temps-ci.

    Populisme : le terme pour ma génération a été longtemps associé à « poujadisme » (certification vintage Pierre Poujade 1953-1958, avec résurgence Gérard Nicoud et CIDUNATI, 1969), et ne concernait guère que les revendications des petits commerçants — à ceci près que l’Union Fraternité Française, qui obtint 52 députés en 1956 (dont Jean-Marie Le Pen, réélu en 1958) dépassa rapidement la stricte défense des Beurre-Œufs-Fromages.

    Puis vint Georges Marchais, maillon indispensable pour comprendre comment un mot longtemps associé à l’extrême-droite a glissé peu à peu sur l’arc politique, au point d’être aujourd’hui l’œil du cyclone à partir duquel se définissent les politiques. À partir duquel s’est construite, surtout, « l’extraordinaire défiance de couches de la population toujours plus larges envers les « partis de gouvernement » et la classe politique en général, au profit de mouvements d’un type nouveau » : c’est l’attaque du livre d’Alain de Benoist — et j’aimerais beaucoup qu’on lui fasse grâce des étiquettes a priori, dans une France qui justement, comme il l’analyse fort bien, s’ébroue hors du marigot gauche-droite.

    Ce que des journalistes paresseux ont nommé le « trumpisme » (croient-ils vraiment que le peuple américain qui a voté pour le faux blond le plus célèbre au monde croit en ses vertus ?) n’est en fait que la mesure du « fossé séparant le peuple de la classe politique installée ». Inutile donc d’« accumuler les points Godwin » en criant au retour des années 1930 dès qu’un mouvement politique parle au peuple : en fait, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par Nicolas Dupont-Aignan et tout ce qu’il reste du chevènementisme, ce sont moins les politiques qui parlent au peuple que le peuple qui parle aux politiques. Et qui même lui crie aux oreilles.

    A émergé il y a une dizaine d’années un populisme new style. Alain de Benoist évoque la victoire du « non » au référendum de 2005, le référendum confisqué par les pseudo-élites qui nous gouvernent, droite et gauche mêlées — bien la preuve qu’il n’y a plus de droite ni de gauche quand il s’agit de défendre les avantages acquis de l’oligarchie au pouvoir. Je pencherais plutôt pour les élections de 2002, où entrent les 16,86% de Jean-Marie Le Pen (ajoutons-y les 2,34% de Bruno Mégret et sans doute les 4,23% de Jean Saint-Josse) et les 5,33% de Jean-Pierre Chevènement de l’autre côté de l’arc électoral, cela fait quand même près de 30% de voix qui ne se portaient pas sur les deux partis traditionnels qui monopolisent depuis quarante ans les chaises musicales au sommet de la République.

    Mais je comprends le raisonnement d’Alain de Benoist : l’élection de 2005 était la preuve par neuf qu’une seconde oligarchie, européenne celle-là, se superposait à la vieille oligarchie française. De surcroît, le cumul des mandats étant ce qu’il est, c’était pour ainsi dire la même classe politique de l’UMPS qui se partageait les dépouilles électorales, à Bruxelles comme à Paris. « La droite a abandonné la nation, la gauche a abandonné le peuple », dit très bien notre philosophe, citant Pierre Manent. Que la Gauche ne soit plus représentée que par un quarteron de bobos parisiens — qu’elle ait à ce point rompu avec le peuple (et la candidature de Jospin en 2002 est emblématique de cette scission) est une évidence. Que la Droite se soit européanisée, mondialisée, et ait renié le bonapartisme jacobin qui caractérisait la politique gaulliste est une autre évidence.

    Et de citer le célèbre poème de Brecht, « Die Lösung » (« la Solution ») :

    « Ne serait-il pas
    Plus simple alors pour le gouvernement
    De dissoudre le peuple
    Et d’en élire un autre ? » 

    Le populisme moderne est né d’une absence d’alternative. Rien à voir, sinon à la marge, avec le populisme des années de plomb : il ne s’agit pas de revanche (sur le traité de Versailles / les Juifs / les Francs-macs ou que sais-je) mais d’une révolte face à la confiscation de tous les pouvoirs par une minorité qui ne se reproduit qu’en pure consanguinité. D’une offense à la « common decency » chère à Orwell et à Jean-Claude Michéa (dont chaque livre, chaque interview fournit une occasion pour les Saint-Jean-Bouche-d’or de crier à la trahison des clercs). Le modèle en fait du populisme actuel n’est pas 1933, mais 1788.

    Capture-d’écran-2017-03-29-à-14.09.20.pngPour preuve (preuve aussi de la qualité des analyses d’Alain de Benoist, dont je ne vais pas vous faire une lecture exhaustive, achetez-le plutôt), le virage populiste de Jean-Luc Mélenchon, qui est rhétoriquement l’héritier de Marchais, et politiquement sur une ligne fort proche, quand on y pense un peu sérieusement, de celle de Marine Le Pen. C’est même l’opinion de cet imb… de Maurice Szafran, qui écrit désormais dans ChallengesSo long, Marianne

    Oui, oui, je sais, les futurs électeurs de Mélenchon se pincent le nez en lisant cette dernière phrase. Mais ce sont les mêmes qui l’année dernière lisaient l’Ere du peuple, un titre habilement médité par le leader de la France insoumise, sans doute méditait-il déjà le slogan de sa campagne actuelle. Les mêmes qui dénoncent le népotisme de toute la classe politique (et Alexis Corbière, le second de Mélenchon, d’estimer que « l’affaire Fillon heurte le moment populiste où nous sommes »), les mêmes qui depuis quinze ans déplorent l’abandon du peuple par la gauche et « comprennent » que d’anciens communistes aient viré FN, dans les vieux bastions du PCF — dans le Nord notamment. Les mêmes qui lisent avidement Christophe Guilluy (longuement interviewé ce mois-ci dans Eléments, la revue que patronne Alain de Benoist — tiens, tiens), et savent bien que Gauche et Droite méprisent la France périphérique — et d’ailleurs, la France tout court.

    Alexis Corbière explique donc dans l’interview pré-citée que le mot « populisme » fait aujourd’hui débat, que le peuple est contre l’oligarchie et le népotisme, et que la situation actuelle est pleine d’une violence potentielle qui l’amène à conclure à la nécessité d’une Assemblée Constituante.

