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  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (22)

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Un autre Hugo (1/6)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Un autre Hugo (I) : chez Hugo, à Hauteville House...

     

    Du chapitre VI (et dernier) de "Fantômes et Vivants", premières lignes du chapitre, pages 303 à 306 :

    "J’ai fait à diverses reprises de longs séjours à Hauteville-House, la maison grise et triste que Victor Hugo habita pendant son exil à Guernesey.
    Le premier de ces séjours fut dans l’été de 1885, quelques semaines après la mort du poète.
    Les moindres détails m’en sont demeurés présents et je nous vois, Georges Hugo, Payelle et moi-même, feuilletant avec respect les livres dépareillés et annotés de la petite bibliothèque du dernier étage ou look out.
    Une grande présence flottait encore parmi ces vestiges illustres. La voix forte et lugubre du vent semblait chargée de plaintes, mêlées à un tumulte glorieux. Les fantômes de la douleur et de la mélancolie, du travail acharné et de la colère, de l’amour et de la méfiance, montaient et descendaient en tapinois les escaliers amortis et masqués par de lourdes tapisseries en lambeaux.
    Le vieillard au cœur sec, au verbe étincelant, à l’hypocrisie grandiloquente et raffinée, au désir sans cesse renaissant, hantait encore ces lieux qui avaient reçu ses confidences, ses bâillements de lion en cage, ses rugissements.
    On y percevait, à ses côtés, le morose asservissement de son entourage : sa femme qu’avait désespérée au début le voisinage de Juliette Drouet, qui s’y était habituée peu à peu — car Hugo tablait sur l’accoutumance; sa fille Adèle, entrée, par la porte héréditaire et le désespoir d’amour, dans la folie précoce et durable. La malheureuse, née en 1830 a aujourd’hui quatre-vingt-quatre ans et elle vit internée depuis plus de cinquante ans ! Ses deux fils Charles et François, de caractère fort différent, également bons et intelligents et soumis aux volontés et à l’avarice de leur terrible bénisseur de père.
    Imaginez l’existence en commun de ces quatre personnages, vivant chichement même quand sonna l’heure de la prospérité, soumis aux humeurs d’une maîtresse belle et despotique, invisible, mais présente à quelques pas, femme de théâtre et de ruse et qu’on imagine reprochant sans cesse sa solitude à son cher auteur.
    Le roman de cette mort lente de toute une famille, soumise au génie et empoisonnée par lui, eût été certes plus intéressant que les "Travailleurs de la mer", sorte de Robinson manqué, où se trouvent cependant de beaux paysages, que l’ "Homme qui rit", œuvre hasardeuse et à demi démentielle, ou que "Les Misérables", ce répertoire moral du romantisme.
    L’histoire vraie de l’exil de Hugo, telle que j’ai pu la reconstituer à travers les récits de l’entourage, notamment ceux de la touchante Mme Chenay, belle-sœur du maître, serait quelque chose de tragique et de comique à la fois.
    Hugo était un tyran domestique, un égoïste forcené, mêlé d’Harpagon et de Tartuffe, recouvrant toujours d’un beau prétexte sa dureté ou sa sensualité.
    Un trait le peint : il tenait vers la fin de sa vie un carnet de toutes ses dépenses. Sur ce registre, le chiffre de 40 francs, inscrit en face du mot "bienfait", à intervalles périodiques, attira notre attention. Or ce genre de "bienfait", information prise, témoignait simplement d’une rare verdeur de tempérament, conservée jusqu’à la fin par l’étrange bonhomme.
    C’est parfait, mais par quel besoin intime de cabotinage sentimental inscrivait-il cette fonction à la colonne du cœur ?..."

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (95)

     

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    Aujourd'hui : Soupers à Montmartre (I, II et III)

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Fondé en 1793 par Catherine Lemoine, le restaurant "Chez La Mère Catherine" appartient véritablement à l'histoire de France. Danton lui-même l'aurait fréquenté...

