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  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Famille de France • Le Duc et la Duchesse de Vendôme, invités d’honneur des 900 ans de l’Abbaye de Josaphat

     

    Le vendredi 15 septembre, Leurs Altesses Royales, le duc et la duchesse de Vendôme, étaient à Lèves pour assister à l’inauguration officielle d’une plaque célébrant les 900 ans de l’abbaye de Josaphat.

    L’héritier de la Maison royale de France est venu à cette inauguration accompagné de Stéphane Bern et de Victor Provôt, le Maire de Thiron-Gardais. 

    À l’occasion de cette cérémonie, le prince a pu s’entretenir avec Monseigneur Pansard évêque de Chartres, les sénateurs Albéric de Montgolfier et Chantal Deseyne.

    Située en Eure-et-Loir, l’Abbaye de Josaphat est l’ancienne nécropole des évêques de Chartres, malheureusement détruite en partie lors de la Révolution Française.

    À l’occasion des 900 ans de l’abbaye Notre-Dame de Josaphat, la ville de Lèves, l’association des Amis de l’abbaye de Josaphat et la Fondation d’Aligre, mettent à l’honneur ce site patrimonial fondé en 1117 par l’évêque de Chartres, Geoffroy de Lèves, afin soutenir la préservation de ce patrimoine aujourd’hui en danger et afin de financer la restauration des vestiges de l’Abbaye de Josaphat et des éléments patrimoniaux de la Fondation d’Aligre.  

     

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    La Couronne

  • Société • Le téléphone qui rend imbécile

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Nous avons beaucoup aimé cette tribune publiée jeudi dernier dans le Journal de Montréal [21.09]. Elle nous rappelle ce que nous avons lu ou entendu sur ce sujet, venant de Fabrice Hadjadj, de Michel Onfray, de Régis Debray ou d'Alain Finkielkraut. Pointant les pédagogues qui rêvent d'intégrer à l'école « tous les écrans possible », sa conclusion est souveraine : c'est « comme s’ils voulaient accélérer le désastre.  »  LFAR

     

    501680460.5.jpgOn a beaucoup parlé, la semaine dernière, du iPhone X, le nouveau téléphone intelligent d’Apple, qui se vendra plus de 1000 $ et qui intégrera un système de reconnaissance faciale.

    Il faut dire qu’on parle toujours du « nouveau iPhone », dès qu’il est annoncé. C’est presque un rituel qu’Apple nous impose, à la manière d’une nouvelle église, qui sait garder et exciter ses fidèles.

    En temps et lieu, ils se rueront sur l’objet de leur désir comme si leur vie en dépendait. Et le système médiatique se soumet plus que docilement à tout cela. 

    iPhone

    Il y a comme un suspense Apple. De quelle manière la compagnie nous surprendra-t-elle ? Quelle sera la dernière innovation qui bouleversera nos vies ? 

    Certains justifieront cette mise en scène à cause de la place que le téléphone intelligent prend dans nos vies. Il est vrai que nos contemporains passent désormais une partie importante de leur vie à n’en jamais détourner le regard, comme s’ils étaient hypnotisés par lui.

    Dans la rue, ils regardent leur écran. Au restaurant, ils regardent leur écran. Au souper, à la maison et en famille, ils regardent leur écran. Même lorsqu’ils vont au musée, ils ne regardent plus les œuvres directement, ils les prennent en photo avec leur téléphone, comme si leurs yeux ne pouvaient plus se passer du filtre de l’écran.

    C’est à travers l’écran qu’ils abordent le monde et c’est vers lui qu’ils se réfugient systématiquement, dès qu’ils ont le moindre malaise.

    On peut croire qu’au fond de lui-même, le commun des mortels sent que ce monde est absurde. Qu’à se rendre absolument dépendant de son téléphone intelligent, on se soumet à un esclavage imbécile.

    De temps en temps, il se révolte, il n’en peut plus... et le ferme pour une heure. C’est presque une victoire. Il se délivre. Mieux, il se libère. C’est un peu comme s’il voulait s’arracher à une domination, mais très vite, il retourne vers son maître.

    À la campagne, dans la forêt, s’il constate qu’il n’a pas de réseau, il paniquera. Il se sent coupé du monde parce qu’on lui a fait croire qu’il avait accès à presque la totalité de l’univers avec sa machine.

    Personne ne s’imagine un instant que nous pourrions revenir dans le monde d’avant. Qui le souhaiterait vraiment, d’ailleurs ?

    Mais le vieux dilemme revient : ou nous dominons la technologie, ou elle nous domine.

    Résister

    Évidemment, ce n’est pas aussi simple. Mais il faut quand même se demander si, comme civilisation, nous entendons résister à ce nouveau conditionnement qui place Apple et compagnie à la tête de notre gouvernement mental.

    Théoriquement, l’école devrait résister à cette manie et apprendre aux jeunes générations l’existence d’un monde délivré de l’écran. Elle devrait cultiver l’amour immodéré du livre.

    Hélas, plusieurs pédagogues rêvent plutôt de la rallier à cet univers, en intégrant tous les écrans possibles dans leurs classes. Comme s’ils voulaient accélérer le désastre.    

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Action Française • Provence : Inauguration d'un nouveau local et de la prochaine rentrée militante

     

    Le vendredi 15 septembre dernier, à La Bastide (Aix-en-Provence), les militants de l'Action française Provence se sont réunis afin de préparer ensemble l'année à venir.

    L'occasion d'inaugurer les lieux dans un moment de convivialité et de camaraderie.

    N'hésitez pas à aimer la page de La Bastide pour suivre son actualité !   

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    Action Française - Provence
  • Charlie Hebdo contre la PMA

     

    par Gérard Leclerc

    Nous ne sommes toujours pas Charlie. Mais tout à fait d'accord, en l'occurrence, avec Gérard Leclerc.  LFAR

     

    2435494823.jpgÉmoi chez beaucoup de lecteurs de Charlie Hebdo, Caroline Fourest, son ancienne collaboratrice est contrariée.

    Il y a de quoi. L’éditorialiste de l’hebdomadaire anarchiste – comment l’appeler autrement ? - émet de sérieuses objections à l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes.

    L’attaque est même directe à l’encontre de Marlène Schiappa, qui a récemment rappelé qu’il s’agissait d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron et qu’elle serait suivie d’effet. Revendiquer la PMA au nom de la justice sociale, écrit Gérard Biard l’éditorialiste, est parfaitement absurde : « Sauf à considérer qu’il y a bien un “droit à l’enfant” - ou plutôt à produire un enfant – et que l’on veut absolument, quel qu’en soit le prix, promouvoir une société ou un gosse, c’est comme une Rolex, si on n’en a pas un à 40 ans, c’est qu’on a raté sa vie. Ne serait-il pas plus simple, et pour le coup plus juste, d’avoir enfin le courage politique de dire que ne pas avoir d’enfant(s) n’est pas une maladie bien grave ? »

    Non content de tenir ce discours ferme dans son éditorial, Charlie Hebdo publie également un long entretien avec le professeur Jacques Testart, pionnier de la PMA puisqu’il permit la naissance du premier bébé éprouvette en 1982, mais qui, depuis lors, n’a jamais cessé de dénoncer le danger d’un processus qui amène à la fabrication d’enfants objets : « Tout ça concourt à préparer une véritable révolution dans l’espèce, où l’on fabriquera, au sens industriel du terme, des bébés. »

    Et d’expliquer très clairement les conséquences de la privation d’un père. Beaucoup d’enfants nés d’une insémination artificielle « sont aujourd’hui sur le divan d’un psychanalyste et ils souffrent. Est-ce qu’on a le droit de fabriquer, délibérément, un enfant orphelin de ses racines génétiques ? » Et Jacques Testart de dénoncer le principe du droit à l’enfant, qui est, pour lui, monstrueux : « On a le droit a des objets et pas à tous d’ailleurs, mais on n’a pas le droit à une personne ! »  •

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 septembre 2017.

