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Actualité Monde - Page 108

  • Trump : l'immense claque donnée à la cléricature médiatique et à l'odieuse caste du politiquement correct

     

    Mur-bleu gds.jpgC'est une défaite à plate couture ; un désastre en rase campagne ; une « pile » monumentale (on nous pardonnera la familiarité) : tous, journalistes de la presse écrite ou parlée et télévisuelle, hommes politiques et grandes consciences auto-proclamées, donneurs de leçons et dicteurs de conduite, pleins de morgue, de mépris, d'arrogance avant le vote, sont renvoyés, Grosjean comme devant, à leur nullité, leur cuistrerie, leur vacuité abyssale. Ils ont bonne mine, eux qui n'ont pas su voir arriver ce qui est arrivé et qui, pire, nous imposaient depuis de longs mois, à coups de savantes démonstrations cérébrales et abstraites qu'il « fallait » Hillary et que, de toute façon, c'était fait, c'était plié : Hillary avait gagné.

    Eh bien, non, c'est « Donald » qui a gagné et, en tout cas,  eux, maintenant, ils ont perdu, et bien perdu. Et, franchement, les entendre parler à la radio, les voir à la télé, tous avec des intonations consternées et des mines déconfites, oui, c'était réjouissant.

    Il est impossible, évidemment, de répertorier tous les cas intéressants de ce Waterloo du politiquement correct ; on s'arrêtera seulement, ici, sur deux cas un peu plus particuliers :

    1. Ce mercredi 9 novembre, jour de l'annonce des résultats, à 6 h 02 heure française, Gérard Araud - ambassadeur de France aux Etats-Unis, tout de même... - a décidé de communiquer ce qu’il pensait de la manière dont l’élection présidentielle américaine se présentait ; alors qu'un devoir de stricte maîtrise de leurs déclarations s'impose aux diplomates, il s’est permis cette sortie, retweetée plus de 2 000 fois mais rapidement effacée de son compte :

    « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige. »

    Scandaleux, non ? On espère que cet énergumène sera promptement remplacé à Washington, et même - pour faute professionnelle - rayé des cadres d'une Administration, qui demande plus de prudence, et de courtoisie vis-à-vis des personnes élues dans le pays où l'on est censé représenter les intérêts de la France. Il est vrai que, la veille des résultats, les conseillers de François Hollande n’ont préparé qu’une seule lettre de félicitations adressée à... Hillary Clinton ! Et que le message de félicitation de 4% au nouveau président fut à la limite de l'incorrection, et en tout cas tout entier discourtois...

    2. Plus intéressant est ce mea culpa d'un journaliste du New York Times, entendu sur France info : atterré, il admettait cependant - en substance - que ni lui ni ses confrères n'avaient vu venir la déferlante populaire « pro-Trump » ; qu'ils ne savaient plus expliquer ni comprendre leur société, celle dans laquelle pourtant ils vivaient. La tristesse et le désarroi de ce journaliste étaient touchants : au moins était-il intellectuellement honnête, et capable de reconnaître qu'il s'était trompé ; et, surtout, de le dire clairement. Pensez-vous que l'on pourra attendre pareille franchise - fût-elle désarmante - aux JT de France 2, TF1 et autres BFM-TV ? Sur France info et sur France inter ? Dans le Monde, L'Obs et les autres ?

    Comme dirait Bainville, « c'est douteux ».

    Il nous reste l'essentiel :

    la claque, l'immense, la tonitruante, la cataclysmique claque envoyée à toute cette caste politico/médiatique ;

    et - après le Brexit - ce message - terrible pour elle - du retour du peuple, des nations, des frontières ; cette volonté franchement assumée de maîtriser l'immigration; ce refus du politiquement correct; et, surtout, surtout, la fin annoncée de l'emprise de cette caste politico-médiatique - qu'elle a pu croire définitive - sur des opinions publiques qui s'en libèrent et s'en affranchissent de plus en plus... 

  • Natacha Polony : « Cette élection américaine qui parle de nous »

     

    Par Natacha Polony    

    Publié le 6.11 - Réactualisé le 9.11 après l'élection de Donald Trump         

    Le phénomène Trump n'est que la traduction d'un mouvement de fond qui ébranle toutes les sociétés occidentales : la révolte des petites classes moyennes déstabilisées dans leur identité [Figarovox - 4.11]. Natacha Polony va loin et profond dans sa critique d'un mondialisme soi-disant heureux, d'un capitalisme devenu totalitaire par la faiblesse des démocraties, les illusions qu'elles véhiculent. Nous ne sommes pas bien loin ici de l'analyse que nous-mêmes pourrions dresser. Reste à prendre en compte le grand mouvement de fond qui monte, dans toutes les sociétés occidentales - dont la France - et oppose désormais identités, libertés, racines, à l'entreprise multiculturaliste, post-historique, post-nationale, qui a cru - et croit peut-être encore - pouvoir imposer sa loi d'airain à la planète entière ou - au moins - à l'Occident. Quel que soit, demain, le résultat de l'élection américaine, cette entreprise déconstructiviste n'est plus, aujourd'hui, assurée de gagner la partie.   Lafautearousseau.              

     

    924153452.jpgDans quelques jours sera tranchée l'élection la plus pitoyable de l'histoire américaine. Un spectacle affligeant offert par la « grande démocratie » qui entend si souvent donner des leçons au monde, et s'imposer en modèle. Mais de cette élection, les Français n'auront eu que le miroir déformant de médias hexagonaux occupés à se boucher le nez devant les sorties effarantes et vulgaires du clown milliardaire. Une façon de nous faire oublier l'essentiel : jamais une élection n'a à ce point montré de proximité entre les forces qui agitent l'Amérique et celle qui travaillent l'Europe dans son ensemble et la France en particulier.

    On peut considérer avec un brin de mépris ces personnages emblématiques de l'Amérique profonde, ces groupies improbables de Trump persuadées que porter une arme est un droit de l'homme. On peut en tirer la conclusion que le suffrage universel donne un pouvoir à des gens trop peu formés pour en mesurer la portée. Ou bien on peut tenter de comprendre pourquoi des millions d'Américains, qui ne sont pas tous demeurés, s'apprêtent à voter pour un homme immonde et pas au niveau. D'autant que ceux qui sont horrifiés à la pensée qu'on puisse laisser un bulletin de vote entre les mains d'un électeur assez déraisonnable pour ne pas voter Clinton sont aussi scandalisés que des gens « majoritairement les moins diplômés » aient précipité le Royaume-Uni dans le chaos en votant le Brexit ou que d'autres puissent voter FN alors qu'on leur répète depuis tant d'années que c'est mal.

    La révolte des petites classes moyennes déstabilisées dans leur identité

    Le phénomène Trump n'est que la traduction d'un mouvement de fond qui ébranle toutes les sociétés occidentales : la révolte des petites classes moyennes déstabilisées dans leur identité par la lame de fond d'une mondialisation qui avait déjà emporté les classes ouvrières. Bien sûr, le discours médiatique leur vend la réduction de moitié de l'extrême pauvreté dans le monde - grand argument des derniers défenseurs de la mondialisation heureuse - ou le merveilleux progressisme de l'émancipation des minorités, jusqu'à l'éclatement de toute communauté nationale en une myriade de groupes de pression aux revendications divergentes mais jamais rassasiés de droits et de réparation postcoloniale : l'abandon de toute politique d'intégration permet de remplacer la question sociale par le noble combat contre les pulsions racistes de ces classes populaires si peu ouvertes à l'Autre. Au moins l'Amérique ou le Royaume-Uni ont-ils les outils pour regarder en face des phénomènes que la France se refuse à mesurer, comme la disparition des classes populaires blanches dans les centres-villes des métropoles.

    La sortie de l'extrême pauvreté pour des millions d'individus dans le monde s'est faite essentiellement sur le dos des classes moyennes et populaires des pays occidentaux dont pouvoir d'achat, protections et repères culturels sont attaqués. Le creusement des inégalités, la destruction de l'école et de son rôle d'ascenseur social, tout contribue à les déstabiliser.

