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Actualité Monde - Page 109

  • Péroncel-Hugoz à L’Action Française : « Le Roi du Maroc bénéficie d’une popularité illimitée »

     

    Ancien correspondant du Monde dans les pays arabes, collaborateur du principal quotidien en ligne marocain, Le360, Péroncel-Hugoz est l’auteur de « Deux mille ans d’histoire marocaine » aux éditions Casa-Express. Nos lecteurs n'ignorent pas qu'il collabore régulièrement à Lafautearousseau. Il vient d'accorder cet intéressant entretien à L’Action Française 2000.

     

    PERONCEL 3.jpgComment peut-on qualifier la monarchie chérifienne du Maroc, avec à sa tête le roi Mohammed VI ?

    C’est une monarchie traditionnelle et familiale qui n’est ni absolue, ni très démocratique. La force de ce système réside dans l’amour de la population pour le roi. Récemment, un sondage qui plébiscitait le roi et le Gouvernement à 99 % n’a pas été publié. Pourquoi ? Un autre sondage pourrait tomber à 49 % un jour ou l’autre, et la monarchie en serait affaiblie. Pour l’heure, le roi bénéficie d’une popularité illimitée, presque irrationnelle, bien que les problèmes existent : pauvreté, bidonvilles, imbroglio à la frontière du Sahara... De ma vie de reporter, j’ai n’ai vu une telle popularité qu’une seule fois : au Pakistan pour Benazir Bhutto, Premier ministre, que les islamistes ont assassinée en 2007. Il fut un temps où les Marocains craignaient Hassan II ; aujourd’hui ils craignent pour Mohammed VI.

    Comment qualifieriez-vous les membres du Parti de la justice et du développement (PJD), dont le mode d’exercice du pouvoir ne semble pas refléter l’extrémisme qui vient à notre esprit d’européens ?

    Le PJD est un parti islamiste particulier, le même que celui d’Erdogan en Turquie. Il se compose de gens pieux et est clairement monarchiste. S’il a remporté autant de succès, c’est parce qu’il a la réputation d’être honnête, contrairement à la plupart des autres partis. À mon sens, c’est assez juste. Est-ce à tort ou à raison ? En outre, et c’est unique dans un pays musulman, les membres de ce parti ne parlent pas l’arabe classique quand ils s’adressent au peuple mais le darija, qui est le dialecte arabe du pays. Cela plaît énormément.

    Quelles sont les prérogatives du PJD, le parti majoritaire ? Et quel est le rôle du roi, Mohammed VI ?

    Même si ce système des partis est une façade pour plaire à la France et aux pays occidentaux, le PJD aura tout de même une influence en matière sociale et législative. Quant au pouvoir de Mohamed VI, c’est un pouvoir régalien ; il a un rôle arbitral, comme le roi de France l’avait en son temps. Depuis son palais, même s’il n’y est pas beaucoup, passant le plus clair de son temps à parcourir le royaume à la rencontre du peuple, le roi décide en dernier ressort. Il garde la main sur les questions capitales telles que les affaires étrangères ou la défense. Son épouse, Lalla Salma, mère du prince héritier Moulay El-Hassan et de la princesse Lalla Khadija, se montre en public non voilée et s’active en faveur d’oeuvres sociales. Elle n’est pas cachée comme le fut en son temps la mère du roi. Mohammed VI n’a qu’une épouse, contrairement à son père Hassan II qui avait deux femmes et dix-neuf concubines. Sa succession est assurée avec son fils qui deviendra Hassan III. Il a quatorze ans, l’âge de régner. Il est éduqué en quatre langues (arabe, anglais, français et espagnol). Voilà une monarchie qui flirte avec la modernité et la tradition.

    Le roi du Maroc est aussi commandeur des croyants… Peut on parler d’un islam marocain ?

    Oui. Comme on le dit un temps de la France, il existe une exception marocaine. Les musulmans marocains sont différents des autres. Le Maroc n’a pas connu la colonisation par les Turcs et c’est un islam qui diffère de celui de l’Arabie saoudite. L’islam du Maroc se tisse au travers de nombreuses confréries plus ou moins mystiques qui, rappelons- le, ont été jadis protégées par le maréchal Lyautey. Elles jouent un rôle éducatif et culturel dans les mosquées et les écoles. Ainsi, le roi, commandeur des croyants, gère un islam à sa guise.

    Pourtant, les Marocains ne sont-ils pas nombreux à rejoindre l’État islamique  ? L’attentat du Bataclan n’a-t-il pas été perpétré par un Marocain ?

    Oui, c’est vrai, ils seraient deux mille. Mais au Maroc, les islamistes sont très surveillés, et contrairement à ce qui se passe en France, on ne les a pas laissé faire. Plusieurs attentats ont été déjoués depuis ceux de Casablanca en 2003 et de Marrakech en 2011. Les cinquante mille mosquées sont toutes sous surveillance, contrôlées par l’État. Le roi a ainsi ses sujets bien en main. À l’inverse de la France qui a laissé faire depuis plusieurs décennies et qui se réveille trop tard. Bien sûr, dans la lutte engagée contre le terrorisme, il existe une collaboration étroite avec la France. C’est d’ailleurs grâce aux services de renseignement marocains que le principal instigateur de l’attaque du Bataclan a été retrouvé et tué à Saint-Denis.

    Dans quelle mesure le royaume du Maroc s’engage-t-il dans la lutte contre le terrorisme islamiste ?

    Le Maroc se positionne dans le monde musulman, en particulier en Afrique, comme le maillon fort de la lutte contre le djihadisme. Le roi appelle régulièrement ses concitoyens à pratiquer un islam pacifié. Ainsi, après l’assassinat du père Hamel, il a déclaré la guerre totale à Daesh lors de son discours du 20 août. Il a parlé d’un acte illicite contre la loi divine et qualifié ce meurtre commis dans une église comme une folie impardonnable. C’est un acte courageux, et le mot n’est pas galvaudé, car Mohammed VI est désormais très exposé.

    Propos recueillis par Irène Magny

    L’Action Française 2000

    A lire - notamment - dans Lafautearousseau ...

    Journal d'un royaliste français au Maroc [Publication hebdomadaire]

  • Natacha Polony s'amuse : « Paul Magnette président ! » Mais elle a plutôt raison ...

     

    Par Natacha Polony           

    Le ministre-président de la Wallonie porte la voix du Parlement wallon qui refuse de donner son accord au Parlement belge pour la ratification du traité de libre-échange avec le Canada. Bien entendu, Natacha Polony s'amuse ici à réclamer un président wallon pour la France [Figarovox - 21.10]. C'est une plaisanterie. Qui plus est - bien que Paul Magnette soit un universitaire et un politique de qualité - la Wallonie est aujourd'hui malheureusement pourrie de progressisme socialo-libertaire et d'immigrationnisme gauchards. Cependant, en l'occurrence, elle bloque un traité  inacceptable - le CETA - et l'on ne peut que s'en féliciter. L'analyse de Natacha Polony sur la situation européenne est, elle, impeccable. LFAR

     

    924153452.jpgIl faudrait toujours relire René Goscinny. Dans l'album Astérix chez les Belges, les fiers Gaulois sont furieux d'apprendre que Jules César décrit les Belges comme le peuple le plus brave de la Gaule. On adorerait que, piqués au vif, nos politiques aillent se mesurer au courage de leurs voisins. Mais le spectacle un peu falot de la campagne à droite, le naufrage surréaliste d'un président devenu un cas psychanalytique, nous laissent deviner que nous resterons de notre côté de la frontière. Le mauvais.

    Malheureux citoyens français, connaissez-vous Paul Magnette ? Il intéresse nettement moins la presse morale et progressiste que le fringant Justin Trudeau, premier ministre canadien censément de gauche, assez peu préoccupé de conquêtes sociales mais féru d'ouverture à l'Autre, surtout quand l'Autre réclame des droits pour sa minorité religieuse. Le premier est peut-être moins « cool » que le second, mais il vient de lui donner une leçon de souveraineté. Comme à nous tous.

    Paul Magnette, 45 ans, est ministre-président de la Wallonie. Oui, on peut présider quelque chose à 45 ans chez nos voisins belges. Et en tant que ministre-président de la Wallonie, il porte la voix du Parlement wallon qui refuse de donner son accord au Parlement belge pour la ratification du Ceta, traité de libre-échange avec le Canada. Ledit traité, négocié, comme son frère jumeau pour les États-Unis, le Tafta, dans des conditions de secret totalement rocambolesques, ne se contente pas d'abaisser les tarifs douaniers, comme on l'attend d'un traité dit de libre-échange. Il met en place des normes dont le but est d'affaiblir les États face au pouvoir des multinationales. À travers les tribunaux arbitraux, il donne la possibilité à une entreprise d'attaquer, par exemple, un État dont le changement de politique la priverait des bénéfices qu'elle avait projetés. Il protège la propriété intellectuelle des semenciers sur les graines employées par les paysans, mais pas celle des artisans fabriquant des produits d'appellation d'origine contrôlée. Et surtout, il met en place des mécanismes dits « effets de cliquet », qui interdisent tout retour en arrière, même au cas où un gouvernement démocratiquement élu voudrait remettre en cause tout ou partie de l'accord.

    Paul Magnette a donc réclamé « des clauses juridiquement contraignantes qui fassent en sorte que si demain il y a un conflit entre une multinationale et un État, on n'ait pas affaibli les pouvoirs de l'État de réguler, de protéger nos services publics, nos normes sociales, environnementales, tout ce qui fait le modèle de société européen auquel nous sommes très attachés ». Mieux : à ceux qui l'accusaient de faire de son pays un paria, il a dit préférer « un isolement diplomatique à une coupure avec la société civile wallonne, dont des pans entiers (syndicats, ONG, agriculteurs…) s'opposent au traité » parce qu'il « sonne l'arrêt de mort de l'agriculture wallonne déjà en crise ».

    Un gouvernant qui se soucie de protéger l'agriculture et les services publics, il est vrai que c'est assez surprenant. Les hiérarques de la Commission européenne n'en reviennent pas. Pas plus que les gouvernants français, qui n'ont pas de mots assez durs pour le Tafta (du moins jusqu'en mai 2017), depuis qu'ils ont compris que les peuples s'y opposent farouchement, mais qui trouvent le Ceta tout à fait acceptable. À l'ultimatum qui lui était lancé, Paul Magnette (qui connaît son sujet : il est l'auteur d'une thèse sur Citoyenneté et construction européenne) a répondu qu'il laisserait se dérouler le processus démocratique. Étrange considération quand tout a été fait, depuis quarante ans, pour qu'aucun processus démocratique ne puisse entraver l'inexorable progression de la globalisation libre-échangiste déguisée en rêve européen. La Commission européenne avait d'abord essayé de faire qualifier le traité de « non-mixte    », ce qui signifie qu'il ne relève que de la responsabilité des instances européennes et pas des États. Raté. Il a donc fallu consentir à un vote des parlements.

