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  • Religion & Société • Cachez cette croix que je ne saurais voir !

    Les croix des petites églises du paysage grec de Santorin ont disparu comme par enchantement

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Une tribune publiée jeudi dernier dans le Journal de Montréal [7.09]. Mathieu Bock-Côté, comme toujours, va au fond des choses lorsqu'il dénonce ici « une forme de barbarie ». L'auteur du voyage d'Athènes, le jeune Maurras, agnostique, n'eût rien écrit d'autre. Nous non plus. LFAR

     

    501680460.5.jpgL’histoire s’est passée de l’autre côté de l’Atlantique ces derniers jours, mais elle aurait bien pu arriver ici.

    Lidl est une compagnie allemande. Elle a notamment une gamme de produits alimentaires grecs. Elle a décidé d’illustrer son emballage avec une photo presque légendaire d’un paysage grec à Santorin, où on aperçoit de petites églises dans un décor paradisiaque.

    Mais la compagnie a enlevé les petites croix de la coupole des églises. Quelqu’un l’a remarqué et la nouvelle a percé l’écran médiatique. 

    Hypocrisie

    Depuis quelques jours, on en parle beaucoup. Bien des Européens crient à la censure de l’histoire et se demandent de quel droit on peut ainsi amputer une église de ce qu’elle a de plus caractéristique. 

    Cachez cette croix que je ne saurais voir !

    Obligée de s’expliquer, la compagnie s’est réfugiée derrière l’argument du respect de toutes les croyances.

    Pourquoi retirer la croix ? Parce que la compagnie voulait éviter d’exclure toute croyance religieuse. Et aussi parce qu’elle affiche son adhésion à la sacro-sainte « diversité ».

    En embrassant un symbole chrétien, ne risquerait-elle pas d’offusquer ceux qui ne se reconnaissent pas en lui ?

    Il fallait donc neutraliser la marque. On y verra certainement un comportement de trouillard. Imaginons néanmoins que tel soit vraiment son souci. Imaginons vraiment que la compagnie veut un environnement culturellement neutre.

    Mais alors, pourquoi prendre pour sa publicité un paysage qui est indissociable de sa dimension chrétienne ?

    N’y a-t-il pas là une immense hypocrisie ? On veut bien récolter la beauté d’un paysage façonné par une civilisation et sa religion, mais au dernier moment, on demande à cette dernière de s’effacer, parce qu’elle nous embête quand même.

    On veut du monde chrétien à condition que ce dernier consente discrètement à se sacrifier ?

    En un sens, on veut gommer la signature de l’œuvre, on veut effacer son identité, on veut arracher ses racines.

    Comment ne pas voir dans ce coup de gomme à effacer une forme de barbarie inconsciente d’elle-même ? Comment ne pas y voir un réflexe destructeur ?

    Histoire

    Est-ce vraiment la société qu’on souhaite : celle où la simple présence du crucifix fait scandale, même lorsqu’il se trouve à son endroit le plus naturel ?

    Tout cela n’a rien d’un fait divers. C’est plutôt un fait révélateur ou si on préfère, un symptôme.

    Notre civilisation a tendance à vouloir s’excuser d’exister. Et elle cherche à effacer presque frénétiquement tout ce qui rappelle son passé chrétien, comme s’il tachait l’image que nous voulons projeter aujourd’hui.

    Il y a pourtant là une effrayante ingratitude. Comment, dans les temps tumultueux qui sont les nôtres, une civilisation pourrait-elle survivre si elle croit offusquer l’humanité en assumant sa tradition, sa mémoire et ses marques distinctives ?

    On peut avoir la foi ou non, mais ici, ce n’est pas du tout la question. On ne saurait tout simplement réduire les monuments historiques à de simples décors de cartes postales aseptisées. C’est une question de décence.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Société • Gabriel Robin : Je préfère Pénélope Cruz à Anne Hidalgo. Je suis quand même un misogyne hispanophobe

     

    Par Gabriel Robin

    On est heureux de retrouver ici la plume érudite et les réflexions ne manquant ni d'humour ni de bon sens, de Gabriel Robin [Boulevard Voltaire, 8.09]. L'on aimera cette chronique très actuelle, vivante et de beaucoup d'esprit. Avec notre accord sur le fond, bien-sûr.  LFAR   

     

    3259321246.jpgIl est 20 h 30. Vous êtes toujours coincé dans les bouchons. Pour une fois, ça ne roule pas trop mal, à peine 35 minutes pour parcourir 1,5 kilomètre. Vite, votre famille vous attend dans le T2 de 55 mètres carrés que vous louez pour la modique somme de 1.600 euros par mois. En arrivant devant votre immeuble, vous constatez que les poubelles jonchent le bitume, certaines littéralement éventrées sur le trottoir, laissant s’échapper des seringues usagées. Quelques migrants errent dans la rue, vous proposant un petit remontant chimique. La nuit durant, vous devrez supporter les bruits de bagarre et les voitures sur le périphérique, tout en repensant au montant de la taxe d’habitation. Vivement les Jeux olympiques et la prochaine Gay Pride !