    Les classes moyennes ont été le pilier sur lequel s'est bâtie puis consolidée la démocratie. Elles ont soutenu un régime qui, en renouvelant ses élites, leur offrait l'espoir de voir leurs enfants vivre mieux qu'elles. Tout au long du XXe siècle, elles ont donc choisi le capitalisme contre le communisme, signant une alliance de fait avec les classes dominantes. Tous les progrès sociaux de l'après-guerre, la répartition de la valeur ajoutée, la protection sociale, furent conquis sous la menace du communisme. À partir du moment où celui-ci s'est effondré, les classes moyennes ne sont plus d'aucune utilité. Se remet en place le capitalisme dans sa forme la plus brutale et prédatrice.

    Cela ne peut se faire qu'en maintenant la fiction d'un système démocratique appuyé sur le consentement des électeurs. Une sorte de totalitarisme soft dont on ne perçoit que par intermittence la violence. Quand le Parti démocrate a besoin de truquer les primaires pour éviter l'émergence d'un Bernie Sanders, quand des hiérarques du Parti républicain doivent appeler à voter Clinton, meilleure représentante des intérêts de Wall Street et des lobbys énergétiques et militaires. En Europe, ce sera la résistance farouche d'un Junker, artisan de l'évasion fiscale vers le Luxembourg, pour imposer les traités de libre-échange en évitant au maximum tout processus démocratique qui pourrait servir d'écho au refus des peuples européens.

    Ce qui reste de démocratie dans les pays occidentaux laisse éclater les bouillonnements de ces populations conscientes qu'elles ont perdu la lutte des classes. Ces bouillonnements ressemblent parfois aux éructations de l'histrion Trump. Mais ils pourraient aussi, un jour prochain, mettre en danger le système et ressembler à une de ces révolutions dont la France a le goût. 

    Liens

    l'élection la plus pitoyable de l'histoire américaine

    groupies improbables de Trump

    le Royaume-Uni dans le chaos en votant le Brexit

    Junker, artisan de l'évasion fiscale vers le Luxembourg

  • Donald Trump sur les traces des Gracques ? Bis repetita ?

     

    Par Thomas Flichy de la Neuville

    Deux-mille ans les séparent mais le tribun romain Tiberius Gracchus et l'Américain Donald Trump semblent avoir quelques points communs. De là à voir les grandes lignes d'un semblable destin ? Cette réflexion à partir de l'Histoire [Causeur, 7.11] et d'un épisode aujourd'hui lointain, nous rappelle la fragilité, le caractère inexorablement éphémère de la stabilité politique et même de la puissance. Au lendemain de l'élection présidentielle américaine et à la veille d'élections européennes majeures, il est utile de s'en souvenir. LFAR

     

    photo_7.jpgLa campagne présidentielle américaine, qui prend fin aujourd’hui, n’est pas sans rappeler un célèbre épisode de la République romaine : celui de l’élection de Tiberius Gracchus au tribunat de la Plèbe. Issu de la noblesse plébéienne, Tiberius Gracchus se caractérisa en effet par la radicalité de ses réformes. Selon Valère-Maxime, « il avait l’habitude de répéter devant tout le monde qu’une fois le Sénat liquidé, tout le pouvoir devrait aller à la plèbe ».|1] Mettant en cause la perpétuelle infidélité comme l’inutilité militaire des esclaves, il se heurta aux grands propriétaires et osa entreprendre « quelque chose d’énorme » nous narre Florus.|2]

    Sa loi agraire prévoyait en effet une redistribution de terres d’une telle ampleur qu’elle affaiblirait définitivement l’autorité du Sénat. Tiberius Gracchus eut contre lui les principaux faiseurs d’opinion, notamment le grand prêtre Scipio Nasica, qui fomenta une émeute à son encontre en 133 av. J.-C. Or les présages étaient défavorables à Tiberius: «  Au petit matin chez lui,  il prit les auspices. Leur réponse fut tout à fait sinistre. Sortant de chez lui il se blessa le pied au point de se fracturer un doigt. Ensuite trois corbeaux firent entendre un chant de mauvais augure à son encontre ».|3] Mais mystérieusement, quelques signes visibles l’engagèrent à poursuivre, notamment les graffiti lisibles dans les portiques et sur les murs des maisons.|4] Bannie des enceintes officielles, notamment du Sénat, la parole populaire, gravée sur les murs, l’encourageait à ne pas céder.

     

    La campagne politique de Trump aura des répercussions immédiates sur les élections à venir en Europe.

    th.jpgSa campagne fut haute en couleurs puisqu’il « mélangea le sublime à la bassesse ». |8] Il lutta constamment contre les manipulations de ses paroles : quelque temps avant son assassinat, il leva la main à la hauteur de la tête pour signifier que sa vie était en danger. Mais ses opposants se précipitèrent au Sénat prétendant que Tiberius réclamait une couronne puisqu’il avait fait ce geste.|6] Afin de contrer le populisme des Gracques, le Sénat acheta l’autre tribun de la plèbe, Octavius puis donna tout pouvoir aux citoyens d’assassiner Tibère. Cette fin tragique n’empêcha pas l’épisode des Gracques d’agir comme un catalyseur sur l’effondrement de la République et surtout d’enclencher le cycle des guerres civiles.

    Certes, l’Amérique de 2016 n’est pas la République du IIsiècle avant J.-C., une chose est certaine toutefois : quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, la campagne politique de Trump ébranlera durablement la vie politique et aura des répercussions immédiates sur les élections à venir en Europe. 

    1. Valère-Maxime, III, 2, 17
    2. Florus, III, XV
    3. Valère-Maxime, I, IV, 2
    4. Plut. Tib. Gracc. 8.
    5. Velleius Paterculus, II, II
    6. Plutarque, Tiberius Gracchus, 19.2

    Thomas Flichy de la Neuville

    Enseigne à Saint-Cyr. Dernier livre : Les grandes migrations ne détruisent que les cités mortes (L’Aube, 2016)

    A lire aussi dans Lafautearousseau

    C’est reparti comme en 1400... Démondialisation et réveil des nations : retour vers le futur

  • André Bercoff : USA - « une élection aux rebondissements incroyables »

     

    A la veille de l’élection présidentielle américaine, André Bercoff a donné son analyse de la situation à Boulevard Voltaire. Une analyse intéressante venant d'un observateur très informé.

    André Bercoff fut journaliste à l'Express, directeur de la rédaction de France Soir et directeur littéraire dans plusieurs maisons d'édition, dont Belfond et Robert Laffont. Auteur d'une quarantaine de livres. 

     

     
  • Dénonciation et repentance de l'esclavage passé : Valls  oublie de condamner l'esclavage actuel...

    Dans le monde entier : Plus la couleur est foncée, plus l'esclavage moderne est présent 

     

    Mur-bleu gds.jpg

    Pour oublier peut-être le triste spectacle qu'offre son pauvre parti - encore appelé « socialiste », mais où les condamnés et mis en examen ne se comptent plus... - Valls est parti prendre l'air en Afrique de l'Ouest (Togo, Ghana, Côte d'Ivoire...). Evidemment, il en a profité pour condamner l'esclavage, montrant sur ce sujet la même inculture, la même ignorance dont il avait fait preuve lorsqu'il avait évoqué - toujours « à l'étranger », qui, décidément, ne lui réussit pas... - une république française qui savait accueillir les étrangers. 

    Bien sûr, condamner l'esclavage d'hier, tout le monde est d'accord là-dessus. Valls a peut-être cru que s'aplatir et faire la carpette, sur ce sujet, devant le politiquement-historiquement-moralement correct serait bénéfique pour sa cote de popularité. 

    Mais il n'a oublié qu'une chose : oh, trois fois rien, une paille, direz-vous. Pourtant, ce trois fois rien, cette paille mériteraient amplement d'être dénoncés : l'esclavage d'aujourd'hui, encore pratiqué dans plusieurs pays d'Afrique. Seulement, voilà, il y a un problème de taille : les pays où subsiste encore l'esclavage, aujourd'hui, sont des pays noirs, arabes et, pour la plupart, musulmans. Alors, là, évidemment, c'est silence radio. 

