UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Actualité Monde - Page 102

  • A quoi tient la renaissance de la puissance chinoise ?

     

    En deux mots.jpgA quoi tient l'actuelle extraordinaire bonne fortune chinoise ? Quelles en sont les causes ?

    On ne peut ici qu'effleurer cette question complexe, pourtant importante car la montée en puissance de la Chine constituera peut-être le plus grave problème que les Occidentaux auront à affronter, prochainement désormais.

    La Chine s'est sortie non seulement de son terrible sous-développement séculaire mais aussi de cet abaissement qu'elle avait vécu à l'époque du système impérial finissant, des humiliantes concessions, des Seigneurs de la guerre, des désordres du Kuomintang... Elle s'est encore sortie des soubresauts horriblement destructeurs du système maoïste après qu'il eut triomphé, dont la meurtrière révolution culturelle ne fut pas le moindre. Le film, Le dernier empereur, de Bernardo Bertolucci, retrace assez bien cette longue période troublée. 

    Pour la Chine ruinée, humiliée, en partie éclatée, misérable, la bonne fortune n'allait pas de soi.

    Comment l'a-t-elle conquise ? Quelles sont les causes de son prodigieux succès ?

    Bien-sûr, il y a la taille de son territoire et la masse de sa population, dix fois supérieure à celle de la Russie et 5 fois à celle des Etats-Unis. Mais ces paramètres ne sont pas en soi gages de prospérité ni de succès. Ce peut même être l'inverse.

    La réussite de la Chine nous paraît relever d'autres causes. En voici à notre avis les trois axes principaux :

    1. La dictature de fer du Parti Communiste Chinois, en fait une oligarchie hiérarchique sans faiblesse qui tient uni et en ordre d’une main qui ne tremble pas l’immense et composite Empire du Milieu. L’argument peut choquer. Mais que deviendrait la Chine si le PCC venait à s’effondrer ? S’il lui prenait la fantaisie d’un Printemps chinois ? Peut-être serait-ce, selon la vieille expression, pain béni pour nous. Mais pour elle ?

    2. Le nationalisme du peuple chinois et de ses dirigeants, qui, pas plus qu’il ne le fut dans les pays d’Europe de l’Est, ne fut jamais effacé, même au temps de Mao et de Chou en Lai, par l’internationalisme prolétarien. Combiné à l’incommensurable pragmatisme des Chinois, ce nationalisme est général, violent, avide de succès, de gains, et de puissance. Qui plus est, les connaisseurs nous disent qu’il se ressource désormais dans les plus pures traditions populaires aussi bien que philosophiques de la plus ancienne Chine. Bref, un composé que l’on peut se risquer à dire ravageur.

    3. La faiblesse insigne des Occidentaux qui fut, pourrait-on dire, à l’opposé de la force que nous venons de décrire ; qui acceptèrent, de grand cœur, de se défausser sur la Chine, de leurs fonctions de production ; qui ont voulu, à la fois par lassitude, appétit de marges, idéologie universaliste, orgueil, lui concéder d’être l’atelier du monde. Ce qui a, hormis l’Allemagne et, à un moindre degré l’Italie, abouti à la destruction, que l'on constate aujourd’hui, de pans entiers de nos industries et a condamné les éléments productifs de nos populations, au chômage.

    Rien n’est irréversible et la Chine n’est pas plus vouée au succès que nous à l’échec ou au déclin. Soyons au moins conscients de ce qui, par impéritie, nous est arrivé. Quant à la Chine, elle peut être aussi pour nous, dans une certaine mesure, à certains égards, un exemple utile.  

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    La Chine construit un port de guerre à Djibouti

  • Gare à la politique des sanctions ! Gare à l'engrenage des alliances !

     Premiers exercices navals russo-chinois en Baltique, théâtre de tensions Russie-Otan

     

    En deux mots.jpgL'idée que la prépondérance dite désormais inéluctable de l'économique sur le politique garantirait à l'avenir la paix et l'unité du monde, a fait long feu, naufrage. Comme on voudra. La fin de l'Histoire n'est plus au programme.

    Même le postmoderne Macron l'a déclarée tragique dans son discours devant le Congrès. Et, naturellement, l'Histoire ne finit pas. Il y a quelques années, nous n'étions que quelques-uns - à vrai dire nous étions presque seuls - à rappeler ces permanences. Ceux qui les niaient hier, les reprennent aujourd'hui à leur compte, sans s'en sentir autrement gênés. Ne nous en plaignons pas. Le mouvement des idées est fait de tels retours depuis les lointains de l'Histoire.

    Réarmement partout ; foyers de conflits - pour l'instant régionaux - en plusieurs points du globe ; menaces guerrières, manœuvres et contre-manœuvres : russes, américaines, chinoises, nord-coréennes ; sanctions croisées, expulsions réciproques massives de diplomates, etc. Ce sont là des mots mais surtout des réalités, qui ne font plus peur, qui deviennent même banales et qui pourtant rappellent furieusement notre dernière avant-guerre. Mots et réalités dont, en effet, on ne s'inquiète pas outre-mesure, quoique de sinistre mémoire. Et dont au moins quelques-uns savent à quoi tout cela peut préluder. Ainsi se pourrait-il que la génération qui monte ait à vivre, comme les précédentes, un nouveau conflit mondial.

    Ainsi la guerre d’Espagne – dont la guerre syrienne pourrait bien être une sorte de réplique – comme les sanctions contre l’Italie, précédèrent la Seconde Guerre Mondiale.

    Une autre idée devrait être présente à nos esprits - surtout à ceux de nos dirigeants - et c'est le risque de l'engrenage des alliances ; le risque d'un engagement automatique dans un conflit que nous n'approuverions pas, où nos intérêts ne seraient pas menacés, où, en fin de compte, nous devrions mourir pour d'autres. Par exemple en cas d’un inepte conflit américano-russe où nous n’aurions rien à défendre …Tout à perdre. Sans-doute est-ce le moment pour la France de se souvenir que par deux fois au siècle dernier, elle a été entraînée dans un conflit mondial par l'engrenage d’alliances dont elle avait négocié les conditions sans précaution ni prudence. C'est évidemment le cas de la guerre de 1914-1918, dont on a pu dire que personne ne l'avait réellement voulue ni décidée. Et qui fut un drame européen.

    Que nous devions en toutes circonstances rester maîtres de nos engagements, devrait redevenir pour nous, dans les temps bellicistes qui s'annoncent et courent déjà, un impératif de survie.

