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Idées, débats... - Page 440

  • Société • Le téléphone qui rend imbécile

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Nous avons beaucoup aimé cette tribune publiée jeudi dernier dans le Journal de Montréal [21.09]. Elle nous rappelle ce que nous avons lu ou entendu sur ce sujet, venant de Fabrice Hadjadj, de Michel Onfray, de Régis Debray ou d'Alain Finkielkraut. Pointant les pédagogues qui rêvent d'intégrer à l'école « tous les écrans possible », sa conclusion est souveraine : c'est « comme s’ils voulaient accélérer le désastre.  »  LFAR

     

    501680460.5.jpgOn a beaucoup parlé, la semaine dernière, du iPhone X, le nouveau téléphone intelligent d’Apple, qui se vendra plus de 1000 $ et qui intégrera un système de reconnaissance faciale.

    Il faut dire qu’on parle toujours du « nouveau iPhone », dès qu’il est annoncé. C’est presque un rituel qu’Apple nous impose, à la manière d’une nouvelle église, qui sait garder et exciter ses fidèles.

    En temps et lieu, ils se rueront sur l’objet de leur désir comme si leur vie en dépendait. Et le système médiatique se soumet plus que docilement à tout cela. 

    iPhone

    Il y a comme un suspense Apple. De quelle manière la compagnie nous surprendra-t-elle ? Quelle sera la dernière innovation qui bouleversera nos vies ? 

    Certains justifieront cette mise en scène à cause de la place que le téléphone intelligent prend dans nos vies. Il est vrai que nos contemporains passent désormais une partie importante de leur vie à n’en jamais détourner le regard, comme s’ils étaient hypnotisés par lui.

    Dans la rue, ils regardent leur écran. Au restaurant, ils regardent leur écran. Au souper, à la maison et en famille, ils regardent leur écran. Même lorsqu’ils vont au musée, ils ne regardent plus les œuvres directement, ils les prennent en photo avec leur téléphone, comme si leurs yeux ne pouvaient plus se passer du filtre de l’écran.

    C’est à travers l’écran qu’ils abordent le monde et c’est vers lui qu’ils se réfugient systématiquement, dès qu’ils ont le moindre malaise.

    On peut croire qu’au fond de lui-même, le commun des mortels sent que ce monde est absurde. Qu’à se rendre absolument dépendant de son téléphone intelligent, on se soumet à un esclavage imbécile.

    De temps en temps, il se révolte, il n’en peut plus... et le ferme pour une heure. C’est presque une victoire. Il se délivre. Mieux, il se libère. C’est un peu comme s’il voulait s’arracher à une domination, mais très vite, il retourne vers son maître.

    À la campagne, dans la forêt, s’il constate qu’il n’a pas de réseau, il paniquera. Il se sent coupé du monde parce qu’on lui a fait croire qu’il avait accès à presque la totalité de l’univers avec sa machine.

    Personne ne s’imagine un instant que nous pourrions revenir dans le monde d’avant. Qui le souhaiterait vraiment, d’ailleurs ?

    Mais le vieux dilemme revient : ou nous dominons la technologie, ou elle nous domine.

    Résister

    Évidemment, ce n’est pas aussi simple. Mais il faut quand même se demander si, comme civilisation, nous entendons résister à ce nouveau conditionnement qui place Apple et compagnie à la tête de notre gouvernement mental.

    Théoriquement, l’école devrait résister à cette manie et apprendre aux jeunes générations l’existence d’un monde délivré de l’écran. Elle devrait cultiver l’amour immodéré du livre.

    Hélas, plusieurs pédagogues rêvent plutôt de la rallier à cet univers, en intégrant tous les écrans possibles dans leurs classes. Comme s’ils voulaient accélérer le désastre.    

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Charlie Hebdo contre la PMA

     

    par Gérard Leclerc

    Nous ne sommes toujours pas Charlie. Mais tout à fait d'accord, en l'occurrence, avec Gérard Leclerc.  LFAR

     

    2435494823.jpgÉmoi chez beaucoup de lecteurs de Charlie Hebdo, Caroline Fourest, son ancienne collaboratrice est contrariée.

    Il y a de quoi. L’éditorialiste de l’hebdomadaire anarchiste – comment l’appeler autrement ? - émet de sérieuses objections à l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes.

    L’attaque est même directe à l’encontre de Marlène Schiappa, qui a récemment rappelé qu’il s’agissait d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron et qu’elle serait suivie d’effet. Revendiquer la PMA au nom de la justice sociale, écrit Gérard Biard l’éditorialiste, est parfaitement absurde : « Sauf à considérer qu’il y a bien un “droit à l’enfant” - ou plutôt à produire un enfant – et que l’on veut absolument, quel qu’en soit le prix, promouvoir une société ou un gosse, c’est comme une Rolex, si on n’en a pas un à 40 ans, c’est qu’on a raté sa vie. Ne serait-il pas plus simple, et pour le coup plus juste, d’avoir enfin le courage politique de dire que ne pas avoir d’enfant(s) n’est pas une maladie bien grave ? »

    Non content de tenir ce discours ferme dans son éditorial, Charlie Hebdo publie également un long entretien avec le professeur Jacques Testart, pionnier de la PMA puisqu’il permit la naissance du premier bébé éprouvette en 1982, mais qui, depuis lors, n’a jamais cessé de dénoncer le danger d’un processus qui amène à la fabrication d’enfants objets : « Tout ça concourt à préparer une véritable révolution dans l’espèce, où l’on fabriquera, au sens industriel du terme, des bébés. »

    Et d’expliquer très clairement les conséquences de la privation d’un père. Beaucoup d’enfants nés d’une insémination artificielle « sont aujourd’hui sur le divan d’un psychanalyste et ils souffrent. Est-ce qu’on a le droit de fabriquer, délibérément, un enfant orphelin de ses racines génétiques ? » Et Jacques Testart de dénoncer le principe du droit à l’enfant, qui est, pour lui, monstrueux : « On a le droit a des objets et pas à tous d’ailleurs, mais on n’a pas le droit à une personne ! »  •

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 septembre 2017.