    Critiquer les Blancs, les Chrétiens, l'Europe... pas de problème ! Mais, des Noirs ! des Arabes ! des Musulmans ! Vous n'y pensez pas, c'est interdit dans le Code du politiquement correct, qui prime sur tous les autres. 

    Et pourtant ! Puisqu'il était proche de ce pays, comme on aurait aimé entendre Valls dénoncer le gouvernement mauritanien : là-bas, treize Mauritaniens noirs proches de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste ont été jugés pour « attroupement armé » et « rébellion » ; jugés mais aussi torturés et condamnés à quinze ans de prison. Et, comme on aurait aimé, au moins, entendre Valls ne serait-ce que citer le nom de Biram Dah Abeid, la voix des esclaves modernes de la Mauritanie... 

    En 2014, l’ONG Walk free estimait qu’il y avait encore 4 % d’esclaves en Mauritanie, soit environ 150 000 personnes, tout de même... : une paille, trois fois rien, on vous dit. Et, le 20 août 2015, Biram Dah Abeid, figure emblématique de la lutte contre l’esclavage, était condamné à deux ans de prison, pour en avoir réclamé la fin. 

    Cela, soit Valls l'ignore, ce qui est grave pour un Premier ministre ; soit il le sait, et il le tait. Et, là, c'est encore plus grave... 

     
    A lire aussi dans Lafautearousseau

    Retour sur son passage à Barcelone : erreurs en série et ignorance crasse pour Manuel Valls

  • La frontière

      

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Le 13 octobre, en visite officielle à Ottawa, M. Valls dit du Ceta que « c’est un bon accord ». Quelques jours plus tard, il déplore l’opposition wallonne audit accord. Levée jeudi 27, cette opposition a, semble-t-il, permis quelques rectifications de taille : les juges de tout tribunal arbitral seraient nommés par les Etats ; le droit des Etats à réglementer au nom de l’intérêt général serait reconnu ; les entreprises états-uniennes se verraient interdire de pénétrer le marché européen via leurs filiales canadiennes ; une clause dite « de sauvegarde agricole » serait prévue et le maintien des législations européennes interdisant certains produits contestés (comme les o.g.m.) entériné. Le traité, ainsi amendé, pourrait voir le jour dans quelques années…

     

    En attendant, on doit donc comprendre que le traité, dans sa version primitive, rejetée par la Wallonie mais validée par la France, autorisait : la possibilité pour une entreprise multinationale de porter plainte contre un État adoptant une politique publique contraire à ses intérêts ; l’impossibilité pour un Etat de continuer à réglementer au nom de l’intérêt général ; la possibilité pour une entreprise états-unienne d’inonder les marchés européens via sa filiale canadienne ; l’absence de toute clause de sauvegarde pour l’agriculture européenne ; la possibilité de contourner les législations européennes interdisant certains produits contestés (comme les o.g.m.).

     

    Affaiblissement (explicitement irréversible) de l’Etat, donc de tous ceux qu’il a pour mission de protéger, face aux multinationales, voilà le « bon traité » de M. Valls : son appréciation se passe de tout commentaire. On pourra objecter que la France a bien demandé l’arrêt des négociations sur le Tafta avec les Etats-Unis. Mais, à en juger par les concessions envisagées dans le Ceta initial, faut-il que celles faites à l’idéologie marchande nord-américaine aient paru excessives et malvenues dans un contexte européen qui voit le réveil « réactionnaire » de peuples floués par de prétendues « élites » !

     

    « En Occident, le libéralisme est un dogme absolu » constate M. Servan (Boulevard Voltaire, 28 octobre). De fait, Ceta ou Tafta, l’objectif stratégique primordial est le même dans la guerre que livrent les partisans de la mondialisation libre-échangiste contre les barrières que constituent encore les mille et une différences qui font qu’un Français, un Chinois et un Zimbabwéen sont ce qu’ils sont, différences à travers lesquelles se manifeste leur humanité commune. On prône la liberté de circulation des biens, des services et des personnes, liberté dont tout un chacun a dans l’idée qu’il pourrait en profiter un jour ou l’autre. Mais, derrière, se cache l’autre liberté de circulation, celle des capitaux, celle de la « fortune anonyme et vagabonde », garante de toutes les délocalisations fiscales et de la fin de la souveraineté monétaire des Etats. 

    « On va au bout du bout de la mondialisation. On détruit les ultimes frontières, celles qui sont dans les lois, les règles, les modes de vie. Celles qui sont dans les têtes », s'indigne Éric Zemmour (R.T.L., 25 octobre). Et il a raison.  

     

  • Histoire & Actualité • C’est reparti comme en 1400... Démondialisation et réveil des nations : retour vers le futur

     

    Par Thomas Flichy de la Neuville

    Un remarquable article - presque une fable, lui aussi - dont la morale tient justement de la manière des fabulistes et concerne éminemment notre époque prétendument postnationale et vouée au Marché. [Causeur, 26.10] Mais l'Histoire nous enseigne que cette situation n'est ni nouvelle ni irréversible. Et nous vient à la mémoire que deux siècles après les faits qui sont rappelés ici, d'autres décrets d'importance majeure furent pris, non plus en Italie, mais cette fois-ci en Espagne, par ses Rois, non plus pour réduire l'emprise des financiers, mais en la circonstance celle de l'Islam. Autre récit, autre morale, aussi, pour notre temps. Dédié aux gens qui croient que les choses vont toujours dans le même sens ...   Lafautearousseau

     

    photo_7.jpgNous avons tellement cru en la fable d’un monde pacifié par une mondialisation heureuse que la résurgence des identités – désormais au cœur du débat politique – nous semble aller contre la marche du temps. En réalité,  la transition 2010-2030  rappelle fortement celle que connaît l’Europe entre 1340 et 1400. Au début du XIIIe siècle, les banquiers vénitiens font tout pour éviter l’émergence de gouvernements nationaux forts, comme celui d’Edouard III d’Angleterre. Pour ces banquiers, le modèle politique à abattre est celui de Frédéric II Hohenstaufen, saint empereur romain germanique de la seconde moitié du XIIIe siècle.

    Le rôle des banquiers florentins

    Pour éviter l’émergence d’Etats forts, les banquiers florentins ne se contentent pas de prêter de l’argent aux rois, ils s’assurent en retour d’avantages en nature. En 1325, les Peruzzi possèdent tous les revenus du Royaume de Naples, soit la moitié sud de l’Italie. Ceci leur permet de recruter l’armée de Robert de Naples, de nommer les membres de son gouvernement et de vendre à sa place ses productions céréalières.

    Dans ce contexte, il ne sert à rien pour Dante Alighieri de vanter le modèle de Frédéric II dans De Monarchia. Venise force Dante à quitter Florence et fait la promotion d’une contre-littérature. Il s’agit des ouvrages de Bartolomée de Lucca ou de Marsile de Padoue. Les banquiers vénitiens finissent par ligoter financièrement des embryons d’Etat comme l’Angleterre, la France et l’Espagne. Puis, la banque vénitienne génère une gigantesque bulle financière qui paralyse la production et vient éclater en 1345. Télécommandées par Venise, les familles Bardi et Peruzzi de Florence déclenchent un crash financier au cours duquel tout crédit s’évanouit. S’enclenche alors une période de grave instabilité, caractérisée par la résurgence de la famine et des épidémies.

     

    La politique domestique la finance

    Mais après 1400, les forces politiques se retournent contre les méthodes des banquiers italiens. En 1401, le roi Martin Ier d’Aragon les expulse d’Espagne, en 1403, Henri IV d’Angleterre limite fortement leur activité. En 1409, la Flandre emprisonne les banquiers génois. En 1410, les banquiers italiens sont expulsés de Paris. La résurgence des identités nationales a alors mis en échec les projets de la finance internationale. L’histoire se répétera-t-elle ? 

