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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Jean-Paul Brighelli "évalue" l'effondrement du niveau (?) scolaire :

    "Le niveau bac +5 actuel a la valeur du bac de 1965…."

    (extrait vidéo 1'51)

    https://x.com/AlienorAubigne/status/1779640490129780941

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    1. "Code d'honneur", dans nos Traditions, oui, bien sûr ! Horrible et soi-disant "crime d'honneur" : jamais de la vie !

    Pas de "ça" chez nous !

    Entièrement d'accord avec Philippe de Villiers :

    "Le crime d'honneur n'a rien à voir avec la civilisation occidentale et n'est pas à confondre avec le code d'honneur. Le crime d'honneur incarne la barbarie : c'est la talibanisation de la France. Le code d'honneur incarne la chevalerie et la courtoisie : c'est notre civilisation..."

    (extrait vidéo 3'48)

    https://x.com/PhdeVilliers/status/1779562490549924192

    Philippe de Villiers : "Le crime d'honneur n'a rien à voir avec notre  civilisation occidentale"

     

    2. Bruno Le Maire cherche désespérément de l'argent : 10 milliards, d'abord, puis encore 10 milliards, et cela ne suffira toujours pas... Voici deux suggestions pour lui, trouvées sur tweeter...

    La première vient de Charles Prats : Il y a bien 73,1 millions d'assurés sociaux pris en charge en France alors que nous sommes 67,8 millions d'habitants... :

    "IGF et IGAS estiment (comme moi) que ce doit être la priorité de lutter contre la fraude. L’IGF et l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) nous informent qu’il y a donc 5,3 millions d’assurés sociaux pris en charge en plus que d’habitants. Dont 4,9 millions âgés de 16 ans et plus. Les deux inspections expliquent qu’en l’état… il n’y a pas d’explication à l’ampleur de l’écart concernant au moins 4 millions de personnes. Les deux inspections concluent à ce que le traitement du surnombre des assures sociaux pris en charge soit prioritaire dans la lutte contre la fraude. Ce que je dis et redis depuis des années et mes deux livres. Merci aux inspections de me rejoindre dans la définition des axes d’action. Pourtant le plan de lutte contre la fraude sociale de Gabriel Attal ne cible pas cette question. Le rapport de l’IGF et de l’IGAS lui a pourtant été remis il y a un mois et je suis venu lui expliquer en tête à tête le problème. Pourquoi ne pas agir ?"

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    2 BIS. La seconde de Marc Vanguard : et c'est aussi un scandale...

    "Environ 200 000 étrangers "en difficulté" sont logés dans des établissements d'hébergement ou à l'hôtel. À titre de comparaison :  c'est plus que la population de Reims ! Il y a au total 500 000 chambres d'hôtel en France (hors hôtels de luxe)"

    Depuis le temps que dure ce scandale, cela en fait, de l'argent !

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    4. Attaque de l'Iran contre Israël : sur OpexNews... :

    "Nous avons une base aérienne en #Jordanie (…) L’espace aérien jordanien était violé par ces tirs. Nous avons fait décoller nos avions [#Rafale] et nous avons intercepté ce que nous devions intercepter [drones et missiles]."

    Et c'est très bien ainSi...

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    5. Dans Aleteia : D’une intuition géniale à une institution mondiale, les JMJ fêtent leurs 40 ans... :

    https://fr.aleteia.org/2024/04/14/dune-intuition-geniale-a-une-institution-mondiale-les-jmj-fetent-leurs-40-ans/

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    6. Sur ce point (et sur certains autres...) Arnaud Montebourg a  raison :  "Le Conseil d’État est devenu un agent actif de l’affaiblissement de la souveraineté de la France". Certains appellent cela une "dérive anti-démocratique", ce qui n'est qu'un alignement de mots creux, une sorte de psalmodie incantatoire; bref, des paroles verbales... La vérité est que "les Juges" sont devenus ce qu'étaient les Parlements sous Louis XVI et qu'ils "bloquent" tout ce qu'ils veulent, à commencer par... le Système; qui, ainsi, s'auto-détruit lui-même, ou se laisse détruire - ce qui revient au même - en laissant libre cours à ces Juges qui n'ont pas à faire "de la politique" ni "la politique" du Pays mais s'arrogent allègrement ce droit exorbitant : comme dirait Bainville, pour le Système "ça finira mal !", et c'est tant mieux...

     

     

    7. Et, pour terminer en beauté cette série d'aujourd'hui, ces deux minutes et vingt-sept secondes sur le chantier de Notre-Dame, proposées dans le JT de 20h de samedi dernier, sur France 2 :

     

     

     

    À DEMAIN !

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  • A qui la faute, par Hilaire de Crémiers

            Dans Politique magazine de ce mois, Hilaire de Crémiers resitue bien "le" problème dans son vrai contexte : même si, de toute évidence, telle ou telle personnalité porte bien, dans certains domaines, telle ou telle part de responsabilité, il n'en demeure pas moins qu'en réalité le problème de fond est institutionnel : c'est un problème de régime, de Système.....

            A qui la faute ?

            "Trop facile... La faute, elle est dans les esprits, et dans des cadres institutionnels.... Personne n'a de vue d'ensemble du problème français. Il est essentiellement institutionnel et c'est ce que tout le monde refuse de voir...... c'est la faute au Système. Et cela depuis deux siècles, sauf exception...de monarchie...."

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    A qui la faute ?.....

            C’est la faute à… Trop facile. C’est en vain qu’on la cherche chez les hommes. Elle est dans un esprit et dans des cadres institutionnels. Les hommes ne font que l’aggraver ou la dissimuler. 
     
           La loi sur les retraites est votée. Elle sera promulguée les jours prochains, sauf si elle est invalidée par le Conseil constitutionnel. Au jour où cet article est écrit, la situation redevient peu à peu normale. Mais rien ne permet d’être assuré d’un véritable retour au calme. 

           Il est des gens, la plupart payés par l’État ou par des institutions et des entreprises relevant de l’État, dont l’unique préoccupation est de fomenter le désordre, de l’attiser, de le propager. Il n’existe pas pour eux d’autre manière d’envisager la vie et, bien qu’il soit interdit de le dire, ils sont en quelque sorte préposés au trouble et payés pour cette tâche. C’est ainsi qu’eux-mêmes comprennent les choses et qu’il faut, d’ailleurs, les comprendre. Il est donc vain de croire qu’ils s’arrêtent dans leurs desseins – quand ils s’arrêtent – pour des motifs raisonnables. Ce n’est dans leur esprit qu’un moment stratégique où la paix, pour reprendre la formule consacrée, n’est qu’une manière de continuer la guerre. Les troupes qu’ils manipulent, ne sont que de pauvres gens dupés. Les agitateurs ne répondent jamais à un souci d’ordre, ni ne se retirent de leur combat parce qu’ils seraient satisfaits ou, au contraire, désabusés ou fatigués. Ce genre d’analyses rassurantes, faites pour le bourgeois dans la presse bourgeoise, ne supporte pas l’examen de la réalité.  

            La vérité qu’il n’est pas convenable d’exprimer, c’est que le système idéologique et partisan qui structure notre vie publique, les favorise à tout coup. Même quand en apparence ils semblent perdre la partie, ce n’est jamais que momentané. La raison en est simple ; elle fâche quand elle est dite crûment ; l’homme politique français, le responsable social, pour peu qu’ils soient cultivés, détournent le regard à sa seule évocation. Car comment ne pas voir l’évidence ? La révolution violente et tyrannique est et demeure le modèle exemplaire de la République française, même quand elle se dit conservatrice. Ce qu’elle conserve toujours et essentiellement, c’est ce schéma fondamental qui est l’origine même de sa légalité qu’elle a su transformer en légitimité historique et métaphysique. Tout dans ses us et coutumes, ses conceptions sociales et éducatives, ses mœurs politiques, sa rhétorique officielle, en est imprégné. N’est-ce pas aussi le message qu’elle proclame au monde entier ? L’exemple qu’elle prétend donner ? Exemple qui, d’ailleurs, a engendré les pires dictatures de l’histoire humaine, non seulement le bolchévisme, mais aussi l’hitlérisme qui n’aurait jamais existé si la France avait respecté les Hasbourg, comme l’ont fort bien montré les historiens sérieux et encore dernièrement François-Georges Dreyfus. 

     
            Cet héritage qu’elle considère comme sacro-saint par une sorte de religiosité inversée, est la cause même de son instabilité interne. A quoi s’ajoutent les instabilités externes d’un monde naturellement changeant et de plus en plus incertain. L’histoire de France dès lors n’est plus qu’une longue suite cacophonique. Et pourtant que de ressorts encore ! D’intelligence, de puissance, de capacité ! Mais il n’y a rien à faire : là où il faudrait l’harmonie, le désordre prévaut. Plutôt que la réforme nécessaire, la révolution qui grise les esprits et massacre les énergies. Comme en 89… Il suffit d’écouter Jean-Luc Mélenchon pour saisir l’esprit même du régime : pour en finir, s’exclame-t-il, sortons-les « tous » ! Soit, mais alors pourquoi pas Mélenchon lui-même ? Jusqu’à preuve du contraire, il en fait partie de ces « tous ». Et tant qu’à faire jetons aussi le régime qui les justifie « tous » ! Peut-être alors ces profiteurs du système pourraient- ils devenir de quelque utilité sociale. Pour l’ordinaire d’aujourd’hui, leur seule raison d’être, c’est de se disputer… pour le pouvoir ! Car, au fond, ce sont tous des bourgeois, fort bourgeois, et qui ne rêvent que de places et de pouvoirs. 
     
    Une mécanique implacable  

            L’affaire repartira, et de plus belle, inéluctablement. Les syndicats eux-mêmes qui font partie intégrante du système et qui en vivent, n’y pourront rien. Car ce système justement les dépasse et personne n’en a, au vrai, le contrôle. Il a sa propre mécanique, sans cesse relancée, que tous les ambitieux de la politique essayent d’utiliser à leur profit, dans un sens ou dans un autre, chacun s’imaginant que la combinaison en cours favorisera son projet. Grave erreur de calcul qui provoque tous les déboires : il suffit de songer aux mille « politiques » qui ont été tentées depuis des décennies ! Laquelle a vraiment réussi ? Tout n’a été et ne peut être que déception. Chez tous, tant chez les défenseurs de la République conservatrice que chez les partisans de la démocratie populaire. Car comment faire de la stabilité dans l’instabilité permanente ? La réforme la plus révolutionnaire ou, au contraire, la plus nécessaire n’est elle-même jamais que provisoire. Chacun est persuadé qu’il détient la vérité de la République, la solution qui la sauve ! Comment voulez-vous éviter les surenchères, surtout quand il s’agit d’une question de pouvoir. 

            Ces gens qui se croient intelligents, sont des insensés. Ils devraient relire L’Ecclésiaste. Quelques-uns, ceux qui sont vraiment de bonne foi et qui voudraient sincèrement des améliorations, écœurés, n’y croient plus. Hélas, ils ont raison. 

            Le même système produira indéfiniment les mêmes résultats. Les habitudes sont là, d’esprit, de volonté, qui réactiveront les mêmes réflexes. Il en est qui, enivrés de discours fiévreux et d’agitations factieuses, sont capables de tout entreprendre pour tout détruire, surtout s’ils réussissent à mobiliser quelques milliers de jeunes qui peuvent en entraîner d’autres. Ce n’est pas parce que c’est ridicule que ça tombera à plat. 

            Il suffit d’un évènement, d’un accès de crise financière et économique encore plus violent – et rien ne l’exclut, au contraire – pour que la flamme se rallume. Le bien commun dans le système n’est la règle de personne, sauf des braves gens qui travaillent. Les autres ne cherchent qu’à se servir de l’évènement pour ébranler le pouvoir ou pour le prendre ou le reprendre. 

            Les considérations développées à propos des stratégies et des pédagogies dont il faut user pour faire passer une loi, considérations qui ont rempli la presse, sont totalement dérisoires. Avant les vacances ? Après les vacances ? Le conseiller social de Sarkozy, Raymond Soubie, se serait trompé dans l’évaluation des risques… Franchement si la France en est là ! C’est incontestablement que la situation est grave. Donc que, demain, à la moindre occasion, tout recommence.

           Les hommes politiques sont rivés à leur quotidien de guéguerre. Les uns se contentent de faire passer des réformes à minima – la réforme des retraites, la réforme territoriale qui ne sont que des quarts de réformes et mal ficelées –, les autres de les contrecarrer avec une grandiloquence dont la vacuité n’a d’égal que la perversité. Personne n’a de vue d’ensemble du problème français. Il est essentiellement institutionnel et c’est ce que tout le monde refuse de voir. Chacun veut ou croit tenir la mécanique, mais la mécanique est mauvaise. 
     
    L’international sauvera-t-il le national ? 

            Un remaniement gouvernemental n’en changera pas la nature. Le président qui a tenu des discours énergiques pendant l’été en pensant récupérer un électorat de droite qu’il a perdu, va, paraît-il, après la bagarre de l’automne sur les retraites, s’essayer à faire du social en nommant un homme comme Jean-Louis Borloo à la tête du gouvernement afin d’asseoir mieux sa personnalité politique sur un socle de gauche et de centre gauche. Lui ou un autre, peu importe ! 

            Il n’y gagnera rien ; il perdra sur tous les tableaux. Les présidentielles de 2012 et les législatives jointes vont empoisonner la vie politique française pendant toute cette fin de quinquennat. Les rendez-vous internationaux n’ajouteront aucune aura à Nicolas Sarkozy, contrairement à ce qu’il pense. L’Europe ne sera désormais qu’une cause de soucis supplémentaires, chaque nation ne cherchant plus que son intérêt face à la technocratie bruxelloise de plus en plus exaspérante. Quant à l’Allemagne, elle sera de plus en plus l’Allemagne. Le G20 et le G8 dont la France va prendre la présidence, n’accepteront pas les recommandations françaises pour l’évidente raison que la crise, loin d’être finie, va exacerber les conflits économiques. C’est une erreur de s’imaginer que l’international va sauver le national. Les échéances demeurent inéluctables. La France se retrouve et pour longtemps avec ses dettes incalculables, tous ses budgets en déséquilibre malgré les rabotages, des traités qui l’entravent, des institutions qui la ruinent, une monnaie qui la dessert, et un esprit public corrompu… Voilà la réalité. Et tout le monde de reprendre en chœur, surtout les futurs candidats : c’est la faute… à Sarkozy ! 

            Eh bien, non, c’est la faute… au système. Et cela depuis deux siècles, sauf exception… de monarchie ! Là où un Bonaparte, en quinze ans de pouvoir absolu, n’a pas réussi, pourquoi Sarkozy réussirait-il ? Et les autres qui veulent la place, s’il vous plaît ? Aucun n’a l’ombre d’un espoir de réussir. 

            Ce qu’il y a de terrible, c’est qu’ils croient tous au succès de leur stratagème politique. Alors que l’échec est la loi première du système ■ 

  • Macron, le sophiste

    A Athènes, le 7 septembre

     

    Par Hilaire de Crémiers

    La gloire de Macron passe comme la fleur des champs du printemps. Peut-être serait-il utile de comprendre pourquoi ?

     

    2840298611.jpgEmmanuel Macron se pense un chef. Il l’a dit et répété ; et comme un chef charismatique dont le jeune âge et la fulgurante carrière rehaussent le prestige. 

    Un mariage qui devient un modèle

    Anne Fulda l’a finement noté dans son livre consacré à « ce jeune homme si parfait » : il a l’intuition qu’il peut tout. Son mariage atypique en est la plus belle preuve ;  il en a calculé le caractère original ; il en savoure, maintenant plus qu’avant, la force  symbolique. Cette preuve du « tout est possible pour lui » est telle qu’il n’hésite pas à l’offrir en image à la France : Brigitte Trogneux sera bien à ses côtés, sinon dans le statut officiel dont il eût aimé qu’il lui fût dévolu, mais dans le rôle effectif de première dame de France. C’est qu’elle a décelé, la première, son génie personnel ; elle a décidé de l’accompagner, de l’aider à être ce qu’il doit être : elle est un modèle, la première française à avoir appréhendé le phénomène Macron.