     

    1. De "Paris vécu", Première série, rive droite, page 214 :

    "...Place du Calvaire, chez le père Lemoine, c'était une autre affaire.
    On y mangeait aussi fort bien, et les Camelots du Roi, à un moment donné, avaient adopté cet endroit plaisant.
    La charcuterie était de premier ordre, la hure et le pâté de lapin, précédée, puis suivie d'un vin blanc qu'affectionnait, avec raison, Marius Plateau.
    Quelle n'est pas la force des souvenirs ! Je n'ai, par la suite, mangé de pâté de lapin de cette allure et poivrade qu'en Anjou, le soir de mon échec sénatorial de Maine-et-Loire (1925).
    Je me fichais de cet échec, qui désolait les Camelots et ligueurs. Mais mon esprit, amorcé par le goût, se reportait douloureusement à l'époque d'avant-guerre, au balthazar de la place du Calvaire, alors que Plateau et mon Philippe vivaient encore !..."

     

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    L'ancien "Le Coucou" est devenu "Chez Plumeau"...

     

    2. De "Paris vécu", Première série, rive droite, page 213 :

    "...Au sommet de la rue Lepic se trouve la place du Calvaire, aimable au possible et plantée d'arbres rabougris, suivie de la petite place du Tertre, où se trouve le cabaret du Coucou.
    Pendant une dizaine d'années, ce cabaret fut tenu par des Italiens, qui faisaient une cuisine savoureuse de poissons, de pâtes, de selles de mouton et d'agneau.
    Nous allions dîner là avec Lemaître, Capus, Maurras, Bainville et Mme Bainville, Pujo, Fayard et Mme Fayard, de façon délicieuse et dans une solitude, en semaine, absolue.
    Le chianti était de choix et ce vin à goût de violette, qui rappelle Florence et Venise, est, quand il fait chaud, un enchantement de fraîcheur parfumée.
    Vous n'avez qu'à le faire basculer dans son petit panier d'osier, peuchère, et ça y est : il coule de source, pimpant et vif, comme un poème de Tristan Derème..."

     

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    Souper avec Mistral à Montmartre...

     

    De "Paris vécu", Première série, rive droite, page 209 :

    "...Une année, vers 1890 (Mistral, né en 1830, a alors 60 ans, ndlr), Frédéric Mistral, descendu à Paris chez Mariéton, nous demanda de le mener dans un restaurant montmartrois, à l'heure du souper.
    Nous le conduisîmes dans un établissement relativement - oh très relativement - correct, des environs de la place Blanche.
    Nous prîmes une table à part; mais la présence de ce monsieur âgé, de manières polies et fort beau, sous son chapeau gris "buffalo" avait naturellement fait sensation...
    "Eh bien ma chère, veux-tu que je te dise... Oh moi, ma chère... Mais demande donc aux deux autres... J'ai déjà vu ça quelque part..."
    En sortant, j'interrogeai Mistral sur ce qui l'avait le plus frappé. Il répondit :
    "L'enfantillage. Ce sont de petites filles dégradées."
    Je lui dis aussi ce que je pensais des poètes montmartrois, mais je vis qu'ils étaient loins de sa sympathie artistique; et pourtant, il admirait Henri Heine, mais peu Verlaine..."

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (185)

     

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    Aujourd'hui : ...et celui qui empêcha Daudet de devenir Sénateur...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    "...J'avais usé, en vain, quatre ans et demi de mon existence.
    Mon échec du 11 mai 1924 fut ainsi, pour moi, une délivrance..." : Daudet, même s'il fut probablement déçu, et peut-être même blessé, semble donc ne pas avoir pris trop au tragique la fin d'une expérience qui - si elle lui offrait une tribune intéressante - lui prenait beaucoup de temps; en s'arrêtant, cette expérience lui rendait ce temps précieux, qu'il retourna occuper au journal quotidien, à la même table de travail que Jacques Bainville, comme "avant"...

    Un an après, cependant, la perspective de devenir Sénateur s'offrit à lui, et il faut croire que la nouvelle tribune qui lui aurait été ainsi offerte l'intéressait, ainsi que le mouvement royaliste, puisqu'il fit tout ce qu'il put - mais en vain, on va voir pourquoi et comment... - pour conquérir ce siège, non plus de Député mais de Sénateur...

