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Actualité Monde - Page 107

  • Muslims contre muslims... et doux prénoms de notre « douce France » ...

    Le Reina emblématique discothèque d'Istanbul, située à Ortaköy, sur la rive européenne de la ville  - Photo AFP

     

    Mur-bleu gds.jpg

    Trois remarques amusées, malgré la gravité du sujet, après l'acte de terrorisme d'Istanbul, maintenant qu'on est sûr qu'il vient de Daech, qui l'a revendiqué :

    1. Ainsi donc, pour Daech, la Turquie est l'alliée des « croisés », et c'est pour cela que, dorénavant, elle sera frappée comme nous tous, les Européens.

    Bon, libre à Daech de dire n'importe quoi, mais tout de même, ranger dans le clan des « croisés » (!) un pays, la Turquie, qui a réussi une quasi parfaite purification religieuse, culturelle et ethnique en supprimant de la carte et de la surface de la terre les chrétiens, qui peuplaient à 100% Constantinople et tout le pays lors de la conquête turque de 1453, cela reste, malgré tout, un peu fort...

    Mais, prenant les choses du bon côté, n'est-il pas, au fond, réjouissant de voir que, pour Daech, un Vincent Peillon, un Jean-Luc Mélenchon, un François Baroin et tant d’autres sont des « croisés » ? Non, soyez prudents, ne le leur dites pas : ils risqueraient de nous faire un infarctus !

    2. Imperturbable, sérieux comme un pape, et ne se rendant absolument pas compte de l'énormité de son propos, le journaliste de BFM-TV annonce, sans ciller, durant le reportage sur l'évènement :« Deux Français se trouvaient dans la Reina (la boîte de nuit où a eu lieu le carnage) : Yunus TÜRK (cela ne s'invente pas !) et son cousin Yussuf KODAT étaient sur place ; les deux Alsaciens racontent ... » ; un peu plus tard, après la prestation des deux Alsaciens (!) le même journaliste aggrave son cas, mais toujours sans se rendre compte du ridicule de ses propos : « Fatih ALTINTAS, lui, est de Montluçon » ...

    Mais soyons honnêtes, il nous a tellement fait rigoler, le journaleux, avec ses deux Alsaciens et son Auvergnat montluçonnais, qu'il faut tout lui pardonner : grâce à lui on a commencé l'année en pleurant de rire, et cela n'a pas de prix. Merci, BFM !

    3. Enfin, cerise sur le gâteau, dans le reportage de BFM, juste après Istanbul, on parle de Hollande, en visite en Irak, fortuitement, deux jours après. « Moi, président » a prophétisé « une victoire contre le terrorisme en 2017 ». Pauvres de nous ! S'il est aussi bon dans sa prévision sur le terrorisme que pour l'inversion de la courbe du chômage en France, on est mal barrés ! Mais, vraiment, très mal barrés... 

  • Joyeux Noël !

    Budapest à Noël

     

    Superbe ! 

    Marché de Noël filmé à Budapest.  

    Pour celles et ceux qui, croyant au Ciel ou n'y croyant pas, aiment les gens de cœur. Et aiment les chœurs  … 

    Ce flash-mob* à été filmé à Budapest … plus exactement devant la basilique Saint-Etienne de Pest.

    À l’initiative des Franciscains, des centaines d’instrumentistes et de chanteurs se sont réunis… pour attirer l’attention sur les chrétiens persécutés dans le monde et chanter leur foi.

    Le résultat est émouvant et les sous-titres sont en français.   

    * Flash mob [Wikipédia] 

     

    4' 30'' Et c'est magnifique !

    Cliquez pour regarder en plein écran !

  • Deuxième front majeur en Syrie : la Province d'Idlib

     

    Par Antoine de Lacoste 

    Cette note - en quelque sorte une note d'information et de réflexion - fait suite à un premier article déjà publié dans Lafautearousseau : « Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep ». On s'y rapportera avec profit.  LFAR

     

    Ce deuxième front (qui fait donc suite à celui d'Alep) est nettement moins médiatique que le précédent.

    C'est pourtant là que pourrait se jouer une prochaine bataille majeure et c'est à cause de sa prise par les islamistes que Poutine a décidé l'intervention des forces russes en Syrie en septembre 2015.

    La province d'Idlib se situe au nord-ouest du pays. Elle est limitrophe de la Turquie au nord, et est bordée par la province d'Alep à l'est et celle de Lattaquié à l'ouest, symbole emblématique du pays alaouite (du nom de la religion à laquelle appartient la famille Assad).

    Une forte minorité turkmène y habite : elle est sunnite et très influencée par l'islamisme. Elle a donc bien évidemment rejoint les rangs de la rébellion dès 2012 et bénéficie depuis d'une base arrière idéale avec le voisin turc, dont elle est si proche religieusement et ethniquement. Le reste de la population est essentiellement sunnite mais quelques villages chrétiens existent encore.

    La province est assez vite tombée aux mains des islamistes, où le Front al Nosra (devenu Fatah al Cham) joue un rôle majeur, et seule la capitale Idlib restait aux mains des loyalistes.

    Tout a changé au printemps 2015 : une offensive conjointe de plusieurs groupes islamistes a isolé la ville qui est tombée après quelques jours de combats acharnés, malgré des raids massifs de l'aviation syrienne, trop imprécise. Les effectifs engagés n'étaient pas considérables des deux côtés mais l'essentiel était ailleurs : la chute d'Idlib ouvrait la voie vers la province de Lattaquié (appelée aussi la vallée alaouite) et, un peu plus au sud, vers la base navale russe de Tartous.

    La progression lente mais régulière des factions islamistes était suivie de très près par les observateurs militaires russes qui ont, au cours de l'été, acquis la conviction que l'armée syrienne ne tiendrait plus longtemps. Or la chute de Lattaquié aurait sonné le glas du régime. De plus, les Russes ne pouvaient tolérer que leur unique base navale méditerranéenne soit menacée.

    En septembre, Poutine ordonne donc l'inéluctable intervention russe, à laquelle l'armée se préparait d'ailleurs depuis quelques temps.

    Fort logiquement, c'est donc dans la province d'Idlib qu'a porté l'essentiel de l'effort russe dans les semaines qui ont suivi. Il fallait à tout pris desserrer l'étau qui menaçait Lattaquié.

    Bien sûr, comme Daech n'était pas présent dans le secteur, la grande entreprise de désinformation pouvait commencer: les Russes s'attaquaient à la rébellion modérée (le Front al Nosra !) et ne s'intéressait pas au seul ennemi identifié par nos journalistes incultes : l'Etat islamique.

    Quelques semaines plus tard, alors que le front s'est enfin stabilisé, l'impensable se produit : un chasseur turc abat un bombardier russe qui aurait violé l'espace aérien de la Turquie. Les deux pilotes s'éjectent : l'un, blessé, est capturé et massacré par des islamistes turkmènes. On découvre à cette occasion qu'un civil commandait ce groupe de quelques centaines d'hommes : un militant nationaliste turc, membre des Loups gris, présent sur ordre des services secrets turcs. L'idée est en effet d'annexer à terme la province, une fois la chute de Bachar accomplie; la forte minorité turkmène en serait le prétexte. L'intervention russe, évidemment, risquait de mettre un terme à cet ambitieux projet qui aurait prolongé l'annexion du Sandjak d'Alexandrette en 1939, réalisée à cause de la lâcheté de la France (nous y reviendrons dans un article ultérieur).

    Quant au deuxième pilote, il est exfiltré, non sans mal, grâce à une intervention éclair des forces spéciales russes.

    La réaction de Poutine sera très énergique et Erdogan devra faire de plates excuses quelques mois plus tard, marquant ainsi l'échec de sa tentative d'intimidation. On notera aussi que quelques hélicoptères turcs seront peu après abattus par des insurgés kurdes du PKK au moyen de missiles russes récemment livrés....

    La grande nouveauté c'est que depuis quelques semaines, l'activité militaire a repris dans la province d'Idlib, notamment depuis que la chute d'Alep est inéluctable. L'aviation russe a lancé de nombreux raids comme pour préparer le front suivant. Des chars syriens commencent à faire mouvement et une nouvelle bataille, difficile, pourrait prochainement commencer.

    Comme toujours, ce sont les Russes qui sont maîtres du calendrier et qui décideront du moment de l'attaque.