    Que cette considération devrait nous conduire à réviser les conditions de nos alliances est une évidence. Et ceci concerne en particulier notre appartenance, non pas à l'alliance américaine, mais en tout cas au moins au commandement intégré de l'OTAN.  

  • De nombreuses œuvres d’art du Musée de Bagdad retrouvées aux États-Unis 

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngL’affaire du pillage du Musée de Bagdad s’éclaircit partiellement. Rappelons les faits.

    En avril 2003, l’armée américaine entre dans Bagdad. Curieusement, elle ne prend position que devant deux bâtiments publics : le Palais présidentiel et le Ministère du pétrole, négligeant les autres, en particulier le musée de Bagdad.

    Pourtant son directeur a rencontré le jour même des officiers supérieurs américains pour leur demander de protéger le musée des pillages. De plus, bien avant l’invasion américaine, une délégation d’archéologues venue du monde entier avait été reçue au Pentagone. Celui-ci s’était engagé à protéger le musée et ses 150 000 pièces dès la prise de Bagdad.

    Mais, pour des raisons mystérieuses, aucune mesure n’est prise. Pendant quarante-huit heures, des pillards déménagent des dizaines de milliers de pièces inestimables de l’art mésopotamien. Certaines pèsent des centaines de kilos comme cette statue monumentale datant de 2400 ans avant JC et représentant un jeune pâtre ; elle est couverte d’inscriptions à la gloire du fondateur de l’empire akkadien, le premier à avoir unifié « le pays des deux fleuves ». Tout avait été préparé de longue date.

    Ce sont évidemment des professionnels qui ont agi. Le matériel est sophistiqué et les copies laissées sur place, comme ces tablettes du Code d’Hammourabi (un des plus anciens textes juridiques) et dont l’original est au Louvre. Des archéologues irakiens ont alerté des soldats américains positionnés à quelques centaines de mètres du musée, en vain.

    Devant le scandale, l’armée américaine doit prendre des mesures…en interne notamment ! Plusieurs militaires doivent restituer des objets volés. Un journaliste de Fox tv est arrêté à l’aéroport avec plusieurs œuvres d’art dans ses bagages. Les investigations permettront aussi de récupérer aux États-Unis et en Angleterre de nombreuses pièces, dont certaines avaient disparu depuis la première invasion de Bush père en 1991.

    Mais le plus gros manquait à l’appel.

    Or, l’enquête vient de faire un progrès important : le Ministère de la justice américain vient de lancer une procédure contre la compagnie Hobby Lobby. Cette chaîne de magasins de loisirs est un fief des évangélistes et emploie 13000 personnes dans 41 États.

    Le fils du fondateur, Steve Green, grand collectionneur d’antiquités, va ouvrir un Musée de la Bible à la fin de l’année à Washington. De superbes pièces très anciennes sont annoncées comme des fragments des rouleaux de la Mer morte.

    Mais, à la suite d’une dénonciation, le FBI a pu établir que Hobby Lobby a acheté en 2010 plus de 5500 objets antiques volés à Bagdad ainsi que dans d’autres musées irakiens. Les exportateurs sont situés en Israël et aux Émirats Arabes Unis (alliés des États-Unis lors de l’invasion).

    Les évangélistes vont devoir restituer à l’Irak ses pièces si mal acquises et son musée sera sans doute moins fourni que prévu… •

  • Le chaos libyen surmonté à Saint-Cloud ?

    Gamal Abdel Nasser et Mouammar Kadhafi ensemble en 1969 

     

    En deux mots.jpgQue la France paye aujourd’hui l'erreur libyenne de Nicolas Sarkozy, c'est ce dont plus personne – ou presque -  ne doute.  

    Sarkozy, dans l'affaire, tentait de recouvrer sa popularité perdue, comme il l'avait fait avec la libération des infirmières bulgares, au temps de Cécilia.  

    BHL - qui fut dans l'opération libyenne son âme damnée - s'y était agité et impliqué comme jamais, pénétré de son ambition intime. Celle de l'écrivain engagé dans l'Histoire : Chateaubriand libérant la Grèce des Ottomans ; et Malraux l'Indochine du colonialisme français, â l'époque du Jeune Annam.  

    Mais ni le régime d’opinion ni le romantisme littéraire ne sont propices à la conduite d’une politique étrangère. 

    On sait ce que nous a coûté l'élimination du régime Kadhafi : la dispersion de ses arsenaux d'armes modernes à travers l'Afrique et l'Orient. Au profit des diverses obédiences terroristes. Et, en l'absence d'Etat, le littoral libyen devenu la base du flot des migrants en transit pour l'Europe ; la base de ce trafic humain qui, chez nous, intensifie le grand remplacement. Sans compter les conséquences d'ordre économique.

    Quant aux printemps arabes dont on nous a tant rebattu les oreilles, qu'en reste-t-il ? BHL l'expliquera aux naïfs persistants. Et, en sous-ordre, Bernard Guetta sur France Inter. 

    Emmanuel Macron a au moins compris que les Etats faillis sont une plaie. Raison pour laquelle il dit ne pas en vouloir un en Syrie. Et, sur ce point, il a raison. 

    On sait qu'il vient de recevoir à Saint-Cloud - autre site hérité de la monarchie - les deux principales autorités subsistantes et antagonistes au sein du chaos libyen. Celle de l'Ouest, civile, siégeant plus ou moins à Tripoli, et celle de l'Est, militaire, capitale Benghazi.  

    Cette partition - mais la Libye, nation tribale, en connaît bien d'autres - ramène â la situation d'après la Seconde Guerre mondiale où se posa la question de savoir ce que l'on pourrait bien faire de ce grand territoire dépeuplé, politiquement improbable. Allait-on créer un, deux, ou trois Etats ? Les vainqueurs du conflit mondial s'interrogèrent. Idriss el Senoussi apparut capable de fédérer les tribus du grand territoire indéterminé et la Libye fut créée. Idriss el Senoussi devint Idriss 1er et la Libye un royaume. Un royaume assez longtemps raisonnable et paisible. 

    On sait que le renversement du roi Idriss (1969) par un groupe de jeunes officiers, à l'instar de ceux qui moins de vingt ans plus tôt, avaient renversé le roi Farouk en Egypte (1952), n'a pas mis fin à l'Etat libyen. Comme Nasser en Egypte, Kadhafi - autre colonel - s'était dégagé du groupe d’insurgés. Comme Idriss, la diversité de ses origines, ses mariages, lui ont permis de maintenir, si l'on peut dire, l'unité libyenne. Simplement, â l'autorité du vieux roi Idriss, débonnaire et conciliante, s'en substitua une autre, féroce et souvent erratique, excentrique et mégalomaniaque. Une autorité, néanmoins.