    En 1925, mourut Jules Delahaye, député puis sénateur royaliste du Maine-et-Loire.
    Sur la proposition du sénateur Dominique Delahaye, frère du défunt, Léon Daudet fut désigné comme candidat à sa succession. Tout le monde accepta cette proposition, mais c'était compter sans les "combinazione" du Pays légal, et les coups fourrés des adversaires politiques et religieux du royalisme, dans le monde catholique (déjà, les "démocrates-chrétiens" !...).
    "On" suscita donc, finalement, une autre candidature "anti cartel" (le Cartel des Gauches venait de gagner les élections, balayant la "Chambre bleu horizon", élue après la Guerre, et dont faisait partie Léon Daudet).
    "L'Ouest Eclair", organe de l'abbé Trochu, avait déclenché une violente campagne contre Léon Daudet, et contre la Fédération nationale Catholique, qui le soutenait.
    Évidemment, dans ces terres qui votaient "royaliste", présenter deux candidats de la même sensibilité revenait à laisser les "cartellistes" choisir "le moins pire", à leurs yeux...
    Gilbert Fabien-Cesbron, M. Manceau et M. de Cathelineau se présentèrent donc contre Léon Daudet
    Au premier tour, les voix se répartirent ainsi :
    - Cartel des Gauches : Tardif, 275 voix;
    - Anti-Cartel : Léon Daudet, 399 voix.
    - Manceau : 278;
    - Cesbron : 29;
    - Cathelineau : 4;
    Total : 650.
    Léon Daudet, ayant obtenu largement la majorité absolue des voix anti-cartellistes, aurait dû rester seul candidat au deuxième tour.
    Mais, au lieu de s'incliner, Manceau déclara qu'il "remerciait ses 278 électeurs" et qu'il "faisait appel à tous les angevins sans distinction de parti" !
    L'adage est bien connu : "au premier tour, on choisit; au second, on élimine".
    Les cartellistes votèrent comme un seul homme pour "le moins pire" pour eux, c'est-à-dire pour Manceau, afin d'éliminer le plus dangereux.
    Et Léon Daudet fut battu : le 28 juin 1925, Manceau fut élu au deuxième tour par 494 voix sur 935, contre 357 à Léon Daudet, pourtant arrivé en tête au premier tour.
    Et voici comment, après avoir été "écarté" d'une Chambre où il avait été élu ès-qualité - et où il devait être réélu- Léon Daudet fut ensuite écarté d'un Sénat - mais, là, sans avoir même pu y entrer... -alors que, du simple point de vue de la "légitimité arithmétique", qui est théoriquement celle des élections, sa victoire y était acquise...

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    Jules Delahaye, qui révéla le scandale de Panama, voulait voir Daudet lui succéder comme sénateur, ainsi que le proposa son propre frère, Dominique Delahaye, lui aussi sénateur...

     

    De Michel Mourre, "Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire", page 1322 :

    * Delahaye Jules (Angers, 1851 - Paris, 1925). Homme politique français. Député monarchiste d'Indre-et-Loire puis de Maine-et-Loire, il participa au boulangisme et fit éclater le scandale de Panama, au lendemain de la mort suspecte du baron de Reinach, en révélant à la Chambre, le 21 novembre 1892, que la Compagnie de Panama avait distribué trois millions de francs "à plus de cent cinquante membres du Parlement" pour obtenir l'appui d'hommes politiques."

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Après le Non à Maastricht (en 2005) suivi par l'imposition du Traité de Lisbonne (en 2007), ou le fait que l'abolition de la peine de mort n'ait pas été soumise au peuple (majoritairement "contre"), faut-il d'autres exemples que nous ne sommes ni en république ni en démocratie ?

    En voici un, tout récent : il date de dimanche dernier :

     

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    (ndlr : à cela, il faut ajouter les 3 millions de "non inscrits" : ce qui fait un total de 19 millions de Français qui ne sont pas prononcés ! Pour des gens comme Méluche qui prétendent "avoir gagné", cela devrait tempérer quelque peu l'enthousiasme, et rendre plus modeste, ou moins "braillard" - le mot est de... Danton - non ? )

    • le nombre d'électeurs RN & alliés est 44% supérieur au nombre d'électeurs du Nouveau Front Populaire;
    les Français s'étant abstenus ou ayant voté blanc ou nul s'élève à 16.046.417, soit :
    - 1,6 fois le nombre d'électeurs RN & alliés,
    - 2,3 fois le nombre d'électeurs NFP,
    - 2,54 fois le nombre d'électeurs macronistes...
     
