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  • Ce qu’est l’Europe aujourd’hui

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgLes résultats des élections allemandes ont donné lieu à des commentaires plutôt convergents.

    La victoire de la chancelière Angela Merkel a un goût d’amertume et son quatrième mandat s’annonce difficile. Je ne sais s’il faut partager le pessimisme extrême de ceux qui lui annoncent des allures crépusculaires. Mais il est incontestable que cette remarquable tacticienne se trouve aux prises avec des difficultés liées à la situation concrète de son pays et à celle de l’Europe. En effet, le régime représentatif reflète forcément l’évolution d’une société et les mouvements de son opinion publique. L’émergence de la formation Alternative pour l’Allemagne ne pouvait surprendre, elle est dans la logique des événements récents. Si l’on peut craindre la dureté de certaines de ses positions, on doit admettre qu’elle s’exprime dans un cadre régulateur qui vaut mieux que l’expression sauvage de certaines peurs et de certains réflexes.

    Force est de reconnaître également que ce qui est vrai pour l’Allemagne l’est aussi pour l’ensemble de l’Europe, et que cela risque de contrarier les projets qu’Emmanuel Macron envisageait de réaliser en accord avec la chancelière. Il faut convenir, même si ce n’est pas une réalité forcément agréable, que l’Europe de l’Est est réfractaire à une politique globale d’ouverture à l’immigration. La Hongrie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie sont solidaires à l’encontre d’une volonté qui leur imposerait des quotas d’immigrés. Même des intellectuels que l’on considérait comme participant d’une sorte de consensus progressiste se retrouvent avec les États qui craignent pour leur cohérence interne. Il faut bien comprendre que la République Tchèque, par exemple, ne renie pas forcément l’héritage de Vaclav Havel lorsque elle veut défendre sa spécificité qu’elle considère comme fragile, eu égard au caractère modeste de son État, à sa culture et sa langue minoritaires. C’est de tout cela qu’il faut tenir compte, et les élections sont la meilleure médiatrice pour donner au peuple l’occasion d’exprimer leurs craintes et leurs espoirs. Les élections allemandes sonnent l’heure d’un nouveau défi pour l’Europe.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 septembre 2017

  • Café Histoire de Toulon, ce mercredi 27 septembre, avec Pierre Gourinard

     

    Nous, Prouvençau, avons perdu la mémoire d'un Var des IX° et X° siècles, occupé par l'invasion sarrasine.

    Ces heures sombres sont généralement minimisées ; tout comme la reconquête réalisée sous la conduite énergique du comte Guillaume, surnommé « le Libérateur ».

    Le professeur Gourinard, pénitent gris d'Aix, fera découvrir ce pan occulté de notre histoire, qui donna son essor au Comté de Provence.  

    « Prouveçau e catouli, Nosto fe n'a pas fali ! »

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

  • Une victoire si amère que ça ?

    A la Une du Figaro d'hier lundi ... 

     

    En deux mots.jpgIl a fallu bien des années à Alain Minc pour s'apercevoir que les nations, comme les personnes, ont, selon son expression, un ADN. C'est ce que les élections allemandes viennent de nous rappeler. Et de nous démontrer avec la force de l'évidence. 

    Manifestement, Allemands et Français, nous ne sommes pas le même peuple. Nos ADN sont différents, parfois opposés. Malgré De Gaulle et Adenauer, malgré Giscard et Schmidt, Mitterrand et Kohl, malgré les avions, le TGV, Internet, Erasmus, les réseaux sociaux, les interdépendances de tous ordres, notamment économiques ou financières, etc. C'est comme si rien n'était de taille, malgré l'opinion courante, à gommer les différences. 

    Nous avons élu le président de la République il y a à peine un peu plus de trois mois. Mais Emmanuel Macron a surtout été choisi parce qu'il incarnait les apparences de la rupture : par l'âge, la culture, le maintien, l'allure et parce qu'il signifiait le « dégagisme ». C'est à dire l'éviction programmée et rapide de toute une caste honnie dont on ne voulait plus. En l'affaire, l'électorat d'avril dernier n'a pas cherché beaucoup plus loin. Un trimestre a suffi pour que la cote de popularité du Chef de l'Etat soit au plus bas. On sait qu'elle a perdu 24 points en juillet-août et, aujourd'hui, plus de 60% des Français se disent mécontents, dont 20% de « très » mécontents. La rue manifeste, les routiers font mine de bloquer les postes d'essence et Mélenchon invite les jeunes à se mettre « en mouvement ». Il joue son Bolivar ou son Lénine et agite les vieux rêves de la Révolution. 

    Dimanche dernier, les Allemands ont renouvelé le Bundestag qui pour la quatrième fois reconduira Angela Merkel â la chancellerie. S'il n'y en a pas de cinquième, elle y sera restée 16 ans. D'ailleurs, comme Helmut Kohl, son mentor.   

    Merkel gouvernera à la tête d'une coalition ; son parti, quoique largement en tête, ressort légèrement affaibli de la consultation de dimanche. Mais, c'est évident, elle a très largement l'estime et le soutien du peuple allemand. Au reste, l'on a trouvé, Outre-Rhin, les débats Merkel-Schulz terriblement ennuyeux, tant leurs programmes sont proches. L'Allemagne est un pays de consensus. En France, il est rare et éphémère. Amère victoire pour Merkel ? C'est surtout une vision française ...