    Dans ces conditions, anciennes et nouvelles, dont le chaos actuel, Emmanuel Macron a-t-il quelque chance de concilier les chefs libyens rivaux qu'il a réunis à Saint-Cloud ? Une chance que se reforme un Etat libyen disposant de quelque force, unité, autorité, capacité d'action ? Une chance de réparer l'erreur du trio Sarkozy-Fabius-BHL ? 

    Sans-doute a-t-il raison de le tenter, selon les intérêts de la France, même si les motifs de douter de son succès sont nombreux et sérieux. En tout cas, si la solution trouvée pour sortir du chaos consiste seulement à organiser en Libye des élections cet automne, comme il a été annoncé à l'issue des discussions de Saint-Cloud, alors les perspectives de résultat sont pour ainsi dire à peu près égales à zéro. 

  • Du Maroc : Quand le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima soupçonne BHL de noirs agissements ...

    Villa de BHL à Tanger (En vente)

     

    En marge des troubles du Rif.

    Des déclarations qui ont pu choquer au Maroc, où BHL est considéré comme un ami du Maroc. Mais qui ne paraîtront pas sans fondement au lecteur français ...  LFAR

    Le journal en ligne marocain le360 relate [22.07] comment le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, M. Ilyas El Omari, s'en est pris rudement à Bernard-Henri Lévy dans un post sur Facebook le vendredi 21 juillet,.

    Il est précisé que BHL dispose d’une maison dans la ville du Détroit. 

    M. Ilya El Omari affirme avoir croisé à Tanger BHL, en compagnie d’un de ses amis qui a l'a abordé pour une photo. BHL a opposé une fin de non-recevoir sèche à la requête de l’ami du président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. 

    Ce dernier commence par se demander : « pourquoi BHL est présent en ce moment précisément à Tanger ? » Et d’ajouter: « Il est connu que cet individu passe ses vacances dans des pays en crise comme la Libye, la Syrie, l’Irak et les territoires occupées ». 

    « Le plus étonnant est que Bernard-Henri Lévy est connu pour être l’annonciateur des guerres, compte tenu du fait que la mort, la destruction et la dévastation l’accompagnent là où il se rend », précise M. El Omari. Il ajoute que BHL « est connu pour préparer le terrain autant du point de vue des idées que du renseignement pour insuffler le chaos et attiser les conflits armés. Il s’est d’ailleurs illustré à ce sujet dans ce qu’on a appelé les révolutions du printemps arabe ». Et d’insister sur cette question : « Que fait parmi nous Bernard-Henri Lévy ? », avant de conclure : « Je me pose cette question non pas pour remettre au goût du jour la théorie du complot sioniste, mais pour mettre en garde les enfants de mon pays contre ce "philosophe" »...  

    360.png

    Source : Le360 article signé de M. Abdelkader El-Aine

  • Dans les commentaires ... A propos de « La Chine construit un port de guerre à Djibouti »

    La Chine à Djibouti ou la puissance des armes

     

    Par Corcelles

    Un commentaire intéressant reçu le 24.07. Il y est question d'« influence ». Quand la Chine est plutôt en quête de « puissance ». Qu'elle établit là où était la nôtre. On jugera de la différence. Eventuellement on en débattra.  LFAR    

     
     
    f1efdbf5.jpgRemarquable article sur la présence chinoise à Djibouti.
     
    C'est bien sur ce point que la délégation djiboutienne du Partenariat Eurafricain a déjà attiré notre attention.  Une mission du Partenariat Européen qui revient des Comores après Madagascar a pu constater, pas très loin de Djibouti, l'influence chinoise dans la sous-région.
     
    Grâce, entre autres, à la remarquable revue ECO AUSTRAL, dirigéa par Alain Foulon et basée à l'île Maurice, la France, dans sa dimension historique et culturelle, y dispose d'une influence considérable. La présence chinoise montre toute l'importance de Mayotte même si bien entendu il est urgent de régler le contentieux avec les Comores.
     
    « On est saisi par l'aveuglement européen » écrivez-vous. Oui certes et c'est bien là que l'on constate la NECESSITE d'une coopération européenne. Il faut saluer le rôle de La Réunion qui relaie les politiques française et européenne (notamment les programmes INTERREG) dans l'Océan Indien qui (re)devient une mare nostrum.
     
    Ceux qui veulent aider à l'influence française dans la région peuvent s'abonner à ECO AUSTRAL: ecoaustral.com
     
    A lire dans Lafautearousseau ...
     
  • La Chine construit un port de guerre à Djibouti

     

    En deux mots.jpgL'on a appris il y a déjà quelques temps que la Chine construit un port de guerre à Djibouti. Et tout récemment qu'un navire de la marine de guerre chinoise était en route pour s'y rendre. Y prendre son poste en protection des intérêts notamment africains du vieil Empire du Milieu, désormais actif loin de ses bases, 

    Un analyste indien, le colonel Bhat, estime dans un article du 14 mai dans Outlook India, que cette base navale a tout d'une « forteresse ». 

    Des millions de Chinois travaillent et vivent aujourd'hui en Afrique, où la Chine a acquis des millions d'hectares et acheté ou établi d'innombrables commerces et industries. 

    Nous avons été très longtemps chez nous à Djibouti - où nos militaires, nos administrateurs, nos marins, nos commerçants régnaient en maîtres - et les Européens en Afrique. Nous y avons largement cédé la place. Comme si ce continent n'avait d'autre sort que d’être toujours d'une manière ou d’une autre colonisé. Les Africains ont longtemps vécu sous autorité française, anglaise, espagnole, portugaise, belge ou hollandaise. Ils connaîtront désormais celle des Chinois. Ils pourront établir des comparaisons. 

    Ainsi la naïveté si ce n'est la sottise, en tout cas l'imprudence et la faiblesse, des dirigeants occidentaux - économiques comme politiques - produisent-elles leurs conséquences. 

    Il y a quinze ou vingt ans, le discours officiel était qu'en transférant à la Chine des millions d'heures de production - réputée de médiocre technologie, se rassurait-on - l'on élèverait son niveau de vie et l'on travaillerait à homogénéiser le monde, si ce n'est à l'uniformiser, et ainsi, en y réalisant l'unité des conditions, on y établirait la paix. La paix par l’économie. La gouvernance mondiale façon Attali ne serait plus très loin.  

