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  • Nord-Pas-de-Calais : le quidam des trente-cinq heures

     

    La question que pose Dominique Jamet

    Dominique Jamet est homme d'esprit de culture et d'intelligence politique. Nous parierions qu'écrire le billet qui suit, pour Boulevard Voltaire, a dû, par surcroît, l'amuser. En matière de tripatouillages médiatiques et électoraux, ici, nous sommes, si l'on peut dire, blindés. Mais les politiciens ont des ressources sans limites. Et renouvellent sans cesse le répertoire. Jamet nous gratifie, en plus, pour illustrer son propos, d'une chanson de circonstance du regretté Guy Béart. Merci à lui !  LFAR

    3312863504.jpgQuestion : qui est M. Pierre de Saintignon ? Réponse : M. Pierre de Saintignon est le parfait inconnu à qui est échue la lourde charge de défendre les couleurs du Parti socialiste lors des prochaines élections régionales face à Marine Le Pen et Xavier Bertrand.

    Simple quidam comme dans la chanson de Guy Béart, M. de Saintignon s’est retrouvé à deux doigts de sortir enfin de l’anonymat jeudi dernier lorsque ses deux parrains du jour, Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Cambadélis, ont exigé qu’il participât à l’émission Des paroles et des actes dont la présidente du Front national était l’invitée. L’occasion pour ce personnage de l’ombre de prendre enfin un peu de lumière. Occasion ratée comme on sait : M. de Saintignon est toujours simple quidam.

    C’est pourtant Martine Aubry en personne, dame des trente-cinq heures, qui a efficacement œuvré pour propulser ce modeste falotcrate à la tête de la liste socialiste du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Courageuse, mais pas téméraire, socialiste peut-être, mais d’abord aubryste, l’élue lilloise a fait coup double en imposant à ses petits camarades le choix de son premier adjoint. En s’effaçant devant un hologramme inconsistant, celle qui était toute désignée pour être la candidate naturelle du P.S. échappait à l’humiliation retentissante d’une défaite personnelle et évitait de faire la courte échelle à d’éventuels rivaux. Bien joué, Martine, tu auras joué un rôle non négligeable dans le désastre qui attend les tiens !

    Car tous les indices concordent à ce jour. Non seulement les socialistes, si longtemps et si anciennement hégémoniques dans le Nord, sont assurés d’en perdre le contrôle, mais le malheureux M. de Saintignon – hâtez-vous de ne pas retenir ce nom ! – devrait être très largement devancé le 6 décembre et par Marine Le Pen, désormais donnée gagnante, et même par Xavier Bertrand. Certes, placé, mais placé troisième…

    Dans ces conditions, il est permis de s’étonner de l’engagement solennellement pris par M. de Saintignon – dont le nom n’aura jamais été et ne sera plus jamais autant cité – lundi dernier au micro de RMC : « Quoi qu’il arrive », a déclaré l’homme-sandwich de la débâcle socialiste, « je maintiendrai ma liste au second tour. » Quoi qu’il arrive ? Peste ! Mais on le sait pertinemment ce qui va arriver dans ce cas de figure qui garantit une élection de maréchal(e) à Marine Le Pen.

    Certes, ces mâles propos sont peut-être de circonstance et n’ont pour but que de mettre un peu de baume au petit cœur meurtri des colistiers de M. de S. dont on peut comprendre qu’ils n’envisagent pas sans effroi la traversée du désert régional qui leur est promise.
    Mais qu’est-ce à dire s’il s’agit bien de la tactique adoptée au sommet du PS et de l’Etat et si la position prise par M. de Saintignon ne vaut pas seulement pour le Nord-Pas-de-Calais et si le P.S. se maintient partout où il arrivera en troisième position, au risque d’abandonner au moins deux et peut-être trois régions au Front national ? Si c’est le cas, de deux choses l’une : ou bien le Front national n’était décidément pas le diable et ceux qui sont prêts à lui faciliter l’accès aux responsabilités reconnaissent implicitement que leur discours était un pur mensonge de propagande. Ou bien le Front national est en effet la bête immonde dont on nous dénonce le retour depuis des décennies et le laisser mettre la main demain sur la région, après-demain sur le pays, c’est faire la politique du pire, c’est se comporter en irresponsable, pour ne pas dire en criminel.

    Autre hypothèse : M. de Saintignon a dit n’importe quoi, ce qui peut arriver à n’importe qui, donc au premier et même au troisième quidam venu. •                                                

      
    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
        
     
               
  • Frédéric Rouvillois au Figaro : « Le mot ‘République' est à la fois vide et sacré »

     

    Dans Être (ou ne pas être) républicain, Frédéric Rouvillois,  professeur de droit et historien, décortique les sens contemporains d'un mot dont Le Figaro nous dit qu'il est de plus en plus galvaudé dans le discours politique et médiatique. Le débat sur la République, sur ses valeurs, sur la pertinence de la forme républicaine de l'Etat, sur la dialectique république ou monarchie, semble en effet devoir se prolonger et s'approfondir ... A vrai dire, cette sorte de contestation de la République, de ses valeurs, et même de ses fondements les plus essentiels par la remise en cause des Lumières, semble être devenue latente, voire banale, dans le débat politique français. Après tout, les déclarations Macron de cet été pointant l'incomplétude de notre démocratie et constatant qu'il manque un Roi n'ont peut-être été qu'un épiphénomène d'une tendance plus lourde. Souhaitons-le à la France.   Lafautearousseau

             

    frederic-rouvillois.jpgQu'est-ce que la République : un régime, une période de l'histoire de France, un mythe ?

    Mon livre n'est pas un traité de philosophie politique qui partirait de Platon, passerait par Rome et traverserait l'Atlantique pour analyser la constitution américaine. C'est une réflexion sur l'utilisation compulsive dans le discours public du mot « République ». Un recueil établi par Marianne au lendemain du 11 janvier sur les grands textes au sujet de la « République » illustrait à merveille ce fourre-tout qu'est le mot « république » : on y trouvait des écrits allant de Platon, chez qui la République est une utopie totalitaire, à Jean-François Kahn, en passant par Élisabeth Badinter et Charles de Gaulle qui était monarchiste !

    Selon l'article 89 alinéa 5 de notre Constitution, « la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision.» Mais personne ne sait au juste en quoi consiste cette « forme républicaine » : est-ce l'absence de monarchie ? La souveraineté ? Le système de sécurité sociale mise en œuvre après la guerre ? C'est un mot sans consistance, un trou noir qui paralyse la pensée et empêche tout débat profond sur les idées politiques.

    Après les attentats de janvier, le mot « République » a retrouvé une consistance. Pourquoi en temps de crise ce mot a-t'il pris autant de place dans le discours public ?

    En moment de crise, on a besoin de se rattacher à une idole, ou à un doudou. La République est un peu les deux pour les Français déboussolés. Autrefois, on parlait de France ou de Nation, mais aujourd'hui, par européisme et « antifrontisme », on n'ose plus employer ces mots. Pourtant, la république et la France ne se confondent pas.

    En période difficile, on se tourne vers le sacré, et la République tend à devenir une religion de substitution. Lors de la première moitié du XXe siècle, le gouvernement faisait célébrer des messes pour la nation, aujourd'hui, il psalmodie l'adjectif « républicain » comme un remède miracle aux fractures françaises.

