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Actualité France - Page 290

  • La démocratie légale d'Etat face aux Gilets jaunes.

    Par Jean-Philippe Chauvin 

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    Les démocraties occidentales sont malades, et elles sont d’abord malades de leurs classes dirigeantes, de ce que nous nommons en France « le pays légal » et qui, depuis des décennies, prend la forme d’élites dirigeantes et dominantes, autant sur les plans financier et économique, autant que sur ceux de la politique et de l’idéologie, élites de moins en moins engagées par les notions de service et d’humilité. Depuis quelques années, la séparation entre les catégories sociales (doit-on parler de « classes » ?) se fait plus visible et, aussi, plus vive : le creusement des inégalités, conséquence sociale de la mondialisation et de son imposition au sein même des sociétés anciennement constituées, a débouché sur la montée des injustices, qui ne sont rien d’autre que des inégalités démesurées, bien loin des inégalités justes et protectrices qui ordonnent toute société humaine et politique. 

    Dans son éditorial de Marianne de cette semaine, Natacha Polony valorise la thèse de David Adler, chercheur en science politique, selon laquelle « ce sont les centristes qui sont les plus hostiles à la démocratie, pas les extrêmes » : une formule étonnante mais qui ne surprendra pas vraiment ceux qui connaissent leur histoire contemporaine et qui ont suivi les évolutions idéologiques des classes dirigeantes depuis la fin de la Guerre froide. Effectivement, et la récente crise des Gilets jaunes, à la fois crise sociale et éminemment politique, l’a amplement démontré, parfois au-delà de toute raison, les propos des partisans du président Macron et de ses « ralliés récents » n’ont guère brillé par leur sens de la nuance, au risque de jeter régulièrement de l’huile sur le feu quand il aurait fallu apaiser sans mépriser les révoltés des ronds-points. Bien sûr, il y a eu, au début décembre, ce « réflexe de la peur » qui a parcouru les catégories centres-urbaines des métropoles devant cette colère parée de jaune et qui a fait trembler jusqu’aux ors de l’Elysée : l’épisode de l’hélicoptère prêt à évacuer le locataire des lieux, le 8 décembre dernier, est aussi révélateur qu’il est triste… Mais les réactions des lecteurs des grands journaux sur leurs forums de discussion respectifs sont encore moins rassurantes sur l’état de division de notre pays, et la violence des propos des « assiégés » (comme certains se définissaient eux-mêmes) contre les manifestants « ignorants, vulgaires, gueux » ont pu légitimement choquer ceux qui cherchent plutôt le dialogue (même sans concession) que la brutalité. Les réseaux sociaux en ont aussi été la lice virtuelle, non moins parcourue des fureurs et tremblements que la rue, de Rennes à Paris, de Bordeaux à Lille… 

    vendredi-22-juin-la-revue-de-presse-de-natacha-polony-20180622-1116-4b60f9-0@1x.jpgL’article de Natacha Polony a choisi d’insister sur les violences et appels à la répression issus des rangs du « pays légal » macronien, ce qui, d’une certaine manière, rompt avec la doxa de la grande presse, inquiète de la tournure prise par des événements qui semblent échapper à ceux qui tiennent le Pouvoir depuis si longtemps sous des masques divers. Il est vrai que la nouvelle loi anti-casseurs n’a rien de rassurant, en fait, comme l’a souligné le député conservateur Charles de Courson, « centriste catholique » qui n’oublie pas ses racines ni les leçons de l’histoire, y compris celle de sa propre famille, au point d’apparaître en dehors de ce « centrisme totalitaire » dénoncé par Mme Polony. Cela rejoint d’ailleurs la réflexion des royalistes qui considèrent que les traditions (au sens premier du terme, « transmission » d’un héritage immémorial et toujours vivant) sont les meilleures protections contre les dérives du moment présent, plus « immédiates » et souvent moins mesurées, faute de prise de hauteur temporelle ou historique*.  

    La violence des casseurs des derniers samedis parisiens qui, par leurs actes étrangement impunis dans la plupart des cas, cassent d’abord de l’intérieur le mouvement des Gilets jaunes en s’en prenant de plus en plus aux manifestants « originels » de l’automne, donne des arguments faciles au Pouvoir dont ils sont les providentiels alliés pour déconsidérer le mouvement d’ensemble. Cela permet au gouvernement de M. Castaner de se poser en « garant de l’ordre et de la sécurité », ce qui est tout de même le comble quand on peut constater la montée incessante de la délinquance (et de sa relative impunité, faute d’une réponse adaptée et concrète) dans notre pays et son coût pour les victimes et la société ! Mais le gouvernement n’en a cure, et il renforce son arsenal répressif en visant explicitement les Gilets jaunes, ces « empêcheurs de politiser en rond » selon l’heureuse expression d’un orateur royaliste entendue il y a peu. Sans doute faut-il y voir effectivement un symbole, comme le souligne Natacha Polony qui ne prend guère de gants avec l’Etat macronien : « Derrière les mises en scène de démocratie participative, la volonté farouche de se prémunir contre un peuple qui a la fâcheuse tendance à mal voter. (…) Quand un candidat « raisonnable » propose de lutter contre les « prurits populistes », quels qu’ils soient, tous les moyens sont bons. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit nullement de défendre la démocratie, mais de défendre un système économico-politique considéré comme le meilleur pour garantir la stabilité et la prospérité. Quitte à le défendre contre l’ignorance coupable des peuples, qui persistent à ne voir que le chômage de masse et leurs fins de mois difficiles au lieu de s’extasier sur le progrès garanti par l’avènement du grand marché global. Emmanuel Macron ne gouverne pas pour le peuple français mais pour la préservation de ce système, au besoin contre une large partie du peuple. » Ainsi, le Grand débat national, que les royalistes ne boudent pas car soucieux de présenter leurs points de vue et de crédibiliser leur force de proposition, n’est sans doute qu’une opération de diversion qui n’a pas pour vocation de remettre le système en cause mais de le remettre à flots, ce qui n’a pas exactement le même sens ni la même portée… 

    incident1-1.jpgLa sévérité de Mme Polony ne s’arrête pas à ses quelques lignes reproduites plus haut : « Nulle « troisième voie » dans le macronisme. La colère engendrée par quatre décennies de marche forcée vers la dérégulation, le libre-échange, l’abandon de toute protection non seulement des salariés, mais surtout des filières industrielles et agricoles, la financiarisation de chaque domaine de l’action humaine, et la paupérisation par la logique du low cost, aboutit à des formes diverses d’insurrection (…). Et ces insurrections deviennent le prétexte pour réduire les libertés publiques, mais aussi les capacités de décision de citoyens considérés comme des irresponsables, ou pis, des ennemis du bien commun. Ce faisant, on ouvre un boulevard aux extrêmes, dans un concours de radicalité. » Si la révolte vient de loin, et l’on pourrait s’étonner qu’elle vienne si tard (trop tard ? Souhaitons que non !), la répression s’attache à « maintenir l’ordre présent du système », ce qu’Emmanuel Mounier, personnaliste chrétien du milieu du XXe siècle, baptisait de cette formule définitive de « désordre établi ». Maurras parlait d’utiliser toutes les possibilités offertes par la contestation ou par le système lui-même pour établir la Monarchie, mais c’est la République actuelle qui pratique le mieux sa formule bien connue « Par tous les moyens, même légaux » pour préserver sa domination sur le pays… 

    « On finira bien par restaurer la monarchie, un jour, contre la dictature et l’anarchie », écrivait jadis Eugène Ionesco dans un article célèbre du Figaro Littéraire paru en 1969. Si j’avoue ne pas considérer le président Macron comme un dictateur, à l’inverse de son ministre de l’Intérieur M. Castaner qui n’en est, pour l’heure, qu’un apprenti maladroit et violent, la situation de notre pays, elle, apparaît bien anarchique, entre le libéralisme sans frein (malgré quelques limites liées à notre histoire nationale et à celle de son Etat-providence) et les désordres urbains (à ne pas confondre avec les manifestations sur les ronds-points, entre autres), et, s’il y a dictature, c’est celle du règne de l’Argent, de cette « fortune anonyme et vagabonde » qui semble inaccessible aux notions de justice sociale et de partage équitable.