    Lui n’a cessé de mûrir son dessein. Son ardeur juvénile, son intelligence qui domine et dépasse toute règle et toute normalité, devaient se reporter comme naturellement sur la politique. Oui, il l’épouserait aussi, la vieille politique, mais à sa façon singulière, sûr et de la puissance de son charme et de l’efficacité de son attrait. Sa modernité technique est le gage d’un succès garanti ; il est en lui-même, par lui-même, pour lui-même, dans toutes ses conceptions, une « start up » qui n’agit que dans « la performance », hors des voies communes. Pragmatique et audacieux, concret et plein de rêves, généreux et indulgent mais, en même temps, fort, et, s’il le faut, implacable, tel qu’il se définit lui-même dans son long entretien au Point (31 août 2017. La politique française ne peut que céder ; elle le doit pour se mettre enfin au service de cette nouvelle manière d’être et d’agir. La jeunesse macronnienne la transformera ; il en sera le maître, pas seulement élu, mais plutôt choisi du fond du cœur, aimé comme il doit l’être. Ne l’a-t-il pas annoncé au cours de la mémorable soirée du 7 mai où il célébrait sa triomphale élection dans la cour du Louvre ? Souvenons-nous de cette  «lumière» jaillissant de «la nuit», de ce « présent » émergeant du «passé» : c’était républicain, royal, impérial, français, européen, mondial, tout à la fois et en même temps. Il incarnait à pas majestueux l’histoire en marche, plus encore que la République. Deux mots encadraient son homélie laïque qui appelait à la conversion des cœurs autant que des esprits du fond du triangle pyramidal : «bienveillance» et «amour». Meilleur que Dieu. Comme l’Antéchrist de Soloviev. 

    L’homme qui est et peut tout

    Car c’est fait. Il a vaincu, et avec facilité, dès sa première bataille dans le champ politique. À 39 ans. Le voilà marié à la France.

    Il est président et même quelque chose de plus, une sorte de roi, toujours à sa façon, différente de celle d’autrefois, certes, mais dont l’idée incontestablement l’obsède. Il est aussi Napoléon mais le pacifique, le républicain, celui du Testament de Sainte-Hélène qui étend au monde entier ses vastes conceptions où le réel et l’idéal, la passion et la philosophie, les immenses attentes du monde et les réponses appropriées se rejoignent en s’embrassant sur une ligne d’horizon parfaite, celle qu’il décrit à longueur de discours, d’interventions, d’entretiens, devant le Congrès à Versailles, devant les ambassadeurs, devant les journalistes.

    Il est encore un héros ; le héros, spécifiquement politique, réservé à nos temps, ces temps dont il dit aux journalistes du Point qu’ils obligent à « renouer avec l’héroïsme politique ». Il y a en lui un demi-dieu dont quelque « Transcendance » pour parler son langage, le regarde avec faveur tant il excelle dans ses entreprises qui régénèrent ses frères en humanité. Enfin, une telle vertu, au sens fort du terme, celui de l’antique Romanité et de la transgressive Renaissance, l’élève au rang de divinité. Ce n’est pas pour rien que le nom de Jupiter a été lancé. Dans son entretien avec les journalistes du Point, il se croit obligé de revenir dessus ; il n’en reste pas moins qu’il s’est voulu « jupitérien ».  

    Il prétend qu’il n’a pas l’esprit religieux, mais il confesse qu’à 12 ans, chez les Jésuites, il a demandé le baptême et qu’il  a connu alors une exaltation mystique dont son père l’aurait détourné. La vie a passé très vite ; il n’est plus qu’agnostique, ce qui n’est qu’un mot pour échapper aux questions contraignantes.

    Car il a l’esprit religieux, comme tout le monde. Même le prétendu athée, dit fort justement Dostoïevski ! Tout dépend de ce en quoi l’homme met sa  confiance. Macron maintenant a la religion de lui-même ; il n’est pas le seul de son espèce. Il est à lui-même sa propre origine, sa propre création et sa propre fin. Cette foi le justifie intimement et l’autorise à être ce qu’il est. Il s’appartient lui-même et tout lui appartient. Il voit, il sait, il pense, il décide, il commande. Il y a « lui » qui est chargé de « réussir » sa vie pour « réussir » celle des « autres » et il y a bien sûr ces « autres » qui ne savent pas réussir comme lui. À lui, donc, de vouloir et d’agir. L’investiture démocratique n’a fait que confirmer sa destinée. La moindre de ses phrases porte le sceau de cette certitude intérieure qui le convainc de son rôle irremplaçable ; une finalité supérieure oriente sa vie ; il est fait pour « le moment historique » que vivent la France et le monde ; il le dit en toute simplicité. Ecoutez sa voix prophétique : son souffle inspiré va recréer l’Europe en qui il croit d’abord et qui enfantera la nouvelle France, pour mieux guider le monde sur les voies du salut.

    Le sophiste qui n’est plus qu’un sophiste de plus

    Illusion ! Le tort premier de Macron est de s’imaginer que son histoire a un caractère exceptionnel. Elle est fort banale, surtout en nos temps démocratiques. Tous ses prédécesseurs ont partagé, à des degrés divers, les mêmes sentiments, même ceux qui se voulaient et se disaient normaux. D’avoir eu l’onction républicaine, d’y avoir seulement aspiré, d’avoir réussi à l’obtenir, ne fût-elle que fictive, aléatoire et éphémère, n’ayant l’aval effectif que d’une minorité parmi d’autres minorités, soudainement devenue majorité par défaut, rejet ou élimination – ce qui fut le cas pour lui précisément –, persuade ces esprits de leur supériorité intrinsèque ou plutôt les confirme dans cette persuasion. Ils sont convaincus que l’autorité suprême leur revient de droit, que le pouvoir est fait pour eux comme ils sont faits pour le pouvoir. Leur personne serait investie d’une légitimité qui ne pourrait être remise en doute. Ni  Hollande, ni Sarkozy n’ont lâché cette idée, ni, avant eux, tous les autres !

    Macron, perdant sa popularité en à peine quatre mois d’exercice du pouvoir, en impute la responsabilité à l’incompréhension des Français.  Du coup, il changera sa communication, il fera de « la pédagogie », le grand mot à la mode dans une démocratie décadente, ce qui, pour qui réfléchit bien, est gravement outrageant pour le corps électoral. Que vaut donc le vote de l’électeur ?      .

    Il y a du sophiste chez lui. Hippias se flattait devant Socrate d’apprendre aux jeunes Grecs à réussir : réussir était son but et faire entrer de l’argent, beaucoup d’argent, également. Gorgias enseignait que la politique était l’art de la persuasion ; Protagoras,  qu’elle était le lieu de l’accomplissement de l’homme supérieur qui était la mesure de toute chose ; Calliclès, que le tout de la politique était de savoir dominer la cité. Il n’y a plus de Socrate pour ramener doucement par une fine ironie ces esprits aussi fats que faux à la véritable intelligence du bien de la cité, à l’exacte notion de justice, à la simple vérité de l’homme, loin des vastes et fumeuses considérations.  

    Il suffit d’écouter Macron pour savoir qu’il ne sait rien sur le fond de vrai ni d’utile. Ce qui ne l’empêche pas, comme un sophiste qu’il est, de savoir « baratiner » sur tout, même sur le vrai et l’utile. La sophistique est toujours la même à laquelle est vouée décidément la démocratie française. Comme  jadis la démocratie athénienne. Athènes en est morte. On préférait y condamner Socrate.

    Reste que l’enfant adulé, l’adolescent adoré, le jeune homme idolâtré, le candidat glorifié, le président apothéosé va se heurter à son heure de vérité. Les lois – mêmes les meilleures – ne changeront pas la réalité politique ; la technique ne remplace pas l’esprit. Les institutions ont leurs propres mécanismes qui le broieront lui aussi. Il dit qu’il essaye de se garder du temps pour lire. Est-il permis de lui conseiller de lire ou de relire « le maître-livre » de celui qui fut, à ce qu’il dit, son maître en philosophie, Paul Ricoeur : L’Homme faillible.  

  • Des preuves de la faillite diluvienne à venir de la France de Macron ! par Marc Rousset

    Eté 2012 : la France en faillite | Le Club de Mediapart

     

    Dormez bien, braves gens, et partez en vacances pour le 14 juillet, l’incompétent Macron et les élites démagogiques de nos partis politiques électoralistes veillent sur vous !

    Les technocrates de l’UE et les élites irresponsables des États ont voulu jouer aux matamores avec la Russie ; ils doivent cependant d’ores et déjà en rabattre et préparer les Français à des coupures de gaz ! Il en est exactement de même pour la situation économique de la France depuis 40 ans, mais avec des conséquences infiniment plus catastrophiques.

    L’amateurisme régalien a malheureusement des conséquences dramatiques pour la vie des Français car les prix de l’énergie explosent, le pouvoir d’achat diminue et on nous annonce maintenant des coupures de gaz pour l’hiver ! Macron n’est qu’un arriviste, narcissique, démagogue, manipulateur, n’ayant rien d’un homme d’État ! Malheur à un peuple dont le roi est un enfant insouciant sans progéniture, marié à une épouse qui a l’âge de sa mère !

    MARC ROUSSET.jpgSelon Marine le Pen, « la priorité du RN, c’est le pouvoir d’achat « ! C’est la principale raison de son succès électoral ! La priorité d’Éric Zemmour et de Reconquête, c’est l’immigration, l’identité, la démographie, l’avenir de la France, le changement de politique étrangère, éviter la faillite du pays !  Comme disait de Gasperi, un des pères fondateurs de l’Europe : « L’homme d’État pense aux prochaines générations, le politicien pense aux prochaines élections ». Résultat des courses : Marine le Pen 89 députés – Zemmour 0 député ! Trop de Français, même patriotes, ont donc voté comme des consommateurs irresponsables et non comme des citoyens responsables, sans voir plus loin que le bout de leur nez !

    Francis Mer, polytechnicien, ingénieur du Corps des mines, fut non seulement un grand chef d’entreprise responsable, président entre autres de Sacilor, mais il fut aussi de 2002 à 2004, ministre des Finances de Jacques Chirac. Lorsqu’il lui fit remarquer déjà à l’époque, avant même François Fillon donc, que la France était dans une situation de faillite, que cela ne pouvait pas continuer ainsi, Chirac se fit un plaisir de le rassurer, de lui expliquer qu’il était trop sérieux et novice en politique, et qu’il ne fallait surtout pas se faire du souci !

    François Fillon, lui, a tenu le vendredi 21 septembre 2007, en Corse, devant des agriculteurs les propos suivants : « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d’un État qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d’un État qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans… Ça ne peut pas durer ! ». La réponse de l’ancien Premier ministre socialiste Jospin fut la suivante : « Faillite ? Mais non, certainement pas » (..) S’il y a faillite, c’est d’abord la faillite de la politique de la droite depuis 2002 ! ».

    La plupart des pays européens reprochaient déjà à la France son manque d’efforts dans la réduction de ses déficits (2,6 % du PIB en 2006). Les Français manipulés par Macron, la pensée unique et les médias, suite à un coup d’État judiciaire monté avec l’appui de François Hollande, se sont privés des services de cet homme d’État, pour une ridicule histoire de salaire de sa femme Pénélope dont les montants en jeu n’avaient aucun rapport avec les services inestimables qu’il pouvait apporter à la France ou les calamiteux 2 500 000 immigrants extra-européens apportés par Macron dans ses valises durant son quinquennat, ni aucun rapport avec des escroqueries ou dissimulations régaliennes significatives au niveau international dans des paradis fiscaux « off-shore » !
    Après nous le déluge, comme disait madame de Pompadour à son amant Louis XV, suite aux conséquences dramatiques de la défaite de Rossbach, le 7 novembre 1757, où Louis XV perdit le septième de son armée, ce qui conduisit finalement à la défaite de la guerre de Sept Ans. Cette guerre se termina par le plus grand traité calamiteux de l’histoire de France, le Traité de Paris en 1763, avec la perte de l’Amérique du Nord et des Indes pour la France ! La Pompadour l’invitait cependant à ne pas penser aux conséquences dramatiques de cette guerre perdue. C’est ce que font aujourd’hui le RN, Renaissance, Nupes et même LR qui ne veut pas être en reste en matière de dépenses budgétaires scandaleusement élevées conduisant la France à la faillite ! Macron, c’est aujourd’hui Louis XV, mais s’il connait la révolution sociale et politique, ce qui est probable, il peut aussi être un second Louis XVI !

    Le débat parlementaire démagogique et cacophonique qui s’annonce à l’Assemblée parlementaire est une preuve supplémentaire de la décadence française qui ne concerne pas que les élites, mais aussi une immense majorité d’une population française déboussolée et décérébrée par la pensée unique. Une discussion va avoir lieu à l’Assemblée nationale sur les amendements à deux projets de loi (pouvoir d’achat et loi de finances rectificative). Les députés et les chefs de partis ont tous leurs recettes pour surenchérir dans les dépenses (plus de 100 milliards d’euros d’amendements cumulés alors que le projet gouvernemental s’élève déjà à 20 milliards d’euros), mais il n’y a absolument personne pour faire la moindre proposition sérieuse d‘économies ! C’est toute la différence qu’il y a entre des électeurs suisses responsables et les électeurs français irresponsables ! La honte la plus totale et rien d’autre qui conduira les Français d’ici 2 ans à une faillite spectaculaire méritée, tout comme la déroute méritée de l’armée française en 1940, si l’on en croit le fameux ouvrage « L’Etrange Défaite » !

    Même le groupe LR , de peur de perdre des électeurs, se joint à la curée irresponsable en défendant un blocage des prix du carburant à 1,50 euros le litre maximum, mais en jouant sur une baisse de la fiscalité (TIPCE et TVA). Et tant pis si cette mesure représente un gouffre financier pour les caisses de l’État : 30 milliards d’euros par an si les prix à la pompe restent à 2,10 euros le litre, 7 milliards de plus pour les baisser à 1,87 euros ; on doit donc approcher les 50 milliards pour arriver à 1,50 euros maximum !

    Cette attitude des partis français, style IVe République, est d’autant plus inacceptable que le déficit public actuel avec les seules dépenses de la loi pouvoir d’achat projetée par le gouvernement, compte tenu de la loi de finances rectificative, s’élève déjà à – 168,5 milliards d’euros, pour des recettes du budget de l’État de seulement 315,2 milliards d’euros, soit un déficit public qui représente déjà 53 % du budget de l’État. Si l’on y ajoute les 100 milliards d’amendements des partis, le déficit public serait donc de 268,5 milliards d’euros pour des recettes inchangées de 315, 2 milliards d’euros, autant dire que la France, pour simplifier schématiquement, dépenserait donc environ le double de ses recettes ! Peut-on imaginer un ménage qui dépense le double de son salaire, voilà ce que souhaitent les partis politiques français actuellement dans le débat qui se déroule à l’Assemblée nationale ! L’inconscience, la folie, l’irresponsabilité, la décadence et un jour les fourches caudines du FMI et la ruine du pays failli ! Espérons que les Gilets jaunes ne s’empareront pas un jour de l’Élysée comme les habitants du Sri-Lanka ont envahi le palais présidentiel à Colombo !

    Un autre petit calcul très simple, compte tenu de l’énormité actuelle de la dette et des taux d’intérêt à long terme normaux de 6 %, doit permettre aussi au lecteur de comprendre la gravité de la situation financière de la France ! Les taux d’intérêt sont en train de remonter et, selon le président de la banque de France Villeroy de Galhau, toute augmentation des taux d’intérêt de 1 % représente pour le budget de l’État une dépense supplémentaire de 40 milliards d’euros au bout de 10 ans. Avec 6 % d’intérêt, cela représente donc, pour les seuls intérêt à payer, une somme de 240 milliards d’euros ! Comme les recettes de l’État sont d’environ 300 milliards d’euros, cela signifie donc qu’avec un taux d’intérêt de 6 %, la France utiliserait 80 % de ses recettes fiscales pour payer les seuls intérêts ! Il resterait donc seulement 60 milliards d’euros, ce qui représente environ le budget de l’Éducation nationale ! Quant au reste, impossible de payer les fonctionnaires et d’assumer les dépenses de l’État ! Pour toutes les raisons ci-dessus mentionnées, les Français doivent donc arrêter de rêver, de dépenser, de raisonner comme des nantis parvenus, alors que la dette par Français est de 100 000 euros à la naissance, si l’on tient compte des sommes dues hors bilan de l’État français ! Macron n’est donc plus qu’un manipulateur assis sur un volcan qui va exploser, pour l’envoyer « ad patres » !

    Cela nous amène, comme Julius Evola dans son ouvrage « Les hommes au milieu de ruines » de douter de la viabilité des démocraties occidentales avec des élites progressistes idéologues, et des électeurs individualistes qui ont un comportement citoyen irresponsable ! Pensons également à « l’Etrange Défaite » de Marc Bloch et à la réflexion de Churchill : « Lorsque vous parlez 5 minutes à un électeur moyen, vous doutez de la démocratie ». Le Président Poutine a donc cent fois raison de refuser à ce que l’on injecte le système décadent des démocraties occidentales dans une Russie qui a besoin d’être forte et commandée par un homme fort, face à tous les dangers qui menacent la Russie de l’intérieur ou de l’extérieur ! Poutine l’a montré en élevant subitement très fortement l’âge de la retraite car c’était l’intérêt supérieur du pays, ce que ne souhaitaient pas les Russes qui partaient cependant seulement à l’âge de 55 ans.