    Bainville réfléchit dans son Journal, vers 1932-33, sur le « besoin d'être commandés » des Allemands, peut-être plus vif, chez eux, que chez la plupart des autres peuples. Commandés, ils le seront peu après sous une forme extrême, où l'hubris, le romantisme, l'exaltation, l'horreur et, pour finir, l'apocalypse suprême, affecteront, dans un unanimisme peu contestable, ce peuple, d'ordinaire raisonnable, sagement laborieux et uni.  

    Quatre-vingt-dix députés de l'AFD entreront bientôt au Bundestag, véritable lieu de la souveraineté allemande, ce qui brise un peu l'unanimisme dont nous avons parlé, ou, vu autrement, le reconstitue contre une AFD pour l'instant à 13%.  

    L'essor de l'AFD témoigne - et c'est une première - de l'ébranlement des tabous - ou des complexes - allemands d'après-guerre. Ce parti sera-t-il amené à constituer un jour autour de lui une unanimité de substitution ?  On ne peut jurer de rien. Mais dans cette grande et opulente maison de retraite  constitutive aujourd'hui pour partie de la nation allemande, brandir la menace d'une quelconque résurgence d'un mouvement ou d'un climat ayant une vraie parenté avec la période nazie, nous paraît relever d'une propagande de piètre niveau. 

    Rien ne dit si l'Allemagne de l'unanimisme, à tout le moins du consensus, de la stabilité et de la richesse, durera longtemps. Son effondrement démographique l’inquiète et l’affaiblit. Pour l'instant, elle est satisfaite de son sort et en sait gré à ses dirigeants. La guerre qu'elle mène aujourd'hui - c'en est une - est industrielle et économique. Et c'est une guerre lucrative celle-là qui lui rapporte bon an, mal an, 250 milliards.  

    Nous avons gardé notre légèreté, notre inconstance, - essentiellement en politique - et notre manie gauloise des divisions infinies. De sorte que nous vivons, avec les Allemands, de part et d’autre du Rhin, Gaulois et Germains, sous des systèmes non plus ennemis, mais antithétiques.  •

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • À tribord toute  ?

     

    Par François Marcilhac 
     
     
    3466611312.jpgOù va la droite  ? Ou, plutôt, les droites  ? puisqu’il existe toujours plusieurs partis qui s’en réclament… ou refusent de s’en réclamer pour ne plus être qualifiés d’extrêmes.
     
    Tel est le cas du Front national, qui persévère dans une posture post-gaullienne que lui dispute Nicolas Dupont-Aignan. Mais justement, le politologue Guillaume Bernard confiait récemment à notre confrère Boulevard Voltaire  : «  D’abord, il n’y a pas des droites, il y a une droite. Par ailleurs, il y a des partis politiques classés à droite.  » Et d’ajouter que Marine Le Pen a raison de croire que «  tenter une alliance des différents partis politiques qui sont à droite, c’est effectivement une illusion  »  ; «  en revanche, que des personnalités, et des électeurs surtout, se répartissent dans les partis à droite, mais qui sont tous de droite, cela est une véritable réalité  »  ; «  la recomposition pourrait se faire sur cette base-là  ». Dupont-Aignan s’illusionnerait donc en réfléchissant toujours en termes d’appareil, mais Marine Le Pen ne s’illusionnerait pas moins, en réfléchissant, elle aussi, dans les mêmes termes, mais en péchant par orgueil, le FN paraissant un mastodonte par rapport à DLF (Debout la France). Ce qui est vrai, mais justement… ce sont les appareils qui empêchent la recomposition de la droite – Guillaume Bernard a raison sur ce point. Comme sur la nécessité d’une clarification doctrinale. Existe-t-il véritablement une seule droite comme ideal-type et plusieurs appareils qui l’incarnent, mal, lorsqu’ils ne le trahissent pas (suivez mon regard)  ? Peut-être. Ce qui est certain, en tout cas, c’est l’annonce, en quelques jours, de deux bonnes nouvelles  : la droite a une force d’âme et elle n’est plus orpheline.

    L’autre nom du pays réel

    C’est Jacques de Guillebon, ancien conseiller de Marion Maréchal-Le Pen, qui nous a appris la seconde. La droite a été adoptée. Par qui  ? Par un mensuel incorrect, dédié «  à ceux qui espèrent toujours en leur patrie, généreuse, juste, forte et fraternelle  ». Et qui donc pourrait participer de ce mouvement de recomposition de la droite, via un organe rassemblant dans sa lecture des (é)lecteurs disséminés, ou non, dans les différents appareils se réclamant, ou non, de droite et dont les dernières échéances électorales ont censuré l’obsolescence. L’Incorrect semble préférer appeler «  tiers-état populaire  » ce que l’Action française appelle pays réel. Peuple et populaire ont, il est vrai, tant de sens  ! Expression intéressante, en tout cas, quand on sait que l’abbé Sieyès, auteur de la célèbre plaquette Qu’est-ce que le tiers-état  ?, publiée en 1789 et qui favorisa l’ébranlement de la monarchie, assimile le tiers-état au peuple. L’expression «  tiers-état populaire  » n’aurait-elle pas, dès lors, un petit air de pléonasme, comme avaient nos «  démocraties populaires  » de la seconde moitié du XXe siècle  ? Nos marxistes s’en défendaient à l’époque diablement  : essentiellement bourgeoise, la démocratie ne devenait un vecteur de la libération du prolétariat qu’en devenant «  populaire  », c’est-à-dire dédiée aux travailleurs. De même, «  populaire  » dans «  tiers-état populaire  » ramène le «  tiers-état  », confisqué par une élite dénationalisée ou encore une «  minorité gentrifiante  », du côté des «  gens qui ne sont rien  » ou encore des «  fainéants  » (d’après le gentrifiant Macron). Comme l’abbé Sieyès le disait du tiers-état, on peut donc dire  : «  Qu’est-ce que les gens qui ne sont rien  ? Tout. Qu’ont-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique  ? Rien. Que demandent-ils  ? À être quelque chose.  » Ou à l’être de nouveau…