  • Pourquoi le CRAN ne demande-t-il pas de débaptiser les écoles, collèges, lycées et rues Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot ?

     

    Par Bernard Lugan

     

    1275257356.jpgLe journal Le Monde nous apprend que le CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) organisation ultra confidentielle mais percevant des subventions prélevées sur les impôts des Français, fait actuellement circuler une singulière pétition ayant pour cible le grand ministre que fut Colbert.

    Parmi les signataires de cette pétition, on relève les noms de Lilian Thuram (footballeur), Harry Roselmack (journaliste) et Rokhaya Diallo (journaliste-documentaliste). 

    Egalement celui d’une certaine Mireille Fanon-Mendès-France qui se présente comme « ancienne présidente du groupe d’experts de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine » (???). Ce titre ronflant fait d’elle, et en toute modestie, la porte-parole auto-proclamée de plus d’un milliard d’hommes et de femmes, ce qui n’est pas rien… Il pousse également à poser la question de savoir qui est l’actuel(le) président(e) de cet organisme et quels émoluments il (elle) perçoit du « machin » auquel la France, 5° contributeur à son budget ordinaire, verse annuellement 122,6 millions de dollars US prélevés, là encore, sur les impôts des Français.

    La pétition du CRAN demande rien de moins que de débaptiser les collèges et les lycées portant le nom de Jean-Baptiste Colbert et de déboulonner ses statues au motif qu’il « fonda la Compagnie des Indes occidentales, compagnie négrière de sinistre mémoire ».

    Mais pourquoi donc le CRAN s’en tient-il à Colbert ? Au nom du « vivre ensemble » et de l’antiracisme, n’est-il en effet pas nécessaire et plus urgent, de débaptiser les édifices publics portant les noms de Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot… pour commencer. La liste est en effet longue de ces personnalités constituant le panthéon de nos gloires républicaines et laïques, de ces figures montrées en exemple de la défense des droits de l’homme, de la tolérance, de la fraternité universelle et qui, en réalité, seraient d’horribles racistes-colonialistes dont les propos abjects font penser aux plus sombres heures de notre passé colonial-esclavagiste. Que l’on en juge :

    Victor Hugo, qui a donné son nom à 2555 rues et avenues de France, juste derrière Louis Pasteur, ce chantre de la liberté, n’hésita pas à afficher un détestable mépris à l’égard des Africains auxquels il alla jusqu‘à contester l’appartenance au genre humain :

    « L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie même a son histoire qui date de son commencement dans la mémoire humaine, l’Afrique n’a pas d’histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe.(…) Le Blanc a fait du Noir un homme (…) Emparez-vous de cette terre. Prenez-là. A qui ? à personne. »

    Concernant la conquête coloniale, cette forme moderne de l’esclavage selon le CRAN, Jean Jaurès dont 2215 voies, rues, boulevards ou avenues portent le nom considérait que :

    « La France a d’autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale que (…) la civilisation qu’elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l’état présent du régime marocain »

    Léon Blum et Edouard Herriot ne sont pas dans le « top 10 » des noms de rues et voies, ce qui est heureux, même si des centaines d’écoles, collèges, lycées, maisons de la culture, portent encore leurs noms. Leurs cas sont en effet encore plus graves que ceux de Victor Hugo et de Jean Jaurès. Celui de Léon Blum est même emblématique. Cet internationaliste aux mains pures, ce défenseur de Dreyfus, cet indéfectible soutien des « républicains » espagnols devenu éminente personnalité du Front populaire, compterait en effet, aux côtés d’Arthur de Gobineau, de Vachet de la Pouge et même du taxinomiste racial George Montandon, parmi les théoriciens (horresco referens !) de l’inégalité des races puisque, cause aggravante, ce fut devant les députés qu’il osa déclarer, l’hémicycle en frémit encore, que :

    « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture ».

    Toujours devant les députés, Edouard Herriot, cette icône de la fraternité laïque, ce chantre de la tolérance républicaine si chère aux Lyonnais, ce frère de tous les humains, ce croisé du suffrage universel, n’a, quant à lui, pas craint d’oser dire que :

    « Si nous donnions le droit de vote aux peuples de l’Empire, la France deviendrait la colonie de ses colonies ».

    Alors, oui, amplifions le grand mouvement de nettoyage de l’histoire de France lancé par le CRAN, qui n’en manque décidémment pas, et établissons au plus vite des listes de personnalités qui ne méritent plus d’être respectées. Au nom de l’antiracisme et de l’amour du genre humain, épurons ! Epurons ! Epurons ! Et que revienne le temps béni des Fouquier Tinville, Carrier ou Collot d’Herbois…  

    Blog officiel de Bernard Lugan

     

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  • Le dernier numéro de La Nouvelle Revue Universelle vient de paraître : été 2017

     

    Un numéro qui propose de nouveau un dossier exceptionnel ... Lecture recommandée ! 

    NRU - Copie (2).jpg

  • Un « maurrassien » d'Outre-Atlantique qui n'est pas le premier venu

    Charles Mauras, Stephen Miller 

     

    En deux mots.jpgConnaissez-vous Stephen Miller ?