    Thomas Flichy de la Neuville

    enseigne à Saint-Cyr. Dernier livre : Les grandes migrations ne détruisent que les cités mortes (L’Aube, 2016). Du même auteur : Syrie : Poutine sur les traces de Pharaon

     

  • Péroncel-Hugoz à L’Action Française : « Le Roi du Maroc bénéficie d’une popularité illimitée »

     

    Ancien correspondant du Monde dans les pays arabes, collaborateur du principal quotidien en ligne marocain, Le360, Péroncel-Hugoz est l’auteur de « Deux mille ans d’histoire marocaine » aux éditions Casa-Express. Nos lecteurs n'ignorent pas qu'il collabore régulièrement à Lafautearousseau. Il vient d'accorder cet intéressant entretien à L’Action Française 2000.

     

    PERONCEL 3.jpgComment peut-on qualifier la monarchie chérifienne du Maroc, avec à sa tête le roi Mohammed VI ?

    C’est une monarchie traditionnelle et familiale qui n’est ni absolue, ni très démocratique. La force de ce système réside dans l’amour de la population pour le roi. Récemment, un sondage qui plébiscitait le roi et le Gouvernement à 99 % n’a pas été publié. Pourquoi ? Un autre sondage pourrait tomber à 49 % un jour ou l’autre, et la monarchie en serait affaiblie. Pour l’heure, le roi bénéficie d’une popularité illimitée, presque irrationnelle, bien que les problèmes existent : pauvreté, bidonvilles, imbroglio à la frontière du Sahara... De ma vie de reporter, j’ai n’ai vu une telle popularité qu’une seule fois : au Pakistan pour Benazir Bhutto, Premier ministre, que les islamistes ont assassinée en 2007. Il fut un temps où les Marocains craignaient Hassan II ; aujourd’hui ils craignent pour Mohammed VI.

    Comment qualifieriez-vous les membres du Parti de la justice et du développement (PJD), dont le mode d’exercice du pouvoir ne semble pas refléter l’extrémisme qui vient à notre esprit d’européens ?

    Le PJD est un parti islamiste particulier, le même que celui d’Erdogan en Turquie. Il se compose de gens pieux et est clairement monarchiste. S’il a remporté autant de succès, c’est parce qu’il a la réputation d’être honnête, contrairement à la plupart des autres partis. À mon sens, c’est assez juste. Est-ce à tort ou à raison ? En outre, et c’est unique dans un pays musulman, les membres de ce parti ne parlent pas l’arabe classique quand ils s’adressent au peuple mais le darija, qui est le dialecte arabe du pays. Cela plaît énormément.

    Quelles sont les prérogatives du PJD, le parti majoritaire ? Et quel est le rôle du roi, Mohammed VI ?

    Même si ce système des partis est une façade pour plaire à la France et aux pays occidentaux, le PJD aura tout de même une influence en matière sociale et législative. Quant au pouvoir de Mohamed VI, c’est un pouvoir régalien ; il a un rôle arbitral, comme le roi de France l’avait en son temps. Depuis son palais, même s’il n’y est pas beaucoup, passant le plus clair de son temps à parcourir le royaume à la rencontre du peuple, le roi décide en dernier ressort. Il garde la main sur les questions capitales telles que les affaires étrangères ou la défense. Son épouse, Lalla Salma, mère du prince héritier Moulay El-Hassan et de la princesse Lalla Khadija, se montre en public non voilée et s’active en faveur d’oeuvres sociales. Elle n’est pas cachée comme le fut en son temps la mère du roi. Mohammed VI n’a qu’une épouse, contrairement à son père Hassan II qui avait deux femmes et dix-neuf concubines. Sa succession est assurée avec son fils qui deviendra Hassan III. Il a quatorze ans, l’âge de régner. Il est éduqué en quatre langues (arabe, anglais, français et espagnol). Voilà une monarchie qui flirte avec la modernité et la tradition.

    Le roi du Maroc est aussi commandeur des croyants… Peut on parler d’un islam marocain ?

    Oui. Comme on le dit un temps de la France, il existe une exception marocaine. Les musulmans marocains sont différents des autres. Le Maroc n’a pas connu la colonisation par les Turcs et c’est un islam qui diffère de celui de l’Arabie saoudite. L’islam du Maroc se tisse au travers de nombreuses confréries plus ou moins mystiques qui, rappelons- le, ont été jadis protégées par le maréchal Lyautey. Elles jouent un rôle éducatif et culturel dans les mosquées et les écoles. Ainsi, le roi, commandeur des croyants, gère un islam à sa guise.

    Pourtant, les Marocains ne sont-ils pas nombreux à rejoindre l’État islamique  ? L’attentat du Bataclan n’a-t-il pas été perpétré par un Marocain ?

    Oui, c’est vrai, ils seraient deux mille. Mais au Maroc, les islamistes sont très surveillés, et contrairement à ce qui se passe en France, on ne les a pas laissé faire. Plusieurs attentats ont été déjoués depuis ceux de Casablanca en 2003 et de Marrakech en 2011. Les cinquante mille mosquées sont toutes sous surveillance, contrôlées par l’État. Le roi a ainsi ses sujets bien en main. À l’inverse de la France qui a laissé faire depuis plusieurs décennies et qui se réveille trop tard. Bien sûr, dans la lutte engagée contre le terrorisme, il existe une collaboration étroite avec la France. C’est d’ailleurs grâce aux services de renseignement marocains que le principal instigateur de l’attaque du Bataclan a été retrouvé et tué à Saint-Denis.

    Dans quelle mesure le royaume du Maroc s’engage-t-il dans la lutte contre le terrorisme islamiste ?

    Le Maroc se positionne dans le monde musulman, en particulier en Afrique, comme le maillon fort de la lutte contre le djihadisme. Le roi appelle régulièrement ses concitoyens à pratiquer un islam pacifié. Ainsi, après l’assassinat du père Hamel, il a déclaré la guerre totale à Daesh lors de son discours du 20 août. Il a parlé d’un acte illicite contre la loi divine et qualifié ce meurtre commis dans une église comme une folie impardonnable. C’est un acte courageux, et le mot n’est pas galvaudé, car Mohammed VI est désormais très exposé.

    Propos recueillis par Irène Magny

    L’Action Française 2000

    A lire - notamment - dans Lafautearousseau ...

    Journal d'un royaliste français au Maroc [Publication hebdomadaire]

  • Natacha Polony s'amuse : « Paul Magnette président ! » Mais elle a plutôt raison ...

     

    Par Natacha Polony           

    Le ministre-président de la Wallonie porte la voix du Parlement wallon qui refuse de donner son accord au Parlement belge pour la ratification du traité de libre-échange avec le Canada. Bien entendu, Natacha Polony s'amuse ici à réclamer un président wallon pour la France [Figarovox - 21.10]. C'est une plaisanterie. Qui plus est - bien que Paul Magnette soit un universitaire et un politique de qualité - la Wallonie est aujourd'hui malheureusement pourrie de progressisme socialo-libertaire et d'immigrationnisme gauchards. Cependant, en l'occurrence, elle bloque un traité  inacceptable - le CETA - et l'on ne peut que s'en féliciter. L'analyse de Natacha Polony sur la situation européenne est, elle, impeccable. LFAR

     

    924153452.jpgIl faudrait toujours relire René Goscinny. Dans l'album Astérix chez les Belges, les fiers Gaulois sont furieux d'apprendre que Jules César décrit les Belges comme le peuple le plus brave de la Gaule. On adorerait que, piqués au vif, nos politiques aillent se mesurer au courage de leurs voisins. Mais le spectacle un peu falot de la campagne à droite, le naufrage surréaliste d'un président devenu un cas psychanalytique, nous laissent deviner que nous resterons de notre côté de la frontière. Le mauvais.

