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Actualité Monde - Page 103

  • Identité • Le Parlement égyptien s’apprête à voter une loi interdisant les prénoms occidentaux

     

    Par Anne-Sophie Désir

    Que les Egyptiens décident d'interdire chez eux les prénoms occidentaux est leur affaire et leur droit. Les Coptes verront bien ce qu'ils ont à faire pour continuer de porter des prénoms chrétiens, de tradition orientale. Cet excellent article [Boulevard Voltaire, 15.06] vise à nous donner en exemple la dite décision égyptienne. Dont on verra, d'ailleurs, si elle est confirmée. Nous sommes bien d'accord. A ceci près que nous ne considérons devoir invoquer aucune sorte de réciprocité pour prendre, de notre côté, c'est à dire en France, sans attendre, la décision qui s'impose pour protéger notre identité en la matière : l'interdiction des prénoms - au moins comme premier prénom - d'origine étrangère à notre culture et à notre civilisation.  LFAR   

     

    5db370b392d007374c203188d6f5887a.jpeg.jpgLe Parlement égyptien s’est réuni, mardi 13 juin, pour discuter d’une proposition de loi visant à interdire aux parents d’attribuer des prénoms occidentaux à leurs enfants sur l’initiative du député Bedier Abdel Aziz.

    Les contrevenants pourraient écoper d’une amende de 49 à 240 euros, voire d’une peine d’emprisonnement de six mois.

    Par prénoms occidentaux, entendez prénoms chrétiens : l’aller-retour porte la marque décomplexée d’une revendication essentiellement culturelle.

    Le député Abel Aziz ne s’en cache pas, qui invoque clairement une motivation purement identitaire : « Utiliser de tels prénoms occidentaux et abandonner les prénoms arabes conduira à un changement indésirable et radical de notre société et de notre culture. Nos enfants ne seront plus reliés à leur authentique identité. »

    Un prénom, comme une identité, est un rattachement affirmé à une culture.

    CQFD. Ce qu’il fallait dire, sauf que le dire en France reviendrait à provoquer un tollé de vierges sacrément effarouchées prêtes à vous clouer au pilori du vivre ensemble.

    Rappelons (avec ironie ?) que le prénom Mohamed est le prénom régulièrement le plus donné en Île-de-France, notamment en Seine-Saint-Denis, et que ce prénom maghrébin (et ses variantes) a été celui le plus souvent choisi par les parents anglais et gallois à leurs fils en 2011 et les années suivantes, notamment à Londres.

    Si les Égyptiens en viennent à adopter cette loi interdisant les prénoms occidentaux sur leur sol, alors à nous d’utiliser la réciprocité !

    Appeler son enfant né en France Mohamed, Malika ou Yasmina, c’est refuser ostensiblement de l’intégrer au peuple français en se fondant dans sa culture et son histoire. C’est un signe manifeste d’auto-ségrégation qui lui permettra ensuite de venir se plaindre, du fait que les prénoms d’origine étrangère seraient discriminés par les DRH. C’est l’excuse de l’échec à venir et la légitimation du droit à la victimisation sociale. 

    Et le phénomème est d’ampleur puisque, selon l’INSEE, en 2015, 7,3 millions de personnes nées en France ont au moins un parent immigré, soit 11 % de la population !

    Le prénom est la marque de l’individu nouveau. Lui donner un prénom français, de culture chrétienne, c’est marquer sa volonté d’intégration dans le pays qui est le sien. Éric Zemmour, lors des rencontres de Béziers, a proposé de réformer le Code civil pour obliger à la francisation des prénoms. 

    Il n’en fallait pas plus à Nicolas Domenach pour monter sur ses grands chevaux communautaristes et intituler sa chronique sur RTL : « Bienvenue à Yasmina, Malik, Safia, Zora, etc. » 

    Choisir un prénom français quand on a des origines étrangères, c’est choisir fièrement la France. C’est marquer son respect pour la société d’accueil, son passé, son histoire, ses héros. C’est s’assimiler. Adjani se prénomme Isabelle et non Djamila, Reggiani se prénomme Serge et pas Sergio, Aznavour Charles et Platini s’appelle Michel.

    Donner à son enfant un prénom maghrébin n’est pas un signe d’assimilation mais de rattachement à sa culture d’origine.

    À l’inverse, aimer la France en s’appelant Amine ou Youssef n’est pas une chose facile. Les parents qui choisissent de donner ces prénoms à leurs enfants ne leur insufflent pas le désir d’être français mais la fierté d’être d’origine musulmane. Une fois adulte, l’enfant, même intégré, traînera son prénom derrière lui comme un boulet de naissance. Sans compter que la période que vit actuellement la France n’est pas exempte de traces de violences djihadistes, et on aurait souhaité de la part de nos concitoyens d’origine arabe qu’ils manifestent, au moins par le prénom donné à leur enfant, un soutien à un combat que l’on espère commun.

    Le projet de loi égyptien visant à protéger l’identité égyptienne n’est pas isolé. En 2014, l’Arabie saoudite a procédé à l’interdiction d’une liste de 51 prénoms pour « non-conformité avec les traditions sociales » ou pour « raisons religieuses » ou simplement à cause de leur origine « étrangère ».

    À nous d’envoyer la réponse du berger à la bergère !    

    Juriste
  • Trump et l'axe sunnite

    Trump à Ryad, le 21 mai

                                                             

     Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngLa récente tournée de Donald Trump au Proche-Orient est riche d'enseignements.

    Le 21 mai, à Ryad, capitale de l'Arabie Saoudite, devant 37 chefs d'Etat ou de gouvernement, le Président américain a tracé sa route géopolitique au Proche-Orient.

    Comme on pouvait le craindre, il s'est aligné sans la moindre ambiguïté sur les positions les plus classiques des Bush, père et fils et de leurs inspirateurs de toujours : les faucons néo-conservateurs. Hillary Clinton n'aurait pas fait pire ; c'était bien la peine...

    Le mal est clairement désigné : l'Iran « principal financeur et organisateur du terrorisme international ».

    On croit rêver ! Tous les attentats des dernières années au Proche-Orient, aux Etats-Unis et en Europe ont été le fait de sunnites. Tous les terroristes, tous les kamikazes, tous les djihadistes sont sunnites. Toutes les mosquées salafistes du monde sont sunnites, tous les imams appelant à la guerre sainte contre l'occident sont sunnites.

    Mais rien n'y fait : le mal c'est la grande puissance chiite, l'Iran.

    Trump rejoint ainsi la grande cohorte des présidents américains et leurs mensonges d'Etat, dont Bush junior fut un grand symbole avec l'invention des armes de destruction massives de Sadam Hussein, qui n'ont bien sûr jamais existé. Mais elles ont justifié l'invasion de l'Irak qui a semé la ruine et le chaos au Proche-Orient.

    Le plus cocasse de l'affaire, c'est ce que c'est à Ryad que Trump a tenu ces propos. Ryad qui a engendré Ben Laden, finance chaque année la construction de milliers de mosquées salafistes dans le monde entier, arme les pires milices islamistes en Syrie (en concurrence avec le Qatar il est vrai).

    Que l'on ne s'y trompe pas : les propos du Président américain sont tout à fait réfléchis et annoncent la poursuite de l'immuable stratégie américaine depuis 1945 : soutien inconditionnel à la dynastie saoudienne. Le fait que le premier voyage diplomatique de Trump ait eu pour destination Ryad puis Israël n'est pas fortuit.

    Bien sûr, il y a des raisons économiques à ces propos : 300 milliards de dollars de contrats sont prévus entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. Cela vaut bien quelques compensations verbales. Mais de là à faire de l'Iran l'organisateur du terrorisme international il y avait tout de même un semblant de vraisemblance qui aurait pu être sauvegardé...

    Obama, avec l'aide de la Russie et en dépit des efforts désespérés de Laurent Fabius avait remis l'Iran dans le jeu diplomatique. Les protestations d'Israël et de l'Arabie Saoudite n'y avaient rien changé.

    On assiste aujourd'hui à un revirement ou, plus exactement, à un retour aux sources. C'est bien ce que laissait prévoir le bombardement symbolique d'un aéroport militaire syrien il y a quelques semaines.

    Dans le même temps, on observe une augmentation des effectifs des membres des forces spéciales américaines en Syrie, vers Raqqa, capitale de l'Etat islamique, pour encadrer leurs affidés kurdes, et le long de la frontière irakienne, à Al-Tanf en particulier.

    Des soldats syriens ont même été attaqués par des avions américains pour s'être un peu trop approchés d'une base de ces forces spéciales.