    Il né à Santa Monica, en Californie, Etats-Unis, dans une famille juive aisée, le 23 août 1985. Il a 32 ans, a étudié à l'université de Duke, puis a exercé le très moderne métier de « communiquant » ; enfin il est nommé en 2017 « Haut conseiller politique du président des Etats-Unis ». 

    Tout New-York se demandait, paraît-il, hier, si ce serait lui qui écrirait le discours de Donald Trump à l'ONU. C’est ce que nous apprend MSN, et bien autre chose de plus important : « Les mauvaises langues rappellent que Miller a comme livre de chevet, parmi d’autres, l’œuvre de Charles Maurras. Inutile d'ajouter dès lors que cette inspiration contribuera à donner un discours très ethnocentré à l’ONU, sévère pour cette institution, accusée par Trump lui-même il y a quelques années d’être minable, d'abriter des gens qui y bavardent sans rien faire. » 

    Ainsi, Maurras n'est pas M le maudit pour tout le monde. Pas plus Outre-Atlantique qu’en vérité en France et ailleurs. Cette condition qui lui est faite est l’un des aspects de la réalité de sa destinée politique et littéraire. Elle est artificiellement maintenue par nos élites politiques, médiatiques et, en partie, intellectuelles. Et, quelques fois encore, par de vieux maurrassiens complexés. Elle est une réalité secondaire et nous aurions tort aussi bien de la nier que de la mettre en avant. Dans la réflexion politique contemporaine, en vérité, et même si tout est fait pour ne pas avouer la place qu’il tient, Maurras est bien plutôt, selon l’expression d’Olivier Dard, ce « contemporain capital » qu’il n’est ni inutile, ni ringard de lire. Bien des signes, bien des choses le montrent, que nous n’allons pas détailler ici. 

    Stephen Miller, par exemple, lit Maurras, y puise son « inspiration ». L’oeuvre de Maurras, nous dit-on, est sur la table de chevet de ce jeune-homme de 32 ans. Et figurez-vous qu’accessoirement, il écrit les discours du président des Etats-Unis. •

     Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Entretenir la flamme ? Avis contradictoires dans les commentaires ...

     

    1417414836 - Copie.jpgLe Lundi de Louis-Joseph Delanglade que nous avons publié hier - Entretenir la flamme - a suscité aussitôt des commentaires intéressants et, d'ailleurs, contradictoires. Nous avons retenu les deux premiers qui sont argumentés et opposés. On les lira avec intérêt.  LFAR

     

    Le commentaire de Pierre Builly

    Presque en rien d'accord avec cet édito : j'ai ressenti, pour ma part, une immense joie par cette désignation. Après les échecs enregistrés pour les Jeux de 1992, 2008 et 2012, Paris ne pouvait pas renoncer à organiser l'événement mondial sportif le plus important qui se puisse.

    Les avoir obtenus, dans le « deal » que le CIO a proposé avec Los Angeles, n'était pas anodin ni facile : il fallait surtout tenir bon sur 2024, ne laisser aucune échappatoire permettant de penser que notre Capitale pourrait se contenter de 2028. Cette fermeté têtue a payé et il faut en féliciter les promoteurs de cette candidature.

    Se poser la question du « rendement financier » de la désignation est puéril : bien sûr que les Jeux vont - dans une stricte démarche comptable - coûter plus qu'ils ne « rapporteront ». 

    Eh ! Ne croit-on pas que l'Opéra de Paris, les centaines de musées éparpillés çà et là sur le territoire et dont certains ne reçoivent que quelques centaines de visiteurs par an mais entretiennent gardiens et billetteries sont « rentables » ? Que le défilé du 14 juillet est rentable ?

    Outre que l'organisation matérielle des Jeux va transformer radicalement une banlieue pourrie - comme le stade de France, conçu pour la Coupe du monde de football de 1998 l'a fait pour l'autre partie de la Plaine Saint Denis - et laisser à la place de taudis un nouveau quartier, les infrastructures de transport seront accélérées et modernisées, une grande piscine sera construite, etc.

    Qu'on daube sur la dérive financière des performances des sportifs montre aussi en quel mépris on tient, dans nos milieux, le « geste »  sportif : pour moi, qui suis depuis toujours fana du spectacle sportif, la performance est bien plus émouvante et admirable que des trucs révérés par ceux qui préfèrent... je ne sais pas, moi, la peinture au kilomètre des Renoir ou des Monet. Revoir Renaud Lavillenie réussir son 3ème essai victorieux à 5,96 à Londres me fera toujours plus d'effet que l'accumulation des gribouillis de Picasso.

    Je conçois parfaitement qu'on puisse ne pas aimer l'émotion sportive, qu'on soit insensible à la haute cuisine, qu'une simple ritournelle populaire puisse laisser indifférent. 

    Je conçois aussi qu'on puisse trouver plaisir aux Offices de nuit de Solesmes, aux solennelles peintures de Poussin, aux tragédies tardives de Corneille : ce n'est pas mon cas et je n'y vibre pas : suis-je si méprisable ? C'est possible, mais je ne suis sûrement pas le seul en mon cas.

    Et donc vive les JO, vive les sportifs (surpayés ? dopés ? Et alors ? si vous croyez que les artistes contemporains ne sont ni l'un, ni l'autre, vous vous mettez gravement le doigt dans l'œil), vive les émotions que nous rencontrerons dans 3 ans à Tokyo, dans 7 ans à Paris !

    Le patriotisme « vvisible » s’est réfugié dans le sport et, à chacune de nos grandes victoires, beaucoup de gens ont eu beaucoup de bonheur à agiter des drapeaux tricolores et à chanter « La Marseillaise » : c'est bien dérisoire ? Possible... Mais c'est déjà ça... À nos gouvernements de profiter de ces moments de communion nationale pour diriger l'émotion populaire sur l'amour du pays.