    De partout, on entend les uns et les autres s'agacer que trois millions et demi de Wallons bloquent un traité qui concerne 500 millions d'Européens et qui est accepté par leurs représentants. Voilà qui nous prouve seulement que ces heureux Wallons sont les seuls à disposer encore de représentants qui les représentent vraiment, défendant leurs intérêts plutôt que les dogmes d'une oligarchie déterritorialisée et protégeant jalousement leur souveraineté, c'est-à-dire leur droit de décider de leur destin.

    Aussi, chers amis wallons, montrez-vous magnanimes envers des voisins nécessiteux. Prêtez-nous Paul Magnette pour cette élection de 2017 dont les enjeux essentiels sont d'ores et déjà évacués par nos candidats. Il est prédestiné. Le siège de la présidence wallonne, la Maison jamboise à Namur, est surnommé l'Élysette.  

    Natacha Polony

    On peut lire aussi ...

    Libre-échange : Waterloo pour le Ceta - Par Jean Quatremer [Libération]

  • Éric Zemmour : « Cette gauche qui déteste le pape quand il rappelle qu'il est catholique…»

     

    Par Eric Zemmour

    Éric Zemmour dit l'essentiel dans cette chronique du Figaro [7.10] où il analyse comment le pape François - dont il ne dissimule pas l'ambivalence, et les prises de position parfois dangereuses et négatives - prend toute sa part dans la lutte contre le totalitarisme du genre. Pourvu que ça dure ! conclut-il. Nous aussi. LFAR

     

    522209694.4.jpgLa gauche aime le pape François. Quand il vilipende le capitalisme, la mondialisation, les inégalités entre riches et pauvres. Quand il ramène dans ses bagages des familles de migrants musulmans. Quand il met sur le même plan une théorique violence catholique et une bien réelle violence islamique.

    La gauche aime le pape quand François se soumet de bonne grâce au diktat de la bien-pensance et semble avoir fait siennes les fameuses « vertus chrétiennes devenues folles » de Chesterton.

    Mais la gauche déteste le pape quand il fait savoir qu'il est resté catholique. Quand il défend le mariage et vitupère contre « la guerre mondiale » qui lui est menée. La gauche morigène même le pape quand il ose dénoncer ces ouvrages scolaires français qui expliquent à nos enfants qu'« on ne naît pas femme, on le devient », selon la célèbre phrase de Simone de Beauvoir.

    La gauche honnit le pape quand il distingue entre les individus - homosexuels, voire transsexuels, humbles pécheurs que l'Eglise doit accueillir comme les autres - et le dogme catholique qui sacralise le mariage, le seul authentique, entre un homme et une femme, et la famille traditionnelle. Bref, la gauche ne supporte plus ce pape quand il fait son métier de pape.

    Najat Vallaud-Belkacem a pris son air d'institutrice pour tancer la « légèreté » de François; on se souvient que la même avait déjà brocardé les « pseudo-intellectuels » qui contestaient sa réforme du collège. Notre ministre de l'Education nationale a la particularité de vouloir boxer au-dessus de sa catégorie. Elle a aussi le don de maquiller la vérité avec un fard épais.

    Notre ministre et la gauche estiment que la théorie du genre n'existe pas. Elle disait pourtant le contraire il y a quelques années. La théorie du genre n'existe plus puisqu'elle a été rebaptisée « concept de genre ». Plus c'est gros, plus ça passe. Les mots changent, les idées restent. Il s'agit toujours de nous convaincre que la différence entre homme et femme ne relève en rien - c'est le rien qui est essentiel - de la biologie, et en tout des habitudes sociales qui, au fil des siècles, ont édifié des préjugés innombrables sur les rôles respectifs des hommes et des femmes.

    Préjugés qu'il s'agit de déconstruire et de détruire pour être enfin « libre et égal ». C'est exactement ce qu'on explique dans les écoles de France, au gré d'exemples divers, de ces garçons qui voulaient danser des ballets classiques avec les filles ou de ces filles qui devenaient karatékas. De ces papas qui portent une jupe ou de ces enfants qui ont deux papas.

    Devant la bronca contre l'« ABCD de l'égalité » d'il y a deux ans, la propagande s'est affinée. Mais c'est toujours de la propagande. Cela devient une tradition au Vatican: le pape Jean-Paul II combattait le totalitarisme communiste; le pape François prend toute sa part dans la lutte contre le totalitarisme du genre. Pourvu que ça dure ! 

    Eric Zemmour           

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    François et la théorie du genre : surprise, le pape est... catholique !

    Il est contre la « colonisation idéologique » : François, Janus aux deux visages... 

  • Poutine ne viendra pas : Hollande joue contre la France ...

      

    Mur-bleu gds.jpgHollande bombe le torse et, telle la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, fanfaronne d'une façon grotesque, jouant les durs, les forts, lui qui est mou et faible. Mais, comment des dirigeants peuvent-ils à ce point perdre le contact avec le réel pour ne plus avoir le sens - à défaut de l'intérêt national - au moins du ridicule ?
     
    Initialement, une visite du président russe était prévue à Paris, pour l'inauguration de la cathédrale orthodoxe russe édifiée tout à côté de la Tour Eiffel.
     
    La France, et l'Europe, ont besoin de l'alliance russe : une Eurasie, de Brest à Vladivostok, est une nécessité pour contrebalancer à la fois les puissances émergentes (d'ailleurs, pour certaines, déjà largement émergées ...) comme la Chine, l'Inde etc... mais aussi nos excellents amis de la Maison-Blanche, un endroit d'où l'on a presque constamment, tout au long de son histoire, « joué contre » la France.
     
    Or, François Hollande veut masquer son impuissance dans la crise syrienne : mais il en est le premier responsable - et coupable - par ses préjugés et son hostilité immodérée envers le régime de Bachar el Assad depuis le début de la guerre civile en Syrie. Il est stupéfiant de voir un dirigeant politique se laisser aveugler à ce point, au point de ne plus voir ce qui pourtant crève les yeux : il ne s'agit pas de faire d'Assad un modèle, mais de constater froidement et lucidement qu'il lutte sur le terrain contre l'Islam radical terroriste et, de fait, protège les minorités (dont les Chrétiens) contre la marée montante de l'islam-islamisme qui, au Moyen-Orient, submerge tout.
     
    Il y a quelques mois, Hollande-s'en-va-t-en-guerre s'était même couvert de ridicule lorsque, boutefeux irresponsable et presque puéril, il allait partir attaquer la Syrie avec... Obama ! Moins  aveugle - ou mieux conseillé... - que son homologue français, Obama s'était prudemment récusé à la dernière minute, laissant Hollande, embourbé pitoyable, opérer un « marche arrière toute » en catastrophe, offrant au monde un spectacle ravageur pour notre diplomatie et notre image de marque.
     
    Depuis Hollande et son sérail ressassent leur rancoeur et recuisent dans le jus d'une impasse où ils se sont mis eux-mêmes et qui, par définition, ne mène nulle part; et répètent, tels des perroquets, les mêmes mots et phrases grandiloquentes sur les « crimes de guerre », la « honte pour l'humanité » et autres incongruités du même tonneau, qui les coupent des réalités et les condamnent à l'impuissance. Ce qui ne serait pas bien grave s'il ne s'agissait que d'eux; mais, il s'agit de la France, de son image dans le monde, et du rôle qu'elle pourrait jouer - et ne joue pas - dans l'aire moyen-orientale à côté de ses alliés naturels, que tout lui désigne : en l'occurrence, ici, la Russie...
     
    A cela s'ajoute le sectarisme idéologique du Système, incarné justement par Hollande : lorsque la visite de Poutine était encore prévue, Hollande avait fait savoir qu'il n'accompagnerait pas le président russe à la cathédrale; et, véritable affront diplomatique, il convoquait presque le président russe à l'Elysée, pour parler... de la Syrie ! C'est sa version à lui - aux petits pieds - de « la dépêche d'Ems », en quelque sorte !
     
    Gageons que, s'il s'était agi d'inaugurer une mosquée, c'est tout le gouvernement au grand complet qui aurait été là, président en tête. Et notre Juppé-le-gauche, Juppé-l'Islam aurait certainement fait le voyage depuis Bordeaux !
     
    Mais là, il ne s'agit que d'une cathédrale chrétienne, et que des intérêts de la France : alors, vous comprenez bien qu'en haut lieu on s'en fiche éperdument !  •
  • Le retour du peuple

     

    par Hilaire de Crémiers

    L’univers tel qu’ont voulu le façonner les dirigeants mondiaux au cours des dernières décennies, est en train de changer. Non sans conséquences.

     

    2771589182.jpgIl n’est pas douteux que le monde est traversé de nouveaux courants. Après la chute du communisme, il était de bon ton de croire que la planète était destinée à s’unifier et à s’uniformiser dans un vaste ensemble libéral où le commerce, en libre échange de plus en plus ouvert, serait l’âme d’une mondialisation heureuse, bénéfique à tous et à chacun, et où les progrès technologiques suffiraient à assurer une croissance continue. Bien sûr, les États-Unis qui avaient gagné la guerre froide, tenait un leadership naturel dans cette configuration en raison de son hégémonie, en tant que seule puissance mondiale capable d’interventions aussi bien militaires que financières sur l’ensemble du monde.

    Ils préservaient ainsi leurs intérêts, mais, apparemment, c’était au départ sans se douter des graves conséquences qui pourraient en résulter pour eux. L’interventionnisme tous azimuths fut, dans la plupart des cas, malheureux et terriblement coûteux. Les peuples n’entraient pas dans les schémas préconçus des stratèges américains et des technocrates mondiaux.

    Les citoyens des États-Unis, eux-mêmes, subirent peu à peu les contrecoups des crises mondiales, les destructions systématiques d’un libre-échangisme aux effets pervers, les réactions violentes d’une guerre monétaire qui devenait primordiale, les suites dramatiques d’une incapacité à contrôler les flux migratoires, enfin les folies d’une société où l’argent est devenu roi. Attentats, désastres financiers, échecs militaires, guerres indéfinies devinrent le lot de la grande puissance qui était censée imposer au monde son modèle démocratique. Toutefois, sous Bush comme sous Obama, le premier sous forme guerrière, le second sous forme pacifique, le même but restait en ligne de mire.