    En conclusion, on peut dire que, depuis le décès de Georges Pompidou, soit depuis environ 50 ans, la France a été dirigée par des dirigeants progressistes incapables imprégnés de socialisme qui l’ont conduit à la ruine et à la faillite que nous connaîtrons d’ici 2 ans au plus tard ! Les élites seront responsables, mais une majorité de Français inconscients non plus ne l’auront pas volé, puisqu’ils n’ont pas hésité à sortir Fillon et à élire Macron, pour le réélire ensuite ! Les partis RN, Renaissance, Nupes et en grande partie LR sont des partis indignes qui n’ont aucun sens du bien commun. Marine le Pen est une incapable qui vit de l’héritage de son père et de sa seule démagogie ! Lors des dernières élections, seuls 7 % des Français qui ont voté Zemmour ont montré qu’ils étaient non seulement patriotes, mais aussi responsables et intelligents ! C’est insuffisant et ridicule pour un soi-disant grand peuple !

    Une seule valeur refuge possible avant le déluge, le maelstrom, le tsunami, la faillite et la banqueroute qui se déclencheront prochainement en France sans prévenir en emportant tout sur leur passage : l’or, les objets précieux et les actifs physiques réels ! Oublions les métavers ! La crise économique à venir, nonobstant des mouvements sociaux et politiques, sera d’une violence comparable à celle de l’Allemagne en 1923 avec une hyper-inflation stratosphérique et dantesque !

  • C'est la fin ! Par georges Rousseau

     

    08 et 09.2012 034.jpgUn observateur attentif des réalités françaises ne manquerait pas de remarquer que plusieurs éléments, et non des moindres, des problèmes de notre pays, montrent qu'on est arrivé à la fin d'une époque, sur le plan des institutions, sur le plan économique et sur celui de la politique étrangère. 

     

    La fin de la Ve République 

    Le raccourcissement de sept ans à cinq ans de la durée du mandat du Président de la République a changé la nature du régime ! La « monarchie républicaine » imaginée par le général de Gaulle il y a quarante-cinq ans, n'est plus : nous sommes revenus au régime des partis de la Mme République. Car, dans l'idée du général, l'élection du Président de la République au suffrage universel direct et ce, pour une durée excédant largement celle d'une législature, devait lui donner une forte légitimité et une large indépendance face aux partis politiques. A partir du moment où la durée du mandat du chef de l'État est la même que celle des députés à l'Assemblée nationale et que l'élection du premier ne précède que de trois mois l'élection des seconds, ces élections sont liées et, dès lors, le Président n'est pas le chef de la nation, mais seulement celui du parti dominant. On arrive donc exactement au contraire de ce que voulait de Gaulle !

    Et cette entreprise de démolition n'est pas la première. Car, comme l'écrit François de Closets dans un livre récent : « Le général était parti en guerre contre un parlementarisme débilitant qu'il détestait et qui, d'ailleurs, le lui rendait bien. Il n'était pas sitôt disparu que les partis reprirent à leur profit la configuration binaire imposée par la constitution de 1962 ». Et les premiers à le trahir, comme ils l'avaient déjà trahi en ce qui concerne l'Europe, ont été les dirigeants du parti qu'il avait lui-même formé. Car dès l'instant qu'on est en République, on ne sait rien faire sans les partis, au moins en France...

    Ils viennent même d'aller plus loin dans la démolition de la vision gaullienne de laVe République, car le Président n'est plus désigné par le peuple. En effet, la vraie désignation du chef de l'Etat n'est plus faite directement par l'ensemble des électeurs, mais découle d'une élection primaire, où il est choisi par quelques dizaines de milliers de personnes appartenant à un ou des partis politiques ! Comme le remarquait Hilaire de Crémiers dans une récente conférence : jamais le Président de la République n'a été désigné par aussi peu de gens !

    En réalité, il semble que nos dirigeants, qu'ils appartiennent au Parti Socialiste ou à l'UMP, pardon : aux Républicains, n'aiment pas le peuple, qu'au fond ils méprisent... On dirait qu'ils le craignent et préfèrent prendre leurs décisions en petits comités...D'ailleurs, ils traitent avec mépris de « populistes » ceux de leurs adversaires qui attirent les suffrages des électeurs des classes populaires !

    Ainsi, la V' République ne s'est pas terminée par un coup d'état, comme la première et la seconde, ni après une terrible défaite militaire comme la troisième République, ni encore dans les soubresauts dramatiques découlant de la guerre d'Algérie comme la quatrième, mais par des combinaisons partisanes ! Alors qu'on ne cesse de nous rebattre les oreilles des « valeurs de la République », on constate que la réalité s'en éloigne de plus en plus. Elle est chouette la démocratie !

    La fin de la croissance

    Depuis 2008, début de la crise financière mondiale, l'évolution du Produit Intérieur Brut de la France a été, soit négative, soit positive mais à des niveaux très faibles, très souvent inférieurs à 1 % et ne dépassant en aucun cas 1,7 %. En clair, nous sommes durablement dans une période de très faible croissance...

    Par exemple, la Commission européenne prévoit qu'en 2015, la hausse du P.I.B. en France sera de 1,1 %, contre 1,9 en Allemagne. Or, contrairement à d'autres pays européens, la population de la France augmente, résultat d'une bonne démographie et d'une immigration importante. Il faudrait donc que la croissance française soit supérieure, pour qu'elle puisse faire diminuer le chômage. Rappelons que le chômage total atteint cette année 3.500.000 personnes, auquel il convient d'ajouter le chômage partiel qui s'élève à 1.500.000 personnes.

    Autre facteur négatif : la baisse de la productivité depuis les années 1990. La Direction du Trésor indiquait récemment dans une note que : « les gains de productivité par tête en France passent sous la moyenne de l'OCDE ». En cause, la baisse du nombre d'heures travaillées qui est passé, en pourcentage, de 100 en 1976 à 79 en 2012. Ajoutons le vieillissement du matériel : « La France, notait un économiste, est derrière l'Italie, le pays où le stock de capital a le plus vieilli... » Machines peu modernes, retard en robotique, tout ceci nuit à l'efficacité du travail ! 

    Certes, une certaine imélioration a été constatée au début de l'année 2015, et cette éclaircie inespérée a ranimé l'espoir de certains que cette reprise permettrait à la croissance française de repartir en avant. Ce relatif regain de l'activité provient de ce qu'on a appelé : « l'alignement des planètes », à savoir la baisse du prix du pétrole, la baisse de l'Euro et la baisse des taux d'intérêts. Or, le premier élément (la baisse du prix du pétrole) a déjà partiellement disparu, puisque le prix du baril de Brent, qui était tombé à 40 dollars, est remonté maintenant à 60 dollars. Le second élément, la baisse de l'Euro, est aussi en voie de disparition. Quant au dernier ,le niveau quasiment nul des taux d'intérêts, élément totalement injustifié et qui représente un risque mortel pour un pays croulant sous le poids des dettes comme la France, il commence sérieusement à disparaître, le taux des emprunts de l'État français ayant déjà été multiplié par quatre depuis quelques semaines.

    Le pauvre François Hollande se croyait sauvé par son parapluie miraculeux : les cycles économiques, ces théories exposées vers 1900 ! Cycle de Kondratiev de cinquante ans, cycles décennaux de Juglar, ou même les mini-cycles de Kitchin de deux ans ... qui tous se déroulaient uniformément, avec une phae économique ascendante, suivie d'un retournement de tendance et d'une phase dépressionnaire, et de nouveau d'une reprise économique. Le malheur, c'est que la situation à l'époque où ces théories ont été élaborées, n'était pas du tout la même que celle que nous connaissons aujourd'hui. En 1900, les frontières étaient, en ce qui concerne la circulation des marchandises, presque toutes fermées hermétiquement. Les monnaies, à l'époque toutes métalliques (or, argent...), ne circulaient pas facilement. Quant aux nouvelles, elles mettaient le temps d'un bateau à vapeur, ou parfois à voile, pour aller de New-York au Havre, ou pire, de Tokyo à Marseille ! De nos jours, toutes les frontières sont ouvertes aux marchandises du monde entier, on peut aller spéculer librement sur les bourses de toute la planète, et les nouvelles et les capitaux circulent à la vitesse de la lumière grâce à Internet. Il s'ensuit que la théorie des cycles, qui était parfaitement exacte autrefois, ne signifie plus grand-chose aujourd'hui !

    La fin de la politique étrangère de la France

    La politique étrangère menée par les gouvernements français qui se sont succédés au pouvoir depuis huit ans a cessé d'être celle d'un état indépendant défendant ses intérêts nationaux, ce n'est plus la politique étrangère de la France !

    Nicolas Sarkozy a ouvert le bal en se mettant outrageusement à la remorque des Américains. 

    Tournant le dos à une décision historique du général de Gaulle, il a décidé que la France ferait de nouveau partie des centres de commandement militaire de l'OTAN. Or l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, fondée pour défendre ses membres contre la menace soviétique, n'a plus de raison d'être depuis que l'U.R.S.S. a disparu. L'OTAN n'est plus que le paravent de l'expansionnisme des Etats-Unis.

    Mais il y a plus grave. Se fondant sur des arguments « droit-de-l'hommistes », le président Sarkozy a soutenu la causes des révolutionnaires du « Printemps arabe »  

    en Tunisie, puis en Lybie. Bien que Kadhafi, autrefois proche des terroristes, ait mis beaucoup d'eau dans son vin et se soit rapproché des États occidentaux, notamment de la France, Nicolas Sarkozy a décidé d'intervenir militairement dans ce pays. Les résultats de cette intervention sont catastrophiques ! En effet, Kadhafi éliminé, la Lybie s'est retrouvée écartelée entre différentes factions rivales, chacune représentant une région, une tribu ou un groupe religieux... Depuis lors, une terrible guerre civile ravage le pays et détruit ses richesses ! Quant aux armes modernes que nous avons généreusement distribuées pour faire pièce à Kadhafi, elles se sont comme par miracle retrouvées entre les mains d'islamistes radicaux au Sahel : d'où la guerre au Mali et maintenant dans toute l'Afrique sub-saharienne ! 

    François Hollande a remplacé Nicolas Sarkozy en 2012. Mais la politique suivie par le gouvernement socialiste s'est révélée être aussi mauvaise que celle du gouvernement UMP.

    En Europe, elle a purement et simplement emboitée le pas aux Américains. Notamment, la position de la France aurait dû s'écarter radicalement de l'attitude agressive des États-Unis et de l'Union européenne face à la Russie sur le problème ukrainien. La France aurait dû tenter de trouver sur le terrain diplomatique une solution plus réaliste et correspondant aux intérêts des parties en cause. Ne parlons pas des négociations en vue de la conclusion d'un accord commercial transatlantique, dans lesquels nous sommes loin d'avoir défendu énergiquement nos intérêts...

    De même, en Syrie, à seule fin de faire tomber le « dictateur » Bachar el-Assad, qui pourtant ne demandait qu'à s'arranger avec les puissances occidentales, la France a fourni de nombreuses armes à de prétendus groupes « démocrates », qui se sont retrouvées comme par hasard entre les mains des islamistes radicaux. De même, les interventions aériennes que la France, toujours à la remorque des Etats-Unis, a déclenché contre le DAESH islamique, se limitent au territoire irakien. Résultat, le DAESH règne maintenant en maître sur la moitié de la Syrie !

    Ce bref résumé montre que nos dirigeants, de droite comme de gauche, mènent une politique ne prenant pas en compte, comme elle le devrait, le seul intérêt national. Décidément, il est temps de changer de régime ! 

     

    Restauration Nationale 

     

  • Éphéméride du 10 novembre

    Tolbiacum, Tolbiac, aujourd'hui Zülpich, au sud-ouest de Cologne

     

     

    496 : Victoire de Tolbiac  

     

    Bainville l'a bien expliqué : les deux premières dynasties - la Mérovingienne, celle de Clovis, et la Carolingienne, celle de Charlemagne - se sont finalement épuisées, pour deux raisons fondamentales :

    d'abord en perpétuant la funeste coutume du "partage" du royaume à chaque décès;

    ensuite, dans leurs efforts stériles pour reconstituer l'Empire romain, ce qui était une vision géo-stratégique périmée.

    Du coup, elles ont échoué, leurs belles réussites initiales - si prometteuses !... - ne débouchant finalement sur rien, faute d'une vision plus réaliste des choses, qu'il allait revenir à la troisième dynastie - la Capétienne - de mettre en oeuvre : à savoir, la constitution d'un État fort, et la création de la Nation française, objectif certes moins ambitieux que la reconstitution de l'Empire, mais qui correspondait, lui, à la marche de l'Histoire.

    Pour autant, le bilan des deux premières dynasties ne doit pas être sous-estimé, ni, surtout, l'importance décisive du règne de Clovis.

    D'abord pour ses deux brillantes victoires de Tolbiac sur les Alamans et, neuf ans plus tard, de Vouillé sur les Wisigoths (voir l'Éphéméride du 25 mars) : à partir de Tolbiac - victoire amplifiée et comme couronnée par celle de Vouillé... - Clovis redonne pour la première fois à la Gaule l'unité territoriale qu'elle avait du temps de l'Empire romain, de sa frontière naturelle du Rhin à celle des Pyrénées.

    Mais surtout - et c'est une conséquence directe du triomphe de Tolbiac - Clovis se convertit au catholicisme, adoptant la religion du "Dieu de Clotilde", son épouse catholique : en réalité, la bataille de Tolbiac s'engagea très mal pour les troupes de Clovis, et se poursuivit plus mal encore; en fait, vers la fin de l'après-midi, tout était perdu et il semblait que le désastre total fût imminent.

    C'est alors que, découragé, Clovis implora le Dieu que sa femme priait, lui promettant que, s'il lui donnait la victoire, lui, Clovis, se convertirait.

    Contre le cours des choses, et contre toute la logique de la journée, le roi des Alamans, à ce moment-là, fut tué d'un coup de hache; "...l'espoir changea de camp, le combat changea d'âme..." et, de vaincu qu'il était alors, promis à une mort certaine, Clovis vit le désastre se transformer, soudain, en triomphe !

    À la Noël suivante, il se faisait baptiser, et plusieurs milliers de ses guerriers avec lui (voir l'Éphéméride du 25 décembre) La religion catholique, déjà traditionnelle dans le pays, se voyait confirmée par le pouvoir royal, et cette alliance du temporel et du spirituel devait imprimer à la nation qui deviendra la France une empreinte indélébile, qui sera comme son épine dorsale tout au long des siècles, lui permettant de traverser tant et tant d'épreuves, jusqu'à aujourd'hui :

    "...Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L’élément décisif pour moi, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs... C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne..." (Charles de Gaulle)

     

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    À l'époque, les Francs étaient divisés en deux peuples : les Francs saliens (dont Clovis était le roi) et les Francs ripuaires (du latin "ripa", rive, car leur capitale était Cologne, sur la rive gauche du Rhin). Le roi des Francs ripuaires était Sigebert le boiteux. De l'autre côté du Rhin, les Alamans formaient comme une confédération de peuples germaniques, toujours menaçants envers les Francs. En 496, ils envahirent carrément les terres de Sigebert, qui appela Clovis à l'aide : c'est l'origine et la cause de la bataille de Tolbiac...

     

    Pour en revenir à la bataille de Tolbiac, lorsque Clovis vit ses guerriers se faire massacrer et comprit qu'il perdait la bataille - et, bientôt, la vie... -  il invoqua alors le Dieu de sa femme Clotilde. Grégoire de Tours rapporte ainsi sa prière, dans le chapitre II de l' "Histoire des Francs" :

    "Ô Jésus-Christ, que Clotilde affirme Fils du Dieu Vivant, toi qui donnes du secours à ceux qui sont en danger, et accordes la victoire à ceux qui espèrent en toi, je sollicite avec dévotion la gloire de ton assistance  : si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis, et si j'expérimente la vertu miraculeuse que le peuple voué à ton nom déclare avoir prouvé qu'elle venait de toi, je croirai en toi, et me ferai baptiser en ton nom. J'ai en effet invoqué mes dieux, et, comme j'en fais l'expérience, ils se sont abstenus de m'aider, ce qui me fait croire qu’ils ne sont doués d'aucune puissance, eux qui ne viennent pas au secours de ceux qui les servent. C'est toi que j’invoque maintenant, je désire croire en toi, pourvu que je sois arraché à mes adversaires"

    Leur chef tué à ce moment-là d'un coup de francisque, les Alamans se mettent à fuir; contre toute attente, le désastre annoncé se transforme en triomphe absolu... 

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre I, Pendant 500 ans la Gaule partage la vie de Rome :

    "...Ce pays fertile, industrieux, couvert de riches monuments, où une classe moyenne tendait toujours à se reconstituer comme un produit du sol après chaque tempête, était d’instinct conservateur. Il avait horreur de l’anarchie. Les communistes du temps, les Bagaudes, dont les tentatives révolutionnaires avaient toujours été vaincues, n’étaient pas moins redoutés que les Barbares du dehors. La Gaule romaine désirait un pouvoir vigoureux. C’est dans ces conditions que Clovis apparut.