    Pour une clarification doctrinale

    Ce qui suppose, évidemment, une clarification doctrinale. C’est là qu’intervient la première bonne nouvelle. C’est Valérie Pécresse qui, cette fois, nous l’annonce. Non seulement la droite a une force d’âme, mais «  ce qui fait la force d’âme de la droite, c’est d’avoir toujours préféré Charles de Gaulle à Charles Maurras  ». La clarification doctrinale est donc faite depuis longtemps et nous ne le savions pas  ! Valérie Pécresse peut même être proclamée “docteure” de la droite – comme il existe des docteurs de l’Église. Je renvoie aux mises au point que Stéphane Blanchonnet et votre serviteur ont faites sur cette sotte déclaration – elles sont sur le site de l’AF –, ainsi qu’à l’excellent article de Paul-Marie Coûteaux dans Minute du 13 septembre dernier. Si j’y reviens, c’est uniquement pour souligner que Valérie Pécresse a confirmé, sinon l’adage de Guy Mollet, selon lequel la droite française est la plus bête du monde, du moins cette dialectique qui l’oblige à chercher à concilier l’inconciliable, et fait que son histoire politique n’a été, depuis ses origines sur la question du veto royal, et donc sur celle d’une certaine conception de l’État, jusqu’à aujourd’hui, qu’un long et inévitable reniement. Nous parlons bien de son histoire politique, c’est-à-dire de la traduction de son action dans le jeu parlementaire. Car, alors que la gauche se meut naturellement dans le marigot des partis, son objectif étant de faire gagner un camp contre un autre – elle pense en termes de division et d’intérêts particuliers qu’elle universalise, fussent ceux d’une classe plus ou moins mythifiée  : elle est en cela l’héritière de l’abbé Siéyès –, la droite, au contraire, lorsqu’elle est fidèle à elle-même, cherche à faire prévaloir, sur les intérêts particuliers, la notion même de bien commun de la cité, qui passe aussi par la sauvegarde des libertés fondamentales du pays réel. C’est pourquoi elle ne saurait fondamentalement penser en termes de parti – voire d’un paradoxal parti de l’ordre qui a fini par justifier, à plusieurs reprises, contre le bien commun, la défense du désordre établi. Or c’est précisément ce que nous propose Valérie Pécresse en instrumentalisant la figure, quasi rhétorique, du général de Gaulle contre celle de Maurras – car il s’agit bien, ici, d’une opposition de figures plus rhétoriques qu’historiques  ! La droite de Valérie Pécresse est celle de ce nouveau parti de l’ordre qu’elle souhaite – et Laurent Wauquiez comme elle  ? L’avenir seul nous le dira – constituer sur les décombres des Républicains, alors que les Constructifs, à l’Assemblée, ont choisi de jouer la carte du centre-droit, partenaire indocile, et pour l’heure inutile, du Marais. Le drame est qu’il n’y ait plus de droite de conviction – nous dirions légitimiste, c’est-à-dire qui fait de la légitimité le socle de son action   : celle que la clarification doctrinale, si elle avait sérieusement lieu, devrait avoir pour objectif de ressusciter.

    Poser la question du régime

    Lorsque Valérie Boyer, député Les Républicains, rappelle  : «  La France est une république laïque d’influence et de valeurs chrétiennes. Notre histoire s’est construite autour des rois et des Églises  », elle se place naturellement au sein de cette famille politique de conviction, mais à laquelle les institutions, plus encore que les appareils qui n’en sont que les outils, interdisent de se recomposer et finalement d’arriver au pouvoir. La Ve République avait paru un temps trancher le nœud gordien institutionnel. Mais, on ne le voit que trop bien aujourd’hui, sans résoudre à terme la quadrature du cercle que représente, pour la droite, le fait de devoir s’incarner, si elle veut gouverner, dans un système partisan qui contredit sa force d’âme bien plus que Charles Maurras  ! C’est encore et toujours la question du régime qu’il faut poser. Même si, en attendant, l’Action française salue toutes les synergies incorrectes visant à ouvrir les yeux du «  tiers-état populaire  ». Lequel, avec notre aide, finira bien un jour par susciter un général Monck pour la France  !  •

    Action Française 2000 du 21.09.2017

  • Avec Trump, l’Amérique est de retour !