    Est-ce à dire que les Américains prévoient une occupation partielle de la Syrie ? Il est encore trop tôt pour en être sûr, mais une telle hypothèse réjouirait assurément l'Arabie Saoudite et Israël en coupant l'arc chiite Est-Ouest que veut mettre en place l'Iran.

    Il se pourrait donc que l'on assiste au retour de l'interventionnisme américain au Proche-Orient et, compte tenu de son bilan, ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle.

    Fort heureusement, par rapport à l'ère Bush, un grand changement s'est opéré entre-temps : la présence des Russes. Les Américains ont cette fois en face d'eux une puissance militaire qui tient le terrain et le connait mieux. Les deux états-majors se parlent d'ailleurs beaucoup en ce moment.

    Poutine n'a pas fait tous ces efforts pour laisser la place à l'Amérique dont la stratégie en Syrie est loin d'être définitivement arrêtée.

    Les Russes ont incontestablement plusieurs coups d'avance en Syrie et Trump devra en tenir compte. 

     

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    Que de monde sur le front nord syrien !

  • Terreur sur l'Europe

     

    3578948983.jpgLe 8 janvier 2015, au lendemain des tueries du 7, notamment chez Charlie Hebdo, nous écrivions ceci, qui s'applique parfaitement à ce qui vient d'arriver en Grande-Bretagne, qui, de plus, menace, aujourd'hui, toute l'Europe d'un long temps de terreur véritable :

    « Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’y a pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam.   »

    Avions-nous tort ? Il nous semble au contraire avoir vu juste. Les causes profondes des attentats étaient énoncées : accueil inconsidéré, idéologique, d'une immigration massive provenant d'une civilisation qui nous est étrangère, voire opposée, souvent hostile ; abandon de notre propre héritage ; ignorance ou, pire, mépris de notre histoire ; graves erreurs et initiatives hasardeuses, en matière de politique étrangère et interventionnisme irréfléchi ; laxisme généralisé de nos gouvernants et de nos semblants d'élites ; extrême fragilité de la société française en général. De l'enfance à la vieillesse. Le problème qui se pose à la France, à la Grande-Bretagne , ou ailleurs, on le voit, est loin d'être seulement sécuritaire.

    Sur ce dernier aspect, qui n'est pas, de loin, celui où nous sommes le plus faibles, nous envisagions qu'il pourrait « arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. ». Les spécialistes nous disent, au lendemain de l'attentat de Londres, que ce moment est arrivé. En matière de commission d'attentats, les acteurs potentiels sont devenus trop nombreux, trop disséminés, trop autonomes, les initiatives trop spontanées, pour que les forces spécialisées puissent y suffire. Les voici virtuellement débordées par le nombre. Désormais, empêcher les drames risque de devenir prouesse, miracle, chance, etc.

    Au demeurant, ces forces de sécurité font leur travail avec professionnalisme, courage et une sévérité qui tue. Peu de terroristes survivent à leurs actions. Ils y sont supprimés. Peine de mort comme rétablie, a priori, sans tribunaux ni jugement... Les trois tueurs du London Bridge y sont morts, samedi soir.

    Qui ne voit qu'une politique antiterroriste de grande ampleur, française et si possible européenne, devrait en urgence être définie ; qu'elle devrait consister en un vaste retournement non seulement en matière d'immigration - à réduire presque à zéro - mais aussi d'enseignement, de culture, de mœurs, de médias, de politique étrangère ...

    Pour éradiquer la menace terroriste, intégrer les immigrés qui peuvent l'être, exclure de notre sol ceux qui ne le peuvent, les moyens sont avant tout - du moins en profondeur - idéologiques, politiques et moraux. Irréductibles tant au dispositif sécuritaire, pour indispensable qu'il soit, qu'au prêchi-prêcha régnant. Il faudrait que Français et Européens cessent de ne pas s'aimer en tant que tels et, comme en d'autres temps face à l'Islam, décident, non pas d'aimer la terre entière, mais de défendre et sauver intégralement leur civilisation attaquée. S'il y avait une Europe, comme il y en eut une, mais là encore en d'autres temps, s'il y avait des dirigeants européens, ils se hâteraient de proclamer cette urgence.  

  • Que cherchent les Américains en Syrie ?

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    antoine_de_lacoste.pngLa situation militaire en Syrie s'améliore de semaine en semaine.

    Autour de Damas, l'étau se desserre lentement mais sûrement. Plusieurs banlieues de l'est ont été libérées et les combattants islamistes évacués avec leurs armes légères et leurs familles.

    Beaucoup se sont demandés pourquoi le régime syrien laissait ainsi partir sains et saufs des adversaires résolus, prêts à combattre à nouveau dès que possible. La réponse est simple : tout d'abord c'est une volonté des Russes, désireux d'accélérer le processus de libération du territoire syrien et de ne pas s'embourber dans un conflit sans fin, ce que l'Amérique leur avait prédit.

    Ensuite, réduire des poches de résistances urbaines tenues par mille ou deux mille combattants aguerris peuvent être très coûteuses en hommes et l'armée syrienne n'en a guère les moyens.

    Enfin, il faut voir où ces combattants sont envoyés : dans la province d'Idlib, dernier territoire important tenu par la rébellion, au nord-ouest du pays. Or, dans cette province, des milliers de combattants islamistes sont éparpillés, avec des intérêts antagonistes, et donc des règlements de compte réguliers qui font le bonheur de tous...

    Il faut d'ailleurs souligner à ce propos que si l'évacuation de plusieurs banlieues de Damas a été possible, c'est aussi parce que plusieurs factions rebelles se sont joyeusement exterminées grâce notamment aux attaques répétées de Fatah el Cham (l'ex front al Nosra) contre ses concurrents légèrement moins islamistes qu'eux. L'armée syrienne a pu observer cela avec délectation.

    syrie.pngPar ailleurs, des succès ont également été enregistrés au nord de Damas, entre Homs et Hama où plusieurs positions islamistes ont été pilonnées avec succès et, là-aussi, des centaines de combattants islamistes ont dû se replier vers Idlib. Cela n'a pas été sans mal car Fatah el Cham cherche précisément à éviter de subir cette stratégie d'enfermement dans la province d'Idlib et a lancé de nombreuses contre-attaques avec des bulldozers blindés bourrés d'explosifs conduits par des kamikazes.

    Une fois de plus l'apport de l'aviation russe a été décisif.

    Mais le front actuel le plus important concerne bien sûr les avancées vers Raqqua, capitale de l'Etat islamique, située dans le centre du pays.

    La grande originalité de ce front, c'est que les forces spéciales américaines y sont très présentes et soutiennent activement les kurdes, officiellement chargés de libérer Raqqa.

    Raqqa n'est pas du tout située dans une zone de peuplement kurde mais qu'importe : il faut bien utiliser la chair à canon disponible, cela évitera le retour de cercueils de boys en Amérique et donc des ennuis avec l'opinion publique.

    syrie 2.pngLe problème c'est après : Raqqa tombera, c'est sûr, simple question de temps. Mais que feront les Américains après ? Vont-ils repartir pour finir de s'occuper de l'Etat islamique en Iraq et laisser les mains libres aux Russes en Syrie ? Ce serait logique mais la CIA, cet Etat dans l'Etat, ne l'entendra pas de cette oreille. De plus, avec Trump qui dit et fait n'importe quoi depuis qu'il est élu, tout est possible et surtout le pire.

    Il va donc falloir observer avec soin les évènements des prochaines semaines car les incertitudes sont immenses.

    Une seule chose est maintenant certaine mais elle est de taille : les islamistes ne prendront pas le pouvoir en Syrie. Les chrétiens syriens pourront donc progressivement reconstruire leurs maisons et leurs églises en remerciant les Russes et les Iraniens de les avoir sauvés d'un génocide programmé.

    Parallèlement ils se demanderont longtemps comment leur vieille amie, la France, a pu soutenir avec autant de zèle des bandes islamistes armées et financées par le Qatar et l'Arabie Saoudite.

    C'est une honte collective qu'il faudra réparer. 

  • Gabriel Robin a raison : Trump a mis un coup d’arrêt à la folie immigrationniste du G7

     

    Par Gabriel Robin

    Face à l'aveuglement de la plupart des dirigeants européens, Donald Trump a effectivement mis, en termes excellents, un puissant coup d'arrêt à l'immigrationnisme régnant. Gabriel Robin souligne ici [Boulevard Voltaire, 28.05] l'importance de cette position américaine qui ne devrait pas être sans conséquences. LFAR 

     

    4245352351.jpgDonald Trump divise. Le nouveau président états-unien est la cible préférée des médias qui ne manquent pas de relever son attitude grossière. Il sera, d’ailleurs, difficile de leur donner tort à chaque fois, tant l’homme peut se montrer aussi irrespectueux que peu intéressé par les détails. Toutefois, il faut porter au crédit de Donald Trump sa volonté de tenir face à la pression sur un certain nombre de sujets essentiels pour notre avenir, à commencer par la crise migratoire à laquelle l’ensemble du monde occidental est désormais confronté.