    Malheureux citoyens français, connaissez-vous Paul Magnette ? Il intéresse nettement moins la presse morale et progressiste que le fringant Justin Trudeau, premier ministre canadien censément de gauche, assez peu préoccupé de conquêtes sociales mais féru d'ouverture à l'Autre, surtout quand l'Autre réclame des droits pour sa minorité religieuse. Le premier est peut-être moins « cool » que le second, mais il vient de lui donner une leçon de souveraineté. Comme à nous tous.

    Paul Magnette, 45 ans, est ministre-président de la Wallonie. Oui, on peut présider quelque chose à 45 ans chez nos voisins belges. Et en tant que ministre-président de la Wallonie, il porte la voix du Parlement wallon qui refuse de donner son accord au Parlement belge pour la ratification du Ceta, traité de libre-échange avec le Canada. Ledit traité, négocié, comme son frère jumeau pour les États-Unis, le Tafta, dans des conditions de secret totalement rocambolesques, ne se contente pas d'abaisser les tarifs douaniers, comme on l'attend d'un traité dit de libre-échange. Il met en place des normes dont le but est d'affaiblir les États face au pouvoir des multinationales. À travers les tribunaux arbitraux, il donne la possibilité à une entreprise d'attaquer, par exemple, un État dont le changement de politique la priverait des bénéfices qu'elle avait projetés. Il protège la propriété intellectuelle des semenciers sur les graines employées par les paysans, mais pas celle des artisans fabriquant des produits d'appellation d'origine contrôlée. Et surtout, il met en place des mécanismes dits « effets de cliquet », qui interdisent tout retour en arrière, même au cas où un gouvernement démocratiquement élu voudrait remettre en cause tout ou partie de l'accord.

    Paul Magnette a donc réclamé « des clauses juridiquement contraignantes qui fassent en sorte que si demain il y a un conflit entre une multinationale et un État, on n'ait pas affaibli les pouvoirs de l'État de réguler, de protéger nos services publics, nos normes sociales, environnementales, tout ce qui fait le modèle de société européen auquel nous sommes très attachés ». Mieux : à ceux qui l'accusaient de faire de son pays un paria, il a dit préférer « un isolement diplomatique à une coupure avec la société civile wallonne, dont des pans entiers (syndicats, ONG, agriculteurs…) s'opposent au traité » parce qu'il « sonne l'arrêt de mort de l'agriculture wallonne déjà en crise ».

    Un gouvernant qui se soucie de protéger l'agriculture et les services publics, il est vrai que c'est assez surprenant. Les hiérarques de la Commission européenne n'en reviennent pas. Pas plus que les gouvernants français, qui n'ont pas de mots assez durs pour le Tafta (du moins jusqu'en mai 2017), depuis qu'ils ont compris que les peuples s'y opposent farouchement, mais qui trouvent le Ceta tout à fait acceptable. À l'ultimatum qui lui était lancé, Paul Magnette (qui connaît son sujet : il est l'auteur d'une thèse sur Citoyenneté et construction européenne) a répondu qu'il laisserait se dérouler le processus démocratique. Étrange considération quand tout a été fait, depuis quarante ans, pour qu'aucun processus démocratique ne puisse entraver l'inexorable progression de la globalisation libre-échangiste déguisée en rêve européen. La Commission européenne avait d'abord essayé de faire qualifier le traité de « non-mixte    », ce qui signifie qu'il ne relève que de la responsabilité des instances européennes et pas des États. Raté. Il a donc fallu consentir à un vote des parlements.

    De partout, on entend les uns et les autres s'agacer que trois millions et demi de Wallons bloquent un traité qui concerne 500 millions d'Européens et qui est accepté par leurs représentants. Voilà qui nous prouve seulement que ces heureux Wallons sont les seuls à disposer encore de représentants qui les représentent vraiment, défendant leurs intérêts plutôt que les dogmes d'une oligarchie déterritorialisée et protégeant jalousement leur souveraineté, c'est-à-dire leur droit de décider de leur destin.

    Aussi, chers amis wallons, montrez-vous magnanimes envers des voisins nécessiteux. Prêtez-nous Paul Magnette pour cette élection de 2017 dont les enjeux essentiels sont d'ores et déjà évacués par nos candidats. Il est prédestiné. Le siège de la présidence wallonne, la Maison jamboise à Namur, est surnommé l'Élysette.  

    Natacha Polony

    On peut lire aussi ...

    Libre-échange : Waterloo pour le Ceta - Par Jean Quatremer [Libération]

  • Éric Zemmour : « Cette gauche qui déteste le pape quand il rappelle qu'il est catholique…»

     

    Par Eric Zemmour

    Éric Zemmour dit l'essentiel dans cette chronique du Figaro [7.10] où il analyse comment le pape François - dont il ne dissimule pas l'ambivalence, et les prises de position parfois dangereuses et négatives - prend toute sa part dans la lutte contre le totalitarisme du genre. Pourvu que ça dure ! conclut-il. Nous aussi. LFAR

     

    522209694.4.jpgLa gauche aime le pape François. Quand il vilipende le capitalisme, la mondialisation, les inégalités entre riches et pauvres. Quand il ramène dans ses bagages des familles de migrants musulmans. Quand il met sur le même plan une théorique violence catholique et une bien réelle violence islamique.

    La gauche aime le pape quand François se soumet de bonne grâce au diktat de la bien-pensance et semble avoir fait siennes les fameuses « vertus chrétiennes devenues folles » de Chesterton.

    Mais la gauche déteste le pape quand il fait savoir qu'il est resté catholique. Quand il défend le mariage et vitupère contre « la guerre mondiale » qui lui est menée. La gauche morigène même le pape quand il ose dénoncer ces ouvrages scolaires français qui expliquent à nos enfants qu'« on ne naît pas femme, on le devient », selon la célèbre phrase de Simone de Beauvoir.

    La gauche honnit le pape quand il distingue entre les individus - homosexuels, voire transsexuels, humbles pécheurs que l'Eglise doit accueillir comme les autres - et le dogme catholique qui sacralise le mariage, le seul authentique, entre un homme et une femme, et la famille traditionnelle. Bref, la gauche ne supporte plus ce pape quand il fait son métier de pape.

    Najat Vallaud-Belkacem a pris son air d'institutrice pour tancer la « légèreté » de François; on se souvient que la même avait déjà brocardé les « pseudo-intellectuels » qui contestaient sa réforme du collège. Notre ministre de l'Education nationale a la particularité de vouloir boxer au-dessus de sa catégorie. Elle a aussi le don de maquiller la vérité avec un fard épais.

    Notre ministre et la gauche estiment que la théorie du genre n'existe pas. Elle disait pourtant le contraire il y a quelques années. La théorie du genre n'existe plus puisqu'elle a été rebaptisée « concept de genre ». Plus c'est gros, plus ça passe. Les mots changent, les idées restent. Il s'agit toujours de nous convaincre que la différence entre homme et femme ne relève en rien - c'est le rien qui est essentiel - de la biologie, et en tout des habitudes sociales qui, au fil des siècles, ont édifié des préjugés innombrables sur les rôles respectifs des hommes et des femmes.

    Préjugés qu'il s'agit de déconstruire et de détruire pour être enfin « libre et égal ». C'est exactement ce qu'on explique dans les écoles de France, au gré d'exemples divers, de ces garçons qui voulaient danser des ballets classiques avec les filles ou de ces filles qui devenaient karatékas. De ces papas qui portent une jupe ou de ces enfants qui ont deux papas.

    Devant la bronca contre l'« ABCD de l'égalité » d'il y a deux ans, la propagande s'est affinée. Mais c'est toujours de la propagande. Cela devient une tradition au Vatican: le pape Jean-Paul II combattait le totalitarisme communiste; le pape François prend toute sa part dans la lutte contre le totalitarisme du genre. Pourvu que ça dure ! 

    Eric Zemmour           

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    François et la théorie du genre : surprise, le pape est... catholique !

    Il est contre la « colonisation idéologique » : François, Janus aux deux visages... 

  • Poutine ne viendra pas : Hollande joue contre la France ...