    La mondialisation heureuse

    L’Europe suivait dans cette voie et attelait son char au char américain. Elle adhérait a priori à tous les traités internationaux qui la contraignait à s’ouvrir toujours plus aux marchés mondiaux, c’est-à-dire essentiellement aux grandes multinationales, en espérant elle-même jouer à jeu égal avec de telles mastodontes. La concurrence devenait la règle universelle. L’Europe devait, toujours selon le même schéma, s’unir davantage, offrir des marchés de plus en plus vastes. La monnaie unique entraînerait à coup sûr l’union budgétaire, bancaire, financière, économique et politique, accélérant ainsi les processus commerciaux et donc augmentant la richesse.

    Telle était la pensée qui s’imposait et qui devenait par le fait même unique. Hollande, disciple de Jacques Delors, était le type même de ceux qui avaient appris cette leçon et la répétait par cœur indéfiniment. Tout était fait, bien sûr, pour le bonheur des peuples. L’Europe s’approfondirait en même temps qu’elle s’élargirait… jusqu’à la Turquie, pourquoi pas ?

    Le rêve bushien

    Il ne fallait pas désespérer du Proche et du Moyen-Orient. Le rêve bushien d’en faire un grand espace démocratique avait, certes, échoué ; l’important était de soutenir tous les printemps arabes, toutes les rébellions qui revendiquaient la justice et l’égalité. L’islam se pacifierait en s’adaptant au goût nouveau qui lui viendrait nécessairement, de la liberté religieuse et politique. C’en serait alors fini des querelles intestines et des volontés expansionnistes, sunnites autant que chiites.

    L’Asie serait bien obligée d’entrer dans la danse. Après quelques ajustements, ce serait chose faite. Le Japon sortirait de sa stagnation. Barack Obama veillait à ce que les États-Unis fussent à la tête de ce nouvel ensemble économique asiatique auquel il convenait de donner une tournure démocratique. L’Afrique, quand elle sortirait de ces luttes tribales d’un autre âge, ne pouvait que comprendre l’intérêt pour son continent entier de cette conception universaliste. Ses richesses, sa démographie lui préparaient une position exceptionnelle.

    Henry Kissinger fut en son temps l’apôtre de ces plans grandioses qui lui valurent le prix Nobel de la paix. Jacques Attali chez nous se fait le prophète de ce monde nouveau, d’au-delà des nations, où le nomadisme sera la condition naturelle de l’homme et le progrès son unique but.

    Restent la Russie et la Chine qui, incontestablement, échappent à ces visées. C’est la grande préoccupation des penseurs et des stratèges de cette mondialisation. Tout est donc fait pour contenir la Russie, par OTAN interposée, s’il le faut, pour la déstabiliser, l’acculer, la culpabiliser aux yeux de l’opinion mondiale en espérant là aussi fomenter une révolution « orange » dans le peuple conscientisé.

    De la même façon, l’idée est d’isoler la Chine tout en l’amadouant par le commerce, en attendant que les progrès démocratiques suscitent de l’intérieur les évolutions nécessaires.

    Tel était, tel est toujours le rêve.

    Le réveil des nations

    Et puis, voilà que la réalité se fait tout autre. Les peuples se mettent à aimer leurs frontières ; ils veulent retrouver leur histoire ; plus que la démocratie mondiale, ils cherchent leur identité ; ils aspirent à l’unité intérieure ; ils souhaitent un État protecteur et qui soit le garant de leurs libertés. Ils en ont assez des prétendues élites mondialisées, des systèmes de connivence des partis officiels et des hommes de pouvoir, de la verbeuse morale de ces immoralistes qui se sont hissés sur les chaires d’autorité et qui usent de leur pouvoir pour imposer leur conception et leur intérêt.

    On feint de s’étonner des succès d’un Donald Trump qui, peut-être, malgré tous les pronostics, sera le prochain président des États-Unis. La bien-pensance universelle le rejette. Il n’empêche que le milliardaire à la gouaille quelque peu vulgaire répond à un appel de l’Amérique profonde. Il exprime publiquement ce que le petit peuple pense. N’est-ce pas un signe des temps ? Aux États-Unis aussi ?

    Et, en Europe, il en est de même. Le Brexit fut un coup de tonnerre. Theresa May a décidé de « gérer ses frontières ». L’Angleterre veut rester une nation. En Allemagne, les coup de semonce électoraux ne cessent d’avertir Angela Merkel qui décide, du coup, d’installer des contrôles. La Bavière ne veut pas disparaître ni être submergée. L’Italie proteste après le faux accord de Bratislava ; elle ne veut pas être le pigeon de la politique allemande. Pas plus que la Grèce.

    L’Europe du Nord pareillement. L’Autriche a une résistance populaire énergique qui, peut-être, balaiera un gauchisme viennois irresponsable. La Hongrie brandit son identité ; tous les pays de l’est européen font de même. Pourquoi les peuples seraient-ils condamnés à disparaître pour faire plaisir aux hurluberlus de Bruxelles et de Washington, qui eux, bien payés et à l’abri des menaces, ne connaissent pas la crise ? Il n’est pas dit que l’Amérique du sud aussi ne puisse se retrouver dans des États dignes de ce nom.

    L’Asie, l’Afrique même, en dépit des rouleaux compresseurs du capitalisme mondial, n’échappent pas à ce besoin identitaire. La Russie poursuit sa course et retrouve sa puissance avec le régime qui lui convient. La Chine saura s’adapter mais défendra toujours sa singularité. Le Proche et Moyen-Orient, bien que bouleversé et déchiré par l’islam, n’a d’espoir de paix que dans des équilibres historiques qui se nouent sur des États. D’où l’erreur coupable de ceux qui cherchent à les renverser et qui ne font qu’aggraver les drames.

    L’œil qui parcourt la planisphère, en suivant de jour en jour l’actualité, ne peut être que surpris par les changements qui l’affectent en ce moment. Certes, ils ne sont pas exempts de dangers, mais ils signifient clairement la fin d’une certaine ère. Il convient de repenser la politique et la diplomatie. La France y sera contrainte, elle aussi, au risque de disparaître si elle ne fait pas elle-même la vraie et seule réforme qui s’impose, celle de son État qui n’est plus à la hauteur des enjeux du monde. 

  • Il est contre la « colonisation idéologique » : François, Janus aux deux visages... 

     « Il y a une guerre mondiale contre le mariage et nous devons être attentifs à ne pas laisser ces idées entrer en nous. » Le Pape François aux journalistes, lors de son retour de Géorgie et d'Azerbaïdjan [02.10]

     

    Mur-bleu gds.jpgC'est l'une des scènes les plus drôles de la série des Don Camillo : à un moment, un sous-fifre de la bande à Peppone vient voir le curé, de la part du maire, pour lui enjoindre de participer à la cérémonie de caractère social et patriotique que sera le bénédiction de la Maison du Peuple : « Il faut venir en uniforme et avec vos outils »...

    En uniforme et avec ses outils, François l'est souvent ; et il faut reconnaître que, là - nous l'avons d'ailleurs soutenu - il plaît assez :

    - hier, quand - à l'occasion de l' « affaire Charlie Hebdo » - il expliquait que la liberté d'expression avait ses limites, qu'on ne devait pas tourner en dérision ce qui était sacré pour tel ou tel, et qu'il mimait le geste de donner un coup de poing à qui se moquerait de sa mère...

    - aujourd'hui, quand il affronte avec panache la théorie du genre, et s'en prend, sur ce sujet, aux manuels scolaires français, racontant sa conversation avec un père de famille effondré parce que son fils, un petit garçon de dix ans, venait de lui dire qu'il voudrait, plus tard, devenir une fille. Le Pape a carrément accusé - dimanche - les manuels scolaires français de propager un « sournois endoctrinement de la théorie du genre... alors que c'est contre les choses naturelles ».  

    « Avoir des tendances homosexuelles ou changer de sexe est une chose », mais « faire un enseignement dans les écoles sur cette ligne » en est une autre. Il s'agit là d'une volonté de « changer les mentalités », d'une « colonisation idéologique », a estimé le pape, qui avait dénoncé samedi à Tbilissi la « théorie du genre » comme l'un des aspects d'une « guerre mondiale pour détruire le mariage ». 

    Voilà donc que François surprend tout le monde, et ouvre inopinément un nouveau front, déclarant une guerre ouverte au parti dominant du politiquement correct, auquel il s'en prend frontalement. D'un point de vue médiatique, de l'image qui va être donnée de lui par les journaleux bobos, il risque gros, lui qui était l'idole de ce parti pour son action en faveur des migrants, où, il faut bien le dire, nous le jugeons « lourd », très « lourd ». Et, même : un adversaire. 

    Car cette « colonisation idéologique » à laquelle il s'en prend ainsi avec raison, n'en est-il pas victime lui-même - et nous avec - sur ce sujet des « migrants » : là, on a bien un sujet-phare, s'il en est, de la « colonisation idéologique », du matraquage médiatique  et du bourrage de crânes; or les propos de François, sur le sujet, vont à l'encontre de ceux de son prédécesseur Jean-Paul II qui évoquait, lui, « le droit des Nations » ! Jean-Paul II était, lui aussi, Pape, et de la même Eglise catholique, donc de la même doctrine. 

    Pape contre Pape ?...  

  • Traités de libre-échange : bienvenue dans le monde d'Orwell

     

    Par Jean-Michel Quatrepoint

    Le Comité Orwell a organisé le 27 septembre un colloque autour des traités de libre-échange. Jean-Michel Quatrepoint dénonce cette nouvelle forme de guerre économique que mènent les Etats-Unis contre l'Europe [Figarovox - 23.09]. L'analyse que Jean-Michel Quatrepoint fait ici - comme toujours, lucide et réaliste - intéresse les patriotes français et, dans notre cas, les royalistes.  LFAR

     

    4163199303.jpgNous sommes en guerre ! On pense, bien sûr, à Daech et au terrorisme islamiste. Mais il y a aussi une autre guerre, plus sournoise, plus vicieuse, puisqu'elle nous oppose à des amis, des alliés. Je veux parler de la guerre avec les États-Unis, de la guerre entre l'Europe et les États-Unis, de la guerre aussi entre le modèle culturel anglo-saxon, un modèle communautariste, et notre modèle républicain, laïc. Cette guerre a un champ de bataille : le marché, l'économie. Avec un objectif pour les États-Unis, ou plutôt pour les multinationales, en très grande majorité anglo-saxonnes : assurer un nouvel ordre mondial, où le rôle des États est réduit à la portion congrue, où les citoyens sont cantonnés à un rôle de consommateurs, où la politique s'efface devant les impératifs du marché et d'un libre-échange total, absolu.