    Ainsi, lors du dernier sommet du G7 de Taormine (Italie), le « POTUS » a tenu à rajouter deux éléments au texte de six pages intitulé « Vision du G7 sur la mobilité humaine », élaboré par le Conseil italien, en collaboration avec différents services gouvernementaux d’autres pays membres, pour tenter de donner un cadre collectif à la gestion des crises migratoires :

    « En même temps, tout en garantissant le respect des droits de l’homme des migrants et des réfugiés, nous réaffirmons les droits souverains des États à contrôler leurs propres frontières et à fixer des limites claires sur les niveaux de migration nette, en tant qu’éléments clés de leur sécurité nationale et de leur bien-être économique. Cela peut consister en un renforcement des contrôles douaniers, en le développement de processus de retour au pays et une amélioration des dispositifs de coopération avec les pays d’origine. »

    Des ajouts qui ont passablement agacé Paolo Gentiloni, chef du Conseil italien, artisan principal d’un texte qu’il espérait à même de valoriser « l’aspect positif de la mobilité humaine et de l’intégration des migrants ». 

    Malheureusement pour lui, et heureusement pour nous, Donald Trump avait fait de ce sujet l’une de ses priorités, se déclarant prêt à ce que le G7 ne communique pas du tout si la vision américaine n’était pas prise en considération. Il était temps de mettre un coup d’arrêt au chantage délirant des ONG, qui entendent dicter aux États, toujours garants de l’ordre international (jusqu’à preuve du contraire), leurs politiques migratoires.

    La position américaine au G7 trouvera certainement un appui auprès des pays d’Europe centrale, en première ligne contre le choc démographique en cours. Beata Szydło, Premier ministre polonais conservateur, s’est par exemple récemment opposée à Dimítris Avramópoulos, commissaire européen aux Migrations qui voudrait forcer la Pologne, l’Autriche et la Hongrie à accueillir des demandeurs d’asile « selon les quotas imposés ». Dans une intervention vibrante à la Diète, Madame Szydło a interrogé les consciences de ses partenaires européens : « La Pologne ne cédera à aucun chantage de la part de l’Union européenne. Nous n’allons pas participer à la folie des élites bruxelloises. Moi, j’ai le courage de demander aux élites politiques : Où allez-vous ? Où vas-tu, Europe ? Relève-toi. Sors de ta léthargie ! Sinon, tu pleureras tous les jours tes enfants. »

    Le monde ne peut plus laisser faire. En 2015, un être humain sur 112 était « réfugié » ou « demandeur d’asile ». Dans un contexte économique marqué par l’augmentation de la dette souveraine de pays industrialisés, dans l’incapacité de retrouver un niveau de croissance convenable, nous sommes présentement beaucoup trop fragiles pour recevoir des « migrants » qu’il sera impossible d’intégrer, et encore moins d’assimiler. Il faut donc remercier Donald Trump, lequel a réagi de la meilleure des manières dans ce dossier brûlant. 

     
    Juriste
  • Du bon usage de M. Trump

    Taormine : Sous l'Etna, un G7 autour du volcan Trump 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    M. Trump peut sembler tout à fait imprévisible et sa politique quelque peu erratique. 

    Et pourtant son récent voyage au Proche-Orient aura eu pour objet de rappeler et conforter, après la mise entre parenthèses par M. Obama, les deux alliances essentielles des Etats-Unis d’Amérique dans la région : avec l’Arabie séoudite et avec Israël, deux pays dont Washington se pose en garant et protecteur, celui-ci pour les raisons morales, culturelles et religieuses qui ont présidé à sa création (mai 1948), celui-là pour des raisons économiques et financières qui remontent au pacte du Quincy (février 1945). D’ailleurs, le voyage de Ryad aura été un succès commercial (contrats de quelque quatre cents milliards de dollars) et diplomatique (sommet islamo-étatsunien réunissant une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement).

     

    Il y a une certaine cohérence dans cette approche, Israël et l’Arabie séoudite étant en quelque sorte des alliés objectifs que rapproche leur commune hostilité à l’Iran. Ce dernier, ardemment chiite et violemment anti-israélien, les déteste et en est détesté. On comprend moins que M. Trump puisse ressusciter un « axe du mal » incluant Iran et Etat islamique, pourtant ennemis inconciliables. C’est en effet du Golfe qu’est diffusée et financée l’idéologie mortifère, née de la rencontre entre wahhabisme et salafisme, que véhicule l’Islam sunnite. L’Iran chiite a pu participer dans le passé à des actions à caractère terroriste mais il est aujourd'hui tout entier investi dans une politique régionale laissant la pratique de la terreur internationale aux sunnites d’« Al Qaïda » et/ou de « Daesh ».

     

    On sait que la diplomatie française est devenue inaudible dans la région pendant le quinquennat de M. Hollande du fait d’un engagement exclusivement idéologique. Les manoeuvres de M. Trump lui offrent peut-être une opportunité, celle de ré-exister. En stigmatisant l’Iran (et ses alliés), en prenant parti dans le conflit religieux inter-islamique, en semblant négliger les deux acteurs essentiels que sont la Turquie et la Russie, M. Trump laisse à un pays comme la France une marge certaine de manoeuvre.

     

    On verra bien si MM. Macron et Le Drian sauront en profiter. Suggérons quelques pistes : ne pas pratiquer la politique du pire en favorisant l’explosion de la région par Kurdes interposés, distinguer explicitement Etat islamique (organisation terroriste idéologique à détruire) et Iran (avatar de l’ancienne Perse avec qui il faut collaborer dans toute la mesure du possible), se rapprocher de la Russie qui ne constitue aucune menace pour nous, etc. Il ne s’agit pas de rompre avec nos alliés américains, ni d’avoir de mauvaises relations avec les monarchies du Golfe. Il convient d’affirmer, par une diplomatie active, la singularité de la France - ce qui est une des conditions de notre existence nationale. 

  • Le chaos algérien, l'explosion qu'il prépare ...

    Salafistes dans l'Algérie d'aujourd'hui

     

    Par Richard PORTIER

    Commentaire - remarquablement intéressant - posté sur Lafautearousseau le 24.05. On se reportera, le cas échéant, à notre article du même jour :  Un ancien ministre algérien prédit l’effondrement de l’Algérie en 2019 : de grands risques pour la France. Indéniablement, de tels commentaires prolongent et enrichissent notre réflexion dans Lafautearousseau . De réflexion sérieuse, argumentée, réfléchie, c'est ce dont nous avons besoin dans la situation qui est celle de la France.  LFAR

     

    Le futur chaos algérien (en fait en cours, le futur c'est plutôt l'explosion qu'il prépare...)  nous était déjà connu, particulièrement de ceux qui, comme moi, continuent d'avoir l'Algérie dans un coin de leur cœur et d'en suivre l’évolution, lamentable et tragique à la fois.

    MM. Benouari et Alami mettent l'accent sur la dimension économique du problème Et M. Alami passe trop brièvement sur l'aspect démographique, qui est essentiel, pour l’Europe, mais surtout pour la France. Parce que, guerre civile ou catastrophe économique « seulement », c'est l'émigration qui sera la voie choisie par des millions d'Algériens pour fuir ce qui inéluctablement les attend. Leur pays d’élection, bien qu'il soit raciste et islamophobe, ce sera la France, qui vient de porter à sa tête un partisan de l'immigration, particulièrement algérienne dont il a obtenu le soutien électoral massif grâce à une ignoble attitude.

    L'immigrationnisme européen a été expliqué récemment par Emma Bonino, ex-vice-présidente du Sénat italien et ex-ministre des Affaires Etrangères, actuellement administratrice de l'International Crisis Group dont le but officiel est d'agir pour la Paix dans le Monde. Contre toute évidence, Madame Bonino pense que ce sera œuvrer pour la paix que d'importer en Europe des dizaines de millions de Musulmans. Elle a en effet récemment écrit ce qui suit sur le site « La Règle du Jeu » de Bernard Henri Levy : « Selon les estimations du Conseil de l'Union Européenne, d’ici à 2050, en l'absence d’immigration, la population active de l'Union va diminuer de 68 millions de travailleurs environ. Cela signifie que, pour combler ce déficit, nous aurons besoin de 1OO millions d'immigrés (à cause des non-actifs ). Le défi qui se pose à nous tous est de trouver le courage d'expliquer aux citoyens européens, non seulement que l'immigration est une réalité, un phénomène destiné à rester avec nous, mais aussi de transférer au niveau communautaire la compétence en matière de gestion des flux migratoires ».   Le dernier point visant à éviter toute possibilité aux Etats-Membres de refuser cette politique, comme le fait la Hongrie actuellement .