      

    Mur-bleu gds.jpgHollande bombe le torse et, telle la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, fanfaronne d'une façon grotesque, jouant les durs, les forts, lui qui est mou et faible. Mais, comment des dirigeants peuvent-ils à ce point perdre le contact avec le réel pour ne plus avoir le sens - à défaut de l'intérêt national - au moins du ridicule ?
     
    Initialement, une visite du président russe était prévue à Paris, pour l'inauguration de la cathédrale orthodoxe russe édifiée tout à côté de la Tour Eiffel.
     
    La France, et l'Europe, ont besoin de l'alliance russe : une Eurasie, de Brest à Vladivostok, est une nécessité pour contrebalancer à la fois les puissances émergentes (d'ailleurs, pour certaines, déjà largement émergées ...) comme la Chine, l'Inde etc... mais aussi nos excellents amis de la Maison-Blanche, un endroit d'où l'on a presque constamment, tout au long de son histoire, « joué contre » la France.
     
    Or, François Hollande veut masquer son impuissance dans la crise syrienne : mais il en est le premier responsable - et coupable - par ses préjugés et son hostilité immodérée envers le régime de Bachar el Assad depuis le début de la guerre civile en Syrie. Il est stupéfiant de voir un dirigeant politique se laisser aveugler à ce point, au point de ne plus voir ce qui pourtant crève les yeux : il ne s'agit pas de faire d'Assad un modèle, mais de constater froidement et lucidement qu'il lutte sur le terrain contre l'Islam radical terroriste et, de fait, protège les minorités (dont les Chrétiens) contre la marée montante de l'islam-islamisme qui, au Moyen-Orient, submerge tout.
     
    Il y a quelques mois, Hollande-s'en-va-t-en-guerre s'était même couvert de ridicule lorsque, boutefeux irresponsable et presque puéril, il allait partir attaquer la Syrie avec... Obama ! Moins  aveugle - ou mieux conseillé... - que son homologue français, Obama s'était prudemment récusé à la dernière minute, laissant Hollande, embourbé pitoyable, opérer un « marche arrière toute » en catastrophe, offrant au monde un spectacle ravageur pour notre diplomatie et notre image de marque.
     
    Depuis Hollande et son sérail ressassent leur rancoeur et recuisent dans le jus d'une impasse où ils se sont mis eux-mêmes et qui, par définition, ne mène nulle part; et répètent, tels des perroquets, les mêmes mots et phrases grandiloquentes sur les « crimes de guerre », la « honte pour l'humanité » et autres incongruités du même tonneau, qui les coupent des réalités et les condamnent à l'impuissance. Ce qui ne serait pas bien grave s'il ne s'agissait que d'eux; mais, il s'agit de la France, de son image dans le monde, et du rôle qu'elle pourrait jouer - et ne joue pas - dans l'aire moyen-orientale à côté de ses alliés naturels, que tout lui désigne : en l'occurrence, ici, la Russie...
     
    A cela s'ajoute le sectarisme idéologique du Système, incarné justement par Hollande : lorsque la visite de Poutine était encore prévue, Hollande avait fait savoir qu'il n'accompagnerait pas le président russe à la cathédrale; et, véritable affront diplomatique, il convoquait presque le président russe à l'Elysée, pour parler... de la Syrie ! C'est sa version à lui - aux petits pieds - de « la dépêche d'Ems », en quelque sorte !
     
    Gageons que, s'il s'était agi d'inaugurer une mosquée, c'est tout le gouvernement au grand complet qui aurait été là, président en tête. Et notre Juppé-le-gauche, Juppé-l'Islam aurait certainement fait le voyage depuis Bordeaux !
     
    Mais là, il ne s'agit que d'une cathédrale chrétienne, et que des intérêts de la France : alors, vous comprenez bien qu'en haut lieu on s'en fiche éperdument !  •
  • Le retour du peuple

     

    par Hilaire de Crémiers

    L’univers tel qu’ont voulu le façonner les dirigeants mondiaux au cours des dernières décennies, est en train de changer. Non sans conséquences.

     

    2771589182.jpgIl n’est pas douteux que le monde est traversé de nouveaux courants. Après la chute du communisme, il était de bon ton de croire que la planète était destinée à s’unifier et à s’uniformiser dans un vaste ensemble libéral où le commerce, en libre échange de plus en plus ouvert, serait l’âme d’une mondialisation heureuse, bénéfique à tous et à chacun, et où les progrès technologiques suffiraient à assurer une croissance continue. Bien sûr, les États-Unis qui avaient gagné la guerre froide, tenait un leadership naturel dans cette configuration en raison de son hégémonie, en tant que seule puissance mondiale capable d’interventions aussi bien militaires que financières sur l’ensemble du monde.

    Ils préservaient ainsi leurs intérêts, mais, apparemment, c’était au départ sans se douter des graves conséquences qui pourraient en résulter pour eux. L’interventionnisme tous azimuths fut, dans la plupart des cas, malheureux et terriblement coûteux. Les peuples n’entraient pas dans les schémas préconçus des stratèges américains et des technocrates mondiaux.

    Les citoyens des États-Unis, eux-mêmes, subirent peu à peu les contrecoups des crises mondiales, les destructions systématiques d’un libre-échangisme aux effets pervers, les réactions violentes d’une guerre monétaire qui devenait primordiale, les suites dramatiques d’une incapacité à contrôler les flux migratoires, enfin les folies d’une société où l’argent est devenu roi. Attentats, désastres financiers, échecs militaires, guerres indéfinies devinrent le lot de la grande puissance qui était censée imposer au monde son modèle démocratique. Toutefois, sous Bush comme sous Obama, le premier sous forme guerrière, le second sous forme pacifique, le même but restait en ligne de mire.

    La mondialisation heureuse

    L’Europe suivait dans cette voie et attelait son char au char américain. Elle adhérait a priori à tous les traités internationaux qui la contraignait à s’ouvrir toujours plus aux marchés mondiaux, c’est-à-dire essentiellement aux grandes multinationales, en espérant elle-même jouer à jeu égal avec de telles mastodontes. La concurrence devenait la règle universelle. L’Europe devait, toujours selon le même schéma, s’unir davantage, offrir des marchés de plus en plus vastes. La monnaie unique entraînerait à coup sûr l’union budgétaire, bancaire, financière, économique et politique, accélérant ainsi les processus commerciaux et donc augmentant la richesse.

    Telle était la pensée qui s’imposait et qui devenait par le fait même unique. Hollande, disciple de Jacques Delors, était le type même de ceux qui avaient appris cette leçon et la répétait par cœur indéfiniment. Tout était fait, bien sûr, pour le bonheur des peuples. L’Europe s’approfondirait en même temps qu’elle s’élargirait… jusqu’à la Turquie, pourquoi pas ?

    Le rêve bushien

    Il ne fallait pas désespérer du Proche et du Moyen-Orient. Le rêve bushien d’en faire un grand espace démocratique avait, certes, échoué ; l’important était de soutenir tous les printemps arabes, toutes les rébellions qui revendiquaient la justice et l’égalité. L’islam se pacifierait en s’adaptant au goût nouveau qui lui viendrait nécessairement, de la liberté religieuse et politique. C’en serait alors fini des querelles intestines et des volontés expansionnistes, sunnites autant que chiites.

    L’Asie serait bien obligée d’entrer dans la danse. Après quelques ajustements, ce serait chose faite. Le Japon sortirait de sa stagnation. Barack Obama veillait à ce que les États-Unis fussent à la tête de ce nouvel ensemble économique asiatique auquel il convenait de donner une tournure démocratique. L’Afrique, quand elle sortirait de ces luttes tribales d’un autre âge, ne pouvait que comprendre l’intérêt pour son continent entier de cette conception universaliste. Ses richesses, sa démographie lui préparaient une position exceptionnelle.

    Henry Kissinger fut en son temps l’apôtre de ces plans grandioses qui lui valurent le prix Nobel de la paix. Jacques Attali chez nous se fait le prophète de ce monde nouveau, d’au-delà des nations, où le nomadisme sera la condition naturelle de l’homme et le progrès son unique but.