    10 novembre,saint martin du canigou,charles vii,rouen,jeanne d'arc,louis xi,couperin,robespierre,notre-dame de paris,chaumette,dupleixÀ peine Clovis eût-il succédé à son père Childéric qu’il mit ses guerriers en marche de Tournai, sa résidence, vers le centre du pays. Il entreprenait de dominer les Gaules. À Soissons, gouvernait le "patrice" Syagrius, pâle reflet de l’empire effondré. Saint Remi vit que le salut n’était pas là. Quelle autre force y avait-il que le Barbare du Nord ? Qu’eût-on gagné à lui résister ? Clovis eût tout brisé, laissé d’autres ruines, apporté une autre anarchie. Il y avait mieux à faire : accueillir ce conquérant, l’aider, l’entourer pour le mettre dans la bonne voie. De toute évidence, c’était l’inévitable. Il s’agissait d’en tirer le meilleur parti pour le présent et pour l’avenir.

    Clovis, de son côté, avait certainement réfléchi et mûri ses desseins. Il était renseigné sur l’état moral de la Gaule. Il avait compris la situation. Ce Barbare avait le goût du grand et son entreprise n’avait de chances de réussir, de durer et de se développer que s’il respectait le catholicisme, si profondément entré dans la vie gallo-romaine. L’anecdote fameuse du vase de Soissons prouve à quel point il voyait juste. L’exécution sommaire d’un soldat sacrilège fit plus que tout pour le triomphe de Clovis. On reconnaît le grand homme d’État à ces audaces qui créent des images immortelles.

    10 novembre,saint martin du canigou,charles vii,rouen,jeanne d'arc,louis xi,couperin,robespierre,notre-dame de paris,chaumette,dupleixIl fallait encore que Clovis se convertît. Sa conversion fut admirablement amenée. Ce Barbare savait tout : il recommença la conversion de l’empereur Constantin sur le champ de bataille. Seulement lorsque, à Tolbiac (496), il fit vœu de recevoir le baptême s’il était vainqueur, l’ennemi était l’Allemand. Non seulement Clovis était devenu chrétien, mais il avait chassé au-delà du Rhin l’ennemi héréditaire. Dès lors, il était irrésistible pour la Gaule romanisée.

    On peut dire que la France commence à ce moment-là. Elle a déjà ses traits principaux. Sa civilisation est assez forte pour supporter le nouvel afflux des Francs, pour laisser à ces Barbares le pouvoir matériel. Et elle a besoin de la force franque. Les hommes, elle les assimilera, elle les polira. Comme sa civilisation, sa religion est romaine, et la religion est sauvée : désormais le fonds de la France religieuse, à travers les siècles, sera le catholicisme orthodoxe. Enfin, l’anarchie est évitée, le pouvoir, tout grossier qu’il est, est recréé en attendant qu’il passe en de meilleures mains, et ce pouvoir sera monarchique. Il tendra à réaliser l’unité de l’État, l’idée romaine aussi. Rien de tout cela ne sera perdu. À travers les tribulations des âges, ces caractères se retrouveront.

    Cependant il s’en fallait encore de beaucoup que la France fût fondée et sûre de ses destins. La monarchie franque n’avait été qu’un pis aller dans la pensée des hommes d’Église qui l’avaient accueillie. Malgré ses imperfections, elle va servir, pendant près de trois cents ans, à préserver les Gaules de la ruine totale dont les avait menacées la chute de l’Empire romain."

     

    Sur Clovis, et l'importance capitale de son règne, voir : l'Éphéméride du 25 décembre (baptême de Clovis); l'Éphémeride du 27 novembre (sa mort); sur le sens véritable de l'épisode du "vase de Soissons", voir l'Éphéméride du 1er mars; et, sur son autre victoire décisive de Vouillé, voir l'Éphémeride du 25 mars...

     

     

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    1009 : Consécration de l'Abbaye de Saint Martin du Canigou

     

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    C'est l'évêque d'Elne, Oliba, qui mène les cérémonies.

    On aura une foule de renseignements et de photos de qualité sur les deux sites suivants : 

     

    http://www.art-roman.net/st-martin-du-canigou/st-martin-du-c.htm 

     

    http://notes.romanes.free.fr/images/catalan66/stmartin/texte.htm     

     

     

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    1449 : Entrée de Charles VII dans Rouen libérée

     

    Charles, le Bien Servi, le Victorieux, fit réhabiliter solennellement Jeanne d'Arc dès 1456, et la fit laver de tout soupçon d'hérésie.

    Souverain efficace, il entreprit la réorganisation du royaume, et développa l'économie, avec l'aide de Jacques Coeur.

    Il est le père de Louis XI.     

    10 novembre,saint martin du canigou,charles vii,rouen,jeanne d'arc,louis xi,couperin,robespierre,notre-dame de paris,chaumette,dupleix

    Charles VII, par Jean Fouquet

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VI, La Guerre de Cent ans et les révolutions de Paris :

    "...Comme Charles le Sage, Charles VII avait tout à refair

  • L’école irréformable, par Jean de Viguerie

                Jean de Viguerie a donné un très intéressant article sur l'enseignement, sur le site de l'Institut du Bon Pasteur, le 30 janvier dernier.

                On peut, en effet, comme il le dit fort justement, trouver de nombreuses causes de la situation actuelle dans mai 68.

                On peut aussi remonter encore beaucoup plus loin. Et inscrire cette époque de 1960 elle-même dans la suite logique du plan Langevin-Wallon (lequel reprenait des théories énoncées pour certaines dès avant la Deuxième Guerre mondiale). Et remonter, ainsi, à la nature même de l’Instruction Publique, incorrectement devenue, de nos jours, Éducation Nationale: l’utilisation de l’école comme moyen de gouverner n'était-elle pas, in fine, la raison des caractères laïc et obligatoire de l’école de Jules Ferry ?.....

                 Et si, comme le pense avec raison l'auteur, "L'Ecole actuelle est irréformable"..... c'est parce qu'elle est idéologique, comme le Système qui l'a générée, lui-même étant irréformable, à son tour, pour cette même raison....

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    1

                L’école irréformable est celle de la République. Je vais m’en expliquer.


                Il y a en France depuis de longues années une crise de l’enseignement, une crise qui dure et qui s’aggrave de jour en jour.
    Cette dégradation et ses innombrables effets malheureux sont reconnus et déplorés depuis plus de vingt ans. Dès les années 80 on entendait partout un concert de gémissements, et nous avions les oreilles cassées de ces cris déchirants : l’école n’est plus l’école, nous criait-on, les enfants ne savant pas lire, les disciplines sont massacrées, l’histoire est morte, le français agonise, les mathématiques sont assassinées. Or, cette lamentation n’a pas cessé. On a même entendu récemment des ministres gémir, MM. Allègre et Ferry par exemple, et plus récemment M. Darcos. Certains éléments du système scolaire, comme la lecture globale, le collège unique et la mixité, sont maintenant l’objet de critiques extrêmement dures.

                Mais en vain. Les pleurs et les critiques n’ont aucun effet. Le système est maintenu et semble devoir être maintenu longtemps. De tous côtés des voix s’élèvent et protestent. Comment, demandent-elles, peut-on continuer un tel enseignement malgré toutes les condamnations portées contre lui ?  Peine perdue : ces protestations ne changent rien.

                Pourquoi ? Je vois au moins deux raisons.

    2

                La première est que l’on ne veut pas remonter aux causes. Il y a eu entre 1960 et 1977, conduite par les gouvernements de la cinquième république, une « réforme générale de l’enseignement » (c’était l’expression employée alors par le ministère de l’Education Nationale). En même temps on a ouvert le secondaire à tous les élèves sortis du primaire, sans contrôle et sans examen Tout le désordre vient de cette réforme et de cette ouverture. Si l’on ne veut pas reconnaître ces causes, il est inutile de vouloir quelque amélioration que ce soit.

                La seconde raison est que la conscience du désastre n’est pas assez vive. On ne réalise pas suffisamment l’énormité du changement introduit dans les années soixante. L’école a subi alors une révolution comme elle n’en avait jamais connu depuis le début de son existence. Du jour au lendemain on a rejeté les lois fondamentales de la connaissance intellectuelle et de l’apprentissage du savoir. Si l’on prenait vraiment la mesure d’une telle atteinte, on mettrait tout en œuvre pour y remédier.

    3

                A condition bien sûr qu’il y ait une volonté politique. S’il y avait cette volonté, il suffirait de deux ou trois lois et de quelques instructions et circulaires ministérielles pour revenir à un enseignement digne de ce nom. Je prends un seul exemple. C’est une simple instruction ministérielle (datée du 7 mai 1963), signée René Haby, directeur des services d’enseignement, qui a détérioré l’enseignement de l’histoire dans le secondaire en limitant les programmes du second cycle à la seule histoire contemporaine. Ce qu’une instruction a défait, une autre pourrait le refaire. De même pour toutes les autres disciplines, de même pour la lecture.

                Mais il n’y a pas de volonté politique. Considérons cette dégradation de cinquante années… Combien de politiques l’ont dénoncée ? Un bien petit nombre en vérité. Et toujours pendant les campagnes électorales. Mais l’élection faite, il n’en était plus question. .

                La question se pose alors : pourquoi n’y a-t-il pas de volonté politique ?

                D’abord parce que les hommes au pouvoir aujourd’hui ne diffèrent pas de ceux qui ont détruit l’enseignement dans les années soixante. Ce sont leurs doubles, ce sont leurs semblables. Si une telle destruction était à refaire, ils la referaient. Et je parle de tous les politiques. Je ne fais pas de différence entre la gauche et la droite. D’ailleurs c’est la droite qui a fait la « réforme générale de l’enseignement » des années soixante, c’est elle qui a voté la calamiteuse loi d’orientation des universités en 1968, c’est elle enfin qui a créé le collège unique (réforme Haby de 1977). La gauche voulait ces réformes, mais, le plus souvent, c’est la droite qui les a faites.

    Ce livre délirant dénonce un prétendu complot catholico-gouvernemental contre l'école publique

    Ce livre délirant dénonce un prétendu complot catholico-gouvernemental contre l'école publique

                L’ignorance généralisée, fruit de toutes ces réformes, ne gêne pas les politiques. Non seulement elle ne les gêne pas, mais elle leur profite. On gouverne mieux un agrégat d’ignorants (au surplus abrutis par la télévision) qu’un peuple instruit et formé dès l’enfance au double exercice de la mémoire et de la raison. J’irai même plus loin. Je dirai que cette fausse école mise en place dans le demi-siècle écoulé convient parfaitement aux politiciens. N’est-elle pas un instrument idéal de manipulation des esprits ? On s’empare des enfants dès le plus jeune âge, on les prive de tout repère dans l’espace et dans le temps, on les sépare du passé de leur pays, on les frustre de leur héritage culturel, et pour finir on les persuade que la connaissance et le respect de l’idéologie démocratique passent avant tout autre savoir et tout autre devoir. Cette école enseigne, comme on dit aujourd’hui, les « valeurs de la République ». Elle est vraiment, selon l’expression consacrée, « l’école de la République ». Et c’est bien ainsi, puisque « la République, écrivait il y a quelques années, l’historien  radical-socialiste Claude Nicolet, est ce qui permet aux hommes d’exister pleinement ».

                Nous sommes dans le système de pensée des Lumières, et ce n’est pas un  hasard si les Lumières sont invoquées à tout instant par la classe dirigeante. Ce n’est pas un hasard, et c’est à juste titre. L’éducation nouvelle dont nous subissons aujourd’hui les tristes effets, a été conçue par les philosophes des Lumières. Ces philosophes ont appelé de leurs vœux cette éducation qui s’empare de l’enfant, et au moyen de l’enfant de tout un peuple, et finalement fabrique une nouvelle espèce humaine dont la caste des maîtres et des privilégiés pourra disposer à son gré. A ces êtres fabriqués sur mesure on fera croire qu’ils sont libres, et ils obéiront d’autant mieux… C’est la ruse conseillée par Rousseau au gouverneur d’Emile, et cette ruse dans l’esprit de Rousseau lui-même est applicable au peuple autant qu’à l’enfant : « Qu’il croie toujours être le maître, et que ce soit toujours vous qui le soyez. Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté ; on captive ainsi la volonté même ». Citons également Voltaire : « Il est bon que le peuple soit guidé et non qu’il soit instruit ; il n’est pas digne de l’être ». Ces leçons philosophiques étaient connues depuis longtemps, mais il était réservé à notre époque de les appliquer. Il était réservé aux politiciens de la cinquième république de savoir en comprendre toute la signification et la force. Il ne faut pas compter sur eux pour une amélioration quelconque. Jamais ils ne réformeront le système.

                L’école actuelle est irréformable. Si l’on veut retrouver une école digne de ce nom, il ne faut pas l’attendre de l’éducation dite nationale. A moins que l’Etat ne change de nature, il n’y aura pas dans l’avenir d’autre véritable école que l’école vraiment libre, c’est-à-dire entièrement soustraite à la double emprise de l’Etat et de l’idéologie républicaine.

    Jean de Viguerie, 30 janvier 2010.

  • François Hollande, la rose ou l'épine, par Hilaire de Crémiers

    (Voici l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers, parue dans le numéro 104 de Politique magazine, février 2012)

     

    Jamais le système politique français n’a paru plus extravagant que dans ces temps d’échéances électorales. François Hollande peint l’avenir au couleur de sa rose, mais ce qui s’annonce, c’est un paquet d’épines.

            François Hollande s’est déclaré à la nation française : il veut l’épouser. Il l’a dit solennellement au Bourget, le dimanche 22 janvier, devant un parterre socialiste savamment rassemblé. Il a affirmé vigoureusement qu’il se montrerait apte à remplir sa fonction. Il a décliné son pédigree ; il a affiché son passé ; il a su convaincre qu’en dépit de l’envie, dans la conduite de sa vie, se lisait clairement la ligne de son destin : oui, son destin ! 

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            Maintenant quel doute serait permis ? Depuis l’origine, c’était prévu. Est-il besoin de préciser que ce qui était prévu, c’était que François Hollande était prévu ? Exactement comme naguère apparut François Mitterrand, cette figure exemplaire, à jamais tutélaire, dont il recueille aujourd’hui l’esprit, emprunte l’itinéraire, imite les formules et jusqu’aux gestes et jusqu’à la voix. Il en a les accents épiques qui étonnent le monde et qui cependant détonnent dans cette bouche aux nonchalances bourgeoises qu’on croyait plus habituée aux bons restaurants et aux bons mots des discours de compromis. Après tant de mois de luttes fraternelles, c’est acquis : François Hollande qui était pris pour un benêt diplômé, un mou sans envergure, est l’homme que les circonstances imposent, que la République veut, qui va s’unir à elle. C’est une révélation : le mot a été employé.

     

    La gauche éternelle

            Son éloquence en a gagné une violence virile qui effarouche et enthousiasme, le but recherché ! Comme Mitterrand. Il se dresse face à l’histoire dans une posture à la fois protectrice et vengeresse. 

            Comme Mitterrand. Il invective ce qu’il dénonce comme son seul ennemi personnel, la finance, l’argent, « le gros argent ». Sa véhémence alors touche à cette indignation presque sincère où excellait le vieux Mitterrand. Les compagnons et anciens concurrents interloqués en sont venus, au pied du tréteau, à se regarder : l’art du disciple l’égalerait-il au maître ?

            Lui qui a toujours vécu à son aise et sans scrupule en se pliant d’instinct à toutes les roublardises du politicien, et qui par principe ne connaît pas de principes puisqu’il s’est plu à transgresser les mœurs bourgeoises, se hausse ainsi par la parole jusqu’à cette vertu rhétorique qui a toujours fait le succès des agitateurs d’opinion. Lui aussi, toujours comme Mitterrand et comme tant d’autres hiérarques du socialisme à la française, il vient d’une bonne famille où lui ont été inculqués et le souci de la vérité et les règles de l’honnêteté. Un aiguillon intime l’a poussé à la rupture. Ce fut avec détermination qu’il a résolu de se façonner une personnalité de gauche. Il l’a confessé au Bourget : il l’a fait contre son père. Comme d’autres, bien connus, de tout ce petit monde des hauts dignitaires socialistes. Qui ne compâtirait ? Ce n’est ni la faim, ni la soif, ni la misère, ni la vue du dénuement, ni le dévouement aux misérables, ni la dureté de la vie, ni le besoin d’amour et de solidarité qui l’ont rendu socialiste. Non, c’est l’épreuve d’une conviction personnelle qui a su très vite repérer que la voie socialiste était celle de sa réussite politique et qui s’est heurtée – avec quel courage – à la tradition de ses pères ! Douloureuse épreuve et qui mérite sa récompense.

             Des journalistes émus ont su noter qu’il a évoqué cette souffrance avec pudeur et discrétion. Comment ne pas être sous le charme d’une telle vergogne qui interdit le moindre sourire ? Il n’est pas douteux que, de telles épreuves, ne peuvent sortir que des personnalités trempées.