  • Pourquoi le CRAN ne demande-t-il pas de débaptiser les écoles, collèges, lycées et rues Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot ?

     

    Par Bernard Lugan

     

    1275257356.jpgLe journal Le Monde nous apprend que le CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) organisation ultra confidentielle mais percevant des subventions prélevées sur les impôts des Français, fait actuellement circuler une singulière pétition ayant pour cible le grand ministre que fut Colbert.

    Parmi les signataires de cette pétition, on relève les noms de Lilian Thuram (footballeur), Harry Roselmack (journaliste) et Rokhaya Diallo (journaliste-documentaliste). 

    Egalement celui d’une certaine Mireille Fanon-Mendès-France qui se présente comme « ancienne présidente du groupe d’experts de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine » (???). Ce titre ronflant fait d’elle, et en toute modestie, la porte-parole auto-proclamée de plus d’un milliard d’hommes et de femmes, ce qui n’est pas rien… Il pousse également à poser la question de savoir qui est l’actuel(le) président(e) de cet organisme et quels émoluments il (elle) perçoit du « machin » auquel la France, 5° contributeur à son budget ordinaire, verse annuellement 122,6 millions de dollars US prélevés, là encore, sur les impôts des Français.

    La pétition du CRAN demande rien de moins que de débaptiser les collèges et les lycées portant le nom de Jean-Baptiste Colbert et de déboulonner ses statues au motif qu’il « fonda la Compagnie des Indes occidentales, compagnie négrière de sinistre mémoire ».

    Mais pourquoi donc le CRAN s’en tient-il à Colbert ? Au nom du « vivre ensemble » et de l’antiracisme, n’est-il en effet pas nécessaire et plus urgent, de débaptiser les édifices publics portant les noms de Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot… pour commencer. La liste est en effet longue de ces personnalités constituant le panthéon de nos gloires républicaines et laïques, de ces figures montrées en exemple de la défense des droits de l’homme, de la tolérance, de la fraternité universelle et qui, en réalité, seraient d’horribles racistes-colonialistes dont les propos abjects font penser aux plus sombres heures de notre passé colonial-esclavagiste. Que l’on en juge :

    Victor Hugo, qui a donné son nom à 2555 rues et avenues de France, juste derrière Louis Pasteur, ce chantre de la liberté, n’hésita pas à afficher un détestable mépris à l’égard des Africains auxquels il alla jusqu‘à contester l’appartenance au genre humain :

    « L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie même a son histoire qui date de son commencement dans la mémoire humaine, l’Afrique n’a pas d’histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe.(…) Le Blanc a fait du Noir un homme (…) Emparez-vous de cette terre. Prenez-là. A qui ? à personne. »

    Concernant la conquête coloniale, cette forme moderne de l’esclavage selon le CRAN, Jean Jaurès dont 2215 voies, rues, boulevards ou avenues portent le nom considérait que :

    « La France a d’autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale que (…) la civilisation qu’elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l’état présent du régime marocain »

    Léon Blum et Edouard Herriot ne sont pas dans le « top 10 » des noms de rues et voies, ce qui est heureux, même si des centaines d’écoles, collèges, lycées, maisons de la culture, portent encore leurs noms. Leurs cas sont en effet encore plus graves que ceux de Victor Hugo et de Jean Jaurès. Celui de Léon Blum est même emblématique. Cet internationaliste aux mains pures, ce défenseur de Dreyfus, cet indéfectible soutien des « républicains » espagnols devenu éminente personnalité du Front populaire, compterait en effet, aux côtés d’Arthur de Gobineau, de Vachet de la Pouge et même du taxinomiste racial George Montandon, parmi les théoriciens (horresco referens !) de l’inégalité des races puisque, cause aggravante, ce fut devant les députés qu’il osa déclarer, l’hémicycle en frémit encore, que :

    « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture ».

    Toujours devant les députés, Edouard Herriot, cette icône de la fraternité laïque, ce chantre de la tolérance républicaine si chère aux Lyonnais, ce frère de tous les humains, ce croisé du suffrage universel, n’a, quant à lui, pas craint d’oser dire que :

    « Si nous donnions le droit de vote aux peuples de l’Empire, la France deviendrait la colonie de ses colonies ».

    Alors, oui, amplifions le grand mouvement de nettoyage de l’histoire de France lancé par le CRAN, qui n’en manque décidémment pas, et établissons au plus vite des listes de personnalités qui ne méritent plus d’être respectées. Au nom de l’antiracisme et de l’amour du genre humain, épurons ! Epurons ! Epurons ! Et que revienne le temps béni des Fouquier Tinville, Carrier ou Collot d’Herbois…  

    Blog officiel de Bernard Lugan

     

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Faudra-t-il raser Versailles ?

  • Notre bon-sens manque-t-il d'imagination ?

     

    En deux mots.jpgDans le journal de Jacques Bainville, au 7 mars 1933, nous tombons sur cette remarque apparemment banale mais qui est, pour nous, d'un grand sens : « L’un des points faibles du bon sens français, c’est de ne jamais croire qu’il puisse arriver des événements. Il y a là un manque d’imagination qui expose à de fâcheuses surprises. »

    Ainsi quand nous tentons de montrer que les conditions d'un conflit majeur, asiatique et pacifique, sont en train d’être réunies, nous savons bien que l'on n'y croira qu'à demi. Ce serait d'évidence, ce que Bainville appelle un événement. Mais, pour l'instant, les armées considérables en présence sont néanmoins dans leurs casernes ; on échange bien des menaces, mais ce ne sont que des paroles verbales, pour terriblement agressives qu'elles soient ; les sanctions ne sont pas la guerre, comme jadis on disait que la mobilisation n'est pas la guerre ; seuls quelques missiles nord-coréens ont été lancés et ils sont tombés dans les eaux du Pacifique. Pourquoi briserait-on le statu quo et lancerait-on la foudre et le feu ? Le bon sens des Français, nous dit Bainville, peine à imaginer que l'événement puisse se produire. A quoi, d'ailleurs, cela sert-il ? L'on n'envisage pas que l'engrenage des alliances pourrait nous entraîner dans l'œil du cyclone et que, dans ce cas, nous devrions déjà savoir et, éventuellement, faire savoir, que notre intérêt serait de nous y refuser obstinément ; que des modifications considérables des rapports de force géopolitiques résulteraient du conflit et qu'avantages et inconvénients s'en suivraient pour nous qu'il ne faudra pas négliger, par imprévoyance ou inconscience, de saisir ou d'éviter.