    Et c'est cela la vraie objection, la vraie question : en 1998 le bonheur de la victoire aurait pu donner lieu à un chant d'amour à la France, toutes couleurs confondues, à un moment d'exaltation vraiment nationale ; au-dessus des différences visibles, il y avait « notre » victoire...

    Espérons...

     

    Le commentaire d'Antiquus

    J'approuve quant à moi l'édito de L.J. Delanglade, et je ne partage pas l'enthousiasme de Pierre Builly.

    En 1998 je n'ai nullement éprouvé ce moment de « communion nationale », et je dirai même que j'espérais bien que les croates eussent le dessus sur l'équipe black black beur. La comparaison avec l'opéra de Paris et les musées est fallacieuse car ces monuments sont durables alors que les JO ne sont qu'une flambée éphémère.

    A propos de flambée, tout va flamber à cette occasion : les prix, les loyers, les denrées, mais aussi la délinquance, le vandalisme, et la situation des parisiens français en sera encore dégradée. Et une fois les monceaux d'ordures nettoyés et les touristes partis, gorgés de mauvaise nourriture et peut-être nantis d'une chaude-pisse, il faudra payer l'addition et ce sont les impôts qui vont flamber à leur tour.

    Vraiment, je ne vois pas une seule bonne raison de me réjouir. Mais peut-être des événements imprévus empêcheront-ils cette bacchanale de se dérouler, et même s'ils charrient de mauvaises occurrences, d'un mal pourra jaillir un bien. En tout cas, comme Montaigne fuyant la peste de Bordeaux, je fuirai Paris pendant les jeux, si toutefois je suis encore en vie. 

    Entretenir la flamme

  • Livres • Élisabeth de Fontenay et Alain Finkielkraut, la victoire de la pensée

      

    Par  

    Une superbe recension du livre - à paraître - d'Alain Finkielkraut et Élisabeth de Fontenay, dont on parle déjà beaucoup. Vincent Trémolet de Villers évoque ici les débats des deux philosophes. Ils portent sur les grands sujets qui intéressent aujourd'hui la France, la Civilisation, leur existence même. [Figarovox, 11.09].  LFAR

     

    3085200083.jpgQuand ils se voient, les deux philosophes, amis depuis près de quarante ans, se querellent inévitablement. Pour leur ouvrage, En terrain miné, à paraître aux éditions Stock, ils ont choisi de s'écrire et seront les invités des rencontres du Figaro le 25 septembre, à la Salle Gaveau, à Paris.

    La politique menace tout ce qui n'est pas elle, même l'amitié. Vingt ans après, Athos et Aramis, Porthos et d'Artagnan défendent deux camps opposés ; sous l'œil d'Ettore Scola, Gianni, Nicola et Antonio ne parviennent même plus à s'entendre. Les héros de Nous nous sommes tant aimés voulaient changer le monde mais c'est le monde qui les a changés.

    Alain Finkielkraut et Élisabeth de Fontenay sont amis depuis près de quarante ans. Écrivains, professeurs, ils partagent, écrit la philosophe, « un mélange idiomatique d'appartenance juive et d'enchantement par le génie du christianisme, d'esprit laïc et républicain, mais aussi d'attachement douloureux et glorieux à la totalité de l'Histoire de France ». Autrefois, ils avaient les mêmes préjugés : « Canaille décomplexée, salaud et fier de l'être : tel m'apparaissait l'homme de droite », confie Finkielkraut. C'était il y a un demi-siècle. Depuis, l'eau a coulé sous le pont des Arts et si l'admiratrice de Derrida est restée sur la rive gauche, l'ami de Kundera a revêtu sous la coupole l'habit d'académicien. Pire encore, il n'a pas craint de frayer, en mauvaise compagnie, sur la rive droite. Quand ils se voient, inévitablement les deux amis se querellent. Pour cet ouvrage, ils ont choisi de s'écrire. La lettre (« ce vieil outil littéraire », dit Fontenay) permet la précision et la distance, le repentir et la nuance. Elle contraint la pensée à s'ordonner et donne, dans ce carcan, une très grande liberté. Sans grimace ni colère, les amis donc se disent tout. L'une reprochant à son ami une dérive « ultradroitière », des engagements « compromettants » (la pétition de Denis Tillinac «Touche pas à mon Église » dans Valeurs actuelles), une amitié coupable (celle qui le lie à Renaud Camus). L'autre tentant d'expliquer l'angoisse qui le tourmente : celle de la disparition d'un monde. Pas des principes, non, mais ce « certain arrangement des choses » (Saint-Exupéry) que le travail des siècles a établi et qu'on appelle la civilisation. 

    L'immigration, l'islam, l'école, le pape François, les études de genre… Les deux amis n'esquivent aucun sujet. Ils s'éloignent sur Rousseau, se rapprochent sur Israël mais ne parviennent pas à se rejoindre sur le cœur de leur controverse : «Ton destin fatal, Alain, il se nomme Renaud Camus.» Et c'est moins la personne qui compte à ses yeux que le symbole d'un pacte accepté avec des forces maléfiques : celle de la « droite réactionnaire ».

    Élisabeth de Fontenay est tenace, ne lâche rien, et le « mécontemporain » se dévoile lettre après lettre. Il répond, scrupuleusement, et dessine un saisissant autoportrait intellectuel. Ni pacte ni dérive, mais une obsession : « La réconciliation de la raison et de la finitude. » Aux lendemains qui chantent ont succédé les trésors d'hier, aux utopies grandioses, la mesure et la précaution, à la présomption inhéritière, la probité du débiteur, aux préoccupations mondaines, l'urgence de la transmission.