    Restent la Russie et la Chine qui, incontestablement, échappent à ces visées. C’est la grande préoccupation des penseurs et des stratèges de cette mondialisation. Tout est donc fait pour contenir la Russie, par OTAN interposée, s’il le faut, pour la déstabiliser, l’acculer, la culpabiliser aux yeux de l’opinion mondiale en espérant là aussi fomenter une révolution « orange » dans le peuple conscientisé.

    De la même façon, l’idée est d’isoler la Chine tout en l’amadouant par le commerce, en attendant que les progrès démocratiques suscitent de l’intérieur les évolutions nécessaires.

    Tel était, tel est toujours le rêve.

    Le réveil des nations

    Et puis, voilà que la réalité se fait tout autre. Les peuples se mettent à aimer leurs frontières ; ils veulent retrouver leur histoire ; plus que la démocratie mondiale, ils cherchent leur identité ; ils aspirent à l’unité intérieure ; ils souhaitent un État protecteur et qui soit le garant de leurs libertés. Ils en ont assez des prétendues élites mondialisées, des systèmes de connivence des partis officiels et des hommes de pouvoir, de la verbeuse morale de ces immoralistes qui se sont hissés sur les chaires d’autorité et qui usent de leur pouvoir pour imposer leur conception et leur intérêt.

    On feint de s’étonner des succès d’un Donald Trump qui, peut-être, malgré tous les pronostics, sera le prochain président des États-Unis. La bien-pensance universelle le rejette. Il n’empêche que le milliardaire à la gouaille quelque peu vulgaire répond à un appel de l’Amérique profonde. Il exprime publiquement ce que le petit peuple pense. N’est-ce pas un signe des temps ? Aux États-Unis aussi ?

    Et, en Europe, il en est de même. Le Brexit fut un coup de tonnerre. Theresa May a décidé de « gérer ses frontières ». L’Angleterre veut rester une nation. En Allemagne, les coup de semonce électoraux ne cessent d’avertir Angela Merkel qui décide, du coup, d’installer des contrôles. La Bavière ne veut pas disparaître ni être submergée. L’Italie proteste après le faux accord de Bratislava ; elle ne veut pas être le pigeon de la politique allemande. Pas plus que la Grèce.

    L’Europe du Nord pareillement. L’Autriche a une résistance populaire énergique qui, peut-être, balaiera un gauchisme viennois irresponsable. La Hongrie brandit son identité ; tous les pays de l’est européen font de même. Pourquoi les peuples seraient-ils condamnés à disparaître pour faire plaisir aux hurluberlus de Bruxelles et de Washington, qui eux, bien payés et à l’abri des menaces, ne connaissent pas la crise ? Il n’est pas dit que l’Amérique du sud aussi ne puisse se retrouver dans des États dignes de ce nom.

    L’Asie, l’Afrique même, en dépit des rouleaux compresseurs du capitalisme mondial, n’échappent pas à ce besoin identitaire. La Russie poursuit sa course et retrouve sa puissance avec le régime qui lui convient. La Chine saura s’adapter mais défendra toujours sa singularité. Le Proche et Moyen-Orient, bien que bouleversé et déchiré par l’islam, n’a d’espoir de paix que dans des équilibres historiques qui se nouent sur des États. D’où l’erreur coupable de ceux qui cherchent à les renverser et qui ne font qu’aggraver les drames.

    L’œil qui parcourt la planisphère, en suivant de jour en jour l’actualité, ne peut être que surpris par les changements qui l’affectent en ce moment. Certes, ils ne sont pas exempts de dangers, mais ils signifient clairement la fin d’une certaine ère. Il convient de repenser la politique et la diplomatie. La France y sera contrainte, elle aussi, au risque de disparaître si elle ne fait pas elle-même la vraie et seule réforme qui s’impose, celle de son État qui n’est plus à la hauteur des enjeux du monde. 

  • Il est contre la « colonisation idéologique » : François, Janus aux deux visages... 

     « Il y a une guerre mondiale contre le mariage et nous devons être attentifs à ne pas laisser ces idées entrer en nous. » Le Pape François aux journalistes, lors de son retour de Géorgie et d'Azerbaïdjan [02.10]

     

    Mur-bleu gds.jpgC'est l'une des scènes les plus drôles de la série des Don Camillo : à un moment, un sous-fifre de la bande à Peppone vient voir le curé, de la part du maire, pour lui enjoindre de participer à la cérémonie de caractère social et patriotique que sera le bénédiction de la Maison du Peuple : « Il faut venir en uniforme et avec vos outils »...

    En uniforme et avec ses outils, François l'est souvent ; et il faut reconnaître que, là - nous l'avons d'ailleurs soutenu - il plaît assez :

    - hier, quand - à l'occasion de l' « affaire Charlie Hebdo » - il expliquait que la liberté d'expression avait ses limites, qu'on ne devait pas tourner en dérision ce qui était sacré pour tel ou tel, et qu'il mimait le geste de donner un coup de poing à qui se moquerait de sa mère...

    - aujourd'hui, quand il affronte avec panache la théorie du genre, et s'en prend, sur ce sujet, aux manuels scolaires français, racontant sa conversation avec un père de famille effondré parce que son fils, un petit garçon de dix ans, venait de lui dire qu'il voudrait, plus tard, devenir une fille. Le Pape a carrément accusé - dimanche - les manuels scolaires français de propager un « sournois endoctrinement de la théorie du genre... alors que c'est contre les choses naturelles ».  

    « Avoir des tendances homosexuelles ou changer de sexe est une chose », mais « faire un enseignement dans les écoles sur cette ligne » en est une autre. Il s'agit là d'une volonté de « changer les mentalités », d'une « colonisation idéologique », a estimé le pape, qui avait dénoncé samedi à Tbilissi la « théorie du genre » comme l'un des aspects d'une « guerre mondiale pour détruire le mariage ». 

    Voilà donc que François surprend tout le monde, et ouvre inopinément un nouveau front, déclarant une guerre ouverte au parti dominant du politiquement correct, auquel il s'en prend frontalement. D'un point de vue médiatique, de l'image qui va être donnée de lui par les journaleux bobos, il risque gros, lui qui était l'idole de ce parti pour son action en faveur des migrants, où, il faut bien le dire, nous le jugeons « lourd », très « lourd ». Et, même : un adversaire. 

    Car cette « colonisation idéologique » à laquelle il s'en prend ainsi avec raison, n'en est-il pas victime lui-même - et nous avec - sur ce sujet des « migrants » : là, on a bien un sujet-phare, s'il en est, de la « colonisation idéologique », du matraquage médiatique  et du bourrage de crânes; or les propos de François, sur le sujet, vont à l'encontre de ceux de son prédécesseur Jean-Paul II qui évoquait, lui, « le droit des Nations » ! Jean-Paul II était, lui aussi, Pape, et de la même Eglise catholique, donc de la même doctrine. 

    Pape contre Pape ?...  

  • Traités de libre-échange : bienvenue dans le monde d'Orwell

     

    Par Jean-Michel Quatrepoint

    Le Comité Orwell a organisé le 27 septembre un colloque autour des traités de libre-échange. Jean-Michel Quatrepoint dénonce cette nouvelle forme de guerre économique que mènent les Etats-Unis contre l'Europe [Figarovox - 23.09]. L'analyse que Jean-Michel Quatrepoint fait ici - comme toujours, lucide et réaliste - intéresse les patriotes français et, dans notre cas, les royalistes.  LFAR

     

    4163199303.jpgNous sommes en guerre ! On pense, bien sûr, à Daech et au terrorisme islamiste. Mais il y a aussi une autre guerre, plus sournoise, plus vicieuse, puisqu'elle nous oppose à des amis, des alliés. Je veux parler de la guerre avec les États-Unis, de la guerre entre l'Europe et les États-Unis, de la guerre aussi entre le modèle culturel anglo-saxon, un modèle communautariste, et notre modèle républicain, laïc. Cette guerre a un champ de bataille : le marché, l'économie. Avec un objectif pour les États-Unis, ou plutôt pour les multinationales, en très grande majorité anglo-saxonnes : assurer un nouvel ordre mondial, où le rôle des États est réduit à la portion congrue, où les citoyens sont cantonnés à un rôle de consommateurs, où la politique s'efface devant les impératifs du marché et d'un libre-échange total, absolu.