    L'on commence à comprendre aujourd'hui que ce que la Chine a gagné en niveau de vie correspond assez exactement à une baisse du nôtre ; ce qu'elle a gagné, c'est ce que nous avons perdu ; nous avons simplement organisé, consenti à un immense transfert de richesse, et, pire, de puissance. Le calcul économico-mondialiste n'était pas le bon.

    Car la Chine, pas plus que son grand voisin indien, pas plus que la renaissante Russie, n'a été gagnée par le nihilisme, l'épuisement européens. 

    La richesse gagnée, elle la convertit en puissance nationale. Et, particulièrement, y consacrant d'énormes budgets, en puissance militaire. 

    Alors, la Chine construit des ports de guerre, prend les places qui étaient les nôtres et ses navires depuis l'Extrême-Orient mettent le cap à l'Ouest.  

    On est saisi par l’aveuglement européen. 

  • Course contre la montre dans l'Est syrien

    L'E.I. à Mayadin

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngLe territoire de l'Etat islamique se rétrécit comme peau de chagrin en Syrie comme en Irak. Raqqa, l'ex capitale du « Califat » est maintenant la pointe avancée au Nord de son territoire. Les Kurdes et les quelques miliciens du FDS, armés et financés par les Américains, en font le siège.

    Cela peut-être long, comme à Mossoul, mais l'issue de la bataille ne fait aucun doute. D'ailleurs, de nombreux responsables de l'EI ont fui, abandonnant leurs hommes, le long de l'Euphrate, vers le Sud-Est. Ils s'installent à Deir-ez-Zor, mais surtout, plus au Sud-Est encore, à Mayadin.

    En effet Deir-ez-Zor n'a jamais été prise totalement par Daesh et plus de la moitié de la ville résiste encore, au prix d'efforts acharnés de l'armée syrienne et des milices fidèles au régime. Un certain nombre de chrétiens y combattent. Le ravitaillement est assuré par les airs car l'aéroport est encore aux mains de l'armée.

    Les récentes offensives islamistes n'ont pu enfoncer les défenseurs de Deir-Ez-Zor qui sont particulièrement motivés compte tenu du sort qui les attend en cas de défaite... Des adolescents ont été mobilisés et toute la population participe à la résistance.

    Il était alors plus commode pour l'Etat islamique de se regrouper dans une ville mieux tenue, d'où le choix de Mayadin dont toute la zone est entre ses mains.

    Pendant que les FDS pro-américains progressent par le Nord, l'armée syrienne progresse, elle, par l'Ouest.

    De violents combats se déroulent en ce moment à l'Est de Homs et l'objectif est de détruire ce dernier saillant de Daesh puis de foncer à travers le désert vers Deir-Ez-Zor et Mayadin. L'armée syrienne n'a d'ailleurs pas attendu que les dernières poches de la province de Homs soient réduites pour entamer ce mouvement.

    Pourquoi une telle hâte alors que de nombreuses zones restent à nettoyer, non seulement des éléments de Daesh, mais aussi des autres combattants islamistes encore très nombreux sur le territoire syrien ?

    Parce que la défaite de l'Etat islamique est inéluctable et que ceux qui occuperont le terrain à ce moment-là seront en position de force pour l'après-guerre.

    Il est donc vital pour l'armée syrienne de reprendre le maximum de territoires possibles afin d'éviter ce que le régime craint le plus : la partition du pays.

    Il peut compter pour cela sur l'appui de la Russie et de l'Iran, ce qui n'est pas rien.

    Les Kurdes quant à eux rêvent toujours d'un Kurdistan autonome au Nord de la Syrie et comptent sur l'appui américain pour imposer cet état de fait. Mais même si Bachar n'a pas la possibilité de l'empêcher, la Turquie ne l'acceptera jamais. En attendant si les Kurdes délivrent Raqqa, cela pèsera dans la balance.

    La grande inconnue demeure l'attitude des Américains. Au delà des divergences entre la CIA, toujours prête à aider les islamistes et à renverser Bachar, et le Pentagone, plus prudent, les déclarations à géométrie variable de Trump déroutent évidemment l'analyse...

    Il va encore se passer beaucoup de choses en Syrie.  

    Retrouver l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans Actualité Monde

  • Daech confirme la mort de son chef Abou Bakr al-Baghdadi. Bon débarras !

    Capture d'écran d'une vidéo de propagande diffusée le 5 juillet 2014 par al-Furqan Media montrant Abou Bakr al-Baghdadi à Mossoul lors de la proclamation du califat.

     

    Le journal marocain en ligne le360, a annoncé hier la nouvelle, accompagnée de l'intéressant commentaire qui suit, signé de M. Khalil Ibrahimi. 

     

    le360.pngLes membres de l’organisation terroriste Daech viennent de confirmer la mort de leur chef Abou Bakr al-Baghdadi. C’est ce que rapporte la chaîne de télévision Al-Sumaria dans une information relayée par l’agence Sputnik.

    Les membres de Daech ont annoncé le décès de leur chef Abou Bakr al-Baghdadi. Ils ont également dévoilé le nom de son successeur, a révélé la chaîne de télévision Al-Sumaria. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé mardi détenir des informations de hauts responsables du groupe jihadiste Etat islamique (EI) confirmant la mort de leur chef, Abou Bakr al-Baghdadi. "De hauts responsables de l'EI présents dans la province (syrienne) de Deir Ezzor ont confirmé l'OSDH la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi, émir de l'EI", a déclaré à l'AFP le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane. « Nous l'avons appris aujourd'hui mais nous ignorons quand ou comment il est mort ». 

    Le ministère russe de la Défense avait déja annoncé, le 22 juin, que le chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi et 300 autres terroristes avaient été tués le 28 mai dans une frappe de l'armée de l'air russe près de Raqqa. La chaîne de télévision iranienne IRIB a publié, jeudi 29 juin, deux photos du corps d'un homme ressemblant à Abou Bakr al-Baghdadi, affirmant que ce dernier avait effectivement été tué. La mort de Baghdadi, annoncée à plusieurs reprises depuis qu'il a proclamé un califat en 2014, serait l'un des coups les plus durs subis par l'Etat islamique, qui recule un peu partout en Syrie et en Irak et vient de perdre la grande ville de Mossoul. 