    Conclusion : "Ça", une république ? "Ça" une démocratie ?
     
    Ou, plutôt, une gigantesque farce ?
     
    Une énorme, et très mauvaise, blague ?
     
    Comme pourrait le dire Godefroy de Montmirail, dans un nouvel épisode des "Visiteurs" :
     
     
     MAGOUILLE !
     
    TAMBOUILLE !
     
    RÉPUBLIQUOUILLE !
     

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    SUCCÈS COMPLET POUR LE PREMIER VOL D'ARIANE 6...

    BRAVO À NOTRE FRANCE QUI AVANCE ET QUI GAGNE, MALGRÉ TOUT !

    https://www.francetvinfo.fr/sciences/espace/ariane-6-la-fusee-europeenne-a-reussi-son-premier-vol_6656508.html

    Le tir marque le retour à un accès autonome de l’Europe à l’espace, mais la mission n’a pas été parfaite en fin de vol, la fusée ayant dévié de sa trajectoire.

     

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    1. De Guillaume Bigot :

    "Les 4 partis frontistes (NFP) : 6M de voix / 176 sièges Les euro-notables (macroneux) : 6M de voix / 150 sièges Le RN seul, avec 10M de voix, n’a que 143 sièges. La République des copains et des coquins est de retour. Les politichiens disait de Gaulle ont leur gamelle pleine."

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    2. Bonne question posée par Verlaine, sur "X" :

    "Est-ce que le député Raphaël Arnault, fiché S, pourra se rendre au Parlement puisque l'accès à la zone de la Seine à Paris sera réglementé dans quelques jours et interdit aux personnes inscrites sur ces fichiers durant les JO ? Affaire à suivre !"

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    3. De Gilles-William Goldnadel, sur les résultats du second tour des élections législatives :

    "Je pense que nous avons été victimes d'une escroquerie politique..."

    (extrait vidéo 1'43)

    https://x.com/CNEWS/status/1810377800295075973

    Gilles-William Goldnadel : «Je pense que nous avons été victimes d'une  escroquerie politique»

     

    4. Le député front popu Rousseau remercie "la presse" ! Depuis 45, on sait bien que les médias, l'École, des pans entiers de l'économie ont été abandonnés aux révolutionnaires... Une presse "libre" ? Vraiment ? Et "de très haut niveau" ? Plutôt :

     

    SYSTÈME POURRI !

     

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    5. Préambule de Christophe Guilluy dans "Les Dépossédés". Pas mieux...

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    6. Une histoire de fous, bien à sa place dans un Système de folie et en folie... (Source : JT de TF1) Un éleveur laitier voit ses vaches malades, après l'installation d'une ligne à haute tension enterrée à proximité de sa ferme. Il attaque Enedis. Il gagne en 1ère instance, la ligne est déplacée et mise "en aérien". Ses vaches ne sont plus malades. Enedis fait appel, et "gagne" son appel : l'éleveur doit maintenant rembourser le déplacement de la ligne souterraine pour près de 53.000 €. Il vient de lancer une cagnotte pour sauver son exploitation..., et conserve un dernier espoir : la Cassation !

    (extrait vidéo 2'11)

    https://x.com/FredGaulois/status/1808918322161012947

    Mauvaise santé d'un troupeau de bovins : Enedis en cause ?

     

    7. Et pour finir en beauté cette série d'aujourd'hui : Mathieu Bock-Côté "explose" littéralement un malheureux sous-fifre du front popu, Assan Lakehoul, qui en reste tout bégayant (il refusait de condamner l'élection du fiché S Raphaël Arnault)

    (extrait vidéo 1'36)

    https://x.com/Jean_Robert_29/status/1810077917432492043

     

    Assan Lakehoul, nouveau secrétaire national du MJCF - son interview dans  l'Humanité, 5 juin 2023 - Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez

     

     

     

    À DEMAIN !