    Cher Alexis Corbière, je crois qu’il est trop tard. Alain de Benoist analyse finement la disparition des « lendemains qui chantent » — et le rôle qu’a joué dans la montée du populisme l’effondrement de l’utopie socialiste, à l’Est. Seule une reddition en rase campagne de Hamon donnerait du sens à une candidature Mélenchon — mais la rue de Solférino maintiendra Hamon, parce qu’ils haïssent Mélenchon, au PS, et surtout parce qu’ils rêvent d’une victoire de MLP, qui permettrait, croient-ils, un sursaut pro-PS aux Législatives et la survie des Eléphants. J’ai bien peur (en fait, je n’ai pas peur du tout) que nous ne soyons plus en 1788, mais déjà en 1791. Ça va mal se passer dans les urnes, et ça va finir dans la rue.

    Je dis « ça », exactement comme Céline au début du Voyage au Bout de la nuit (« Ça a débuté comme ça » — une phrase d’une fabuleuse circularité), non pour écrire populaire, mais parce que c’est le Ça freudien, le refoulé de tant de décennies, qui est en train de remonter. À jouer au plus fin avec le peuple, on finit par perdre — on ne peut pas le tromper tout le temps, même si on l’a trompé longtemps. Voilà, ça va finir comme ça. 

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur.

  • A lire demain lundi : « La longue marche des centristes », par Louis-Joseph Delanglade

    Regards sur la « sale campagne » et les non moins détestables centristes.

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Racines & Traditions • Du 8 au 17 avril 2017, Perpignan vit au rythme de la Semaine Sainte

     

    Comme chaque année, la semaine sainte est l’un des temps forts de la vie perpignanaise.  

    L’originalité de la Semaine Sainte se situe dans le mode d’expression d’une ferveur à la fois intime et spectaculaire, mais aussi dans le rituel spécifique qui entoure la procession de la Sanch, point d’orgue de la semaine. Les traditions ont su garder ici une réelle authenticité. 

    La ferveur d’aujourd’hui n’a d’égale que celle d’hier. Tout ce qui touche au cérémonial des fêtes de la semaine Sainte et de la Passion est prévu, réglé avec minutie depuis des siècles. 

    De nombreuses animations sont organisées tout au long de cette semaine. Des expositions, des visites guidées thématiques… et les deux temps fort de la semaine : la Semaine Sainte et le festival de musique sacrée. 

    Vibrez avec la procession de la Sanch – Vendredi 14 avril 2017

    Un patrimoine culturel et religieux immatériel d’une longévité exceptionnelle.

    Six siècles de traditions et de recueillement se donnent à voir dans les rues et dans les églises restaurées de la ville.

    Agnostique, curieux ou réellement croyant, le public ne reste jamais insensible à la ferveur de cette manifestation populaire de la foi en Catalogne.

    Prières, psalmodies, recueillement. La foule est là, massée, silencieuse. Les pénitents avancent, chancelants sous les fardeaux des péchés du monde. Avec leurs longues capuches pointant vers le ciel, les pénitents s’isolent du monde derrière leurs masques de tissus. Vêtus de grandes robes noires, « les caparutxes » défilent au son de la cloche de fer du regidor rouge en tête du cortège. Portés sur leurs épaules, les lourds « misteris » relatent les différentes scènes de la Passion, entre Madone affligée et Christ crucifié. A intervalles réguliers, les pénitents s’arrêtent sous les roulements des tambours. Souvent les pieds nus, ils revivent la quête d’expiation qui animait les flagellants de saint Vincent Ferrier.

    Départ de la procession à 15h de l’église Saint-Jacques.

    Plongez dans les variations du Festival de Musique Sacrée – du 4 au 15 avril 

    Au-delà de toute conviction, de toute croyance et de toute appartenance, le Festival de musique sacrée de Perpignan partira à la quête de l'harmonie, de l'unité, de l'équilibre et des justes proportions. Laissons-nous entraîner dans un monde musical empli de spiritualité, de transcendance, et de tout ce qui conduit à des relations apaisées en contrepoint de notre monde dysharmonique.  

    Pour ce nouveau voyage musical au thème évocateur, le festival s’installera au Couvent des Dominicains, un lieu emblématique du patrimoine de Perpignan. L’église et le patio seront tout spécialement aménagés pour proposer les concerts gratuits à 18 h 00, les concerts du soir à 21 h 00 et les rencontres avec les artistes. Dans ce cadre splendide, les soirées du festival deviendront incontournables, mêlant l’émotion, la magie, le plaisir et la convivialité.  Un lieu à découvrir dès le 6 avril, à recommander et à partager avec le plus grand nombre pour vivre de magnifiques invitations musicales. 

    A l’affiche du Festival 2017, des chefs d’œuvre de la musique sacrée par des artistes exceptionnels :  Les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski - Le chœur Accentus, Laurence Equilbey - Ensemble Pigmalion, Raphaël Pichon - Pierre Hamon et les chanteurs d’Oiseaux - Paul Agnew, Thomas Dunford – Ensemble Canticum Novum, Emmanuel Bardon. 

    Laissez-vous conter le patrimoine catalan

    Profitez de votre séjour pour découvrir la richesse patrimoniale de Perpignan au travers des expositions et visites guidées proposées par l’Office de Tourisme. 

    La Sanch en images

    Procession de la Sanch. Copyright Office de Tourisme Perpignan1.JPG

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    Procession de la sanch. Copyright Ville de Perpignan 1.JPG

    Procession de la Sanch. Copyright Ville de Perpignan.JPG

    Source des informations ...

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  • Société • Gilles Kepel : « L'attentat de Westminster sonne le glas du rêve communautariste britannique »

     

    Répondant ici aux questions d'Alexandre Devecchio pour Figarovox [25.03] Gilles Keppel revient sur l'attentat de Londres. Pour lui, les attentats qui frappent le sol européen pourraient être annonciateurs d'une fracture sociale à grande échelle. On en retiendra l'aggravation des problèmes que pose la présence de fortes communautés musulmanes sur le sol français et européen. Et leur traduction du point de vue des nations et des Etats. Aurons-nous affaire à une reféodalisation de l'espace européen ? LFAR 

     

    1630167502.jpgUn attentat terroriste revendiqué par l'État islamique a fait trois morts à Londres ce mercredi. Après la France et l'Allemagne, c'est donc l'Angleterre qui est visée par Daech. Que cela dit-il de l'évolution du terrorisme islamiste en Europe ?