    Le projet

            Aussi l’homme adhère-t-il au « projet ». Il ne fait qu’un avec lui. Le « projet » ! Répété à l’infini, ce mot est sacré. 

            Voici qu’il l’endosse comme un ornement sacerdotal ! Oui, « le projet » investit toute sa personne et l’élève à une dignité inviolable. Cependant il a précisé à l’entourage que ce « projet » était sien, même, bien sûr, et pourtant autre que le « projet » confectionné par le parti et les partisans. L’ambivalence du propos embrasse toutes les nuances du programme, de la rigueur la plus nette au laxisme le plus coulant. La conception générale, d’une générosité débordante, englobe tout le système qu’il ne s’agit que de régénérer, ce bon vieux système républicain qu’il a appris à aimer lors de son ambitieuse jeunesse, mis à mal aujourd’hui non par l’usure du temps, ni par la vieillerie de ses rouages trop compliqués, ni par la tempête actuelle qui secoue sa carcasse démantibulée, mais uniquement, exclusivement – il le répète – par les agissements irresponsables et criminels du président en exercice. Aussi se fait-il fort de le remettre en état et en marche, de lui redonner brillant et dynamisme. Il a certifié avec ce sourire qui lui est si caractéristique et qui se veut finaud, que ce serait tâche facile.

            Il résoudra tous les problèmes existants ; mieux encore : il les résoudra sans problème. Dans cette aisance se reconnaît cette force tranquille qui revendique « la normalité » et devant laquelle toutes les difficultés s’aplanissent. Il y a du prophétisme dans pareille assurance : égaliser les chemins, tous les chemins, c’est bien ce à quoi appelle cette voix qui crie son message de salut. Et aussitôt qui ne sent que le désert va fleurir ? Aucun roman d’anticipation n’a fait rêver pour la société à venir d’une plus parfaite platitude : tout sera raboté ; pas le moindre monticule sera épargné. Le nouveau messie peut passer. Cette égalité universelle à laquelle la France et l’Europe et le monde sont appelés par la voix exigeante de l’homme qui a su s’identifier à cette suprême loi morale, est devenue la norme absolue qui uniformise et harmonise toutes ses fameuses propositions aussi longues que larges : les deux barres du signe « égal » deviennent son logo de campagne. Il a même décidé, d’avance, de rabaisser sa rémunération de président. Qui fait mieux ?

     

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     l’art du disciple l’égalerait-il au maître ?

     

    L’avenir en rose

            Aucun obstacle ne saurait résister à pareille détermination. 

            C’est déjà tout vu, tout dit, tout chiffré. La crise de la dette sera résorbée en cinq ans, calcul à l’appui. Toute la question de l’Éducation nationale sera traitée d’un seul coup en y mettant les moyens et les emplois qu’il faut et sans coûter un sou de plus. 

            Il n’y aura plus de problème de logement : l’offre sera multipliée, les prix encadrés, les mairies des « riches » contraintes à bâtir sous peine d’amendes. Travail, chômage, tout sera réglé par de nouvelles lois qui donneront au code du travail ce poids supplémentaire qui lui permettra d’écraser définitivement les problèmes sociaux. La Sécurité sociale trouvera naturellement les recettes suffisantes pour que ses avantages soient garantis indéfiniment et étendus, même au-delà de nos frontières, le modèle français ayant une vocation à l’universalité. Mais en même temps les PME seront soutenues : des fonds seront créés à cet effet. L’immigration sera conçue comme le régime normal d’accès à la citoyenneté, ce qui enlèvera tout prétexte de se manifester aux émeutiers et aux incendiaires.

            Il est certes reconnu que les chefs socialistes qui n’ont pas le privilège de vivre dans les zones de non-droit et de goûter les plaisirs raffinés qui s’y pratiquent, n’ont pas su évaluer l’importance de la sécurité pour « les petites gens ». Pour eux, par condescendance, il est admis que la sécurité doit aussi avoir la séduction d’une certaine rigueur. Cette audace du candidat n’a pas manqué d’être saluée. 150 000 emplois-jeunes viendront dynamiser les zones de pauvreté. L’argent sera pris sur les familles françaises qui sont toutes soupçonnées à fort juste titre d’être riches. Impôts, taxes, prix des services, tout sera établi au prorata des revenus et des patrimoines qui seront par conséquent constamment vérifiés, inspectés, contrôlés, pesés.

            Nicolas Sarkozy ayant disparu et François Hollande étant au gouvernail, la croissance sera immédiatement au rendez-vous. Evidence incontestable et qu’il n’est pas besoin de démontrer. L’Europe subjuguée se convertira aux recettes hollandaises ; les traités seront révisés pour enregistrer ces merveilleuses trouvailles dans une unanimité telle que les sommets ne seront plus que de convention. 

            L’Amérique, la Chine, les pays émergents dont le masochisme est bien connu, se mettront avidement à l’école du nouveau président de la République française qui les flagellera de ses règles dont le nombre incalculable les fera gémir de volupté. Les islamistes n’auront pour la France que des sourires : ils n’auront plus à conquérir ce qui leur sera gracieusement offert. Par anticipation, l’islam sera reconnu comme la religion majoritaire en France. Il n’y aura donc plus de terrorisme et de guerre. La France retirera ses troupes d’à peu près partout et le budget de la Défense, déplacé vers l’Éducation nationale, ne sera maintenu que pour le minimum du défilé du 14 juillet. Les réformes sociétales, dans une conception hardie de l’écologie, favoriseront tout ce qui est contre nature, et comme il convient, au nom d’une implacable liberté, interdiront non seulement d’encourager mais même de penser le contraire !

     

    L'épine

            Toute la presse soutenue, payée par « le gros argent » de gauche – inutile de donner les noms – et pour qui curieusement Hollande n’éprouve que de la sympathie, fera campagne pour lui ouvertement.

            À l’heure actuelle, sauf, renversement de tendances, c’est le candidat qui est donné vainqueur. Mélenchon, malgré ses coups de gueule, lui donnera ses voix, quitte à les monnayer pour les législatives. Dans cette hypothèse, la France se retrouvera intégralement à gauche, de haut en bas, alors qu’elle n’est pas de gauche ; elle l’est artificiellement, les vrais politologues le savent bien.

            Nicolas Sarkozy, dimanche soir 29 janvier, après que ces lignes seront écrites, expliquera les réformes qu’il propose pour essayer de sortir de la crise mais dont les effets ne pourraient que s’étaler dans le temps. Et le temps lui manque ! Et son bilan, c’est ainsi en France, ne plaidera pas pour lui. Il est mal pris dans une mécanique institutionnelle qui le broie : plus il en fera pour se montrer actif jusqu’au dernier moment, plus l’opinion le critiquera, et s’il n’en fait pas assez – et cette même opinion jugera que, vu les circonstances, il n’en fait pas assez ! – il sera tenu pour responsable de tous les échecs. À quoi s’ajoute l’écrasement impitoyable d’un étau électoral : François Bayrou qui joue maintenant le patriote, lui rafle le centre droit, avec des airs de juge et de maître, et Marine Le Pen ramasse à pleines pelletées un électorat populaire qui n’en peut plus d’une situation dont la classe politique est considérée comme responsable.

            Que peut-il sortir d’un pareil imbroglio, alors que l’affaire grecque pourrit la finance européenne, que malgré les 400 milliards avancés par la BCE aux banques, en attendant l’équivalent bientôt, ni le problème portugais, ni le problème italien, ni le problème espagnol ne sont réglés, loin s’en faut ? Quant à la France, elle a beau protester contre les dégradations de ses finances et de ses institutions financières, elle est dans une situation qui la livre au bon vouloir allemand, lui-même, malgré les apparences, fort fragile.

            Les élections présidentielles et législatives ne résoudront rien. 

            S’il est une solution, elle est ailleurs. C’est d’abord d’une autre conception politique que la France a besoin. À quand un État qui soit capable de dominer les évènements ? ■

  • Des nouvelles du radeau de la méduse, par Michel Onfray.

    On se demande pour quelles raisons Emmanuel Macron a bien pu choisir Sibeth Ndiaye comme secrétaire d’Etat porte-parole du gouvernement.
     

    Je ne le crois pas assez cynique pour l’avoir nommée parce que c’est une femme noire, il ne serait pas capable d’un pareil coup tordu, ce qui équivaudrait, par exemple, à choisir un ministre de la culture parce qu’il serait homosexuel! Ces manœuvres communautaristes et bassement électoralistes seraient indignes d’un président de la République ayant souhaité que figurent les œuvres du général de Gaulle sur sa photo officielle et qui a fait ajouter une croix de Lorraine sur le logo de communication de l’Elysée.

    Je ne le crois pas assez immoral pour l’avoir désignée parce qu’elle savait mentir dans les grandes largeurs – qu’on se souvienne de son: «J’assume de mentir pour protéger le Président ». Un chef de l’Etat qui a choisi L’Immoraliste  de Gide pour accompagner le général de Gaulle sur une photo de lui et de son bureau envoyée dans toutes les mairies de France ne saurait couvrir une pareille infamie.
     

    Je ne crois pas non plus que ce soit parce qu’elle fume comme un sapeur sur son lieu de travail et tient élégamment sa clope au bord des lèvres comme Jean Gabin dans un film de Jean Grémillon. Une cigarette qu’elle calcine dans son bureau de secrétaire d’Etat alors que la loi du 1er février 2007 en interdit l’usage. On appréciera que BFM, qui a diffusé malencontreusement les images, se soit cru obligée de présenter des excuses à sa place alors que la contrevenante n’était pas la chaîne mais la fumeuse à qui, bien sûr, une contravention aura été présentée dans la foulée par ceux des policiers qui n’utilisent pas les drones pour débusquer les dangereux contrevenants à la loi d’exception qui marchent dans les montagnes…
     

    Non, le chef de l’Etat, garant de la loi, n’a pas choisi cette femme noire qui ment et fume pour ces raisons-là mais parce qu’elle a dit: «Il y a un rationnel (sic) derrière les décisions que nous prenons». Non pas une raison ou des raisons, on aura bien lu, mais «un rationnel»…

     

    Quiconque s’interrogerait sur ce «rationnel» dans un article publié sur le net pourrait bien tomber sous le coup de la loi de madame Avia qui, avant de se faire connaître en associant son nom à une loi liberticide, avait dans un premier temps obtenu les honneurs des gazettes pour avoir mordu un chauffeur de taxi puis, dans un second temps, pour accusations de sexisme, d’homophobie et de harcèlement au travail sur les personnes de cinq, pas moins, de ses assistants parlementaires. On sait également qu’elle a donné des ordres pour que soit réécrit la notice de son article Wikipédia. Il est vrai qu’on peut y lire ceci après d’autres informations accablantes: «Dans un autre échange, on y trouve la déclaration suivante: «C’est ma copine [mais] elle communique très mal sur ce qu’elle fait. C’est ce qu’il se passe quand tu mets un gay à la com’». Toujours selon ses anciens assistants, la députée insulte souvent, en privé, les députées qu’elle n’aime pas, les traitant de «putes», nourrissant de nombreuses remarques sur leur physique. La députée serait aussi une habituée des humiliations devant d'autres parlementaires, réprimandant et dévalorisant ses collaborateurs publiquement dès que l'occasion s'y prête. Au cours du confinement lié à l'état d'urgence sanitaire provoqué par l'épidémie de COVID-19 en 2020, Libération, avait ainsi rapporté que Laetitia Avia avait demandé à son attachée parlementaire (personne à risque, atteinte d'une maladie chronique, en confinement dans le Gard) de revenir à Paris pour le télétravail. Avia assure ne l'avoir jamais forcée. La collaboratrice dénonce le mercredi 1er avril 2020 à Mediapart une situation injuste et irrationnelle». Ou cela: «Les ex-collaborateurs reprochent également à la députée des tâches sans lien manifeste avec le travail d'assistant parlementaire, comme «brumiser ses jambes» ou «corriger ses copies [de] Sciences Po». Ils lui reprochent également «de méprise[r] ses électeurs» et éviter au maximum le contact avec eux en les faisant recevoir par ses assistants parlementaires». C’était en effet la bonne personne pour proposer une loi contre les contenus haineux sur Internet, une loi votée en plein confinement le 13 mai dernier…

     

    Interrogeons-nous donc sur «le rationnel derrière les décisions» prises par le chef de l’Etat:
     

    1. Le virus est celui d’une grippette, on va donc rechercher les expatriés français en Chine, on remet en permission les militaires qui effectuent le transport sanitaire, on laisse arriver des kyrielles d’avions chinois sur le sol français sans aucun contrôle sanitaire; mais le chef de l’Etat cloue au sol les avions, ferme les aéroports, fait de même avec les gares et les ports.
     

    2. La pandémie ne va pas nous empêcher de sortir, ou d’aller au cinéma, sinon au théâtre comme le font savoir le président de la République et son épouse qui joignent le geste à la parole; mais le chef de l’Etat décrète qu’il faut rester confiné chez soi et met la clé sur la porte des cinémas, des théâtres, des festivals, des salles de spectacle.


    3. L’épidémie ne va pas générer la fermeture des écoles, dixit le ministre de l’Education nationale bien informé par le président de la République; mais le chef de l’Etat ferme le primaire, le collège et l’université.
     

    4. Le virus ignore les frontières; mais, après discussion avec chef de l’Etat, ledit virus reconnaît celles de Schengen mais aussi, plus fort, celles des départements français, y compris ceux d’outre-mer – dont la Guyane, une fameuse île selon l’énarque Macron.
     

    5. Le masque est sans utilité, il s’avère même dangereux, difficile à mettre, toxique parce qu’il garde les virus dans ses fibres; mais le chef de l’Etat annonce qu’il faut le porter sous peine d’amende.

     

    6. Les petits marchés du dimanche installés sur les parkings de supermarchés sont interdits; puis le chef de l’Etat autorise en même temps les supermarchés à rester ouvert et à vendre leurs produits.
     

    7. Les masques ne sont pas en assez grande quantité pour les distribuer aux Français, l’Etat annonce en avoir commandé, il prétend qu’ils arrivent, on les attend toujours; mais les supermarché les vendent à prix coûtant afin d’en faire des produits d’appel et se servent de la maladie pour que les gens apeurés viennent acheter des masques en remplissant leurs charriots de victuailles sans que le chef de l’Etat ne songe une seule seconde à les réquisitionner afin de protéger les personnels soignants – à qui il propose en revanche une médaille en chocolat le 14 juillet prochain.
     

    8. Le confinement est total, la police utilise des drones pour traquer le solitaire dans les montagnes, elle verbalise le marcheur seul dans la forêt, la grand-mère qui a rempli son autorisation de sortie au crayon à papier, ou le distrait qui a omis de faire figurer son heure de sortie; mais le chef de l’Etat donne des consignes pour ne pas verbaliser dans les banlieues où le ramadan donne à certains le droit de s’affranchir de ce qui vaut loi pour tous.
     

    9. Le déconfinement est décrété, puisqu’il faut reprendre le travail, le MEDEF s’impatiente. Le métro se fait donc prendre d’assaut par des millions de gens qui reprennent le turbin à la même heure en utilisant les mêmes lignes. Cette promiscuité ne pose aucun problème, il faut juste se tenir à un mètre l’un de l’autre aux heures de pointe dans le compartiment; mais, dans le même temps, des centaines de milliers d’hectares du littoral français balayées par les vents de la Manche ou de l’Atlantique sont interdits au public - avant d’être déclarées accessibles à nouveau.

     

    10. Les messes sont interdites, on envoie même la soldatesque macronienne en armes dans une église pour faire cesser l’office (comme en 1793…) mais on autorise les supermarchés à recevoir du public sans que le ministre de l’intérieur envoie ses pandores au point qu’un ecclésiastique qui ne manque pas d’humour (il mériterait de devenir pape un jour…) a proposé d’aller célébrer l’eucharistie dans un quelconque Leclerc!

     

    Je m’arrête à dix exemples. Cela suffit pour mener une enquête épistémologique afin de savoir ce qu’est «le rationnel derrière les décisions» prises par le chef de l’Etat: c’est tout bonnement le principe du en même temps qui est à la fois la pathologie du chef de l’Etat et son slogan de campagne – on ne pourra pas dire que l’homme aux deux alliances ait trompé son monde! Il a clairement annoncé la couleur.
     

    Cette logique permet donc cette série d’assertions: la bouteille est en même temps pleine et vide; la porte est en même temps ouverte et fermée; une femme est en même temps enceinte et vierge – ce qui s’est déjà vu ailleurs, mais je ne sais plus où…; il a lu un livre en même temps qu’il ne l’a pas lu; il est marié avec Brigitte Trogneux en même temps qu’il n’est pas marié avec elle; il est président de la République en même temps qu’il ne l’est pas; il est l’assistant de Paul Ricoeur en même temps qu’il ne l’est pas; etc.
     