    La dernière manifestation d'Abou Bakr al-Baghdadi relayée par un média affilié à son groupe remonte à novembre 2016. Il était alors sorti d'un an de silence pour exhorter, dans un enregistrement sonore, ses hommes à résister jusqu'au martyre à l'assaut des forces irakiennes lancé en octobre pour reprendre Mossoul.

    Abou Bakr al-Baghdadi a dévoilé pour la première fois son visage au monde entier le 29 juin 2014. C’est à cette date là qu’il avait proclamé son « califat » sur l’Irak et la Syrie. C’était dans un prêche depuis la grande mosquée de Mossoul. 

    Né en 1971 à Samarra, au nord de la capitale irakienne, Ibrahim al-Badri al-Samarraï aurait étudié à l'université islamique de Bagdad dans les années 1990. Selon une biographie diffusée par ses partisans, il aurait obtenu un doctorat d’études islamiques -d’où son titre de « docteur ». 

    Il passe au djihad en 2003, après l'invasion américaine, et prend son premier nom de guerre, Abou Duaa, au sein d’un petit groupe armé -Jaiche al-Sunna wal Jamaa-, avant de rejoindre les rangs d’Al-Qaida en Mésopotamie, sous la houlette du Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui. 

    Il est arrêté par les Américains à Falloujah en 2004, et passe cinq ans au camp de détention de Bucca, période au cours de laquelle il se radicalise un peu plus. Relâché en 2009 dans le cadre de  la libération de milliers de détenus avant le retrait américain, il multiplie les attentats meurtriers et exécutions publiques sanglantes au nom de la charia. 

    Khalil Ibrahimi

  • Syrie : l’imprudent Monsieur Macron

     

  • France-Algérie : la repentance, ça suffit !

     

    Par Nicolas Gauthier

     

    4241968552.pngL’Algérie et la France, c’est un peu comme les flippers d’antan : Same player shoots again et remettez un franc dans le nourrain !

    Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a plus de parties gratuites et que l’actuel et très diminué président algérien Abdelaziz Bouteflika continue de faire comme au siècle dernier. D’où cette ubuesque sortie voulant qu’on en remette une couche nouvelle sur une possible repentance franco-algérienne, à sens unique, tel qu’il s’entend.

    Allez, les violons, et faites chialer les grandes orgues de la pleurniche. Un ancien d’El Moudjahid, quotidien historique du FLN, nous confie : « Toujours la même rhétorique. Pour masquer leur incompétence, les vieux généraux du FLN en remettent une couche sur ces Français ayant toujours bon dos. La presse française n’en dira pas grand-chose, alors que ses homologues du Maghreb n’en ont globalement rien à foutre ! » Il est un fait que la récente sortie du président en fauteuil roulant est un peu passée sous les écrans radar d’une presse maghrébine ayant sûrement mieux à commenter que de ressasser les mêmes antiennes.

    Après, à quoi bon refaire l’Histoire ? Au-delà des deux rives de notre Mare Nostrum, commune depuis Homère et Ulysse, tout un chacun a été à peu près colonisé par tout le monde. Avec des bonheurs divers, certes. En Algérie, les Français ont laissé assez d’Arabes en vie pour se faire mettre dehors par d’autres nationalistes locaux. Idem en Andalousie, là où les Arabo-Musulmans, huit siècles durant, ont épargné assez d’Espagnols pour laisser la Reconquista se mettre en œuvre. On peut aussi décliner la question façon grecque : après quatre siècles de présence ottomane à Constantinople, que visitent les touristes, si ce n’est le Plaka, dernier quartier turc épargné par la furie nationaliste grecque ?

    Pourtant, de tout cet échange « colonial », parfois un brin rugueux, de belles choses demeurent, que ce soit à Séville ou Cordoue, Alger ou Tunis, Beyrouth ou Athènes. Allez là-bas en dehors des vacances, parlez aux gens, loin du tumulte, asseyez-vous avec les anciens, les vieux, dans ces campagnes où le touriste demeure encore chose inconnue. Oui, parlez avec eux, partagez thé, eau et sel – voire même vin sous la table – pour comprendre que nous participons aussi du même bloc civilisationnel et que l’islam, quoi qu’on puisse en dire, n’est jamais rien d’autre que magnifique hérésie chrétienne.

    D’un point de vue plus politique, Abdelaziz Bouteflika, en remettant sa tournée sur le comptoir de la repentance, commet donc une énième double faute. 

    La première consiste à considérer l’occupation française en Algérie comme une sorte de remake de son homologue allemande des années quarante dans la France du siècle dernier ; l’anachronisme historique étant la principale faute des historiens. Le verdict vaut pour ceux qui confondent souvent Reconquista espagnole avec débarquement de Normandie ; à ce propos, prière de relire le très salutaire Historiquement correct de Jean Sévillia.

    La seconde est encore plus grave, sachant qu’elle pousse ses coreligionnaires et compatriotes à sombrer dans la posture victimaire. Nos cousins arabes seraient donc trop nigauds et trop faibles pour avoir eux aussi été colonisateurs ; mais ces bandits ont tout de même réussi à aller jusqu’aux Vosges, avant d’en repartir, rigueurs climatiques aidant, probablement… Colonisés ils furent, colonisateurs ils l’ont également été : ainsi va la marche du monde.

    Pour en revenir à la diatribe d’Abdelaziz Bouteflika, le problème est que personne n’y croit plus. Généraux du FLN ? Tout juste des adjudants-chefs dans l’armée française, avec des femmes qui savaient coudre des galons… Une camarilla de fantoches vieillissants ne parvenant même plus à faire illusion. Et Dieu sait si, pourtant, l’Algérie aurait pu être une sorte de Californie méditerranéenne. Elle avait tout. Agriculture, gaz et hydrocarbures. Mais importe désormais fruits et légumes de ses deux voisins « pauvres », Maroc et Tunisie.

    Jadis, Napoléon III caressait l’ambition de fonder un royaume français d’Orient dont couronne ou turban auraient été confiés à l’émir Abdelkader. Cela ne se fit point. L’Histoire de France est jonchée d’occasions perdues.

    En attendant, les Algériens, peuple fier par excellence, se rêvent en boat-people. Quelle tristesse. 

    Journaliste, écrivain
    Boulevard Voltaire, 8.07
  • Hambourg, apparences et réalités

     

    Publié le 7.07.2017 - Réactualisé le 8.07.2017  

    En deux mots.jpgFaut-il accorder quelque importance au G20 qui s'ouvre aujourd'hui, pour deux jours, à Hambourg ?