    Ajoutez à cette politique le dramatique différentiel de fécondité des populations européennes de souche et immigrées, surtout musulmanes, du Maghreb ou d'Afrique sub-saharienne, et votre conclusion logique, imparable, est que le Grand Remplacement est en marche et que seule la date ou les Européens seront minoritaires chez eux et y deviendront des Dhimmis n'est pas fixée.

    Le risque de guerre civile sur notre sol tenant d'une part à la résistance qu'une partie d'entre nous opposera peut-être à cette évolution et d'autre aux ferments de discorde interne, d’intolérance, de corruption et de violence que l'Islam porte en lui et que l'observateur lucide et objectif peut voir presque partout où il y a des musulmans dans le monde, qu’ils soient majoritaires ou non.

    Monsieur Bachoud a une vision irréaliste des possibilités que nous aurions de nous opposer à la dérive algérienne parce que après la trêve post-guerre civile algérienne et pendant cette trêve, l'Algérie s'est réislamisée et Bouteflika et consorts en ont pris acte avec un « deal : « à nous le pouvoir apparent pour un temps et à vous le pouvoir réel, dont vous disposerez après nous ». C'est ce que Boualem Sansal nous a largement expliqué.

    Cet Islam qui aura bientôt le pouvoir est conquérant et sait qu'une partie de ses troupes est déjà en Europe et que le pouvoir en Europe lui sera acquis un jour

    « Par le ventre de ses femmes » comme Houari Boumediene l'avait prédit à la tribune de l'ONU dans les années soixante, confirmé par Kadhafi ensuite.

    Houellebecq ayant parfaitement décrit la très forte résistance que nos élites ont prévu d'opposer à ces alléchantes perspectives. 

  • Un ancien ministre algérien prédit l’effondrement de l’Algérie en 2019 : de grands risques pour la France

    Ali Benouari, ancien ministre au Trésor (fondateur du parti Nida El Watan).

     

    Par Ziad Alami 

    C'est une analyse importante de la situation algérienne que nous mettons ici en ligne. Nous y adjoindrons un commentaire limité au nécessaire. Cet article publié hier 23.05 sur le journal marocain en ligne Le360 se nourrit des analyses d'un ancien ministre algérien en charge du Trésor qui redoute le pire pour son pays sous deux ans. L'ensemble est donc vu du Maghreb, notamment du Maroc qui a toute raison de s'inquiéter d'un éventuel chaos chez son grand voisin. Mais une telle situation ferait courir aussi de grands risques à la France. Lafautearousseau les a signalés de longue date et à plusieurs reprises. Autour de 1956, le chef du gouvernent de l'époque, le socialiste Guy Mollet, affirmait que l'Algérie était indissolublement liée à la France. Cette dernière y était alors souveraine, ce qui n'est plus. La situation s'est inversée mais, en un sens qui nous est devenu défavorable. La France, volens nolens, reste liée à l'Algérie, non seulement par le voisinage méditerranéen, mais aussi par la présence sur son sol de millions de résidents d'origine algérienne.  Et, parmi eux, un certain nombre constitutifs de lourdes menaces. Un chaos algérien signifierait une nouvelle vague migratoire massive,  sans compter les risques de transposition du chaos algérien en territoire français.  Pour la France l'enjeu est d'une importance majeure et ce serait à Emmanuel Macron, s'il en est capable, de faire face à la situation.  LFAR

    Une nouvelle sinistre prédiction de l’effondrement du régime algérien à l’horizon 2019, établie cette fois par l’ancien ministre au Trésor, Ali Benouari. Il explique comment le président Bouteflika a réuni tous les ingrédients d’un chaos total en Algérie.

    « Attention à ce qui se passe en Algérie ! Ce grand pays, le plus grand d’Afrique et du monde arabe, est menacé d’effondrement, dans l’indifférence générale ». L’alerte n’émane pas cette fois d’une quelconque « partie ennemie », elle n’est donc pas l’oeuvre d’un « complot extérieur », comme le régime de Bouteflika a tendance à le claironner à chaque mise en garde internationale contre le scénario de chute de ce régime rentier, grabataire et en rupture de ban. Non, l’avertissement provient de l’intérieur de l’Algérie, précisément de l’ancien ministre algérien au Trésor, Ali Benouari. Dans une tribune libre publiée sur le site algérien CNP News (Clair, Net et Précis), il détaille les uns après les autres les syndromes d’une faillite inévitable. « Cela ne se voit pas encore, mais tel un meuble mité, il (le pays) est rongé de l’intérieur », diagnostique-t-il, mettant le doigt à la plaie. L’Algérie est « mitée par une gestion désastreuse qui n’a jamais fait l’objet de la moindre autocritique, en cinq décennies de gestion populiste, nourries par la rente pétrolière », assène-t-il.

    A défaut de travail d’auto remise en question, il va donc incomber à d’autres de le faire à la place du régime. Ali Benouari, ancien argentier sous le gouvernement Ahmed Ghozali (91-92), en fait partie. Dans sa tribune libre, il va droit au but et pointe l’index vers  le régime et précisément « l’artisan en chef du Système politique algérien à l’Indépendance », en l’occurence Abdelaziz Bouteflika, qui « a fini par l’incarner totalement à partir de 1991 ». « Son triomphe total aura été paradoxalement l’accélérateur de la débâcle d’un système qui a réussi à diviser les Algériens, détruit le rêve d’une union des peuples nord-africains et compromis la stabilité et l’avenir de la région », pointe Ali Benouari. Elevant la servilité au rang de critère absolu pour accéder aux hautes fonctions, au détriment de la méritocratie, « l’actuel pouvoir a poussé à l’exil des centaines de milliers de cadres et perdu une occasion unique de rattraper les retards accumulés dans tous les domaines », relève M. Benouari, lui-même amené à chercher une autre nationalité, en l’occurence la nationalité suisse, à défaut d’opportunités dans le cadre d’un régime incroyablement méprisant envers les compétences nationales algériennes. « Le refus obstiné (du régime) de voir l’Algérie telle qu’elle est, dans un monde qui a profondément évolué, l’a conduit à refuser d’introduire la moindre réforme à un système de gouvernance aussi inefficace que dangereux », relève-t-il encore. Avant de larguer cette bombe à fragmentation : « Il est quasiment certain qu’en 2019, au terme de son quatrième mandat, le pays sera passé à côté de quelque chose de géant : une manne de près de 1000 milliards de dollars engrangés en 20 ans, fruits de ressources non renouvelables. Qui aurait suffi à financer les besoins en développement de tout le continent africain » !

    Vous avez bien lu : une manne de 1000 milliards qui aurait suffi à financer les besoins en développement de tout le continent africain !

    Circulez, rentrez, il n’y rien à voir. Cette manne « céleste » aura plutôt servi à " créer les conditions d’un chaos indescriptible, au lieu de servir à remettre (rien que) le pays sur les rails grâce à des réformes hardies que personne n’aurait pu contester » !, indique l’ancien Trésorier de l’Algérie, la mort dans l’âme. Pire encore, « les énormes besoins sociaux, dopés par la rente pétrolière et une démographie galopante (un accroissement de plus de 20 millions d’habitants au cours de la période 1999-2019) ne pourront plus être couverts par suite de la dissipation de la rente pétrolière », observe-t-il. Et d’enfoncer encore ce clou : « Le pays ne produit presque rien. Il survit grâce aux importations » ! Rien donc hors des hydrocarbures (98% des exportations), alors que le reste, soit les 2% restants, sont aussi un don de la Nature, en l’occurrence les minerais dont regorge l’Algérie !