    « Je n'ai pas d'opinions, avoue Finkielkraut, je suis affecté par les événements du monde et mes idées, quand il m'en vient, naissent sous l'effet d'un choc, d'une inquiétude ou d'un chagrin.» Quel choc ? Quelle inquiétude ? Quel chagrin ? « La France est devenue pour moi une patrie charnelle, depuis que sa disparition est entrée dans l'ordre du possible

    Cet attachement qui mêle les vers de Racine aux vaches de Normandie, l'église de Saint-Armand-de-Coly et la montagne Sainte-Victoire l'étreint. La disparition ou l'enlaidissement des formes extérieures - images, paysages, langue - l'accablent parce qu'elles conspirent contre le dernier sanctuaire, la vie intérieure.« Naguère encore, écrit Finkielkraut, nous lisions les classiques, parce que nous avions le sentiment qu'ils nous lisaient

    Noble inquiétude

    Qu'Élisabeth de Fontenay soit remerciée ! En le poussant, d'une plume élégante et incisive, dans ses retranchements, en lui faisant subir « mille morts » pour qu'il s'explique, la philosophe a élevé son contradicteur à une altitude renversante. Ses détracteurs le disent scellé dans ses certitudes : il montre un esprit en perpétuel mouvement. Ils le peignent volontiers en « Monsieur Jadis » quand il ouvre courageusement les yeux sur les malheurs à venir. On le croque installé sur son Aventin quand à l'inverse il descend dans l'arène et ne se dérobe jamais : « Une fois qu'à force de tâtonnements, de ratures et d'insomnies, cet objectif me paraît atteint, je l'expose et je m'expose sans compromis ni calcul. » C'est ce souci constant d'honnêteté accompagné d'un soin amoureux de la langue française qui donnent à chacune de ses lettres une telle intensité. Cette noble inquiétude explique aussi l'aura unique que le philosophe conserve sur les jeunes générations. Pour elles, s'il n'est pas un maître à penser, il est sans aucun doute un maître à réfléchir.

    « Le fou, disait Chesterton, c'est celui qui a tout perdu sauf la raison. » Finkielkraut n'a rien perdu et c'est tout l'être qui pense. L'esprit et la chair : « Accorde à ton serviteur, dit le psalmiste, un cœur intelligent. »  

    Élisabeth de Fontenay et Alain Finkielkraut seront les invités des rencontres du «Figaro», le 25 septembre, Salle Gaveau. Réservations: 01 70 37 31 70. www.lefigaro.fr/rencontres

    Vincent Tremolet de Villers

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox 

  • Civilisations • Corée du Nord : Dédié à ceux qui croient à l'unification du monde ...

     

    Une curiosité. A voir. ... Sans plus. Non, les peuples ne sortent pas encore du même moule ...

    Cliquez sur l'image 

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  • Société • L'idée de l'unification du monde, un lieu commun

    Le pape Pie XII

    Par Jean de Maistre  

    Cet excellent commentaire - du 15 septembre - reprend et corrobore notre article également publié hier : « Un duo dynamique ? ». Plusieurs autres très intéressants commentaires ont d'ailleurs suivi celui-ci. Notre article traitait de l'idée d'unification du monde ... Le cas échéant, on pourra s'y reporter [Lien ci-dessous]. Merci à Jean de Maistre !  LFAR

     

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    Cette idée d'unification du monde par le développement des échanges et des communications est un lieu-commun qui traîne depuis le XIX° siècle lorsqu'on annonçait avec enthousiasme que le développement du chemin de fer allait rapprocher les peuples et rendre les guerres impossibles.

    On trouve chez les libéraux de ce même siècle l'idée selon laquelle le développement des échanges commerciaux allait rendre les nations de plus en plus interdépendantes et donc rendre les guerres inutiles. Le siècle suivant a montré ce qu'il fallait penser de ce genre de prédiction.

    georges-bernanos.jpgQuant à l'homogénéisation des peuples et des cultures on voit ce qu'il faut en penser en regardant les crispations identitaires du monde musulman et la fierté retrouvée de grandes nations comme la Chine ou la Russie. Il n'y a qu'en France, pays pétri de repentance permanente, de haine de soi et de mauvaise conscience que l'on peut croire que le monde va enfin se fondre dans le brouet tiède d'une civilisation mondiale vouée à la production, à la consommation et au divertissement. Ce que l'optimiste béat de ces prophètes de l'unification du monde révèle, c'est l'aspiration à se débarrasser du tragique de l'histoire pour voir l'avènement d'une humanité réduite à une espèce animale heureuse et vautrée dans le bien-être et divertie par ses objets techniques.

    Il faudrait relire les magnifiques pages de Georges Bernanos dans « La France contre les robots » pour comprendre quelle catastrophe ce serait.  

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Un duo dynamique ?

  • Livres • Mécanique du chaos

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgFaute de temps, je ne lis que fort peu de romans contemporains. Pourtant je ne puis échapper à celui que mon ami Daniel Rondeau publie en cette rentrée littéraire. Jy suis d’autant plus enclin que Mécaniques du chaos (Grasset) nous renvoie de la façon la plus précise à notre actualité la plus brûlante. En ce sens, ce n’est pas du tout un livre d’évasion, même s’il sollicite toute notre imagination. Mais celle-ci s’emploie à donner chair, et même visage à ce que nous considérons habituellement comme des abstractions, en dépit du caractère très concret des migrations, des noyades en Méditerranée, du terrorisme de Daesh, des quartiers perdus de la République ou encore des enfants perdus du djihadisme.