    4152207496.2.jpgAlors, oui, au regard de ce couple infernal qui asservit nos compatriotes et désordonne notre société historiquement constituée, c’est bien la Monarchie royale qui peut réaliser cette synthèse entre l’ordre nécessaire à toute cité pour être et durer, et les libertés publiques qui font battre le cœur de notre nation… 

    « La Monarchie est aussi, elle est surtout, la dernière chance de la liberté », affirmait Thierry Maulnier dans les années trente : n’attendons pas le pire pour nous rappeler de cette sage et si politique réflexion…** ■ 

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

    * C’est aussi ce qui explique que la Monarchie, par essence, est plus éloignée des tentations totalitaires que les Républiques qui s’appuient sur les « émotions de masse » et sur une sorte d’instantanéité sans mesure, privilégiant la passion à la justice qui, souvent, nécessite un enracinement dans le temps long pour être véritablement ce que l’on peut attendre d’elle, la légitimité de la décision arbitrale. 
    ** Un prochain article évoquera la riche et profonde pensée de Thierry Maulnier sur la Monarchie, d’une grande actualité aujourd’hui pour « penser l’après-Gilets jaunes ».
  • Alain de Benoist : « Si le référendum d’initiative populaire existait en France, les gilets jaunes ne seraient jamais descendus dans la rue »

    Par Alain de Benoist

    Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire cet intéressant entretien qui peut donner matière à débat. [5.02]. Lisez !  LFAR 

     

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    Vous disiez, il y a peu, que les gilets jaunes devraient faire primer leur revendication en faveur d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). Or, voici qu’on nous annonce qu’Emmanuel Macron envisage lui-même de faire un référendum. Qu’en penser ?

    Le chef de l’État est aujourd’hui en campagne électorale. S’il va jusqu’au bout de son projet, on sait par avance qu’il y a des sujets qui ne seront pas soumis aux Français, à commencer par l’immigration. Édouard Philippe l’a dit clairement : pas question de faire un référendum « sur n’importe quel sujet ». La grande caractéristique du référendum d’initiative citoyenne, que je préfère appeler référendum d’initiative populaire, est au contraire qu’il permet aux citoyens de susciter une consultation sur tous les sujets d’intérêt collectif qu’ils veulent, dans le domaine politique, économique ou social.

    En France, le philosophe Emmanuel Mounier fut l’un des premiers à théoriser cette forme de référendum dans son Manifeste au service du personnalisme, paru en 1936. Il n’a rien à voir, bien entendu, avec le référendum d’initiative partagée mis en place en 2008 par Nicolas Sarkozy, dont la complexité et la lourdeur rendaient l’application impossible – ce qui était, d’ailleurs, le but recherché, car il est très difficile à un gouvernement de s’opposer à une majorité référendaire (encore que le même Sarkozy n’ait tenu aucun compte du « non » au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen en faisant adopter, trois ans plus tard, le traité de Lisbonne par le seul Parlement).

    Comme près de 80 % des Français, je suis pour ma part très favorable à ce type de référendum, qui existe déjà (sous différentes formes) dans une quarantaine de pays et qui, dans la mesure même où il résulte de l’initiative populaire, sans que soit nécessaire l’accord du Parlement ou du chef de l’État, n’a pas le caractère plébiscitaire des référendums organisés par un gouvernement. Il a, en revanche, une légitimité supérieure dans la mesure où il réunit des gens qui peuvent par ailleurs voter pour des partis différents, voire opposés. Un tel référendum doit pouvoir être à la fois législatif, abrogatif, révocatoire et constitutionnel. S’il existait en France, les gilets jaunes ne seraient jamais descendus dans la rue.

    Quels sont les arguments que l’on oppose au référendum d’initiative populaire, voire à toute forme de référendum ?

    Passons sur les obstacles d’ordre technique, qui peuvent aisément être surmontés dès lors qu’un quorum de voix raisonnable (700.000 signatures, par exemple, soit 1,5 % du corps électoral) est fixé pour déclencher la procédure et que sont instaurés les délais nécessaires à la mise en œuvre de la « votation ».

    Viennent ensuite des arguments classiques : le peuple serait incompétent pour traiter des choses « complexes », il serait versatile, sensible aux simplifications outrancières des « démagogues », il s’empresserait d’exiger l’impossible, etc. On notera que ces objections pourraient tout aussi bien s’appliquer à n’importe quelle consultation électorale. Il est facile d’y répondre : la politique n’étant pas réductible à la technique dans la mesure même où elle doit arbitrer entre des idées ou des intérêts divergents, le peuple est certainement plus compétent que les élites pour décider de ce qui le concerne, et surtout mieux placé qu’elles pour dire ce qui, dans sa vie de tous les jours, lui apparaît ou non comme insupportable. Le but du référendum n’est, en outre, pas de dégager une « vérité » mais de faire en sorte que coïncident le plus possible la volonté populaire et la politique des dirigeants. Quant à l’« irréalisme » des électeurs, je rappellerai seulement qu’en mars 2012, une proposition visant à instituer une sixième semaine de congés payés a été rejetée par une forte majorité du peuple suisse.

    Il y a, enfin, les objections d’ordre idéologique. Les libéraux sont opposés au référendum parce qu’ils sont par principe hostiles à toute forme de souveraineté populaire, ce qui suffit d’ailleurs à montrer que libéralisme et démocratie ne sont pas synonymes. Les peuples ne sont, dans l’optique libérale, que des agrégats d’individus : le tout n’est que la somme de ses parties et les collectivités ne peuvent, en tant que telles, exprimer une opinion. « De cette question de souveraineté, bien sûr, le libéral se fiche totalement », lisait-on, le 30 janvier dernier, sur le site libéral Contrepoints ! Une autre officine libérale, l’IREF, écrit sans rire que le référendum est inutile puisque « le marché est déjà l’expression des choix permanents et spontanés des consommateurs » ! Le libéralisme dénonce volontiers le « despotisme de la majorité », mais s’accommode fort bien de la dictature des minorités. Il récuse, en outre, toute décision, même démocratique, qui irait à l’encontre de l’idéologie des droits de l’homme – ce qui pose la question de la légitimité d’une assemblée non élue telle que le Conseil constitutionnel. L’article 3 de la Constitution dit que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Les libéraux, qui ne reconnaissent que la souveraineté de l’individu sur lui-même, s’en remettent aux seuls représentants, même (et surtout) lorsque ceux-ci ne représentent plus rien.

    Le référendum est-il pour autant la panacée ? Et la démocratie directe peut-elle se réduire à ce même référendum ?

    Évidemment pas. La démocratie directe est celle qui permet à un peuple d’être politiquement présent à lui-même. Elle a d’abord une dimension locale, voire communale, ce qui lui permet d’irriguer politiquement toute la vie sociale. Le référendum n’a pas non plus pour but de se substituer aux élections. Mais la loi électorale doit être modifiée par l’institution du mandat impératif, qui permet de destituer ou de révoquer tout représentant élu qui viole délibérément ses engagements ou engage une politique allant à l’encontre de ce que veulent ceux qui l’ont élu : le vote n’est, dès lors, plus un blanc-seing. L’autorité du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État et des institutions supranationales du type de la Cour européenne des droits de l’homme devrait, par ailleurs, ne plus avoir la toute-puissance qu’on lui attribue actuellement. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     Revue Eléments
     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • La couverture choc de « VA » ne dit pas tout : avec Macron, c'est le Système qui est K-O debout et c'est plus important ...