    La « République » est devenue un sacré ultime, un mot à la fois inconsistant et intouchable, qu'il suffit de lancer pour glacer les oppositions, figer le débat. C'est un mot qui n'admet pas de répliques. Un tabou. On ne peut pas ne pas être républicain. Invoquer la République, c'est donner un coup de phare au lapin qui traverse la route.

    Pourtant, sous la Troisième république, le mot semblait avoir un contenu bien précis et substantiel…

    Dans son livre sur de Gaulle, Peyrefitte raconte comment celui-ci était fasciné par la manière dont la troisième République a travaillé à imposer ce mot comme un absolu indiscutable, à travers toute un système d'ingénierie sociale : manuels d'histoire, enseignement primaire et secondaire, presse. La religion républicaine concevait l'éducation comme un système de formatage destiné à républicaniser le pays.

    La Troisième République correspond à la période de construction d'une « légende républicaine », qui est un « mythe » au sens de Georges Sorel : quelque chose dont la véracité historique importe peu, mais qui peut faire sens. Régis Debray en parle avec beaucoup de lyrisme. Ce mythe d'un pseudo âge d'or de la République et de ses libertés a été remis en cause par Jean-Pierre Machelon dans La République contre les libertés, qui montrait qu'en réalité la Troisième République était sur certains plans extrêmement liberticide, notamment en matière de liberté religieuse et éducative. Ainsi, la loi de 1901 autorise la liberté d'association mais oblige les congrégations religieuses à se faire reconnaître par la loi, ce qui arrive rarement à une époque où le Parlement est foncièrement anticlérical. Ce mythe repose aussi sur une vision tronquée de la laïcité qui était à l'époque un anticléricalisme virulent et fanatique, et non pas la simple neutralité de l'Etat. Le mythe du Progrès est aussi consubstantiel à la légende républicaine : l'idée qu'on passerait « de l'ombre à la lumière » - expression utilisée lors de l'élection de Mitterrand en 1981 - est paradigmatique du discours républicain. La thématique de l'acquis intangible et d'un effet de cliquet permanent est liée à cette vision du Progrès : on ne peut pas retrouver en arrière, un monde ante-républicain est inenvisageable.

    On associe souvent le mot « républicain » à la défense de la laïcité. Pourquoi ?

    Il n'y a pas de lien nécessaire entre la laïcité et la République. Les États-Unis sont un modèle de république où la laïcité n'existe pas. En France, la laïcité est une notion incantatoire, floue, et surtout tardive. Ce n'est qu'en 1946 qu'elle se voit reconnaître une valeur juridictionnelle. C'est un amendement communiste, déposé par le député stalinien Étienne Fajon, qui fait entrer la laïcité dans la titulature de la République française qui devient « laïque ». La Troisième République n'est pas fondée sur la laïcité. Le mot est très peu utilisé à l'époque, et n'est employé que de manière agressive, comme dans l'article de Fernand Buisson (idole républicaine de Vincent Peillon) intitulé « la religion laïque ». La laïcité y est présentée comme une contre-religion de la raison. Comme toutes religions, elle a ses rites : le baptême républicain est d'ailleurs encore pratiqué dans certaines mairies de gauche : on dépose un bonnet phrygien sur la tête du nouveau-né lors d'une cérémonie !

    La droite française a pris le nom de « Républicains »: que vous inspire ce choix  ? La République est-elle de gauche ou de droite ?

    L'utilisation du mot « républicain » dans la dénomination des partis politiques est répandu, de l'extrême gauche à l'extrême droite de l'échiquier politique, et ce depuis au moins 1890. Sous la Troisième république, le parti Franciste de Marcel Bucard, ouvertement fasciste, réclame une « forme républicaine de gouvernement ». Au début de la IVème République, le Parti républicain de la liberté est ultra conservateur, tandis que l'Union des nationaux indépendants et républicains rassemble les pétainistes, et le Rassemblement des gauches républicaines, les anciens Croix de feu du colonel de La Rocque! On le voit bien, le mot « républicain » n'a aucune signification politique et a pu se faire récupérer par la gauche comme par la droite. Que la droite ait décidé de se baptiser ainsi n'a rien d'étonnant. On peut y voir un coup de chapeau à la droite américaine, mais aussi et surtout une volonté de rassembler avec le mot le moins clivant qui soit. L'adjectif « patriotes » est par exemple beaucoup plus marqué.

    On oppose souvent la République au communautarisme, mais la république n'est-elle pas une forme de communauté ?

    Il y a une affinité historique et sémantique entre la République, au sens de res publica, la chose publique, et la communauté, ce qui rassemble. La République française, telle qu'elle a été mythifiée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle prétend dépasser les communautés dans une religion de substitution. Mais dès l'Ancien régime, on parlait de « républiques » pour désigner les communautés régionales. On peut tout à fait définir la République comme « communauté ». Henri IV et François 1er parlaient de « République française ». Maurras parlera dans le même sens de la « République de Martigues ». Mais un autre usage du mot « république » est celui qui le lie à la souveraineté. C'est le sens que lui donnait Jean Bodin en 1576 dans son livre Les Six livres de la République. Il définit la république par la souveraineté, et l'identifie à l'État, c'est-à-dire l'appareil qui s'exerce sur une population définie dans un lieu donné, par un pouvoir souverain, c'est-à-dire qui n'a personne au-dessus de lui. C'est dans ce double sens, de communauté ou de souveraineté, qu'on l'a utilisé jusqu'à la Révolution, et sa mythification en religion de substitution.

    Vous dites que le mot « républicain » paralyse actuellement le débat public. Vous parlez même d'archaïsme castrateur. Pourquoi ?

    On parle d'« exception française ». On devrait plutôt parler d'une forme d'« autisme républicain ». On utilise ce mot en refusant de prendre en compte le fait qu'on ne sait pas ce qu'il veut dire, en s'interdisant de voir le reste du monde (où la monarchie britannique est plus garante des droits et des libertés que la République de Corée), et en oubliant qu'il y a eu une France avant la République. Charles Péguy l'avait bien compris, qui tentait de faire comprendre que la France n'était pas née le 14 juillet 1789, et encore moins le 22 septembre 1792 (date de proclamation de la République). Ce qu'exprime sa formule devenue célèbre « La République, notre royaume de France ».   

    9782204105439-5617d14d3d0a1.jpgFrédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011) et Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion. Son dernier livre Être (ou ne pas être) républicain est publié aux Editions du Cerf (240 p, 14 euros). 

    Entretien réalisé par Eugénie Bastié            

  • Au secours, les Suisses ! François d'Orcival a raison

     

    par François d'Orcival, de l’Institut

    Dans la dernière livraison de Valeurs actuelles, une chronique qui dit l'essentiel après le récent vote suisse. Révélateur du souci identitaire des peuples d'Europe. 