    Daniel Rondeau nous invite à visiter notre propre quotidien, avec des yeux nouveaux. Nous devenons partie prenante de notre propre histoire, la fiction se substituant à l’expertise. Une fiction qui se nourrit toutefois de l’expérience accumulée de l’écrivain. Ce n’est pas pour rien que Nicolas Sarkozy l’avait envoyé comme ambassadeur de France à Malte. Il y a beaucoup appris et il y a surtout compris ce qui se tramait entre l’Afrique et la France, dans un enchaînement infernal qui semble échapper à la maîtrise des politiques.

    arton21290-283f6.jpgLe titre est significatif : Mécaniques du chaos. Le chaos serait donc irréversible ? Pourtant, il n’y a dans ce roman que des acteurs bien individualisés qui tous poursuivent leur existence singulière, sans jamais se confondre dans l’anonymat des processus aveugles. Les processus n’en sont pas moins patents. Ce sont eux qui nous entraînent à ce chaos qui nous dépasse : « Je me demande de plus en plus souvent si nous ne sommes pas en train d’assister à la fin d’un cycle en Occident et ailleurs, et à la disparition progressive mais inéluctable de cette vie chrétienne qui dure depuis deux mille ans. Nous ne serions plus alors que des boussoles sans aiguille ? Des aiguilles sans boussole ? Des pèlerins sans Christ sur des routes sans pèlerinages, sans loi ni destination ? »

    Ce pessimisme extrême est toutefois modéré dans le roman par les itinéraires de quelques-uns de ses héros qui échappent à la fatalité. Daniel Rondeau leur garde leur liberté intérieure et la chance de surpasser un destin inscrit dans la mécanique d’un chaos qu’il nous faut, en même temps, prendre terriblement au sérieux.  

    Gérard Leclerc

  • Religion & Société • Cachez cette croix que je ne saurais voir !

    Les croix des petites églises du paysage grec de Santorin ont disparu comme par enchantement

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Une tribune publiée jeudi dernier dans le Journal de Montréal [7.09]. Mathieu Bock-Côté, comme toujours, va au fond des choses lorsqu'il dénonce ici « une forme de barbarie ». L'auteur du voyage d'Athènes, le jeune Maurras, agnostique, n'eût rien écrit d'autre. Nous non plus. LFAR

     

    501680460.5.jpgL’histoire s’est passée de l’autre côté de l’Atlantique ces derniers jours, mais elle aurait bien pu arriver ici.

    Lidl est une compagnie allemande. Elle a notamment une gamme de produits alimentaires grecs. Elle a décidé d’illustrer son emballage avec une photo presque légendaire d’un paysage grec à Santorin, où on aperçoit de petites églises dans un décor paradisiaque.

    Mais la compagnie a enlevé les petites croix de la coupole des églises. Quelqu’un l’a remarqué et la nouvelle a percé l’écran médiatique. 

    Hypocrisie

    Depuis quelques jours, on en parle beaucoup. Bien des Européens crient à la censure de l’histoire et se demandent de quel droit on peut ainsi amputer une église de ce qu’elle a de plus caractéristique. 

    Cachez cette croix que je ne saurais voir !

    Obligée de s’expliquer, la compagnie s’est réfugiée derrière l’argument du respect de toutes les croyances.

    Pourquoi retirer la croix ? Parce que la compagnie voulait éviter d’exclure toute croyance religieuse. Et aussi parce qu’elle affiche son adhésion à la sacro-sainte « diversité ».

    En embrassant un symbole chrétien, ne risquerait-elle pas d’offusquer ceux qui ne se reconnaissent pas en lui ?

    Il fallait donc neutraliser la marque. On y verra certainement un comportement de trouillard. Imaginons néanmoins que tel soit vraiment son souci. Imaginons vraiment que la compagnie veut un environnement culturellement neutre.

    Mais alors, pourquoi prendre pour sa publicité un paysage qui est indissociable de sa dimension chrétienne ?

    N’y a-t-il pas là une immense hypocrisie ? On veut bien récolter la beauté d’un paysage façonné par une civilisation et sa religion, mais au dernier moment, on demande à cette dernière de s’effacer, parce qu’elle nous embête quand même.

    On veut du monde chrétien à condition que ce dernier consente discrètement à se sacrifier ?

    En un sens, on veut gommer la signature de l’œuvre, on veut effacer son identité, on veut arracher ses racines.

    Comment ne pas voir dans ce coup de gomme à effacer une forme de barbarie inconsciente d’elle-même ? Comment ne pas y voir un réflexe destructeur ?

    Histoire

    Est-ce vraiment la société qu’on souhaite : celle où la simple présence du crucifix fait scandale, même lorsqu’il se trouve à son endroit le plus naturel ?

    Tout cela n’a rien d’un fait divers. C’est plutôt un fait révélateur ou si on préfère, un symptôme.

    Notre civilisation a tendance à vouloir s’excuser d’exister. Et elle cherche à effacer presque frénétiquement tout ce qui rappelle son passé chrétien, comme s’il tachait l’image que nous voulons projeter aujourd’hui.

    Il y a pourtant là une effrayante ingratitude. Comment, dans les temps tumultueux qui sont les nôtres, une civilisation pourrait-elle survivre si elle croit offusquer l’humanité en assumant sa tradition, sa mémoire et ses marques distinctives ?