    Chacun aura compris que sa logique est illogique, que sa raison est irrationnelle, que son raisonnement est déraisonnable, que ses vérités sont fausses, que ses erreurs sont vraies, que sa pensée est impensable, que sa cohérence est incohérente, que son Emmanuel n’est pas Macron… Chez Deleuze, qui en aurait fait un personnage conceptuel et un héros de sa philosophie, la chose se nomme schizophrénie et passe pour désirable. Nous y sommes… Il faut bien l’aplomb et le culot d’une Sibeth Ndiaye pour tenter de nous convaincre que tout cela tient debout. Un peu de bon sens suffit à comprendre qu’un bateau ne peut suivre le cap nord en même temps que le cap sud.

     

    Emmanuel Macron parle beaucoup, il verbigère sans cesse. On se demande à quoi servent ses sorties qui le tiennent éloigné du bureau où les citoyens pourraient attendre qu’il y effectue son travail de chef de l’Etat! Des producteurs bretons de fraises hors sol, des instituteurs dans leurs écoles, plusieurs fois des soignants dans leurs hôpitaux, le professeur Raoult dans son bureau marseillais, le fantôme du général de Gaulle sur ses champs de bataille: à quoi bon ces exhibitions si ce n’est pour saturer les médias de sa personne?
     

    A la Pitié-Salpêtrière, il dit: «on a sans doute (sic) fait une erreur sur la stratégie annoncée». Les journaux à son service s’empressent de parler d’un mea culpa! C’est mal comprendre ce qui s’est dit: d’abord convenir que la stratégie ne fut, peut-être, pas bonne, ça n’est pas dire que l’objectif qu’elle visait était mauvais! N’oublions pas le «sans doute» qui est une litote car, au contraire de la chose annoncée, l’expression signifie: peut-être, probablement, mais pas certainement. Une erreur, sans doute, sur la façon de faire n’est pas un aveu que le but n’était pas bon. Si l’on débarrasse cette phrase de sa tournure alambiquée, confuse, obscure, Macron dit: «l’objectif de mettre les hôpitaux au pain sec n’était pas mauvais, mais nous nous y sommes peut-être mal pris pour réaliser ce projet…». Mea culpa disent les journalistes! Aveu naïf et cynique bien plutôt…
     

    Car Macron verse des larmes de crocodile: depuis qu’il occupe l’Elysée, il sait en effet très bien ce qu’il fait en commandant au rouleau compresseur maastrichtien de passer sur la santé publique française, d’écraser l’instruction publique française, de broyer le système de retraite français, de compacter l’industrie française, d’aplatir la culture française, de laminer la civilisation judéo-chrétienne, de compresser l’histoire de France -puisque c’est son programme.
     

    Le pire n’est pas qu’il fasse semblant de confesser une erreur sur la stratégie et non sur l’objectif, mais bien plutôt qu’il mente en disant qu’il croyait bien faire, mais cette conclusion sidérante: «C’est très cruel pour moi-même»! On croit rêver: cette épidémie n’est pas cruelle pour les bientôt trente mille morts, pour les trente mille familles en deuil qui n’ont pas pu accompagner leurs défunts dans les cimetières, pour ceux qui savaient leurs morts dans des entrepôts frigorifiques de Rungis sans pouvoir les y visiter, pour les personnes âgées triées dans les couloirs des urgences hospitalières et renvoyées chez elles, donc à la mort, pour les anciens abandonnés dans les mouroirs que sont les EPAHD, pour les médecins et les infirmières qui, faute de masques et de protections, sont morts au travail, pour les enfants qui sont de ce fait privés de père ou de mère, les maris privés de leurs femmes, les femmes privés de leurs maris, pour les artisans et les commerçants qui ont fait ou vont faire faillite, non, elle était cruelle pour sa petite personne dépassée par les évènements… Peut-on faire aveu plus narcissique ou égotiste? Cet homme est incapable d’empathie, il n’a d’amour que de lui-même. Il n’a que faire de la France et des Français.
     

    Or, Emmanuel Macron qui se plaint n’est pas au bout de ses peines: son calvaire est devant lui.

     

    Michel Onfray

  • Le scandale de la carte d’Identité bilingue.

    Un com­mu­ni­qué de Ilyès Zouari

    Ilyès Zoua­ri, nous com­mu­nique deux ques­tions écrites au par­le­ment au sujet de la nou­velle carte d’identité natio­nale-euro­péenne et bilingue français-anglais.

    2.jpgPour info, ci-des­sous deux réponses que j’ai reçues suite au com­mu­ni­qué inter asso­cia­tif que j’ai envoyé (au pas­sage), et après lec­ture des com­mu­ni­qués de Mme Bilde et de M. Lachaud, je leur ai rap­pe­lé ce qui suit : 

    1 ) Je vous informe à ce sujet que le dépu­té de l’Aisne et SGP de l’Assemblée par­le­men­taire de la Fran­co­pho­nie (APF) M. Jacques Kra­bal a dépo­sé la semaine der­nière une ques­tion écrite au Ministre de l’Intérieur.

    Celle-ci a été publiée au Jour­nal Offi­ciel de la Répu­blique. Je vous prie de bien vou­loir en trou­ver copie ci-dessous.

    Texte dépo­sé : M. Jacques Kra­bal alerte M. le ministre de l’in­té­rieur sur le pro­jet de nou­velle carte natio­nale d’i­den­ti­té, dont le carac­tère bilingue appa­raît pour le moins inap­pro­prié. En effet, selon l’ar­ticle 2 de notre Consti­tu­tion, la langue de la Répu­blique est le fran­çais. Ce bilin­guisme (fran­çais, anglais) sur un docu­ment qui sym­bo­lise notre natio­na­li­té fran­çaise envoie un mes­sage désas­treux quant à la place cen­trale que nous vou­lons accor­der à notre langue natio­nale, fac­teur de cohé­sion sociale. Qu’en 2021, ce docu­ment puisse ain­si vio­ler l’Or­don­nance de Vil­lers-Cot­te­rêts de 1539 – plus vieux texte juri­dique fran­çais en vigueur fai­sant de la langue fran­çaise la langue offi­cielle de la France dans tous les actes admi­nis­tra­tifs et judi­ciaires est inac­cep­table. Les pro­mo­teurs de ce bilin­guisme arguent que la carte natio­nale d’i­den­ti­té est aujourd’­hui uti­li­sée pour voya­ger au sein de l’U­nion euro­péenne. Le ser­vice presse du minis­tère de votre minis­tère a même avan­cé que « l’an­glais est, et demeure, une langue offi­cielle des ins­ti­tu­tions de l’U­nion euro­péenne, quand bien même le Royaume-Uni a quit­té l’U­nion. Et que la carte d’i­den­ti­té devient un docu­ment de voyage au sein de cette der­nière, ce qui sup­pose que ses men­tions soient com­prises dans le plus grand nombre de pays ». Or, la langue offi­cielle des ins­ti­tu­tions euro­péenne n’est pas l’an­glais. Les réunions du Conseil euro­péen et du Conseil de l’U­nion euro­péenne sont inter­pré­tées dans toutes les langues offi­cielles. Les membres du Par­le­ment euro­péen ont le droit de s’ex­pri­mer au Par­le­ment dans n’im­porte quelle langue offi­cielle de l’UE. Et les trois langues de tra­vail du Conseil de l’U­nion euro­péenne sont le fran­çais, l’an­glais et l’al­le­mand. A l’heure où la France s’emploie à favo­ri­ser le plu­ri­lin­guisme dans les ins­tances euro­péennes, sujet qui sera l’une des prio­ri­tés de sa pro­chaine pré­si­dence de l’UE, ce pro­jet de nou­velle CNI va à contre­cou­rant des efforts que tous les acteurs fran­co­phones mettent en œuvre, confor­mé­ment à la volon­té du Pré­sident de la Répu­blique. Com­ment inci­ter nos par­te­naires euro­péens à par­ler leurs langues et à apprendre celles de leurs voi­sins si nous consi­dé­rons l’an­glais comme la lin­gua fran­ca ? Com­ment comp­tez-vous rec­ti­fier le tir pour garan­tir que notre langue natio­nale soit la seule à figu­rer sur notre carte d’i­den­ti­té ? Et à défaut, si nous n’a­vons pas d’autre choix que de suivre la direc­tive euro­péenne de 2019 concer­nant ce sujet, ne fau­drait ¿il pas tra­duire l’in­ti­tu­lé en d’autres langues que l’an­glais (alors que le Royaume-Uni nous a quit­tés) : des langues fron­ta­lières des pays de l’U­nion euro­péenne comme l’al­le­mand, l’es­pa­gnol et l’i­ta­lien ? Rien n’o­bli­ge­rait, si on suit bien la direc­tive, à tra­duire les rubriques de la Carte natio­nale d’i­den­ti­té. Ce serait un zèle inutile et aux effets néfastes car quoi de plus impor­tant que le nom ?

    2) Sur la ques­tion de la CNI, je vous prie de bien vou­loir trou­ver le com­mu­ni­qué de Madame Bilde :  https://rassemblementnational.fr/communiques/la-carte-didentite-bilingue-lultime-affront-a-la-langue-francaise/

    La carte d’identité bilingue : l’ultime affront à la langue française.

    Peut-on sin­cè­re­ment s’indigner que la France et sa langue ne jouissent plus de l’aura qui fut jadis la leur quand notre propre Pré­sident donne le ton pour la mépriser ?

    On avait pas­sé à Emma­nuel Macron, bon gré mal­gré, son pen­chant pour les angli­cismes, ou sa petite pique envers la culture fran­çaise dont il affec­tait d’ignorer jusqu’à l’existence.

    On a eu tort. En témoigne la der­nière fou­cade de la Macro­nie : la carte d’identité bilingue anglais-fran­çais. Certes, la presse a eu tôt fait de voler à la res­cousse de Mar­lène Schiap­pa, qui a dévoi­lé ce pro­jet le 16 mars der­nier en pleine semaine de la francophonie.

    L’innovation ne serait donc pas anti­cons­ti­tu­tion­nelle. S’y oppo­ser relè­ve­rait même d’un « chau­vi­nisme mal pla­cé », nous assu­rait un pro­fes­seur de droit à la retraite, cité dans la presse quo­ti­dienne. Bref, le chef d’accusation de « Gau­lois réfrac­taire » n’est déci­dé­ment jamais loin face à qui a l’audace de s’élever contre la domi­na­tion sans par­tage du « globish ».

    De fait, cette pro­po­si­tion est une for­fai­ture au regard des décen­nies d’investissements dans la fran­co­pho­nie sur notre sol et à tra­vers le monde. Dou­blée d’une absur­di­té du reste, puisqu’elle inter­vient alors que tout semble sou­rire à la langue de Molière. Elle pour­rait même deve­nir le troi­sième idiome mon­dial d’ici à 2050, du fait du dyna­misme démo­gra­phique de l’Afrique.

    Au Par­le­ment euro­péen, je conti­nue­rai à m’opposer au recours sys­té­ma­tique à l’anglais par­fois impo­sé au mépris de la volon­té des élus, ou de cer­tains fonc­tion­naires des ins­ti­tu­tions. Mais n’est-il pas conster­nant de se voir ain­si désa­voués par notre propre Pré­sident, alors même que ce com­bat nous place dans le sens de l’Histoire ?

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (177)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Stupeur : "Motion Daudet", 249 voix sur 583 votants...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    De "Député de Paris", pages 117 à fin du chapitre, page 123 :

    "...Ce mardi 10 janvier 1922, le premier collègue que je rencontrai au vestiaire fut Klotz, ancien ministre des Finances du cabinet victorieux de Clemenceau, depuis incarcéré pour vol... Klotz m'était sympathique parce qu'il était vivant, qu'il riait, que le monde extérieur l'intéressait, et qu'il aimait, ici-bas, ce qui est savoureux : les jolies personnes, la bonne chère, mais aussi hélas, les chèques sans provision...
    Au moment où j'allais dire à Klotz préoccupé..."j'interpelle, d'ordre de Maurras", il me confia, tirant ses manchettes : "Vous savez que je dépose une demande d'interpellation."... C'est pourquoi je fis "ah ! oui, parfaitement" et me gardai de faire savoir à mon aimable collègue que j'avais la même intention que lui.
    Dans le salon attenant à la salle des séances (côté droit) nos amis étaient réunis. Je racontai le projet de Klotz. Je transmis aussi le désir de Maurras. L'avis général fut qu'il fallait porter un coup, qui ne serait pas une demande d'interpellation.
    Magne (député royaliste de Nîmes, ndlr) s'écria :
    - Pourquoi pas une brusque motion en fin de séance...?
    - Mais ce n'est pas réglementaire !...
    J'essayai mon creux "hum, hum, broum, broum, broum..." comme le Labassindre d'Alphonse Daudet dans Jack. Pas le moindre enrouement... "En séance, messieurs", appelaient les huissiers.
    Alors voici ce qui se passa et que relate "sec" (comme en Amérique) le "Journal officiel" (séance du 10 janvier 1922) :

    * M. Léon Daudet. - Je demande la parole.
    * M. le Président. - La parole est à M. Daudet sur la date de la prochaine séance.
    * M. Léon Daudet. - D'accord avec mes amis de la droite, je demande à la Chambre de vouloir bien décider qu'elle siègera demain pour délibérer sur la situation nouvelle et grave créée par le fait que le ministre des Affaires Etrangères, Président du Conseil, est en train de prendre à Cannes des décisions qui sont en contradiction formelle avec les engagements antérieurs et les assurances données à la Chambre avant son départ. (Interruptions à gauche et à l'extrême-gauche).
    * Sur divers bancs à gauche. - Qu'en savez-vous ?
    * Au centre. - Vous le savez par les journaux.
    * M. Léon Daudet. - Nous savons notamment par les journaux, par les interviews données à des journaux anglais, par le Président du Conseil lui-même, qu'il est question :
    1° d'une réduction de 200 millions de mark-or sur les rentrées de 1922;
    2° de la subordination des réparations à la reconstitution économique de l'Europe;
    3° enfin, et ceci est plus grave, de l'admission de Lénine et de Rathenau à une prochaine conférence tenue à Gênes.
    * M. le Président. - Monsieur Daudet, vous ne pouvez pas, sur une question d'ordre du jour, développer une interpellation. (Très bien ! Très bien !).
    * M. Léon Daudet. - Il s'agit, en réalité, de faire décider dès maintenant que la France mettra sa main dans celle de Ludendorff et dans celle des représentants du bolchévisme. Il est donc urgent que nous en délibérions sans délai et je demande à la Chambre de siéger dès demain, avant que nous soyons, une fois de plus, en présence du fait accompli. (Applaudissements à droite et au centre).
    * Sur plusieurs bancs à gauche. - À jeudi.
    * M. le Président. - Certains de nos collègues ont demandé la fixation de la prochaine séance à jeudi. D'autre part, M. Daudet et plusieurs de ses collègues proposent de tenir une séance demain mercredi. La séance de mercredi, étant exceptionnelle, a la priorité; c'est donc sur la fixation de la prochaine séance à demain que je consulte la Chambre.
    Il y a deux demandes de scrutin signées :
    "La première de MM. Louis Mauriès, Magne, Léon Daudet, Coucoureux, Sibuet, Le Cour Grandmaison, Joly, de Ramel, Maurice Kempf, Xavier Vallat, Pfleger, de Leusse, Yves Tomas, de Magallon, Gourin, Guérin, etc...
    La deuxième de MM. François Binet, Alexandre Israël, Lesaché, Renard, Tranchand, Théveny, Berthélemot, Maurice Marchais, Avril, de Rotschild, Barthe, Charlot, Guichard, Rhul, Camille Chautemps, Viala etc...
    Le scrutin est ouvert.
    (Les voix sont recueillies. - MM. les secrétaires en font le dépouillement).
    * M. le Président. - Voici le résultat du dépouillement du scrutin :
    - Nombre de votants... 583
    - Majorité absolue....... 292
    - Pour l'adoption......... 249
    - Contre.....................  334
    La Chambre des Députés n'a pas adopté.
    En conséquence, jeudi, à quinze heures précises, séance publique.
    - Installation du bureau définitif.
    - Fixation de l'ordre du jour.
    - Il n'y a pas d'observation ?...
    (La séance est levée à 18h10)."