    Les Saoudiens, de leur côté, observent avec inquiétude, l'éventualité de ce nouveau champ de bataille. Car rien ne va plus pour leurs alliés : Daraya, dans la banlieue de Damas, est tombée cet été et Alep va bientôt suivre. Les alentours de Homs et de Hama sont progressivement nettoyés. La chute d'Idlib dans ce contexte serait une catastrophe.

    Alors les grands moyens vont être employés et la CIA est à la manoeuvre pour aider les amis de son fidèle allié. Son patron lui-même, John Brennan, s'est déplacé à Ryad en octobre dernier pour mettre au point la livraison aux islamistes de 500 lance-missiles antichars. Les Russes sont bien sûr au courant et équipent actuellement les chars syriens d'appareils électroniques de brouillage.

    Personne ne sait si le Département d'Etat américain approuve ces initiatives de la CIA mais celle-ci a acquis une autonomie d'action et de décision particulièrement inquiétante. Aux Etats-Unis aussi les conflits de pouvoir sont complexes.

    En tout état de cause, la bataille d'Idlib semble inéluctable et son issue victorieuse libérerait presque totalement l'ouest de la Syrie.

    Après ce sera Raqqua, capitale de l'Etat islamique... 

     

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep

    [Merci de ses transmissions à Philippe Lallement]    

  • Alep : la libération, enfin !

     

    Mur-bleu gds.jpgLes ennemis de nos ennemis sont-ils, forcément, nos amis ? Non, pas forcément et, du reste, ce n'est pas sur ce terrain des petites phrases contournées et des jeux de mots faciles que nous nous laisserons entraîner. Nous nous placerons du seul point de vue des intérêts nationaux français, en cette période de terrorisme islamiste latent. Et nous nous bornerons à constater la vraie nature de ceux qui se sont soulevés contre Bachar el Assad, et qu'il écrase aujourd'hui à Alep (et c'est tant mieux) :  non, ce ne sont pas de gentils démocrates, bien comme il faut et propres sur eux ; non, ce ne sont pas des  bisounours ou des GO du Club ‘Med, n'en déplaise à ce super-grand-mou de Hollande, qui joue d'autant plus les durs et la rodomontade qu'il est pathétiquement inexistant sur la scène internationale, que personne ne l'écoute, et qu'entre ce qu'il dit et rien, il est extrêmement difficile de trouver une différence.

    Les djihadistes encerclés et exterminés dans Alep enfin libérée - et bientôt partout ailleurs en Syrie (Palmyre !) - ce sont soit des terroristes/électrons libres, même s'ils forment des groupuscules vaguement structurés, soit, essentiellement, l'ancien front Al Nosra devenu Fath-al-Cham, mais qui relève d'Al Qaïda : une sacrée référence démocratique !

    C'est la même engeance, la même folie furieuse, la même ivresse de destruction et de mort, le même vivier d'où sont sortis ceux qui sont venus nous frapper chez nous, aux terrasses des bistrots à Paris ou sur la Prom' à Nice, qui ont assassiné le couple de policiers à Magnanville ou le chef d'entreprise Hervé Cornara à Saint-Quentin-Fallavier. C'est la même volonté de tuer les mécréants, c'est-à-dire - très concrètement - nous, de Mohamed Merah à Abdellamid Abaoud et Salah Abdeslam, ce gibier de potence - ou plutôt de peloton d'exécution - que l'on garde bien douillettement au chaud, avec « salle de muscu » perso...

    Oui, il est bon qu'Assad ait résisté à ces fanatiques, à ces fous furieux, à ces fanatiques terroristes. Et qu'il les extermine jusqu'au dernier. Et qu'après Alep il reprenne Palmyre, Raqa surtout, et Deir-ez-Zor...

    Non parce que nous pensons que le régime qu'incarne Assad soit le modèle universel de la gouvernance humaine : ce sont les révolutionnaires de 89 qui ont pensé cette folie d'un système universel, qu'ils ont cherché à exporter par la force, déclenchant les guerres et les désastres que l'on sait. Mais parce que nous avons des yeux pour voir et que nous voyons ce que sont devenus la Libye et l'Irak.

    Oui, Kadhafi était tout ce que l'on voudra. Mais, le plus gros de sa folie étant passé, et lui-même ayant étant calmé par les raids aériens états-uniens sur ses « palais », il nous rendait service, en arrêtant et bloquant les migrants venus d'Afrique sub-saharienne, ou d'ailleurs. C'était un sauvage, et, lui aussi, à sa façon, un barbare, mais il nous rendait service. Alors, oui, la Libye c'était mieux « avant », c'était mieux avec Kadhafi.

    Même chose pour l'Irak : plus d'un million et demi de Chaldéens catholiques, les premiers habitants du pays, parlant l'araméen - la langue du Christ - vivaient chez eux, comme leurs ancêtres, depuis largement plus de deux mille ans. La coexistence avec l'Islam n'était certes pas rose tous les jours, mais, enfin, ils pouvaient rester chez eux. On sait ce qu'il est advenu de ce malheureux pays depuis « la folie Bush ». Ce sera du reste l'une des bonnes décisions de Chirac, parmi la petite quinzaine que l'on pourra effectivement trouver, que de ne pas nous avoir engagés dans ce bourbier ... Là aussi, Saddam Hussein était très certainement un dictateur sanglant, mais c'était malgré tout mieux sous lui, qu'après lui, à la sauce US.

    Là aussi, les Etats-Unis ont réussi ce prodige de nous le faire regretter !

    La libération d'Alep ? Mais, quelle que soit la valeur ou la non-valeur du régime d'Assad, c'est l'extermination de terroristes qui, un jour ou l'autre, soit seraient venus eux-mêmes chez nous pour tuer, soit auraient envoyé des tueurs à leur place.

    Et, sans joie ni haine, car nos racines chrétiennes ne sont pas un vain mot, nous ne pouvons que nous estimer satisfaits de ce que la Syrie, à son tour, ne soit pas « tombée », comme la Libye ou l’Irak ; et qu'elle ait réussi à mettre hors d'état de nuire tant et tant de semeurs de mort. Qu'elle aille jusqu'au bout ! 

  • Après l’attentat du Caire

    Le patriarche grec catholique melkite Grégoire III Laham

     

    Par Gérard Leclerc

     

    3392000575.jpgL’attentat qui a fait au moins 25 morts (essentiellement des femmes et des enfants) dimanche au Caire, dans une église copte attenant à la cathédrale, n’a pas seulement bouleversé les fidèles de la plus grande communauté chrétienne du Proche-Orient. Elle atteint toute l’Église indivise, ainsi que toutes les personnes de bonne volonté, qui savent quel dommage irréversible constituerait la disparition des chrétiens dans cette région du monde. Cette nouvelle épreuve n’est pas un fait isolé dans la vie des coptes d’Égypte. Depuis 2013, quarante-deux églises ont été attaquées, dont trente-sept incendiées ou endommagées. Il faut prendre en compte aussi les multiples agressions dont sont l’objet les institutions et les familles, subissant de multiples dommages privés. Bien sûr, c’est une minorité violente qui est responsable de ces offensives à répétition, que la radicalisation islamiste n’a cessé d’encourager ces dernières années.

    Notre Assemblée nationale vient de reconnaître le génocide perpétré par Daech contre les populations chrétiennes, yézidies et d’autres minorités religieuses en Syrie et en Irak. Plusieurs parlementaires ont expliqué que les atrocités commises réunissaient la plupart des critères définissant le génocide. La France est désormais en mesure de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, pour qu’il donne compétence à la Cour internationale afin de poursuivre ces crimes. Ce sont, en effet, toutes les minorités religieuses qui se trouvent en péril de disparition dans toute la région, et au-delà, car l’offensive djihadiste a une portée mondiale. Mais la menace la plus immédiate concerne les communautés chrétiennes, les plus anciennes de l’histoire, implantées bien avant la naissance de l’islam.

    Les autorités chrétiennes locales se trouvent face à une terrible responsabilité. Peuvent-elles encourager le départ massif des fidèles vers l’exil  ? Déjà, par exemple, la moitié des chrétiens d’Irak a quitté le pays. Le patriarche grec catholique melkite Grégoire III Laham ne veut pas se résigner à la fatalité. À notre collègue Charlotte d’Ornellas, il a confié sa conviction la plus intime  : «  Je me sers d’une immense partie de mon énergie pour encourager nos fidèles à rester dans cette région, non simplement parce que nous sommes chez nous, mais parce que l’Orient a besoin d’eux, l’Orient a besoin de ce témoignage chrétien. De nombreux musulmans le disent eux-mêmes  : ils ont peur de voir ce monde arabe s’attrister sans les chrétiens et leurs belles valeurs apaisantes. [1].  » C’est dire combien, dans les épreuves actuelles, ces frères chrétiens ont besoin de notre entière solidarité. 