    François%20d'Orcival_0_0.jpgMême eux votent « extrême droite » … Ce n’est donc pas un problème économique, dit Hollande. Mais quel est-il alors ? I-den-ti-taire… 

    Les Suisses ont voté, dimanche, pour leurs élections législatives. Lundi matin, François Hollande en faisait le commentaire effaré au micro de RTL : le parti « d’extrême droite » (qui s’appelle Union démocratique du centre — UDC) était arrivé devant tous les autres. « En Suisse ! », s’étonnait-il, un pays où la « croissance est de 3 % et le chômage de 3 % !… » Et il ajoutait : « Qu’on ne me dise pas que c’est un problème économique ! » Eh non, ce n’est pas un problème économique. Il est i-den-ti-taire…

    Mais qui nous répétait depuis des années que le vote “populiste” n’était que l’effet du chômage et de la désespérance sociale ? François Hollande est bien obligé d’en convenir : « L’extrême droite progresse partout en Europe. » À cause de quoi ? De tout ce que représentent l’Europe de Bruxelles et la crise des réfugiés. « L’étranger est le problème », se désolait-il, lundi. Pas n’importe quel “étranger”. Que ne l’avait-il anticipé au lieu de continuer à rabâcher des phrases creuses telles que : « Un grand pays ne se replie pas, ne se recroqueville pas… » Si Marine Le Pen recueillait 18 % des voix à la présidentielle de 2012 et si les sondages lui accordent 30 % maintenant, la faute à qui ?

    La campagne qui a fait gagner l’UDC aux élections fédérales suisses (65 élus sur 200, soit 11 de plus qu’au précédent scrutin) reposait sur un slogan : “Rester libre !”… Comme si notre voisin le plus prospère et sûrement le moins “envahi”, toujours souverain, dans sa monnaie, ses frontières, sa législation, ressentait quand même le besoin de se mettre en garde. « Les Suisses ont cru qu’ils étaient à la gare de Munich », a grincé le maire écologiste de Lausanne.

    La gare de Munich… Il y a à peine un mois, les migrants y arrivaient par vagues continues, salués par les vivats et les petits drapeaux de la générosité allemande… Et maintenant, submergée par le mouvement qu’elle a déclenché, ces centaines de milliers de réfugiés qui franchissent les frontières de l’Allemagne, la chancelière a pris l’avion pour Ankara, en proposant au gouvernement turc d’échanger sa retenue et sa prudence dans la gestion des flux migratoires contre une accélération de la négociation d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne !

    On échangerait donc 2 millions de réfugiés contre 78 millions de Turcs ! Là, on tombe sur la tête. S’il devait en être ainsi, si cette négociation devait aboutir, au moins devrait-on exiger du gouvernement français, quel qu’il soit à cette date, de respecter la parole de Jacques Chirac, qui s’était engagé devant les Français à soumettre tout projet d’accord d’adhésion de la Turquie à référendum. Les Suisses n’ont fait que saisir l’opportunité de leurs élections pour appeler à la vigilance, de même qu’ils avaient voté, le 9 février 2014, pour arrêter l’immigration, et, le 29 novembre 2009, pour empêcher la construction de minarets…

    Les Français n’ont nul besoin de se croire à la gare de Munich. Il leur suffit d’apprendre que la gare de Castres, dans le Tarn, a été fermée pendant deux semaines, parce que les cheminots avaient fait valoir leur droit de retrait. Motif : les exactions multiples commises par des individus venus d’un camp de Roms des environs, apparemment délicat à déplacer… Quand Valeurs actuelles avait alerté l’opinion en titrant sa une du 22 août 2013, « Roms, l’overdose », le parquet avait, sur instructions, poursuivi Yves de Kerdrel, directeur du journal, avant de le faire condamner en première instance. Le même parquet allait-il poursuivre les cheminots de Castres ?

    A Calais, le camp des migrants qui cherchent par tous les moyens à passer au Royaume-Uni avait été prévu pour un millier de places. Puis pour 1500. Autorités, maire, associations humanitaires nous disaient que c’était “gérable”. Maintenant, ce ne l’est plus : ils sont 6 000, dans une “jungle” insalubre ; la maire en appelle à l’armée (qui ferait quoi ? ). Dans un mois ou deux, combien seront-ils ? 10 000 ? On dira que l’on aurait dû le prévoir…

    À Évry, principale ville de la circonscription de Manuel Valls, siégeait cette semaine à huis clos une cour d’assises pour juger un mineur, auteur principal d’un crime horrible, passé sous silence mais révélé par Valeurs actuelles (10 avril 2014). Cela concernait quatre délinquants récidivistes de 13 à 17 ans, trois frères turcs, un Marocain. Quatre sauvages qui s’étaient jetés, de nuit, sur une jeune fille de 18 ans et l’avaient atrocement martyrisée pendant plusieurs heures en lui criant des injures racistes antifrançaises. Les quatre avaient été interpellés. Le juge d’instruction les avait mis en examen pour viol et actes de barbarie, en ajoutant l’incrimination de racisme. Le dossier soumis à la cour cette semaine ne l’a pas retenue. Pourquoi ?

    Parce que, là comme ailleurs, on préfère se voiler la face. Mais la réalité est hélas la plus forte. Au secours, les Suisses ! 

    À l’antenne : le lundi, à 20 heures, dans “les Informés de France Info” ; le jeudi, à 10 heures, sur LCI.

    François d'Orcival 

  • BCE, toujours plus

     

    par Ludovic Greiling

    La BCE sort de nouveau l’artillerie lourde. Alors que ses taux d’intérêts sont quasiment nuls, elle annonce que ses achats d’actifs pourraient se poursuivre au-delà du terme fixé jusqu’ici, voire s’intensifier. Explications et conséquences.

    C’est une petite phrase qui n’est pas tombée dans l’oreille de sourds.

    « Dans ce contexte [de faible inflation], le niveau de notre politique monétaire accommodante devra être réexaminé en décembre. (…) Nous allons continuer de mener pleinement à bien nos achats mensuels d’actifs pour 60 milliards d’euros. Ces achats sont censés se poursuivre jusqu’à la fin de septembre 2016, ou après si nécessaire, et dans tous les cas, jusqu’à ce que l’on voit un ajustement durable dans la dynamique de l’inflation qui soit comparable avec notre cible de taux d’inflation proche de 2% à moyen terme » *.

    Le chemin est encore long : les prix à la consommation sont en baisse de 0,1% sur un an dans la zone euro. La Banque centrale va donc continuer d’acheter massivement des obligations privées et publiques afin de relancer le marché de la dette, faire baisser les taux d’intérêts, et renflouer les bilans des banques commerciales.

    Renflouer le bilan des banques

    Le message a été entendu : les Bourses d’actions ont nettement rebondi dans la foulée de l’annonce : l’indice CAC 40 et le Dax allemand ont gagné près de 5% en deux jours.

    Les marchés américains ont également été tirés à la hausse, heureux que la BCE prenne le relais de la Réserve fédérale américaine dans les rachats massifs de titres de dette.

    La conséquence ? Rien de moins qu’une relance toujours plus massive du crédit, notamment pour la puissance publique et les grandes entreprises.

    Les chiffres de la BCE parlent d’eux-mêmes : son bilan est près de trois fois plus gros qu’en 2005 et le marché de la dette tourne à plein régime.