      

    par Gabriel Robin
     
    Chacun sait que nous avons souhaité l'élection de Donald Trump plutôt que celle d'Hillary Clinton. Et ce, seulement en considération des intérêts français. Quelles qu'en soient les raisons, les empêchements qu'il a pu subir, il est non moins vrai que Trump a déçu. Dans la forme, mais surtout dans le fond, c'est à dire par son action politique elle-même, par delà le verbe et les gestes. Quelles sont les apparences et quelles sont les réalités ? Très différemment, mais un peu comme pour Emmanuel Macron, les deux aspects sont difficiles à démêler. Dans cette brillante tribune [Causeur, 25.09], Gabriel Robin, dont nous suivons les publications avec intérêt, tente d'apporter des éléments d'appréciation.  LFAR  
     

    3259321246.jpg« God Emperor Trump », tel est le surnom donné au 45ème président des Etats-Unis par une poignée de fidèles sévissant sur internet. Affectueuse et ironique, l’appellation « God Emperor » trahit pourtant la véritable nature de Donald Trump, parfois plus proche de l’image que l’on se fait d’un personnage de bande-dessinée que de celle du chef de la nation « la plus puissante du monde ». Qui est Donald Trump ? Un patriote américain sincère ? Un businessman ? Un personnage de télé réalité ? Un « entertainer » capable de se produire sur les rings de catch de la WWE de son ami Vince Mac Mahon ? Sorte de synthèse des excès de l’Amérique, qui fascine comme elle répugne, The Donald semble diriger son pays avec la subtilité d’un conducteur de « monster truck » lancé à pleine vitesse dans une arène poussiéreuse en bordure de Las Vegas, prêt à toutes les cascades pour satisfaire un public surexcité.

    America, baby !

    Lors du dernier sommet de l’ONU, le discours du président des Etats-Unis en exercice pouvait parfois rappeler la bande-originale du film Team America, notamment la chanson America, fuck yeah ! dont les paroles écrites par Trey Parker, moitié du duo à l’origine de South Park, multiplient les clichés sur l’Amérique. 

    Cliché, Donald Trump l’est à maints égards, s’attaquant aux « Etats voyous », menaçant de raser purement et simplement la Corée du Nord, cherchant des Némésis à la grande nation des libertés. Il serait pourtant réducteur de circonscrire la parole d’un président si particulier à cette succession de rodomontades agressives destinées à être massivement diffusées sur Twitter.  

    Que retenir, au-delà des images, de cette prise de parole tant attendue ? En premier lieu, le retour d’une dialectique traditionnelle opposant le bien au mal, sorte de poursuite de la Guerre froide dans un monde pourtant plus complexe que jamais. Donald Trump déclare notamment que « le problème au Venezuela n’est pas que le socialisme a été mal mis en œuvre mais que le socialisme a été mis en œuvre fidèlement. De l’Union soviétique à Cuba, en passant par le Venezuela, à chaque fois que le vrai socialisme ou communisme a été adopté, il n’a semé que l’angoisse, la dévastation et l’échec ». Si l’on pourrait y voir une contradiction apparente avec sa vision d’un monde ordonné par les nations souveraines, dans le droit fil de l’école westphalienne, le fait que Donald Trump assume l’hégémon américain, c’est-à-dire sa « destinée manifeste » depuis 1945, prouve que l’Amérique est vraiment de retour après des années Obama marquées par une relative passivité.

    Donald « Schwarzie » Trump

    Au fond, Donald Trump n’a rien apporté de neuf aux principes de politique étrangère édictés par les Kissinger et les Brzezinski. Seule la forme a changé, moins subtile et plus brutale. Un parallèle criant pour ce qui concerne l’accord relatif au nucléaire iranien, le président reprenant peu ou prou l’analyse d’Henry Kissinger dans L’Ordre du Monde, lequel juge l’Iran chiite responsable du réveil de l’ensemble du monde musulman. À cette nuance près que Donald Trump refuse tout dialogue avec l’Etat perse, le rangeant unilatéralement parmi les ennemis de l’Amérique. Par son attitude belliqueuse, Donald Trump prend le risque de renforcer les factions iraniennes les plus dures. Lui et ses conseillers, peut-être trop influencés par l’Arabie saoudite, devraient se poser la question suivante : le Moyen-Orient et le monde sont-ils plus sûrs avec Hassan Rohani à la tête de l’Iran ou avec Mahmoud Ahmadinejad ?

    Pareillement, les déclarations hollywoodiennes de Donald Trump sur la Corée du Nord sont difficiles à prendre au sérieux. Personne, y compris Kim Jong-Un, n’a intérêt à une guerre. Quant aux Coréens du Sud, ils ne peuvent que redouter l’idée d’une réunification, particulièrement coûteuse et difficile. Ici encore, l’Amérique de Trump engage un bras de fer avec le rival chinois, montre ses muscles pour rassurer ses alliés et se rassurer dans un monde perturbé où d’autres puissances peuvent lui contester sa suprématie. Rien de nouveau à l’Ouest ? Oui et non, car Donald Trump a deux énormes avantages. Tout d’abord, il clôt l’ère entamée sous Obama durant laquelle les Etats-Unis étaient constamment présentés en modèles par l’Eglise du politiquement correct. Enfin, il a rompu brutalement avec la doxa globaliste et son sillage de déclarations d’intention larmoyantes. C’est déjà beaucoup.  •

     
    Attaché au groupe « Europe des nations et des libertés » du Parlement européen
     
    A lire aussi dans Lafautearousseau ...
     