    [1] Grégoire III Laham, Ne nous laissez pas disparaître  ! Un cri au service de la paix. Entretien mené par Charlotte d’Ornellas, Artège, 132 p., 12,90 €

    France Catholique

  • Société & Actualité • Ségolène et Fidel

     

    Par Gérard Leclerc

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgM’étant abstenu d’évoquer jusqu’ici la mort de Fidel Castro, pensant qu’il était superflu de revenir sur cette formidable désillusion, consécutive à ce que Malraux appelait l’illusion lyrique, je suis rattrapé par la polémique suscitée par les propos de Ségolène Royal. Représentant la France aux obsèques du Lider Maximo, elle a cru devoir exalter l’œuvre du militant révolutionnaire : « Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin. Ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la Terreur. » C’est un peu stupéfiant. Ségolène Royal serait-elle atteinte du syndrome Danielle Mitterrand, qui, elle aussi, ne pouvait s’empêcher de garder intacte l’icône qui enflamma toute une génération ? J’ai encore en mémoire les articles de Jean-Paul Sartre sur la fête cubaine publiés, me semble-t-il, par France Soir, le quotidien flamboyant de Pierre Lazareff.

    Il faut bien reconnaître que le mythe à la vie dure, notamment à cause de Che Guevara dont le poster a longtemps couvert les murs des chambres d’adolescents. Mon ami Régis Debray explique comment il devint compagnon de route et interlocuteur de Fidel et garde en lui-même « le vibrato d’un moment de fraternité évanoui » qu’expliquent aussi « une certaine ingénuité d’âme, un zeste de messianisme chrétien, la guerre d’Espagne encore dans les têtes et la volonté d’expier nos hontes nationales ». Mais je ne puis m’empêcher en même temps de me souvenir du témoignage d’un autre ami, cubain celui-là, et qui avait participé aux côtés de Fidel Castro à la lutte victorieuse contre le dictateur Batista. Jorge Valls, insoupçonnable d’une quelconque complicité avec l’impérialisme et le désordre établi, n’en avait pas moins payé de vingt ans de prison sa fidélité à son engagement civique et moral, inspiré d’une foi vraiment prophétique. J’entends encore son récit de l’horreur carcérale et de l’exécution de ses compagnons. Alors non, les paroles malheureuses de Ségolène à Cuba ne passent pas, ne passent décidément pas. 

    France Catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 décembre 2016.

  • Livres & Société • Le danger de l’islam selon Chesterton

     

    par Lars Klawonn

     

    Pour les imbéciles, tout changement est une chance. Et surtout, tout changement vis-à-vis de « l’ancien monde ». La diversité est donc une chance. Le métissage en est une autre, comme l’abolition des frontières, l’égalité des religions ou l’islam. Tout cela est, selon les imbéciles, une chance formidable pour nos sociétés. Ceux qui parlent des dangers et mettent en garde contre les changements permanents, ceux qui entendent défendre l’homme enraciné contre l’universalisme bébête de l’homme connecté se font traiter de suppôts de l’’extrême-droite et de fascistes.

    Dire que tout changement implique un danger, et qu’il doit être mûrement réfléchi pour s’assurer qu’il apporte plus d’avantages que d’inconvénients, c’est fatiguer trop les cerveaux momifiés des imbéciles. Au lieu de réfléchir, de penser, c’est-à-dire de distinguer les choses, ils préfèrent décréter, moraliser et s’indigner ; au lieu d’analyser les dangers et de les anticiper, les imbéciles adorent minimiser, naviguer à vue et agir en situation car, pour eux, il y a toujours une solution. Mais si un jour il sera trop tard pour réagir, que feront-ils ? Si un jour le péril est entré en la demeure, quelles seront les réponses des imbéciles ?

    G.K. Chesterton (1847- 1936) n’a pas écrit d’ouvrages sur l’islam, mais il a bien réfléchi à la question. Dans son livre Chesterton face à l’islam, Philippe Maxence, l’un des meilleurs connaisseurs de son œuvre, résume de façon à la fois détaillée et synthétique l’approche de l’écrivain anglais. S’appuyant sur de nombreuses citations, il montre en quoi consiste selon l’auteur de l’Auberge volante le danger d’une immigration musulmane incontrôlée. Chacun pourra vérifier par soi-même la vision prophétique qu’il en donne, comme de l’ère moderne et de ses maux, et constater l’actualité brûlante de ses analyses.

    Maxence nous montre bien que pour Chesterton, s’il fallait opposer quelque chose à la progression de l’islam en Europe, c’est bel et bien le christianisme et ses valeurs. Il savait qu’une civilisation sans Dieu est destinée à s’effondrer. Aujourd’hui la menace de l’islam est triple. Elle nous arrive par l’immigration, par le terrorisme et par l’économie (l’achat des entreprises occidentales). Or le vrai danger vient de l’intérieur de l’Europe, de son désengagement de soi-même, de sa soumission à la loi du marché, de son défaitisme, de sa lâcheté, de sa laïcité, de ses pleurnicheries et de ses dogmes de l’égalité et du pacifisme.

    Le visionnaire catholique a compris avant tous les autres que l’homme moderne, remplacera la pensée par les idées, le monde concret par l’abstraction, la distinction des choses par la généralisation et l’indifférenciation, la connaissance par la publicité et le mal par le traitement thérapeutique et la victimisation des criminels ; il a compris que le monde moderne veut le dépassement des nations par une nouvelle superpuissance supranationaliste et impérialiste, la destruction des peuples et leur soumission absolue au culte de l’argent et du commerce.

    Que l’on ne s’y méprenne, notre écrivain n’est pas un pessimiste, en tous cas pas plus que Lord Byron qu’il admire. Cet homme de bon sens se battait pour une société fondée sur la famille et la propriété privée qu’il défendait contre le capitalisme libéral et le communisme marxiste. Pour lui, les vieux principes issus du corpus chrétien permettent de répondre aux défis contemporains. « Le salut pour notre civilisation est dans un retour en arrière », dit-il. Mais prenez garde ! On n’a pas affaire à un passéiste, loin s’en faut. Au contraire, c’est un homme terriblement remuant, un anticonformiste, un polémiste redoutable. Faire revivre le passé ne l’intéressait nullement. En s’insurgeant contre l’homme sans racine, il a trouvé mieux, beaucoup mieux. A savoir que c’est en puisant à la source de notre civilisation, dans ce qu’elle a de vivante, d’organique et d’incarné qu’elle reçoit la force nécessaire pour bondir sur ses ennemis, l’épée à la main, comme Saint-Georges le patron des Anglais. 

    Chesterton face à l’islam de Philippe Maxence, Viva Romana 2014.

    Journaliste culturel, collaborateur au journal La Nation (Lausanne), à la revue Choisir (Genève) et à la Nouvelle Revue Universelle

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  • Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    Les feux de l'actualité sur la lutte contre l 'Etat islamique et la guerre en Syrie sont actuellement braqués sur Mossoul en Irak et Alep en Syrie qui constituent en effet deux fronts essentiels pour la suite du conflit au Proche-Orient.

    Mais si l'on veut regarder de plus près la situation en Syrie même, ce sont en réalité trois fronts principaux qui doivent retenir l'attention et que nous décrirons dans trois articles successifs.

    Tout d'abord Alep bien sûr, bataille à propos de laquelle la désinformation atteint des sommets. L'Ouest, partie dans laquelle vivent de nombreux chrétiens, est toujours resté aux mains du régime, même si les islamistes ont effectué de multiples tentatives pour s'en emparer. De furieux combats se sont ainsi déroulés en 2013 mais l'armée syrienne, aidée de milices chrétiennes, a pu repousser les assauts coordonnés par le très islamiste Front al Nosra.

    La partie Est en revanche, où les Sunnites sont largement majoritaires, est vite tombée aux mains des insurgés. Une bonne moitié d'entre eux sont membres d'al Nosra (rebaptisé depuis Fatah al Cham), le reste évoluant d'une milice à l'autre en fonction des rapports de force internes et du montant de la solde. Le tout étant à coloration largement islamiste n'en déplaisent aux Américains et aux médias occidentaux.