    La masse de monnaie grossit de plus en plus : l’agrégat M3 (qui regroupe les espèces en circulation, les comptes courants et les livrets, ainsi que les OPCVM monétaires et les crédits à court terme) grimpe de 5% sur un an.

    De l’inflation à venir ? Peut-être. « On ne peut plus faire rentrer le dentifrice dans son tube une fois sorti » affirmait il y a quatre ans l’ancien membre allemand du directoire de la BCE, longtemps pressenti pour prendre la présidence de l’institution avant d’être coiffé par l’ex représentant de Goldman Sachs, Mario Draghi.

    A suivre… 

    * Conférence de presse suite à la réunion du comité de politique monétaire du 22 octobre 2015.

     

  • la coordination du Pays Réel présente son nouveau site

    arton9463 lfar.pngLa Coordination du Pays Réel, groupe de citoyens en désaccord avec les politiques d’immigration destructrices des identités, annonce la création de son site .

    Le pays réel, c’est vous !

    Nous, Français de toutes conditions, par héritage ou par adoption, membres de la Nation française, ne nous reconnaissons plus dans un pays légal déconnecté du réel et indifférent au bien commun. L’État, devenu le fossoyeur de nos racines et le pire ennemi de nos libertés, hypothèque gravement notre avenir.

    Nous voulons au contraire préserver l’œuvre que nos pères ont bâtie et nous ont transmise, trop souvent au prix du sang et des larmes. Ne voulant ni disperser ni diluer notre patrimoine, mais préserver nos identités que le pays légal abandonne ou même renie, nous nous affirmons comme des héritiers désireux d’enrichir et de transmettre à leur tour le riche legs du peuple français. Nous sommes le pays réel.

    Coordination du Pays Réel 

    Site

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • VIDEO • Evocation du Camp Maxime Real del Sarte 2015, l'université d’été des jeunes d’Action Française

      

    Du 16 au 23 août 2015, s’est déroulée l’université d’été des jeunes d’Action Française autour du thème Les rois ont fait la France : à la France il faut un roi !. Le Camp Maxime Real del Sarte  est essentiellement un moment de formation intellectuelle et politique mais aussi d’apprentissage des techniques militantes.

    La vidéo qui suit est plus une évocation - réussie - qu'un compte-rendu. Evocation d'une institution d'Action Française toujours maintenue depuis une soixantaine d'années, dans des circonstances politiques très diverses. Il faut savoir gré aux jeunes qui s'y rendent et y travaillent mais aussi à l'équipe qui en assume l'organisation.

     

     

  • LIVRES & HISTOIRE • Mitterrand et de Gaulle : « unis dans une même défaite, celle de la France »

     

    PAR ÉRIC ZEMMOUR

    À travers le conflit entre les deux anciens présidents de la République, c'est la bataille de deux France que nous décrit Robert Schneider, l'ancien journaliste du Nouvel Obs. Eric Zemmour dresse, de son ouvrage une analyse brillante et riche en aperçus historiques ou politiques. La défaite des deux anciens présidents fut aussi celle de la France. Mais peut-être avant tout celle d'un régime qui rend inopérants l'intelligence et le talent des hommes qui le servent. 

    XVM6312673a-de1a-11e4-b137-20089febc440.jpgLe chêne et le roseau. Le héros et le politique. Le lion et le renard. Richelieu et Mazarin. Entre de Gaulle et Mitterrand, la comparaison court sous la plume. Opposition physique, politique, historique. Le héraut de la France libre et celui de la gauche unie. Mais la comparaison vient surtout à l'esprit de la gauche, quand les gaullistes de stricte obédience y voient un sacrilège, un abaissement de leur héros, figure dominant tout le XXe siècle français, et dont le seul rival est à leurs yeux le géant du XIXe siècle : Napoléon. Robert Schneider fut longtemps un patron respecté du service politique du Nouvel Observateur. Il fait tout ce qu'il peut pour hisser Mitterrand à hauteur de son illustre prédécesseur*. Parfois, sa main tremble, la corde se relâche ; on n'y croit plus. Mais Schneider ne se décourage pas. D'une plume plate mais ferme, il conduit son affaire sans mollir, dessinant les grands moments historiques de leur affrontement, 1940, 1946, 1958, 1965, forgeant la légende - démentie par l'intéressé - d'un Mitterrand hanté à l'Élysée par la figure tutélaire du « Connétable ». Ce n'est pas souvent neuf, mais toujours intéressant.

    Les institutions de la Ve République servent le propos de notre auteur, qui font de tout président élu par le peuple un monarque en puissance. Mitterrand est le dernier à avoir réussi à endosser l'habit de drap épais et de haute lignée découpé par de Gaulle pour la fonction. Ensuite est venu le temps des nains. Mitterrand avait prévenu: « Après moi, il n'y aura plus de grand président. » Il est vrai - et c'est là où réside sa perversité soigneusement éludée par notre auteur - qu'il a tout fait pour cela.

    Les deux hommes venaient de la même France terrienne et catholique. Pas étonnant qu'ils aient tous deux été désarçonnés par la révolution urbaine et cosmopolite que fut Mai 68. De Gaulle l'affronta et tomba les armes à la main, tandis que Mitterrand l'embrassa pour mieux la dominer.

    « Mêmes racines, même empreinte catholique, même bagage littéraire et historique, ou presque. Même soif de lectures, même besoin d'écriture, même autorité naturelle, même emprise sur les autres, même aptitude naturelle au commandement, même certitude d'un destin… Comparé à ces convergences venues de loin, ce qui les sépare paraît de peu de poids. »

    Schneider voit la cause de leur affrontement non dans leurs différences, mais dans leurs ressemblances. Enfants de la même France millénaire, avec le même tempérament impérieux, le plus jeune ne pouvait se soumettre au plus ancien, rébellion que ne pouvait souffrir l'aîné. « Formés au même moule, ils se sont trop bien compris. » Explication classique, psychologique, journalistique. Explication qui n'est pas fausse. Mais peut-être trop évidente pour être profonde. Schneider constate leur différence de génération - « Bien sûr, ils ne sont pas de la même génération. Vingt-six ans chargés d'histoire les séparent » - mais n'en déduit rien. Et si le cœur de cette « bataille des deux France » se trouvait là, trop visible pour être vu ?

    De Gaulle appartient à la génération d'avant la guerre de 1914. Celle de la Revanche. Celle qui croit encore que la France peut dominer l'Europe. Celle qui croit encore que la guerre est l'outil privilégié de la grandeur française. Comme sous Louis XIV ou Napoléon. À 23 ans, au cours d'une conférence intitulée Du patriotisme, de Gaulle écrit : « La guerre développe dans le cœur de l'homme beaucoup de ce qu'il y a de bien ; la paix y laisse croître ce qu'il y a de mal.»