    On peut avoir la foi ou non, mais ici, ce n’est pas du tout la question. On ne saurait tout simplement réduire les monuments historiques à de simples décors de cartes postales aseptisées. C’est une question de décence.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Histoire & Actualité • Valérie Boyer : « Notre histoire s’est construite autour des Rois et des Églises »

     

    Mardi dernier, 5 septembre, Valérie Boyer, députée de la 1ère circonscription des Bouches du Rhône, a publié sur Facebook un post intéressant. Dans ce post, et contrairement à un vieux précepte républicain affirmant que la France s’est construite sur un socle culturel né de « la glorieuse Révolution Française  » et sur un principe sacré : la laïcité, la députée étiquetée « Républicains », rappelle que  » Notre histoire s’est construite autour des Rois et des Églises. » 

    L’intégralité de ce post

    Valérie Boyer

    Carrefour fait le choix de supprimer les croix chrétiennes de ses emballages mais appose le croissant musulman sur ses produits halal. Notre Nation repose sur un socle culturel avec des traditions et des influences. Parmi ces influences n'oublions pas que christianisme a profondément marqué les sociétés européennes contemporaines et leurs Constitutions aux côtés de la philosophie grecque, le droit romain, la Renaissance ou le siècle des Lumières.

    Le christianisme nous a permis d'envisager l'homme comme un individu à part entière. La protection de la dignité humaine repose sur des valeurs chrétiennes.

    La France est une république laïque d'influence et de valeurs chrétiennes.

    Notre histoire s'est construite autour des Rois et des Églises.

    Jusqu'où va aller le renoncement, le déni de nos racines et de notre histoire ?  

    Source La Couronne

  • Livres • A lire ... De Georges Gugliotta, « L'armée de Monsieur Thiers 1871-1873 »

      

    Ce livre est le fruit de deux années de recherches dans des cartons d'archives jamais ouverts du service historique de l'armée. On pourra débattre de tel ou tel point mais non de l'intérêt historique de cet ouvrage. LFAR

    En avril 1871, une armée est réunie à Versailles par Adolphe Thiers, qui exerce les fonctions de chef du pouvoir exécutif. Cette armée est placée sous les ordres du maréchal de Mac Mahon, qui commandait les troupes françaises au début de la bataille de Sedan. Elle est constituée d’éléments des unités de la Défense nationale et d’anciens prisonniers de guerre revenus de captivité. L’armée de Versailles,  destinée à faire le siège de Paris insurgé, entrera dans l’histoire pour avoir écrasé dans le sang la Commune et pour avoir été l’embryon de l’armée de la République, qui sera celle de la Revanche. En effet, après le terrible épisode de la Commune, Thiers refonde en quelques mois un outil militaire, qui constitue en fait le chaînon fondateur d’une organisation qui perdurera jusqu’en 1940. De 120.000 hommes en 1871, l’armée de « Monsieur Thiers », qui renoue avec la conscription, passe deux ans plus tard à 500.000 hommes, sans que ces effectifs soient connus des Allemands, qui occupent encore une partie du territoire. Lorsque Thiers qui a fait le choix de la République quitte le pouvoir en mai 1873, il laisse une armée attachée au régime républicain par un lien nouveau. Avec une Assemblée et un corps des officiers majoritairement monarchistes, ce ne fut pas le moindre de ses mérites dont le plus éclatant fut celui d’être le libérateur du territoire.  • 

    GEORGES GUGLIOTTA est né à Marseille en 1948. Ancien élève du lycée Thiers, des facultés d’Aix-en-Provence et de Montpellier et ancien auditeur de l’IHEDN, il est docteur en histoire et docteur d’État de l’université Paul-Valéry, Montpellier III.

  • La rentrée des classes

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgComme, je pense, une grande partie de nos auditeurs, j’ai participé hier à la rentrée des classes. En tant que grand-père de quatre petits enfants en âge scolaire, la benjamine rentrant au CP, ce qui représente toujours une sorte d’étape initiatique.

    Tout s’est bien passé, et il n’y avait pas de raison pour que ça se passe mal. Les relations avec la direction et les enseignants des établissements sont souvent cordiales, et les enfants sont sortis contents de leur première journée. J’avouerai à ce propos une certaine schizophrénie personnelle. Lorsque je vais aux portes des écoles, comme père ou grand-père, j’ai tendance à oublier tout ce qui pourrait être objet de querelle. Je me vois mal débattre avec Mme la directrice, par exemple, des déviations d’un certain pédagogisme. Et pourtant, les débats à son propos me passionnent lorsque je les suis dans les colonnes des journaux. Mais sur le terrain, foin d’affrontement théorique.

    Est-ce à dire que l’affrontement théorique n’a pas lieu d’être, qu’il est réservé à des intellectuels hors-sol, discutant entre eux de l’équivalent du sexe des anges ? Je ne le crois pas du tout. D’ailleurs il m’est arrivé, dans un autre cadre, de me retrouver en situation d’affrontement un peu pénible avec des responsables d’établissement à propos du caractère vital de l’enseignement de la culture générale. Je constatais, avec une certaine consternation, qu’ils avaient baissé les bras, en consentant à l’idéologie de Pierre Bourdieu, celle qui prétend qu’un certain savoir ou une certaine culture privilégient les héritiers, ceux des familles fortunées, bien installées. Là, le désaccord était patent.

    Il n’est donc pas de nature purement théorique. D’ailleurs, il est réapparu ces dernières semaines avec la politique menée par le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Jacques Julliard a pu rédiger à son propos une page, excellente comme d’habitude, de son carnet du Figaro. Il y a bel et bien deux projets scolaires incompatibles entre eux. Le premier s’inscrit dans la ligne de Jules Ferry. Il consiste à permettre à chacun « d’aller le plus loin possible dans l’acquisition des connaissances et des diplômes correspondants ». Le second se réclame du patronage de Bourdieu déjà nommé. Il entend supprimer les inégalités sociales et donc briser dans l’œuf le modèle inégalitaire dont proviendraient tous nos maux. Le problème c’est que ce second projet est chimérique et aboutit à des impasses que Jean-Michel Blanquer entend supprimer. Donc, le sujet demeure brûlant !  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 septembre 2017.