    Sans-doute est-il pour les vingt chefs d'Etat qui s'y retrouvent, l'occasion d'échanger, de se jauger, et même de se toiser, de se mesurer. L'on servira aux peuples de moins en moins crédules, avec le concours des médias, la fable d'une sorte d'entente - ou même de gouvernance - mondiale, façon Attali. Gouvernance mondiale qui serait dans ces G20 en quelque sorte, préfigurée.  

    La réalité est tout autre. Elle est même l'inverse. 

    Comme les jeux olympiques restaurés à l'ère moderne devaient, suivant Pierre de Coubertin, signifier par le sport l'unité universelle et manifestèrent surtout la confrontation des nationalismes, le G20 en cours - et ceux à venir - consacrera en arrière fond, ce que l’on appelle le retour des nationalismes, en réalité leur permanence et de plus en plus ces temps-ci la montée de leurs affrontements. 

    La remise en cause du libre-échangisme par la première puissance économique du monde - via Donald Trump qui ne fait que l'officialiser avec éclat - est un fait majeur mais non pas nouveau. Leur retour au protectionnisme est désormais proclamé mais a toujours été pratiqué par les USA. Quant à la réaffirmation du dogme libre-échangiste par l'Allemagne et par la Chine, elle provient du simple fait que cette option idéologique constitue pour elles une aubaine considérablement lucrative. Le mondialisme de ces deux dragons est un nationalisme.  

    Economique, pour l'heure, mais pas seulement. 

    Le G20 sera aussi l'occasion pour les participants de mesurer l'intensité montante des affrontement géostratégiques. Ils se manifestent notamment en Europe de l'Est, où rien n'est réglé, au Proche-Orient, où règnent le chaos et la guerre, en Asie, où la compétition pour la puissance et l'hégémonie, prend de plus en plus la forme de la course aux armements. Les gesticulations de la Corée du Nord, indocile marionnette chinoise, les budgets militaires de Pékin, le réarmement du Japon avec la bénédiction de Washington, sont le signe de la dangerosité du monde actuel et du risque accru de conflagration de grande ampleur. 

    La littérature nous apprend - comme l’Histoire et parfois mieux -  que les dirigeants des puissances qui s’opposent aiment à se rencontrer avant que telle ou telle fatalité ou nécessité ne les conduisent à faire parler les armes. 

    Armes économiques, armes de guerre : le G20 de ce week-end, sera l'une de ces rencontres qui sous des dehors aimables et des protestations d'amitié, servent surtout à évaluer les rapports de force. 

  • Un cardinal ghanéen appelle à « fermer le robinet » de l’immigration africaine

     

    Par Charles Rouvier

    Nous sommes d'accord avec cette excellente tribune [Boulevard Voltaire, 6.07]. Simplement, nous croyons la France aujourd'hui trop affaiblie pour mettre en place une quelconque politique d'Etat d'aide à l'Afrique. Même à supposer son efficacité garantie. Nous ne pouvons pour l'instant que nous aider nous-mêmes à sortir de la crise où nous sommes plongés. Restent, en effet, les actions charitables dont l'Eglise a toujours montré la voie.   LFAR

     

    sans-titre rouvier.png« Fermer le robinet » de l’immigration. « Pas juste sécher mais fermer le robinet ». Ces mots auraient pu sortir de la bouche d’un député LR ou FN que certains médias se seraient empressés de classer consciencieusement au classeur F de « fasciste » dans le tiroir « xénophobe » de la rangée « nauséabonde ». Problème : ils ont été proférés par un Africain on ne peut plus noir : le cardinal ghanéen Peter Turkson.

    Cette déclaration est vraie dans son image : elle est parlante, simple, directe et surtout juste. L’immigration en Europe, depuis quarante ans, est effectivement un flot continu coulant de plus en plus fort d’un gros réservoir africain plein à craquer dans un lavabo européen fort joli, mais bien petit et surtout bouché. Et jusqu’ici, les pauvres politiques migratoires – minées, soit dit en passant, par les juridictions européennes et les menées d’ONG agissant au-dessus des lois – n’ont, de fait, été jusqu’à présent que du séchage avec une serviette éponge déjà imbibée.

    Elle est vraie, aussi, dans sa logique : le prélat sait que cette immigration de masse est l’arrêt de mort de l’Europe. Mais il sait aussi que cet arrêt de mort est recto-verso, qu’à son envers figure le nom de l’Afrique. Ces populations jeunes et dynamiques n’auront aucune motivation à faire fructifier la terre que Dieu leur a donnée tant que luiront à l’horizon les feux d’une Europe riche comme un puits, prospère, sûre, confortable… et dont il suffit littéralement de pousser la porte. Un puits qui risque fort de s’assécher à force d’être pompé par tous, laissant tout le monde dans la mouise. Ou dans la vase. 

    Elle est vraie, enfin, chrétiennement : c’est un cri de vérité, seule chose qui compte pour un chrétien, et d’autant plus pour un successeur des apôtres. Si domine malheureusement, en Occident – Rome comprise – un discours totalement irresponsable sur les questions migratoires, ici, chaque chose est remise à sa place : la charité commande d’aider les autres, mais aider les autres, ce n’est pas se suicider. Entre donner son sang et se tailler les veines, il y a une légère différence. Donner une moitié de son manteau de légionnaire, ce n’est pas se dessaisir entièrement de son armure, armes, casque et insignes d’un grade et d’un rang dont il ne vous appartient pas de disposer. 

    Le cardinal Turkson, après avoir dit ce que n’est pas la charité véritable, décrit concrètement à quoi elle ressemblerait : aider les Africains chez eux. La question n’est même pas celle d’une responsabilité des anciens pays colonisateurs (responsabilité n’étant pas culpabilité, rappelons-le) : il incombe simplement aux pays riches d’aider les populations moins bien loties. Et cela vaut quelles que soient les responsabilités respectives des Européens et des Africains dans le déséquilibre de leur condition. L’Église a montré la voie en érigeant partout en Afrique des écoles, universités, patronages, manufactures diverses là où les gouvernements laïcs ne se souciaient, en général (du moins dans un premier temps), que de mines, de bois et de chemins de fer.

    Seule cette forme de charité serait utile, c’est-à-dire propre à résorber les problèmes auquel fait face ce continent sinistré. Rien à voir avec le fait de se laisser tout bonnement envahir.

    Nous constatons, au fil du temps, à quel point éclot, en ces terres oubliées et blessées d’Afrique, une pensée mesurée, cohérente, solide et résistante à la décadence ; un contraste salutaire avec les ineffables « conférences des évêques » européennes, dont les silences coupables succèdent aux compromissions. Le cardinal Sarah en est le meilleur exemple ; ce n’est visiblement pas le seul. 