    Ainsi quand nous écrivons que l’épuisement, l’usure extrême, du système républicain, pourrait bien conduire un jour ou l’autre, peut-être moins lointain qu’on ne croit, à un événement institutionnel d’importance majeure, nous passerons pour de doux rêveurs. Le statu quo sera jugé immuable. Et si nous disons que, dans une situation de crise, un changement de régime ne serait pas impossible, nous nous heurterons au plus grand des scepticismes. Quant à penser qu’en une semblable occurrence l’on pourrait avoir recours à une solution monarchique, faire appel au Prince venu de notre Histoire, ce que Bainville nomme notre « manque d’imagination » sera à son comble.

    C’est pourtant ignorer tout ce qui s’est passé en France depuis 1789. Ou bien considérer, on ne sait trop pourquoi, que de semblables événements, changements, bouleversements rapides, ne peuvent plus se passer, aujourd’hui.  

    Il faut seulement en conclure que Bainville a raison de remarquer que le bon sens français manque d’imagination.  •

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

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    Les cent jours d'Emmanuel Macron

    Gare à la politique des sanctions ! Gare à l'engrenage des alliances !

  • Le dernier numéro de La Nouvelle Revue Universelle vient de paraître : été 2017

     

    Un numéro qui propose de nouveau un dossier exceptionnel ... Lecture recommandée ! 

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  • Pierre-André Taguieff : « Macron c'est de la com', encore de la com', toujours de la com' »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Ce long entretien d'Alexandre Devecchio avec Pierre-André Taguieff [Figarovox, 17.09] à l'occasion de la parution de son dernier livre, Macron : miracle ou mirage, est une réflexion de fond, en soi fort intéressante, sur le macronisme.  Nous pourrions en discuter tel ou tel point. Le lecteur découvrira lesquels. Nous sommes toutefois d'accord sur l'essentiel de ces analyses.  LFAR

     

    3743843301.jpgTrois mois seulement après son élection, alors même qu'il commence à peine à mettre en œuvre son programme, Emmanuel Macron est déjà confronté à une chute vertigineuse dans les sondages. Le nouveau président de la République peut-il être considéré comme un « mirage » pour reprendre le titre de votre livre ? 

    C'est le prix à payer pour avoir bénéficié d'une opération publicitaire réussie dans un contexte politique ultra-favorable, qui, aux yeux des plus naïfs, lui a donné la figure d'un envoyé de la Providence ou d'un ange descendu du ciel. Le prétendu miracle, l'avènement imprévisible d'un « sauveur » de la France, aura eu le statut d'une apparition furtive. Nous sommes passés en quelques mois d'un événement improbable, perçu sous le signe du merveilleux, à la prise de conscience qu'il s'agissait d'un simple mirage en train de se dissiper. Les principaux thèmes du mythe macroniste, le héros combattant les « forces du monde ancien » qui veulent « faire échouer la France », le sauveur qui allait stopper le déclin de la nation, ont perdu leur attractivité. Mais la fascination a été telle que la dissipation du mirage peut durer un certain temps. Les croyants et les énamourés tiennent à leurs illusions. Quant aux intéressés, à tous ceux qui vivent ou bénéficient du nouveau pouvoir, ils tiennent à ce que les autres ne perdent pas leurs illusions et mettent toute leur énergie à les entretenir. De la com' à la com' en passant par la com': c'est à cette petite histoire stationnaire que se réduit le moment « révolutionnaire » que Macron s'est efforcé d'incarner.

    Dans le grand entretien qu'il vient d'accorder au Point, Macron explique qu'il est absurde de prétendre le juger au bout de cent jours seulement … N'est-il pas trop tôt pour être conclusif ?

    Si les sondages lui étaient favorables, il dirait le contraire. Il s'agit d'un faux problème. Dans le roman de Balzac, Le Père Goriot (1835), Eugène de Rastignac voulait conquérir Paris : « À nous deux maintenant ! », s'écriait-il. Macron est plus ambitieux : c'est la France qu'il a voulu conquérir. Dans Révolution, revenant sur sa découverte passionnée de Paris, à l'âge de seize ans, il fait cet aveu : « J'étais porté par l'ambition dévorante des jeunes loups de Balzac. » Le stratège machiavélien d'âge mûr semble avoir réalisé les rêves de l'adolescent : accéder aux sommets, être « grand » et reconnu comme tel en France et surtout ailleurs.

    « Nous sommes en train de payer le prix de cette bêtise collective qui consiste à croire en la fin de l'Histoire », explique Macron au Point. Sur les questions régaliennes et sur le plan de la politique étrangère, Macron a tout de même surpris …

    Parole en l'air, car personne ne croit plus à la légende néo-hégélienne de la fin de l'Histoire, lancée par Francis Fukuyama en 1989. Depuis au moins le 11-Septembre, la légende s'est dissipée. Macron est mal informé sur la question : il en reste à ses souvenirs d'étudiant de la fin des années 1990. Macron s'adapte à chaque public en lui offrant ce qu'il attend, dans un contexte donné. C'est pourquoi il enfonce si souvent des portes ouvertes, et donne, « sans rien céder » (l'une de ses formules figées), dans les clichés ou les lieux communs, comme à la fin de son interview du Point : « Dans ce monde de changements profonds, la France a tout pour réussir, avec un objectif : être plus forte et réduire les inégalités.» Il y en a pour tout le monde, et à la portée de tous. Il lui fallait justement surprendre pour tenter de remonter la pente de son impopularité. Question, encore, de com'.

    Il faut frapper fort pour frapper les esprits, quitte à rester allusif : « Nous devons renouer avec l'héroïsme politique propre au monde républicain, retrouver le sens du récit historique. » Suit un appel lyrique aux « héros », à l'esprit conquérant contre « l'esprit de défaite ». Une bouffée de gaullisme pour faire oublier Hollande. On admire la capacité de métamorphose du héros réformiste. Tel un caméléon, il prend la couleur du lieu où il se trouve, épouse les valeurs de ses interlocuteurs, change de discours au gré des sondages. On l'a connu déguisé en aviateur, en boxeur, en footballeur, en tennisman, etc., on l'a même aperçu muni d'une raquette en fauteuil roulant, on le trouve dans les habits du visionnaire dissertant sur les affaires du monde et sur l'avenir des relations internationales. Il est vrai qu'on ne pouvait attendre d'un Sarkozy ou d'un Hollande des propos d'une telle hauteur de vue, s'inscrivant dans le noble projet d'inventer un « nouvel humanisme ». Encore qu'il ne faille pas oublier l'ambitieuse « politique de civilisation » évoquée par Sarkozy en 2008, ni la « Nouvelle société » colberto-centriste de Jacques Chaban-Delmas (1969). Le cimetière des idées mortes est plein de ces chimères réchauffées et de ces utopies avortées.