    Cette bataille, elle se joue aussi sur les traités commerciaux, à travers le TAFTA, le TPP pour le Pacifique, le TISA pour les données. Sans oublier le traité entre l'Europe et le Canada qui a servi en quelque sorte de matrice aux négociations transatlantiques sur le TAFTA. Cette offensive américaine se déroule comme à la parade. Dans un premier temps, les autorités judiciaires d'outre-Atlantique ont mis en place un arsenal juridique pour imposer peu à peu l'extraterritorialité du droit américain. C'est ainsi qu'on a vu se multiplier, depuis des années, les amendes colossales contre les groupes européens. Amendes pour avoir obtenu des contrats dans divers pays du Tiers Monde avec des commissions. On pense, bien sûr à Alstom. Amendes pour avoir financé des opérations commerciales avec des pays frappés d'embargo par les États-Unis. On pense, bien sûr, à BNP Paribas. Amendes pour avoir bidouillé, comme Volkswagen, les moteurs Diesel vendus sur le marché américain, etc. À chaque fois ce sont des montants considérables. Des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars.

    Pis, ces menaces pèsent sur le système bancaire européen qui n'ose plus financer les investissements des entreprises, françaises et autres, dans des pays sensibles. Ainsi, les banques françaises sont très frileuses sur l'Iran, sur la Russie. Nos entreprises ratent des contrats. Pour le plus grand profit… des Américains. Bref, tout se passe comme si cette menace subliminale que fait peser la justice américaine et Washington sur les banques et entreprises européennes était destinée à les paralyser, à les tétaniser. Parallèlement, le capitalisme américain a déployé sur une très grande échelle une forme moderne de corruption : l'influence, le trafic d'influence. Plus besoin de verser des bakchichs, il suffit d'offrir aux dirigeants politiques, aux élites européennes de belles et rémunératrices fins de carrière, ou de faciliter l'accès de leurs progénitures aux cercles restreints du pouvoir des multinationales.

    Aujourd'hui, les masques tombent. C'est un ancien président de la Commission européenne dont on savait qu'il était très proche des Américains qui pantoufle chez Goldmann Sachs. On découvre qu'une ancienne commissaire à la concurrence avait pris systématiquement des décisions nuisibles aux intérêts industriels européens tout en étant administrateur d'un fonds off shore aux Bahamas. Cerise sur le gâteau : elle a intégré Bank of America et, au printemps dernier, le groupe américain… Uber. Un autre commissaire, négociateur et thuriféraire de l'accord TAFTA, a, lui, rejoint les conseils d'administration de CVC Partners, un fonds américain et Merit Capital. Bref, les Américains savent remercier ceux qui ont œuvré pour eux. Mais ceux qui rechignent à intégrer ce nouvel ordre mondial sont frappés. Volkswagen, mais aussi Deutsche Bank et maintenant Airbus que l'on menace de dizaines de milliards d'amende, parce que le groupe aurait bénéficié de subventions européennes. Mais comment Boeing s'est-il développé sinon avec l'argent du département de la Défense ? Comment la Silicon Valley est-elle devenue ce qu'elle est sinon avec les subsides sous diverses formes de l'État américain ? Comment les GAFAM et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) prospèrent-ils sinon en optimisant fiscalement aux États-Unis (les multinationales américaines ont exporté plus de 2 000 milliards de dollars dans les paradis fiscaux) et en ne payant pratiquement pas d'impôt en Europe ? Et lorsque une commissaire européenne ose s'élever contre les avantages exorbitants accordés par l'Irlande à Apple, c'est le président Obama et 250 patrons américains qui volent au secours de la firme et somment l'Europe d'abandonner ses poursuites.

    Trop, c'est trop! Ou les Européens se couchent et nous allons collectivement basculer dans un monde où quelques monopoles régneront sur notre vie de tous les jours, géreront nos données… un monde digne de Big Brother. Ou l'Europe se réveille, refuse ces diktats, renvoie les accords TAFTA aux calendes grecques. On ne négocie pas dans une position de vassal. Voilà pourquoi la bataille du TAFTA est symbolique. Voilà pourquoi si nous voulons défendre nos valeurs, une certaine idée de la géopolitique, il faut dire non au TAFTA, relancer l'idée de la préférence communautaire, défendre nos banques et nos grandes entreprises. À condition, bien sûr, qu'elles veuillent être défendues et qu'elles n'aient pas déjà pactisé avec l'Oncle Sam… pour un plat de lentilles.   

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économique et vice-président du Comité Orwell.

  • Ça suffit ?

     François Hollande à la tribune de l'assemblée générale de l'ONU. | AFP

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Depuis bientôt trente ans et la première intervention « occidentale » en Irak, tout semble avoir été fait pour aggraver la situation dans une région déjà largement mise à feu et à sang. Evoquant la Syrie et plus précisément l’Etat syrien, jugé responsable de tous les maux, M. Hollande vient d’affirmer avec force et gravité à la tribune de l’ONU que « ça suffit ». Les mots choisis (« tragédie », « honte », « martyre », etc.) ont pu paraître très durs et sans appel les injonctions (« imposer… assurer… permettre… sanctionner… »). Belle envolée oratoire, donc, de notre chef de l’Etat, mais de pure forme et sans conséquence aucune : n’étant pas en mesure de faire changer d’un iota la situation qu’il dénonce, M. Hollande n’a fait qu’ajouter un discours et des incantations aux « discours » et aux « incantations » dénoncés par lui-même, le même jour, à la même tribune. 

    Rien, si ce n’est l’aveuglement idéologique au sujet des « printemps arabes », ne justifiait de prendre fait et cause contre le régime de M. Assad, comme l’a pourtant fait M. Sarkozy en 2011. Dès lors que la révolte dégénérait en guerre civile sanglante, et au vu de ce qui venait de se passer en Irak, la faute politique était avérée. D’autant que la France ne disposait pas des cartes militaires qui lui auraient permis de jouer un rôle de premier plan. Cela, M. Hollande et ses ministres MM. Fabius et Ayrault, persévérant dans la politique du précédent quinquennat, ont mis du temps à le comprendre. Ces apprentis-sorciers droits-de-l’hommistes ont fait preuve d’un tel manque de réalisme  qu’ils sont à ranger parmi les responsables du chaos syrien. 

    Car les faits sont là, qu’illustre bien la carte des divers fronts dans la Syrie d’aujourd’hui. L’armée syrienne « loyaliste », avant même de pouvoir envisager de se confronter aux autres forces hostiles, qui occupent sans l’aval de Damas une partie du territoire national (Etat islamique mais aussi forces kurdes et armée turque), doit d’abord vaincre, en Syrie occidentale « utile », les diverses unités islamistes coalisées dans le « Jaïch Al Fatah », islamistes desquels les très minoritaires rebelles prétendument « modérés » de l’armée syrienne « libre » sont les alliés objectifs. Le régime syrien est bien le seul à défendre unité et indépendance nationales. 

    De plus, il faut admettre que les puissances impliquées mènent la politique qui leur convient. Pour des raisons religieuses et/ou géopolitiques qui leur sont propres, il semble évident que ni l’Iran ni la Russie ne devraient lâcher leur allié syrien. Parce qu’ils sont en campagne électorale et parce que la région a perdu pour eux de son importance énergétique, les Etats-Unis ne devraient plus s’y impliquer outre mesure et pourraient même s’en désengager progressivement.  

    Cependant, M. Hollande a quand même prononcé ce 20 septembre un discours qui ne fait que souligner les faiblesses et les inconséquences de la France. Il aurait sans doute mieux fait de se taire. Et, oui, de tels propos, ça suffit.  

     

  • Société • La mondialisation malheureuse ou le règne de l'oligarchie

     

    Par Alexandre Devecchio    

    A l'occasion de la sortie de son essai « La Mondialisation malheureuse », le politologue Thomas Guénolé a accordé un entretien au FigaroVox [14.09] pour éclairer les rouages d'un système planétaire selon lui moins libéral qu'oligarchique.  

     

    Le-politologue-Thomas-Guenole_max1024x768.jpgLe titre de votre nouveau livre, La Mondialisation malheureuse, sonne comme une réponse à La Mondialisation heureuse d'Alain Minc. Est-ce le cas ?

    Oui. Plus largement, mon livre déconstruit brique par brique l'argumentation destinée à nous vendre la mondialisation actuelle comme étant « heureuse », le meilleur système possible ; alors qu'elle est objectivement malheureuse, c'est-à-dire inéquitable et inhumaine.

    Prenons un exemple. On nous dit que la mondialisation a toujours existé, ou au minimum qu'elle est vieille de plusieurs siècles. Donc, critiquer la mondialisation, cela reviendrait à critiquer le cours naturel de l'humanité. C'est faux : la grande interconnexion planétaire des hommes, des économies et des cultures progresse effectivement, malgré des cassures et des stagnations, depuis des siècles ; mais la mondialisation actuelle, que j'appelle malheureuse, ce n'est qu'une façon possible parmi d'autres d'organiser cette grande interconnexion. Du reste, les avocats de la mondialisation malheureuse ont beaucoup tendance à transformer « il n'y a pas d'alternative aujourd'hui » - ce qui est vrai - en « il ne peut pas y avoir d'alternative », ce qui est faux.

    Prenons un autre exemple. On nous dit que la mondialisation sous sa forme actuelle est le meilleur système possible pour faire reculer la pauvreté : c'est l'argument du « bilan globalement positif ». Or, cette théorie est indéfendable en raison des 36 millions de victimes de l'esclavage « moderne » ; notamment pour confectionner nos vêtements à prix cassés.

    Ceci, sans même parler des 3 millions d'enfants de moins de 5 ans qui meurent de la faim chaque année, alors qu'il y a encore plus de nourriture que ce dont nous avons besoin pour nourrir toute la population mondiale. C'est donc un problème de prédation et de gaspillage ; et non pas un problème de manque de nourriture.

    Vous soutenez que la mondialisation actuelle n'est ni libérale, ni néolibérale. Pourquoi ?