  • Un sympathique clin d'oeil : le numéro de rentrée de Politique magazine est consacré à Emmanuel Macron ...

     

    Politique Magazine revient !

    Il est temps de se remettre « en marche »...

    Après quelques mois d'inactivité, le numéro de septembre est sorti, consacré à Emmanuel Macron.

    Au programme, un dossier abondant sur la nouvelle présidence servi par de belles plumes telles que Jean-Baptiste Donnier, Olivier Pichon ou encore Gilles Varange...

    Avec ces différents collaborateurs, un bilan est fait de ces premiers mois d'exercice :

    « Car c’est bien le sujet de l’heure. L’homme est pressé d’agir. Il joue le chef. La situation en exige un, de fait. Il n’en est qu’au début : il a déjà commis des erreurs, des fautes. Connaît-il suffisamment la vie, les choses de la vie, la politique, la France réelle, l’Europe dans sa complexité, le monde qui n’est pas forcé d’obéir à ses impulsions juvéniles ? »

    Hilaire de Crémiers, extrait de l'édito de septembre

      

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  • Le Café Actualités d’Aix-en-Provence reprendra ses activités le 3 octobre en recevant Hilaire de Crémiers

     

    2840298611.jpgLe Café Actualités d’Aix-en-Provence a le plaisir d'annoncer que ses activités reprendront comme d'habitude le premier mardi de chaque mois, à partir du 3 octobre, en recevant Hilaire de CRÉMIERS.

    Retenez la date !  

    Pour bien préparer l’année 2017-2018 du Café Actualités, et afin de mieux nous faire connaître, nous vous proposons de nous envoyer des adresses internet de personnes susceptibles d’être intéressées par nos réunions. Nous leur ferons part des prochains Cafés.

    Nous vous en remercions par avance. 

    Café Actualités d’Aix

  • Du multilatéralisme

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    logo lundis.jpgL’occasion fournie par la tribune de l’ONU était trop belle et il a su en profiter : face à un M. Trump qui joue toujours à merveille son rôle de cow-boy tonitruant, notre M. Macron national a fait coup double en prononçant son allocution.

    Il a d’abord réussi, sur le plan personnel, à se poser en s’opposant, et pas à n’importe qui, au représentant de la première puissance mondiale, de la seule hyper-puissance même, acquérant du même coup une stature internationale certaine, ce qui en soi pourrait se révéler bénéfique pour la France ; il a de plus su répondre point par point, faisant de son discours une réponse sans concession à M. Trump, montrant ainsi qu’on peut envisager d’échapper à l’unilatéralisme états-unien, qu’on peut proposer et peut-être choisir une autre voie, qu’enfin donc une alternative existe dont les deux termes sont clairs. 

    Donc, satisfaction ? Non, car reste posée la question de fond : que se cache-t-il derrière ce « multilatéralisme » assumé de M. Macron ? Le concept même est ambigu. S’agit-il, pour lui, du multilatéralisme dans sa version « réaliste », ou dans sa version « normative », d’un multilatéralisme tactique ou stratégique ? Dans le premier cas, cela signifierait qu’il demande  à des Etats souverains, et qui entendent le rester, de coopérer de façon ponctuelle parce que c’est leur intérêt bien compris. Dans le second cas, il souhaite l’aboutissement d’un projet mondialiste qui, jouant sur l’interdépendance croissante à différents niveaux (par exemple l’environnement), finirait par corseter lesdits Etats. Dans le premier cas, M. Macron aurait fait preuve et de bon sens et même d’intelligence politique : face à l’évident tropisme impérial des Etats-Unis d’Amérique, le multilatéralisme peut permettre à une puissance moyenne comme la France de rechercher un minimum d’ordre international fondé sur un certain équilibre ; il serait alors l’élément déterminant d’une politique étrangère conséquente qui renouerait avec la pensée et/ou les actes des De Gaulle, Maurras, Talleyrand, etc. Dans le second cas, M. Macron ne serait que ce qu’il a voulu peut-être paraître aux yeux de la planète (n’oublions pas la tonalité niaisement humanitariste d’une partie de ses propos) : une sorte de prophète dangereux annonçant la venue de temps meilleurs pour tous mais surtout un inéluctable processus dont on ne voit pas comment il pourrait, paradoxe suprême, ne pas constituer un aboutissement de l’imperium culturel états-unien auquel il prétend par ailleurs s’opposer, tant il est vrai que ne font qu’un l’unilatéralisme américain et la mondialisation libérale !

    Macron pourrait lire M. Védrine, lequel, présentant son dernier essai*, rappelle que la communauté internationale n’est au mieux qu’« une mince pellicule à la surface du globe sous laquelle les peuples restent différents, avec chacun leur vision du passé, du présent et de l'avenir et leurs croyances, souvent incompatibles, voire antagonistes. » Il comprendrait que les institutions internationales procèdent de la volonté d’Etats souverains et, à notre sens, doivent leur rester soumises. Il peut le faire.  