    Le président-héros est décidé à mettre fin à « trois décennies d'inefficacité » par la grande et profonde « transformation » qu'il annonce. Parmi les travaux herculéens en cours, la réforme du droit du travail joue le rôle d'une baguette magique. Une « révolution copernicienne », ose-t-il dire de sa « réforme globale ». Poudre aux yeux : il n'y a là qu'une modeste refonte destinée pour l'essentiel à accroître le pouvoir du chef d'entreprise. Bref: ni « casse », ni «transformation profonde». Un petit pas à droite (version néolibérale), dans lequel on ne saurait sans ridicule voir la preuve d'un quelconque « héroïsme politique ».

    La victoire de Macron a été analysée comme une recomposition du système politique. Vous émettez l'hypothèse que son élection serait à l'inverse le produit d'une décomposition, un symptôme plutôt qu'un remède. Cela expliquerait la rapidité de sa chute ?

    Dans mon livre, j'examine en effet les trois grandes hypothèses censées expliquer la victoire électorale de Macron. La première se réduit au récit d'un miracle historique, qui a toujours ses adeptes candides et enthousiastes. La deuxième est celle de l'action habilement menée d'un fin stratège qui a su exploiter à son profit l'état de décomposition du système politique français. Voilà qui donne à Macron la figure d'un produit du système, dont il connaît tous les rouages et les dysfonctionnements. En jouant le rôle d'un candidat anti-système crédible (au contraire de Mélenchon) tout en misant sur la respectabilité (qui manquait à Marine Le Pen), il s'est conféré un supplément d'attractivité. Un trublion anti-système qui séduit les retraités (qui vont regretter leur vote pro-Macron), un « révolutionnaire » qui n'effraie personne : un tel être hybride ne peut que plaire aux Français qui rêvent de révolution tout en exécrant le désordre et la violence.

    La troisième hypothèse est celle du mirage, de l'illusion que Macron incarne, et qui se dissipe peu à peu. La rhétorique du « renouvellement » et de la « recomposition » est de la poudre aux yeux. Comme la comique entreprise de « moralisation » de la vie politique, dernier avatar de l'utopie de la «transparence».

    Vous analysez la polémique avec le général de Villiers comme sa première faute. Pourquoi cette affaire a-t-elle cristallisé autant de défiance ?

    La légitimité était à l'évidence, pour la majorité des citoyens français, fixée sur le général de Villiers, symbole de ce qu'il y a d'éminemment respectable dans l'armée. Dans cette affaire, Macron s'est comporté et a été perçu comme incapable de rassembler les Français. Disons simplement que le masque « jupitérien » est tombé.

    Plutôt qu'à un renouvellement des élites, assiste-t-on à un rajeunissement des élites ?

    Rajeunir à tout prix n'est pas une politique. Le jeunisme affiché, ostentatoire, relève du politiquement correct et d'une forme de démagogie clientéliste. Tout comme le spectacle de la parité ou de la « diversité ». L'ennui, c'est que cette politique-spectacle ne tient pas compte de l'expérience ni de la compétence des personnes nommées. Après la démission contrainte de Sylvie Goulard, spécialiste des affaires européennes, Macron a nommé ministre des Armées une spécialiste des dossiers budgétaires, Florence Parly. À cet égard, le contraste avec le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, grand connaisseur du système d'enseignement en France, est maximal.

    Dans mon livre, j'analyse la redéfinition de la démocratie dans l'optique macronienne : le pouvoir des jeunes, par les jeunes, pour les jeunes, un pouvoir incarné par « le plus jeune président » d'un pays européen, et « optimiste » comme il convient à tout jeune de l'être. Il déclare vertueusement vouloir « redonner une place et un avenir à notre jeunesse ». Qui pourrait être contre ? Mais point de juvénophilie sans gérontophobie. Ce qui revient à opposer les générations entre elles : les jeunes en quête d'emploi contre les retraités, scandaleusement « aisés ». Macron divise et conflictualise ainsi, subrepticement, la société française, en opposant aussi ceux qui ont un « statut » (les « protégés ») et les autres (les « exclus »), ceux qui sont « pour l'ouverture » et les autres, ceux qui « regardent vers l'extérieur » et les héritiers supposés de « la France de Pétain », érigée en paradigme de la France « figée » et « crispée », alors même qu'elle regardait beaucoup du côté de l'Allemagne hitlérienne, qui construisait alors une Europe à sa botte. Le bon « extérieur » de Macron n'est autre qu'une globalisation qui s'accélère et une Europe toujours plus intégrée. Il ne voit l'avenir de la France que sous l'angle d'une adaptation croissante à la marche du monde, réduite à sa composante économico-financière. Le « progrès » selon Macron consiste à combattre ce qu'il appelle les « forces du monde ancien », non les forces du monde présent.

    Est-ce finalement le triomphe de la technocratie sur la politique » ?

    Le macronisme est une tentative de faire entrer la France dans la mondialisation techno-marchande, en dépolitisant les enjeux fondamentaux. Mais le chantre de la mobilité planétaire n'assume pas sa thèse fondamentale, et multiple les dénégations du type: « Le but, ce n'est pas de s'adapter à la mondialisation, c'est de réussir, d'être des leaders. » Le seul message macronien non ambigu est que « l'économie est notre destin », selon la célèbre formule de Walther Rathenau. Cet économicisme chasse le politique, qui se réduit à un décor, à un blabla démagogique empruntant ses clichés à n'importe quelle source idéologique.

    Macron risque-t-il d'être à son tour victime du « dégagisme » ?

    Le processus a déjà commencé. L'aveuglement et l'engouement du printemps 2017 n'auront été qu'un phénomène de mode. Il aura été, le temps d'un printemps, le suborneur d'une France déçue et désorientée. Il a mis son intelligence et sa culture au service de son désir effréné d'ascension sociale. Disons qu'il est un Cagliostro de la politique postmoderne. Mais le dégrisement général fera probablement de lui une étoile filante. Ce qui veut dire qu'il prendra sa place dans cet ordre normal des choses qu'il a prétendu bousculer. L'énarque frotté de littérature et de philosophie reste un énarque.

    Dans l'affrontement « progressistes » / « conservateurs » théorisé par Macron ou dans la confrontation « mondialistes » / « patriotes » définie par Marine Le Pen, n'y a-t-il pas, malgré tout, un véritable clivage idéologique peut-être plus tangible que le traditionnel clivage droite  /gauche …

    Ces nouveaux clivages imposés par les macronistes et les marinistes relèvent du discours de propagande. Il va de soi que le mot « conservateur » fonctionne comme un mode d'illégitimation, voire comme une insulte dans le parler macronien. Synonyme de « réactionnaire », il fait partie des mots destinés à disqualifier tous ceux qui ne se rallient pas à l'étendard du grand leader bien-aimé. De tels termes sont des opérateurs d'amalgames polémiques, et, à ce titre, ils n'ont pas de pertinence conceptuelle. En outre, les deux couples d'opposés ne se recouvrent pas: des « patriotes » peuvent se dire ou être dits « progressistes » ou « conservateurs ». 