    VA : Valeurs actuelles

  • Une question de légitimité

    Par Philippe Mesnard 

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    Emmanuel Macron, si on en croit ses propos récemment rapportés par Paris Match et Le Point, entre autres, ne se contente d’assumer fermement la fermeté dont font preuve les forces de l’ordre. Il considère que les Gilets jaunes sont, dans l’ordre, ultra-violents, désorientés, manipulés par les puissances étrangères, demeurés. 

    russia-today-sputnik-sites-russes_0_0.pngJ’aimerais exagérer mais il faut simplement le lire : « 40 000 à 50 000 ultras violents qui veulent abattre les institutions », « Pour des gens qui sont faibles, ou fragiles, ou en colère, cela a une espèce de résonance », « Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C’est Russia Today, Spoutnik, etc. Regardez, à partir de décembre, les mouvements sur Internet, ce n’est plus BFM qui est en tête, c’est Russia Today », « Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d’extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un Gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan. »

    En fait, tous les opposants à Macron (synecdoque qui englobe le Président, son gouvernement, ses députés, ses sbires et ses financiers), bien au-delà des Gilets jaunes, sont considérés comme des idiots utiles de la Russie, avec quelques variantes. Par exemple, à en croire les touites de Macron et Loiseau (ministre chargé des Affaires européennes), les opposants au traité d’Aix-la-Chapelle sont complices des crimes nazis, les opposants à l’Union européenne sont des nazis. Sur des sujets plus intérieurs, les opposants sont simplement des assassins, selon Philippe et Castaner, qui s’emparent des statistiques sur les accidents de la route à peu près comme Jacques Toubon s’emparait de celles sur l’immigration, misant plus sur le choc des formules que sur la connaissance des chiffres. Il y a une disqualification permanente de l’opposant, qui va de pair avec une spectaculaire relégitimation du pays légal : Macron ne jure plus que par les partis, les syndicats, les départements et les communes. Et, tout en lançant le Grand Débat National, Macron explique que la parole de ceux qui débattent n’est pas égale (« Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un ministre ou un député ! »). Une disqualification de la parole du pays réel qui accompagne la criminalisation de la parole médiatique (Macron n’ayant pas de mots assez durs sur les journalistes) avec la loi sur les infox dont on voit bien – surtout en découvrant avec stupeur les infox du gouvernement – qu’elle servira surtout à empêcher la circulation des informations non conformes, pendant que le projet de loi anti-casseurs servira surtout à empêcher la circulation des opposants non conformes. Extension du domaine de la violence légale.

    661_magic-article-actu_dda_436_3626e6429c976908975528fd04_grand-debat-national-le-site-mis-en-ligne-mardi-soir_dda4363626e6429c976908975528fd04.jpgLe plus troublant est la manière dont ce pouvoir revient lui-même sur la question de sa légitimité : « Quand vous écoutez les gens, qu’est-ce qu’ils disent ? Ils veulent couper la tête du président. Ils disent que les députés sont tous des salopards » (les Français, décidément nostalgiques, ne croient qu’aux bonnes vieilles recettes) et « Mais il faut se poser la question “D’où tu parles ? Quelle est ta légitimité ?” Celui qui est maire, celui qui est député, celui qui est ministre a une légitimité ou une responsabilité. Le citoyen lambda n’a pas la même. Il ne représente que lui-même. » Sans doute, mais si Macron pose cette question de la légitimité, c’est qu’il se sait illégitime. Illégitime en France, où il a été élu avec une abstention record, avec l’aide d’un véritable coup d’état judiciaire et par défaut face à l’ex-FN. Illégitime car incapable de quitter sa posture de président du parti-des-gens-qui-savent, du parti-des-gens-qui-changent, du parti des Français-qui-adhèrent-au-projet qui, comme toujours en république où la nation est contractuelle, sont le seul peuple respectable. Et il n’accuse les Gilets jaunes d’être illégitime que parce qu’il reconnaît, dans l’émergence de ce mouvement, un schéma d’illégitimité qui lui est bien familier : celui d’En Marche ! et de son leader charismatique : « Eric-Drouet-figure-des-Gilets-jaunes-interdit-de-se-rendre-a-Paris.jpgDrouet, c’est un produit médiatique, un produit des réseaux sociaux », observe-t-il en dénonçant l’abdication des médias traditionnels à faire leur travail de hiérarchisation et d’analyse. « L’envers du décor de cette crise a été très peu montré », souligne-t-il. […] la déconstruction de ce qu’est le mouvement, de ses influences, la déconstruction de ses influences extérieures, ça, on l’a très peu entendu. Il y a eu une forme aussi de légitimation accélérée de ce qu’a été ce mouvement qui est un problème. »

    Comme tous les démagogues qui sentent la faveur publique faiblir, Macron agite le spectre du complot intérieur et extérieur, cette matrice ombreuse qui accouche en France, depuis 1792, des lois les plus liberticides et des gouvernements les plus autoritaires – et les moins légitimes au regard du bien commun. ■ 

    Philippe Mesnard

  • Incohérence dangereuse

    par Louis-Joseph Delanglade 

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    Oubliant les insultes de M. Macron contre la « lèpre » illibérale, nationaliste et populiste, le Quai d’Orsay vient d’accuser l’Italie de « provocations » et d’« ingérences ».

    Le piquant de l’affaire est que M. Macron fait l’objet de la même accusation de la part de M. Maduro. Or, si France et Italie sont tellement proches depuis toujours qu’elles peuvent bien se disputer, le Vénézuéla nous est terre lointaine, en termes géopolitiques et économiques, et cela même si nos Antilles ne sont qu’à quelques centaines de kilomètres de Caracas. Nous faisons donc nôtre l’analyse de M. Aliot, selon laquelle il ne faut pas confondre les régimes et les Etats : on pense ce qu’on veut (et plutôt du mal, en l’occurrence) du régime de M. Maduro mais ce qui se passe au Vénézuéla est « une affaire qui ne nous concerne pas » (BFMTV et RMC, mardi 5 février). 

    5EE89F20-A533-4AF9-9DD7-8AEA7EF51DC3_cx14_cy7_cw86_w1023_r1_s.jpgCependant, eu égard à « la violation des principes de démocratie, de l’état de droit et des droits de l’homme », en accord avec d’autres pays européens et avec la bénédiction de l’U.E., la France de M. Macron a cru intelligent de se prévaloir d’un prétendu droit d’ingérence qualifié d’« humanitaire » et de «  démocratique » pour lancer un ultimatum à M. Maduro. Ultimatum dont le rejet prévisible a souligné l’incohérence de la démarche. En effet, il faut se rappeler que les Européens, dont la France, à qui personne ne demandait rien, avaient d’abord posé aux médiateurs entre MM. Guaido et Maduro en créant un « groupe de contact » (huit pays européens et cinq latino-américains) afin d’aider à l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle. Groupe dont la réunion de jeudi dernier à Montévidéo a accouché des habituels voeux pieux de circonstance. Or, en prenant de front M. Maduro, les Européens, dont la France, se sont de fait ralliés à M. Guaido. 

    Mais pas seulement à lui et notre incohérence fait les affaires de gens plus cohérents. C’est que les difficultés de M. Maduro constituent pour les Etats-Unis une belle occasion de remettre la main sur le Vénézuela : M. Trump évoque même sans ambiguïté la possibilité d’une « intervention militaire ».

    painting-of-officials-creating-monroe-doctrine-by-clyde-o-de-land.jpgLa politique américaine dans la région a, elle, le mérite de la constance : fondée sur une interprétation impériale de la doctrine de Monroe (1823), elle fait de la mer des Caraïbes une chasse gardée en raison de son importance stratégique. Avoir secondé l’hégémonisme américain, quel beau succès en perspective pour la diplomatie française ! Mais ce n’est pas tout et il y a pis encore. Le simple bon sens montre en effet que le précédent vénézuélien pourra servir à toute remise en cause de tout régime, partout dans le monde, donc là où nous avons encore quelque influence et beaucoup d’intérêts (politiques, économiques, militaires et culturels). Ce serait par exemple le cas pour le Congo ex-Léopoldville où la récente élection présidentielle a sans doute manqué de transparence. En attendant le reste, ou presque, de l’Afrique. 

    En se mêlant de ce qui ne la regarde pas vraiment, la France a pris deux risques : celui de favoriser un impérialisme américain forcément hostile dans une région où elle possède encore quelques territoires et celui de se mettre elle-même en grande difficulté dans certaine(s) région(s) où elle est directement impliquée.  ■

  • « Djihadistes français : de la trahison »

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    CHRONIQUE - La France doit-elle accepter le retour de combattants qui ont renié la nation et ses valeurs ? Les grilles d'analyse traditionnelles ne permettent pas d'apporter une réponse efficace et satisfaisante. Car les djihadistes français ne sont pas simplement des criminels, mais des traîtres. [Le Figaro, 8.02]. On verra que Mathieu Bock-Côté repousse très loin ou très profond les limites de son analyse. De sorte qu'elle sous-tend une seconde question : n'y a-t-il pas aussi trahison de la part de ceux - gouvernants, élites, médias - qui leur ouvrent les portes de leur retour ? C'est très clair pour nous : la réponse est oui.   LFAR 

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    L'impuissance politique et intellectuelle des nations occidentales

    Il y a peu de questions aussi délicates que celle du retour des djihadistes occidentaux dans leurs pays respectifs, et elle fait débat en France en particulier. Faut-il accepter qu'ils reviennent, et si oui, à quelles conditions ? Que faire de ceux qui se sont engagés dans une « guerre sainte » contre leur civilisation et leur pays, et qui aujourd'hui, espèrent souvent y revenir en étant traités comme des citoyens de plein droit.