    Car, vous l’ignorez peut-être, mais l’état de la capitale n’a aucun rapport avec l’action de l’édile socialiste. D’ailleurs, si vous remettez en question ses choix et son bilan, cela s’explique probablement par la nature torve de votre personnalité. Vous ne voulez pas du « plan vélo » ? Vous cherchez tout simplement à préserver les « petits intérêts » de vos « petits lobbies ». Paris vous semble mal administrée par l’actuelle majorité ? L’ombrageuse Anne Hidalgo a la réponse :

    « Je suis une femme, donc ça, déjà, c’est un point très important. Pour la fachosphère, je revendique mon origine espagnole, j’ai la double nationalité. Blasphème ! Donc, je pense que ça les irrite au plus haut point. Je suis une femme de gauche, je l’assume, je le revendique. Je suis une femme qui porte l’écologie, un humanisme, et qui dirige la plus belle ville du monde, donc, voilà, je l’explique par ça. Mais toute ma vie, je me suis engagée contre les racistes, les xénophobes, les antisémites et les gros machos, et je vais continuer. » 

    Je préfère Penélope Cruz à Anne Hidalgo. Je n’en reste pas moins un misogyne hispanophobe. L’hispanophobie est un racisme autorisé, méconnu et dont la violence reste souvent sous-estimée. Comme chacun le sait, les Français ont encore le traité des Pyrénées en travers de la gorge. Pis : les « réacs » parvenus au pouvoir déclareraient la guerre à leurs voisins ibériques pour rattacher la Catalogne et l’Aragon au Roussillon. Heureusement que des humanistes convaincus, attachés aux valeurs les plus positives de notre République, veillent. Anne Hidalgo est de ceux-là.

    Il est important que les champions du bien universel soient protégés contre les propagandistes les plus zélés de la haine, cet ignoble marigot de xénophobes et de réactionnaires. Faisons plus simple en interdisant toute critique visant l’action de la mairie de Paris. Elles n’ont qu’une explication possible : vous haïssez les femmes d’origine espagnole.  •

    Juriste
  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Après la mort de Pierre Bergé

     

    En deux mots.jpgLa mort de Pierre Bergé fera pleurer ces jours-ci dans les chaumières de gauche - souvent de riches demeures, de luxueux riads à Marrakech où tout est permis, ou d'hollywoodiennes villas à Tanger - dans les milieux homosexuels aussi, parmi les malades du sida ou ceux qui, en un sens, font en sorte de l'attraper, enfin dans la presse où il s’était forgé un empire. 

    Bergé était un fidèle et généreux soutien de tous ceux-là. Sa fortune amassée jadis avec Yves Saint-Laurent lui en donnait les moyens. Il les avait mis au service de ces causes, sans-doute utiles aux malades du sida. Pas à la France. 

    Au moment où il quitte la scène, où il s'est montré si longtemps, nous ne verserons pas ici dans la polémique facile, encore moins dans l'insulte vulgaire. Laissons cela à ceux qui s'en contentent. « Bon débarras ! », par exemple, serait à la fois trivial et naïf, car dans les milieux qu'il fréquentait, les Pierre Bergé ne manquent pas et se reproduisent, quoique souvent sans enfant, avec la plus extrême facilité. 

    On ne peut raisonnablement nier qu'il ait été un homme de culture. Sa vie agitée et, comme diraient les médias, sulfureuse, lui a tout de même laissé le temps de lire, d'aimer la littérature et les livres, de constituer des collections d'œuvres d'art exceptionnelles, parmi lesquelles quelques pures merveilles. Il pouvait parler de Montaigne ou de Stendhal avec une véritable érudition et beaucoup de finesse. Il procédait d'une époque où la culture était encore répandue et honorée. Il n'en était pas dépourvu. 

    Il n'empêche que ses goûts, ses passions et son action se sont portés sur des causes destructrices de la société qui a donné naissance et consistance à cette culture.  

    Esprit non dénué d'une part prévalente de perversité, il a aimé et soutenu ce qui dissout, détruit, déqualifie notre société et notre culture. Ou ce qu'il en reste. 