    Si le clivage droite /  gauche est usé, s'il ne permet plus de définir sans équivoque des identités politiques distinctives, il garde une relative valeur fonctionnelle. Mais les critères et les repères qu'il présuppose et propose sont brouillés. Si la grande vague populiste d'orientation nationaliste commencée dans les années 1980 signifie quelque chose, c'est avant tout la mise en place d'une opposition entre le haut et le bas, entre les élites et le peuple, ou, si l'on préfère, entre les classes supérieures déterritorialisées et les classes moyennes et populaires se reconnaissant dans une appartenance nationale. Outre cette opposition sur un axe vertical, on constate l'existence d'un conflit d'intensité croissante entre la vision républicaine de la communauté des citoyens et la vision multiculturaliste ou multicommunautariste de la « société des individus » instaurée par la mondialisation. La France découvre, longtemps après le monde anglo-saxon, la « politique des identités », identités ethniques ou culturelles, religieuses ou linguistiques, sexuelles ou de genre, qui, par leurs rivalités et leur mise en concurrence, divisent et conflictualisent le champ social. Il est vrai que les élites de l'économie et de la culture tendent à soutenir la vision multiculturaliste d'une démocratie idéalement cosmopolite, tandis que les classes moyennes et populaires restent attachées à la vision républicaine de la nation.

    Mais ces clivages qui se chevauchent sont eux-mêmes recoupés par d'autres clivages: par exemple, entre les défenseurs d'une stricte laïcité et les partisans d'aménagements divers du principe de laïcité, ou entre les chantres du productivisme, de la croissance ou de l'innovation technologique et les défenseurs de telle ou telle forme de limitation du « progrès technologique ». N'oublions pas non plus le clivage entre les adeptes de la religion irénique du « vivre ensemble », qui postulent notamment une différence de nature entre l'islam (religion d'amour et de paix) et toutes les formes de l'islamisme, et les partisans d'une vision réaliste de la menace salafiste-djihadiste, qui appellent à une vigilance permanente face au communautarisme islamique. La nouvelle vision politiquement correcte de la laïcité est un « coexistentialisme », variante simplifiée du multiculturalisme normatif. Dans Le Point, Macron caractérise la France comme un pays « de catholiques, de protestants, de juifs et de musulmans », c'est-à-dire comme une nation multicommunautaire à base religieuse, jetant le reste de la population dans le gouffre du « rien ». C'est là sa conception de l'identité de la France. Il l'a réaffirmée le 13 septembre 2017, à l'occasion de la «victoire historique» de Paris pour les JO 2024 : « Défendre les valeurs de l'olympisme, c'est aussi œuvrer pour plus d'équilibre et plus de multiculturalisme. » Et Anne Hidalgo, la « gagnante » s'écriant à Lima « C'est immense ! » ou « C'est magique ! », d'appliquer le modèle multiculturaliste en l'illustrant : « Je pense à la Seine-Saint-Denis, à cette jeunesse très cosmopolite qui va là pouvoir se projeter dans quelque chose de fort. » L'avenir de la France, c'est le multiculturalisme et le jeuno-cosmopolitisme.

    Quant aux « révolutionnaires » en peau de lapin qui se multiplient à droite, à gauche, aux deux extrêmes et au centre macronisé, le mieux à faire est de les laisser bavarder entre eux. Dans les démocraties occidentales, la « révolution » est depuis longtemps un argument publicitaire. L'âge de la réforme permanente et inoffensive a chassé celui des révolutions violentes. Je ne suis pas de ceux qui regrettent Robespierre, Lénine, Staline, Mao ou Castro. Mais je ne saurais me satisfaire de vivre dans ces démocraties satisfaites, aseptisées, droguées aux médias et soumises au politiquement correct qui prétendent incarner le dernier mot du « Progrès », en prônant une « révolution positive » ou une « révolution citoyenne ». Manières de sortir de l'Histoire en brodant sur de grandes références historiques.

    Face à « En Marche » peut-il naître un « En Marche arrière toute », un mouvement souverainiste, conservateur et identitaire soucieux de la préservation de l'identité nationale ?

    Pourquoi « arrière toute »? C'est là croire encore au grand récit trompeur du mouvement en avant comme processus d'émancipation impliquant la fin des nations et leur fusion dans un grand tout régi par la norme d'uniformité. Mais je doute qu'il puisse se former un front commun qui soit à la fois souverainiste, conservateur et identitaire. Les mondialisateurs « progressistes » sont d'accord sur presque tout, au contraire de ceux qui résistent, sur des bases théoriques diverses, au processus planétaire présenté comme fatal et célébré comme une grande marche vers un « monde meilleur ». Le souci de la souveraineté nationale, héritage de la Révolution française, est stupidement attribué en propre à « l'extrême droite ».

    En dépit de ses propos sur la « grandeur de la France », qui sonnent gaulliens (« La France doit redevenir une grande puissance »), Macron a choisi son camp, celui de l'européisme salvateur : « L'Europe est le niveau approprié pour recouvrer notre pleine souveraineté.»

    La question des identités collectives reste une vraie question qu'il ne faut pas abandonner aux théoriciens du multiculturalisme. Quant au conservatisme, en général confondu abusivement avec telle ou telle doctrine réactionnaire, il demeure aussi méconnu que stigmatisé rituellement, alors même qu'il commence à être discuté intelligemment en France. La simple référence à l'identité nationale a été diabolisée par les néolibéraux comme par les idéologues du gauchisme culturel. Qu'il s'agisse de l'impératif de souveraineté, du besoin d'identité ou de l'exigence de conservation des héritages, il faut se garder de toute absolutisation. Or, les défenses nuancées ou mesurées des principes normatifs sont moins audibles et mobilisatrices que celles qui dérivent vers l'excès et la radicalité.  

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    Pierre André Taguieff est philosophe, politologue et historien des idées. Son dernier livre, Macron : miracle ou mirage ?vient de paraître aux éditions de l'Observatoire

    1630167502.jpgXVM8d8b71a4-8f2b-11e7-b660-ef712dd9935a-150x200.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

    Alexandre Devecchio

  • Affaire Barbarin : tapez sur les cathos, il en restera quelque chose ! La mise à mort médiatico-judiciaire continue

     

    Une tribune de Régis de Castelnau

    Nous supposons les idées de Régis de Castelnau assez éloignées des nôtres. Peut-être bien opposées sur de nombreux points. Mais là, nous trouvons très bienvenues les réflexions qu'il a livrées dans Causeur [20.09] sur la dégoûtante campagne organisée à l'encontre du cardinal Barbarin.  On ne nous suspectera pas ici d'être simplement calotins : nous avons dit sans précautions particulières notre désaccord avec la politique immigrationniste du pape François et de presque toute l'Eglise depuis bien longtemps.  Dans ce cas, toutefois, plein accord avec ce qu'écrit Régis de Castelnau. Faut-il trouver le cardinal Barbarin sinistre ? Il aurait de quoi l'être !  LFAR

     

    3957877889.jpgLe lugubre cardinal Barbarin a fait l’objet en son temps d’un lynchage médiatico-politique en grand que certains ont voulu transformer en lynchage médiatico-politique et judiciaire. Tous les médias à la manœuvre, le Premier ministre de l’époque lui-même sommant l’ecclésiastique « de prendre ses responsabilités » ! Et le ministère de l’Intérieur a joué un rôle assez trouble là-dedans. Le problème, c’est que la France est normalement un État de droit, et que toutes les plaintes déposées, parfois trente ans plus tard, se sont heurtées à la probité du parquet de Lyon qui a appliqué les principes impératifs régissant le procès pénal, et font la différence entre un pays civilisé et la république bananière dont semblent rêver certains.