    Les Britanniques se sont un peu endormis sur leurs lauriers depuis les attentats de Londres de juillet 2005. À l'époque, les terroristes étaient passés par les camps de formation du Pakistan, mais étaient nés et avaient grandi en Angleterre. Cela marquait une rupture par rapport aux attentats du 11 septembre ou de Madrid commis par des étrangers ou des immigrés de passage. C'était le début de la transition entre la phase pyramidale du djihad et la phase indigène européenne. Bien qu'Ayman al-Zawahiri, le chef d'al-Qaïda, s'était réclamé de cette opération, elle s'était produite alors qu' Abou Moussab al-Souri venait de théoriser cette année-là le djihad de troisième génération à bas coût. Dans son « appel à la résistance islamique mondiale », ce dernier prévoyait de faire de l'Europe le ventre mou de l'Occident et la cible par excellence des attaques terroristes. Depuis lors, le Royaume-Uni a mené une politique de prévention, mais aussi de dévolution de quartiers entiers aux islamistes, tolérant notamment les tribunaux islamiques, dans le but d'acheter la paix sociale. Birmingham où vivait l'auteur de l'attentat de Wesminster, Khalid Masood, est l'illustration de cette politique.

    deux-tchadors.jpgLe fameux quartier de Small Heath, où près de 95% de la population est musulmane, se voulait le contraire absolu du modèle français laïque et universaliste. En confiant à des salafistes la gestion de l'ordre public et de la communauté, les autorités britanniques espéraient ne pas avoir à affronter un djihadisme qui en France serait, selon eux, exacerbé par une gestion laïque de la société. L'attentat de Wesminster sonne le glas de cette illusion comme les attentats de 2005 avaient sonné le glas de ce qui était à l'époque le Londonistan, c'est-à-dire la politique de refuge systématique à Londres de tous les dirigeants de la mouvance islamiste internationale arabe. La différence, c'est qu'à Birmingham, il y a peu d'arabes, mais essentiellement des Indo-Pakistanais. Khalid Masood lui était un jamaïcain converti à l'islam. L'âge de ce dernier, 52 ans, est frappant. Cela indique que son acte n'est pas le rite de passage par la violence d'un jeune non intégré, mais le geste de quelqu'un qui a été socialisé très longtemps par une contre-société. Khalid Masood s'est probablement construit contre la société britannique et a choisi de passer à l'acte. Ce qui frappe également, c'est le mode opératoire qui rappelle celui des attentats de Nice et Berlin : un véhicule à vive allure qui fauche des piétons. Il s'agit d'un djihadisme low-cost absolu qui peut passer sous les radars de la police. On remarque enfin que l'attentat visait le parlement symbole par excellence de la démocratie européenne. Ironie volontaire ou involontaire pendant la cession où le parlement discutait du Brexit. L'agenda terroriste est ainsi venu percuter l'agenda politique institutionnel contraignant le processus à s'interrompre, les députés à être enfermés et le Premier ministre à être évacué en urgence.

    Le fait que Londres soit dirigé par un maire musulman a-t-il joué un rôle dans cet dérive communautariste ?

    Les autorités britanniques ont considéré que le fait d'avoir un maire musulman, qui de surcroît a été proche par le passé d'organisations islamistes dans la mouvance des Frères musulmans, permettrait de mieux contrôler les réseaux et d'éviter la violence. Cependant Sadiq Khan apparaît comme un traître pour les plus radicaux. De manière générale, c'est une illusion que de penser que les accommodements raisonnables peuvent apaiser une société. Au contraire, ils favorisent la fracture. Le cas de la Hollande est paradigmatique puisqu'aux Pays-Bas l'exacerbation multiculturaliste s'est traduite en une xénophobie tout aussi virulente.

    La France n'a donc pas été visée spécifiquement à cause de son modèle universaliste et laïc…

    La laïcité, le passé colonial et le chômage de masse en France sont des facteurs aggravants, mais en aucun cas structurants. Et l'Allemagne, qui n'a pas de passé colonial, un modèle où la religion est reconnue, et le plein-emploi, pouvait sembler à l'abri, elle ne l'est plus, notamment parce que le modèle a changé du fait de l'afflux de migrants. On peut aussi penser qu'à l'avenir l'immigration turque, qui est bien intégrée depuis longtemps en Allemagne, ne pourra pas rester à l'abri des soubresauts que connaît son pays d'origine avec la politique d'Erdogan qui tente de mobiliser les foules en Europe.

    Il faut aussi noter qu'en France depuis le 26 juillet 2016 et l'assassinat du père Jacques Hamel, les services de renseignements ont fait des progrès considérables en cassant le réseau Télégramme, en arrêtant préventivement les gens susceptibles de passer à l'acte, en tuant le « contremaître des attentats » de 2016 Rachid Kassim abattu par un drone américain il y a deux mois. Cela a rendu plus difficile aujourd'hui la perpétration d'attentats sur le territoire français.

    La France est une cible plus difficile aujourd'hui comme on peut le voir sur les réseaux en ligne où les djihadistes français considèrent qu'ils subissent aujourd'hui une épreuve. Beaucoup décident ainsi de se renfermer dans l'étude en attendant que la situation soit meilleure. C'est ce qu'on appelle dans la stratégie islamique théorisée à l'époque du prophète: la phase de faiblesse par rapport à la phase de force pendant laquelle il faut se ressourcer et ne pas se lancer dans des opérations suicidaires qui se retournent contre elles. C'est ainsi que le bilan des attentats de 2016 a été fait par un certain nombre de dirigeants de l'État islamique comme le montre le testament très amer de Rachid Kassim qui incrimine la hiérarchie de l'État islamique pour ne pas l'avoir soutenu. De ce fait, Allemagne, Belgique, Hollande, Angleterre ou peut-être demain Italie où les services de renseignements sont beaucoup moins aguerris, car ils n'ont pas été confrontés aux attentats depuis 2012, apparaissent comme des cibles plus aisées aujourd'hui.

    Quid de l'attaque d'Orly ou de celle du Louvre ?