    Disons simplement qu'il n'a pas été un serviteur de la France. Ou, si l'on préfère, qu'il en a été un très mauvais serviteur.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Histoire & Actualité • Valérie Boyer : « Notre histoire s’est construite autour des Rois et des Églises »

     

    Mardi dernier, 5 septembre, Valérie Boyer, députée de la 1ère circonscription des Bouches du Rhône, a publié sur Facebook un post intéressant. Dans ce post, et contrairement à un vieux précepte républicain affirmant que la France s’est construite sur un socle culturel né de « la glorieuse Révolution Française  » et sur un principe sacré : la laïcité, la députée étiquetée « Républicains », rappelle que  » Notre histoire s’est construite autour des Rois et des Églises. » 

    L’intégralité de ce post

    Valérie Boyer

    Carrefour fait le choix de supprimer les croix chrétiennes de ses emballages mais appose le croissant musulman sur ses produits halal. Notre Nation repose sur un socle culturel avec des traditions et des influences. Parmi ces influences n'oublions pas que christianisme a profondément marqué les sociétés européennes contemporaines et leurs Constitutions aux côtés de la philosophie grecque, le droit romain, la Renaissance ou le siècle des Lumières.

    Le christianisme nous a permis d'envisager l'homme comme un individu à part entière. La protection de la dignité humaine repose sur des valeurs chrétiennes.

    La France est une république laïque d'influence et de valeurs chrétiennes.

    Notre histoire s'est construite autour des Rois et des Églises.

    Jusqu'où va aller le renoncement, le déni de nos racines et de notre histoire ?  

    Source La Couronne

  • Livres • A lire ... De Georges Gugliotta, « L'armée de Monsieur Thiers 1871-1873 »

      

    Ce livre est le fruit de deux années de recherches dans des cartons d'archives jamais ouverts du service historique de l'armée. On pourra débattre de tel ou tel point mais non de l'intérêt historique de cet ouvrage. LFAR

    En avril 1871, une armée est réunie à Versailles par Adolphe Thiers, qui exerce les fonctions de chef du pouvoir exécutif. Cette armée est placée sous les ordres du maréchal de Mac Mahon, qui commandait les troupes françaises au début de la bataille de Sedan. Elle est constituée d’éléments des unités de la Défense nationale et d’anciens prisonniers de guerre revenus de captivité. L’armée de Versailles,  destinée à faire le siège de Paris insurgé, entrera dans l’histoire pour avoir écrasé dans le sang la Commune et pour avoir été l’embryon de l’armée de la République, qui sera celle de la Revanche. En effet, après le terrible épisode de la Commune, Thiers refonde en quelques mois un outil militaire, qui constitue en fait le chaînon fondateur d’une organisation qui perdurera jusqu’en 1940. De 120.000 hommes en 1871, l’armée de « Monsieur Thiers », qui renoue avec la conscription, passe deux ans plus tard à 500.000 hommes, sans que ces effectifs soient connus des Allemands, qui occupent encore une partie du territoire. Lorsque Thiers qui a fait le choix de la République quitte le pouvoir en mai 1873, il laisse une armée attachée au régime républicain par un lien nouveau. Avec une Assemblée et un corps des officiers majoritairement monarchistes, ce ne fut pas le moindre de ses mérites dont le plus éclatant fut celui d’être le libérateur du territoire.  • 

    GEORGES GUGLIOTTA est né à Marseille en 1948. Ancien élève du lycée Thiers, des facultés d’Aix-en-Provence et de Montpellier et ancien auditeur de l’IHEDN, il est docteur en histoire et docteur d’État de l’université Paul-Valéry, Montpellier III.

  • La rentrée des classes

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgComme, je pense, une grande partie de nos auditeurs, j’ai participé hier à la rentrée des classes. En tant que grand-père de quatre petits enfants en âge scolaire, la benjamine rentrant au CP, ce qui représente toujours une sorte d’étape initiatique.

    Tout s’est bien passé, et il n’y avait pas de raison pour que ça se passe mal. Les relations avec la direction et les enseignants des établissements sont souvent cordiales, et les enfants sont sortis contents de leur première journée. J’avouerai à ce propos une certaine schizophrénie personnelle. Lorsque je vais aux portes des écoles, comme père ou grand-père, j’ai tendance à oublier tout ce qui pourrait être objet de querelle. Je me vois mal débattre avec Mme la directrice, par exemple, des déviations d’un certain pédagogisme. Et pourtant, les débats à son propos me passionnent lorsque je les suis dans les colonnes des journaux. Mais sur le terrain, foin d’affrontement théorique.

    Est-ce à dire que l’affrontement théorique n’a pas lieu d’être, qu’il est réservé à des intellectuels hors-sol, discutant entre eux de l’équivalent du sexe des anges ? Je ne le crois pas du tout. D’ailleurs il m’est arrivé, dans un autre cadre, de me retrouver en situation d’affrontement un peu pénible avec des responsables d’établissement à propos du caractère vital de l’enseignement de la culture générale. Je constatais, avec une certaine consternation, qu’ils avaient baissé les bras, en consentant à l’idéologie de Pierre Bourdieu, celle qui prétend qu’un certain savoir ou une certaine culture privilégient les héritiers, ceux des familles fortunées, bien installées. Là, le désaccord était patent.