    En prison les abbés !

    Le classement sans suite avait beau être inévitable et parfaitement motivé, il a été immédiatement suivi par la clameur et une levée de boucliers. Quand il s’agit de taper sur les curés on ne va quand même pas s’embarrasser des règles de droit, sinon on ne va pas s’en sortir. En prison les abbés !

    Alors, on va lancer une procédure à l’initiative des plaignants par le biais de la « citation directe en correctionnelle » pour qu’il y ait une audience pénale à grand spectacle. L’utilisation de cette procédure permet de contourner l’évidence de l’impossibilité des poursuites, et de saisir la juridiction pénale, contrainte d’audiencer l’affaire. Mais en application du droit de renvoyer les manipulateurs à leurs chères études. Le but n’est donc à l’évidence absolument pas d’obtenir une vérité judiciaire ou une condamnation qui ne peuvent pas advenir, mais bien d’organiser un cirque médiatique. Pour faire bonne mesure, on a cité tout un tas de mitrés, tout juste s’il n’y a pas le Pape dans la liste.

    Le « silence de l’Eglise » ?

    Écoutons Le Figaro. « L’archevêque de Lyon n’est pas le seul convoqué. Cinq autres personnes liées au diocèse le sont. Et une sixième, de grande importance: Mgr Luis Ladaria Ferrer. Au Vatican, ce jésuite espagnol est le préfet de la Doctrine de la foi, c’est-à-dire le gardien du dogme. François l’a nommé le 1er juillet 2017. » Là c’est du lourd, coco.

    Et tous ceux qui sont d’une prudence de serpent dès qu’il s’agit de l’islam intégriste s’en donnent cette fois-ci à cœur joie. Et les médias se préparent avec gourmandise. Y compris Le Figaro qui titre : « pédophilie, le silence de l’Eglise en procès. » Évidemment, on connaît bien l’opportunisme habituel de ce journal, mais on ajoutera cette fois-ci qu’il n’a même pas la reconnaissance du ventre. Les 8 % de français chrétiens qui pratiquent encore forment quand même les gros bataillons de ses lecteurs. Ni catholique, ni abonné, cela ne me concerne pas, mais à la place de ces ouailles, je résilierais mon abonnement…

    Petite pochade

    Pour m’amuser, j’ai eu une idée. Il faudrait déposer une plainte contre Brigitte Macron pour agression sexuelle sur mineur puisque la légende veut que sa relation avec son actuel mari ait commencé quand celui-ci avait 15 ans. Je n’en sais rien et je m’en fiche complètement, mais ce serait peut-être l’occasion de rigoler. Cette plainte serait bien évidemment classée sans suite, et il serait alors possible de citer Brigitte Macron devant le tribunal correctionnel pour « pédophilie » parce que ça sonne bien. Et, pour faire bonne mesure, on citerait aussi celui qui était alors ministre de l’Education nationale puisque Madame Macron était enseignante et entamait une relation avec un de ses élèves. Et Le Figaro pourrait ainsi titrer : « pédophilie, le silence de l’Élysée en procès ».

    Les juges ont-ils repris leur sang-froid?

    Redevenons sérieux, en dehors du Parquet national financier, et du « Pôle financier » de Paris, il apparaît que la magistrature a repris une partie de son sang-froid et résiste autant que faire se peut aux pressions médiatiques et politiques. C’est la raison pour laquelle la pantalonnade qui se prépare à Lyon n’est non seulement pas innocente mais de surcroît dangereuse. Lorsque les décisions d’irrecevabilité ou de relaxe seront rendues par le tribunal, nous entendrons la clameur dénonçant une justice partiale, voire achetée accompagnée des références habituelles à Jean de La Fontaine et ses Animaux malades de la peste.

    L’Eglise catholique a peut-être eu une attitude critiquable, voire lamentable dans le traitement de certains de ses problèmes, cela ne concerne que ses ouailles, ou ceux qui entendent poursuivre les traditions d’anticléricalisme à la française et continuer à brailler : « à bas la calotte ». Je n’appartiens à aucune de ces deux catégories.

    En revanche, cela concerne le citoyen que je suis dès lors que la justice de la République peut intervenir dans les conditions prévues par la loi et le respect des règles prévues à cet effet. Lesdites conditions ne sont pas réunies dans la représentation de cirque qui se prépare.

    L’instrumentalisation de la justice pour des fins qui ne sont pas les siennes est toujours une mauvaise action. 

    Régis de Castelnau

    Avocat.

    Régis de Castelnau anime le blog Vu du Droit depuis 2012. En consacrant sa vie professionnelle d’abord au Droit social puis au Droit Public dont il fut un des premiers praticiens actifs au sein de la profession d’avocat. Il y ajouta une activité universitaire, doctrinale ...

  • Un « maurrassien » d'Outre-Atlantique qui n'est pas le premier venu

    Charles Mauras, Stephen Miller 

     

    En deux mots.jpgConnaissez-vous Stephen Miller ?

    Il né à Santa Monica, en Californie, Etats-Unis, dans une famille juive aisée, le 23 août 1985. Il a 32 ans, a étudié à l'université de Duke, puis a exercé le très moderne métier de « communiquant » ; enfin il est nommé en 2017 « Haut conseiller politique du président des Etats-Unis ». 

    Tout New-York se demandait, paraît-il, hier, si ce serait lui qui écrirait le discours de Donald Trump à l'ONU. C’est ce que nous apprend MSN, et bien autre chose de plus important : « Les mauvaises langues rappellent que Miller a comme livre de chevet, parmi d’autres, l’œuvre de Charles Maurras. Inutile d'ajouter dès lors que cette inspiration contribuera à donner un discours très ethnocentré à l’ONU, sévère pour cette institution, accusée par Trump lui-même il y a quelques années d’être minable, d'abriter des gens qui y bavardent sans rien faire. » 

    Ainsi, Maurras n'est pas M le maudit pour tout le monde. Pas plus Outre-Atlantique qu’en vérité en France et ailleurs. Cette condition qui lui est faite est l’un des aspects de la réalité de sa destinée politique et littéraire. Elle est artificiellement maintenue par nos élites politiques, médiatiques et, en partie, intellectuelles. Et, quelques fois encore, par de vieux maurrassiens complexés. Elle est une réalité secondaire et nous aurions tort aussi bien de la nier que de la mettre en avant. Dans la réflexion politique contemporaine, en vérité, et même si tout est fait pour ne pas avouer la place qu’il tient, Maurras est bien plutôt, selon l’expression d’Olivier Dard, ce « contemporain capital » qu’il n’est ni inutile, ni ringard de lire. Bien des signes, bien des choses le montrent, que nous n’allons pas détailler ici. 