    L'attaque d'Orly n'a pas été revendiquée par Daech. Elle est symptomatique d'un terrorisme low-cost qui n'est même plus contrôlé par des réseaux. L'individu avait déjà été arrêté pour braquage et trafic de stupéfiants et a fréquenté des islamistes en prison. Ces derniers expliquent aux délinquants que leurs crimes crapuleux sont en réalité un combat contre l'impiété, un djihad. Ziyed Ben Belgacem, l'auteur de l'attentat raté d'Orly, a habillé de références religieuses son banditisme. Il agresse au nom d' Allah, se réclame de l'islam lorsqu'il passe à l'acte, a un Coran dans son sac à dos, mais aussi des cigarettes, est sous l'emprise de l'alcool et consomme de la cocaïne. Ziyed Ben Belgacem peut ainsi être considéré comme «un mélange individuel détonnant», le «produit dérivé» d'un djihadisme plus structuré. Ce type de djihadisme est d'autant plus dangereux pour la société qu'il est difficile à déceler, mais fait généralement moins de dégâts. Son attaque a été un échec. Il a été abattu comme le djihadiste du Louvre il y a quelque semaines.

    En outre ce type de terrorisme est inefficace politiquement car il ne permet pas la mobilisation des masses. Les défaites que subit «le califat» sur son territoire sont un facteur anxiogène et dépressif pour les djihadistes. Nous ne sommes plus dans la logique triomphaliste d'autrefois, dans la mascarade d'otages torturés, décapités, et qui donnait le sentiment que l'État islamique était dans une «marche triomphale» pour conquérir l'humanité, mais dans l'intériorisation d'une défaite inéluctable, perçue comme une épreuve envoyée par Allah. En conséquence, les djihadistes n'ont plus le temps pour planifier soigneusement des attentats en Europe et tente de mûrir leur réflexion pour après. Nous sommes entrés dans une phase transitoire. Les djihadistes sont en train de réfléchir à la phase suivante.

    « Comment peut-on éviter la partition ?» s'interrogeait Hollande dans un incroyable aveu rapporté par Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre, Un président ne devrait pas dire ça. Plus que le risque terroriste, à terme le risque majeur est-il celui de la partition?

    C'est ce que j'explique dans mon livre La Fracture, (Gallimard 2016). Si rien n'est fait, la société française sera de plus en plus sujette à des rétractions identitaires que ce soit autour du salafisme ou autour de l'idéologie de l'extrême droite. L'acceptation d'une forme de séparatisme, d' « apartheid » comme c'est le cas à Birmingham avec des juges chariatiques qui prononcent des sentences, pose le problème beaucoup plus profond des valeurs. Doit-on insister sur le partage d'un bien commun ou sur nos différences comme c'est le cas au Royaume-Uni où le Brexit est une sorte d'exacerbation de ce phénomène ?

    Le Royaume apparaît plus désuni que jamais comme le montrent les velléités d'indépendance de l'Écosse ou de l'Irlande du Nord, mais aussi la sécession culturelle de certains quartiers ou le sentiment d'abandon de l'Angleterre périphérique. Cet enjeu se pose aussi en France : l'effondrement social et l'échec de l'école font que le processus est en cours. Malheureusement le sujet est tabou aujourd'hui et largement esquivé du débat de la présidentielle. D'un côté le FN dénonce le communautarisme sans voir qu'il exacerbe lui-même la question identitaire. De l'autre côté, la plupart des candidats cachent la tête dans le sable sans que le problème soit analysé comme il le devrait et sans qu'aucune mesure ne soit prise pour enrayer le phénomène. Personne ne veut avouer que la situation dans un certain nombre de quartiers n'est plus maîtrisée. Pourtant, celui qui sera élu devra nécessairement se confronter à cet enjeu. Il faudra poser le problème de l'éducation, de l'apprentissage et de l'emploi. Ce sont des causes structurantes de la désaffection aussi bien d'un grand nombre d'enfants d'immigrés que d'enfants de paysans ou d'ouvriers dits de souche envers ce qu'ils appellent « le système». La superficialité du débat présidentiel s'explique par l'explosion du clivage droite/gauche et l'émergence d'un clivage système/antisystème. C'est une recomposition très profonde dans notre paysage politique derrière laquelle se profile la fracture. 

     
    XVM3e9f2b06-10b6-11e7-9ba8-d43cdbef99cb-120x154.jpgProfesseur à l'Institut d'études politiques de Paris, spécialiste internationalement reconnu du monde arabe et de l'islam, l'auteur de Terreur dans l'Hexagone (Gallimard, 2015) et de La Fracture (Gallimard, 2016) est aussi l'un des meilleurs connaisseurs des banlieues françaises, qu'il a arpentées durant de longues années. En 2010, avec une équipe de chercheurs, Gilles Kepel s'installe à Clichy-Montfermeil où sont nées les émeutes urbaines qui ont embrasé la France cinq ans plus tôt. Il en tire deux livres prophétiques, Banlieue de la République et Quatre-vingt-treize (Gallimard 2012), dans lesquels il montre la montée en puissance de l'islam politique dans les cités difficiles.
     
     
    Alexandre Devecchio           

    XVMd82e8388-f21c-11e6-a80c-3dc5aaa52285-120x184.jpg

    Al.exandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016)

  • Histoire • Marie-Thérèse d’Autriche

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngPour un Français, peu de noms émergent de la longue liste des souverains Habsbourg et, leur poserait-on la question, sans doute serait-ce celui de Marie-Thérèse qui leur viendrait d’abord à l’esprit. Peut-être parce que l’impératrice, épouse d’un duc de Lorraine, fut la mère de Marie-Antoinette et qu’elle exerça sur sa fille, comme sur tous ses enfants, -elle en eut seize- une influence fâcheuse. Montée sur le trône en 1740, la jeune femme n’avait pas été préparée à régner par son père, Charles VI, qui espérait la naissance d’un fils et négligea l’éducation politique d’une princesse prête à hériter d’un empire amputé de l’Espagne, revenue aux Bourbons, et d’une partie de ses territoires italiens et balkaniques. Si la France demeurait hostile, le vrai péril venait désormais de la Prusse de Frédéric II. Les premiers mois du règne furent désastreux, au point que tout sembla perdu. Mais Marie-Thérèse fit face, avec une détermination étonnante. Lorsqu’elle s’éteignit, en 1780, elle avait préservé ses possessions et, au prix de retournements d’alliances spectaculaires dont elle fut l’unique bénéficiaire, repris sur la scène internationale une place prépondérante. Pour y parvenir, elle avait froidement sacrifié sa progéniture, fidèle à la devise ancestrale : « les autres font la guerre ; toi, heureuse Autriche, marie-toi ! »

    Jean-Paul Bled donne de la vie et de l’œuvre de l’impératrice une analyse remarquable, qui éclaire toute l’histoire du XVIIIe siècle. Travail d’autant plus nécessaire qu’il n’existe pratiquement aucune biographie française de ce personnage crucial. 