    Juriste
  • Atlantico : Pourquoi l'hypothèse d'une troisième guerre mondiale n'est plus un fantasme d'addict à la catastrophe

     

    A une semaine de la réunion du G20, les tensions entre les Etats-Unis et la Russie se multiplient. Dans le même temps, la situation géopolitique au Moyen-Orient est loin de s'apaiser.Atlantico s'en est entretenu avec le général Jean-Bernard Pinatel ... On prendra connaissance de cet entretien avec grand intérêt.  LFAR
     

    geneve_1_octobre_2015_img_1219_1.jpgA une semaine de la réunion du G20, les tensions entre les Etats-Unis et la Russie se multiplient. Mardi dernier un avion russe Tu-154 VIP  a été intercepté par des avions de l'OTAN au-dessus de la mer Baltique. Ce lundi c'est le sous-marin Yuri Dolgoruky qui a procédé à des tests de lancement de missile intercontinental. Du côté américain, la politique étrangère est régulièrement jugée imprévisible. Alors qu'une rencontre Trump-Poutine est envisagée en marge du G20, quel état des lieux peut-on faire de la situation actuelle ? 

    Quels sont les risques de voir les deux nations s'opposer directement ? 

    Les analystes sont aujourd’hui dans l’incertitude sur la politique étrangère de Trump. En effet, durant la campagne pour l’élection présidentielle Trump avait clairement indiqué qu’il souhaitait s’entendre avec Poutine car son ennemi principal était Daech. Depuis lors, il semble que le lobby militaro-industriel ait repris le contrôle sur Trump. En effet le gigantesque complexe militaro-industriel américain, dénoncé dans une adresse radio-télévisée à la nation américaine en avril 1953 par le Président Eisenhower comme une menace pour la démocratie, a besoin d’un état de tension dans le monde pour justifier aux yeux des citoyens américains les sommes fabuleuses annuelles de 600 milliards de dollars qu’ils payent chaque année avec leurs impôts. La preuve de cette reprise de contrôle sur Trump : il vient d’annoncer qu’il allait augmenter en 2017 le budget de la Défense de 9% soit 54 milliards de dollars, c’est-à-dire d’une somme équivalente au budget militaire de la France. Cette somme représente à elle seule les deux tiers du budget militaire annuel de la Fédération de Russie. Les provocations américaines via l’OTAN comme l’interception d’avions russes dans l’espace aérien international sont destinées au public américain qui ignore dans sa grande majorité les réalités internationales. Cela dit le concurrent potentiel des Etats-Unis en termes de leadership mondial n’est pas la Russie mais la Chine. En effet le budget militaire russe ne représente que 13% du budget américain et son PIB est au 12ème rang mondial derrière celui de la Corée du Sud. En revanche la Chine  avec le second PIB mondial possède un budget militaire en forte croissance qui représente déjà 42% du budget US (250 milliards de dollars). Cela dit,  la Russie a une force de dissuasion nucléaire qui interdit toute escalade aux extrêmes avec les Etats-Unis mais cela n’exclut pas des tensions et des confrontations locales là où les enjeux ne sont pas vitaux pour les deux puissances.

    Quels sont les liens à établir entre cette hausse des tensions et la situation géopolitique au Moyen-Orient ? Notamment avec l'échec des Etats-Unis sur le dossier syrien et les tensions entre le Qatar et l'Arabie Saoudite ? 

    Trump avait déclaré durant la campagne électorale "sans notre protection, l'Arabie saoudite ne survivrait pas une semaine". Les saoudiens ont compris le message et lors de la visite de Trump à Riyad les 20 et 21 mai derniers ils  ont ouvert largement leur bourse pour acheter leur sécurité. En effet, le ministre saoudien des Affaire étrangères, en clôture de la visite du président américain, a annoncé des contrats immédiats et à venir d’un montant de 380 milliards de dollars (340 milliards d’euros) dont 110 milliards de contrats militaires. Trump, le business man, contre des espèces sonnantes et trébuchantes, a clairement adopté la ligne traditionnelle des républicains : l’alliance avec les sunnites contre l’Iran chiite soutenu par la Russie. Ces deux derniers pays qui possèdent des intérêts communs en tant que riverains de la mer Caspienne détiennent avec le Qatar 50% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel. Par ailleurs l’Iran soutient l’Irak à dominante chiite et la Syrie où la Russie possède la base navale de Tartous. Il y existe une concurrence géopolitique d’influence traditionnelle entre la Russie et les anglo-saxons dans cette région du monde où la politique de retrait d’Irak et de réserve d’Obama sur le dossier Syrien a permis le retour en force de l’influence russe.

    Quels seraient les prochaines étapes envisageables dans l'optique d'une confrontation ? Quelles sont, pour les deux nations, les lignes rouges à ne pas franchir ? 

    La prochaine étape envisageable, mais le pire n’est jamais le plus sûr, est une désinformation identique à celle que Bush junior avait utilisée pour envahir l’Irak. C’est de dénoncer l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien. Notons que Trump a déjà commencé à utiliser ce prétexte puisque dans la nuit du 6 au 7 avril il a ordonné des frappes contre une base syrienne seulement deux jours après l’attaque chimique de la ville de Khan Cheikhoun qu’il a imputée, évidemment sans preuve (Il est impossible pour un service secret dans un délai aussi court d’avoir recueilli des preuves sur le terrain à moins d’être partie prenante de cette affaire), à l’armée syrienne. Or on sait qu’Al Nosra (Al Qaïda) a utilisé l’arme chimique fournie par Erdogan pour essayer entrainer les occidentaux à entrer en guerre contre Assad. Or il est évident qu’aujourd’hui Assad avec l’aide de la Russie a rétabli la situation militaire et n’a aucun intérêt à s’attirer la réprobation mondiale alors que plus aucun analyste sérieux ne pense qu’il puisse être exclu d’un règlement de la crise syrienne. Je veux rendre ici hommage au courage et à la clairvoyance de notre nouveau Président Emmanuel Macron car bravant les bonnes consciences bobo comme BHL, dont Hollande subissait l’influence, a déclaré à juste titre qu’il « ne voyait pas de successeur légitime à Assad », démontrant ainsi le pragmatisme qui  doit être la règle dans les relations internationale pour défendre et promouvoir les intérêts de la France. Néanmoins sur le dossier syrien un coup de théâtre est toujours possible. Souhaitons qu’il soit positif et qu’il découle d’une rencontre Trump-Poutine le 8 ou le 9 juillet prochain.   