    Il n’est donc pas de nature purement théorique. D’ailleurs, il est réapparu ces dernières semaines avec la politique menée par le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Jacques Julliard a pu rédiger à son propos une page, excellente comme d’habitude, de son carnet du Figaro. Il y a bel et bien deux projets scolaires incompatibles entre eux. Le premier s’inscrit dans la ligne de Jules Ferry. Il consiste à permettre à chacun « d’aller le plus loin possible dans l’acquisition des connaissances et des diplômes correspondants ». Le second se réclame du patronage de Bourdieu déjà nommé. Il entend supprimer les inégalités sociales et donc briser dans l’œuf le modèle inégalitaire dont proviendraient tous nos maux. Le problème c’est que ce second projet est chimérique et aboutit à des impasses que Jean-Michel Blanquer entend supprimer. Donc, le sujet demeure brûlant !  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 septembre 2017.

  • Rentrée 2017 : « Pour Blanquer, tout va bien... pour l'instant », pense Éric Zemmour

     

    BILLET - Le nouveau ministre de l'Éducation nationale a réussi sa première rentrée. Mais cela ne sera pas forcément suffisant pour sauver l'institution. Eric Zemmour donne son analyse [RTL 5.09].  LFAR 

      

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    C'est la rentrée des classes. Pour les élèves mais aussi pour le nouveau ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. « Pour l'instant, tout va bien », constate Éric Zemmour. « Sur les réseaux sociaux, ou dans les grands médias de gauche, tous les apôtres du pédagogisme (...) ne ratent pas une occasion de distiller leur venin contre tout ce qu'il fait ou ne fait pas », poursuit Zemmour.

    « Un ministre de l'Éducation nationale traité de 'conservateur' par les syndicats d'enseignants ne peut pas être tout à fait mauvais », raille-t-il. « Tant que Jean-Michel Blanquer subira leur ire ou leurs sarcasmes, il saura - et nous avec - qu'il est dans le vrai. Dès qu'ils l’applaudiront, il saura - et nous avec- qu'il a trahi sa mission », ajoute Éric Zemmour.  

    Éric Zemmour

  • La Monarchie et la mémoire nationale

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1262631406.jpgQuelques jours avant sa mort, qui surviendra le 1er septembre 1715, le roi Louis XIV s’adresse au futur régent : « Vous allez voir un roi dans la tombe et un autre dans le berceau. Souvenez-vous toujours de la mémoire de l’un et des intérêts de l’autre ». 

    En quelques mots forts, le roi mourant signale ainsi, pour l’éternité et pour les hommes qui savent entendre, toute la particularité de l’histoire d’un pays et de la nature d’un Etat digne de ce nom, et rappelle au duc d’Orléans les devoirs du magistrat suprême de l’Etat, y compris en l’absence provisoire de roi d’exercice, alors trop jeune pour régner (Louis XV n’a que cinq ans). Mais cette leçon est valable aujourd’hui encore, malgré la République et souvent contre elle, et les royalistes comme ceux qui ne le sont pas mais qui souhaitent la pérennité du pays et le bien-être de ses citoyens, peuvent s’en souvenir et, mieux que cela encore, la mettre en application. 

    1280px-Château_de_Versailles,_salon_de_Diane,_buste_de_Louis_XIV,_Bernin_(1665)_03.jpg« La mémoire de l’un », du prédécesseur, n’est pas une mémoire figée mais doit être soumise à ce devoir d’inventaire qui n’est pas forcément destruction de ce qui a été fait, mais « tradition critique », c’est-à-dire défalcation du passif et valorisation de l’actif utile et positif : il ne s’agit pas pour le souverain du présent de défaire l’œuvre du précédent mais d’en poursuivre les grandes politiques, avec son style personnel, et en n’hésitant pas, si le besoin s’en fait sentir, de revenir sur certains échecs ou incompréhensions du règne d’avant. Lorsque le chancelier prononce la formule rituelle qui finit un règne pour en ouvrir, immédiatement, un autre, le fameux « le roi est mort, vive le roi », il laisse déjà entendre que la politique du roi nouveau sera bien une politique du vivant, du long moment présent et en cours, et à venir, et non la redite froide du règne du feu roi. Tout règne est, en soi, unique. 