    Depuis, le statu quo régnait faute de moyens pour prendre l'avantage.

    Mais il y a quelques mois, les Russes ont décidé de reprendre la ville : c'est en effet la dernière grande zone urbaine tenue par les islamistes et sa chute aurait des répercussions psychologiques et stratégiques décisives.

    Aidée des Iraniens et des Libanais du Hezbollah chiite, l'armée syrienne a bouclé, non sans mal, le siège de la ville cet été. L'aide de l'aviation russe, d'une très grande efficacité, a une fois de plus joué un rôle essentiel. Les bombardements et les combats de rues sont maintenant quotidiens et les islamistes cèdent peu à peu du terrain non sans une résistance acharnée.

    Précisons au sujet des bombardements qu'ils sont réciproques : la partie Ouest reçoit son lot d'obus d'artillerie (le Front Fatah al cham en est richement doté grâce à l'aide de l'Arabie Saoudite) qui fait de nombreuses victimes : mais les comptes de nos médias sont légèrement partiels....

    De plus, les bombes russes ne sont jamais aveugles : leur précision a d'ailleurs surpris les experts militaires français et américains qui n'avaient pas perçu à quel point l'armée russe s'était modernisée. La grande difficulté de ce type de combat c'est que les combattants ennemis sont camouflés dans des immeubles où vivent des familles, voire dans des hôpitaux où sont soignés les blessés...

    Les islamistes sont en effet experts dans l'art d'utiliser la population comme bouclier puis ensuite de dénoncer les "crimes de guerre" de l'adversaire, sachant que les occidentaux relaieront tout cela sans le moindre discernement (les communistes avaient mis cela très au point lors de la guerre du Viet Nam). C'est une des raisons pour lesquelles le corridor sanitaire instauré par les Russes n'a pas été utilisé par la population auquel il était destiné : les menaces du Front Fatah al Cham étaient omniprésentes et il était physiquement impossible d'emprunter ce corridor sans passer dans la ligne de mire des tireurs islamistes.

    Le siège se poursuit donc et les contre-attaques islamistes se font de plus en plus rares. L'échéance est probablement pour bientôt mais tout dépendra de la décision de l'Arabie Saoudite.

    Il faut en effet savoir, aussi surprenant que cela puisse paraître, qu'une chaîne continue d'informations circule même au milieu des combats les plus violents.

    Les Russes, tout d'abord, parlent beaucoup avec les services secrets turcs depuis la réconciliation intervenue à la demande d'Erdogan et que Poutine, en fin stratège, a acceptée La situation dans le Nord exige de toutes façons un dialogue permanent entre Russes et Turcs tant la situation y est explosive.

    Les Turcs eux-mêmes parlent beaucoup aux Saoudiens : entre islamistes on se comprend. De plus la haine des Alaouites en général et de Bachar el Assad en particulier les rapproche encore.

    Quant aux Saoudiens, n'en déplaise là-encore aux occidentaux, ils contrôlent totalement le Front Fatah al Cham, fer de lance de l'insurrection islamiste à Alep.

    La boucle est ainsi bouclée et lorsque les Russes ont un message à faire passer, ils savent quel canal utiliser. Le tout maintenant est de savoir si les Saoudiens vont demander à leurs affidés de tenir jusqu'au bout pour gagner du temps mais au risque de voir près de 5000 combattants aguerris disparaître. Ils peuvent aussi décider d'économiser leurs troupes et de négocier une retraite en bon ordre avec armes et bagages.

    Il y a un précédent à Daraya, dans la banlieue de Damas, où 700 combattants islamistes avaient été évacués vers la province d'Idlib, au Nord-Ouest de la Syrie. Cela s'est passé en août 2016 sous le contrôle de l'armée russe.

    Cette province d'Idlib est ainsi en train de devenir, à son tour, un enjeu majeur.

    En attendant, une victoire de l'armée syrienne et de ses alliés semble se dessiner à Alep : ce n'est qu'une question de temps. 

  • Pourquoi les terroristes musulmans, contrairement aux propos d’Éric Zemmour, ne sont pas des héros !

     

    Par Marc Rousset

    Qui précise : « Cette chronique n'est en aucune façon une attaque contre mon ami Eric Zemmour, mais pour une fois, l'exception qui confirme la règle, Zemmour s'est "planté", tout en voulant faire passer une idée juste, à savoir le manque de courage et d'héroïsme des Européens. »

     

    vignette-poleco-2016-11-01-347x233.jpgQu’est-ce qu’un héros ? Un héros est un être humain d’un niveau intellectuel suffisant qui choisit consciemment, librement, courageusement, et d’une façon désintéressée, son destin, en étant prêt à faire le sacrifice de sa vie pour une cause qui le dépasse.   

    La quasi-totalité des musulmans qui rejoignent le djihad armé, Al-Qaeda ou l’Etat islamique relèvent de quatre catégories. Ce sont :

    a. des délinquants ou des criminels, souvent recrutés en prison. La plupart sont des minables avec des têtes vides qui ne connaissent rien au Coran.  L’islam leur apporte clés en main ces repères dont ils ressentent le besoin.

    b. des exaltés et des dérangés qui rêvent de guerre et d’action, qui cherchent à affirmer leur virilité à tout prix et qui sont en recherche de violence fanatique pour l’exprimer

    c. des frustrés ne parvenant pas à s’intégrer dans notre société par le travail, l’étude, la socialisation, le mariage. Ces frustrés jalousent et haïssent les Européens de souche pour ce qu’ils sont : des êtres libres avec une organisation sociale supérieure, des réalisations techniques et spirituelles supérieures, un niveau de vie plus élevé.

    d. des demeurés et des simples d’esprit, des adolescents ou des enfants, sans repère, d’une grande fragilité psychologique, sur lesquels la propagande aussi stupide que simpliste des barbus fonctionne à merveille. C’est ainsi qu’en Irak, Daech appelle ses kamikazes des « jeunes mariés » parce qu’il leur promet d’épouser 72 jeunes filles vierges, une fois leur crime accompli. Juste avant leur mission suicide, des responsables religieux leur récitent des versets du Coran et les droguent avec de la fénétyline, substance psychotrope synthétique interdite dans la plupart des pays.

    Si les terroristes risquent leur vie, il est tout aussi vrai que ce sont des lâches pour oser s’en prendre armés à des civils désarmés.       

    S’ils sont éduqués, désintéressés, non endoctrinés et libres de leurs actes, cas très peu fréquent, ce sont effectivement des héros. Ce pourrait être le cas pour quelques- uns des  Saoudiens diplômés et conscients qui ont jeté, le «  Onze Septembre » 2001, leur avion contre les tours du World Trade Center à New-York  Encore, outre le fait qu’ils s’en prenaient à des civils sans défense,  faudrait-il s’assurer, ce qui est fort possible,  que ces Saoudiens n’aient pas perçu la mort violente et combattante pour l’islam comme le privilège d’accéder rapidement en martyr à la félicité divine et d’échapper ainsi à l’interminable « supplice de la tombe » .

    Il est donc vrai que même chez les pires terroristes imbéciles, il y a un fond d’héroïsme, mais de là à faire des terroristes musulmans des héros, non, dans plus de 95% des cas ! La plupart ne sont pas des héros, mais des zéros, des fous manipulés, endoctrinés, frustrés relevant de la psychiatrie !   

    Auteur d’Adieu l’argent-roi ! Place aux héros européens ! Critique de la civilisation de l’argent et Apologie de l’héroïsme   Editions Godefroy de Bouillon- 2016- 499 p

    www.marcrousset.over-blog.com                                                                             

  • Quand le Canada se veut un « exemple » pour le monde entier...

    Justin Trudeau et Elizabeth II.

     

    Par Péroncel-Hugoz 

    En voyage en Occident Péroncel-Hugoz a énormément entendu parler de Justin Trudeau, le très « politiquement correct » chef du nouveau gouvernement canadien, ce qui donne à notre confrère l’occasion de quelques petits « coups de dents ».

     

    peroncel-hugoz 2.jpgDans le monde quelque peu encombré des superlatifs étatiques, à tort ou à raison, on compte entre autres l’Inde qui, malgré son système des castes, se veut «la plus grande démocratie du monde » ; le Sultanat omanais, « pays le plus écologique de la planète » ; le Maroc qui a repris à son compte le jugement flatteur du peintre Jacques Majorelle sur le « plus beau pays du monde », etc., etc. Et voici maintenant le Royaume du Canada, sur lequel règne aussi Elizabeth II d’Angleterre, décrété « Etat le plus politiquement correct » par un assez joli échantillon de commentateurs de la vie politique occidentale, et dont on ne sait trop si l’emporte chez eux l’ironie, le compliment ou la moquerie... 