  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [4]

     

    Publié le 3.07.2009 - Actualisé le 3.09.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgNous allons donc conclure - provisoirement - notre série de réflexions [Cf. liens en fin d'article] sur quelques points d'Histoire importants des rapports Islam-Europe. 

    Nous le ferons en donnant la parole à Chateaubriand. Citer ce grand auteur ne revient pas à occulter ou à abandonner la critique de fond que l'école d'Action Française a développée à son égard - notamment par Charles Maurras, dans Trois idées politiques, Jacques Bainville, dans son Histoire de France, ou Pierre Boutang, dans son Maurras.  Il se trouve cependant que le texte de Chateaubriand repris ici est superbe et semble écrit aujourd'hui, à d'infimes détails près, ce qui montre bien que les problématiques actuelles ne sont pas nouvelles, et que les problèmes que nous avons aujourd'hui avec l'Islam datent de fort longtemps.

    Nous avons rappelé précédemment les deux agressions militaires de l'Islam contre l'Europe : la première à partir de 711 par l'Espagne, et la seconde à partir de 1353 par la Grèce.

    Entre ces deux assauts s'intercale ce que l'on peut considérer comme une contre-attaque des Européens. C'est du moins ainsi que le voit Chateaubriand. Il s'agit, bien-sûr des Croisades.

    Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, Chateaubriand propose cette défense des Croisades (La Pléiade, Œuvres romanesques, tome II, pages 1052 à 1054). 

     

    portrait_francois_rene_1768_1__hi.jpg« ... Les écrivains du XVIIIème siècle se sont plu à représenter les Croisades sous un jour odieux. J'ai réclamé un des premiers contre cette ignorance ou cette injustice. Les Croisades ne furent des folies, comme on affectait de les appeler, ni dans leur principe, ni dans leur résultat. Les Chrétiens n'étaient point les agresseurs. Si les sujets d'Omar, partis de Jérusalem, après avoir fait le tour de l'Afrique, fondirent sur la Sicile, sur l'Espagne, sur la France même, où Charles Martel les extermina, pourquoi des sujets de Philippe Ier, sortis de la France, n'auraient-ils pas faits le tour de l'Asie pour se venger des descendants d'Omar jusque dans Jérusalem ?

    C'est un grand spectacle sans doute que ces deux armées de l'Europe et de l'Asie, marchant en sens contraire autour de la Méditerranée, et venant, chacune sous la bannière de sa religion, attaquer Mahomet et Jésus-Christ au milieu de leurs adorateurs. 

    N'apercevoir dans les Croisades que des pèlerins armés qui courent délivrer un tombeau en Palestine, c'est montrer une vue très bornée en histoire. Il s'agissait, non seulement de la délivrance de ce Tombeau sacré, mais encore de savoir qui devait l'emporter sur la terre, ou d'un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l'ignorance, au despotisme, à l'esclavage, ou d'un culte qui a fait revivre chez les modernes le génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?

    Il suffit de lire le discours du pape Urbain II au concile de Clermont, pour se convaincre que les chefs de ces entreprises guerrières n'avaient pas les petites idées qu'on leur suppose, et qu'ils pensaient à sauver le monde d'une inondation de nouveaux Barbares.

    L'esprit du Mahométisme est la persécution et la conquête ; l'Evangile au contraire ne prêche que la tolérance et la paix. Aussi les chrétiens supportèrent-ils pendant sept cent soixante-quatre ans tous les maux que le fanatisme des Sarrasins leur voulut faire souffrir ; ils tâchèrent seulement d'intéresser en leur faveur Charlemagne ; mais ni les Espagne soumises, ni la Grèce et les deux Sicile ravagées, ni l'Afrique entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes. Si enfin les cris de tant de victimes égorgées en Orient, si les progrès des Barbares déjà aux portes de Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense, qui oserait dire que la cause des Guerres Sacrées fut injuste ? Où en serions-nous, si nos pères n'eussent repoussé la force par la force ? Que l'on contemple la Grèce, et l'on verra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans.

    Ceux qui s'applaudissent tant aujourd'hui du progrès des Lumières, auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d'Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes, et de mépriser souverainement les lettres et les arts ?

    Les Croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes aux portes mêmes de l'Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. Elles ont fait plus : elles nous ont sauvé de nos propres révolutions ; elles ont suspendu, par la paix de Dieu, nos guerres intestines ; elles ont ouvert une issue à cet excès de population qui, tôt ou tard, cause la ruine des Etats ; remarque que le Père Maimbourg a faite, et que M. de Bonald a développée.

    Quant aux autres résultats des Croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables aux progrès des lettres et de la civilisation. Robertson a parfaitement traité ce sujet dans son Histoire du Commerce des Anciens aux indes orientales. J'ajouterai qu'il ne faut pas, dans ces calculs, omettre la renommée que les armes européennes ont obtenue dans les expéditions d'outre-mer.

    Le temps de ces expéditions est le temps héroïque de notre histoire ; c'est celui qui a donné naissance à notre poésie épique. Tout ce qui répand du merveilleux sur une nation, ne doit point être méprisé par cette nation même. On voudrait en vain se le dissimuler, il y a quelque chose dans notre cœur qui nous fait aimer la gloire ; l'homme ne se compose pas absolument de calculs positifs pour son bien et pour son mal, ce serait trop le ravaler ; c'est en entretenant les Romains de l'éternité de leur ville, qu'on les a menés à la conquête du monde, et qu'on leur a fait laisser dans l'histoire un nom éternel ... »   

    Lire les 3 premiers articles de cette suite ...

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [1]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [2]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [3]