    Marie-Thérèse dAutriche, de Jean-Paul Bled, Perrin Tempus. 

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  • Journées vendéennes en Lorraine hier 31 mars et aujourd'hui 1er avril

     

    VOSGES ROYALES

    LA LORRAINE ROYALISTE

    L’association HISTOIRE et CULTURE

     

    VENDREDI 31 MARS 2017

    conférence-débat avec 

    Reynald SECHER

    Historien – écrivain – étireur 

    Sur le thème 

    Vendée : guerre civile ou génocide ? 

    Brasserie « Les deux Palmiers »

    64 rue Stanislas à Nancy 

    19 h : accueil - 19 h 30 : conférence

    21 h : débat avec le conférencier autour d’un buffet froid

    (Une participation aux frais sera demandée)

     

    SAMEDI 1er AVRIL 

    JOURNEE JEAN-NICOLAS STOFFLET

    - Un lorrain devenu général de l'Armée Catholique et Royale  

    COMMEMORATION – DEJEUNER-DEBAT CONFERENCE -DEDICACES

    STAND LIBRAIRIE 

    à Bathelémont, petit village à une quinzaine de kilomètres au nord de Lunéville dans lequel naquit Nicolas Stofflet. 

    Horaires et programme : Lisez la suite ...

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  • Que de monde sur le front nord syrien !

    Antalya : Sommet russo-turco-américain sur la Syrie 

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    antoine_de_lacoste.pngIl y a quelques semaines nous nous interrogions sur le fait de savoir qui entrerait le premier dans Al Bab entre l'armée turque et l'armée syrienne. Un compromis a été trouvé sous le contrôle de la Russie et ce sont donc les Turcs qui ont libéré cette ville de l'Etat islamique (non sans mal d'ailleurs malgré le peu de combattants islamistes restés sur place).

    L'armée syrienne a dû laisser faire à la demande de Moscou qui ne voulait surtout pas voir les deux armées s'affronter. En revanche, les Syriens se sont positionnés juste au sud de la ville, sur la route de Raqqa, capitale de Daech. Le but est d'empêcher l'armée turque de s'aventurer plus loin en Syrie, ce dont Damas ne veut évidemment pas. La situation est très tendue, d'autant que les Turcs sont accompagnés de rebelles syriens à leur solde. Damas enrage de voir ces islamistes devenus pro turcs par nécessité se pavaner dans les rue d'Al Bab sans pouvoir intervenir.

    Mais même si Erdogan exige des Russes de participer à la future bataille de Raqqa, prévue d'ici quelques semaines, son principal souci n'est pas là. En effet, on se rappelle que si l'entrée de l'armée turque en Syrie avait pour prétexte de lutter contre l'Etat islamique, en réalité ce sont surtout les Kurdes qui étaient visés. Ankara ne veut pas d'un territoire autonome kurde dans le nord de la Syrie et a donc installé son armée de la frontière à Al Bab, empêchant ainsi les deux territoires kurdes à l'est et à l'ouest de faire leur jonction.

    Le nouvel enjeu crucial pour Erdogan est la ville de Manbij, tenue par les Kurdes et qui se situe à quelques dizaines de kilomètres au nord-est d'Al Bab. Pour éviter un assaut turc qui semblait tenter le sultan d'Ankara, les Kurdes ont solennellement remis une vingtaine de villages à l'armée syrienne tout en conservant le contrôle de Manbij, principale ville de la région.

    Il est évident qu'Erdogan ne peut pas donner l'ordre d'attaquer frontalement l'armée syrienne au risque de voir les Russes intervenir directement.

    Mais au-delà de cet accord kurdo-syrien, qui marque tout de même une évolution intéressante, l'enjeu de Manbij permet aux Américains de revenir au premier plan.

    Actif soutien des Kurdes depuis le début du conflit, les Américains leur ont adjoint quelques milliers de rebelles syriens, soi-disant non islamistes, armés et entraînés par eux. Plusieurs dizaines de membres des forces spéciales américaines sont présents depuis des mois dans la région pour accomplir cette tâche. On dit aussi que quelques militaires français sont sur place...

    Sous leur contrôle, cette force kurdo-rebelles syriens, appelée FDS (Front Démocratique Syrien, on a le droit de sourire...), progresse au sud vers Raqua que Washington aimerait voir libérer par cette coalition à sa solde, empêchant ainsi Damas de reconquérir son territoire. Pour bien marquer leurs intentions, les Américains viennent d'envoyer 400 hommes supplémentaires à Manbij. Les choses avancent d'ailleurs assez rapidement et la route reliant Raqqa à Deir ez Zor a été coupée, isolant donc la capitale de l'Etat islamique.

    Bachar a qualifié ce renforcement des effectifs américains d'invasion (il est vrai que contrairement aux Russes, il ne leur a rien demandé) mais on se doute que Washington n'en a cure.

    Pour prévenir tout risque de dérapage, une réunion vient de se tenir à Antalya, en Turquie, réunissant de hauts gradés russes, turcs et américains. Parallèlement Erdogan et Poutine se sont rencontrés et nous verrons probablement dans les prochains jours ce qui a été décidé.

    La grande confusion qui règne sur ce front nord permet d'envisager toutes les hypothèses pour la suite des opérations.

    Une chose importante semble toutefois se dessiner, c'est que Trump s'intéresse davantage à la Syrie qu'Obama et, compte tenu des options américaines habituelles dans cette région, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. 

  • QUI EST LE JUGE ?

    Les juges ont fait couper la tête de Louis XVI

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

     

    IMG_0786.jpgSi nous étions animé par une sorte de patriotisme corporatif qui lutte pour le gouvernement des juges, et, par là-même, pour la considération accrue des « auxiliaires de justice » que sont, selon la loi, les avocats, nous devrions être dans un état de contentement extrême.

    Que ce soit aux États-Unis d'Amérique, au Royaume-Uni ou chez nous, en France, l'autorité judiciaire, pouvoir indépendant de l'élection, animé par la seule considération de sa légitimité propre - « les clercs en ce que se connaissant » disait l'Université de Paris qui envoya Jeanne d'Arc au bûcher - est en passe de dominer le monde.

    À Washington, les juges - ou un juge - bloquent le décret sur l'immigration du Président nouvellement élu. À Londres, les juges exigent du Premier ministre qu'il soumette au Parlement ses décisions consécutives à la sortie de l'Union européenne. En France, ils jettent l'ombre de leur pouvoir sur les données de l'élection, car, en permettant - ou non - à François Fillon d'être candidat, ils commandent toute la destinée politique de la France pour les cinq ans à venir.