    Parité absolue

    Donc, le jeune, souriant, sportif, bilingue et très libéral Justin Trudeau, lui-même fils d’un ancien Premier ministre canadien, gouverne depuis 2015 la vaste Fédération canadienne (30 millions d’âmes). Et depuis lors, c’est une pluie continue de décisions suivant quasi toutes l’air du temps présent, ce qui fait dire à « Justin » que le Canada est désormais « en avance » sur le reste du monde, auquel il doit servir d’ « exemple »... Rien que ça ! 

    Parmi les mesures entrées en vigueur : parité hommes/femmes absolue pour les postes ministériels ; une ministre amérindienne autorisée à prêter serment à la reine sur une plume d’aigle, à la place de la Bible habituelle ; les musulmanes devenant citoyennes canadiennes peuvent désormais être voilées quand elles jurent fidélité à leur nouvelle patrie ; dans la foulée les éléments féminins de la fameuse Gendarmerie royale du Canada ont maintenant le droit d’enfiler un hidjab sous leur képi... 

    Haro sur Hollande !

    Les « trudeauistes » du Canada et d’ailleurs, qui applaudissent à toutes ces décisions « libérales » ou « libertaires », ont en revanche fait les gros yeux au morose président français Hollande qui n’a pas participé en personne au défilé 2016 des homos à Paris (« Gay Pride ») alors que le décontracté et sympathique « Justin » ne manquait pas d’y assister au Canada, « par respect des droits et choix individuels » ... Parmi les rares échecs de ce Premier ministre « tolérant et ouvert », adoré à travers la bobocratie planétaire, le refus de la Cour constitutionnelle canadienne d’avaliser une macabre loi portant droit des citoyens à demander à être euthanasiés... 

    Avis du poète

    Je me demande jusqu’où ira M. Trudeau dans sa course après toutes les modes idéologiques, bonnes ou mauvaises. Sait-il qu’au final, les poètes ont toujours raison et que le poète français Jean Cocteau (1889-1963), toujours très lu au Canada francophone (6 millions de personnes) a dit un jour : « La mode, c’est ce qui se démode ! » ? 

    A moins que le réalisme économique (« Un sou sera toujours un sou ») du parfait libéral, que se flatte d’être le fringant Justin, l’amène bientôt à mettre un peu d’eau classique dans son vin en vogue... C’est ainsi que l’hebdomadaire officieux du patronat français, Valeurs, vient de révéler qu’Ottawa, après quelques velléités de réticences « morales » et autres minauderies diplomatiques, a finalement commencé à livrer à Riyad une « très grosse quantité » de blindés commandée par l’Etat saoudien, et cela en dépit des cris et pétitions des pacifistes et autres droits-de-l'hommistes canadiens contre la « guerre injuste » menée au Yémen par l’Arabie Saoudite... 

    Morales, modes et relations entre monstres froids que sont par définition les Etats, font rarement bon ménage longtemps !  

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 2.12.2016

     

  • Le terrorisme révolutionnaire marxiste-léniniste vu par Ségolène Royal et par le Patriarche Kyril

     

    Mur-bleu gds.jpgDéjà, le ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, était ce samedi à Santiago de Cuba le seul membre d'un gouvernement européen, avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à s'être rendue aux funérailles du dictateur communiste. Cela aurait dû, au moins, lui faire un peu honte, et l'inciter à la plus élémentaire des prudences. En l'occurrence, tout simplement, ne rien dire, attendre que « ça se passe ». Ce n'est pourtant pas très difficile, ne rien dire ! Eh, bien, non ! Il a fallu qu'elle parle :

    - Castro est « un monument de l’histoire » a-t-elle claironné ; remarquez, elle n'est ni la seule ni la première, question « hénaurmité » :  Giscard d'Estaing et son successeur Mitterrand n'avaient-ils pas dit de Mao, à sa mort, « Mao, ce phare pour l’humanité » (VGE) et « Mao n'est pas un dictateur, Mao est un humaniste » (Mitterrand) !

    - Il n'y a pas de violations des droits l'Homme à Cuba ; la preuve ? « On n'a pas de listes de prisonniers politiques » : celle-là, pour le coup, il fallait vraiment y penser !

    - Ou encore : « Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin. Ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la terreur qu'il y a eue pendant la Révolution française » ; elle a même souligné au contraire l'existence sur l'île d’« une liberté religieuse » et d' « une liberté de conscience ». Fermez le ban ! Comme dirait l'autre, il vaut mieux entendre cela que d'être sourd.

    Pendant que cette pauvre Ségolène s' « enterrait » toute seule en proférant ses insanités sur le terrorisme révolutionnaire à Cuba, ceux qui étaient à Paris - ou qui, dans toute la France, ont regardé KTO - ont pu suivre la consécration de la cathédrale de la Sainte Trinité, au bord de la Seine, à un jet de pierre de la Tour Eiffel*. Et, là, ils ont entendu toute autre chose, car la patriarche Kyrill, qui sait bien de quoi il parle, a donné une toute autre version de la révolution et de son épouvantable terreur.

    Après une liturgie d'une beauté impressionnante - littéralement enthousiasmante, au sens étymologique du terme - le patriarche s'est adressé, d'une voix forte, à l'assemblée. Il a, plusieurs fois, remercié « la France » d'avoir accueilli les réfugiés russes après la révolution bolchévique, et d'avoir permis la construction de nombreux lieux de culte ; mais c'est « la France » qu'il a remerciée, jamais « la république », car il ne sait que trop bien que « notre » révolution est la matrice de « la sienne ».

    Il a aussi, à la façon d'un Soljenitsyne, dont on retrouvait des accents dans ses propos, raconté ce que fut l'horreur de ce siècle terrible, pour la Russie, qui vit le triomphe, heureusement révolu, de la révolution bolchévique. « Deux amours ont bâti deux cités », disait saint Augustin : sans faire nommément référence à lui, Kyrill a repris exactement la même vision, expliquant d'une façon magistrale et véritablement émouvante comment un courant puissant a fermement travaillé, au cours de ce siècle, pour étouffer en Russie la voix de Dieu, pour arracher la foi du cœur des hommes, pour bâtir une autre société, sans lui et contre lui : celle, purement terrestre, de la vision marxiste-léniniste de l'homme et de l'Histoire. Et, à l'inverse, comme il a été dur de résister à cette déferlante matérialiste, mais comment, à la fin, ce furent les forces de l'Esprit qui l'emportèrent.

    Et, aujourd'hui, la Russie, encore très largement blessée par le quasi-siècle de persécution atroce qu'elle a subie, se réveille à la Foi, se couvre d'églises et de monastères, accueille quantités de prêtres et de moines.  

    « Deux amours ont bâti deux cités » : quel contraste, en ce dimanche de décembre, entre la pauvre et misérable vision (?) que nous offre une Ségolène Royal en perdition, et les fortes et puissantes paroles du patriarche Kyrill, qui, lui, ouvre la voie et dit la vérité : « ...et la vérité vous rendra libres ». 

     
  • Les affinités de M. Ayrault

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    La victoire des troupes syriennes contre les insurgés islamistes d’Alep est désormais plus que probable. La presse n’en finit pas de nous conter le martyre et l’agonie de la ville insurgée, pour mieux critiquer le régime prétendument « barbare » de M. Assad. Cette instrumentalisation de la situation déplorable de la population repose d’abord sur une sorte de déni : toute guerre, a fortiori une guerre civile, génère forcément sont lot d’horreurs et de massacres. Il est de plus évident que l’engagement purement idéologique des pays occidentaux hostiles à M. Assad a favorisé une rébellion islamiste armée et solidement équipée par les puissances sunnites du Golfe, causant ainsi le malheur des populations civiles : il faut être bien naïf en effet pour croire que les soldats loyalistes n’ont en face d’eux, depuis plus de quatre ans, qu’une population désarmée et protégée par quelques volontaires.