    Henri_dOrléans_comte_de_Paris.jpgMais la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’Etat, propre à la Monarchie royale française (mais pas à elle seule, bien sûr), permet une continuité et pérennité de l’Etat, sans doute de plus en plus nécessaires dans un monde qui, aujourd’hui, se presse et s’empresse, au risque de déséquilibrer les sociétés et de leur faire perdre toute mesure et, parfois, toute raison d’être par elles-mêmes. La Monarchie royale permet aussi d’incarner la nation en une famille, et elle est ainsi, par son existence et son mode de succession même, la gardienne de la mémoire nationale, constituée elle-même de multiples mémoires locales, politiques, professionnelles, religieuses, familiales. Je me souviens ainsi que, lorsque feu le comte de Paris était venu s’entretenir avec les étudiants de l’université de Rennes-2, en l’année du Millénaire capétien (1987), l’amphithéâtre était comble et respectueux (malgré les cris d’orfraie de l’Union des Etudiants Communistes locale, qui se voulait – pas trop fort tout de même - robespierriste…), et que le président de l’université avait accueilli le prince comme le descendant bien vivant d’une histoire qui remontait au Moyen âge et qu’il poursuivait, à sa manière : la longue mémoire royale qui, tout ensemble, rappelle et transcende toutes les mémoires du pays, y compris au-delà même de la Révolution de 1789 et de ses avatars républicains des années et siècles suivants. Le comte de Paris avait d’ailleurs souligné qu’il n’était pas là pour régler des comptes avec l’histoire mais pour la poursuivre et la transmettre à ceux qui lui succéderaient. « L’avenir dure longtemps », disait le général de Gaulle… 

    C’est d’ailleurs cette capacité à incarner la mémoire nationale qui permet à la Monarchie royale d’oublier les offenses passées : Henri IV a connu la guerre civile religieuse, il en a été partie prenante, mais, une fois son pouvoir (r)établi, il n’a voulu connaître que les qualités des uns et des autres, amis comme adversaires, et il a représenté, aux yeux de tous et jusqu’à nos contemporains, le symbole de la réconciliation générale au-delà des appartenances religieuses hier antagonistes. 

    Mais un roi, ou quelque chef de l’Etat que ce soit digne de ce nom (même s’il n’est pas roi, mais c’est alors plus difficile et parfois, par principe, impossible) ne doit pas penser seulement à ce qui a été et à ce qui est ; il doit aussi se projeter dans l’avenir, autant que faire se peut, et, dans tous les cas, préserver les intérêts de celui qui lui succédera et des générations à venir, ce que rappelle là encore Louis XIV au futur régent. Le roi, « père du peuple », doit préparer l’avenir de ses enfants et particulièrement de son héritier putatif, tout en sachant que ceux-ci ne lui ressembleront pas forcément et que les temps, les mœurs, les enjeux ne seront peut-être pas les mêmes que ceux qu’il connaît lui-même, au moment où il règne. L’éducation du futur roi, c’est l’apprentissage de l’exercice de l’Etat et de ses devoirs, de ses charges, de ses difficultés : être roi, c’est bien un métier politique, et qui se transmet de génération en génération, au risque de l’histoire et de ses coups que le souverain doit apprendre à parer en veillant toujours à préserver l’essentiel, l’intérêt du pays et de ses habitants d’aujourd’hui et de demain sans oublier « la mémoire de leurs pères » sans laquelle il n’y a pas de fondations solides… Un intérêt qui n’est jamais aussi bien défendu que lorsque la dynastie est effectivement solide et sûre d’elle-même. 

    Dans une nation historique, la Monarchie fait fonction de colonne vertébrale : elle permet au pays d’être debout et de « se tenir » dans un monde tempétueux. Elle est tout à la fois la mémoire longue et le trait d’union entre les générations, elle est le souvenir sans être la rancune, et elle ne retranche pas telle ou telle partie de la mémoire nationale, fût-elle désagréable pour elle : il suffit de regarder au-delà des Pyrénées ou au-delà de la Manche pour s’en convaincre… Cela ne signifie pas qu’elle est parfaite ou toujours à l’aise avec le passé, voire avec le resurgissement des anciennes conflictualités, mais qu’elle a sans doute plus d’atouts, par sa propre nature politique, qu’une République qui préfère la dissimulation (comme pour les épisodes cruels de la Révolution dans les provinces de l’Ouest) ou la confusion, parfois savamment entretenues par l’Education nationale dans ses manuels scolaires ou ses programmes d’histoire, voire de géographie… 

    A l’heure où l’histoire est parfois réduite à un enjeu « mémoriel », il n’est pas inutile de rappeler que la Monarchie permet aussi d’apaiser les mémoires sans oublier l’histoire ni les défis et promesses de l’avenir…  

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Eric Zemmour : « Wauquier se voudra Sarkozy et promettra le Karcher qu'il ne passera pas »

     