    * Le Monde au défi, Fayard, 2016

  • Jean-Christophe Buisson : La stratégie de Mélenchon ressemble à celle de Lénine en 1917

     

    Entretien par  

    [Figarovox, 22.09]

    Appels répétés à la manifestation, refus d'alliance avec quiconque à gauche... Les méthodes et la rhétorique de Jean-Luc Mélenchon rappellent celles de Lénine, analyse Jean-Christophe Buisson. Pour lui, la prise de pouvoir par les Bolcheviques hante et inspire le chef des Insoumis. Une comparaison intéressante qui éclaire sur la personnalité de Jean-Luc Mélenchon.  LFAR

     

    4092689597.jpgVous avez écrit un livre sur l'année 1917. Peut-on considérer que le mouvement mené par Lénine cette année-là puisse inspirer Jean-Luc Mélenchon. Existe-t-il des correspondances ? 

    Militant trotskiste dans ses jeunes années, Jean-Luc Mélenchon connaît sur le bout des doigts les détails de la révolution russe de 1917. Je ne peux pas croire qu'il ne soit pas hanté, en cette période où on commémore le centenaire du coup d'Etat bolchevik, par la manière dont Lénine (flanqué de Trotski pour l'aspect militaire) a réussi à s'emparer du pouvoir politique au gré de circonstances qu'il a en partie favorisées.

    Ces circonstances, quelles sont-elles ? Durant l'hiver 1917, un vaste mouvement dégagiste naît en Russie : fatigue de la guerre et rébellion contre un commandement souvent incompétent et brutal (le pays compte près d'un million de déserteurs, d'« insoumis » refusant de continuer à servir sous les drapeaux impériaux), rejet d'un système politique autoritaire à bout de souffle, désir de changement réel, notamment dans les campagnes où prévaut une organisation quasi féodale, etc. Ce mouvement se cristallise en février-mars 1917 avec des manifestations populaires qui aboutissent au renversement de la monarchie russe. Lui succède un gouvernement provisoire qui maintient la révolution à un niveau « dantonien » : des terres sont redistribuées, un vaste assouplissement des institutions est organisé, la Russie maintient ses alliances militaires traditionnelles en continuant à faire la guerre aux empires centraux aux côtés des Alliés, etc.

    La révolution à petits pas, en quelque sorte. Or, pendant ce temps, que fait Lénine, dont tous les écrits montrent qu'il est obsédé par la figure de Robespierre et convaincu que seule une violence extrême peut accoucher d'un monde nouveau ?

    Lui-même, qui avait dit récemment craindre de ne pas voir de son vivant une révolution, revient en Russie grâce à la bienveillance des Allemands et s'installe comme premier opposant au pouvoir réformiste en place en prônant une véritable révolution, considérant que le régime en train de se mettre en place ne va pas assez loin dans le changement.

    Via les soviets de soldats, d'ouvriers et de paysans élus au printemps, les responsables bolcheviks, quoique minoritaires dans le pays (le parti ne compte que quelques milliers d'adhérents), harcèlent le gouvernement et encadrent les mécontentements sociaux qui se font jour dans le pays. On est alors un peu dans la France de l'été 2017…

    En quoi la terminologie de la France Insoumise rappelle celle de 1917 en Russie ?

    La violence de la terminologie, que relate dans ses détails Stéphane Courtois dans sa biographie éblouissante de Lénine, « inventeur du totalitarisme », est connue. Elle se résume en quelques idées qui sonnent avec une certaine familiarité à nos oreilles.

    Selon lui, la légitimité démocratique (sinon électorale) née de la révolution de février-mars doit céder le pas à celle de la rue, qui se manifeste quotidiennement dans des manifestations encouragées par les bolcheviks contre la faim, la guerre, les inégalités sociales, etc.

    Il est temps pour le peuple, dit-il, de « déferler » dans toute la Russie pour en finir avec le gouvernement provisoire bourgeois. Le but est de « conquérir le pouvoir » - par la force, s'il le faut.

    Selon Lénine, il y a eu une sorte de confiscation de la révolution qui n'a pas tenu ses promesses sociales. Un « coup d'Etat social » , en quelque sorte…

    Au-delà des vocabulaires qui se ressemblent, les situations sont tout de même extrêmement différentes. Est-ce que votre analogie n'est pas un peu forcée ?

    Comparaison n'est pas raison mais observons de près les choses et acceptons d'être un peu troublés.

    L'homme qui a accédé au pouvoir après la révolution dégagiste de février-mars 1917 s'appelle Alexandre Kerenski. Il n'a pas 40 ans, vient de la société civile (il est avocat), séduit les foules par sa jeunesse, sa beauté, son charisme, son aisance oratoire, son romantisme, son talent à se mettre en scène.

    Une fois nommé à la tête du gouvernement provisoire (après avoir fait partie du gouvernement précédent…), au début de l'été 17, il s'applique à réformer le pays mais en se refusant à un extrémisme socialisant. Au point que les membres du parti KD (constitutionnel-démocrate), de centre-droit, le soutiennent parfois.