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  • Dans votre quotidien cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg= Avec Scipion, on commencera la semaine par "parler cinéma" : "Adèle, la déculottée" sera le sujet de son rapide, mais toujours incisif Grain de sel,  juste après le Louis-Joseph Delanglade qui aura "ouvert" notre semaine de réflexion et de prise de position sur les grands sujets qui préoccupent nos compatriotes...

    Puis on parlera du JT de 20h de France 2, pris en flagrant délit d'ignorance historique crasse (à propos de Louis XVIII et de l'invasion de la France en 1814); de "Bruxelles", qui continue à titiller mesquinement la Suisse parce qu'elle a osé dire "stop" à l'immigration (on pense au poème de Mistral, La Comtesse, où il appelle à l'insurrection et demande d'aller "crever le grand couvent" afin de rendre la liberté à "la princesse" qui s'y trouve prisonnière; remplacez "princesse" par "peuples d'Europe" et "grand couvent" par "Commission de Bruxelles : vous n'avez pas quelque chose de tout à fait actuel ?...); et bien sûr, certainement aussi - et encore - de l'Ukraine et des "affaires" d'un Pays légal, qui, en plus d'échouer lamentablement partout, étale au grand jour sa décomposition et suscite, de plus en plus, rejet et dégoût...

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    cercle vauban monarchie.jpg=On visionnera, mardi, la dernière vidéo d'Hilaire de Crémiers, dans laquelle il évoque le probleme fondamental de la Représenation nationale : "Reprendre le Pouvoir" disait Boutang, revoir les Institutions françaises, dit Hilaire de Crémiers, avec un Chef de l'Etat choisi en dehors des partis, représentant la pérennité et la Legitimité; et une représentation nationale qui ne soit plus seulement accaparée par les partis, mais qui soit d'un autre ordre, et qui se fonde sur les forces vives de la Nation...

    Dans un domaine tout à fait différent - mais en apparence seulement, puisqu'il touche à la réflexion de fond sur les grands sujets de l'heure... - Hilaire de Crémiers livre une seconde vidéo qui revient sur l'importance et l'intrérêt du travail mené par les spécialistes du Cercle Vauban; et redit la qualité de leurs publications déjà disponibles et de celles qui vont l'être prochainement... Les PME furent la première des brochures du Cercle Vauban, Une espérance pour la France : la Monarchie, la deuxième. La troisième, qui va paraître bientôt, portera sur les Institutions, l'organisation des Pouvoirs publics et des Territoires et, au-dessus de tout, le Chef de l'Etat, qui ait le souci du Bien commun, et non celui d'un ou des partis... Puis seront abordés la Défense nationale, la Famille... 

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    IMG_0096.jpg= Mercredi, comme nous avons pris l'habitude de le faire afin d'élargir les horizons et de traiter d'encore plus de sujets, nous jeterons un oeil sur les liens partagés sur notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste et sur les liaisons établies grâce à notre compte Twitter A.F.Royaliste (dont les tweets continuent d'être, c'est à noter et c'est bon signe de plus en plus repris et partagés, "retweetés" comme on dit !);  et sur les "commentaires" au quotidien qui, très souvent, sont de très bonne qualité... On aura donc deux liens de Jean-Louis Faure, renvoyant à deux vidéos de deux conférences d'Aymeric Chauprade; un lien de Perceval, pour la défense du Grec et du Latin; un d'Hélène Richard-Favre, sur Ukraine : Histoire et histoires; deux de Denis Blanc : l'un renvoyant à une vidéo de Philippe de Villiers sur Le grand déracinement; l'autre renvoyant à un article de Frédéric Pichon : Il est temps de sortir de la réserve...
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    taxes.jpg= Comme elles sont nombreuses les pages de Jacques Bainville qui n'ont pas "pris une ride", et qui semblent écrites, même pas d'hier, mais d'aujourd'hui même ! Vous connaissez biens notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville. ainsi que notre Catégorie Lire Jacques Bainville.
     