    BILLET - Eric Zemmour réagit au meeting de rentrée de Laurent Wauquiez, à Châteaurenard, mercredi 30 août [RTL 31.08]. Il lui conseille de se débarrasser de beaucoup de monde mais n'y croit guère : « Wauquier se voudra Sarkozy et promettra le Karcher qu'il ne passera pas ».  LFAR 

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    « Il y a pire que d'avoir un rival, c'est de ne pas en avoir. Il y a pire que d'être sûr de perdre, c'est d'être sûr de gagner », avertit Éric Zemmour. « La question n'est pas de savoir si Laurent Wauquiez deviendra le prochain président des Républicains, mais ce que deviendront les Républicains sous la présidence Wauquiez », insiste-t-il. « Depuis des jours et des jours, chacun y a va de son chantage, chacun y va de sa ligne rouge ou jaune. Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse : tous jouent à retenez-moi-ou-je-fais-un-malheur », constate Zemmour, qui ajoute : « Wauquiez devrait les écouter : qu'il ne les retienne pas et il fera un malheur ! »

    « C'est parce que Macron a jeté ses anciens amis socialistes dans un cul de basse-fosse qu'il a gagné. C'est parce que Mélenchon a craché sur la main tendue par Hamon qu'il l'a écrasé. C'est parce que Fillon n'a jamais osé se débarrasser de ses boulets juppéistes et de ses sangsues sarkozistes qu'il a perdu », décrypte Éric Zemmour.  

    Éric Zemmour

  • L'armée libanaise attaque Daesh

    Le nouveau chef d'Etat-Major libanais, le Général Joseph Aoun

     

    Par Antoine de Lacoste 

     

    2966618915.2.pngDepuis environ trois ans, plusieurs milliers d'islamistes d'Al Nosra (devenu Fatah al Cham) et de Daesh ont trouvé refuge dans les montagnes libanaises le long de la frontière syrienne.

    Dans ces zones difficiles d'accès, les djihadistes pouvaient se reposer, s'approvisionner en armes et recruter de nouveaux combattants dans les camps de réfugiés syriens situés à proximité.

    Ils n'hésitaient pas également à organiser des raids meurtriers sur la Syrie.

    Les combattants libanais du Hezbollah ont lancé fin juillet une vaste offensive contre les positions d'Al Nosra. En effet, libérés des durs combats d'Alep et des environs de Damas, les chiites disposaient des effectifs nécessaires pour mettre fin à la présence plus qu'encombrante des islamistes sunnites sur le sol libanais. La défense d'Al Nosra fut, comme d'habitude, acharnée. Mais, moins nombreux et moins bien armés, ils durent céder. Après d'âpres négociations, les survivants furent autorisés à se retirer vers la zone de refuge habituelle des islamistes : la province d'Idlib située dans le nord-ouest de la Syrie.

    L'armée libanaise, sensée être au dessus des divisions confessionnelles, s'était contentée de sécuriser la ville d'Ersal, ultime point d'ancrage des djihadistes. Elle ne pouvait en effet mener une offensive conjointe avec un mouvement exclusivement chiite.

    Elle vient à son tour de passer à l'offensive, toujours dans les montagnes proches de la frontière syrienne, mais contre Daesh cette fois.

    Enfin ! Il y a bien longtemps que l'on espérait une initiative d'envergure de l'armée contre l'Etat islamique qui avait tué et fait prisonnier plusieurs de ses hommes lors des combats de 2014. Deux d'entre eux avaient ensuite été égorgés, un chiite et un sunnite.

    Les combats qui se déroulent devraient se conclure favorablement : les trois-quarts du territoire contrôlé par Daesh ont été repris en quelques jours et toute contre-attaque semble illusoire.

    Ce qui est particulièrement intéressant dans cet événement, c'est qu'une offensive similaire s'est déroulée côté syrien menée par le Hezbollah et, surtout, l'armée syrienne. Il ne fallait évidemment pas laisser la possibilité aux hommes de Daesh de reculer devant l'armée libanaise et de trouver refuge dans les montagnes syriennes. Pris en étau, ils n'ont aucune chance.

    Symboliquement, c'est un pas important qui vient d'être franchi. Même si l'armée libanaise le nie, il est évident qu'elle a coordonné son action avec l'armée syrienne.

    C'est une grande première depuis le début de la guerre en Syrie et c'est de bon augure pour vaincre les islamistes. Il ne s'agit pas d'oublier les drames du passé : le Liban a payé un lourd tribut à l'occupation syrienne. Mais l'islamisme vainqueur en Syrie aurait ensuite détruit le Liban et chacun semble l'avoir compris. La priorité est donc là : détruire Daesh, Al Nosra et les autres mouvements islamistes sunnites que les Etats-Unis et l'Europe ont criminellement soutenus. Pour cela, la Syrie et le Liban doivent travailler ensemble.