    Ce qui risque de se passer à l’horizon de 2019

    L’ancien Trésorier de l’Algérie étaie ses prévisions par des arguments chiffrés. « Le déficit de la balance des paiements atteindra des sommets en 2019, de même que le chômage et l’inflation. Son ampleur exposera le pays à une crise de la dette analogue sinon plus grave que celle qui a résulté de la crise pétrolière de 1986-1987. Il tourne à 30 à 35 Milliards de dollars par an depuis trois ans », chiffre-t-il. « Le déficit budgétaire dépasse déjà 15% du PIB et restera au moins aussi important qu’aujourd’hui. Il ne peut plus être couvert par les recettes fiscales accumulées au titre du Fonds de régulation de recettes, qui sont déjà épuisées », prévient-il. Une prévision qui, qu’à Dieu ne plaise, entraînera des conséquences désastreuses. « Ce déficit empêchera, s’il n’était résorbé d’une manière ou d’une autre, de payer les fonctionnaires, d’assurer les services publics et maintenir les subventions aux catégories sociales les plus vulnérables ». «En 2019, ces déficits ramèneront les avoirs extérieurs du pays à zéro. Ce scénario n’a rien d’exagéré, le pays l’ayant déjà vécu ».

    Il en ressort qu’à l’issue du quatrième mandat du président Bouteflika, l’Etat algérien, ou ce qu’il en reste, n’aura même pas de quoi payer les salaires de ses fonctionnaires, à plus forte raison « acheter la paix sociale » via la subvention tout azimut des besoins de la majorité des citoyens habitués à la rente.

    Une éventualité qui risque de sonner le glas définitivement du régime algérien, qui ne doit sa « survie » qu’à l’ « achat de cette paix sociale ». Le spectre du début des années 90 et donc de la guerre civile, avec son long cortège funèbre (250. 000 morts), risque ainsi de se reproduire. « A mon arrivée au gouvernement en 1992, les caisses étaient vides et la banque centrale ne pouvait plus dénouer les opérations de swaps sur or (c’est-à-dire racheter l’or vendu au comptant) effectuées l’année précédente. Il manquait, pour ce faire, 1,5 milliards de dollars. Autant dire que les réserves de change étaient négatives ! », rappelle Ali Benouari. « Cette situation nous avait conduits à mobiliser tout l’appareil de l’Etat dans une gigantesque opération de mendicité internationale dont les seuls résultats étaient de nous maintenir dans le même état de précarité financière mais avec des abandons progressifs de souveraineté et un enlisement progressif du pays dans la guerre civile ».

    Voilà, le mot est lâché : la « guerre civile » risque de se reproduire au bout du quatrième mandat de Bouteflika. Autant que le spectre d’un « rééchelonnement en bonne et due forme qui fût décidé en 1994, permettant de reporter sur 15 ans les échéances de la dette qui absorbaient la quasi-totalité de nos recettes extérieures ». « Le risque est donc sérieux de se retrouver de nouveau dans la situation de ne pas pouvoir couvrir les besoins du pays en nourriture, biens d’équipements et matières premières pour maintenir l’économie en état de fonctionnement minimal », prévient encore Ali Benouari. Une prévision confirmée par les rapports internationaux mais que le régime de Bouteflika, qui fait de la fuite en avant une " politique d'Etat " !, ne veut pas regarder en face. 

    Ziad Alami

  • L’axe du mal déplacé

     

    par Gérard Leclerc

     

    rubon9-071ca.jpgLe discours que Donald Trump devait prononcer à Ryad, dimanche, était attendu avec perplexité par beaucoup.

    Devant les dirigeants de l’Arabie saoudite, auxquels s’étaient joints cinquante responsables du monde arabe, le président américain ne pouvait décemment réitérer les attaques violentes qu’il avait lancées durant sa campagne électorale contre l’islam et contre les musulmans. Allait-il même se démarquer de son attitude de Président, voulant stopper toute arrivée sur le territoire américain de ressortissants de pays considérés comme dangereux ? De fait, le discours prononcé hier marque un changement radical d’attitude. Plus question de stigmatiser l’islam et ceux qui s’en réclament. Trump a même rappelé que 95 % des victimes du terrorisme mondial étaient musulmanes. Du coup, la guerre engagée, notamment par le biais du terrorisme, n’était plus de nature religieuse. Elle était définie comme « une bataille entre le Bien et le Mal ».

    « Il s’agit d’une bataille entre des criminels barbares qui cherchent à éradiquer la vie humaine et des gens bien de toutes les confessions qui cherchent à la protéger. » Le président américain a donc opéré un de ces retournements qu’expliquent les responsabilités suprêmes, mais aussi sans doute les intérêts immédiats, de nature économique, qu’il a à défendre. Est-ce à dire qu’il s’aligne sur la prudence de son prédécesseur, Barack Obama, qui, lors d’un discours célèbre au Caire, avait tenté de renouer les liens avec le monde musulman, singulièrement endommagés par la guerre terrible menée en Irak à l’initiative de George Bush ? Peut-être, mais on constate aussi que cette guerre à mener contre le mal a une cible directe. C’est l’Iran, jugée responsable du terrorisme. Ce faisant, Donald Trump s’aligne complètement sur l’Arabie saoudite, ce qui ne sera pas sans conséquence pour l’équilibre de toute la région, la situation en Syrie et au-delà les rapports avec la Russie de Vladimir Poutine. Nous sommes donc toujours en pleine tension internationale, avec tous les dangers que cela suppose. L’axe du mal s’est simplement déplacé et la guerre n’est pas prête de s’arrêter. 

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 mai 2017

  • Le peshmerga entarté

     

    par Louis-Joseph Delanglade

    Publié le 15.05.2017 - Réactualisé le 16.05.2017 

    Qu’il est difficile d’être un philosophe militant ! M. Lévy ne le sait que trop, lui qui vient de se faire « entarter ». Cet affront, surtout répété (une dizaine de fois depuis 1985), couvre M. Lévy de chantilly et de ridicule. Aucun panache donc dans cette mésaventure : ni inquisiteur pour vouer aux flammes ni dictateur pour « engeôler » ce docteur de la bien-pensance; non, tout juste un peu de crème pâtissière sur la veste et le visage. Personne ne le plaindra : après tout, il vit confortablement de ses idées, de ses convictions, de ses certitudes ; cela vaut bien d’être payé d’une petite tarte de temps à autre.

    Sa dernière mésaventure, ce 10 mai à Belgrade, ne se ramène pourtant pas à une simple « potacherie ». Imputé à un groupuscule communiste, l’entartage avait pour but de le punir pour son engagement bosno-islamique virulent durant la guerre civile de Yougoslavie. On n’a oublié à Belgrade ni les victimes des bombardements de l’Otan ni l’amputation du Kosovo, en passe de devenir une enclave islamiste au coeur de l’Europe. A ceux qui l’assaillaient aux cris de « Assassin  ! Va-t'en de Belgrade  ! », M. Lévy, se croyant peut-être dans une assemblée révolutionnaire, a répondu par "Vive la démocratie à Belgrade ! » - de l’idéologie, encore et toujours.

    Il était pourtant venu, rempli de bonnes intentions à l’égard de lui-même, pour la présentation de son film Peshmerga, sorte de « long reportage sans nuances » (Télérama) sur la ligne de front entre soldats kurdes irakiens et combattants de l’Etat islamique. Le seul mérite de ce film de 2015 est de valoir à peine mieux que l’insupportable Serment de Tobrouk (2012), film d’autopromotion où celui qui a contribué à inspirer la calamiteuse intervention de Libye a l’outrecuidance et le ridicule de prendre la pose du héros.

    Et de s’ériger en héraut (autoproclamé) de la démocratie. On pourrait le juger pitoyable si son immixtion médiatique récurrente et son pouvoir de nuisance dans les « affaires étrangères » de la France n’étaient avérés (voir ses rapports avec MM. Hollande et Sarkozy). Satisfait du soutien de la coalition occidentale aux peshmergas du Kurdistan irakien, il doit se féliciter que M. Trump se propose aujourd’hui d’élargir ce soutien en y incluant les Kurdes de Syrie, au motif que ce sont eux qui reprendront Raqqa à l’Etat islamique. Sans doute y voit-il une opportunité, lui qui prône un Kurdistan indépendant en affirmant de façon péremptoire que les Kurdes « deviendraient, s’ils l’emportaient, un modèle pour la région ». Or, si une aide purement tactique contre l’Etat islamique est parfaitement fondée, il ne faut pas en minimiser les effets pervers qui favoriseraient l’irrédentisme kurde : la majorité des Kurdes (vingt à trente millions) se trouvent en Iran et en Turquie, deux pays nécessaires à l’équilibre régional « post-Daesh ».

    Le nationalitarisme pro-kurde de M. Lévy d’ores et déjà décrédité eu égard aux maux et problèmes engendrés par ses précédentes menées idéologiques, on attend la onzième tarte.