    Ce compte-rendu n'exprime pas la stupeur immense que produisit, à la proclamation du scrutin, l'énoncé du chiffre 249. Que 249 députés eussent suivi, dans une motion de blâme à l'adresse du Cabinet, un député royaliste, vous entendez bien : royaliste, cela semblait inconcevable.
    Mes collègues du centre et de la gauche n'en revenaient pas. En fait, le cabinet Briand était frappé à mort, et il n'y avait plus qu'à rappeler, de Cannes, le vieux cabot "vachéador" qui était en train d'y liquider, sans contre-partie, l'avoir de la France victorieuse.
    C'est à quoi se résigna aussitôt l'épais Millerand...
    Quelques jours après la motion, ce fut la chute par démission, truc habituel aux parlementaires les plus roués, et qui leur permet de se retirer avant d'avoir reçu leurs huit jours.
    Aristide, il faut le reconnaître, joua son rôle de désabusé en perfection.
    Le jeudi 12 janvier 1922, il monta à la tribune, au débarquer du train de Cannes, avec cette mine de "nonnête homme" offensé, de patriote usé au service de la Patrie, qui faisait partie de son vestiaire.
    Il nous raconta ce qu'il avait tenté; il nous expliqua, pour la centième fois, son caractère "entièrement loyal, messieurs", défendit "msieur Leud Djordge", ses collaborateurs, ses intentions pures entre les pures, puis, avec la courbe élégante d'une auto de bonne marque devant le perron de Cocherel (sa studieuse retraite de l'Eure), il nous annonça qu'il déchargeait son fardeau, d'une voix qui semblait sortir de dessous terre.
    ...En même temps, vers la droite et le centre-droit, où nous nous faisions une pinte de bon sang (la pinte 249), il jetait un long regard de reproche et de haine recuite qui signifiait : "On se retrouvera..."...
    ...Puis nous envoyâmes quelques uns d'entre nous à Poincaré pour lui demander de prendre le pouvoir et d'occuper la Ruhr. Nous croyions à ce moment-là - ô popoï ! - à une certaine fermeté patriotique du nain de Lorraine.
    Dans la bonne règle du jeu c'était à nous royalistes, qui avions renversé Aristide, que Millerand eût dû s'adresser pour former un nouveau cabinet. Ainsi la France eut-elle évité les malheurs et les déceptions qui l'assaillent depuis huit ans, car nous eussions pris les mesures alors très simples, au dedans comme au dehors, qui s'imposaient.
    Le fléau de la guerre eût été écarté pour un siècle au moins. (fin du chapitre, page 123).

    Et, de fait, c'est le titre du Chapitre suivant, le chapitre V de "Député de Paris", page 124, "Poincaré arrive aux affaires avec notre appui (1922)".
    Premières lignes du chapitre :

    "C'est avec notre appui en effet que Poincaré arriva aux Affaires - en dépit de l'hostilité sourde de Millerand - après que nous eûmes renversé l'ignoble Briand.
    C'est encore avec notre appui que Poincaré se décida au bout d un an d'exercice du pouvoir à occuper la Ruhr..."

  • La révolution copernicienne de l'enseignement, par Jean-François Mattéi (III/V)

    1. L’éducation progressiste

            On argue souvent que les enfants d’aujourd’hui ont d’autres moyens d’information que l’école et que la culture de masse à laquelle on les prépare aujourd’hui est radicalement différente de la culture élitiste du passé, pétrie de littérature, de philosophie, d’art et de science. On argue encore que ces mêmes enfants ne voudraient plus être chargés de ces savoirs, qu’ils ne souhaiteraient plus assumer cet héritage, à leurs yeux obsolète et désuet. C’est admettre d’emblée que les enfants de milieux différents resteront soumis à des héritages culturels différents et, bientôt, répondront à des capacités intellectuelles différentes puisque l’école, loin de combler les inégalités, ne réussit qu’à les accroître.

            Il est pour le moins paradoxal que la massification de l’enseignement, manifestée dans le discours pédagogique dominant par le primat du « groupe-classe » sur l’élève individuel, échoue collectivement à réduire les inégalités que l’on voulait éradiquer. Si l’éducation actuelle, ravagée par le pédagogisme, ne parvient pas à réaliser ses propres objectifs, sans même envisager les finalités dépassées de l’éducation classique que Léo Strauss qualifiait de « libérale » (4), c’est parce que son modèle est de part en part erroné. Pourtant, le système scolaire continue d’imposer aux élèves et aux professeurs des principes et des méthodes pédagogiques qui, non seulement échouent à atteindre leur objectif social, mais encore s’en éloignent, au point de creuser un écart impossible à combler entre ceux qui savent déjà et ceux qui ne sauront jamais.

             Le diagnostic de la crise de l’éducation dans les enseignements primaire et secondaire impose en conséquence une étiologie, avant même que l’on songe à légiférer pour imposer une nouvelle thérapie qui aura à peu près les mêmes vertus curatives que les purgations de Molière. On augmentera le nombre des enseignants français, déjà proche du million de personnes (848 835 très exactement pour l’année 2006) (5) ; on renforcera les personnels de surveillance et les agents administratifs, déjà trop nombreux (285 957 très exactement pour l’année 2006) (6) ; on consacrera davantage d’argent au système éducatif alors que ses dépenses croissent plus vite que le produit intérieur brut de la France ; on engagera une énième consultation nationale auprès des élèves, des parents et des spécialistes, etc.

             Mais on ne songera pas à s’inquiéter du modèle éducatif et des procédures pédagogiques qui, depuis plus d’un siècle, avec l’apparition de l’« éducation progressive » chez John Dewey, ont continûment confondu l’action éducative, orientée vers une fin spécifiquement humaine, avec le processus vital de la conscience individuelle et sociale.





            On peut dire en effet que la pédagogie moderne est issue en grande partie des thèses du philosophe américain et des « expériences » menées entre 1897 et 1903 par ce dernier à l’école-laboratoire de l’université de Chicago. Il existait, certes, au début du XXe siècle d’autres mouvements progressistes aux États-Unis en matière d’enseignement ; mais ce sont les expériences pédagogiques de Dewey – qu’il nommait des « transactions », terme d’origine commerciale, parce qu’elles expriment le lien continu entre l’enfant et son milieu social – qui inspirèrent les théories puis les applications de l’éducation nouvelle, aux États-Unis et à l’étranger.
            L’expérience transactionnelle de Dewey tient toute entière dans les affirmations de l’article I : « Ce qu’est l’éducation » et de l’article II : « Ce qu’est l’école », du livre de Dewey publié en 1897 sous le titre Mon Credo pédagogique :

    Article I : « Je crois que toute éducation procède de la participation de l’individu à la conscience sociale de la race. Ce processus commence inconsciemment pour ainsi dire avec la naissance, imprègne sa conscience, forme ses habitudes, modèle ses idées et éveille ses sentiments et ses émotions ».

    Article II : « Je crois que l’école est, en premier lieu, une institution sociale. L’éducation étant un processus social, l’école est simplement cette forme de vie communautaire dans laquelle sont concentrés tous ces moyens d’action qui seront les plus efficaces pour amener l’enfant à tirer parti des biens hérités de la race, et à employer ses propres capacités à des fins sociales ».

            Tocqueville avait été frappé, lors de son voyage aux États-Unis, par le fait que les sociétés démocratiques aimaient le mouvement pour lui-même et indépendamment de la fin à laquelle il pouvait renvoyer. Dewey en est l’illustration la plus remarquable. Son concept de « processus » qui, dans l’activité pédagogique, se substitue à l’idée traditionnelle de « fin » est en effet emblématique d’une conception de l’agir dans laquelle le mouvement n’est plus justifié que par son agitation même et non plus par sa destination ou la fin visée. Ses deux articles de foi sur l’éducation et l’école affirment clairement que le primat du processus vital commande la nécessité du processus social au point d’annuler toute finalité culturelle étrangère. La conclusion s’impose d’elle-même : « L’éducation est un processus de vie et non une préparation à la vie à venir » (7).

            Bien que l’article V de ce Credo fasse intervenir in fine et ex machina le « vrai royaume de Dieu » dont « l’enseignant est toujours le prophète », Dewey récusait absolument tout recours à l’extériorité dans l’exercice de l’éducation démocratique. À ses yeux, celle-ci devait se déployer de façon immanente dans la vie de l’élève.
    À la pédagogie traditionnelle qui soutenait que l’éducation est « une formation qui se fait du dehors », l’extériorité se présentant sous la figure du maître et du savoir, Dewey opposait radicalement la pédagogie progressive qui est « un développement qui procède du dedans » (8). L’extériorité était dénoncée comme l’imposition forcée d’une connaissance qui contraindrait, du fait de la discipline considérée, le cours des pensées de l’élève, alors que l’éducation nouvelle devrait développer « l’expression et la culture de la personnalité » comme « l’activité libre » du sujet.

            La messe est dite. Désormais l’éducation ne se donnera plus pour but d’enseigner à l’enfant ce qui vient des autres, mais de lui révéler, par une suite de procédures pédagogiques, ce qui est issu de son propre fonds comme s’il était, à lui seul, l’origine et la fin de la culture. On oubliera par la suite tout ce que Dewey gardait de l’enseignement classique et libéral, dont il était lui-même le produit, pour ne plus voir dans l’éducation nouvelle que le rejet de l’enseignement ancien au profit de la libre spontanéité de l’élève.

     

    NOTES

    4 - L. Strauss, « Qu’est-ce que l’éducation libérale ? » (1959) et « Éducation libérale et responsabilité » (1962), dans le Libéralisme antique et moderne, Paris, PUF, 1990.

    5 : Chiffres établis sur la base des fichiers de paye établis par les trésoreries générales, au 31 janvier 2006. Voir « Les personnels de l’éducation nationale au 31 janvier 2006 », note d’information 07-04 du Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, tableau 1, page 2. Texte disponible sur lesmedia.education.gouv.fr/file/42/9/4429.pdf

    6 : Ibid.

    7 : J. Dewey, My pedagogic Creed, New York, Kellogg & Co., 1897.

    8 : J. Dewey, Experience and Education, New York, McMillan, 1938 ; réédition, New York, Collier Books,1963, p. 17.

  • L'ÉCHEC DES GOUVERNANTS par HILAIRE DE CRÉMIERS

    Les tours de passe-passe ne prennent plus.

     

    H D C - Copie.jpgLe feuilleton grec risque de s'achever en drame et chacun sait qu'une tragédie grecque est d'allure cosmique et de sens universel. Encore faut-il en comprendre la portée ! 

    L'affaire grecque est le caillou dans la chaussure de l'Europe. Il lui blesse le pied depuis des années. C'était un petit caillou, croyait-on; de peu d'importance, ajoutait-on. La blessure ulcérée est devenue énorme et, maintenant, le caillou sorti ou pas sorti - il sortira évidemment et il faudra même qu'il sorte -, la plaie envenimée risque de gangrener toutes les parties basses et faibles de l'organisme européen. L'affaire est très mal partie parce que, dès le début, elle était très mal engagée. Les conséquences sont imprévisibles dans leur totalité. C'était, pourtant, cette possibilité de détérioration et cette imprévisibilité même des suites qu'il fallait précisément prévoir.

    Les dirigeants français comme les dirigeants européens n'ont rien su voir ni prévoir. Les discours tenus, il n'y a pas encore un mois, étaient d'une affligeante nullité. Personne ne reviendra dessus, ce qui serait pourtant le plus sûr, le plus juste et le plus terrible des jugements. Ni Sapin, ni Moscovici, ni Hollande, ni Juncker ne supporterait un tel examen critique. Tout ce monde-là s'est trompé et lourdement trompé. Leurs prédécesseurs pareillement.

    Parce qu'ils se sont toujours sortis des échéances précédentes, mais en aggravant à chaque fois les échéances suivantes, ils s'imaginaient et s'imaginent encore - même aujourd'hui - qu'il y aura des solutions et la crédulité publique se satisfait de cette facile persuasion.

    Comme il est écrit dans ces colonnes régulièrement et depuis presque huit ans, l'astuce maléfique de part et d'autre des partenaires européens a été d'entretenir une subtile et constante confusion entre liquidité et solvabilité. Chacun y avait avantage. Il était si facile de dire et de se dire qu'il suffisait d'approvisionner en liquidités pour que les problèmes soient résolus, ce qui permettait, en outre et en compensation, aux bailleurs de liquidités d'exiger des réformes structurelles de toutes sortes dans le cadre d'un technocratisme libéral qui est le fin mot de la doctrine bruxelloise et, de plus, surtout dans les débuts, d'obtenir des retours fort avantageux sur investissernents ou sur prêts, en tout cas pour les malins.

    Un tel système ne pouvait fonctionner qu'un temps. C'est que la réalité grecque se ramenait, en fait, à une question de solvabilité et, comme toujours en pareil cas, l'insolvabilité, quand elle est niée. ne cesse de s'accroître et, même en supprimant une partie considérable des dettes, l'échéance fatale survient inéluctablement et brusquement avec des chiffres démesurément grossis. Qu'on veuille bien se souvenir des chiffres d'il y a seulement quatre ans ! La machinerie européenne, à en croire les financiers de l'époque, n'aurait dû en faire qu'une bouchée !

    CONSÉQUENCES INCALCULABLES 

    Aujourd'hui les créances sur la dette grecque sont tout simplement irrécouvrables. Les Grecs le savent et ils veulent se donner les moyens de l'annuler - ou équivalemment de la reporter indéfiniment -, politiquement par un référendum, économiquement par un chantage sur l'économie européenne, financièrement par une pression sur la zone euro qui pourrait aller jusqu'à l'explosion. Les mois qui suivent seront décisifs, que la Grèce sorte de la zone euro ou même qu'elle prétende y rester d'une manière ou d'une autre. Dans le premier cas elle provoque un choc sur le système des dettes dont nul ne peut appréhender les séismes consécutifs, dans le second cas, elle continue de plomber le même système et sans fin. Tout cela est évidemment absurde. Et signale amplement l'échec d'une politique insensée et de toute une doctrine qui sert de justification à l'élite dirigeante européiste depuis trente ans. La catastrophe sera à l'échelle de l'illusion qui a été savamment entretenue.

    Il ne sert à rien de stigmatiser Tsipras : ses prédécesseurs, socialistes ou conservateurs, ont créé avec la complicité des eurocrates, la situation qu'il tente éperdument de dénouer comme un politicien qu'il est. Dire que la Grèce remontait la pente au prétexte que les circuits financiers avaient été allégés, relève de la supercherie. Car les chiffres sont implacables. L'euro n'était tout simplement pas une monnaie faite pour la Grèce. Et, d'ailleurs, la situation sera identique bientôt dans le reste de l'Europe, malgré les efforts demandés aux peuples. 

    Se gargariser avec des déficits primaires dont on dit qu'ils sont réduits ou supprimés, ne transforme pas le poids réel de la dette, ni n'évite l'écrasement des économies. Les comptables de Bruxelles en sont au trafic de bilans. Ou, comme nos politiques et nos financiers, aux assurances verbales. C'est toujours du genre bien connu : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Ni l'Italie ni la France ne sont en état de supporter un choc sur leur dette souveraine. Surtout si la spéculation s'y met. La vérité est que leur dette, comme celle de la Grèce, n'a plus de prise sur la réalité. Les astuces de Mario Draghi ne changent pas les données fondamentales : les liquidités déversées par milliards ne servent pas concrètement à l'économie, malgré tout ce qui se dit, et n'améliorent pas la solvabilité d'un pays quand il est devenu en fait totalement insolvable. La dette française, comme celle de beaucoup d'autres pays, mais elle plus que les autres, est insoutenable : c'est du simple bon sens. Elle ne se réduit pas, elle se prolonge, s'installe dans la durée, s'alourdit et se refinance... jusqu'à quand. 

    PÉRILS POUR LA FRANCE 

    Il n'y a que François Hollande et son creux de Sapin pour croire et faire croire que l'économie française redémarre et, en plus, dit-il ingénument, grâce à lui ! Les chiffres d'activité passagère ne signifient rien. Ce qui est certain, c'est l'effondrement de pans entiers de l'économie nationale et la disparition incessante de postes d'emplois dans la vie des entreprises. Les gens avertis savent, en outre, que les sanctions stupidement prises par l'Europe contre la Russie pour complaire aux Américains, vont coûter plus cher aux Européens qu'aux Russes. Les exportations en sont frappées. Malgré le mépris évident des États-Unis pour l'Europe - l'affaire des écoutes n'en est qu'un détail mais qui l'illustre parfaitement -, le traité transatlantique, qui les avantage de toutes les façons, sera accepté comme tous les précédents par nos dirigeants sans culture et sans honneur. 