    Naïf et pleurnichard, c’est bien l’image que donne de lui notre ministre des Affaires étrangères, M. Ayrault. En accord avec son prédécesseur, M. Fabius, et surtout avec le chef de l’Etat, M. Hollande, il mène dans le dossier syrien une politique, ou plutôt une absence de politique, dont la France risque de payer longtemps les conséquences. Nos « humanistes », se défiant du bon sens pragmatique le plus élémentaire, oubliant ainsi qu’un pays a d’abord des intérêts avant d’avoir des amis, ont poursuivi la politique initiée par MM. Sarkozy et Juppé, à la grande satisfaction de quelques intellectuels de gauche, laquelle se réduit à des formules médiatiques (« M. Assad est le problème, il n’est pas la solution ») ou à des demandes insensées (« M. Assad doit comparaître devant le Tribunal pénal international »). Leur faute à tous est d’avoir pu penser que quelques lamentations humanitaires et autres voeux pieux dans l’air du temps pouvaient suffire : faute de stratégie et de vision d’ensemble, aucun n’a jamais indiqué ce que devrait et pourrait être la politique de la France au Proche-Orient.

    La France fut un temps « puissance mandataire » en Syrie et cela lui a valu de pouvoir continuer à « exister » pendant plusieurs décennies dans la région. Depuis quelques années, nous y avons, comme des imbéciles à la remorque des « printemps arabes », brandi l‘étendard du droit-de-l’hommisme. Aujourd’hui même, M. Ayrault annonce réunir « le 10 décembre prochain à Paris les pays européens, arabes et les Etats-Unis, qui soutiennent une solution politique en Syrie et qui refusent cette logique de guerre totale ». On peut déjà penser qu’il ne sortira pas grand chose de cette conférence anti-Assad. En revanche, devenue sous la houlette de M. Ayrault, « puissance affinitaire », la France est menacée aujourd’hui de relégation diplomatique. En effet, il aura bonne mine, M. Ayrault, lorsque, la guerre civile quasiment terminée, se réunira sans doute une conférence autrement sérieuse, avec Damas et ses alliés, Téhéran et surtout Moscou : la France y sera-t-elle seulement conviée ? Si ce n’était pas le cas, cela entérinerait sa rétrogradation diplomatique et serait à porter au passif, déjà bien lourd par ailleurs, du quinquennat de M. Hollande  

     

  • Histoire & Actualité • Mort de Fidel Castro : l'anticommunisme est un humanisme, sauf en France !


    Par Gilles-William Goldnadel 

    Le « lider Maximo » est mort ce 25 novembre. Gilles-William Goldnadel constate [Figarovox, 28.11] qu'au pays de Georges Marchais, le procès du communisme reste à instruire, comme en témoignent les éloges funèbres prononcés en hommage au boucher de La Havane. Gilles-William Goldnadel a raison. Serait-il d'accord pour que l'on instruise concomitamment les procès des tueries et crimes révolutionnaires français ? Ceux-ci sont l'origine et la matrice de ceux-là. LFAR  

     

    495725162.jpgCe n'est pas la première fois qu'ils nous font cette mauvaise farce. C'est toujours la même chose, on la croit morte. On se dit que cette fois ils ont compris. Qu'ils ne recommenceront pas. La sotte grandiloquence. Les hommages obscènes. Le déni de la réalité. Eh bien, non, ils ont recommencé.

    Ils ont pleuré Castro. Même la sœur, Juanita, n'ira pas à l'enterrement de son frère : «il a transformé l'île en une énorme prison entourée d’eau ». Mais certains, en France sont plus fraternels envers Fidel que la sœur du geôlier.

    Avant que de tenter d'expliquer l'inexplicable, un bref rappel de la réalité minimisée. Castro n'était pas seulement qu'un dictateur sud-américain. C'était un boucher et un équarisseur. Il ne s'est pas contenté de torturer et d'exécuter ses opposants, il a vendu leur sang, comme le rappelait le Wall Street Journal dans un article du 30 décembre 2005 : le 27 mai 1966, 3,5 litres de sang par personne furent médicalement ponctionnés sur 166 détenus par décision de Fidel Castro et vendus au Vietnam communiste au prix de 100 $ le litre. Après la prise de sang, 866 condamnés, en état d'anémie cérébrale, paralysés et inconscients, furent emmenés sur des brancards et assassinés.

    Miguel A. Faria dans Cuba, une révolution écrit à la page 415 de son livre : « Depuis que Fidel Castro a pris le contrôle de l'île en 1959, les estimations les plus crédibles précisent que de 30 000 à 40 000 personnes ont été exécutées par le peloton d'exécution ou dans les geôles cubaines. »

    Dès les premiers jours de la révolution, Castro ordonna des exécutions sommaires dans le but d'établir une culture de la peur qui annihila rapidement toute résistance. Les révolutionnaires d'opérette qui le soutiennent en France lui pardonnent avec indulgence ses exactions en même temps qu'ils maudissent ordinairement la peine de mort appliquée aux assassins de droit commun. Ils passent volontiers sous silence que dans les décennies suivantes, Castro s'assura de la soumission de son peuple en prolongeant l'État de terreur.

    Profitons du deuil cruel qui frappe la galaxie communiste et ses compagnons pour régler aussi son compte à celui dont l'icône christique ornait les thurnes estudiantines des seventies et encore de nos jours les T-shirts de quelques attardés. Che Guevara avant que de faire le guérillero en Bolivie, dirigeait dès 1959 la sinistre prison de la Cabana, où il avait acquis le tendre sobriquet de « carnicerito » (le petit boucher). Selon Stéphane Courtois, auteur du Livre noir du communisme, ladite prison était un lieu où la torture et les mutilations étaient quotidiennes. Selon Archiva Cuba, une association basée dans le New Jersey, et qui s'est donné comme mission de documenter les crimes de Castro, en 1959, à la Cabana, au moins 151 personnes innocentes furent assassinées.

    Parmi les 94 enfants dont on a pu établir la mort, 22 ont été exécutés par les escadrons de l'idole de l'extrême gauchisme.

    Quant à la situation actuelle, et sans même évoquer la faillite économique, Christophe Deloire, président de Reporters Sans Frontières, rappelait samedi que Cuba demeurait au 171e rang (sur 180) au classement mondial de la liberté de la presse.

    Ils ont pleuré Castro. Je ne parle pas des communistes. De Pierre Laurent, fils de Paul : « l’artisan de l'une des plus importantes révolutions initiées au XXe siècle… La démonstration de la possibilité de bâtir une société juste et souveraine pour tous les peuples ».

    Je ne parle pas de notre Président de la République actuel, tout content d'avoir imaginé effleurer l'Histoire en touchant un vieillard et dont les euphémismes dégoutants dans son hommage funeste : « manquements aux droits de l'homme… désillusions » montrent à quel point les socialistes évaporés n'ont pas totalement coupé le cordon ombilical ensanglanté.

    Je parle des compagnons de déroute, je parle des camarades de carnaval : Christiane Taubira, jamais économe d'une hyperbole : « le dernier géant du XXe siècle… ». Je parle de Clémentine Autain, invitée gentiment sur France Inter dimanche matin pour admonester ceux qui fêtent Kissinger mais cognent sur Castro et qui mériterait d'être engagée comme humoriste de la radio active de service public pour ce tweet mémorable et émouvant : « à Fidel Castro, pour la révolution cubaine, la résistance à l'impérialisme U.S, l'expérience « socialiste » d'un autre siècle. Hasta siempre !»

    Je parle enfin de Jean-Luc Mélenchon, dont Onfray disait samedi au Point qu'il avait « fumé la moquette », en tous les cas un havane hallucinogène, en écrivant ce twitt halluciné : « Fidel ! Fidel ! Mais qu'est-ce qui s'est passé avec Fidel ? Demain était une promesse. Fidèle ! Fidel ! L'épée de Bolivar marche dans le ciel. »

    Je conseille encore à tous ceux qui ne l'aurait pas regardé, de visionner l'hommage du futur candidat fraîchement adoubé par les communistes à la rapière envolée dans les cieux : Samedi matin, à l'ambassade de Cuba. Une homélie larmoyante. C'est sans doute lors d'un même petit matin blafard de 1953, que des staliniens aux yeux rougis rendirent hommage au petit père des peuples qui attend aujourd'hui son fidèle suivant.

    J'imagine déjà certains scandalisés par cette dernière ligne.

    Le scandale habite ailleurs. Il demeure dans le fait que, précisément, il n'y ait pas scandale quand ces hommages publics au boucher de La Havane sont rendus par des personnes publiques qui ont pignon sur rue.