  • Immigration : « De 2007 à 2016, le nombre d'admis au séjour a augmenté de près d'un tiers »

     

    Une analyse de Michèle Tribalat   - comme toujours pertinente et documentée. 

    Michèle Tribalat revient ici sur le chiffre de 200.000 entrées d'étrangers par an, brandi systématiquement dans le débat public. Derrière cette apparente stabilité se cache une envolée de l'immigration sous le quinquennat Hollande [Figarovox, 18.04].  Croit-on qu'un éventuel quinquennat Macron freinera la tendance ? Alors que la France n'a pas seulement besoin que l'expansion de l'immigration soit ralentie. Elle a besoin qu'elle soit stoppée et que soit organisé un mouvement inverse de retour de l'immigration vers ses terres d'origine.   LFAR  

     

    AVT_Michele-Tribalat_3638.jpgLe chiffre de 200 000 entrées d'étrangers en provenance des pays tiers est devenu une référence dans les discours politiques et parfois aussi dans les discours académiques. On invoque une stabilité de ce chiffre depuis le début des années 2000, l'immigration aurait ainsi tourné, dit-on, autour de 200 000 depuis. L'alternance politique n'y aurait rien changé. Bref, ce chiffre rond a du succès.

    Si l'on prend les statistiques du ministère de l'Intérieur qui produit tous les ans des tableaux sur les admissions au séjour des étrangers en provenance des pays tiers, on ne constate pas cette stabilité invoquée autour de 200 000 entrées par an. Ces statistiques portent sur les premiers titres de séjour délivrés. Force est de constater que le nombre d'entrées jusqu'en 2016 ne peut être qualifié de « stable ».

    De 2007 à 2016, le nombre d'admissions au séjour a augmenté de près d'un tiers. Si l'indicateur conjoncturel de fécondité passait de 2 enfants par femme à 2,64 enfants en neuf ans, parlerait-on de stabilité de la fécondité en France?

    Comme le graphique ci-dessous l'indique, le flux a augmenté fortement jusqu'en 2010 et a été nettement freiné ensuite. Tel est le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Avec le quinquennat de François Hollande le flux a repris de plus belle. On avait 172 000 entrées en 2007, on en a eu 193 000 en 2012, puis 228 000 en 2016 (chiffre estimé).

    Évolution des admissions au séjour des étrangers en provenance de pays tiers de 2007 à 2016 (base 1=2007) Source: Ministère de l'Intérieur
    Évolution des admissions au séjour des étrangers en provenance de pays tiers de 2007 à 2016 (base 1=2007) Source: Ministère de l'Intérieur

     

    Ceux qui tiennent à se fonder sur ces chiffres pour qualifier l'effet des politiques migratoires des deux quinquennats doivent avoir l'honnêteté minimale de présenter leur évolution réelle au fil de ces deux quinquennats.

    D'ailleurs, si l'on regarde comment a évolué la proportion d'immigrés en France métropolitaine au fil des enquêtes annuelles de recensement, on retrouve un résultat similaire, même si l'année 2016 manque encore. La proportion de population immigrée s'est accrue en moyenne annuelle de 1,15 % de 2007 à 2012, mais de 1,85 % de 2012 à 2015. Elle était de 8,35 % en 2007, de 8,84 en 2012, mais de 9,34 % en 2015.

    Au lieu d'aller répétant les mêmes bêtises à longueur d'antenne (et parfois de livres), revenons aux chiffres provenant de sources on ne peut plus officielles : Ministère de l'Intérieur et Insee. 

    Michèle Tribalat

    Michèle Tribalat a mené des recherches sur les questions de l'immigration en France, entendue au sens large, et aux problèmes liés à l'intégration et à l'assimilation des immigrés et de leurs enfants. Son dernier Statistiques ethniques une querelle bien française est paru aux éditions du Toucan.

  • Société • Nous sommes tous des migrants

     

    Par Edouard de Saint Blimont.

     

    Qu’on n’imagine surtout pas que j’invite le lecteur à rejoindre la foule inepte de ceux qui réclament à corps et à cris que nous ouvrions toujours plus nos frontières, nos villes et bientôt nos maisons aux errants qui déferlent sur l’Europe, parce que nous devrions secourir indistinctement tous ces êtres humains, au motif qu’ils partagent avec nous la même humanité.

    Je ne partage pas non plus le point de vue orwellien de François qui m’enjoint à retirer de mon vocabulaire le mot de « clandestins », au motif que certains mots, alors même qu’ils désignent trop précisément la réalité, doivent pour cela même ne plus être utilisés !

    Mais c’est quand même d’une autre manière que nous sommes des migrants, que nous connaissons la migration perpétuelle : nous sommes en permanence appelés à changer de « lieu », nous sommes perpétuellement dans la situation instable de ceux qui n’ont plus d’ancrage, qui vivent dans l’angoisse de ne plus savoir de quoi demain sera fait et qui se disent qu’ils pourraient même tomber de Charybde en Scylla.

    Nous sommes tous des migrants : je ne l’ai jamais ressenti aussi fortement que depuis qu’il nous est donné à nouveau de traverser les tempêtes électorales qui nous déposeront demain sur l’on ne sait quel rivage. Arriverons-nous sur l’île des lotophages avec Emmanuel Macron pour prendre le lotus, ce fruit si doux qu’il fait oublier aux étrangers leur patrie ? A moins que nous n’échouions sur l’île des Cyclopes en compagnie de Mélenchon pour y connaître le destin que l’on sait.  Les sondeurs s’en donnent à qui mieux mieux pour agiter le spectre de toutes les résolutions possibles, nourrissant encore, si c’était nécessaire, l’angoisse chez celui qui sait que par son vote seul, il ne contrariera pas les mouvements de fond.

    Nous sommes en principe habitués au jeu électoral ; la remise en cause permanente du destin politique d’une nation, d’une patrie, n’est-elle pas inhérente à la démocratie ? Dans Le pouvoir sur scènes, l’anthropologue Georges Balandier affirme même qu’en démocratie, le citoyen retrouve un certain sens de l’aventure : n’avons-nous pas là l’occasion d’introduire un peu plus de passion dans notre existence ? Mais si nous nous aventurons dans ce domaine, force est de constater que ce milieu est infiniment mouvant, la géographie des « îles » politiques qui émergent du fond de cet océan en perpétuel mouvement n’a pas encore de figure nette. Mais nous redoutons le pire.

     Et pour cause : la philosophie qui inspire ces nouveaux mondes -ou devrais-je dire de ces nouveaux monstres ? - procède de la remise en cause perpétuelle des théories qui leur donnait jusqu’ici des traits repérables. Interrogée par Figarovox (11.04.2017) voici comment Chantal Mouffe, philosophe belge, marraine de Podemos et véritable inspiratrice de la démarche de Mélenchon, considère sa propre démarche philosophique :

    « Je suis opposée à la philosophie normative. Les philosophes politiques ont tendance à faire de grandes élaborations pour expliquer comment le monde devrait être sans tenir compte du contexte. Pour ma part, j'essaie au contraire de fonder mes théories sur la réalité de l'époque. »

    Il ne s’agit plus de s’en tenir à une certaine vision de l’homme mais d’enregistrer les grandes « migrations » intellectuelles de notre temps, qu’elle définit comme la « réalité de l’époque ».

    Et la réalité de l’époque, pour elle, ce sont les mouvements sociaux qui se sont développés depuis Mai 68 : le féminisme, le mouvement écologiste, les luttes antiracistes, la lutte pour la reconnaissance des homosexuels. Ce sont des mouvements comme ceux-là, qui n’ont cessé de déstabiliser nos sociétés occidentales, auxquels Chantal Mouffe et à sa suite Jean-Luc Mélenchon, veulent reconnaître une spécificité dans la constitution d’un populisme de Gauche.

    Quel nouveau monde va naître, et quelle sera notre vie demain, si ces mouvements acquièrent, au sein d’un parti, au sein d’un gouvernement, une pleine et entière légitimité ? Une chose est sûre : ainsi se dessine peu à peu, sous nos yeux horrifiés, un monde dans les traits duquel nous ne saurons plus reconnaître nos légitimes aspirations de pères, d’époux, d’êtres humains cherchant à protéger l’ordre de la civilisation, soucieux de retrouver un ordre fondé sur les principes sains d’une philosophie qui s’emploie à reconnaître la nature et l’homme comme il est, sortant des mains de son Créateur. Mais qui nous rappellera la géographie d’un monde habitable ? Dans ce monde qui dérive, qui nous indiquera le point d’ancrage qui nous fait perpétuellement défaut ?