    C'est à une longue et profonde méditation que nous invite ce regard sur les rapports entre les juges et l'État. Nous savons que, chez nous, quand ils se sont opposés frontalement à l'autorité royale, ce sont eux, les juges, qui ont eu le dernier mot. D'abord, c'était le Parlement de Paris et ses avocats, dont un certain d'Anthon, devenu Danton. Ensuite, ce furent les mêmes, ou leurs neveux, transformés en juges révolutionnaires. Peu importe ! Ce sont les juges qui font couper la tête à Louis XVI, devenu Louis Capet. Ce sont eux qui mettent fin, dans le sang, à une tradition politique millénaire. Par eux, l'idéologie du moment triomphe de ce que Louis XIV appela « la facilité du bon sens » qui fut l'art politique d'où est sorti ce chef-d'oeuvre qui vit toujours, le Royaume de France.

    Il faut des juges ! C'est évident ! Comme il faut aussi des prêtres. Mais que chacun reste à sa place ! Que les juges soient les instruments principaux de la paix publique, de la concorde entre les citoyens, en « rendant à chacun ce qui lui est dû ». Que les prêtres célèbrent les Saints Mystères et annoncent aux foules et aux personnes la Parole de Dieu. Mais que les politiques, dont la fonction est aussi nécessaire que les deux premières, car sans la « tranquillité de l'ordre » dont ils doivent être les artisans, ni les juges, ni les prêtres ne peuvent remplir leur fonction, aient la liberté de leur action !

    Dans notre système actuel, seul le peuple est juge des politiques et son jugement s'exprime par les urnes et pas autrement !

    Un paradoxe suprême - un oxymore comme on aime le dire - domine notre avenir. La révolte du « pays réel » contre le « pays légal », intuition prophétique de Charles Maurras à la naissance du siècle dernier, est en train de gagner, sinon le monde, au moins la partie la plus éclairée de l'univers. Et la traduction politique de cette révolte se fait dans les urnes, par le suffrage universel direct. 

    Politique magazine mars 2017 -  Consulter ... S'abonner ...

  • Pour Macron, le « premier nuage » sera-t-il venu de la Réunion ?

     « Fous dehors ! », « c’est quoi de gauche Macron ? », « les z’oreilles pas chez nous ! ». Emmanuel Macron arpente sous la pluie tropicale les allées du marché du Chaudron, quartier difficile de Saint-Denis de La Réunion
     

    Mur-bleu gds.jpgDans son magistral Napoléon, Jacques Bainville a donné pour titre à son XVIIème chapitre Le premier nuage vient d'Espagne.

    Pourra-t-on, un jour, dire que, pour Macron, le premier nuage, le premier accroc, sera venu... de son déplacement à l'Île de la Réunion ?

    Certes, il y avait eu ses deux déclarations scandaleuses sur la non-existence de la culture française, et - proféré en Algérie, circonstance aggravante - sur le crime contre l'humanité (la « barbarie ») qu'avait représenté la présence française là-bas. Il avait d'ailleurs, très vite, changé sa formulation, et employé le terme de « crime contre l’humain », ce qui ne veut rien dire du tout - la chose n'étant définie dans aucun code - mais qui précisément, en cela même, cadre parfaitement avec le personnage : je dis n'importe quoi, je brasse de l'air, j'enfume, donc j'existe...

    Nous avions évidemment commenté, en leur temps, ces deux insanités. [Voir plus bas].

    Cette fois-ci, c'est différent. Mais, en un sens, plus grave peut-être pour le candidat des Banques et du Hollandisme, de la droite et de la gauche, du centre et de tout et de n'importe quoi, pourvu que « ça marche » ! Car, on a beau dire et beau faire, le ridicule, s'il ne tue plus, fait quand même encore un peu mal. Parce qu'il met en pleine lumière la vérité vraie d'un personnage. C'est en cela que le ridicule peut encore être dévastateur.

    Or, Macron, dans son affligeant spectacle - paraît-il improvisé - à la Réunion est apparu ridicule. Pensant probablement « faire jeune », « faire peuple », il a fait monter un enfant de six ans sur scène, puis un quidam qui, une fois sur l'estrade, ne voulait plus en partir, un chauffeur de taxi se plaignant de la complexité administrative, un homme âgé partisan des médecines naturelles, un sourd-muet et un non-voyant défendant la cause des personnes handicapées... Arrêtons-là cet inventaire à la Prévert, c'est Pascal qui a raison : « Qui veut faire l'ange fait la bête... »  Cette mascarade de la Réunion a montré le personnage tel qu'il était au fin fond de lui-même : profondément creux, et tentant de masquer ce creux abyssal par un nuage de fumée, le plus épais possible. Le « hic » c’est que, manifestement, les gens se sont rendu compte de cette vacuité : dans une salle à moitié vide au début, le public, sans doute lassé de cette pitrerie, quittait l'endroit par vagues, nous disent les journalistes. Forcément, quand on vient pour de la politique, voir et entendre un bateleur d'estrade, cela lasse rapidement... 

    Macron s'est donc laissé apercevoir tel qu'en lui-même. D'autant plus que, à peine la page de la Réunion tournée, il a cru utile de déclarer - à propos de la Guyane - que « bloquer l’île » n’était pas admissible ! La chaleur ? La fatigue ? Certes, nous commettons tous des lapsus et, en l'occurrence, il n'y a pas mort d'homme. Mais, enfin, nous ne sommes pas tous candidat à l'élection présidentielle, et, s'il n'y a pas mort d'homme, ce n'est quand même pas très sérieux de parler d'île en évoquant la Guyane ! 

    Macron nous permettra, ainsi, de finir ce grain de sel par un sourire, en rattachant son immortelle déclaration à celle, non moins immortelle de Jean-Louis Debré déclarant, à propos de la Corse, qu'il n'imaginait pas l'avenir de l'île... séparée du continent !

    Admirables Emmanuel Macron et Jean-Louis Debré ! 

    Autres Grains de sel à lire sur le sujet ...

    La macro énormité d’Emmanuel Macron : « Il n'y a pas une culture française « ...

    Après l'insanité ridicule, l'insanité odieuse : Macron crache sur la France en Algérie !