    Et l'explication vient. D'abord l'anti-occidentalisme pathologique, dans sa version antiaméricaine. Tout fut pardonné à Fidel au nom de la lutte sacrée contre l'impérialisme yankee. Tout, y compris le massacre et la mise au pas de son peuple. Mais cette anti occidentalisme radical n'est pas seulement politique, il est aussi racial.

    Qu'on me permette de me citer dans mes Réflexions sur la question blanche (2011) : « Il faut se faire à la déraison : un sombre salaud cubain, vénézuélien, bolivien ou mexicain basané, qui sait ? mâtiné d'indien, ne sera jamais aussi honni qu'un bon vieux salaud chilien tel que Pinochet, poursuivi jusqu'au bord du tombeau, et que Sartre charriait pour « sa gueule de salaud latin » classique, à la Franco. ».

    Ensuite et surtout en raison du fait que le procès du communisme reste à instruire en France. Il s'agit d'une triste spécificité française.

    Il n'y a qu'en France que les archives du KGB n'aient pas été exploitées, après l'effondrement de l'URSS ce dont se désolait ma chère Annie Kriegel. Même dans l'Italie si communisante du compromis historique, les archives ont parlé, et l'on sait quel compagnon de route ou quel journaliste émargeait au budget soviétique. Il n'y a qu'en France où des syndicats politisés peuvent reconnaître leurs liens avec le PC sans être pour autant démonétisés. Il n'y a qu'en France où le parti communiste peut encore oser s'appeler par son nom et s'affubler d'un marteau et d'une faucille. Il n'y a qu'en France où des artistes sentencieux peuvent se produire à la fête du journal de l'organe central du parti communiste sans risquer la sentence. Il n'y a qu'en France où le parti de la gauche morale peut s'allier électoralement avec un parti communiste sans rougir ni être déconsidéré.

    Car c'est en France encore que ceux qui ont combattu extrêmement le communisme et ses épigones d'extrême-gauche ont été médiatiquement rangés dans le ghetto de l'extrême droite.

    Ce fut notamment le sort de Stéphane Courtois, qui faillit connaître la mort civile pour avoir écrit Le livre noir du communisme.

    Pour avoir eu le courage suicidaire d'estimer à 100 millions le nombre d'êtres humains assassinés pour imposer le communisme. Paul Kangor dans The Communist estime que le livre de Courtois est largement en dessous de la réalité. Courtois évaluait à 20 millions les crimes de Staline, mais Alexandre Yakovlev , adjoint de Gorbatchev, cité par Kangor, estime le carnage entre 60 et 70 millions d'humains.

    L'anticommunisme est un humanisme. 

    Post-scriptum citoyen : dimanche à 13h sur TF1, on pouvait voir les cubains réfugiés en Floride, ces anciens boat-people, fêter la mort du dictateur. Pas sur la chaîne de service public France 2 à la même heure. Seulement des cubains éplorés. Pour ceux qui, comme moi, n'arrivent pas à accepter comme un fléau naturel, la mainmise de l'idéologie sur le bien indivis des citoyens payant la redevance, je signale la naissance du « Collectif des usagers du service public audiovisuel » (contact@collectif-uspa.fr).

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.

  • Disparition • Castro : Paix au mort, mais ...

     

    Mur-bleu gds.jpgMais on ne pleurera pas la disparition du féroce dictateur révolutionnaire marxiste-léniniste

    Hydre de Lerne : dans la mythologie grecque, monstre affreux possédant plusieurs têtes (dont une immortelle) qui se régénèrent doublement lorsqu'elles sont tranchées ; l'haleine soufflée par les multiples gueules du monstre exhale un dangereux poison, même lorsqu'il dort...

    Ainsi donc le dernier représentant qualifié d' « historique » de ce monstre que fut la révolution marxiste-léniniste - héritière de la révolution française de 1789 - la dernière « lumière » (!) révolutionnaire historique vient de s'éteindre. Comme l'aurait dit Viviani, « une étoile qui ne se rallumera plus » !...

    La paléontologie est en deuil, après ce décès du dernier représentant du marxistus-leninus, espèce dont, il est vrai, le territoire ne cessait de se réduire depuis 1989, rendant sa survie improbable...

    Pour les croyants, il passe maintenant devant le tribunal de ce Dieu que les révolutionnaires ont déclaré mort, ou non existant ; pour les autres, il est retourné au néant froid, glacé, métallique, seule fin qui nous est promise : « à la fin, c'est toujours la mort qui gagne », disait Staline... Qui avait été séminariste, comme les frères Castro furent élèves des écoles catholiques.

    N'oublions pas que Castro - qui avait confié la sinistre épuration de l'île de Cuba au sinistre Che Guevara - était, comme tous les autres révolutionnaires marxistes-léninistes du monde entier, fils de la Révolution française, de Robespierre, de la Convention et de sa Terreur, matrice de tous les Goulags et Lao Gai, Securitate et Stasi, dictateurs sanguinaires comme Pol Pot, Ho Chi Minh, Mao Zedong, Ceaucescu etc...

    Et que c'est à Paris que se trouve l'épicentre du tsunami révolutionnaire, qui se propagea jusqu'aux extrémités du monde, après avoir bouleversé de fond en comble la France est l'Europe.

    Certes, l'idéologie révolutionnaire est bien affaiblie, aujourd'hui (les virus meurent, aussi...) et si d'aucuns, comme Mélenchon ou Besancenot, ou un Parti communiste résiduel, persistent à se réclamer d'elle et à la proposer - sans crainte du ridicule - à l'opinion, aucun mouvement puissant ne songe à proposer le marxisme et la Révolution, qui furent, pendant plus d'un siècle, « l'horizon indépassable de notre temps », véritable religion, qui souleva l'enthousiasme de centaines de millions d'hommes, avant de le tromper aussi brusquement qu'il l'avait fait naître...

    Exactement ce qui s'est passé sur cette pauvre île de Cuba : c'est une main de fer et une dictature féroce qui suivirent, immédiatement, les beaux discours d'un jeune guerillero barbu. Même si on les trouve indécentes, les explosions de joie des Cubains de Floride, qui ont tout perdu et tout quitté, sur leurs radeaux improbables (on les appelait les « balseros », « balsa » signifiant radeau en espagnol)) comme les boat people vietnamiens, sont là pour nous rappeler ce que fut, toujours et partout, le marxisme : l'horreur absolue, le digne héritier de la Terreur de sa matrice, la Révolution française.

    Même à quatre-vingt dix ans, le visage du tyran Castro était celui de Robespierre, ce père de famille nombreuse, le grand ancêtre...  

     

  • Éric Zemmour : Pourquoi les peuples ne veulent pas mourir

     

    Par Eric Zemmour           

    Derrière l'élection de Donald Trump, Eric Zemmour distingue le sursaut d'une Amérique blanche et populaire qui tente d'éviter le destin tragique que lui promettent la démographie et l'idéologie. Il en tire des leçons pour l'avenir politique français [Figaro, 18.11]. Clarifions notre position : ceci ne signifie pas qu'il y ait une internationale des peuples ou des nationalismes. Leurs intérêts sont divers, souvent opposés. Ils sont marqués par leurs différences. Cela signifie toutefois que la structuration du monde en peuples, nations, Etats, forgés par la géographie et par l'Histoire, est une donnée pérenne. Et que ces entités politiques ont au moins en commun leur volonté de vivre.  LFAR 

    522209694.4.jpgIls battent leur coulpe. Ils reconnaissent leurs torts. Ils promettent de s'amender. Ils sont journalistes, patrons de journaux, universitaires, intellectuels, économistes, ou patrons du numérique dans la Silicon Valley. Ils vivent dans les grandes métropoles de l'est ou de l'ouest de l'Amérique ; et ont fait campagne jusqu'au bout en faveur d'Hillary Clinton. Une campagne violente, sans mesures ni limites, sans aucun respect pour la déontologie journalistique ou la rigueur scientifique, à la hauteur de l'aversion qu'ils éprouvaient pour leur adversaire Donald Trump.

    Ils ont perdu. Ils essayent de comprendre. Pourquoi le pays ne les a pas suivis ? Pourquoi l'électorat populaire ne les a pas écoutés ? Pourquoi les Etats ouvriers, bastions du Parti démocrate depuis des lustres, comme cet emblématique Wisconsin, ont-ils plébiscité un milliardaire new-yorkais vulgaire et ne payant pas toujours ses impôts ?