    Stephen Miller, par exemple, lit Maurras, y puise son « inspiration ». L’oeuvre de Maurras, nous dit-on, est sur la table de chevet de ce jeune-homme de 32 ans. Et figurez-vous qu’accessoirement, il écrit les discours du président des Etats-Unis. •

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Les antifas incendiaires sont en fait les victimes. Sérieux ?

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Une excellente chronique qu'on ne peut qu'approuver, parue dans Boulevard Voltaire du 19.09. 

    Que faut-il en conclure ? Notamment que nous avons désormais affaire à deux terrorismes en France. Non pas à un seul. Le terrorisme islamique et le terrorisme des antifas, des casseurs et des voyous. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel a participé - d'ailleurs brillamment - au colloque du Cercle de Flore « Refonder le bien commun », du 13 mai dernier, à Paris (Illustration ci-dessous).  LFAR 

     

    2654943674.jpgLe Monde est un journal sérieux, n’est-ce pas ? Un journal très sérieux. Peut-être même le plus sérieux d’entre tous, de l’avis général.

    Ce journal sérieux, très sérieux, on ne peut plus sérieux, s’intéresse donc au procès – qui doit s’ouvrir mardi – des antifas à l’origine de l’incendie d’une voiture de police en mai 2016, en marge d’une manifestation interdite alors que la protestation contre la loi Travail battait son plein. Masqués, ils avaient harcelé des policiers dans leur véhicule jusqu’à y balancer un fumigène, mettant le feu à l’habitacle et blessant l’homme et la femme. La photo de la voiture carbonisée, hautement symbolique, avait fait le tour des réseaux sociaux, suscitant une vive émotion.

    « Voiture de policiers incendiée : les antifas veulent faire de leur procès une tribune », titre Le Monde« Le collectif Libérons-les et les antifas veulent se servir de leur procès pour sensibiliser aux luttes contre la répression policière », lit-on encore sous la plume d’Abel Mestre.

    Sérieux ? C’est réellement ce qu’il voulait écrire ? Ce n’est pas une boulette, une coquille, un cafouillage, l’ajout traître et maladroit d’un Caïn chevelu, étudiant à Villetaneuse le jour et antifa la nuit, ou l’inverse, que Le Monde aurait pris en stage parce que son père est actionnaire du canard-le-plus-sérieux-de-France ? 

    Dites-moi, dites-moi… si les procès se transforment en tribune contre les victimes, ça ouvre de chouettes perspectives ! Les délinquants sexuels pourront enfin dénoncer ces pimbêches au cœur sec qui se refusent à eux, les cambrioleurs l’accueil peu amène que leur réservent la plupart des propriétaires quand ils débarquent dans leur salon, les assassins d’enfant l’agacement que suscite un gosse qui crie dans vos oreilles, les hommes qui battent leur femme la frustration engendrée par un dîner qui n’est pas prêt en temps et heure. 

    Les violences policières existent sans doute, mais l’usage est de les dénoncer… dans les procès dont elles sont l’objet, non ? Et disons-le, qui a côtoyé des antifas et tenté une fois dans sa vie, fût-ce le plus pacifiquement et légalement du monde, de s’opposer à la terreur idéologique que leurs bandes font régner sur certaines universités – cela fait partie des multiples dossiers qui seront un jour ouverts quand la droite sera au pouvoir et aura retrouvé une once du courage, c’est-à-dire peu ou prou quand les poules auront des dents, diront les pessimistes – peine à les imaginer recroquevillés, désemparés, désarmés, tout amour et paix devant de méchants policiers.

    Un jeune « normal » arriverait au tribunal cou cravaté et mine contrite, battant sa coulpe et baissant les yeux : il n’imaginait pas les conséquences de son acte. Mais n’aurait pas l’outrecuidance de déclarer vouloir passer « de statut de poursuivi au statut de victime » au motif que leur manif était une « réponse légitime au rassemblement policier le même jour contre la haine anti-flics, où sont venues des personnalités de la droite extrême, chaleureusement accueillies, comme Gilbert Collard, Marion Maréchal ou Éric Ciotti ». Griller des poulets était donc justifié, doit-on sans doute comprendre. Avec une si limpide démonstration, qui pourrait le contester ?

    Dans un esprit de « convergence des luttes », nos jeunes antifas de beaux quartiers, représentés par Antonin Bernanos, entendent développer des « actions communes » avec « les collectifs qui se multiplient dans les quartiers populaires », notamment autour de l’affaire Adama Traoré. Et plusieurs personnalités ont appelé à se rendre tous les jours au procès, comme Danièle Obono, Olivier Besancenot ou encore Houria Bouteldja.

    Ce monde cul par-dessus tête – s’agit-il du nom propre ou du nom commun ? Les deux, peut-être ? Ils ne me l’ont pas précisé… – commence à SÉRIEUSEMENT insupporter les policiers.  

    Ecrivain, journaliste
  • Zemmour sur la PMA : « Les pauvres, par leurs cotisations, paieront les caprices des riches »

     

    BILLET - L’autorisation par le gouvernement de l’ouverture de la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes, mêmes celles qui ne sont pas stériles, fait grand bruit. Eric Zemmour donne son analyse [RTL 14.09]. Ne nous plaçant - sans les méconnaître ou les nier - ni sur le terrain moral ni sur le terrain religieux, mais seulement politique et social - nous partageons cette analyse.  LFAR 

      

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    « Elles feront toutes des bébés toutes seules. Quand elles voudront, comme elles voudront. Sans devoir supporter ces affreux hommes qui leur pourrissent la vie depuis des millions d’années », lance Éric Zemmour. « Bienvenue dans le monde de la liberté, clament déjà les mouvements féministes. Bienvenue dans le monde de l'égalité, ajoutent les mouvements homosexuels », poursuit-il un brin railleur. « Dieu est comme les Français, il est nul en économie. Il faut donc l'externaliser du corps de la femme pour qu'elle devienne artificielle, complexe et très chère », ose-t-il.

    « Au nom de l'égalité entre les enfants, on aura le remboursement par la Sécurité sociale », prédit Zemmour. « Les pauvres, par leurs cotisations, paieront les caprices des riches », assure-t-il. Et Éric Zemmour d'inviter l'actuel chef de l'État à se méfier : « Après l’obligation des onze vaccins, il va finir par apparaître comme l'homme-lige des grands laboratoires pharmaceutiques et du big business médical ». 

    Éric Zemmour

  • Notre avant-guerre ?

    La Chine investit près de 200 milliards de dollars/an pour son armée 

     

    En deux mots.jpgPériodiquement, il faudrait relire Giraudoux, esprit sage et subtil, bienveillant et souriant aux misères des hommes et des peuples, à leurs insuffisances et à ces fatalités qui, à intervalles réguliers, les conduisent dans de terribles malheurs. Par exemple les guerres modernes. Giraudoux en savait quelque chose, qui en avait vécu deux. Mondiales, pour la première fois. Mais on ne lit plus Giraudoux, on l'a oublié ou presque, on ne joue plus son théâtre. A notre société il manque la culture et au théâtre un Jouvet, qui avait fait de Giraudoux l'auteur dramatique de sa vie. 