    Nous espérions jusqu’ici que ce point d’ancrage, l’autorité intellectuelle la plus haute, celle du Pape, la fournirait aux chrétiens que nous voudrions continuer à être. Mais un article savant du Professeur Giovanni Turco, reproduit dans le Courrier de Rome de novembre 2016, nous oblige à déchanter. Nous ne pouvons pas, dans le cadre de cet article, entrer dans toutes les subtilités philosophiques de l’éminent professeur italien. Nous pouvons cependant dégager quelques axes forts, assez peu faits pour nous rassurer :

    Le pape considère-t-il encore que la Vérité divine, révélée par Dieu, transcende nos pauvres réalités humaines et qu’elle est comme telle une référence absolue, un point d’ancrage pour l’humanité ? Le professeur Turco rappelle ce propos du pape Bergoglio : « je ne parlerais pas, même pour les croyants, de vérité ‟absolue” dans le sens où ce qui est absolu est ce qui est détaché, ce qui est dépourvu de toute relation. Or la vérité, selon la foi chrétienne, c’est l’amour de Dieu pour nous en Jésus-Christ. Donc la vérité est une relation ! C’est si vrai que chacun de nous la saisit, la vérité, et l’exprime à partir de soi : de son histoire et de sa culture, de la situation dans laquelle il vit, etc. Cela […] signifie qu’elle se donne à nous toujours et seulement comme un chemin et une vie. »

    Cela doit-il nous étonner ? Le pape l’avait déjà déclaré dans Amoris Laetitia :

    « La Parole de Dieu ne se montre pas comme une séquence des thèses abstraites, mais comme une compagne de voyage »

    Nous y sommes : pour le pape, la Parole divine a une dimension elle aussi « migratoire ».

    Le professeur Turco montre d’ailleurs que la vision que le pape a du Saint Esprit présente une parfaite congruence avec le reste :

    « L’action même du Saint-Esprit serait qualifiable non par le contenu (ce qu’Il accomplit), mais par l’opérativité, ou mieux par la modalité opérative : « bouleverser », « remuer », « faire cheminer », étant donné qu’il y aurait en Lui de la « fantaisie » et de la « nouveauté ». Il s’agirait d’une activité non qualifiée par sa fin, mais par son devenir. En effet dans de telles actions il n’y a pas trace de finalité : on peut « remuer » pour le bien ou pour le mal, une « nouveauté » peut être fructueuse ou néfaste, on peut « cheminer » vers le meilleur ou vers le pire, de même qu’une « fantaisie » peut être innocente ou nocive. Autrement, tout « bouleversement », comme toute « nouveauté », serait nécessairement un bien. Ce qui est contredit par l’expérience la plus commune et par toute réflexion authentique. »

    Le professeur n’a aucune peine à nous montrer que nous sommes sortis d’un contexte philosophique où l’on considère que la vérité est définie à partir d’une adéquation entre l’intelligence et le réel, comme Saint Thomas le postule, à un contexte proprement moderniste, défini par le philosophe Maurice Blondel où la Vérité (si ce mot signifie encore quelque chose) est l’adéquation de l’intelligence et de la vie. Ce qui permet, conclut Turco, d’attribuer au jugement de conscience, et non plus à la Vérité, un caractère absolu.

    Nous sommes entrés dans un monde où s’impose comme vraie la situation concrète, où le « ce qui est comme ça », pour reprendre l’expression qu’utilise le Professeur Turco, a le dernier mot. Nous ne sommes donc toujours pas sortis de la réalité « migratoire », j’oserais même dire que nous y sommes en plein : une parole, « compagne de voyage », pour un cheminement, inspiré par un Saint Esprit fantaisiste…qui nous appelle au bouleversement…dans un moment où nous sommes menacés par le pire bouleversement de notre histoire ? Il n’y a décidément plus un domaine où nous ne soyons des migrants.

    Ulysse, je pense à vous, ballotté d’une île à l’autre, empêché pendant plus de dix ans de regagner votre patrie. Mais je pense à vous aussi car vous nous montriez le chemin. Car c’est la mentalité d’Ulysse que nous devrions aspirer à retrouver, tous tant que nous sommes. Ulysse ne se trompe jamais pour identifier où sont les barbares : ces derniers ne sont pas mangeurs de pain et le vin, ils ne le connaissent pas. Il sait ce qui caractérise le civilisé, notamment son respect des dieux. Il se garde de toutes les aventures sentimentales qui réintroduisent l’être dans l’aventure migratoire : Circé lui offre l’oubli dans les aventures de la chair, il le refuse. Il refuse la divinité, l’immortalité que lui offre Calypso… prélude déjà de l’aventure transhumaniste. Ulysse c’est l’homme ancré : son fils Télémaque s’inquiète de lui, sa femme, Pénélope, lui est restée fidèle, les retrouvailles avec sa mère aux Enfers et son père au palais, complètent l’image d’un bon fils. C’est aussi un bon roi que ses sujets veulent retrouver, comme le porcher Eumée.

    Quel Ulysse aura demain le cran, le courage, et pour tout dire le génie de nous ancrer sur le socle qui nous préserve de devenir des migrants perpétuels ? 

  • Trump, un nouveau Bush ?

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    antoine_de_lacoste.pngPour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie, l'armée américaine a frappé l'armée syrienne.

    Cinquante-neuf missiles Tomahawk ont été tirés depuis plusieurs navires américains stationnés en Méditerranée, tout près des navires russes. L'objectif visé, et maladroitement atteint, a été la base aérienne d'Al-Chaayrat, au sud de Homs, d'où seraient partis les avions responsables du bombardement chimique de la ville de Khan Cheikhoun.

    Dans la précipitation et l'émotion, devant les images d'enfants agonisants diffusées par les combattants islamistes et notamment les fameux casques blancs, Donald Trump a ordonné de faire le contraire de ce qu'il a prôné pendant toute sa campagne électorale : intervenir en Syrie.

    C'est le même homme qui, sur un ton martial et définitif, annonçait "la fin des aventures extérieures" et félicitait Obama de ne pas avoir suivi les Européens, François Hollande en tête, dans leur souhait de bombarder la Syrie après l'attaque au gaz sarin, jamais éclaircie, de La Ghouta en août 2013.

    On reste confondu par un revirement aussi rapide et imprévisible. Finis les appréciations positives sur Poutine, le pragmatisme sur la situation au Proche-Orient et le refus de se comporter comme ses prédécesseurs dont les interventions en Libye et en Irak n'ont engendré que le chaos.

    Du reste les premiers à féliciter Trump ont été Israël et Hillary Clinton. Tout un symbole.

    Au-delà du caractère sanguin du personnage et de son émotion face "aux magnifiques bébés morts" (combien de pays peut-il attaquer avec des raisonnements aussi puissants ?), il faut tout de même s'interroger sur le processus de décision qui a conduit à cette agression stupide, qui ne changera d'ailleurs rien au cours de la guerre.

    Dans un premier temps on peut se contenter d'une explication simple et rassurante : Trump veut montrer au monde qu'il n'est pas Obama, et que l'indécision ne sera pas sa marque de fabrique. Un raid terrestre américain a d'ailleurs eu lieu il y a peu au Yémen, ce qui avait donné le ton, malgré là-aussi un résultat militaire médiocre. En clair Poutine n'a qu'a bien se tenir, il trouvera à qui parler. Certes c'est tout à fait contraire au programme électoral du nouveau président mais celui-ci n'en est pas à une incohérence près.

    Cette explication est rassurante car elle implique que l'engagement en Syrie contre Bachar n'ira pas au-delà de ce bombardement symbolique, quoique fort coûteux : six morts syriens pour trente millions d'euros de missiles, ce n'est pas un ratio très brillant. D'autant que les missiles en question ont raté la piste d'atterrissage et que l'aviation syrienne a pris un malin plaisir à faire décoller un avion dès le lendemain.

    Une deuxième explication est possible et plus inquiétante : les hommes qui entourent Trump aujourd'hui ne sont pas du tout les mêmes que ceux qui l'ont accompagné vers la victoire.

    Exit les Bannon et autres Flynn qui avaient tant inquiété les occidentaux. Les pro-russes ne sont plus à la mode et ont laissé les places aux ténors de Goldman Sachs tel Gary Cohn et aux faucons rescapés de l'ère Bush.

    Le sénateur Mac Cain, l'homme qui rêve de faire du Proche-Orient un champ de ruines au profit d'Israël, s'est évidemment réjoui de l'attaque américaine et réclame maintenant d'aller plus loin et de livrer des armes aux rebelles. Lesquels, le Front al Nosra ou ceux qui sont à la solde des Turcs ?