  • Pierre Navarranne : Deuil de la Provence royaliste

    Pierre Navarranne lit la Prière de la fin sur la tombe de Maurras à Roquevaire

     

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    Les obsèques du Docteur Pierre Navarranne ont été célébrées mardi dernier, 28 mars, à Toulon, en présence d'une nombreuse assistance, d’une foule d’amis, autour de sa famille, notamment ses petits-fils, fidèles à sa mémoire.

    Pierre Navarranne, médecin, ancien président de l'Académie du Var, laisse aussi un grand souvenir à l'Action française à laquelle il était très attaché, où il a exercé d'importantes responsabilités, mettant à son service son exceptionnelle culture tant littéraire qu'historique et politique, mais aussi sa détermination, la noblesse et la chaleur de son caractère.

    L'Action française était présente : Philippe Lallement, qui a assumé sa succession comme président de la fédération du Var, la Fédération Royaliste Provençale et Lafautearousseau, y compris plusieurs représentants de la toute jeune et nombreuse nouvelle génération d'Action française.

    Après la messe, célébrée en l'église Saint-Georges de Toulon, la famille devait se rendre à Pau, son lieu de naissance, où Pierre Navarranne repose désormais.

    Notre famille de pensée et d'action gardera de lui le souvenir du grand royaliste et, à tous les sens, du grand Français qu'il a été. 

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    Un message du Prince Jean de France

     

    2380807990.jpgChers Amis,

    Je connaissais le Docteur Pierre Navarranne de mon passage aux Baux en Provence et à Toulon lors de la présentation d’Un Prince Français, dans cette région où nous revenons souvent en famille.  

    D’autres se chargeront de son éloge mieux que moi, le connaissant mieux.

    Je me rappelle un homme courtois et profond, fidèle à l’idéal monarchique et sa Famille de France.

    En ces moments douloureux, mes pensées vont à sa famille et à ses proches que j’assure de ma prière. Avec mes sentiments attristés.

    Votre affectionné.

    Vendôme

    Le 27 mars 2017

  • Conférence : L’Histoire des Bourbons de France et des Bourbons d’Espagne [Paris, ce soir, 31 mars]

     

    3038070342.jpgVendredi 31 mars 2017, l’Institut de la Maison Royale de France et la Hermandad Nacional Monárquica de España, délégation France, ont le plaisir de vous inviter à la conférence sur l’histoire des Bourbons de France et des Bourbons d’Espagne présentée par l’historien Philippe Delorme.

    Cette conférence exceptionnelle sera donnée à 19H30 dans la grande salle paroissiale de l’église Saint Germain l’Auxerrois, paroisse des rois de France. Pour pouvoir participer à cette conférence, merci de remplir et de retourner le bulletin d’Inscription ci-dessous.  

    Bulletin d’Inscription à la conférence

  • Alain de Benoist : « Post-vérité » - En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation…

     

    Alain de Benoist a donné cet entretien à Boulevard Voltaire le 22.03. L'indifférence à la vérité est-elle un stade ultime de la révolution ? Jusqu'à nier le fond anthropologique ou ontologique qui nous constitue en tant que personnes, mais aussi socialement, politiquement ? Alain de Benoist apporte ici une réponse nuancée : la vérité n'est pas simplement adequatio rei et intellectus, selon la définition classique, puisqu'elle dépend aussi de la perception que nous avons du réel et en quelque sorte de nos structures mentales. Ces dernières dépendent aussi de la communauté, de la civilisation auxquelles nous appartenons par naissance et héritage. Mais si ceux-là aussi sont niés au profit du caprice individuel ? Nous touchons là au cœur de la révolution qui nous détruit. D'où l'intérêt en quelque sorte vital de cet entretien.  LFAR  

     

    1791516973.jpgUn nouveau concept politico-linguistique fait actuellement beaucoup parler de lui : la « post-vérité ». Il y aurait donc une « anté-vérité » ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

    La « post-vérité » (post-truth) a, en effet, été choisie en 2016 comme « mot de l’année » par le Dictionnaire d’Oxford. Le terme est apparu aux États-Unis dans le sillage de la « French Theory » au début des années 1990, lorsque des auteurs comme Michel Foucault ou Jacques Derrida ont commencé à discréditer la notion de vérité comme un « grand récit » auquel on ne pouvait plus croire. Dans la foulée, un certain nombre de journalistes ont cru possible de s’affranchir de leur devoir de neutralité face aux événements. Le mot a, ensuite, été popularisé en 2004 avec le livre de Ralph Keyes, The Post-Truth Era.

    La « post-vérité » n’est pas le mensonge mais l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. L’ère « post-vérité » (ou « post-factuelle ») désigne une période dans laquelle les faits objectifs comptent moins que l’émotion pour modeler l’opinion publique. Dans cette optique, le rôle des victimes devient essentiel. L’image partout diffusée du petit Aylan, noyé sur les rives de la Méditerranée, qu’on a immédiatement utilisée comme un argument en faveur de l’accueil des migrants, en est un exemple typique. En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation.

    On sait bien qu’il est difficile de hiérarchiser les informations quand on est bombardé de nouvelles, de commentaires et d’images qui se succèdent à une vitesse folle. C’est le problème de l’« infobésité ». Cela n’a rien de nouveau, mais le phénomène s’est, de toute évidence, accéléré à l’époque postmoderne. La transformation de la vie politique en spectacle, c’est-à-dire en concours d’apparences, la déferlante des images, les pratiques commerciales frauduleuses, la publicité mensongère, l’avènement de la blogosphère et des réseaux sociaux, le règne de la télé-réalité et de l’« infotainement » (mêlant information et divertissement), le rôle joué par des « spindoctors » spécialistes dans l’art de raconter des histoires (« storytelling »), le recours aux algorithmes et aux « bulles de filtrage », voire la montée du narcissisme (tout individu peut devenir source d’information ou de désinformation), ont fortement contribué à effacer la frontière entre vérité et non-vérité, donnant naissance à ce que certains ont appelé la « démocratie des crédules ». L’avènement du numérique décourage, à lui seul, le sens critique et le raisonnement logique, en même temps qu’il provoque un manque chronique d’attention. Hannah Arendt distinguait les vérités de fait et les vérités de raison. La « post-vérité » révèle la vulnérabilité des premières.

    On parle aussi beaucoup des « fake news ». Mais ces « fausses vérités » ne sont-elles pas aussi l’ordinaire du monde de l’information, officielle ou non ?