    D'une part, les politiques économiques que la mondialisation actuelle impose aux pays qu'elle touche consistent surtout à démanteler l'Etat-providence et à déposséder l'Etat-actionnaire. Puisque c'est donc un grand bond en arrière de la place de l'Etat dans l'économie et le social, le préfixe « néo- » est inapproprié. D'autre part, le vrai libéralisme économique est résolument hostile à toute rente de situation, à tout privilège, et à toute entente entre une poignée de grands groupes pour contrôler un marché. Prétendre que cette mondialisation est libérale alors qu'elle fabrique partout de grands oligopoles, c'est donc une usurpation.

    En réalité, puisque quelle que soit l'échelle retenue, son modèle économique et social consiste systématiquement à privilégier une minorité en précarisant une majorité, la mondialisation malheureuse est « oligarchiste » ; quant à ses grands bénéficiaires, les 0.1%, ce sont des « oligarques ». Par parenthèse, laisser les oligarchistes usurper le masque trompeur du libéralisme, c'est une énorme erreur : car cela leur permet de se prétendre mensongèrement les défenseurs de la liberté dans l'économie, alors qu'ils sont juste des défenseurs des intérêts des oligarques et des classes supérieures.

    Un défenseur de cette mondialisation vous objecterait qu'en laissant les très riches s'enrichir, on fait baisser la pauvreté…

    C'est l'argument de la « théorie du ruissellement ». Problème : il est faux. Dans ce livre, j'ai calculé le coefficient de détermination entre l'évolution des inégalités et celle de la pauvreté, pour une sélection de pays des cinq continents. Si l'aggravation des inégalités au profit des 0.1% était la cause de la baisse mondiale de la pauvreté, ce coefficient devrait être élevé, proche de 1. Or, au contraire, il est quasi-nul. CQFD: cette fameuse «théorie du ruissellement» est erronée.

    Vous appelez « pyramide globale » la société fabriquée par la mondialisation. Que trouve-t-on à ses différents étages ?

    En m'inspirant des travaux de Robert Reich, j'ai observé que la mondialisation malheureuse nous fait graduellement évoluer vers le retour des sociétés de castes. J'en compte neuf.

    Les oligarques sont ces 0.1% qui accumulent une fortune titanesque à force de prédations : par exemple, celle de l'oligarque espagnol Amancio Ortega, propriétaire de Zara, pèse 16 millions de fois la somme annuelle avec laquelle les quelque 3 millions d'Espagnols pauvres doivent survivre. Les ploutocrates sont les 10% les plus riches des différents pays : ils font partie des riches, mais ils sont aux oligarques ce que la petite Mars est à l'immense Jupiter. Les apparatchiks sortent d'un très petit nombre d'écoles véhiculant l'idéologie de la mondialisation malheureuse : ils sont tantôt cadres dirigeants de grandes firmes mondialisées, tantôt hauts fonctionnaires, et naviguent couramment d'un univers à l'autre. C'est par exemple Mario Draghi, tantôt vice-président de Goldman Sachs pour l'Europe, tantôt président de la Banque centrale européenne.

    Les prêcheurs essayent quant à eux de faire passer l'idéologie de la mondialisation malheureuse, comme naguère leurs équivalents médiévaux, pour l'expression de la Vérité révélée. Ce sont surtout des économistes, qui tendent d'ailleurs à marginaliser dans le système universitaire les économistes qui ne pensent pas comme eux, comme jadis on pratiquait l'excommunication. C'est par exemple l'économiste Jean Tirole : d'un côté il prêche la précarisation des salariés en invoquant le libre jeu de la concurrence ; mais de l'autre côté, il a exigé du gouvernement que soit empêchée la création d'une seconde section d'économie dans l'université française, qui aurait fait concurrence à la sienne.

    Les nomades sont les héritiers de ceux que l'écrivain Upton Sinclair appelait les « cols blancs » dans les années 30. Ils sont très diplômés, ils font des tâches de « manipulateurs de symboles », ils ne risquent guère le chômage, ils parlent couramment le « globish », ils vivent au cœur des grandes mégapoles, et l'expatriation leur est familière. Les précaires sont les héritiers, eux, des « cols bleus ». Ils appartiennent à la couche sociale que le sociologue Guy Standing appelle le « précariat »: ils sont chômeurs ou travailleurs pauvres, ils ont des contrats fragiles et incertains, ils ont des débuts de mois difficiles, et leur visibilité sur leur avenir est quasi-nulle.

    Les fonctionnaires sont une caste hybride : certains sont « manipulateurs de symboles » comme les nomades, d'autres sont plus proches des « cols bleus », mais tous sont protégés et sédentaires. Les laissés-pour-compte sont, dans les pays du Nord, les jeunes « NEET » - ni emploi ni éducation ni formation - éjectés très tôt de l'économie ; et dans les pays du Sud, surtout des paysans sans terres. Enfin, la neuvième caste, tout en bas, celle dont on ne parle jamais, ce sont les esclaves. Par exemple, les usines de la firme chinoise Foxconn, qui produit 40% des biens électroniques du monde pour Apple, pour Nokia et pour d'autres, sont qualifiées de camps de travail par des universitaires chinois eux-mêmes.

    Vous décrivez dans votre livre une mécanique de pillage des Etats et des populations par la mondialisation, mécanique dont la matrice est selon vous le système financier globalisé. Pouvez-vous nous restituer les grands traits de cette mécanique ?

    Dans les années 1930, pour faire face au Grand Krach de 1929, le président états-unien Franklin D. Roosevelt a imposé des réformes draconiennes afin d'enfermer la finance-casino dans une camisole de fer. Pour que les cours des monnaies ne déstabilisent pas l'économie, il a inspiré la mise en place, peu après sa mort, d'un système rénové de taux de change fixes. Pour que l'écroulement des banques qui jouent en bourse ne puisse plus contaminer l'économie réelle, il a séparé les activités des banques d'affaires et des banques de détail. Pour que l'économie réelle ne soit plus essorée par les dynamiques prédatrices de grandes firmes, que ce soit envers les richesses ou envers les habitants, il a érigé une économie mixte public-privé où l'Etat est puissant, ainsi que de solides protections des droits des salariés.

    A partir des années 1970 en revanche, ce « système rooseveltien » a été méthodiquement détruit, sous l'influence d'idéologies anti-Etat et anti-protections sociales, pour revenir aux règles, ou plutôt au manque de règles, de l'avant-1929. Les monnaies sont devenues cotées en bourse, avec toute l'instabilité qui en découle. La séparation des banques a été progressivement abolie, faisant ressurgir des mastodontes dans la banque et l'assurance. Il s'est ensuivi l'accumulation des krachs financiers et économiques, par exemple en 1979, jusqu'à la grande catastrophe de 2007-2009. A cet égard, à l'origine des printemps arabes il y a les émeutes de la faim ; à l'origine des émeutes il y a l'explosion des prix des denrées alimentaires de base ; et à l'origine de cette explosion des prix, il y a la libre spéculation des grandes firmes bancaires sur les cotations boursières de ces denrées.

    Nos basculements récurrents dans la récession ou la stagnation ne sont que la gueule de bois de ces ivresses répétées, monumentales, d'un système financier se comportant tel un noceur qui ne sait pas boire. Et pourtant, contre toute logique, la réponse politique à ces catastrophes consiste systématiquement à vendre à la découpe nos biens collectifs et nos entreprises publiques, tout en rabotant sans cesse les protections des populations. Un peu comme si, pris en flagrant délit d'ivresse sur la voie publique, un noceur réagissait en dépouillant et le gendarme, et le passant, au motif qu'en réalité ce serait de leur faute…

    Vous faites beaucoup de préconisations dans votre livre: des taxes anti-dumping protectionnistes ; une relance écologique de l'économie par des grands travaux d'Etat et des petits travaux des ménages ; le revenu de base pour résorber la grande pauvreté ; des campagnes de «name and shame » contre les grandes marques qui pratiquent l'esclavage ; la redistribution des terres dans les pays du Sud… Sur le plan de l'orientation politique, diriez-vous que votre livre est plutôt de gauche, de droite, ou ‘‘autre'' ?

    Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques et leurs grandes firmes, en particulier financières, sont incapables d'autorégulation. Ils provoquent donc des catastrophes de plus en plus graves au fil de leurs ivresses immaîtrisables. Il est aussi condamné à l'effondrement politique, parce qu'il sape lui-même son socle sociologique de soutien en précarisant de plus en plus les «cols blancs», qui donc rejoignent de plus en plus les électorats contestataires : le Brexit est un bon exemple. Et il est condamné à l'effondrement écologique, parce qu'à force d'accélérer le détraquement de l'écosystème, il met en danger la survie de l'espèce humaine.

    Vouloir changer ce système n'est donc pas une position particulièrement de droite, de gauche, écologiste, du centre, d'extrême droite ou d'extrême gauche : c'est simplement de la légitime défense. Autrement dit c'est un enjeu transpartisan. La très large majorité de l'humanité étant perdante dans ce système, elle doit s'organiser, à la fois par l'engagement politique, syndical et associatif, pour le remplacer par un système conforme à l'intérêt du plus grand nombre et à la préservation de l'équilibre écosystémique. J'appelle cela: préparer « l'altersystème ».

    Pensez-vous vraiment que le passage de la «mondialisation malheureuse» à « l'altersystème » soit possible ? Si oui, peut-il être proche ?

    A l'issue de mes recherches pour ce livre, je suis convaincu que le basculement de la mondialisation malheureuse à l'altersystème est à la fois possible, souhaitable, et relativement proche. Le point de rupture en sera, je pense, le basculement d'une grande puissance dans l'altersystème, servant d'avant-garde et de point d'appui. Ma seule véritable interrogation est de savoir si l'écroulement du système de la mondialisation malheureuse inclura une transition violente ; par exemple une grande guerre. 

    « Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques sont incapables d'autorégulation. »

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    Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Il est l'auteur de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? (Édition le bord de l'eau, 2015) et vient de publier La mondialisation malheureuse chez First. 

    Alexandre Devecchio           

  • Les 4 formes du djihad

     

    Un texte de référence, diffusé par le Docteur Max Rouselle, ancien du Maroc, directeur de l'Hygiène sous le roi Hassan II, auteur de « Médecin du bled », publié en 1990 et préfacé par Michel Jobert, ministre et homme d'Etat français né à Meknès. Un texte de référence pour connaître et comprendre le phénomène djihadiste. Transmis par Péroncel-Hugoz.  LFAR  

    Plus que d’islamistes et de musulmans, il convient de parler de djihad.