    Dans-son-coeur-sommeille-la-vengeance.jpgMême la question des enfants, aussi déchirante soit-elle, ne se laisse pas traiter en des termes simplement humanitaires, comme l'a finement posé Sonia Mabrouk dans son roman Dans leur cœur sommeille la vengeance, consacré aux lionceaux de Daech. Mais ce qui frappe, surtout, au-delà des questions prosaïques posées par le retour des djihadistes, c'est la confusion intellectuelle qui l'entoure. Comment les considérer du point de vue de la communauté nationale ? C'est là que surgit un terme que la philosophie politique contemporaine semble proscrire : la trahison. Nous avons une étrange difficulté à dire : ce sont des traîtres. Comme si ce terme heurtait la conscience contemporaine, qu'il était trop dur. Raymond Aron était le premier à convenir du flou qui entoure la notion de trahison, mais il ne la congédiait pas pour autant. Une philosophie politique incapable de la prendre au sérieux est une philosophie politique de temps de paix. 

    On a tendance à dissoudre la question de la trahison dans une forme de relativisme reconnaissant à chacun de bonnes raisons à son engagement. Le djihadiste français ne trahirait que de notre point de vue. Du sien, il servirait une cause légitime justifiant le plus grand sacrifice, ce qui devrait presque nous pousser à le comprendre, voire à le respecter. C'est oublier que la nation n'est pas qu'une fiction historique mais qu'elle nous engage dans le monde et qu'on ne saurait se retourner contre elle en lui déclarant la guerre sans rompre radicalement avec elle, de manière irréversible.

    Certes, après une guerre civile, il peut être nécessaire de rassembler des fils divisés, qui se sont accusés mutuellement de trahison pendant un temps. C'est le rôle d'un grand réconciliateur, capable de réparer la pire des fractures, celle du corps politique. Mais ce n'est pas de cela dont il s'agit ici. Nous sommes devant de vrais renégats, qui se sont rendus coupables de félonie. Cette déloyauté absolue n'entre pas dans les catégories ordinaires du droit. Quel que soit le traitement qu'on leur réserve, on ne saurait les considérer comme des citoyens parmi d'autres. Il y a des limites à l'humanitarisme sénile. Un juridisme extrême condamne à l'impolitique. Leur geste implique un traitement d'exception qui ne relève pas de l'évidence. Quand elle est possible, la déchéance de nationalité devrait au moins aller de soi.

    On ne saurait se laisser bluffer non plus par cette mauvaise blague en forme de théorie de psychologie populaire qu'est la déradicalisation. La déradicalisation postule que l'homme parti faire le djihad est un dérangé, troublé psychiquement, et non pas, tout simplement, un ennemi qui a consciemment décidé de s'enrôler dans une « guerre sainte ». On s'imagine qu'il suffirait de trouver les bons arguments, et les bons mots, pour qu'au terme d'une thérapie modératrice, il réintègre la communauté nationale. Ici, le djihadiste est victimisé. Justin Trudeau, au Canada, a même laissé entendre que les ex-djihadistes repentis pouvaient servir d'exemple à leurs concitoyens, pour les dissuader de basculer dans le terrorisme. Au mieux, cela relève du comique involontaire. 

    Ce qui surgit en fin d'analyse, c'est la question de la nation, qu'on ne saurait plus enfermer dans une définition strictement juridique, seule censée correspondre aux « valeurs républicaines ». Quoi qu'on en dise, la nation n'est pas qu'une construction formelle. Elle a une part charnelle, affective, qui engage le cœur et l'âme. Mais rappeler cela fait désormais scandale.

    18076816lpw-18077004-article-arrestation-jihadiste-syrie-jpg_5940006_660x281.jpgOn est en droit de se demander si les djihadistes n'étaient pas que des Français entre guillemets, jouissant de droits qu'ils n'ont jamais équilibrés avec quelques devoirs, qu'ils n'ont jamais aimés non plus. Leur cas n'est-il pas symptomatique d'une décomposition identitaire grave  ? Ces hommes auraient-ils senti monter en eux la vocation au djihad s'ils avaient vécu dans un environnement culturel cultivant une représentation du monde qui lui est favorable ?

    Dès lors, la question des djihadistes français qui après leur aventure syrienne, espèrent revenir chez eux, et trouvent des alliés pour les soutenir, révèle surtout l'impuissance politique et intellectuelle des nations occidentales, et leur difficulté à comprendre leur basculement dans des temps tragiques.    

    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).  

     

    À lire dans Lafautearousseau ...
    La justice ou la guerre
  • Société & Modernité • On se croirait en 1789 ... Cahier de doléances d’une famille provençale en 2019

    Artigues (Var)

    Ce sont des doléances de type concret qui s'expriment ici.  Foin d'idéologie ! La mise en cause pragmatique de ce que nous appelons Le Système n'en a que plus de poids, nous semble-t-il.  LFAR

    Cahier-Doleances.jpgDOLÉANCES

    Mi-janvier 2019

    Contribution de la famille PERONCEL-HUGO2 et CHATELAIN (7 personnes dont 4 électeurs, Hameau des Bellons, 83560 ARTIGUES) aux cahiers de doléances ouverts à la demande du Gouvernement, suite à la crise des Gilets-Jaunes (décembre 2018 - janvier 2019).

    Le 25 juin 2014, les habitants d'Artigues et environs furent invités à une « réunion d'information sur Internet à haut débit ». Devant la foule assemblée à la mairie, plusieurs de nos élus, dont la plupart sont toujours là, annoncèrent officiellement, et sans ambiguïté, que désormais, grâce à leurs efforts et à ceux des techniciens de la Société Xi'an (basée à Lille et dont nous n'avons plus entendu parler par la suite, malgré les sommes importantes qui lui auraient été versées par nos communes...), notre zone était désormais irriguée en haut débit. Notre joie fut grande car nous utilisons surtout notre ordinateur à titre professionnel.

    La déception fut rapide et profonde devant nos ordinateurs (alors branchés à nos frais sur nos téléphones fixes) restés en fait en très bas débit... Mi-janvier 2019 la situation ne s'est pas améliorée même si nous sommes maintenant branchés, toujours à nos frais, sur un boitier Nomad qui nous permet seulement un accès au très bas débit, à certaines heures de la journée qu'on ne peut prévoir à l'avance.

    Le 30 mai 2018, nous avons écrit au président de notre Communauté de communes, pour lui rappeler l'annonce du 25 juin 2014, non suivie d'effet depuis lors. A ce jour, nous n'avons même pas reçu d'accusé de réception de la part de la Communauté de communes...

    mail-1050x600-1024x585.jpgNéanmoins, il nous faut continuer à subir dans les médias, les vaines incantations de nos politiciens locaux ou nationaux sur I'  « égalité des territoires » etc, etc. Des mots, des mots vides pendant que, pour taxes et impôts, là nous sommes bien à « égalité des territoires »...

    Plusieurs d'entre nous travaillent en Europe ou en Afrique, dans des États moins développés que la France mais où l'accès au haut débit est généralisé depuis 10 ans et plus déjà... Nous, il nous faut souvent batailler plusieurs heures sur nos ordinateurs pour ouvrir nos messages puis y répondre. Un vrai calvaire. Nous estimons avoir été désinformés, trompés même par les annonces non fondées de nos élus.

    Var-Matin, journal en général peu critique à l'endroit de nos élus, a titré, le 12 janvier 2019 : « Tout le Var en haut débit d'ici à 2023, d'ici à cinq ans ». Qui peut y croire quand on pense à l'annonce, non suivie d'effet pour notre secteur, du 25 juin 2014 ?

    Si vous réagissez à nos doléances, prière de le faire sur le courriel collectif suivant :

    hugoz@orange.fr

    Merci et salut  

    gilets-jaunes-paris-ue-grand-debat-national-567fea8b7a.jpg

  • IDÉES • GUERRE CULTURELLE, FAUT-IL DIABOLISER LA NOUVELLE DROITE ?