    Plusieurs généraux bellicistes sont depuis peu très en cours à la Maison Blanche et semblent avoir eu une influence décisive sur la décision de Trump. La CIA elle-même fait de nouveau entendre sa voix, ce qui est particulièrement inquiétant compte tenu de son brillant palmarès : financement de Ben Laden, création de fausses preuves contre Sadam Hussein, livraison de missiles anti-chars aux islamistes contre l'armée de Bachar pour ne citer que ses principaux faits d'armes.

    Surtout, le gendre de Trump, Jared Kushner, militant sioniste convaincu, semble jouer un rôle de plus en plus important. Israël n'a pas renoncé à son objectif majeur de faire tomber Bachar et peut se frotter les mains du revirement spectaculaire de la politique américaine.

    Heureusement que tout cela n'arrive qu'après la chute d'Alep, tournant militaire de la guerre. De plus, les rebelles islamistes sont profondément divisés et affaiblis et on ne voit pas comment ils pourraient l'emporter même en cas d'aide clandestine massive de la CIA.

    Et puis il y a la Russie et l'Iran qui n'accepteront pas que l'Amérique détruise la Syrie comme elle a détruit l'Irak.

    Mais tout de même, Trump n'aura pas mis longtemps à rentrer dans le rang. 

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    Une image parmi d'autres sur l'action des forces syriennes, telles que l'agence SANA les diffuse ... 

     

    823330531.jpgLes articles et vidéos que nous avons publiés dès après les frappes américaines en Syrie [Eric Zemmour et Mathieu Slama], ont suscité des commentaires fort intéressants dans les colonnes de Lafautearousseau. Antiquus partage en quelque sorte la perplexité initiale de Zemmour. Lequel, depuis lors, considère que « Trump a dynamité sa propre campagne électorale ». Mathieu Slama est sur cette même ligne. Richard Portier propose une analyse subtile, en apparence divergente. Tandis que l'article d'Antoine de Lacoste que nous avons mis en ligne ce matin, toujours très documenté, conclut que Donald Trump est rentré dans le rang. Est-ce un point de vue définitif ? Probablement. Les mois à venir nous le diront.  LFAR

     

    Antiquus - Le 11.04.2017

    C'est effectivement une affaire bizarre.

    D'abord, il faut se poser la question de savoir si le bombardement au sarin a bien été le fait de l'armée syrienne. Bachar avait en effet donné sa parole à Poutine qu'il n'avait plus un gramme de ce gaz neurotoxique. S'il en avait conservé, Poutine perdrait la face. On ne voit pas très bien l'intérêt de chacun. La lecture des infos dans l'agence SANA, source unique du côté de Damas depuis la fermeture d’ « infosyrie « , SANA nous dit : « les USA n'ont tenu aucun compte de ce qui s'est réellement passé » . Autrement dit, il y a là un « coup tordu ». Qui peut avoir fait une opération aussi bien montée, aussi cynique aussi (car il y a 67 morts) ? Je ne répondrai pas à la question, mais un simple regard sur les services secrets à l'œuvre permet d'envisager une hypothèse que je préfère garder pour moi. Un autre élément doit attirer notre attention. Il s'agit d'une base aérienne qui a été bombardée par l'USAF. Or ce bombardement de 70 missiles tomahawk a fait … 6 morts, et apparemment aucun avion ni hélico détruit, seulement des bâtiments et hangars. Ce qui laisserait penser que cette action militaire américaine aurait « fuité » comme par hasard. Enfin, côté Trump, cette « frappe » (j'utilise le mot dans son sens journalistique, pas d'équivoque) a des effets intérieurs aux Etats- Unis très positifs : elle désarme les ennemis et fait plaisir au lobby pro-israélien. Bref, un numéro d'illusionnistes.

    Richard Portier - Le 12.04.2017

    Trump s'est inscrit dans le cadre du consensus bien-pensant !

    L'actualité va trop vite et on voudrait répondre « à chaud » chaque jour, à tous les articles et commentaires très intéressants de LFAR. D’un autre coté, les réactions dans l'urgence ont aussi leurs inconvénients... Je suis de moins en moins perplexe face à la réaction de Trump en Syrie. Elle a deux ordres de causes qui, réunies, l’éclairent à mon sens très bien. L'une de politique intérieure et l'autre de politique étrangère. Je ne comprends par contre pas bien la perplexité de Zemmour qui a bien vu que Trump avait pris ses adversaires (La « médiacratie vociférante » attachée à ses basques) à contre-pied et n'en tire pas la conclusion qui s'impose : pour la première fois depuis son élection, Trump s'est inscrit dans le cadre du consensus bien-pensant ! Domenach, un de ses représentants français, en étant réduit, pour ne pas l'approuver, à invoquer la grotesque « stratégie de l'homme fou ».

    L'électorat de Trump était globalement d’accord, par lassitude et souci d'économie avec l'idée d'un relatif désengagement du guêpier syrien. Mais l'intervention armée lui a parue juste moralement (Les Américains croient dur comme fer qu'ils sont les garants du Bien dans le Monde...) et Trump a bien pris soin de lui donner un caractère punitif ,mais limité : je n'ai pas vu les enquêtes d'opinion US sur la question mais je suis sûr que l'approbation a été massive, à l'évidence...

    Par ailleurs il est également évident que Trump a envoyé un message clair à Poutine (Et a contré au passage les accusations de connivence avec lui de ses adversaires).

    Poutine pousse ses pions dans le monde musulman : réunion des pays sunnites au Kazakhstan, confluence d'intérêt avec l'Iran chiite et avec la Turquie, percée au Maroc etc.... Il est incontestable que l'année écoulée a vu le retour de la Russie au premier plan de la politique mondiale. Même si Trump a paru admettre le fait que le monde était devenu multipolaire, il est trop un patriote américain pour accepter que les USA ne soient qu'un des partenaires autour du grand échiquier mondial : « America First » a un double sens. Le rôle d'un Président US est de défendre la prospérité américaine, mais aussi son leadership mondial (Et accessoirement de montrer au peuple qu'il le fait ...) Il me semble que l'intervention US en Syrie a rempli tous ces objectifs...

    […] La politique internationale comme nationale est brutale,cruelle, et ne connait que les rapports de force, et Poutine était en train de trop monter en puissance, ou en tout cas d'y prétendre... (Plutôt du poker que des échecs, si on y pense....).Tout en prenant à contre-pied ses adversaires intérieurs et de la bien-pensance internationale, Trump a montré les crocs à un rival pour le remettre à son rang .On voit ça tous les jours dans les documentaires animaliers. Donc Trump qui est un bien étrange personnage à notre point de vue « vieux-continental »  ,mais au fond un américain bien normal, n'est ni le fou ni l'idiot qu'on nous présentait mais un bon tacticien. L'incertitude demeure sur ce que sera vraiment son (mandat). Pour le moment avantage à lui sur ses adversaires. 

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    Pour Eric Zemmour, le président américain est « soumis au diktat émotionnel et compassionnel de ces photos d’enfants morts qu’on arbore à chaque fois qu’on veut manipuler l’opinion. » On n'est pas forcément d'accord sur cette interprétation univoque comme l'ont montré certains commentaires intéressants reçus sur Lafautearousseau [D'Antiquus et Richard Portier, notamment]. Sans-doute faudra-t-il attendre quelques temps pour avoir une vue plus claire des choses. Sur le revirement inattendu de Donald Trump, nous publierons incessamment une analyse d'Antoine de Lacoste. Mais d'ores et déjà, il y a lieu d'être inquiets pour la paix et la tranquillité du monde. Les nôtres, en particulier.  LFAR 

     

     

    Le résumé RTL de ce billet ...

    Le président Trump frappe la Syrie, se brouille avec la Russie mais est aimable avec son homologue chinois. Une politique qui tranche avec sa campagne électorale. Pour Éric Zemmour, signature RTL, "en quelques jours, le président américain a dynamité sa propre campagne électorale." 

    Selon lui, Donald Trump "a agi comme aurait agi Hillary Clinton, qui l’a d’ailleurs félicité. Le candidat de 'l’Amérique d’abord' a rejoué au gendarme du monde", juge l'auteur du Suicide français avant de poursuivre : "Le républicain iconoclaste a remis les bottes de Bush junior et des néo-conservateurs. Le pourfendeur des médias s’est soumis au diktat émotionnel et compassionnel de ces photos d’enfants morts qu’on arbore à chaque fois qu’on veut manipuler l’opinion". Pour conclure que le président des États-Unis devrait "se méfier du baiser qui tue". 

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