    Il y a quatre sortes de djihad à l’époque contemporaine :

    1. Le djihad MILITAIRE, c’est à dire le terrorisme.

    2. Le djihad CIVIL, c’est à dire
    La délinquance systématique
    Les violences
    Les agressions
    Les razzias
    Le harcèlement sexuel
    Les viols
    Les insultes
    Les intimidations
    Les comportements asociaux
    La guérilla permanente de moyenne intensité contre les autorités (police, pompiers, bâtiments publics…)

    3. Le djihad POLITIQUE, c’est à dire la revendication ininterrompue de privilèges sans cesse plus nombreux, qui étendent l’emprise territoriale des musulmans, qui augmentent de facto leur poids politique bien au-delà de ce qui découle de la loi démocratique, et qui se transforment imperceptiblement en autant
    d’obligations et de restrictions imposées aux non-musulmans :

    Port du voile
    Ramadan
    Alimentation hallal
    Prière dans les lieux publics et dans l’entreprise
    Interdiction de l’alcool
    Tribunaux islamiques
    Finance islamique
    Occupation autoritaire et illégale de l’espace public
    Refoulement progressif des non-musulmans au-delà des zones occupées par les musulmans
    Infiltration des organes de pouvoir : police, armée, services publics, postes électifs, organisations communautaristes, etc.

    En d’autres termes : imposition progressive de la charia.

    Et enfin :

    4. Le djihad JURIDIQUE, c’est à dire le dépôt de plainte pour n’importe quel motif contre n’importe qui émettant la plus petite critique contre l’islam ou mahomet, afin de contraindre les non-musulmans à perdre temps et argent pour se défendre, ce qui va aussi inévitablement amener certains à être condamnés car ils commettront des erreurs de procédure ou tomberont sur des pourris qui chercheront à donner des
    gages de dhimmitude aux musulmans en les condamnant lourdement. Le djihad juridique va amener les moins courageux des non-musulmans à s’autocensurer, ou à parler uniquement dans des cercles restreints. (remarquez INSIDIEUSEMENT on y est déjà ! )

    Le djihad JURIDIQUE permet aussi aux « modérés » de désigner les cibles à abattre aux « extrémistes », sous couvert de respect de leurs « droits ».

    De ces quatre types de djihad, seul le djihad MILITAIRE est perpétré exclusivement par ceux qu’on appelle communément islamistes ou radicaux.

    Le djihad CIVIL est perpétré par des musulmans qui ne sont, en apparence, même pas modérés, puisque, la plupart du temps, les Occidentaux ne les perçoivent même pas comme musulmans. Et il est encouragé en arrière-plan par des chefs religieux ou un milieu familial qui peuvent être “islamistes” (c’est à dire manifestement extrémistes), mais aussi “modérés” : les traditions et les textes sacrés de l’islam
    contiennent tout ce qu’il faut pour inciter subtilement à l’agression antioccidentale, sans pour autant se livrer à des discours ouvertement incendiaires.

    Le djihad POLITIQUE est, dans une large mesure, perpétré par des musulmans que les Occidentaux perçoivent comme “modérés”, même si les “radicaux”, à l’évidence, s’y livrent eux aussi à plus forte raison.

    Le djihad JURIDIQUE a donné naissance à une nouvelle terminologie médiatique : les « islamistes modérés » ! , c’est à dire des musulmans plus extrémistes que les « musulmans modérés » tout en étant plus modérés que les simples islamistes…

    Or, les quatre djihads sont aussi dangereux les uns que les autres. Ils se renforcent mutuellement.

    C’est parce que la menace d’attentats terroristes du djihad MILITAIRE n’est jamais totalement écartée que le djihad CIVIL, le djihad POLITIQUE et le djihad JURIDIQUE rencontrent aussi peu de résistance. L’effet d’intimidation fonctionne à plein.

    C’est pourquoi il est illusoire de se satisfaire de ce que les islamistes extrémistes ne seraient qu’une petite minorité (si tant est que ce soit vrai, ce qui est tout à fait contestable).

    Lesformesdedjihad 3.jpgEnfin, il faut bien comprendre que les musulmans vraiment “modérés”, c’est à dire qui ne se livrent à aucune des quatre formes de djihad, ont néanmoins un rôle majeur dans cette guerre de conquête. Plus leur nombre croît, plus les actions des quatre formes de djihad acquièrent du poids. La simple présence visible de cette population constitue une intimidation muette, qui tend à faire céder les autorités aux pressions.
    Même s’ils n’ont aucun rôle actif, les “modérés silencieux” contribuent au djihad en donnant de l’argent aux collectes diverses et variées organisées pour la “communauté” :

    en finançant la taxe hallal qui nourrit le djihad

    en s’abstenant de dénoncer les islamistes qui trouvent aisément refuge en leur sein

    en s’abstenant de lutter politiquement contre l’islam djihadiste

    et en rendant acceptable et familier l’islam “inoffensif”. Qui est simplement un paravent inséparable de l’islam “dur”.

    Gérard Pince avait déjà publié en 2004, à partir des chiffres de l’INSEE, une étude sur les coûts de l’immigration de ce qu’il appelle « les pays tiers », c’est à dire non-européens, qui aboutissait à un déficit annuel de 50 milliards d’euros. Il actualise aujourd’hui cette étude dans un document de quelques pages publié sur
    www.freewordlacademy.com.

    La méthode de Gérard Pince relève de la macro-économie. Pour échapper à toute critique concernant les données, il part des chiffres de l’INSEE (tout en entremêlant des données de 2005, 2007, 2008 et 2010) et des comptes globaux de la nation concernant les dépenses et les recettes

    Les dépenses consenties en faveur des immigrés du tiers monde sont selon Gérard Pince de 132 milliards d’euros, les recettes de 61 milliards. Le déficit est de 71 milliards sur lequel il affecte de ne pas prendre position. « Après tout quand on aime on ne compte pas. (L’immigration irrégulière n’est pas comptée dans les statistiques de l’INSEE)

    Un certain nombre de medias qui n’ont pas hésité, comme nous l’avons montré, à affirmer que l’immigration était tout bénéfice pour la France en instrumentalisant l’étude de l’Université de Lille III qui ne traitait nullement du coût de l’immigration mais seulement de celui de la protection sociale à partir de données de 2005 …et parfois de 1993. On a en effet pu lire et entendre un peu partout que « l’immigration rapporte 12 milliards d’euros à la France », en oubliant que cette estimation ne concerne que… l’année 2006 comme le reconnaît l’auteur lui-même.

    Dans ses derniers travaux l’auteur conclue toujours à un gain net de 8,886 milliards d’euros, mais toujours sur l’année 2005. La grande différence entre ses estimations et celles de Jean-Paul Gourévitch vient de ce qu’il se fonde sur des chiffres de 2005 et nous sur ceux de 2010 à 2012. Il fait également l’impasse sur les coûts de l’immigration irrégulière, les coûts de structure, les coûts sécuritaires, les coûts sociétaux et même la plus-value apportée au PIB par le travail des immigrés.

    Quand on a envie de croire et de faire croire que l’immigration dégage un solde positif, on n’hésite pas à falsifier l’information et à considérer comme compagnons de route du lepénisme tous ceux qui préfèrent la vérité des chiffres aux incantations vertueuses. 

    Illustration ci-dessus : Le regretté grand ethnologue et docteur honoris causa de près de 14 universités dans le monde.

  • André Bercoff : « Donald Trump le pragmatique peut devenir président des États-Unis »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    Donald Trump remonte face à Hillary Clinton dans les sondages. André Bercoff, qui l'a rencontré il y a quelques mois à New York et qui publie un livre à son sujet, analyse le succès inattendu du candidat d'une Amérique en colère [entretien Figarovox du 8.09]. L'affaire intéresse évidemment les patriotes français. Qu'en penser ? Trump est un pragmatique, non idéologue. Il limitera donc l'interventionnisme américain, notamment en Europe, où se réduiront les risques de conflit qui menacent gravement les intérêts français et européens. Il s'entendra avec Poutine. Par là, il se différencie nettement, et pour nous positivement, de sa rivale Hilary Clinton. Bercoff rappelle par ailleurs, qu'il défendra bec et ongles, par tous les moyens les intérêts américains et ne fera à l'Europe aucun cadeau. Mais de cela, qui est d'ailleurs normal, on se serait douté et ce ne sera pas vraiment une innovation.   Lafautearousseau        

     

    Beaucoup d'observateurs ont enterré Donald Trump dans cette campagne américaine. Pourtant, les derniers sondages indiquent qu'il réduit l'écart avec son adversaire Hillary Clinton. Certains d'entre eux le donnent même devant. Donald Trump peut-il devenir président des Etats-Unis ?

    Oui, il le peut. Pas de quartiers, évidemment, dans ce combat entre la Vorace et le Coriace. En dépit de l'hostilité des Démocrates, du rejet de la part des minorités et de la véritable haine que lui porte l'establishment Républicain, Trump peut profiter des casseroles accrochées à la traine d'Hillary Clinton qui semblent se multiplier de jour en jour. En tout cas, le scrutin sera beaucoup plus serré qu'il n'y paraissait il y a encore un mois.

    À quoi, selon vous, ressemblerait une présidence Trump ?

    Je pense qu'il gérerait les USA peu ou prou, comme il gère son empire immobilier, avec une différence de taille : il ne s'agit plus de défendre à tout prix les intérêts de la marque Trump, mais ceux des États-Unis, ce qui nécessite un changement de paradigme. L'homme d'affaires délocalise pour le profit ; le président relocalise pour la patrie. Le négociateur cherche le meilleur deal pour son entreprise, y compris l'art et la manière de s'abriter dans les paradis fiscaux. Le chef de l'État, lui, taxera lourdement les sociétés qui réfugient leurs avoirs sous des cieux très cléments. Ne jamais oublier que Trump est beaucoup plus pragmatique qu'idéologue. Je le raconte dans mon livre : il défendra l'Amérique comme il défendait sa marque, bec et ongles, par tous les moyens.

    Personne ne pariait un dollar sur la victoire de Trump à la primaire. Comment les observateurs ont-ils pu se tromper à ce point ?