    De l'autre côté de l'échiquier politique, que se passe-t-il ? A la tête d'un mouvement, je le répète, très minoritaire, Lénine suit une stratégie qui peut paraître étonnante  : pas d'ami à gauche. Plutôt que de s'attaquer frontalement à Kerenski, il n'a de cesse d'attaquer les rivaux de son propre camp (mencheviks, socialiste-révolutionnaires, etc) et de refuser toute alliance avec ceux que son ami Trotski, dans une formule célèbre vouera bientôt à « finir dans les poubelles de l'Histoire ».

    Son objectif ? Etre le seul à incarner une véritable opposition à Kerenski. Lénine est persuadé que celui-ci va devenir impopulaire par sa politique et sombrer dans une forme d'hubris qui détournera ses admirateurs de février de leur passion initiale. Et c‘est ce qui arrive.

    Ivre de son pouvoir, Kerenski multiplie les fautes. La plus remarquable : chasser brutalement de l'état-major de l'armée son chef, le général Broussilov - coupable de ne pas lui avoir envoyé une garde digne de son nom à la descente d'un train.

    On peut imaginer que Mélenchon trouve dans toutes ces anecdotes certaines analogies avec la situation actuelle. Quand celui-ci passe son temps à tancer ses concurrents à gauche (Hamon Laurent, etc), il est pour moi dans une stratégie très léninienne.

    Quel est l'objectif de cette stratégie ?

    D'abord, faire en sorte qu'il soit le seul adversaire digne de ce nom du pouvoir en place. La droite étant en pleine (et pénible) réorganisation, l'extrême-droite en train d'exploser, il ne lui restait qu'à imposer son leadership (fût-il provisoire) à gauche : c'est fait.

    Susciter une agitation sociale dans tous les secteurs de l'économie (fonctionnaires, retraités, ouvriers, jeunes, etc.) sans qu'il en apparaisse forcément l'organisateur: c'est fait - même si sa tentative de prendre le contrôle du syndicat étudiant UNEF il y a quelques semaines a échoué.

    Attendre que les mouvements de révolte sociale et syndicale coagulent et suscitent un rejet du gouvernement, créant les conditions d'une prise de pouvoir dans un minimum de violence (ce qui fut le cas en octobre-novembre 1917, n'en déplaise aux historiens marxistes décrivant la prise du Palais d'Hiver en geste héroïque quand elle n'aura mobilisé que quelques centaines de combattants, le pouvoir étant tombé alors comme un fruit mûr), ce n'est certes pas fait.

    Mais c'est sans doute le rêve de Mélenchon, 66 ans, qui n'a sûrement pas envie d'attendre quatre ans pour diriger la France. N'a-t-il pas lui-même dit qu'il ne se représenterait pas en 2022 à l'élection présidentielle ?

    En ce cas, comment compte-t-il accéder au pouvoir suprême sinon au bénéfice d'une situation de type de celle de la Russie de l'automne 1917 ?   

    Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l'émission hebdomadaire Historiquement show4 et l'émission bimestrielle L'Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d'une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l'émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l'année qui a changé le monde, vient de paraître aux éditions Perrin.

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    1917, l'année qui a changé le monde de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 320 p. et une centaine d'illustrations, 24,90 €.

    Vincent Trémolet de Villers

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox 

  • Grenoble : Ce lundi 25 septembre, conférence de Stéphane Blanchonnet au Centre Lesdiguières. A ne pas rater

     

    Charles Maurras est bien vivant. Sa pensée ne cesse d’irriguer les domaines de la politique, de la culture et de la littérature. Ses héritiers sont nombreux aujourd’hui encore. Avec cet ouvrage, Stéphane Blanchonnet nous offre la possibilité d’aborder avec facilité et efficacité le continent maurrassien.

    Le dictionnaire convient parfaitement à cet inventaire des principes et des mots-clés de la pensée maurrassienne. Destiné autant à ceux qui s’engagent en politique, aux amoureux de la France et de sa civilisation, qu’aux simples curieux de la pensée toujours vivace de Maurras, ce petit dictionnaire fait oeuvre de pédagogie. Cet ouvrage est aussi un hommage à cette école de pensée et d’action.  

    CONTACT

    centreslesdiguieres@laposte.net

  • AUJOURD'HUI : FILM « LA RÉBELLION CACHÉE » à NANCY

     

    1158c.JPGRetenez dès maintenant la date du  lundi 25 septembre 2017.

    Ce jour là, à Nancy, sera projeté le film « La rébellion cachée » de Daniel Raboudin. Ce film rend hommage aux martyrs vendéens.

    L’auteur du film devrait être présent.

    Il sera projeté dans la salle Saint Jean-Paul II sous la basilique Notre Dame de Lourdes. Ce sera la séance d’inauguration du nouveau club de cinéma chrétien.

    Plus de précisions prochainement, mais prévoyez dès maintenant d’être présent et invitez vos amis.  

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  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Société • PMA-GPA : Quand Michel Onfray est lumineux et vrai philosophe

     

     

     

    Par  Alexandre Devecchio 

    VIDEO - Pour Michel Onfray, l'ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux couples lesbiens est un pas de plus vers la gestation pour autrui (GPA). Mais il dit bien plus que cela : c'est une réflexion philosophique, anthropologique, très sûre qu'il développe ici avec clarté. [Figarovox, 23.09]. Alexandre Devecchio en dresse un excellent résumé, mais l'on devra voir la vidéo elle-même qui peut être regardée en plein écran.  LFAR

     

    La PMA pour toutes ne fait pas seulement sursauter les militants de Sens commun et les « lodens » de la Manif pour tous.