    Alain de Benoist

    Entretien avec Édouard Chanot journaliste chez Sputnik

    Publié dans Le bien commun* - N° 4 - février 2019

    Les lecteurs de Lafautearousseau liront, commenteront.

    téléchargement.pngÉdouard Chanot est journaliste chez Sputnik. Il a mené l’enquête sur les idées de la Nouvelle Droite dans un reportage remarquable. Jeune journaliste, passionné de philosophie politique, il a accepté de répondre au Bien Commun pour expliquer sa démarche. Un reportage intitulé : Guerre culturelle, Faut-il diaboliser la nouvelle droite ? Fidèle à la tradition d'Action française, Le Bien Commun discute avec toutes les intelligences.

    unnamed.jpgAlors que la nouvelle droite a ébranlé le débat intellectuel français, il y a maintenant quelques décennies, pourquoi leur avoir consacré un reportage ?

    La renaissance d'un mouvement, où tout du moins son retour, est en soi un phénomène assez rare et remarquable. La Nouvelle Droite ébranle de nouveau le débat, ne serait-ce que par les inimitiés qu’elle s’attire. Tout cela peut sembler marginal bien sûr – les intellectuels accompagnent ou expriment les bouleversements davantage qu’ils ne les provoquent… Mais quand même, quelquefois tiennent-ils des propos prémonitoires. Alors dans notre pays qui affectionne les polémiques et traverse une crise du sens, les intellos ont leur mot à dire et l’on ne perd jamais son temps à lire ceux de la nouvelle droite.

    Raphael-Glucksmann-a-gauche-et-tres-adroit.jpgEn fait, trop de contre-vérités, mêlant diabolisations calomnieuses et ignorances délibérées, circulent sur celle-ci. La palme revenant à Raphaël Glucksmann (Photo) , qui fit d’Alain de Benoist le père du poutinisme… Il est évidemment possible de critiquer la ND, mais dans ce cas faisons-le sans moralisme. Le philosophe Léo Strauss pensait en premier lieu nécessaire, pour saisir un penseur, de le comprendre tel qu'il se comprenait lui-même. Je suis journaliste, et non inquisiteur, j'ai tâché de faire de même. Il fallait traiter les Neo-droitiers honnêtement. J’espère y être parvenu.

    La pensée de la nouvelle droite put paraître hégémonique dans son camp lors de son apparition. En un temps d’hégémonie politique de la gauche ces questions étaient elles intéressantes d’un point de vue journalistique ?

    La ND était, me semble-t-il, plus avant-gardiste qu’elle n’était hégémonique à ses débuts. Elle a cherché à ouvrir des pistes à une droite dominante au début du siècle dernier, mais a été peu à peu brisée par ses défaites successives. Ses inspirations très nietzschéennes, son européisme, son néopaganisme, qui peuvent paraître étranges, exprimaient aussi l'air du temps New Age et la révolution
    sexuelle. Bien qu’elle prît le contre-pied du libéralisme conquérant à droite, elle a épousé son époque plus aisément que d'autres, qui rechignaient à abandonner des combats perdus.

    Aujourd’hui, l’hégémonie de la gauche est déjà fissurée – d’ailleurs, il me semble plus juste de qualifier de libérale libertaire la doxa hégémonique, ce qui revient à relativiser qu’elle soit purement de gauche. Dès lors, l’intérêt actuel de la ND devient plus évident : ses idées centrales remettent justement en cause cette doxa.

    buisson-zemmour.jpgIl me semble aussi que la droite, au sens le plus large, a remporté trois grandes victoires conceptuelles et sémantiques depuis une décennie : d’abord, le concept d’identité, ensuite celui de grand remplacement et, plus récemment, celui de désignation de l’ennemi, à la suite des attaques dhihadistes. Deux des trois sont le fait de la ND et l’autre, vous le savez bien sûr, provient de Renaud Camus. Car c'est le GRECE qui a lancé le concept d’identité dans les années 70, et c’est Julien Freund et Alain de Benoist qui ont rendu Carl Schmitt et sa désignation de l’ennemi accessibles en France. On la retrouve désormais dans les essais de Zemmour ou de Buisson (Photo)pourtant étrangers au courant révolutionnaire conservateur germanique dont la ND est l’héritière.

    Vous faites intervenir Charles Gave en réponse aux arguments d’Alain de Benoist. La réponse libérale à ces arguments est de plus en plus minoritaire L’école libérale française est-elle encore partie prenante du débat intellectuel ?

    Grand paradoxe en effet : Charles Gave est une figure d’un libéralisme théoriquement pur et dur, classique et orthodoxe, mais libéralisme néanmoins minoritaire parmi les libéraux de nos jours. L’école libérale française est numériquement faible, sur le déclin, même si des personnalités comme Agnès Verdier-Molinié ou cet enfant gâté de Gaspard Koenig ont leurs ronds de serviette aux bonnes enseignes médiatiques. Mais au fond peu importe : le libéralisme ne s’impose pas en France par les intellectuels et le débat public hexagonal, il l’a perdu depuis belle lurette. A quoi bon débattre là, quand la classe dirigeante se forme dans les business schools et lit The Economist, avant de rejoindre les firmes américaines ou les institutions supranationales ? Tout cela est bien plus efficace pour modifier ouvertement les moeurs et les esprits des Français.

    On a souvent reproché à la nouvelle droite de cacher une critique racialiste derrière la dénonciation de l’idéologie du même. Cette critique vous semble-t-elle fondée ?

    Vous me contraignez là à un procès d’intention ! Cela étant dit, le discours caché de la ND est inconcevable : par définition, comme tous les -ismes, le racialisme circonscrit une cause première et unique de l'histoire humaine, en l’occurrence la race. Or, il suffit de lire les revues de la ND pour se rendre compte de son sens extrême des pluralités. Ses intérêts et ses perspectives sont innombrables. 

    Bien sûr, Alain de Benoist évoque le métissage dans cette idéologie du même. Mais cela fait quand même trois décennies qu’il se préoccupe bien peu des questions ethniques, même si l'on trouve une petite page sur les avancées génétiques dans Eléments. Je crois Alain de Benoist très honnête quand il critique l’ethnocentrisme,
    et il a eu une influence considérable à cet égard, en éloignant les efforts des intellos de la droite radicale vers d’autres problématiques, 
    plus économiques ou philosophiques. 

    4609OB0.jpgIndéniablement, un basculement s’est opéré dans les années 80 au sein de la mouvance, entre le racialisme (porté vers la hiérarchisation) et l'ethno-différentialisme, conséquence d’une lecture de Claude Levi-Strauss (Photo). Il n’y a donc rien de caché, et Jean-Yves Camus l’explique très bien dans le reportage [références ci-dessous ndlr], je vous laisserai donc l’écouter !

    Cela dit, je parierais que les questions ethniques reviendront peu à peu, sous la contrainte des circonstances. Certains le font déjà sur internet, en général avec maladresse, mais il est à la fois possible et souhaitable de traiter la question sérieusement. Peut-être les revues de la ND seront-elles en mesure de le faire et de montrer l’exemple… sans oublier ce qu’écrivait Spengler : « qui parle trop de race n’en a plus »

    Propos recueillis par Charles du Geai.
    Reportage à retrouver sur
    https://fr.sputniknews.com

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  • Paris Match de cette semaine informe ses lecteurs en 2 pleines pages sur le prince Jean d’Orléans, Comte de Paris

     

    Après avoir publié ce lundi sur son site internet, un article intitulé « Le prince Jean d’Orléans est officiellement le nouveau comte de Paris », le magazine populaire Paris Match continue de présenter le nouveau Chef de la Maison de France aux Français dans son édition papier sortie hier dans les kiosques.

    Dans cet article, en mode Paris-Match, Henry-Jean Servat présente aux lecteurs le nouveau comte de Paris, Jean d’Orléans, et son épouse Philoména, comtesse de Paris. Il revient sur les funérailles royales de son père qui ont eu lieu ce samedi à la Chapelle royale de Dreux.

    Un article sincère, qui vient donc se rajouter aux très nombreux articles consacrés à la famille royale de France, publiés ces trois dernières semaines dans la presse, tant nationale et locale que dans la presse internationale.

    Voici l'article en question paru hier. (Photo en en-tête). 

    DEPUIS LE DÉCÈS DE SON PÈRE, LE COMTE DE PARIS, IL EST LE NOUVEAU PRÉTENDANT AU TRÔNE DE DANCE

    JEAN D'ORLEANS
    LE ROI EST MORT VIVE LE ROI !