    Quand je suis allé le voir à New York il y a quelques mois, tous mes interlocuteurs, en France comme en Amérique, me conseillaient de publier très vite l'entretien, car le personnage allait disparaître dès le premier scrutin des primaires. Les commentaires affluaient tous dans le même sens : il fait ça pour sa pub ; un petit tour et puis s'en va ; c'est un gros plouc, milliardaire peut-être, mais inintéressant au possible ; il est inculte, il ne comprend rien à la politique, ne connaît rien aux affaires du monde, il ne pense qu'à sa pub, à son image et à faire parler de lui. Experts et commentateurs se sont, dans leur grande majorité, mis le doigt dans l'œil parce qu'ils pensent à l'intérieur du système. À Paris comme à Washington, on reste persuadé qu'un « outsider » n'a aucune chance face aux appareils des partis, des lobbies et des machines électorales. Que ce soit dans notre monarchie républicaine ou dans leur hiérarchie de Grands Électeurs, si l'on n'est pas un familier du sérail, on n'existe pas. Tout le dédain et la condescendance envers Trump, qui n'était jusqu'ici connu que par ses gratte-ciel et son émission de téléréalité, pouvaient donc s'afficher envers cette grosse brute qui ne sait pas rester à sa place. On connaît la suite. L'expertise, comme la prévision, sont des sciences molles. 

    Quel rôle ont joué les réseaux sociaux dans cette campagne ?

    Trump est l'un des premiers à avoir compris et utilisé la désintermédiation. Ce n'est pas vraiment l'ubérisation de la politique, mais ça y ressemble quelque peu. Quand je l'ai interrogé sur le mouvement qu'il suscitait dans la population américaine, il m'a répondu : Twitter, Facebook et Instagram. Avec ses 15 millions d'abonnés, il dispose d'une force de frappe avec laquelle il dialogue sans aucun intermédiaire. Il y a trente ans, il écrivait qu'aucun politique ne pouvait se passer d'un quotidien comme le New York Times. Aujourd'hui, il affirme que les réseaux sociaux sont beaucoup plus efficaces - et beaucoup moins onéreux - que la possession de ce journal.

    Est-ce une mauvaise nouvelle pour les journalistes ?

    C'est en tout cas une très vive incitation à changer la pratique journalistique. Contrairement à ceux qui proclament avec légèreté et simplisme, la fin du métier d'informer, on aura de plus en plus besoin de trier, hiérarchiser, et surtout de vérifier et de mettre en perspective. En revanche, l'on pourra de plus en plus difficilement cacher la francisque de Mitterrand ou le magot de Cahuzac, et qu'on le déplore ou pas, avec Wikileaks et autres révélations, il faudra dorénavant compter avec les millions de lanceurs d'alertes qui feront, pour le meilleur et pour le pire, œuvre d'information, à tous les niveaux. Le monde n'est pas devenu peuplé de milliards de journalistes, mais les journalistes doivent tenir compte de ce peuple qui clique et qui poste.

    Votre livre s'intitule Donald Trump, les raisons de la colère. Les Américains sont-ils en colère ?

    Ils le sont. Là-bas comme ici, l'avenir n'est plus ce qu'il était, la classe moyenne se désosse, la précarité est toujours prégnante, les attentats terroristes ne sont plus, depuis un certain 11 septembre, des images lointaines vues sur petit ou grand écran. Pearl Harbour est désormais dans leurs murs : c'est du moins ce qu'ils ressentent. Et la fureur s'explique par le décalage entre la ritournelle de « Nous sommes la plus grande puissance et le plus beau pays du monde » et le « Je n'arrive pas à finir le mois et payer les études de mes enfants et l'assurance médicale de mes parents ». Sans parler de l'écart toujours plus abyssal entre riches et modestes.

    Trump est-il le candidat de l'Amérique périphérique ? Peut-on le comparer à Marine Le Pen ?

    Il existe, depuis quelques années, un étonnant rapprochement entre les problématiques européennes et américaines. Qui aurait pu penser, dans ce pays d'accueil traditionnel, que l'immigration provoquerait une telle hostilité chez certains, qui peut permettre à Trump de percer dans les sondages en proclamant sa volonté de construire un grand mur ? Il y a certes des points communs avec Marine Le Pen, y compris dans la nécessité de relocaliser, de rebâtir des frontières et de proclamer la grandeur de son pays. Mais évidemment, Trump a d'autres moyens que la présidente du Front National… De plus, répétons-le, c'est d'abord un pragmatique et un négociateur. Je ne crois pas que ce soit les qualités les plus apparentes de Marine Le Pen…

    Comme elle, il dépasse le clivage droite/gauche...

    Absolument. Son programme économique le situe beaucoup plus à gauche que les caciques Républicains et les néo-conservateurs proches d'Hillary Clinton qui le haïssent, parce que lui croit, dans certains domaines, à l'intervention de l'État et aux limites nécessaires du laisser-faire, laisser-aller.

    N'est-il pas finalement beaucoup plus politiquement incorrect que Marine Le Pen ?

    Pour l'Amérique, certainement. Il ne ménage personne et peut aller beaucoup plus loin que Marine Le Pen, tout simplement parce qu'il n'a jamais eu à régler le problème du père fondateur et encore moins à porter le fardeau d'une étiquette tout de même controversée. Sa marque à lui, ce n'est pas la politique, mais le bâtiment et la réussite. Ça change pas mal de choses.

    « La France n'est plus la France », martèle Trump. Pourquoi ?

    Ici aussi, pas de malentendu. L'on a interprété cette phrase comme une attaque contre notre pays. C'est le contraire. Il me l'a dit et je le raconte plus amplement dans mon livre : il trouve insupportable que des villes comme Paris et Bruxelles, qu'il adore et a visitées maintes fois, deviennent des camps retranchés où l'on n'est même pas capable de répliquer à un massacre comme celui du Bataclan. On peut être vent debout contre le port d'arme, mais, dit-il, s'il y avait eu des vigiles armés boulevard Voltaire, il n'y aurait pas eu autant de victimes. Pour lui, un pays qui ne sait pas se défendre est un pays en danger de mort. 

    Son élection serait-elle une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe ?

    Difficile à dire. Il s'entendra assez bien avec Poutine pour le partage des zones d'influence, et même pour une collaboration active contre Daesh et autres menaces, mais, comme il le répète sur tous les tons, l'Amérique de Trump ne défendra que les pays qui paieront pour leur protection. Ça fait un peu Al Capone, mais ça a le mérite de la clarté. Si l'Europe n'a pas les moyens de protéger son identité, son mode de vie, ses valeurs et sa culture, alors, personne ne le fera à sa place. En résumé, pour Trump, la politique est une chose trop grave pour la laisser aux politiciens professionnels, et la liberté un état trop fragile pour la confier aux pacifistes de tout poil.  n 

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Il vient de faire paraître Donald Trump, les raisons de la colère chez First. 

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgAlexandre Devecchio

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Abou Mohamed Al-Adnani : un des plus féroces ennemis de la France est mort...

     

    2504458051.3.jpgDans la guerre sans merci que nous a déclarée le terrorisme islamiste, ce camp vient de perdre l'un de ses « anti-Français » les plus acharnés. C'est lui qui avait lancé cet appel à ses séides (le 22 septembre 2014) : « ... Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou un Australien ou un Canadien, ou tout citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l'État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n'importe quelle manière... Tuez le mécréant qu'il soit civil ou militaire... Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture, jetez-le d'un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le ... » Moyennant quoi, nous avons eu le carnage de Nice, le double assassinat de Magnanvile etc. etc.

    Nous accueillons cette nouvelle sans « joie » ni « haine », mais avec la satisfaction politique de voir affaibli le camp d'en face, celui des assassins et des meurtriers de masse. Car nous sommes en guerre, et la mort de cette tête pensante (!) de l'armée ennemie est un évènement positif, qui affaiblit sa capacité à semer la mort chez nous. Cela suffit à notre contentement ... 

  • Paroles royales, échéances républicaines

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgIl n’est pas certain que la classe politique française ait mesuré toute l’importance du discours du roi Mohammed VI pour le soixante-troisième anniversaire, le 20 août dernier, de la Révolution du Roi et du Peuple, qui devait conduire à la fin du protectorat français sur le Maroc. 

    S’adressant à cette occasion à ses cinq millions de compatriotes vivant à l’étranger, dont un grand nombre en France, il a, avec la légitimité renforcée que lui donne sa double dimension de souverain et de Commandeur des croyants, qualifié le meurtre d’un prêtre — à savoir le père Hamel, cet été, près de Rouen — « dans l’enceinte d’une église [...] de folie impardonnable », ajoutant que, « face à la prolifération des obscurantismes répandus au nom de la religion, tous, musulmans, chrétiens et juifs, doivent dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et le repli sur soi sous toutes les formes ». Il a invité les Marocains résidant à l’étranger « à rester attachés aux valeurs de leur religion et à leurs traditions séculaires face à ce phénomène qui leur est étranger ».

    Ce n’est pas la première fois qu’un souverain du Maroc s’adresse ainsi, au nom d’une légitimité incontestée et incontestable, à ses sujets de la diaspora. Son père, Hassan II, l’avait fait avant lui, toujours pour leur rappeler à la fois en quoi ils devaient rester de bons Marocains et, par une attitude exemplaire, être des ambassadeurs de leur pays. En ces heures graves, où, face à la menace islamiste, dans notre pays, les niaiseries padamalgamesques ne trouvent trop souvent à se confronter qu’à une « islamophobie » de comptoir, il est important qu’une parole autorisée rappelle, au nom de la tradition même, c’est-à-dire de la forme la plus haute de l’identité, les véritables enjeux.

    Malheureusement, ce qui est permis au roi de Maroc est interdit à notre président de la république française. Certes, un roi de France ne s’est jamais, comme le fait le roi du Maroc, directement adressé à son peuple au nom de la religion, la distinction du politique et du religieux étant inscrite au cœur du christianisme. Mais c’est en tant que roi « très chrétien », sacré à Reims empereur en son royaume, qu’il incarnait l’être français dans son origine et sa durée. Or, de quelle tradition, c’est-à-dire de quelle identité, pourrait s’autoriser François Hollande pour s’adresser à ses concitoyens dans ces heures difficiles, lui qui ne peut qu’invoquer les valeurs républicaines et laïques, qui reposent précisément sur le refus de tout l’héritage français, qu’il soit historique, culturel ou religieux, les remplaçant par l’anonyme universalité de l’idéologie des droits de l’homme, d’un homme sans visage ?

    Imagine-t-on également le roi du Maroc pris au piège de l’affaire des burkinis ? S’ils sont interdits là-bas, pays pourtant musulman, c’est précisément parce qu’au Maroc on sait encore distinguer ce qui relève d’un « phénomène étranger » et d’une provocation grossière, et ce qui est conforme aux « traditions séculaires  » ; si, ici, le Conseil d’Etat les autorise, c’est que, cédant aux provocations islamistes, relayées par une grande partie de la gauche — y compris féministe — française, il juge au nom de valeurs éthérées, la non-discrimination et l’égalitarisme, fourriers d’une société multiculturelle et multiconflictuelle, contre l’être français.