    Cette bataille, elle se joue aussi sur les traités commerciaux, à travers le TAFTA, le TPP pour le Pacifique, le TISA pour les données. Sans oublier le traité entre l'Europe et le Canada qui a servi en quelque sorte de matrice aux négociations transatlantiques sur le TAFTA. Cette offensive américaine se déroule comme à la parade. Dans un premier temps, les autorités judiciaires d'outre-Atlantique ont mis en place un arsenal juridique pour imposer peu à peu l'extraterritorialité du droit américain. C'est ainsi qu'on a vu se multiplier, depuis des années, les amendes colossales contre les groupes européens. Amendes pour avoir obtenu des contrats dans divers pays du Tiers Monde avec des commissions. On pense, bien sûr à Alstom. Amendes pour avoir financé des opérations commerciales avec des pays frappés d'embargo par les États-Unis. On pense, bien sûr, à BNP Paribas. Amendes pour avoir bidouillé, comme Volkswagen, les moteurs Diesel vendus sur le marché américain, etc. À chaque fois ce sont des montants considérables. Des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars.

    Pis, ces menaces pèsent sur le système bancaire européen qui n'ose plus financer les investissements des entreprises, françaises et autres, dans des pays sensibles. Ainsi, les banques françaises sont très frileuses sur l'Iran, sur la Russie. Nos entreprises ratent des contrats. Pour le plus grand profit… des Américains. Bref, tout se passe comme si cette menace subliminale que fait peser la justice américaine et Washington sur les banques et entreprises européennes était destinée à les paralyser, à les tétaniser. Parallèlement, le capitalisme américain a déployé sur une très grande échelle une forme moderne de corruption : l'influence, le trafic d'influence. Plus besoin de verser des bakchichs, il suffit d'offrir aux dirigeants politiques, aux élites européennes de belles et rémunératrices fins de carrière, ou de faciliter l'accès de leurs progénitures aux cercles restreints du pouvoir des multinationales.

    Aujourd'hui, les masques tombent. C'est un ancien président de la Commission européenne dont on savait qu'il était très proche des Américains qui pantoufle chez Goldmann Sachs. On découvre qu'une ancienne commissaire à la concurrence avait pris systématiquement des décisions nuisibles aux intérêts industriels européens tout en étant administrateur d'un fonds off shore aux Bahamas. Cerise sur le gâteau : elle a intégré Bank of America et, au printemps dernier, le groupe américain… Uber. Un autre commissaire, négociateur et thuriféraire de l'accord TAFTA, a, lui, rejoint les conseils d'administration de CVC Partners, un fonds américain et Merit Capital. Bref, les Américains savent remercier ceux qui ont œuvré pour eux. Mais ceux qui rechignent à intégrer ce nouvel ordre mondial sont frappés. Volkswagen, mais aussi Deutsche Bank et maintenant Airbus que l'on menace de dizaines de milliards d'amende, parce que le groupe aurait bénéficié de subventions européennes. Mais comment Boeing s'est-il développé sinon avec l'argent du département de la Défense ? Comment la Silicon Valley est-elle devenue ce qu'elle est sinon avec les subsides sous diverses formes de l'État américain ? Comment les GAFAM et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) prospèrent-ils sinon en optimisant fiscalement aux États-Unis (les multinationales américaines ont exporté plus de 2 000 milliards de dollars dans les paradis fiscaux) et en ne payant pratiquement pas d'impôt en Europe ? Et lorsque une commissaire européenne ose s'élever contre les avantages exorbitants accordés par l'Irlande à Apple, c'est le président Obama et 250 patrons américains qui volent au secours de la firme et somment l'Europe d'abandonner ses poursuites.

    Trop, c'est trop! Ou les Européens se couchent et nous allons collectivement basculer dans un monde où quelques monopoles régneront sur notre vie de tous les jours, géreront nos données… un monde digne de Big Brother. Ou l'Europe se réveille, refuse ces diktats, renvoie les accords TAFTA aux calendes grecques. On ne négocie pas dans une position de vassal. Voilà pourquoi la bataille du TAFTA est symbolique. Voilà pourquoi si nous voulons défendre nos valeurs, une certaine idée de la géopolitique, il faut dire non au TAFTA, relancer l'idée de la préférence communautaire, défendre nos banques et nos grandes entreprises. À condition, bien sûr, qu'elles veuillent être défendues et qu'elles n'aient pas déjà pactisé avec l'Oncle Sam… pour un plat de lentilles.   

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économique et vice-président du Comité Orwell.

  • Ça suffit ?

     François Hollande à la tribune de l'assemblée générale de l'ONU. | AFP

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Depuis bientôt trente ans et la première intervention « occidentale » en Irak, tout semble avoir été fait pour aggraver la situation dans une région déjà largement mise à feu et à sang. Evoquant la Syrie et plus précisément l’Etat syrien, jugé responsable de tous les maux, M. Hollande vient d’affirmer avec force et gravité à la tribune de l’ONU que « ça suffit ». Les mots choisis (« tragédie », « honte », « martyre », etc.) ont pu paraître très durs et sans appel les injonctions (« imposer… assurer… permettre… sanctionner… »). Belle envolée oratoire, donc, de notre chef de l’Etat, mais de pure forme et sans conséquence aucune : n’étant pas en mesure de faire changer d’un iota la situation qu’il dénonce, M. Hollande n’a fait qu’ajouter un discours et des incantations aux « discours » et aux « incantations » dénoncés par lui-même, le même jour, à la même tribune. 

    Rien, si ce n’est l’aveuglement idéologique au sujet des « printemps arabes », ne justifiait de prendre fait et cause contre le régime de M. Assad, comme l’a pourtant fait M. Sarkozy en 2011. Dès lors que la révolte dégénérait en guerre civile sanglante, et au vu de ce qui venait de se passer en Irak, la faute politique était avérée. D’autant que la France ne disposait pas des cartes militaires qui lui auraient permis de jouer un rôle de premier plan. Cela, M. Hollande et ses ministres MM. Fabius et Ayrault, persévérant dans la politique du précédent quinquennat, ont mis du temps à le comprendre. Ces apprentis-sorciers droits-de-l’hommistes ont fait preuve d’un tel manque de réalisme  qu’ils sont à ranger parmi les responsables du chaos syrien. 

    Car les faits sont là, qu’illustre bien la carte des divers fronts dans la Syrie d’aujourd’hui. L’armée syrienne « loyaliste », avant même de pouvoir envisager de se confronter aux autres forces hostiles, qui occupent sans l’aval de Damas une partie du territoire national (Etat islamique mais aussi forces kurdes et armée turque), doit d’abord vaincre, en Syrie occidentale « utile », les diverses unités islamistes coalisées dans le « Jaïch Al Fatah », islamistes desquels les très minoritaires rebelles prétendument « modérés » de l’armée syrienne « libre » sont les alliés objectifs. Le régime syrien est bien le seul à défendre unité et indépendance nationales. 

    De plus, il faut admettre que les puissances impliquées mènent la politique qui leur convient. Pour des raisons religieuses et/ou géopolitiques qui leur sont propres, il semble évident que ni l’Iran ni la Russie ne devraient lâcher leur allié syrien. Parce qu’ils sont en campagne électorale et parce que la région a perdu pour eux de son importance énergétique, les Etats-Unis ne devraient plus s’y impliquer outre mesure et pourraient même s’en désengager progressivement.  

    Cependant, M. Hollande a quand même prononcé ce 20 septembre un discours qui ne fait que souligner les faiblesses et les inconséquences de la France. Il aurait sans doute mieux fait de se taire. Et, oui, de tels propos, ça suffit.