MEDIAS • Laurent Baffie mis en examen pour injure publique
Un clown atteint du syndrome de Tourette ? Question posée avec esprit par Manuel Moreau dans Causeur. Sa satire des mœurs et du niveau des invités patentés des plateaux télé fait mouche. Ces gens-là ne méritent rien d'autre que d'être moqués et dénoncés pour ce qu'ils sont. Peu de chose, en vérité ...
« Elle est partie, la pute ? » C’est en ces termes que Laurent Baffie s’était enquis de la présence de Virginie Tellenne (Frigide Barjot) sur le plateau de « C à vous », l’émission de France 5 à laquelle il était convié le 17 novembre 2014. L’année précédente, déjà, il l’avait publiquement traitée de « connasse », en son absence bien entendu. Plus classe, tu meurs. Mais personne ne s’était ému de cet acharnement ad hominem (oui, en latin Frigide Barjot est un homo comme un autre). Au contraire, les sites d’info s’étaient fait un plaisir de relayer la vidéo du « clash » pour exciter les hyènes 2.0 sur Twitter et ailleurs.
Depuis, la plainte déposée par la victime pour injure publique a valu au célèbre « sniper » d’être convoqué par les enquêteurs, le 18 août dernier. Et sa déposition, que Causeur s’est procurée, vaut son pesant de cacahuètes… A la question « Reconnaissez-vous que le terme de “pute” puisse être considéré comme une expression outrageante et méprisante pour la personne visée ? », Laurent Baffie trouve amusant d’avouer que « cette comparaison est très outrageante pour les prostituées ». Et il « s’excuse donc auprès de toutes les prostituées » pour lesquelles il dit avoir « beaucoup de respect », contrairement à « la personne visée ».
Mais attendez, il y a encore plus bidonnant. Au lieu de lui rappeler fermement la loi, et de faire remarquer au rigolo que sa réponse pourrait être interprétée par un juge comme la preuve de sa volonté d’insulter la victime, les « enquêteurs » enchaînent directement sur une question ahurissante : « Y aurait-il une connotation humoristique ou décalée au moment où vous tenez ces propos ? » Transposons la question dans le cadre de l’audition d’un jeune banlieusard suspecté de trafic de drogue, par exemple. Cela donnerait sans doute : « Quelqu’un vous aurait-il glissé ce sachet de cocaïne dans la poche, profitant d’une minute d’inattention ? »
Au terme de cet interrogatoire à décharge, « l’humoriste » n’a eu qu’à acquiescer aux suggestions des enquêteurs pour affirmer la main sur le cœur qu’il faisait de l’humour, rien que de l’humour. Au passage, il n’a pas omis d’assurer qu’il ignorait être à l’antenne au moment de prononcer ces mots. Et pour cause : l’injure publique, lorsqu’elle est caractérisée, coûte infiniment plus cher que si elle est proférée en privé. Bien qu’invraisemblable, dans une émission connue pour mettre en scène l’entrée des invités par une porte donnant sur le plateau, cette version pourrait faire économiser une jolie somme au pauvre saltimbanque barjophobe…
Laurent Baffie a finalement été mis en examen le 7 octobre. En attendant une décision de justice, on comprend mieux la séquence de l’émission « On n’est pas couché », samedi dernier, où il avait traité Yann Moix de « merde »… pour mieux lui signifier quelques minutes plus tard que, bien sûr, c’était pour rire ! Ce vrai-faux clash avait laissé perplexes un certain nombre de téléspectateurs, qui n’en percevaient pas bien le sens ni l’intérêt. Au vu de ses démêlés judiciaires du moment, le clown cherche de toute évidence à démontrer que l’injure n’est jamais, de sa part, qu’une bonne blague. Et si, sur un malentendu, Yann Moix venait à porter plainte, le courageux Baffie jurerait sans doute qu’il ne pensait pas être filmé… •
« La gauche est une route rectiligne, dédaignant le paysage. La réaction est un chemin qui serpente entre les collines. » Dans cette phrase de Nicolás Gómez Dávila, la « gauche » est à entendre comme le « progrès », et ce dernier comme inconditionnel. Quant à la « réaction », l’auteur s’y référait constamment en lieu et place du mot « droite », déprécié par les réflexes marchands qui peu à peu s’y sont rattachés. Hostiles aussi bien au socialisme qu’au capitalisme ou à la démocratie d’opinion, les aphorismes de Gómez Dávila feraient aujourd’hui bondir le landerneau du prêt-à-penser. Néanmoins, sa formule lapidaire mise en exergue nous instruit parfaitement de ce qui, d’un point de vue idéologique, est en train de se passer aujourd’hui en France : un retour de bâton.
Real politik : être contre. Tel est l’un des principaux critères du bien-penser. Il s’accompagne d’ordinaire de la condamnation de la politique gaullienne. Par une fine dialectique, le refus hautain de la real politik se fit au nom de la réalité qui convenait à la classe dirigeante : celle d’une France toute petite, qui avait vécu « au-dessus de ses moyens ».
« Jusqu'à l'été, les réfugiés étaient reconnaissants d'être chez nous. Ils demandaient où était la police, où était le centre d'enregistrement, où ils devaient aller. Aujourd'hui, ils quittent les .centres d'accueil, ils commandent un taxi et disposent étonnamment de l'argent nécessaire pour parcourir des centaines de kilomètres à travers l'Allemagne. Ils font la grève parce que leur logement ne leur convient pas, ils font des histoires car ils n'aiment pas la nourriture. »
C’est devenu un gag récurrent : chaque nouveau Président parvient à nous faire regretter son prédécesseur. Avec François Hollande, on a atteint le fond, non ?