    C'est peut-être à gauche que les réactions à la proposition de Marlène Schiappa d'ouvrir la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires et aux couples de femmes de même sexe ont été les plus virulentes. Après l'édito à charge de Charlie Hebdo et l'entretien sans concession de la sociologue Nathalie Heinich dans le Figaro, c'est Michel Onfray qui réagit sur Michel Onfray TV. Pour le philosophe, cette proposition repose sur une « fiction idéologique », sur l'idée fausse que « la nature n'existe pas et que tout est culture: qu'il n'y pas de sexe, pas d'homme, de femme, d'hormone femelle, d'hormone mâle, que les testicules et les ovaires n'existent pas non plus.».

    Michel Onfray dénonce également la « sophistique » égalitariste du gouvernement. Selon lui, justifier la PMA pour toutes « au nom de l'égalité » ouvre logiquement la porte à la gestation pour autrui (GPA). « Au nom de cette logique d'égalité, il n'y a pas de raison que les couples d'hommes n'aient pas le droit, comme les couples de femmes, de recourir à la procréation médicalement assistée, donc à la GPA », prévient le philosophe. Michel Onfray voit dans la gestation pour autrui le symbole de l'inégalité entre les plus aisés et les plus modestes. « Au nom de l'égalité, nous allons vers la prolétarisation des utérus des femmes les plus pauvres », conclut-il.  •

    1630167502.jpgXVM8d8b71a4-8f2b-11e7-b660-ef712dd9935a-150x200.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

    Alexandre Devecchio

  • Histoire & Actualité • Le Code noir de Colbert fut un immense progrès !

     

    Par Richard Hanlet
     
    Une excellente réflexion [Boulevard Voltaire, 22.09] qui vient s'ajouter aux nôtres (liens ci-dessous) sur le même sujet.  LFAR 
     

    23176e270b3947c73c7ca2d302a17c79.pngOn sait que les délires américains du politiquement correct mettent un certain temps à traverser l’Atlantique. Mais ils finissent toujours par nous arriver. Et, apparemment, le mouvement s’accélère.

    À peine levée la vague de retraits des symboles confédérés des espaces publics aux États-Unis, voici que le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) invite à « débaptiser les collèges et lycées Colbert ». Pour son président, poste qui apparemment nourrit bien son homme, « le ministre de Louis XIV est celui qui jeta les fondements du Code noir, monstre juridique qui légalisa ce crime contre l’humanité ».

    En réalité, ce code visait à préciser le statut civil et pénal des esclaves qui, auparavant, n’en avaient aucun. Selon Wikipédia, ses textes consacrent « le principe chrétien de l’égalité ontologique de tous les hommes, par-delà leurs conditions sociales et leurs races. Ils prévoient donc le baptême, l’instruction et les mêmes pratiques et sacrements religieux pour les esclaves que pour les hommes libres. De ce fait, les esclaves ont droit au repos du dimanche et des fêtes, la possibilité de se marier solennellement à l’église, d’être enterrés dans les cimetières, d’être instruits. Les maîtres ne peuvent ni torturer de leur propre chef, ni mettre à mort leurs esclaves » (art. 43). Le Code noir prévoit aussi que les esclaves ont la possibilité de se plaindre auprès des juges locaux en cas d’excès ou de mauvais traitements (art. 26). On pourrait voir, là, une ébauche des droits de l’Homme noir partant de bons sentiments, surtout à une époque où, « en métropole », le servage existait encore, et où il suffisait d’être déserteur ou fraudeur de la gabelle pour se retrouver sur une galère. À Paris, c’était même la peine prévue pour ceux qui auraient brisé les lanternes d’éclairage des rues de la ville ! (On rêverait que le même châtiment soit rétabli pour les casseurs des manifestations…)

    Colbert serait-il moins estimable qu’Abraham Lincoln, icône de la bien-pensance, qui, deux siècles après le Code noir, affirmait encore : « Je ne suis pas ni n’ai jamais été pour l’égalité politique et sociale des Noirs et des Blancs […] il y a une différence physique entre la race blanche et la race noire qui interdira pour toujours aux deux races de vivre ensemble dans des conditions d’égalité sociale et politique » ? Gageons que le CRAN exigera promptement le retrait de son effigie du billet de cinq dollars…

    Juger des événements historiques à l’aune des valeurs d’aujourd’hui est évidemment une pure bouffonnerie. Le thème de l’esclavage ne sert qu’à culpabiliser les Blancs, alors que ce sont les seuls qui, dans l’Histoire, l’aient aboli dans les territoires soumis à leur contrôle, et qu’il persiste encore aujourd’hui, tout particulièrement en terre d’islam. 

    Débaptiser les lycées Colbert, chiche ! Mais allons jusqu’au bout, débaptisons les lycées Jules-Ferry : « Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures. » Puis les rues Léon-Blum : « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture. »

    « Le raciste s’exaspère, parce qu’il soupçonne, en secret, que les races sont égales ; l’antiraciste également, parce qu’en secret, il soupçonne qu’elles ne le sont pas » (Nicolás Gómez Dávila).  •