    Par Henry-Jean Servat - Photos Baptiste Giroudon

    « Nos relations ne furent pas toujours bonnes et, comme dans beaucoup de familles, nos rapports père et fils connurent frictions et tensions. Mais, ces derniers temps, depuis le décès de mon frère François, elles s'étaient améliorées et, aujourd'hui, le comte de Paris oublie et pardonne les avanies subies par le duc de Vendôme », déclare Son Altesse Royale, souriant à demi, avec des éclats de sincérité teintés de mélancolie.

    Au lendemain des obsèques d'Henri d'Orléans, le prince Jean, rencontré ce lundi à Dreux, annonce la couleur. L'héritier des rois qui régnèrent sur la France, descendant en ligne directe d'Henri IV, Louis XIII et Louis-Philippe 1er, souhaite faire vivre aux siens une époque apaisée. Celui qui est maintenant le chef de la famille de France, c'est-à-dire celui sans l'autorisation duquel les membres de cette famille ne peuvent se marier, précise que son père s'était levé de bonne heure, ce 21 janvier dernier. Il avait prévenu qu'il ne se rendrait pas à la cérémonie religieuse célébrée à la mémoire de son cousin Louis XVI, guillotiné deux cent vingt-six ans plus tôt. Une mauvaise bronchite l'épuisait. Il avait choisi, une fois habillé, de se recoucher et, s'étant rendormi sur son lit, ne s'était plus réveillé. La femme de ménage l'avait trouvé allongé au côté de sa femme, la duchesse de France. Les pompiers n'avaient pu le ranimer.

    Et Jean de France, duc de Vendôme, deuxième fils du prince défunt et dauphin, succédait à son père en devenant désormais Jean IV, nouveau comte de Paris. Déléguant à son frère Eudes et à son cousin Charles-Philippe d'Orléans l'organisation des funérailles en la chapelle royale de Dreux, nécropole des princes d'Orléans, il y accueillait, le week-end dernier, toute la parentèle et ses proches. A commencer par sa mère, la grande-duchesse Marie-Thérèse de Wurtemberg, née altesse royale, et sa soeur la princesse Blanche, handicapée de naissance. Son père, cela fit scandale, avait divorcé pour épouser l'Espagnole Micaela Cousino y Quinones de Leon, qui ne vint pas assister à l'enterrement, clouée au lit par une bronchite et les suites d'une opération de la hanche.

    Toutes ses tantes, son père étant issu d'une fratrie de onze enfants, trônaient en toques de fourrure au coude à coude sur des chaises de velours rouge dans le choeur de l'église baigné d'une humidité qui glaçait les sangs. Au premier rang, se trouvaient l'impératrice Farah, la reine Sofia d'Espagne, qui est une cousine, le prince Albert II de Monaco, les souverains du Liechtenstein, le prince héritier du Maroc, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, les Bourbon-Siciles, les Bourbon-Parme. Le nouveau comte de Paris tint à réunir ensuite, pour une citronnade royale, parents et amis dans la demeure qui jouxte la maison de maître où il a élu domicile. La reine Sofia tomba en admiration devant le lieu, au beau milieu du parc surplombant la ville.

    IMG.jpgLe prince vit là depuis quelques années, en compagnie de la princesse Philo-mena, épousée il y a bientôt dix ans. Il a renoncé à travailler dans la finance (il était consultant à la banque Lazard) pour s'occuper des biens, avoirs, forêts et investissements de l'héritage qui est sien. Au milieu de souvenirs royaux, le prince et la princesse élèvent leurs cinq enfants, Gaston, Antoinette, Louise-Marguerite, Joseph et Jacinthe, plus préoccupés de jouer avec Léonore, l'imposante chienne terre-neuve noire, que de suivre les cours de flûte traversière voulus par leur mère et dispensés par Emmanuelle, l'organiste de la chapelle. Contrairement à son père et au prétendant dit légitimiste, Jean est fier d'être né en France et d'y avoir toujours vécu. Titulaire d'une maîtrise de philosophie sur le bien commun et d'autres maîtrises de droit et de gestion, colonel de réserve et parrain du 4e régiment de chasseurs de Gap, créé par son arrière-grand-oncle, le prince a rencontré des gilets jaunes et garde au coeur et à la raison l'idée de servir son pays. Il trouve le temps de conseiller à ses enfants de soigner les hérissons qu'ils découvrent blessés, tout en leur apprenant leur arbre généalogique qui remonte jusqu'à Saint Louis. 

    Le prince Jean d’Orléans est officiellement le nouveau comte de Paris

  • Royalistes et Gilets jaunes, aujourd'hui

    Louis XIV gilet jaune

    Par Jean-Philippe Chauvin 

    1262631406.jpg

    En ce début février, les manifestations des Gilets jaunes n’ont pas cessé, et si le nombre des manifestants semble décroître, il n’est pas certain que les raisons de manifester, elles, sont moins nombreuses ou moins importantes.

    En ce sens, le grand débat national, pour motivant qu’il soit pour la réflexion et la proposition, n’est ni suffisant ni satisfaisant pour apaiser les colères multiples qui ont envahi le champ social et les lices politiques, ce qui ne signifie pas qu’il faille le déserter mais simplement qu’il ne faut pas en attendre grand-chose de concret, référendum ou non. 

    Désormais, le samedi est devenu, au fil des semaines, le marqueur des manifestations, et le calendrier passé en compte déjà douze depuis le 17 novembre, date inaugurale des promenades en jaune.

    Gilets_Jaunes_8_decembre®Benjamin_de_Diesbach-47.jpgLes royalistes y ont sorti régulièrement leurs drapeaux, comme nombre d’autres mouvances, et la photo d’un sacré-cœur chouan côtoyant le portrait de Che Guevara en est la plus récente illustration, inattendue autant que surprenante pour qui oublie les conjonctions paradoxales des temps d’épreuves et de tempêtes : en 1940, les royalistes d’honneur que furent Honoré d’Estienne d’Orves, le colonel Rémy ou le camelot du roi Luc Robet, et tant d’autres, ne se posaient pas la question des opinions de ceux qui partageaient leur aversion pour cette Occupation malvenue et choquante que tous subissaient. Bien sûr, et fort heureusement, nous ne sommes pas en 1940, mais, pour nombre de royalistes sans œillères et lecteurs de Bernanos, l’alliance des « Blancs » et des « Rouges » contre le Pouvoir en place et pour la revendication, fort légitime, de justice sociale (formule chère aux monarchistes qui n’oublient pas que c’est le roi Louis XVI qui l’a « inventée » !), peut justifier ces compagnonnages étranges et limités dans le temps. D’ailleurs, en réaction à cet état de fait, certains provocateurs se réclamant d’un nihilisme brutal ou d’un trotskisme suranné n’ont pas hésité à jouer les « épurateurs » contre les volontaires du Roi, au risque de faire le jeu d’un Pouvoir qu’ils disent combattre quand, concrètement, ils le protègent par leurs exclusives politiciennes. 

    Les royalistes, dont la fibre sociale s’est révélée plus sensible que chez nombre de « conservateurs » partisans d’un « ordre républicain » qui n’est rien d’autre, en définitive, qu’un « désordre établi », continuent à jouer une partition particulière dans cette contestation inédite : enracinés dans leurs terroirs et dans l’histoire longue de la nation France, cette nation qui n’est pas née en 1789 ni par la mort du « roi Capet », les royalistes évoquent la nécessaire justice sociale, préférant souvent le mot d’équité à celui, plus ambigu, d’égalité même si, en privant cette dernière d’une majuscule qui la pétrifie sans profit pour les citoyens et en la qualifiant selon les lieux et les corps publics, elle devient plurielle et légitime. Oui, l’équité territoriale, c’est-à-dire la reconnaissance d’une inégalité protectrice car prenant en compte les situations et les conditions particulières des provinces, des communes et des corps intermédiaires ; oui, la justice sociale, c’est-à-dire le refus des inégalités démesurées et injustifiées qui ne sont rien d’autre, alors, que des injustices, parfois légales mais toujours illégitimes ; oui, l’égale dignité des travailleurs et de ceux qui n’en sont plus, par la retraite ou par la rente, dans la société et dans la contemporanéité ; oui, l’ordre public, qui n’est pas forcément « républicain », pour que chacun soit préservé des effets dévastateurs des désordres et des incivilités qui sapent la bonne entente sociale au profit des plus méprisants ou des plus violents (qui sont parfois les mêmes)… 

    2194624422.jpgLe message royaliste n’est pas, pour autant, un message utopique ou seulement catégoriel : il est le rappel de ces quelques principes simples qui peuvent ordonner la vie sociale comme le débat politique et institutionnel. S’il peut offrir aussi un débouché à la contestation et à la discussion, c’est que, bien que partisan, il prône une magistrature suprême de l’Etat dont la légitimité ne repose pas sur des urnes présidentielles qui sont trop souvent de véritables boîtes de Pandore, mais s’appuie sur la longue suite des temps et l’indépendance statutaire ouverte par le mode même de transmission du sceptre de père en fils, sans que ni l’un ni l’autre ne puissent s’en échapper… Ce non-choix est la condition première de sa position d’arbitre institutionnel au-dessus des partis et des factions, au-delà des péripéties parlementaires et des pressions des nouvelles féodalités financières et économiques. Elle est, à l’heure des campagnes millionnaires et communicantes, la liberté possible et nécessaire de l’autorité suprême qui rend possible les nécessaires libertés publiques. 