    Jeunesses françaises aux antipodes

    Cette certitude française s'effondre dans les tranchées. Les derniers héros de l'histoire de France enterrent là leurs illusions séculaires. Mitterrand est né en 1916. Il est de la génération qui n'y croit plus. Ni en la France ni en la guerre. Jeune homme, Mitterrand écrit à son ami Georges Dayan : « Quel crime la guerre. C'est l'épouvante et la misère des hommes. » Son dernier discours de président, en 1995, répétera son cri de jeunesse : « Le nationalisme, c'est la guerre. » Mitterrand appartient à la première génération pacifiste de l'histoire de France. De Gaulle est un homme du XIXe siècle, Mitterrand du XXe. De Gaulle est plus près de Clemenceau ou Poincaré, Mitterrand d'Aristide Briand. Leurs choix fondamentaux sont héritiers de ces jeunesses françaises aux antipodes. De Gaulle croit d'abord en la France éternelle, où la république n'est qu'un régime parmi d'autres, le mieux adapté à notre époque, mais pas le plus glorieux. Mitterrand défend d'abord la république, imagine ingénument à la Libération qu'on peut inventer une France nouvelle, même si son goût pour l'histoire et son esthétisme charnel le relient à la France des rois et des terroirs. De Gaulle liquide l'Algérie mais la remplace par la bombe atomique. Mitterrand liquide le socialisme et le remplace par l'Europe. De Gaulle traite l'ONU de « machin ». Mitterrand y voit « un embryon de gouvernement mondial » et peuple les organisations internationales de Français. De Gaulle défend farouchement la souveraineté nationale contre l'Europe. Mitterrand la fond sans état d'âme dans l'Europe. Mitterrand a raison de pointer la suite cruelle d'échecs de De Gaulle, en Algérie comme en Europe ; tentative vaine pour ressusciter une Europe sous hégémonie française, à chaque fois vaincue par l'imperium américain, et la résistance sourde de l'Allemagne.

    Mais Schneider néglige le fait que Mitterrand a lui aussi perdu sa bataille pour l'Europe fédérale, celle de Maastricht, qui « ligoterait l'Allemagne en lui enlevant le mark, sa bombe atomique ». L'Europe est devenue une construction oligarchique, qui dérive de plus en plus, sous domination allemande, vers une sorte de Saint-Empire américain germanique, que Mitterrand comme de Gaulle tentait justement de repousser. De Gaulle et Mitterrand ont chacun incarné une certaine idée de la France et de l'Europe ; et deux tentatives désespérées et antagonistes de sauver l'hégémonie française sur le Continent. Ils seront unis dans une même défaite, celle de la France.

    *De Gaulle & Mitterrand, Robert Schneider, Éd. Perrin. 227 p., 17,90 €

    Eric Zemmour            

  • EXPOSITION • Madame Vigée Le Brun, retour en grâce au Grand Palais

    La princesse Anna Alexandrovna Golitsyna,de Élisabeth Louise Vigée Le Brun (vers 1797). - Crédits photo : MHood

    Eric Biétry-Rivierre, pour le Figaro, a donné sur cette exposition - en cours jusqu'au 11 janvier 2016 - des aperçus qui encouragent à s'y rendre. En tout cas, vous voilà informés !   

    Le Grand Palais consacre une belle rétrospective à celle qui fut la portraitiste préférée de Marie-Antoinette avant de devenir celle de la plupart des grandes cours d'Europe.

    Ce peintre souffre d'un triple handicap. Et il fallait bien le Grand Palais pour redresser l'image. Primo: Élisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842) a servi de caution féminine à l'histoire de l'art. Quand elle est mentionnée, c'est surtout comme un caractère ayant eu le courage de s'imposer dans un milieu masculin. Secundo: ayant traversé les temps agités, du crépuscule de l'Ancien Régime au règne de Louis-Philippe, Vigée a écrit. Beaucoup. Au soir de sa vie, ses Souvenirs étaient devenus très épais. Ils constituent aujourd'hui une source de première main sur les cours et les salons d'Europe dans laquelle les historiens puisent à plaisir. Mais, du coup, voilà notre dame réduite à son rôle de grand témoin; d'abord chroniqueuse avant que d'être peintre. Tertio: quand Vigée est tout de même étudiée comme telle, on évoque essentiellement ses premiers succès. Ceux qui la conduisent à devenir la portraitiste préférée de Marie-Antoinette. Or la majeure partie de sa production est postérieure à 1789. L'exposition décline cette dernière au premier étage du Grand Palais, après avoir rappelé au rez-de-chaussée la formation, les amis, les concurrents (et aussi les concurrentes!), l'établissement à l'Académie et à Versailles, enfin la gloire, notamment acquise comme reine de la mode puis comme maître des scènes de tendresse maternelle.

    Digne de Chardin

    On découvre alors une artiste qui connaît parfaitement ses classiques, qui traite les carnations avec l'ambition d'un Rubens (dont elle se rêvait la compagne) ou d'un Van Dyck, qui joue parfaitement du langage de la couleur, qui s'attache à la précision des matières et à la vivacité des étoffes avec le soin des génies romains, vénitiens ou bolognais. Enfin, Vigée excelle dans l'art délicat d'enjoliver sans que cela se voie. Ses modèles ne sont jamais trahis par un excès de tricheries. Toutefois, celles-ci existent.

    Cette science infuse de la grâce, sans doute l'a-t-elle acquise également à l'étude de Raphaël. Au Grand Palais, alors qu'on ignore l'identité de la majorité des modèles, les portraits émeuvent. Le sourire d'une bouche pulpeuse découvrant volontiers ses dents, un regard pétillant, sérieux ou rêveur, la superficialité en réalité très travaillée des chapeaux ou des rubans à la mode, tout, jusqu'à ce sang bleuté qui semble circuler sous les peaux laiteuses, concourt à un sentiment de fraîcheur, de délicatesse et de liberté sensuelle. Tant chez les hommes que chez les femmes. Et, par-dessus tout, chez les enfants. À commencer par ses plus proches: son frère cadet, Étienne, et sa fille unique, Julie. Le premier, Vigée le peint alors qu'elle n'a que 14 ans. Voilà d'emblée un chef-d'œuvre digne de Chardin. Campé de trois quarts, coiffé d'un tricorne et muni de son matériel de dessinateur, Étienne nous fixe avec une fierté d'adulte seulement démentie par ses joues roses. Ironie de l'histoire, à la Révolution, il deviendra membre du Comité de nationalisation des biens du clergé. Autant dire un ennemi pour Vigée la monarchiste. De son côté, Julie, qu'on découvre en bébé aux grands yeux, lovée dans un giron maternel rayonnant, se métamorphose en Vénus adolescente (Rubens encore). Sa mine mélancolique prélude aux pires orages. Ils ne manqueront pas et la rupture sera vécue comme un échec par Vigée. Le seul peut-être d'une carrière et d'une vie en tous points exceptionnelles. •

    « Elisabeth Louise Vigée Le Brun » au Grand Palais. 3, av. Eisenhower (VIIIe). Tél.: 01 44 13 17 17. Horaires : de 10 h à 20 h sf mar., mer. jusque 22 h. Jusqu'au 11 janvier. Cat.:RMN, 432 p., 50 € .   