    On s’étonnera peut-être que je n’ai pas commencé cet éditorial par la rentrée politique. C’est qu’il s’agit, précisément à l’aube d’une période périlleuse pour le pays, d’aller à l’essentiel. Or l’essentiel, cet été, c’était la parole du comte de Paris, rappelant, au milieu de nos désastres, que la France avait une âme que nos compatriotes devaient recouvrer pour rebondir — et qu’il en était le garant. L’essentiel, en ce début septembre, c’est la parole royale venue d’un pays si différent du nôtre, et appelé à le rester, mais auquel, dans cette différence, nous sommes tant liés par l’histoire passée et présente — car elle continue de se faire. A côté, les pitreries politiciennes de nos multiples présidentiables, tous plus éloignés les uns que les autres des exigences du Bien commun, font pâle figure. Quel parlementaire, de droite ou de gauche, ne sera pas candidat aux primaires organisées par sa famille politique ? Ce rendez-vous entre un homme et le peuple, que le général de Gaulle avait voulu instaurer avec l’élection du président de la république au suffrage universel, est devenu, surtout avec le phénomène des primaires, une émission en continu de télé-réalité de la vie politique française. Il y a les ambitieux médiocres, qui voient dans l’exercice une occasion d’exister ; ceux qui, sans aucune dignité, ont avalé par le passé toutes les couleuvres et se découvrent soudain une vocation de chef ; un autre, dont la seule évocation du nom provoque la nausée, mais qui compte sur la mémoire de poisson rouge de l’électorat pour retourner aux affaires ; un jeune ministre démissionnaire n’ayant que son arrogance souriante pour tout projet ; ou encore les frondeurs en peau de lapin qui se donnent des frissons en adoptant des airs martiaux, sans compter, hors primaires, deux populistes d’extrêmes gauche et droite — ou leur porte-parole autorisé ? mais qui dirige le parti ? —, en tout cas d’accord sur l’essentiel, à savoir une conception laïciste de la nation, celle qui, depuis plus d’un siècle, n’a eu de cesse de désapprendre la France aux Français.

    Nous sommes apparemment dans la situation inverse de celle de la IVe république finissante : en 1958, les institutions étaient trop faibles pour affronter la crise algérienne mais la société était encore solide. Aujourd’hui, la société est attaquée de toutes parts, mais les institutions résistent : ni les massacres ni les crises sociales n’ont menacé la stabilité gouvernementale, les différents 49-3 passant comme une lettre à la poste. Certes, tant l’instauration du parlementarisme raisonné en 1958 — dans lequel le parlement, sinon les partis, est dépossédé de tout pouvoir réel — que la gestion sociale du chômage y sont pour quelque chose. Mais les crises que nous allons devoir affronter ont un caractère qui dépasse largement la dimension politique — à laquelle appartenait encore la guerre d’Algérie. Avec l’immigration et une Union européenne qui, sur tous les plans — économique, géopolitique, sociétal — apparaît de plus en plus, et à juste titre, comme le trou noir de l’aventure mondialiste, c’est l’équilibre même de la société française qui est menacé. Le jour où cette crise éclatera, c’est-à-dire le jour où les Français découvriront que leurs élites ne croient plus dans la légitimité du politique lui-même, faute de croire encore en leur pays, alors c’est comme un château de cartes que ces institutions, si solides en apparence, s’effondreront.

    Il ne suffira plus au gouvernement d’annoncer, comme il l’a fait ce mardi 30 août à quelques mois des élections, qu’il n’apportait plus officiellement son soutien aux négociations sur le traité transatlantique, pour donner l’impression de reprendr la main. Ces palinodies ne feront bientôt plus illusion. L’histoire montre qu’aucunes institutions, apparemment si bétonnées soient-elles, ne peuvent indéfiniment résister à un mensonge qui les mine de l’intérieur : celui, en l’occurrence, d’élites qui ne s’en servent plus que pour concéder abandon de souveraineté sur abandon de souveraineté et livrer le pays à l’oligarchie internationale.

    Nul ne sait encore le jour ni l’heure. Il viendra peut-être plus tôt qu’on ne pense. Ne pas être prêt serait une faute irrémissible envers le pays. 

    L’Action Française 2000 [Editorial]

  • Trêve de notations, palmarès et classements !

    Le taureau new-yorkais de Wall-Street

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Pour son centième « coup de dent » sur « le360 », notre chroniqueur a choisi de s’en prendre aux « classements internationaux » - en fait anglo-américains - qui tombent dru à longueur d’année sur les pays d’autres cultures …

     

    peroncel-hugoz 2.jpg« L’agence de notation B.and B. décide de dégrader la France », « le Maroc recule d’un point en matière de développement humain », « les universités françaises perdent une place dans le classement de Pékin », « la Ligue des droits humains met en garde Amman », « Paris recule dans le classement Bertelsmann sur la gouvernance », « l’agence X de Londres pointe la hausse de la dette marocaine », «  le palmarès de Philadelphie (ou de Toronto, ou de Seattle, au choix) déclasse l’Espagne et le Portugal » etc. etc. Sans parler de la Russie ou de la Turquie, ces « cancres » par nature … 

    LES CINQ YEUX

    Chaque jour que Dieu fait, ou presque, les dépêches apportent à la Terre entière leur lot de « mauvaises nouvelles » pour les « vilains élèves » des classements, palmarès et autres notations lancés comme des roquettes contre certaines catégories de pays, et aussitôt, à Madrid, Milan, Athènes, Tunis, Paris, Casablanca, Ankara, Dakar, Abidjan, etc.etc., politiciens, économistes et industriels prennent des mines catastrophées, refont leurs comptes, promettent de « s’amender » mais rien ne change : les gronderies continuent de fuser depuis les Cinq-Yeux, les « Five Eyes » comme ils se nomment eux-mêmes entre Anglo-saxons : Etats-Unis, Angleterre, Canada anglais, Australie, Nouvelle-Zélande. 

    Vous savez, les cinq Etats anglophones qui posent à la « conscience » du monde occidental voire du monde tout court et qui surveillent l’Humanité entière grâce à un système d’écoutes pancontinental. 

    ONG ET FONDATIONS

    Eh ! bien les pauvres pays latins, arabes, africains visés par toutes ces appréciations négatives et qui, du coup en perdent le moral ou le sommeil, ont bien tort de s’en faire et d’abord de prendre au sérieux toutes ces mises en demeure, dégradations et autres notations, lesquelles, en général, si on gratte un peu dessous, proviennent des mêmes jurys, associations, organisations non gouvernementales (le fameux sigle ONG qui fait trembler la moitié de la planète…) et autres fondations privées (type Soros, ce milliardaire international et « bienfaiteur humanitaire » auto-proclamé, qui adore semer le trouble dans les sociétés dont le comportement lui déplaît…).

    Tous ces « tribunaux » auto-érigés sont divinisés par des médias complices, formés de « grandes consciences » en général anglo-américaines, même si pour donner le change, elles s’adjoignent là un Sud-Coréen ou un Finlandais, ailleurs une « experte » (en quoi ?) singapourienne ou un avocat de Papouasie-Nouvelle-Guinée ? 

    FEU LA RESISTANCE GAULLIENNE

    Toute cette engeance « humanitaire », « droitdelhommiste » et ultra « politiquement correcte » ne vise qu’à maintenir en respect les pays du Sud, y compris la rive latine de la Méditerranée, qui fut naguère gaullienne, c’est à dire rétive à toute tutelle extérieure. En France, il ne reste que quelques souvenirs nostalgiques de cette période faste où Paris refusait de suivre Washington dans ses aventures internationales.

    Le discours contre la guerre du Vietnam prononcé par le général de Gaulle, à Phnom-Penh, le 1er septembre 1966, sous les applaudissements du roi Norodom–Sihanouk du Cambodge et de la quasi-totalité du « Tiers-Monde », comme on disait alors pour le Sud, fut le zénith de cette résistance à l’uniformisation de la planète.

    Le discours du ministre français Dominique de Villepin (né au Maroc, dont il se flatte d’être l’ami), aux Nations-Unies, à New-York, le 14 février 2003, refusant d’aller guerroyer en Irak pour les Anglo-Américains, fut le chant du cygne de cette diplomatie indépendante à laquelle renoncèrent ensuite successivement les présidents Chirac, Sarkozy et Hollande, empressés de renfourner la France dans cette alliance de l’Atlantique Nord, pourtant inutile dès lors que le danger communiste s’était évaporé de lui-même, avec la chute définitive du système marxiste soviétique, en 1989. 

    FRENCH YOUNG LEADERS AND FBI

    Des aides multiformes ont été généreusement allouées aux « French Young Leaders » de diverses associations dont l’actuelle « French American Foundation » ; elles avaient dans la plus grande discrétion préparé cette mutation politico-culturelle qui fait qu’à présent la majorité des décideurs français, de droite ou de gauche, sont d’actifs militants de ce « club de l’élite transatlantique » (« Le Figaro » du 10 octobre 2014) : citons entre autres, MM Juppé, Kouchner, Trichet, Moscovici, Minc, Colombani, Joffrin, Montebourg, etc.etc.

    Les dames ne sont pas en reste avec les Lauvergeon, Lagarde, Parisot, la plus « américanomane » de toutes étant une certaine Pécresse, nouvelle présidente sarkozyste de la puissante région Ile-de-France, et qui reçoit toujours la presse devant une affiche de superproduction hollywoodienne, comme un clin d’œil à ses maîtres à penser d’Outre-Atlantique… Quand Mme Pécresse était ministre des Universités du régime Sarkozy, les gens de son cabinet, pourtant triés sur le volet pour leur « correction politique », avaient surnommé leur patronne FBI, c’est-à-dire … Fausse Blonde Infiltrée … 

    CONTINUER SON BONHOMME DE CHEMIN

    Toutes ces notations et gronderies qui ciblent des nations comme le Maroc ou la France, et bien d’autres, il faut les examiner évidemment mais continuer son bonhomme de chemin comme si de rien n’était, jusqu’à que cette « puissance abusive » (Hubert Védrine, ex-ministre socialiste français des Affaires étrangères et ami proclamé du Maroc), s’efface d’elle-même comme tous les empires hypertrophiés, colosses aux pieds d’argile, ainsi que l’Histoire ancienne ou récente l’a montré 100 fois …  

    « ... les empires hypertrophiés, colosses aux pieds d’argile, ainsi que l’Histoire ancienne ou récente l’a montré 100 fois … »  

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 26.08.2016