    Alors que le malaise français se ressent à tous les niveaux, dans les villes, chez les commerçants et les artisans, dans le fond des campagnes, dans toutes les entreprises petites, moyennes et grandes dont quelques-unes sont littéralement bradées, alors que les familles sont atteintes jusque dans leurs enfants livrés aux diktats imbéciles d'un gouvernement sans âme, ni foi, ni loi et que l'Académie française se voit dans l'obligation - rarissime - de rappeler à l'ordre, alors surtout que les risques intérieurs se conjuguent aux risques extérieurs que plus personne ne peut raisonnablement évaluer et que, pendant ce temps, pourtant, l'intérêt du chef de l'État comme de toute la classe politique se porte essentiellement sur les futures élections dont, évidemment, la présidentielle, la guerre civile commence chez nous. La première décapitation a eu lieu, sous les yeux effarés des Français. L'islamisme profite de la dislocation sociale de notre pays. Qui en est responsable ? Quelle politique intérieure, quelle politique extérieure ont abouti à ce résultat ? Le pape François a raison de souligner la responsabilité écrasante des dirigeants occidentaux qui, ne travaillant jamais que pour leurs intérêts et leurs ambitions, ont tout simplement oublié le bien commun. À quand de vrais chefs ? • 

    Politique magazine

     

  • Société & Culture • Madame la maire, et ta sœur ? Une insulte à la langue et au sens communs

     

    Par Jean-Paul Brighelli 

    On s'éloigne ici passablement du thème de la politesse traité précédemment. Mais on a la verdeur de la langue de Brighelli, la vigueur de sa plume, la rudesse bienvenue, décapante, de son expression, pour moquer, non sans arguments sérieux et même techniques, la « féminisation des noms de métiers, fonctions grades ou titres », le féminisme vulgaire en général, et quelques autres choses encore qui abîment notre langue, bafouent notre culture ou avilissent notre société. Il emploie pour ce faire quelques vocables assez grossiers qui choqueront peut-être certains, mais le sont, pourtant, beaucoup moins, dans le fond, que ce qu'il dénonce. Il a bien raison de le faire et l'on s'en félicite.  Lafautearousseau  

     

    bonnetd'âne.jpg13 novembre 2016. « François Hollande et Anne Hidalgo, la maire de Paris, inaugure six plaques commémorant les attentats du 13 novembre 2015 » — disent les médias à l’heure même où j’écris.

    Passons sur le fait que les médias (ni les plaques commémoratives) ne précisent au nom de quelle idéologie des terroristes ont assassiné des gens au hasard des rues. Mais « la » maire…

    En décembre 1986, Frédéric Dard-San-Antonio sort la Fête des paires. L’occasion de rejouer en titre d’une ambiguïté maintes fois moquée dans l’œuvre du plus grand écrivain de langue française des trente dernières années du XXème siècle : j’ai encore le souvenir très vif d’un autre roman de la série où parlant de deux individus, il précisait : « Ils sortent du même maire, mais pas de la même paire »…

    Le 6 octobre 2014, Julien Aubert, député UMP, a été sanctionné financièrement pour avoir donné du « Madame le président » à Sandrine Mazetier qui présidait l’Assemblée ce soir-là. Rappelé à l’ordre, mais récidiviste malgré tout, Julien Aubert s’est entendu dire par son interlocutrice courroucée : « Monsieur Aubert, soit vous respectez la présidence de la séance, soit il y a un problème. C’est madame LA présidente ou il y a un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal ». « Faites un rappel à l’ordre. Moi j’applique les règles de l’Académie française », lui a répondu Julien Aubert. Finalement sanctionné, l’élu du Vaucluse sera privé, pendant un mois, de 1.378 euros, soit le quart de l’indemnité parlementaire. 

    À noter que ce n’était pas le premier accrochage entre ces deux-là. Au mois de janvier 2014, Julien Aubert avait déjà appelé Sandrine Mazetier (qui proposa jadis de débaptiser les écoles maternelles parce qu’elles trouvait que l’adjectif réduisait la femme à sa fonction reproductrice) « Madame le vice-président » — ce à quoi le député de la huitième circonscription de Paris avait cru bon d’ironiser en répliquant à celui qui avait masculinisé son titre : « Monsieur la députée, vous étiez la dernière oratrice inscrite. »

    Trait d’humour, mais faute réelle contre la langue. « Député », lorsqu’il s’agit d’un représentant à l’Assemblée nationale, est une fonction, et si son genre apparent est le masculin, son genre réel est le neutre — le latin avait les trois genres, mais le français n’en a conservé que deux, confondant globalement le masculin et le neutre. Seules des féministes bornées (et non, les deux termes ne sont pas forcément synonymes, Madame de Merteuil est pour moi l’exemple-type dans la fiction de ce que peut être une féministe intelligente, et Elisabeth Badinter dans la vie réelle) l’idée de confondre le masculin — à valeur générique — et le mâle.

    L’Académie a d’ailleurs réagi à cette polémique picrocholine en précisant (« La féminisation des noms de métiers, fonctions grades ou titres », mise au point publiée le 10 octobre 2014) que si elle « n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions qui découle de l’usage même », « elle rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, etc., pour ne rien dire de chercheure, qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes. » Et de rappeler que Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, appelés dès 1984 en consultation au chevet des féministes outr(ag)ées, après avoir noté « qu’en français comme dans les autres langues indo-européennes, aucun rapport d’équivalence n’existe entre le genre grammatical et le genre naturel » (et l’on pouvait faire confiance à Georges Dumézil pour dire des choses exactes sur les langues indo-européennes), avaient déclaré :

    « En français, la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. La distribution des substantifs en deux genres institue, dans la totalité du lexique, un principe de classification permettant éventuellement de distinguer des homonymes, de souligner des orthographes différentes, de classer des suffixes, d’indiquer des grandeurs relatives, des rapports de dérivation, et favorisant, par le jeu de l’accord des adjectifs, la variété des constructions nominales… Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées. Ils risquent de mettre la confusion et le désordre dans un équilibre subtil né de l’usage, et qu’il paraîtrait mieux avisé de laisser à l’usage le soin de modifier. »

    Les deux auteurs, non sans quelque malice, soulignaient d’ailleurs qu’en français, c’est le féminin qui est le genre « marqué », ou intensif — et le masculin le genre « non marqué », ou extensif. Et que « pour réformer le vocabulaire des métiers et mettre les hommes et les femmes sur un pied de complète égalité, on devrait recommander que, dans tous les cas non consacrés par l’usage, les termes du genre dit « féminin » — en français, genre discriminatoire au premier chef — soient évités ; et que, chaque fois que le choix reste ouvert, on préfère pour les dénominations professionnelles le genre non marqué. »

    En clair, non seulement « professeure » ou « auteure » sont des barbarismes répugnants, mais dire « la députée », « la ministre » — ou « la maire » — est une faute contre la République — en ce que justement la loi ne fait pas de différence entre les citoyens, et même qu’elle condamne toute discrimination à ce niveau. C’est ce qui a motivé en 1793 l’exécution d’Olympe de Gouges, qui outre ses tendances girondines avait, en proclamant « les droits de la femme et de la citoyenne », commis un crime contre le bon sens, confondant « l’homme » (« homo », en latin) de la Déclaration des droits de 1789 et le mâle (« vir »), objet de ses répulsions. Guillotiner était peut-être une sanction un peu lourde pour une confusion linguistique, d’autant que la Révolution avait omis de faire des femmes des citoyennes à part entière — mais le temps n’était pas aux demi-mesures.

    Loin de moi, bien entendu, l’idée d’infliger une peine aussi lourde aux journalistes du Monde ou de Libé, qui ont traité Theresa May de « première ministre » (et la seconde, c’est qui ?), au vice-président de l’Assemblée ou au ministre de l’Education — fonctions temporaires qui existeront après leurs actuelles détentrices. Si l’usage féminise volontiers les métiers, « il résiste à étendre cette féminisation aux onctions qui sont des mandats publics ou des rôles sociaux distincts de leurs titulaires et accessibles aux hommes et aux femmes à égalité, sans considération de leur spécificité. » Vouloir à toute force dire « vice-présidente » ou « la ministre » relève d’un sexisme borné qu’un sentiment républicain vrai doit éteindre dans l’œuf.

    Ces complaisances linguistiques sont l’écho servile d’un certain féminisme contemporain, promu par les « chiennes de garde » et par Mme Vallaud-Belkacem lorsqu’elle était ministre des Droits des femmes. Pas le féminisme des suffragettes, ni celui de Beauvoir ou même de Gisèle Halimi. Pas celui d’Annie Le Brun, surréaliste spécialiste de Sade (dont les héroïnes n’ont pas attendu Osez le féminisme pour « oser le clito »), qui défendant son pamphlet Lâchez tout (1977) le 10 janvier 1978 sur le plateau d’Apostrophes, dénonçait déjà « le terrorisme idéologique de la femellitude » et le « corporatisme sexuel qui nivelle toutes les différences pour imposer la seule différence des sexes ». Le féminisme imbécile de celles et ceux qui croient qu’un vagin qui monologue dit forcément des choses intelligentes — ou plus intelligentes que celles que lâche un type con comme une bite, si je puis ainsi m’exprimer.   

    PS. Ce qui précède est adapté d’un ouvrage sur la langue française écrit l’été dernier, qui aurait dû paraître en novembre, puis en février, et qui ne paraîtra peut-être jamais, l’éditeur tenant apparemment à me faire payer le fait que je n’applaudisse pas frénétiquement tout ce qui sort de la Gauche au pouvoir. Ainsi va l’édition en cette France démocratico-fasciste.

    Bonnet d'âne

    Le blog de Jean-Paul Brighelli

  • Brunich ou Muxelles ? Par François Reloujac

     

    Puisque notre monde décadent aime bien forger des mots nouveaux, soit à partir de sigles ou d’anagrammes soit en contractant deux mots, je vous propose aujourd’hui, au choix, « Brunich » ou « Muxelles », tant l’accord auquel les Européens sont arrivés dans la capitale belge rappelle ceux signés dans la capitale bavaroise en 1938.

    Il ne faut pas croire que les Grecs seraient les seuls endettés [1] en Europe ni les seuls à avoir triché pour entrer dans la zone euro – cette nouvelle forme du miroir aux alouettes. Ils sont aujourd’hui chargés comme le bouc émissaire grâce auquel certains espèrent échapper aux conséquences de leurs propres mensonges ; mais ils pourraient bien n’être que les premières victimes d’une utopie fondée sur la recherche du plaisir immédiat. En France, tout particulièrement, il serait bon d’y songer.

    La dette publique grecque (350 milliards d’euros), rapportée à chaque Grec, n’est pas plus importante que la dette publique réelle française, rapportée à chaque Français. On dit que les Grecs ont dissimulé certaines dettes. Oui, mais le hors-bilan officiel de la France (3 200 milliards d’euros) – non pris en compte dans la dette officielle (2 000 milliards d’euros) et s’y ajoutant – est tel que chaque Français « doit » aux créanciers internationaux plus que chaque Grec (plus de 85 000 euro par Français contre plus de 70 000 euros par Grec, si l’on peut faire confiance aux chiffres publiés). Et que l’on ne dise pas que ce calcul résulte d’un « amalgame » douteux parce que le hors-bilan de la France est essentiellement constitué par les retraites des fonctionnaires que, contre toute loi économique, le Gouvernement français s’est autorisé à ne pas provisionner. Pense-t-on vraiment que la France ne paiera pas les retraites des fonctionnaires ?

    On nous a dit aussi que le poids de la fonction publique en Grèce était insupportable… mais il est relativement moins élevé qu’en France. 25 % des Grecs ne payent pas l’impôt sur le revenu… ce qui n’est certes pas bien, mais en France plus de 50 % des ménages sont exonérés de ce même impôt, ainsi que des impôts locaux. Faut-il en conclure : Solidarité en deçà du Péloponnèse, corruption au-delà !

    On ne peut pas non plus effacer la dette des Grecs car ce serait un fâcheux précédent, nous dit-on. Mais, a-t-on oublié le sens de l’année jubilaire dont parle la Bible ? Souvenons-nous de la dette allemande. Il est vrai que cette dette a été effacée à la demande des Américains car cela servait leurs intérêts… et qu’ils possédaient la première armée du monde. Plus tard, lorsque l’Allemagne a organisé sa réunification, les Européens n’ont pas cherché à entraver leur décision politique par des arguties économiques. L’Allemagne n’a pas toujours été, au cours des dernières décennies, le champion économique qu’elle est devenue grâce à un euro géré à son profit exclusif, au recours à une main d’œuvre peu payée en provenance de l’Europe autrefois sous le joug communiste et à une subtile utilisation des règles européennes. Cette domination économique aussi écrasante que provisoire devra demain tenir compte d’une réalité qui la plombe, sa faiblesse démographique.

    La Grèce ne peut pas faire face à ses engagements – demain il en sera de même de la France – ; il y a donc deux attitudes possibles : que ses créanciers lui fassent rendre gorge jusqu’au dernier centime, quelles qu’en soient les conséquences ; que ses créanciers – notamment ceux qui ont prêté en pensant que les autres Européens se substitueraient à l’imprudent – acceptent de constater leur propre légèreté et considèrent que l’important est de sauver le débiteur autrefois euphorique car c’est à la fois la meilleure façon d’espérer recouvrer une (petite) partie de leur créance et de continuer à faire de (juteuses) affaires.

    Les Grecs vont devoir travailler au moins jusqu’à 67 ans avant de partir à la retraite. Et les Français ? Quant à la durée effective du travail, telle qu’elle est calculée par l’OCDE, elle n’est pas en faveur des Français[2]. Je sais, certes, qu’en Europe, on mesure officiellement le temps passé sur le lieu de travail et non pas le temps de travail effectif, mais ce n’est pas une raison suffisante. La mesure du temps passé sur le lieu de travail est en fait, non pas la mesure ni de la pénibilité du travail ni de la contribution à la richesse du pays, mais celle de la privation de liberté (car le régime « normal » du travail est désormais partout en Europe le salariat et non le travail indépendant). Sur ce chapitre, force est de constater que l’Europe a aussi imposé aux Grecs de travailler le dimanche.

    Si les Grecs ne remboursent pas, il pourrait en coûter quelques dizaines de milliards aux contribuables français : moins que la charge des intérêts annuels relatifs à la dette contractée en France pour permettre à ses « élites » de vivre au-dessus de leurs moyens. Et bien moins que ce qu’il faudra payer lorsque les taux d’intérêt commenceront à remonter ce qui pourrait arriver avant la fin de l’été lorsque la FED américaine commencera à le faire, comme l’a promis Janet Yellen.

    Parmi les dernières trouvailles des égoïstes qui ne veulent pas entendre parler de la dette grecque, on nous sert le coût des Jeux Olympiques d’Athènes… au moment même où Paris pose sa candidature pour de prochains Jeux. La France pense-t-elle vraiment qu’elle va pouvoir équilibrer le coût de cette opération [3] ? Ou, imagine-t-on que ceux qui posent cette candidature se disent que c’est un autre parti qui aura à apurer la facture ?  Ou pensent-ils encore que, compte tenu de l’importance de l’épargne antérieurement accumulée par chaque Français, on pourra sans difficulté majeure la ponctionner un jour pour sauver des établissements financiers « too big to fail« , comme on l’a fait à Chypre et comme chaque pays européen doit désormais l’inscrire dans sa législation nationale ? Peut-être qu’auparavant on imaginera que la France pourrait vendre la Tour Eiffel au Qatar pour recapitaliser BPCE, Crédit Agricole, BNP ou Société Générale !

    Oui, la Grèce a maquillé ses comptes pour entrer dans l’euro (avec l’aide de Goldman Sachs dont l’un des plus brillants représentants était un certain Mario Draghi, aujourd’hui patron de la BCE) mais qu’en est-il des autres Etats, France et Allemagne en tête ? Et combien tout cela a-t-il rapporté à la banque américaine ?

    Deux questions iconoclastes pour en finir sur ce volet économico-financier de la crise – car nous n’aborderons pas ici la question sous l’angle politique[4] autrement que pour constater que l’Europe a ajouté une nouvelle manière de respecter le vote (à plus de 60 %) de tout un peuple : en le tenant pour nul, sans même se donner la peine d’exiger du pays qu’il « revote » ! Qu’est-ce que l’euro apporte véritablement aux peuples ? [5] Et, combien les Corréziens doivent-ils aux contribuables de la région parisienne depuis que ces deux « entités » appartiennent la « même zone économique » et utilisent une même « monnaie unique » [6] ? 

     


    [1] Sans tenir compte, bien entendu de la dette privée de chacun des agents économiques individuels.

    [2] En 2008, les Grecs travaillaient en moyenne 2 120 heures contre 1 760 pour la moyenne des autres Etats européens. Depuis la différence ne s’est pas améliorée au profit des Grecs.

    [3] Car si les prêts accordés par les banques « françaises » ou « allemandes » (une vingtaine de milliards d’euros) pour permettre ces Jeux ont essentiellement bénéficié à des entreprises de BTP françaises ou surtout allemandes (à l’époque, on a même dit que cela permettait de « sauver » certaines entreprises allemandes, principales bénéficiaires de l’opération), il n’en sera pas forcément de même demain.

    [4] Milton Friedman croyait, autrefois, qu’en cas de choc entre la « Souveraineté nationale » et la monnaie, la première l’emporterait toujours sur la seconde. Pourquoi s’est-il trompé ? Quelles en seront les conséquences demain ?

    [5] En dehors du dernier choix laissé aux peuples entre implosion ou explosion ?

    [6] Comme l’a écrit J. Savès sur le site www.herodote.net, « un bourgeois de Strasbourg est infiniment plus solidaire d’un habitant de Mayotte, malgré tout ce qui les sépare, que son voisin de Fribourg, malgré tout ce qui les rapproche, parce qu’il partage avec les premiers les mêmes droits civil, fiscal, social, etc., et ne partage rien avec le second ».