    Eric Biétry-Rivierre            

  • BD • Nouveautés Glénat

     

    par CS

    Capitaine Perdu

    En 1763, la guerre de Sept ans qui a été en quelque sorte le premier vrai conflit mondial pour avoir opposé plusieurs puissances entre elles (Europe, Amérique du Nord, Indes …) prend fin. Le Roi de France cède aux Anglais de nombreux territoires qu’elle possède en Amérique : le Canada et toutes les îles au large (sauf Saint-Pierre-et-Miquelon) ainsi que tous les territoires à l’est du Mississippi. Les Français abandonnent peu à peu leurs positions et leurs possessions. Il revient à Louis Groston de Bellerive de Saint-Ange,(1700-1774), dernier capitaine français en poste, de remettre les clefs de différents forts français aux mains des Anglais. Mais certains Indiens qui s’étaient liés d’amitié avec les Français se soulèvent et reprennent les fortifications aux Français. Le capitaine de Saint-Ange se retrouve tiraillé entre d’une part son devoir de soldat, obéir aux ordres du roi et capituler, et d’autre part son honneur, soutenir ses alliés amérindiens qui sont désormais nombreux à être apparentés aux colons français.

    Cette magnifique fresque historique et romanesque, signée Jacques Terpant nous transporte à une époque durant laquelle la France possédait la majorité du territoire nord-américain. Le lecteur appréciera la préface de Jean Raspail dont deux ouvrages (Les Sept Cavaliers et le Royaume de Borée) ont été adaptés en bande-dessinées. Un cahier de six pages en fin d’album retrace la genèse de ce bel ouvrage à mettre entre toutes les mains.

    Capitaine Perdu -Tome 1 – Jacques Terpant – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros

     

    Juger Pétain

    BD2.jpgC’est un exercice très délicat auquel Philippe Saada et Sébastien Vassant se livrent en adaptant, sous forme de bande-dessinée, le documentaire télévisé traitant du jugement du Maréchal Pétain au sortir de la guerre 1939-1945. Le résultat est globalement intéressant et fidèle. L’ouvrage s’ouvre sur le retour en France du Maréchal le 26 avril 1945 et par le refus du général Koenig de lui serrer la main, avant que le vieux Maréchal ne se retrouve le 23 juillet suivant au Palais de Justice de Paris. A l’image de la caméra qui a immortalisé ce procès, le dessinateur fait le tour des tribunes et des tous les acteurs de ce moment d’histoire qu’il faut cependant maîtriser un minimum pour en comprendre toutes les subtilités. Ainsi faut-il savoir que tous les magistrats avaient prêté serment au Maréchal après le 10 juillet 1940. Et que si un seul ne l’avait pas fait, c’est qu’il était à la retraite depuis 18 mois. C’est le procureur André Mornet, 75 ans, qui avait fait, pendant la première guerre mondiale, fusiller Mata-Hari. Mais les auteurs savent le rappeler fort à propos. C’est ce même procureur auquel l’ancien chef de l’Etat français fait face…

    Sur la manière dont le procès est relaté, la fidélité au documentaire est honnête. Les auteurs retranscrivent parfaitement les auditions de Paul Reynaud, d’Edouard Daladier, d’Albert Lebrun, de Léon Blum pour l’accusation, mais aussi de Georges Loustaunau-Lacau, Maxime Weygand ainsi que celles des généraux Georges, Hering et Vauthier, pour la défense. De même, le tournant du procès, le coup de théâtre de Pierre Laval et de son audition est-il scrupuleusement retranscrit. En revanche, les digressions et les traits qui se veulent humoristiques sont parfois mal venus. Le lecteur pourra légitimement s’étonner de la parenthèse « Ma vie avec les Boches », courte biographie du Maréchal qui ponctue le récit et qui est graphiquement entouré d’un catafalque noir, en signe de deuil.

    En refermant ce roman graphique, on reste sur un goût d’inachevé, à l’image de ce procès certes légal, mais également tendancieux et fondateur d’un ère nouvelle. 

    Juger Pétain – Philippe Saada et Sébastien Vassant – Editions Glénat – Collection 1000 feuilles – 136 pages – 19,50 euros 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Mémoire de la reine Marie-Antoinette, à Paris

    Intervention du président du Cercle de l’Œillet Blanc, au cours de la messe célébrée en mémoire de la reine Marie-Antoinette, le 15 octobre 2015 à Saint-Germain l’Auxerrois, suivie de la reproduction de la dernière lettre de Marie-Antoinette. 

     

    Monseigneur, Madame, Mesdames et Messieurs,

    Chaque 21 janvier, le Cercle de l’Œillet Blanc organise ici même une messe « à la mémoire de Louis XVI, Roi-martyr, de la famille royale, et de toutes les victimes de la Révolution française ». Cette mention incluant clairement la reine Marie-Antoinette, exécutée le 16 octobre 1793, alors que la Terreur ravageait la France.

    Toutefois, cette année, le Cercle a souhaité rendre un hommage personnalisé à Marie-Antoinette, dont la mémoire a – une fois de plus - été tournée en dérision par une œuvre controversée, exposée dans les jardins de Versailles.

    La liberté d’expression et de création ne sert pas que dans un sens. Si elle autorise la raillerie, la caricature, jusqu’à l’excès, jusqu’à l’opprobre, elle doit permettre le respect, la louange, l’hommage. Et nous ne devons pas nous en priver.

    C’est donc par réaction que le Cercle a pris cette initiative, étant entendu qu’il entend renouveler chaque année cette commémoration. Car elle est nécessaire à nos mémoires, nos mémoires de monarchistes, certes, mais avant cela nos mémoires de Français.

    La dernière reine de France, par son destin si singulier, a inspiré bien des œuvres littéraires – au-delà des biographies de rigueur - et beaucoup des films connus. Dans toutes ces œuvres, elle y est dépeinte avec compassion et sympathie. Des romans d’Alexandre Dumas au film de Sofia Copola, de Michèle Morgan et Annie Ducaux à Kristen Dunst, la représentation de la Reine est toujours empreinte d’honnêteté, de pudeur, d’élégance ; on la voit accomplir parfaitement son rôle de reine, son rôle d’épouse, son rôle de mère.

    Souvenez-vous de la première série télévisée historique de la télévision française, Le chevalier de Maison-Rouge (d’après Dumas), qui a permis aux Français de redécouvrir son destin tragiqueet ses souffrances.

    Souvenez-vous que deux cents ans après sa mort, le spectacle de Robert Hossein, Je m’appelais Marie-Antoinette, eut pour double objectif de faire découvrir la vraie Marie-Antoinette (que les manuels scolaires de la République avaient largement caricaturée ou occultée), et de proposer aux spectateurs de voter, à la fin du spectacle, pour l’acquittement, l’exil, la prison ou la mort. L’acquittement ou l’exil l’emportèrent aisément, à chaque représentation.   

    De Secrets d’histoire à la comédie musicale de Didier Barbelivien dont les représentations débuteront à l'automne 2016, et qui a pour titre Marie-Antoinette et le Chevalier de Maison-Rouge, l’on peut être certain que notre reine passionne les Français. Or, c’est une passion empreinte de malaise, car subsiste dans la mémoire collective le souvenir de cette incarcération douloureuse, de cette séparation tragique d’avec les siens, de ce procès qui fait honte à ses juges, de cette condamnation inique, de ce supplice qui fait honte à ses bourreaux. 