    Le nouveau chef d'Etat-Major libanais, le Général Joseph Aoun, s'est déplacé sur le lieu des combats, soulignant là leur importance.

    Une page se tourne et la défaite des islamistes se rapproche.                                                 

  • Banaliser le voile ?

    Rachel Notley

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Une tribune publiée hier dans le Journal de Montréal [5.09].

     

    501680460.5.jpg

    Il y a quelques jours, pour marquer l’Aïd al-Adha, une fête majeure pour les musulmans, la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, a diffusé une vidéo où elle leur souhaitait les meilleurs vœux en se voilant.

    Ce n’était pas la première fois. En 2016, dans un contexte semblable, elle s’était aussi voilée. Sachant que Rachel Notley n’est pas musulmane, on doit donc conclure qu’elle a décidé de se déguiser en musulmane.

    Voile

    Manifestement, elle croit envoyer un signal d’inclusion aux musulmans en empruntant leurs symboles. 

    On peut voir la chose autrement. En se déguisant en musulmane, elle nous rappelle malgré elle le principe qui caractérise le multiculturalisme, c’est-à-dire l’inversion du devoir d’intégration. 

    Ce n’est plus à l’immigrant de s’adapter à la société d’accueil, mais à cette dernière de se transformer pour l’accommoder. On adoptera même ses symboles identitaires et religieux.

    C’est ce qu’on appelle de nos jours l’ouver­ture à l’autre. Ce terme masque souvent une incapacité de la société d’accueil à assumer sa propre culture, sa propre civilisation.

    Mais plus encore, Rachel Notley envoie un étrange message aux musulmanes.

    Doit-on comprendre, à la regarder, que les vraies musulmanes sont celles qui sont voilées ?

    On nous répète sans cesse que le voile est optionnel dans l’islam, qu’une femme est libre de le porter ou non. Alors si tel est le cas, pourquoi Rachel Notley se voile-t-elle ?

    Islamisme

    Pourquoi normalise-t-elle le voile islamique, qui demeure un symbole trouble ?

    Pourquoi reprendre la consigne des islamistes qui veulent imposer le voile comme un marqueur identitaire des musulmanes et comme le symbole de leur conquête de l’espace public ?

    Les islamistes ne risquent-ils pas de voir là un symbole de soumission ?

    Pourquoi ne pas soutenir les musulmanes qui, justement, veulent se délivrer de ce qui est souvent vu comme une marque d’oppression ?

    La générosité mal comprise peut faire faire des bêtises.   

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Merveilleux Maurras ! Il avait envisagé, il y a un siècle, le réveil de l'Islam avec le pressentiment d'une menace !

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgOn sait que la décision de construire la Mosquée de Paris, première mosquée construite en France métropolitaine, fut prise après la Première Guerre mondiale pour rendre hommage aux dizaines de milliers de morts de confession musulmane ayant combattu pour la France. Et manifester aux survivants la reconnaissance de leur sacrifice par le pays.

    Qu'en a dit Charles Maurras le 13 juillet 1926, lors de son inauguration ? Pas un mot contre l'idée même de rendre un hommage mérité, aux combattants musulmans de la Grande Guerre. A leur propos il parle des « nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ». Il n'y a pas chez Maurras de haine raciale. Ni de haine religieuse : il ne juge pas de l'Islam en soi. Mais il sait l'antagonisme des religions et des civilisations. Et sa culture historique autant que son jugement et son intuition politique l'amènent à pressentir et signaler un danger pour la France. Presque nul, alors. Présent et menaçant aujourd'hui sur notre sol même. Maurras ne dénonce pas l'hommage rendu aux combattants, ne critique même pas le fait de construire une mosquée à Paris. Avec mesure il écrit : « Nous venons de commettre le crime d’excès ». Son texte explicite en quoi consiste cet excès. Suit le pressentiment d'une menace : la crainte que nous ayons à payer un jour notre imprudence, en ce sens criminelle ; le souhait (Fasse le Ciel !) que les musulmans bénéficiaires de notre générosité « ne soient jamais grisés par leur sentiment de notre faiblesse. » Et nous y sommes.  LFAR         

     

    3436479833.png« Mais s’il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on puisse en douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir... Nous venons de commettre le crime d’excès. Fasse le ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu et que les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse. »

    Charles Maurras le 13 juillet 1926

  • Ukraine : intangibilité des frontières ? Allons donc !

    La Laure de Kiev, sur le Dniepr, monastère fondé en 1051, et lieu de résidence du primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine (Patriarcat de Moscou)

     

    En deux mots.jpgDe tous les dogmes en vogue en matière de politique étrangère, le plus stupide, le plus irréaliste, et le plus ignorant – en particulier de la géographie et de l'Histoire - c'est, sans conteste, celui de l'intangibilité des frontières.