    Puisque les questions institutionnelles s’invitent dans le débat après être descendues dans la rue, il n’est pas incongru que les royalistes conséquents et constructifs prônent l’instauration d’une Monarchie royale qui pourrait, de par sa nature et son statut, ouvrir la voie à la refondation des « républiques françaises », provinciales, locales, professionnelles, susceptibles de se gouverner par elles-mêmes dans le cadre protecteur de l’Unité française et sans le corset de « l’indivisibilité » qui, trop souvent, n’est que le synonyme de l’uniformité et de la contrainte venue d’un Etat parisien trop jacobin pour être honnête…  ■ 

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Voici un débat qui vaut le détour : Pascal Blanchard [historien] - Éric Zemmour

    oooooooooooo

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgUn débat passionnant de 45' sur les gilets jaunes, l'immigration, le grand débat ...  Lafautearousseau vous conseille de ne pas le rater ! 

    Durée : 45'

  • Atlantico :  « Ce que l’échec de la grève générale nous dit de la nature des Gilets jaunes (et de la suite de la crise) »

     

    logo.pngDerrière la « convergence des luttes » programmée pour la manifestation du 5 février, la gauche et l’extrême gauche, les politiques et les syndicats, espéraient bien arriver à récupérer une partie non négligeable d’un mouvement des « Gilets jaunes » dont on a fait évoluer les revendications initiales. Le peu de succès de la manœuvre montre ses limites et prouve la méfiance des « Gilets jaunes » face à toute forme de récupération.  ■ 

  • Grand Débat : Quelle sera l'utilité de tant de palabres ?

    Entre président de la République et bonimenteur 

    580234331.2.jpg

    Le « Grand Débat » s'est imposé au Pouvoir comme une issue à l'impasse et au danger.

    Il a été une porte de sortie devant l'urgence. Il s'est imposé après que Paris eut vécu des samedis de guerre civile, après qu'un ministre et ses collaborateurs aient dû être exfiltrés de leur ministère - porte cassée, locaux envahis - et qu'un certain jour, à ce qui se dit, l'on ait dû prévoir un hélicoptère pour exfiltrer aussi le président de la République de l'Élysée, s'il l'avait fallu.  

    11480238lpw-11503457-sommaire-0000403245001-jpg_4804328.jpgLes pouvoirs, si pressants en temps ordinaire, sont fragiles devant la colère du peuple. Ainsi de Louis XIV enfant emmené à Saint-Germain pour fuir la fronde de Paris, Louis XVI prisonnier quittant le Louvre nuitamment dans l'intention de rejoindre l'armée de l'Est, Thiers réfugié à Versailles d'où il matera la Commune de Paris. De Gaulle en 68 craignit aussi un moment de se laisser « faire aux pattes »* - c'était son expression - dans l'Élysée qu'il quitta alors en grand secret pour Baden. 

    Le Pouvoir a eu peur certains des samedis de novembre et décembre 2018 et le renouvellement hebdomadaire du phénomène, ajoutait  à l'angoisse. Quand tout cela finira-t-il ? Comme un couple royal menacé par l'émeute - toujours proche de la Révolution - le couple présidentiel objet d'une étonnante détestation personnelle a bien dû se poser cette question - dont on n'a toujours pas la réponse en ce début de février.  

    Alors, on a ouvert le Grand Débat, on a organisé la palabre, le Chef de l'État est descendu dans l'arène, omniscient, omniprésent, au point de paraître «  en faire trop ». Il y démontre des heures d’horloge durant sa connaissance du détail, son goût pour l'intendance, son imprégnation technocratique, sa maîtrise des dossiers, son agilité de débatteur. Une haute perception de la France, une pensée politique cohérente et claire, non. Point du tout. 

    AssembléeNationale3.jpgAlors, à la trappe les débats parlementaires, les auditions grotesques, les commissions, les partis. Exit la démocratie représentative ... Le vieux parlementarisme façon XIXème ou XXème  a peut-être vécu les derniers temps de son règne et il n'y aura pas grand monde pour le pleurer. C'est leur échec, leur obsolescence, leur discrédit et leur faillite que consacre le Grand Débat. Et, en parallèle, le « Vrai Débat », celui que les Gilets Jaunes ont nommé ainsi : le leur.  

    Ainsi Macron – le « souverain » - est-il en dialogue direct avec les Français. Ainsi, chez les gilets jaunes les Français parleront-ils entre eux. Et, comme en 1789, par une curieuse tentative de retour au réel, l'on ouvrira des cahiers de doléances, l’on débattra. Toujours comme en 1789, une dose certaine de récupération idéologique et partisane ne manquera pas de s'exercer. Et la question d'argent - comment répartir la charge de l'impôt, qui le paiera, qui profitera le plus de sa fonction redistributive - ne manquera pas d'être prégnante, sinon dominante. En tout temps, le consentement à l’impôt, la question d’argent, est chose sociale et politique. 

    Bainville.jpgQuelle sera l'utilité de tant de palabres en dehors de leur fonction cathartique ? Sur quoi déboucheront-elles ? Bainville à propos de 1789 et des débats qui préparèrent les États Généraux, nous donne la clé d'une éventuelle réponse à cette question d'actualité : « Ils soulevaient tous les problèmes et n'en résolvaient aucun »**. 

    Pour les résoudre, quand le flot des paroles s'épuise et vient se briser sur le mur des nécessités, il faut une autorité qui tranche, décide, et soit assez reconnue, ait assez la confiance des gens, pour mettre à peu près tout le monde d’accord. 

    Une telle autorité est ce qui manque le plus à la France d'aujourd'hui comme elle a manqué à la France en 1789. On sait, pour parler par antiphrase, qu'il ne s'ensuit pas de très bons résultats.  

    * Terme de fauconnerie 
    ** Histoire de France

    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (114 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • À MOURIR DE RIRE

    Par Aristide Renou

    13012740_593519734146357_8761653567887746626_n.jpgCe matin, sur la ROFSB©*, Charline Vanhoenacker était dans une forme o-lym-pi-que ! Chaussée de ses sabots de compétition – un modèle à semelles de plomb lesté au mercure, conçu spécialement pour elle – l’humoriste officielle de la France qui sent bon et qui met un foulard rouge nous a régalé de l’une de ses chroniques à jamais inimitables, du moins on l’espère.

    Le thème était : « 150 réfugiés ont été mis à l’abri du froid dans un gymnase du 16e arrondissement de Paris. Les habitants protestent parce qu’ils ne peuvent plus faire de sport ».

    Avec un tel sujet, vous pensez bien que c’était du nan-nan pour notre Charline, et, en l’écoutant, on s’émerveillait, comme à chaque fois, que France-Inter ait su dénicher, parmi tous les humoristes de la terre, celle qui précisément saurait, sur chaque sujet et sans jamais faillir, sauter à travers tous les cerceaux de la correction politique et slalomer sur tous les terrains sans jamais manquer un seul cliché, si petit, si usé soit-il.

    C’était léger, fin et appétissant comme un plat de frites froides et molles, assaisonnées de mayonnaise et de beurre fondu.

    Charline s’en barbouillait avec délectation, il y en avait partout sur les murs, et on entendait distinctement dans la voix de notre Belge émoustillée le léger feulement, signe infaillible de la jouissance morale qui est le privilège – oh, bien mérité – de ceux que leurs opinions agréablement parfumées mettent au-dessus de la vile multitude nauséabonde.