    Les Français – et les étrangers – continuent à la découvrir, avec, par exemple, l’exposition qui lui a été consacrée, au Grand Palais, en 2008 ; elle contribua, parmi tant d’autres témoignages contemporains, à réhabiliter une reine cultivée et sensible, collectionneuse, et dont la contribution aux Arts décoratifs français pendant son règne fut très importante. Ne dit-on pas qu’en fait de « style Louis XVI » on devrait davantage parler de « style Marie-Antoinette » ?

    La réouverture, à Versailles, du Domaine de la Reine, également en 2008, comme les actuels travaux du Hameau de la reine, entamés l’année dernière, comme l’actuelle exposition, toujours au Grand Palais, consacrée aux œuvres de Madame Vigée-Lebrun, sont autant d’événements lumineux qui nous attirent vers le souvenir de la dernière reine de France.

    Etre reine à cette époque-là n’était pas facile, l’on était toujours sur un sol glissant, fissuré, branlant, jusqu’à se dérober sous ses pieds. Pourtant, elle fut pleinement reine, mais aussi pleinement épouse, mais aussi pleinement mère. Une mère qui connaît la douleur de perdre son quatrième enfant – songez au tableau de Madame Vigée-Lebrun, qui montre un berceau vide – puis celle de perdre son fils de sept ans, le Dauphin Louis-Joseph. On a oublié que ce second terrible événement intervint au début des États généraux, ceux-là même qui furent fatals à l’Ancien Régime. L’historien Jean-Christian Petitfils a souligné l’état psychologique d’un père et d’une mère éplorés, et qui doivent pourtant, au même moment, accomplir leur devoir de roi et de reine.

    Nous parlons d’une épouse et d’une mère ; car c’est bien d’une famille dont il s’agit. Une famille unie, une famille chrétienne, une famille exemplaire, dans la fortune comme dans les épreuves. Et l’on ne peut parler de famille royale sans évoquer le souvenir – sans doute pas assez consistant dans notre mémoire collective – de la sœur du Roi, Madame Élisabeth. Fidèle parmi les fidèles à sa famille, martyr comme son frère et sa belle-sœur, puisque suppliciée le 10 mai 1794, vingt ans jour pour jour après l’avènement de son frère. Et si nous nous revoyions le 10 mai 2016 ?

    Reine, épouse, mère… et amie. Marie-Antoinette inspire l’amitié de la Princesse de Lamballe, l’amie qui partit à l’étranger en 1791, pour revenir « auprès de la reine » en 1792 et y trouver la mort et les outrages.

    Songeons à la prison du Temple. Dans les archives du Vatican est conservée une lettre émouvante qu’elle écrivit à son beau-frère Artois au mois de décembre 1792 : « Recevez mes vœux pour cette nouvelle année et l’assurance de mon sincère attachement avec lequel je suis, Monsieur, votre affectionnée belle-sœur. » Puis vient avec 1793 la destruction « physique » de cette famille, avec les adieux au Roi, puis ce sont ses deux enfants qu’on lui arrache ; puis ce seront 76 jours à la Conciergerie ; puis un procès où, accusée de relations contre nature, elle prononce cette phrase fameuse : « J‘en appelle à toutes les mères de France… »

    La fin, c’est une lettre sublime et remplie d’émotions, adressée à Madame Élisabeth, non parvenue à sa destinataire (comme la reine dit le redouter) mais heureusement conservée ! La fin, c’est l’humiliation d’une charrette, le dos à la route, les mains liées dans le dos, un parcours de plus d’une heure entre la Conciergerie et la place qu’on nomme aujourd’hui « de la Concorde », une sorte de chemin de croix jusqu’à son Golgotha.  

    La fin, c’est sa dernière phrase, lorsqu’elle marche sur le pied de son bourreau : « Je vous demande pardon, Monsieur, je ne l’ai point fait exprès ». Élégance, courtoisie, grandeur d’une reine dans le moment ultime ! Elle a vécu en reine, et meurt en reine. A la dernière heure de sa vie, écrit Stephan Zweig, Marie-Antoinette atteint au tragique et devient enfin l’égale de son destin.

    Monseigneur, Madame, Mesdames et Messieurs, prions pour l’âme de notre reine et pour sa famille, prions pour la France, orpheline de sa reine.    

    800px-MarieAntoinette1788.jpg

    Dernière lettre de Marie-Antoinette, écrite à la Conciergerie dans la nuit du 15 au 16 octobre 1793

    16 octobre 1793, 4h 1/2 du matin 

    C’est à vous, ma sœur que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse – elle ne l’est que pour les criminels – mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants. Vous savez que je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! La pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre. Je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer, que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs, sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelles en feront le bonheur ; que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère, par les conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour, rende à sa sœur tous les soins, tous les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que dans quelque position qu’ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union ; qu’ils prennent exemple de nous. Combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami, et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. […] 

    Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès, mais, outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps. 

    Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée. N’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s’ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans Sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans Sa miséricorde et Sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis ; l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant. Qu’ils sachent du moins que jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux.

    Adieu, ma bonne et tendre sœur. Puisse cette lettre vous arriver. Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants. Mon Dieu ! Qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu, je ne vais plus que m’occuper de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot et que je le traiterai comme un être absolument étranger. 

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  • RELIGIONS & SOCIETE • Vandalisme à La Mecque ?

    Les nouveaux gratte-ciel de La Mecque  © Copyright : DR

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Sans aucun lien avec les récents événements tragiques, Péroncel-Hugoz a découvert - sur documents - des destructions stupéfiantes dans la Ville sainte de l'Islam. Sa connaissance exceptionnelle du monde arabo-musulman nous renseigne sur des sujets peu connus de nous et, par exemple, nous apprend que les talibans ou Deach ne sont pas les seuls à avoir démoli des souvenirs historiques de portée universelle ...

     

    peroncel-hugoz 2.jpgJe suis conscient que parler de faits survenus dans une cité où mon statut de non-musulman m’empêche d’aller, va encore me valoir des reproches du type : « Cela ne vous regarde pas ! » Néanmoins, je persiste car mes sources sont fiables ; car il s’agit aussi d’une question historico-culturelle interessant le monde entier ! Certes, La Mecque est avant tout une ville sainte de l’Islam mais elle appartient également au patrimoine archéologique universel comme d’autres cités sacrées : Rome, Lhassa, Bénarés, Jérusalem, Fatima, Moulay-Idriss, etc.

    Je m’empresse d’ajouter que, contrairement à certains Occidentaux, je n’ai jamais réclamé au nom de Dieu sait quelle égalité ou plutôt égalitarisme, que le Haram-el-Chérif, en Arabie, soit ouvert aux non-mahométans au moins en dehors du grand pèlerinage annuel. Pourquoi ? Parce que j’ai vécu douloureusement la foire touristique, bruyante, vulgaire et parfois indécente qui a largement désacralisé le Saint-Sépulcre (tombeau) de Jésus à Jérusalem ou les mosquées de Kairouan, grandes ouvertes aux hordes touristiques. 