    Il faut reconnaître qu'on ne sait plus comment vivent les Américains, a avoué Paul Krugman, prix Nobel d'économie. Ils vivent sans la 4G et sans Uber, et quand ils ont besoin d'un emprunt, ils ont un « crédit pourri », a complété un autre, patron dans la Silicon Valley.

    L'Amérique des élites s'interroge sans fard ni ménagements. Elle accepte le verdict des urnes et cherche à comprendre les raisons d'une rupture au sein de la nation américaine.

    C'est une différence - et elle est fondamentale - avec la France. Dans notre pays, nos élites médiatiques, intellectuelles, artistiques, économiques, financières et politiques auraient continué à insulter, vitupérer, ostraciser. Raciste, fasciste, xénophobe, homophobe, misogyne, on connaît la litanie, la fameuse « cage aux phobes » chère à Philippe Muray. On aurait convoqué les mânes des grands anciens de la Révolution. On aurait appelé à la révolte, à l'insurrection. Chez nous, le peuple est sacré quand il pense comme ses élites ; il est jeté aux chiens dans le cas inverse. Le peuple est populaire quand il pense bien, populiste quand il pense mal.

    Populiste : encore un mot qui nous vient d'Amérique. Le premier parti populiste y fut fondé à la fin du XIXe siècle. Il lutte alors contre Wall Street, contre la cupidité des financiers, des « barons voleurs », contre les inégalités croissantes. Déjà. Pas étonnant. Nous sommes alors dans ce que les historiens appelleront plus tard la première mondialisation, celle qui s'achèvera avec la guerre de 1914, et qui, autour du chemin de fer et de l'électricité, connut une première explosion du commerce mondial, favorisé par le libre-échange et les mouvements internationaux de capitaux. A l'époque, les épargnants français étaient les banquiers du monde ! Autre différence notable : la gauche française est alors fière d'être « populiste ». La gauche américaine, mais aussi européenne, se veut le porte-parole du peuple ; aujourd'hui, elle est la représentante des minorités.

    Encore une fois, la campagne américaine fut emblématique. Hillary Clinton a cherché à rassembler derrière elle la cohorte des minorités, raciales et sexuelles, soigneusement recensées par un marketing électoral rigoureux. Elle reprenait d'ailleurs les méthodes qui avaient permis à Barack Obama d'être élu deux fois à la Maison-Blanche. Mais avec Hillary, l'électorat noir s'est moins mobilisé. Mais c'est tout de même l'électorat de Trump que les médias bien-pensants traitent de raciste !

    En vérité, la victoire de Trump est la revanche du peuple sur les minorités. Bien sûr, le gros des troupes trumpistes est blanc et masculin. Bien sûr, comme lors du vote anglais sur le Brexit, ce sont les moins diplômés qui ont voté pour le candidat que vomissait l'Etablissement. Mais l'électorat de Trump est aussi composé de femmes (plutôt blanches) et même d'une minorité des Noirs et des Latinos.

    Il ne faut pas s'étonner de ces considérations ethniques dans un pays qui n'a pas nos pudeurs et nos hypocrisies. Surtout, il ne faut pas s'étonner de ces distinctions, car la campagne américaine fut d'abord une campagne identitaire. Trump s'est arraché au magma de ses rivaux pour la primaire du Parti républicain en promettant de construire un mur avec le Mexique et d'expulser les millions de clandestins latinos. Tout est parti de là. Et ce n'est pas un hasard.

    Dans un livre qui a fait moins de bruit que son célèbre Choc des civilisations, et s'intitulait sobrement Qui sommes-nous ? Samuel Huntington avait très finement analysé la désagrégation d'une Amérique qui ne parvient plus à intégrer les millions d'immigrants venus du Mexique, au même titre que les vagues précédentes: les latinos continuent à parler leur langue, ont leurs écoles, leurs télés ; ils vivent aux Etats-Unis comme là-bas, au Mexique. Les derniers arrivés ne s'agrègent pas à ce monde façonné par le protestantisme et la langue anglaise, mais à une diaspora latino, catholique et hispanique.

    En lisant Huntington, la similitude de nos situations saute aux yeux, sauf que les latinos sont catholiques tandis que nos immigrants sont plutôt musulmans. Dans son livre, l'intellectuel américain fonde le comportement inconscient de ces populations sur la revanche historique d'un Mexique jadis vaincu et dépecé par les gringos venus du Nord. Cette émergence d'un peuple dans le peuple, Huntington lui donne une fin plausible : une nouvelle guerre de sécession à l'horizon de 2050. Ces mots évoquent irrésistiblement la « partition » dont parle notre président François Hollande dans un livre de confidences à des journalistes.

    La France et les Etats-Unis vivent des situations fort comparables. Nous avons découvert qu'une Amérique blanche et populaire tentait un dernier baroud pour éviter le destin tragique qui lui est promis par la démographie et l'idéologie. C'est cela que les élites, en Amérique comme en France, appellent le « populisme » : la volonté des peuples de ne pas mourir. La volonté farouche des peuples de continuer à vivre selon leur ancestral mode de vie. En Amérique comme en France.

    Ces peuples ont les mêmes élites et la même idéologie ; la même déconstruction qui, au nom du féminisme, de l'antiracisme et du cosmopolitisme, nous a appris que l'identité française n'existait pas, comme l'identité américaine n'existe pas. Que ces identités sont « mouvantes », ne sont pas « figées », doivent s'adapter. La France comme les Etats-Unis sont sommés de devenir des pays-monde.

    Cette idéologie des élites sert, comme l'avait très bien vu Karl Marx, leurs intérêts. En délocalisant les usines en Chine, et en faisant venir une main-d'œuvre pas chère dans les grandes métropoles, pour leur servir de nounous ou de livreurs de sushis, les élites mondialisées ont réussi à accroître leurs revenus de manière démesurée. Les fameuses libertés, chères aux technocrates bruxellois comme aux financiers anglo-saxons, liberté des capitaux, des marchandises, des services et des hommes, sont au service des intérêts des élites mondialisées.

    Tout n'est pas sombre dans la mondialisation : des millions de personnes, venues du Sud, sont sorties de la pauvreté, soit dans les usines délocalisées, soit dans les métropoles de l'Occident. Ce nouveau peuple « de remplacement » est l'allié des élites occidentales. C'est lui qui vote pour Clinton, contre le Brexit, ou pour Hollande en 2012. Mais le peuple d'origine, le peuple de souche, le peuple d'antan n'a plus les moyens de vivre dans les métropoles mondialisées et ne veut pas vivre avec les nouveaux venus, trop nombreux pour renoncer à leurs anciennes mœurs. Ils sont donc chassés et s'éloignent des grands centres où se crée désormais la richesse. C'est la France périphérique, chère au géographe Christophe Guilluy. Donald Trump nous a permis de découvrir qu'il y avait aussi une Amérique « périphérique ».

    Le combat entre Trump et Clinton, à l'instar du référendum sur le Brexit, n'est donc pas comme on l'a dit un peu vite, le combat du peuple contre les élites, mais le combat d'un peuple de souche contre le peuple « de remplacement » amené dans les bagages des élites mondialisées. C'est encore plus explosif. Aux Etats-Unis, comme en Europe, comme en France.

    Dans notre pays, la situation politique est moins décantée. Nous avons l'habitude d'un certain retard à l'allumage. Alors que Margaret Thatcher et Ronald Reagan s'installaient au pouvoir à la fin des années 70, la France élisait un président socialiste, en mai 1981. Son keynésianisme étatiste sera pris à contre-pied par le libéralisme mondialisé des Anglo-Saxons.

    Cette fois encore, nous pourrions très bien être en décalage historique en élisant Alain Juppé. Il faut dire que nous avons des Trump de pacotille. Nicolas Sarkozy qui a précédé l'Américain sur la voie de la transgression du politiquement correct, a avoué ses préférences pour Hillary Clinton. Marine Le Pen cherche à apaiser là où Trump n'a jamais hésité à provoquer. Elle rêve de séduire féministes et mouvements gays que Trump n'a jamais cessé de rudoyer. Nos politiques français ne semblent pas comprendre que l'idéologie des élites est un tout, cette alliance de libéralisme économique et culturel qui déconstruit les nations au nom d'un individualisme roi et de la religion des droits de l'homme.

    On dit les Français idéologues et grands manieurs de concepts et d'idées. Et si notre réputation était usurpée ? 

    Eric Zemmour