    C’est l’autre volet de la question.

    Le journalisme professionnel a longtemps été censé recueillir la vérité publique, mais ce n’est plus le cas. Toutes les enquêtes d’opinion révèlent une défiance croissante vis-à-vis des grands médias : presse papier, radios, télévisions. Les gens réalisent que ce qu’on leur dit ne correspond pas à ce qu’ils voient. Depuis que les propriétaires des journaux ne sont plus des journalistes mais des milliardaires, ils sont devenus conscients des connivences incestueuses qui lient les médias aux élites financières et politiques, toutes issues du même milieu sociologique, toutes également discréditées. Mais au lieu de s’interroger sur les causes de cette défiance dont ils font l’objet, les grands médias préfèrent dénoncer les sources d’information alternatives comme fondées sur la rumeur et le mensonge. Après avoir exercé une cléricature riche en anathèmes, en mises à l’index et en excommunications, ils se posent en gardiens des faits et prétendent dire ce qu’il faut croire. La création de mystifications du genre « Decodex » ou « FactCheck » n’a pas d’autre origine. C’est dans ce contexte qu’ils s’en prennent à la « post-vérité ». 

    Ce n’est pas un hasard si l’on n’a jamais tant manié la notion de « fake news » (« informations contrefaites ») que depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump. Le peuple adhérerait spontanément à la « post-vérité », parce qu’il se composerait essentiellement de ploucs incultes et mal éduqués. À travers la dénonciation de la « post-vérité », c’est à une mise en accusation du populisme, dont les leaders orienteraient systématiquement le peuple vers ses bas instincts en faisant un usage stratégique des rumeurs et en usant d’« éléments de langage » n’ayant plus aucun rapport avec les faits, que l’on assiste. Or, les médias qui sont sur la défensive face aux « fake news » ont toujours été les premiers à en publier (on se souvient du « charnier » de Timișoara, des couveuses du Koweït, des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, etc.). Il y a longtemps que la grande presse s’est mise au service de l’idéologie dominante, devenant du même coup la principale fabrique du consentement (Noam Chomsky).

    Un retour à l’objectivité est-il possible ?

    L’objectivité absolue est impossible car personne ne parle à partir de nulle part, mais on peut au moins tendre à l’honnêteté. La notion de vérité fait, depuis des siècles, l’objet d’un vaste débat philosophique. On la définit souvent, à tort à mon avis, comme synonyme de la conformité aux faits : il y aurait d’un côté les faits, de l’autre les jugements de valeur. C’est oublier que notre cerveau ne perçoit jamais des faits bruts, mais des faits associés à des interprétations qui, seules, peuvent leur donner un sens. Nos structures cognitives ne nous portent pas à rechercher des faits mais à rechercher du sens, et donc à faire un tri spontané entre les informations en fonction de ce que nous pensons déjà, et plus généralement des exigences de notre écosystème mental. C’est la raison pour laquelle la « post-vérité » a encore de beaux jours devant elle. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Réactions diverses à une actualité qui ne l'est pas moins [Suite et fin]

     

    Mur-bleu gds.jpgScandale Le Roux : le lapsus révélateur... 

    Fabienne Sintes s'en est amusée, dans sa matinale de ce dernier mercredi, disant au porte-parole de Benoît Hamon qu'il n'était pas le seul. Alexis Bachelay (ledit porte-parole) venait de parler de Bruno Le Roux en disant Bruno « relou », lapsus qui a été fait plus d'une dizaine de fois, par autant de personnes, et qui, avouons-le, vaut son pesant d'or.

    Bruno Le Roux est donc le cinquième ministre de la « république exemplaire », promise en 2012 - durant le discours du Bourget - contraint à la démission pour cause de scandale. Un par an ! Il est fort, ce Hollande !

    Sitôt « l’affaire Fillon » lancée, Le Roux avait commis l'imprudence de dire, en substance, au micro de RTL, qu'il fallait interdire ce genre de comportement (l'emploi de proches et de membres de sa famille). Il ne se rendait pas compte de sa situation ? On reste confondu... Et on se demande : combien sont-ils dans son cas, dans le Pays légal, qui voient depuis tant de semaines Fillon lapidé par les journaleux, alors qu'ils ne peuvent pas ignorer qu'ils sont, eux-mêmes, dans l'œil du cyclone ? Qui va « sortir » demain, à droite, à gauche, au centre ?

    Cette « affaire Le Roux » pose, en plus, un autre problème, d'une toute autre gravité que le simple cas personnel d'un triste sire. Depuis janvier, on a vu, en quelque sorte, le pouvoir des Juges se mettre de lui-même au centre. C'était nouveau. Mais cela n'a pas duré bien longtemps. Voici que, deux mois à peine après que les Juges se soient arrogés le pouvoir, ils l'ont perdu, remplacé par les journaleux. Et même plus les journaleux de la presse écrite, parlée ou télévisuelle : non ! par des journaleux (?) bateleurs d'estrade, amuseurs publics, saltimbanques d'un nouveau genre, où le rire destructeur est la règle (de Ruquier à Barthès).

    Question : comment le gouvernement du pays sera-t-il encore possible si un ministre majeur (l'Intérieur !) ne tient plus que trois mois, et se voit contraint de démissionner après une simple émission de la TNT ? Question qui, évidemment, ne signifie pas approbation de l'inconduite du ministre. 

    Deux mois donc, à peine, après que les juges se soient octroyé le pouvoir, les journaleux viennent de le leur prendre. Fort bien. Mais bientôt on le prendra aux journaleux. Qui ? La rue, la terreur : écoutez Mélenchon samedi place de la République, et Hamon dimanche, à Bercy...

    Allez, terminons par une note positive

    Le mathématicien Yves Meyer vient de recevoir le prix Abel 2017. C'est la quatrième fois que ce prix récemment créé (2003) - voulu comme une sorte d'équivalent du Prix Nobel, qui n'existe pas pour les mathématiques - est décerné à un français, et honore donc la qualité et la constance des chercheurs français. C'est là qu'on voit que, comme le disait Bainville, la France est, dans l'ensemble, une bonne affaire.

    Voilà qui nous sort un peu, par le haut, de la désolante médiocrité d'un Pays légal qui n'est, au fond, rien d'autre que ce qu'une infestation de tiques est à un beau chien de race...

  • Café Histoire de Toulon, ce jeudi 30 mars, soirée historique et identitaire !

     

    Le Grall, Pub associatif (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com