    Voici donc la liste, pas forcément complète, des principaux bâtiments ou lieux historiques de La Mecque, détruits ou endommagés au XXIe siècle (Voir notamment le plan paru dans le quotidien parisien « Le Monde » des 27-28 septembre 2015) :

    • Arasement de la colline d’où parla le patriarche Ibrahim (Abraham)
    Destruction de la maison d’Aboubaker, premier des quatre califes « bien guidés » et père d’Aïcha, l’une des principales épouses de Mahomet.
    Remplacement de la demeure présumée de Khadija, première épouse de Mahomet*, par des latrines publiques.
    Démolition de la maison natale de Mahomet, prophète de l’Islam.
    Destruction de la première école coranique, sous prétexte d’agrandir la Grande Mosquée de La Mecque.
    Mise à bas des quartiers abbassides et ottomans, près de la Grande Mosquée de La Mecque, etc. 

    J’ajoute à cette liste de dégâts un petit souvenir personnel rapporté d’Arabie, à Djeddah, hors du périmètre interdit aux non-musulmans, donc, et qui concerne la disparition du long tumulus qualifié par la tradition populaire depuis un temps immémorial, de « tombeau d’Eve », Haoua en arabe, mère de toute l’Humanité, non-mahométans compris. Ce tumulus était très long car la compagne d’Adam aurait été, comme son époux, géante. Je vis donc ce tumulus à travers une grille l’entourant, sous le règne du roi Fayçal, à la fin du XXe siècle, et puis, quelques années plus tard, des voyageurs dignes de foi, musulmans ou non, m’assurèrent que ce simple mausolée de terre, pourtant conforme au strict dépouillement ouahabite, avait été arasé par ordre du gouvernement de Ryad car des croyants venaient y prier ou se recueillir, en invoquant les mânes de Lalla Haoua …

    Ces diverses démolitions, opérées sans tambours ni trompettes, sont comparées en privé par des membres de l’UNESCO, y compris arabes, aux dynamitages à grand spectacle d’antiquités, organisés par des djihadistes en Afghanistan ou en Syrie. Sans remonter au vandalisme des révolutionnaires français athées sous le régime de la Terreur (1792-1795).

    Depuis le XXe siècle, l’Arabie a été reconnue universellement comme gardienne des Lieux saints de l’Islam mais elle n’a pas pour autant reçu mandat de quiconque pour supprimer des souvenirs historiques matériels des Villes saintes dont elle a la responsabilité. Surtout si c’est pour construire à la place une sorte de « Mahomet Parc », expression utilisée par l’hebdo français « Valeurs actuelles », « Parc » centré autour d’un gratte-ciel stalino-américain de 600 m de haut qui écrase le périmètre à échelle humaine de la Kaâba.   

    * Mahomet est la graphie française, spécifique et neutre, fixée millénairement, du nom du prophète de l’Islam, Mohamed. Dans l’espace francophone, le mot « Mahomet » n’a aucune connotation dépréciative et désigne d’emblée le personnage historique et religieux, tandis que « Mohamed » n’évoque que les millions de musulmans portant ce prénom. La demande de certains croyants islamiques de remplacer en français « Mahomet » par « Mohamed » est donc aussi absurde et irrecevable que si les francophones exigeaient des arabophones qu’ils appellent « Jésus » le personnage sacré nommé par eux « Aïssa » ou « Sidna Aïssa ». A chaque langue ses caractéristiques ! C’est ce qui fait leur saveur. 

    Péroncel-Hugoz - Le 360 

  • LIVRE • Paucard, sale réac !

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

    Alain Paucard est un sacripant. Il a repris sa mitraillette en bandoulière et tire ses rafales. Tout y passe ! Comment imaginer, au siècle radieux dans lequel nous vivons, pouvoir donner encore des leçons sur un tableau noir ? Encourager les enfants à visiter le temple de la barbarie qu’est le Musée de l’Armée ? Donner une leçon de prosodie en osant se moquer des chanteurs modernes, du rap de banlieues et surtout de René Char ? Ne pas se mobiliser contre le Sida et limiter la science à la découverte de l’usage du canon et de la dynamite en regrettant le temps où on pouvait se trucider d’homme à homme en se servant d’estoc et de taille ?

    Pire encore, ses moqueries à l’égard de la fonction de président de la République sont indigestes, surtout lorsqu’il prône un retour à la Royauté. Complètement archaïque cet homme !

    Il prône la sensualité de l’écriture à la plume, déplore le manque de romantisme du courriel et traite les lecteurs de consommateurs. Il en est même à désapprouver la disparition des classes de première dans le métro, en prophétisant comme son père que « les gens finiront par se promener avec une plume au cul ». Il ose affirmer que la démocratie est ennemie de l’érotisme et il rend hommage aux libertins, nostalgiques du porte-jarretelles et à la prostitution à l’ancienne. D’après lui, la plus grande libération est l’œuvre des catholiques avec leur messe en latin, la beauté des processions, les prêtres en soutane et, surtout, leur art pictural qui, depuis les premiers siècles, présente la chair de manière sublimée. Il en serait presque à reprocher à Calvin et à Luther d’avoir détruit l’image.

    A notre époque où Internet relie les peuples, il le qualifie de la plus grande catastrophe de l’humanité. Quant à la jeunesse, il se permet un hymne aux voyous et blousons noirs en méprisant les révolutionnaires de Mai 68 qu’il considère comme des enfants de BOF dont les seules qualités seraient la débrouillardise, la combine et un amour immodéré pour le rap, sorte de sabir américano commercial. En fait, il ne trouve de vertu pour la jeunesse que l’engagement dans la Légion ou la préparation à Saint Cyr.

    Il se permet aussi de reprocher aux écologistes de jeter l’argent par les fenêtres en érigeant des éoliennes vissées dans du béton et accuse les architectes du renouveau, tel Portzamparc, d’être des barbares. Ce pauvre sacripant en est encore à la nostalgie des vieux villages. Ce vieux réac, puisqu’un réac ne peut être que vieux, pleure sur la disparition du cinoche et s’afflige de la prépondérance de la télévision en citant André Malraux : « La différence entre le cinématographe et la télévision : dans un cas la lumière vient de derrière et dans l’autre de devant. »
    Même le sport en prend son grade. Il sanctifie le grossier spectacle de la boxe, regrette que le rugby soit devenu professionnel, et glorifie le vélo, sport adulé par les travailleurs et Michel Audiard, donc des beaufs, qui l’utilisaient pour se rendre au boulot.

    En fait, les regrets de cet ombrageux auteur se limitent à la disparition des triperies, des putes de Saint Denis, de la 2 CV, du cinoche avec Jean Gabin, des bars enfumés et j’en passe…
    Alain Paucard est bien un Sacripant ! La définition donnée pour cette appellation par le Littré est synonyme de mauvais garnement, fripouille et querelleur, et, pour le Larousse, de vaurien capable de mauvais coups. Mais la véritable étymologie vient du patronyme italien Sacripante, personnage du poète de Matteo Maria Boïardo, qui dans son œuvre, l’Orlando Innamorato (Roland amoureux, 1476-1494), est doué d’une bravoure exceptionnelle et d’une force extraordinaire. Grand chevalier, il porte secours de manière désintéressée à la Dame dont il est épris.

    Paucard est un sacripant dans le sens chevaleresque et son livre, courageux et lucide, est à lire et à relire sans aucune modération.

    Oui, c’était mieux avant, d’Alain Paucard, éditions Jean-Cyrille Godefroy, 118 p., 12 euros.