    Lesquelles, en effet ? Sans remonter au déluge, le XXe siècle a passé son temps à les modifier en tous sens : à l'issue de la 1ère Guerre Mondiale où l'on dépeça l'Autriche-Hongrie et la Turquie, sur les dépouilles de laquelle Français et Anglais tracèrent arbitrairement les bien embarrassantes frontières de l'actuel Proche-Orient ; à la fin de la Seconde Guerre mondiale où la carte de l'Europe fut refondue, dans la foulée  de Yalta ; lors de l'éclatement de l'URSS enfin, à quoi s’ajoute la dislocation subséquente de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie que les traités d'après la Grande Guerre avaient pourtant instituées.

    Au total, l'Europe actuelle compte nombre d'Etats qui n'existaient pas avant 1914, 1945 ou autour de 1990. De fait, le principe de l'intangibilité des frontières n'a cessé d'être foulé aux pieds à l'époque moderne, comme en toute autre de l'Histoire. Croit-on que l'on va s'en tenir éternellement au tracé actuel des frontières de l'Europe, que les choses vont s'arrêter là ?

    Et est-ce au nom de ce principe de l'intangibilité des frontières qu'Emmanuel Macron vient crânement de déclarer sa ferme intention de mener la vie dure à Vladimir Poutine à propos de l'Ukraine, ou même de la Crimée ? Pourquoi ? Ce n'est guère sérieux.

    Nous ne sachons pas que du temps de l'Union Soviétique, sous Staline, Khrouchtchev, Brejnev, ou même Gorbatchev, aucun Etat, aucune diplomatie occidentale, aient, alors, jamais contesté que l'Ukraine - ou la Crimée - fût russe. Personne n'aurait alors songé à s'en aviser, encore moins à en saisir les Soviétiques,

    Selon l'Histoire, l'Ukraine est le berceau de l'ancienne Russie autour de l'an 1000, où Vladimir, grand prince de la Rus de Kiev, décida, que la Russie serait chrétienne, et, de surcroît, orthodoxe, à cause de la beauté des cérémonies byzantines. Le baptême de la Russie, fut décidé à Kiev, à l'époque où Moscou n'était qu'un gros village. Sous l’angle culturel plus récent, Gogol, Prokofiev ou Tchaïkovski sont Ukrainiens ; ce sont surtout, cependant, sous le regard du monde entier, de grands artistes russes. Aujourd'hui, encore, l'église orthodoxe d'Ukraine est rattachée au Patriarcat de Moscou, ce qui n'est pas, ici, sans importance spirituelle et politique.    

    Les « démocraties » ont reconnu naguère les frontières de l'Union Soviétique, Ukraine et Crimée comprises, toutes deux déjà russes sous les derniers tsars.

    Elles s'obstinent aujourd'hui, alignées sans scrupules sur la politique belliciste active des Américains, bien loin de leurs bases, au centre et à l'Est de l'Europe, à contester ce qu'elles ont accepté hier. 

    La Crimée est russe au moins depuis le XVIIIe siècle et chacun sait qu'elle ne fut rattachée à l'Ukraine, alors russe, qu'en 1954, par décision en quelque sorte administrative de Moscou, prise en l'occurrence par Nikita Khrouchtchev. Singulière paternité pour cette Crimée ukrainienne à laquelle sans autres raisons s'accrochent les Occidentaux.

    Au risque de choquer quelques lecteurs, notre avis est que l'équilibre, la tranquillité et, tout simplement, la paix de l'Europe, seraient infiniment mieux assurées si, sous une forme ou sous une autre, préservant, autant que possible, sa toujours relative indépendance, l'Ukraine - c'est chose faite pour la Crimée - retrouvait sa place historique dans l'orbite, la zone d'influence, russe. C'est précisément à quoi notre diplomatie ne cesse de s'opposer pour l'instant. Elle continue de fonder son action sur les principes du « format Normandie » plutôt que sur l'esprit de la rencontre franco-russe de Versailles. Cette position ne peut manquer de laisser la crise ouverte pour longtemps en Ukraine.

    Ce grand Etat mafieux, cette nation composite, dont l'identité est peu définie, qui ne fut presque jamais indépendante et, au contraire, continuellement partagée entre ses voisins ; dont les finances, minées par la corruption de ses dirigeants, sont en ruine, ne nous semble pas pouvoir être artificiellement attirée, sans dommages, embarras de toutes sortes, et sans que se perpétue dangereusement un état de tension permanente avec la Russie, vers l'Europe de l'Ouest ou, pis, sous la coupe de l’OTAN.  

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