    Ce qui nous a rappelé Giraudoux ces temps derniers, ce sont les prodromes d'une guerre, qui montent de l'actualité avec leur lot de ridicules, de dérision et de sourde inquiétude. C'est ce dont Giraudoux a superbement traité dans La guerre de Troie n'aura pas lieu. Et qui finalement aura lieu comme chacun sait. 

    Entre 1870 et 1914, on avait déjà cru une nouvelle guerre impossible. On pensait que le perfectionnement des armes la rendait trop meurtrière pour qu'elle fût tentée. On le croyait encore le 2 août 1914. Mais la guerre éclata quand-même le 3. Entre les deux conflits mondiaux on recommença : la tragédie avait été trop terrible entre 1914 et 1918, elle avait fait un trop grand nombre de morts - autour de 20 millions - pour qu'une guerre pût encore se produire. Et aussi on avait créé la Société des Nations, la SDN, ancêtre de notre ONU, pour, de toute façon, l'empêcher. Dérisoire illusion ! Hubert Védrine l'a fort bien dit : les institutions internationales ne sont que des lieux de rencontre. 

    Les grands conflits sont en général précédés de guerres dites régionales. La guerre d'Espagne, où les armées européennes, sauf la nôtre, s'étaient essayées, sur terre et dans le ciel, s'est terminée le 1er avril 1939 ; la Seconde Guerre mondiale éclata le 1er septembre. Nous avons aujourd'hui la guerre de Syrie, dont Eric Zemmour a dit - peut-être avec raison - qu'elle est notre guerre d'Espagne. Mauvais présage … Les aviations russe, américaine et accessoirement française, se croisent dans le ciel syrien, au risque, d'ailleurs, de s'y affronter. Des militaires de mêmes nationalités s'affairent sur son sol.  

    Précèdent aussi les conflits majeurs, ces rencontres entre « grands » où l'on fait assaut de pacifisme et de bons sentiments. Giraudoux, toujours, a restitué cette dramaturgie singulière dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu, avec une infinie délicatesse et une lucidité amusée. En 1938, il y avait eu Munich. Nous avons les G7, les G 20, et les conférences au « format Normandie ». Trump, Poutine et Xi Jinping se sont rencontrés à Hambourg en 2017 ; les membres, plus chanceux, du G7 se sont offerts Taormine comme jadis on se retrouvait à Locarno. 

    La politique des « sanctions » fait aussi partie de la panoplie des avant-guerres. Comme il y eut, autour de 1935-1937, les sanctions contre l'Italie, aux funestes conséquences, nous avons les sanctions américaines contre Cuba et les sanctions, d'ailleurs réciproques, des « démocraties » contre la Russie, ou contre l'Iran et, aujourd'hui, les sanctions votées à l'ONU, contre la Corée du Nord. 

    C'est maintenant dans le Pacifique que semble s'être déplacée la perspective de grands affrontements. Loin de notre Europe, et c'est tant mieux. Les missiles de Pyongyang survolent à intervalles rapprochés le Pacifique et le Japon lui-même, qui d'ailleurs, avait occupé jadis la Corée. Elle ne l'a pas oublié. Les 160 000 Américains de l'ile Guam vivent dans la peur qu’un missile nord-coréen leur tombe dessus. Mais chacun sait que derrière la Corée du Nord il y a l'immense Chine et derrière la Corée du Sud et le Japon, les Etats-Unis. Contenue, pour un temps dont on ne peut dire combien il durera, par des motivations commerciales et financières, la rivalité sino-américaine n'en est pas moins un phénomène grandissant, derrière les sourires et les poignées de main. 

    Ces motivations pacifico-pragmatiques, toutefois, n’empêchent pas la course aux armements, dont on croit qu'on ne se servira jamais, comme on avait pensé jadis que la guerre de Troie n'aurait pas lieu. La course aux armements caractérise aussi les avant-guerres et nous conseillerons aux sceptiques de considérer l’ampleur et l’accroissement, étonnants pour les optimistes, des budgets militaires des grandes puissances d’aujourd’hui : les 622 milliards de dollars américains, que Trump vient de décider d’augmenter de 7% ; les presque 200 milliards de dollars chinois ; le programme militaire indien, en passe de rejoindre la Chine sur ce terrain ; sans compter l’éventuel réarmement du Japon, d’ailleurs déjà entamé. Que pèsent, en comparaison, les 44 milliards français et les 48 milliards russes ? 

    Justement, si le pragmatisme devait être abandonné, si un conflit majeur venait à éclater un jour ou l’autre dans les régions du Pacifique que nous avons évoquées, il ne faudrait pas dénier à l’Europe, qui s’est si longtemps épuisée à se battre chez elle, notamment la France, la chance de se trouver, pour une fois fort éloignées du théâtre du conflit, ni, nonobstant toutes alliances,  le droit de s’en tenir soigneusement à l’écart. Chacun sait que la guerre de Troie n’aura pas lieu. Mais si elle avait lieu tout de même ? Nous devrions dire comme Louis XV et rester sur le mont Pagnotte.  • 

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Immigration : Et si on appliquait les bons principes du roi Henri II ?

     

    Par Philippe Montillet

    « Et si on appliquait les bons principes du roi Henri II ? » C'est une proposition bienvenue. Nous y souscrivons tout à fait. De même qu'au rappel - qui est une invite - de « la sagesse des rois et leur sens du concret et des réalités ». [Boulevard Voltaire, 18.09]. Comprenne qui pourra, en effet !   LFAR

     

    158b0d29c04264bd2acfe68e126a4a70.jpegVoici un texte vieux de 450 ans du roi Henri II * qui, avec la fraîcheur de son style, demeure bien actuel !

    « Aux dits P. ** […], est venu le singulier désir qui leur croît de jour en jour de venir résider en cestuy notre royaume et amener leurs femmes et leurs familles, apporter leur argent et meubles…

    Savoir, faisons, que nous inclinant libéralement à la supplication et requête des dits P., comme gens desquels nous voyons le bon zèle et affection qu’ils ont de vivre sous notre obéissance, ainsi que nos autres Sujets, en bonne dévotion de s’employer pour notre service, et de la république de notre Royaume, la commodité de laquelle ils veulent aider de leurs biens, manufactures et industries : desorte que cela nous meut à les bien et gracieusement traiter  ***. »

    ​‌J’en tire trois conclusions.

    La question de l’accueil des immigrés n’est pas nouvelle. 

     Des règles de bon sens ont permis de fixer la conduite à tenir : le bon zèle mis par les nouveaux arrivants à vivre sous les lois du pays d’accueil ; leur souci de s’employer au bien commun du pays d’accueil ; leur volonté de mettre leurs talents au service de leur nouveau pays. En échange de ces actes de bonne conduite, les arrivants bénéficient de traitements gracieux. Près de cinq siècles après, en demandons-nous plus ?

     La sagesse des rois et leur sens du concret et des réalités seraient les bienvenus aujourd’hui…et demain.

    Comprenne qui pourra.   

    * Henri II, fils de François Ier (1519-1547-1559), en août 1550. 

    ** En l’occurrence, il s’agissait des Portugais, et plus spécialement des juifs portugais fraîchement convertis chassés de leur pays.

    *** Cité dans Les Frères Pereire, Jean Autin, Librairie académique Perrin, 1984, page 14