    C’est bien simple, on n’en était même plus au stade du grand-art mais carrément à celui du chef-d’œuvre. Jugez-en simplement par sa conclusion :

    4836041_6_e57d_chaque-nuit-depuis-des-mois-150-refugies_504567c65245c2c3b3a87a8dd40edd53.jpg« Oui, les gamins du 16e arrondissement de Paris sont privés de gymnase pendant trois mois. Bon, ben il leur restera l’équitation ! Vous voulez quand même pas qu’ils fassent des exercices chez eux ? Si c’est pour casser un vase Ming en faisant son stretching ! Ça fait certainement parti du Grand Remplacement !! D’abord on nous empêche de faire du sport, du coup on a du cholestérol puis on meurt et ils peuvent prendre notre place. On ne se méfiera jamais assez de la perfidie des islamo-gauchistes. »

    Hein ? Ça c’est de la chute, pas vrai ? Ça c’est de la conclusion impertinente et imparable !

    Je suis épastrouillé, comme disent nos amis Belges, esbaudi, confondu, stupéfié. Et reconnaissant.

    Car moi aussi j’aime l’humour et, bien que je n’aie aucunement la folle prétention d’égaler Charline dans cet exercice, je sais également distraire mon prochain avec quelques zamalgames bien sentis. Et comment ne me sentirais-je pas encouragé par l’exemple descendu de l’Olympe du rire ?

    Tenez, laissez-moi vous donner un échantillon de mon modeste talent.

    – 29 janvier, « la Sûreté départementale a arrêté un demandeur d’asile suspecté d’être le violeur du Saulcy (Metz). L’homme aurait agressé trois étudiantes messines entre octobre et novembre. L’ADN le met en cause. » (Le Républicain Lorrain)

    Hihihi (gloussements de rire)

    – 28 janvier, Avignon, Ydem Guiassa comparait devant la cour d’assisses de Vaucluse pour des viols sur deux femmes âgées de 71 et 88 ans (Le Dauphiné)

    Ahahah ! (rires francs)

    – 8 Janvier, Saint-Cyr-Au-Mont-d’Or (Lyon), une femme d’une quarantaine d’années est agressée par un individu armé d’un cutter. « Il a commencé par la frapper au visage avant de la faire sortir de son véhicule pour la conduire de force dans le bâtiment voisin en travaux. Là, sans qu’il ait expliqué son geste lors de sa garde à vue, il l’a forcée à se dévêtir et l’a abandonnée ainsi : en sous-vêtements, pieds nus et le visage tuméfié. » La victime a subi plusieurs fractures qui lui ont valu 30 jours d’ITT. Le suspect, qui a reconnu les faits, est un Congolais de 28 ans, sans domicile fixe (Le Progrès)

    Wouahaha ! (rires à gorge déployée)

    – 10 janvier, « Un homme de 48 ans a été placé en détention ce jeudi après-midi pour vol avec violences ayant entraîné la mort. Il est soupçonné d’avoir battu à mort un autre homme de 63 ans pour lui dérober quelques euros, le 5 décembre dernier, après une dispute à la sortie d’un bar du Vigan (Gard). Depuis les faits, le suspect était introuvable. Ce ressortissant malien, sans domicile fixe et en situation irrégulière depuis plus de 20 ans, s’était réfugié en région parisienne où il a de la famille. » (France bleu)

    Ahaouhahaouah ! (rires massifs)

    Capture-d’écran-2018-09-06-à-09.39.52-390x205.png– 5 janvier, « Un homme âgé de 56 ans a été tué de 28 coups de couteau à son domicile à Joué-les-Tours (Indre-et-Loire). Les faits se sont produits à la mi-décembre et le meurtrier présumé est un migrant ivoirien de 22 ans (Photo)  que la victime hébergeait. » (La Nouvelle République)

    Rhahahouaha ! (hurlements de rire)

    Allez, je m’arrête là, j’aurais peur de finir par vous faire mourir de rire. 

    * ROFSB© = Radio Officielle de la France qui Sent Bon.

    Aristide Renou

  • LES NOIRES HUMEURS DE MACRON

    Par Philippe Mesnard 

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    Le macronisme exsude peu à peu ses humeurs. La pellicule brillante et opaque qui recouvrait le mystérieux projet est devenu translucide et poreuse. Une liqueur poisseuse en sourd et se répand.

    Les médias réclament à nouveau que le peuple se taise puisqu’il ne sait pas parler – et d’ailleurs, qu’est-ce que le peuple puisqu’il est avéré qu’une portion du peuple, comme La Manif Pour Tous, ne peut pas être le peuple selon le CESE ? Les politiques, à nouveau, expliquent que leur politique est bonne quoi qu’en pensent les Français – si tant est que les Français pensent, cette bande de Gaulois haineux et lépreux. Et l’État, à nouveau, songe à taxer, du timbre-poste qui augmente aux droits de succession qui pourraient s’alourdir.

    5b0a9b0a488c7b936f8b4567.jpgLe macronisme exsude une humeur noire qui est celle du vieux monde pourrissant. Griveaux-le-Radical (« nous devons aller plus loin dans le changement, être plus radicaux dans nos méthodes ») continuera à conspuer les prétendus radicalisés et à considérer avec méfiance les consultations populaires qui n’iraient pas dans son sens – les Français étant d’ailleurs pour moitié persuadés qu’elles ne serviront à rien.

    Et quel changement promet Griveaux-le-Méthodique, au nom de Macron-le-Subtiligent ? De l’Europe, et des libéralités aux puissants, et du socialisme jacobin.

    Quarante ans d’Union européenne, deux cents ans de démocratie bourgeoise et soixante-dix ans d’État-providence n’auront rien enseigné à ce quadragénaire qui refuse de considérer les raisons de l’échec du modèle français. Car si Macron dans ses vœux déclare vouloir « bâtir les nouvelles sécurités du XXIe siècle » et « bâtir un avenir meilleur reposant sur notre capacité à inventer de nouvelles manières de faire et d’être ensemble », il ne propose rien, en fait, que d’imposer les réformes que ses prédécesseurs n’ont pas su mettre en œuvre, c’est-à-dire accentuer une fiscalité confiscatoire, sauf pour les plus riches, au prétexte que l’économie finira par redémarrer, comme la Grèce l’a bien prouvé… et de le faire dans le cadre très ouvert et si peu sûr de l’Union européenne. 

    000156705.jpgMais le maître des horloges a-t-il considéré que l’heure n’est plus à ces réformes ? La mondialisation heureuse, c’est fini : même Klaus Schwab, le fondateur du Forum de Davos, fait l’éloge de la nation ! Le ruissellement, c’est fini – si même cela a jamais commencé ! Le président de la Fédération des industries mécaniques, Bruno Grandjean, remarquait dans L’Usine nouvelle « [qu’il n’avait] pas vu beaucoup de gens dont l’ISF a été supprimé qui démontrent de façon claire que cela déclenchait chez eux une volonté d’investir fortement et de redresser le pays. On a besoin que les chefs d’entreprise démontrent qu’ils sont vertueux et font leur part du job. Plus de liberté implique plus de responsabilité de notre part. On a l’impression que tant qu’il restera un euro de taxe de plus qu’en Allemagne, rien ne sera possible. Ce n’est pas responsable. » (18/12/18).

    Macron, droit dans ses bottes, ayant lâché dix milliards en guise de « nouvelle manière d’être ensemble », affirme pourtant qu’il ne lâchera rien de son projet consistant à accoucher au forceps une France nouvelle et un peuple régénéré. Il ne lâchera rien quand bien même nombreux sont ceux qui aimeraient qu’il lâche les rênes du pouvoir. Comme ce pouvoir est fragile et que Macron n’entend pas être frustré trop vite de sa bizarre victoire, acquise à la faveur de la conjonction d’une abstention sans précédent, d’une justice complaisante et du soutien inconditionnel des faiseurs d’opinion, lui et ses troupes n’ont de cesse de disqualifier le Sénat, les opposants, le peuple même, affirmant que les institutions doivent se plier à Jupiter et non Jupiter respecter les institutions. Et pendant que la république française donne ainsi, une fois de plus, le navrant spectacle d’une caste installée comme un chancre au cœur du pouvoir et indifférente au sort des Français, les Français, eux, sont confrontés à la double menace de l’immigration qui dissout l’identité et de l’islamisme qui encourage à la sécession. Mais là, les politiques ne décident de rien, ou de si peu. Sinon, pour l’heure, de faire couler, sur un corps affaibli qui tente de se défendre, leurs noires humeurs réformatrices.   ■ 

    Philippe Mesnard