    Jean-Bernard Pinatel

    Général (2S) et dirigeant d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est un expert reconnu des questions géopolitiques et d'intelligence économique.

    Il est l'auteur de Carnet de Guerres et de crises, paru aux éditions Lavauzelle en 2014.

    Il anime aussi le blog : www.geopolitique-géostratégie.fr

  • Bernard Lugan : Algérie, une catastrophe annoncée

    La baie d'Alger
     
     
    Par Bernard Lugan

     

    3927016868.jpgLes perspectives apparaissent bien sombres pour l’Algérie : même si le prix du pétrole remontait, les maux profonds et structurels dont souffre le pays ne disparaîtraient pas pour autant.

    La crise que traverse aujourd’hui l’Algérie est plus grave que celle de 1986, quand l’effondrement du prix du pétrole avait failli emporter le pays. En trente ans, rien n’a été fait pour diversifier l’économie et la nomenklatura a continué à se servir. Mais alors qu’en 1986 les réserves pétrolières algériennes étaient encore immenses, aujourd’hui les nappes sont en voie d’épuisement ; quant au FRR (Fonds de régulation des recettes), la réserve ultime de l’État, comme il n’est plus alimenté par les recettes pétrolières, il sera prochainement épuisé. La politique d’assistanat d’État ne pourra alors plus être suivie et, dans ces conditions, comment calmer la fureur de la rue ? Or, si le pays explosait, la Méditerranée occidentale serait embrasée ainsi que tout le Maghreb et le Sahel. Sans parler des conséquences migratoires pour la France.

    Le réveil du jihadisme

    Durant la décennie noire 1991, l’Algérie fut le théâtre d’une sauvage et sanglante lutte armée. Depuis le début de l’année 2016, l’intensification des actions armées traduit une volonté des jihadistes d’opérer un retour en force en Algérie, cible privilégiée d’Aqmi en Afrique du Nord. Si la bombe sociale algérienne n’a pas encore explosé, c’est grâce à la manne pétrolière qui permet à l’État de subventionner pour 70 milliards de dollars par an la consommation des “classes défavorisées”. Les subventions (essence, électricité, logement, transports, produits alimentaires de base, etc.), totalisent ainsi entre 25 % et 30 % du PIB. À ces sommes, il convient d’ajouter 20 % du budget de l’État qui sont consacrés au clientélisme. Avec 6 % de toutes les dotations ministérielles, le budget du ministère des Anciens Combattants est ainsi supérieur à ceux de l’Agriculture (5 %) et de la Justice (2 %).

    Plus généralement, une partie de la population algérienne est en voie de clochardisation, ce qui constitue une bombe à retardement qui peut exploser à tout moment. Le chômage des jeunes atteint au minimum 35 % avec pour résultat l’émigration de la jeunesse et des diplômés. À ce jour, sans espoir dans leur pays, près de deux millions d’Algériens nés en Algérie ont ainsi émigré, dont une partie importante de cadres formés dans les universités durant les décennies soixante-dix et quatre-vingt. Sur ce total, en 2014, 1 460 000 s’étaient installés en France (Algeria-Watch, 21 septembre 2014) ; depuis, le mouvement a connu une amplification.

    La folle démographie

    Depuis 2000, parallèlement à la réislamisation de la société, nous assistons à la reprise de la natalité alors que, durant les deux décennies précédentes, un effort de contrôle des naissances avait été fait.

    Au mois de janvier 2017, l’Algérie comptait 41,2 millions d’habitants avec un taux d’accroissement annuel de 2,15 % et un excédent annuel de 858 000 habitants. Le chiffre des naissances vivantes (enfant nés vivants) illustre d’une manière éloquente cette évolution : en 2000 l’Algérie comptait 589 000 naissantes vivantes ; en 2012, elles étaient 978 000 et en 2015, 1 040 000. Comment nourrir ces bouches supplémentaires alors que l’Algérie consacre déjà le quart de ses recettes tirées des hydrocarbures à l’importation de produits alimentaires de base – dont elle était exportatrice avant 1962 ?

    Hydrocarbures en crise

    Le pétrole et le gaz assurent bon an mal an entre 95 et 97 % des exportations et environ 75 % des recettes budgétaires de l’Algérie, troisième producteur africain de pétrole. Or, la production de pétrole baisse et le pays n’aurait encore, selon certaines sources, que pour deux à trois décennies de réserves. Le 1er juin 2014, le Premier ministre algérien, M. Abdelmalek Sellal, déclara devant l’Assemblée populaire nationale (APN) : « D’ici 2030, l’Algérie ne sera plus en mesure d’exporter les hydrocarbures, sinon en petites quantités seulement. […] D’ici 2030, nos réserves couvriront nos besoins internes seulement. »

    Aux tensions sociales s’ajoutent les problèmes ethniques qui prennent de plus en plus d’ampleur dans la région du Mzab entre Mozabites et Arabes. Le pays est également fracturé entre idéologie arabiste et berbérisme. Les Kabyles n’ont ainsi pas renoncé à lutter contre l’arabisation forcée qu’ils subissent depuis 1962, certains allant même jusqu’à parler de politique d’effacement de l’identité berbère. L’Algérie est en pleine incertitude avec un président qui n’aurait plus que quelques instants de lucidité par jour. Plusieurs clans sont prêts à s’affronter pour s’emparer ou pour conserver le pouvoir. Parmi eux, quelle est encore la force de l’armée ? Quel rôle Saïd Bouteflika pourrait-il jouer dans un proche avenir ? Le clan présidentiel réussira-t-il à imposer un successeur garantissant sa survie ? La rue viendra-t-elle perturber la succession présidentielle ? Voilà autant de questions qui demeurent en suspens et qui conditionnent l’avenir à court et à moyen terme de l’Algérie.

    Les perspectives algériennes sont donc sombres car, même si le prix du pétrole remontait, les maux profonds et structurels dont souffre le pays ne disparaîtraient pas pour autant. Ils découlent de l’artificialité de l’Algérie, des mensonges de sa fausse histoire et de l’imposture de ses mythes fondateurs. Rien ne pourra donc être entrepris en Algérie sans une volonté de fonder la nation algérienne, ce qui passe par la prise en compte de ses réalités géographiques, ethniques et historiques. À défaut, ses composants se replieront sur la segmentarisation, ce qui ouvrirait une voie royale aux islamistes.