    Celle-ci va s'enrichir, jeudi, de deux notes tirées du Journal de Jacques Bainville, traitant d'un sujet actuel s'il en est : le consentement à l'impôt. Aujourd'hui, c'est peu de dire qu'il a toatlement disparu, ce "consentement" à l'impôt, qui fut à l'origine de tant d' "émotions" (!) populaires, et qui causa tant d'embarras à la Royauté française, la question d'argent finissant même par être la cause de sa chute. Et ce consentement a disparu pour laisser place à une taxation d'office, de plus en plus importante, dont la croissance démesurée et ininterrompue nous emmène à grandes enjambées, maintenant, vers le confiscatoire. On est bien loin de ce qu'écrivait Vauban, en 1707, dans sa Dîme royale :"...pour jouer pleinement son rôle, cette dîme sera claire et compréhensible par tous, facile à appliquer et stable. Mais les rois veilleront à ce qu'elle n'excède pas le nécessaire, en ce que tout ce qui sera tiré au-delà jettera les sujets dans le malaise, et appauvrira finalement le royaume tout entier."
     
    Les deux notes de Bainville sont tirées : pour la première, du Tome 1 (1901/1918); elle est fort courte (6 lignes) et datée du 15 août 1904; et pour la seconde du Tome 3 (1927/1935); elle est à peine plus longue (12 lignes, on n'assommera pas le lecteur, ce jeudi !...) et datée du 3 août 1930.
     
    Par contre, on les fera suivre - car le rapprochement est intéressant - de la conclusion d'un long article récent de Pascal Salin dans Le Figaro magazine. Si, dans son début et son milieu, cet article "économique" parle d'autres sujets, il se rapproche d'une manière frappante, dans ses dernières lignes, de ce que disait Jacques Bainville, il y a bien longtemps maintenant. Pardon, de ce qu'il disait ce matin...  
     
     
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    MARS 2014.jpg= Enfin, vendredi, on présentera le dernier numéro de Politique magazine (mars, n° 127) : Villes et villages/ Au coeur de la décentralisation 

    Jean-Baptiste d'Albaret, Rédacteur en chef, a choisi comme sujet de son Editorial Rassemblement français : "On sait que la gauche a délaissé les questions sociales et économiques pour investir le champ dit « sociétal » que l’actuel gouvernement laboure avec une frénésie certaine depuis dix-huit mois. Mariage pour tous, IVG anonyme pour les mineures, loi Taubira remettant en cause la filiation biologique, autorisation de la recherche sur les embryons, intention de modifier la loi Leonetti sur la fin de vie, pourtant adoptée à l’unanimité en 2005…Mais, tout à sa volonté de rééducation des masses, le pouvoir socialiste avance sur ce terrain-là comme un éléphant dans un jeu de quilles. Au risque de perdre des parties importantes d’électorats qu’il cible pourtant comme une priorité..."

    Dans ce numéro, Gilles Varange signe un Partie de poker menteur autour de l'Ukraine; Jean-Baptiste Donnier L'impossible décentralistaion ?; Jacques Trémolet de Villers Une curieuse conception de l'indépendance des magistrats; Georges-Henri Soutou Les Etats-Unis : déclin ou libération ?; Yves Morel Des députés qui ne lâchent rien; Jean de La Faverie Municipales : un scrutin crucial; Christian Tarente Décentraliser les esprits !...

    On trouve aussi, bien sûr, dans ce numéro, l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers, Manque chef d'Etat, et trois entretiens : avec Agnès Verdier-Molinié, La question des communes est taboue; Charles Beigbeder, Rendre la parole aux Parisiens; et Claude Wallaert, Fortifier la France !... 

      ___ 

     

    = Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir... 

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  • Camp Maxime Real Del Sarte 2013 : le reportage

    (A lafautearousseau, selon une pratique constamment rappelée, nous ne publions aucune photo floutée; voici donc l'intégralité du reportage sur le Camp Maxime Real del Sarte paru sur le site du CRAF, moins cinq photos floutées, dont l'absence n'enlève d'ailleurs rien à l'intérêt du reportage...)

    En doublant le nombre de campeurs de son UDT, qui a réuni 150 participants , l’Action française n’a fait, du 25 au 31 août au Château d’Ailly près de Roanne, que recueillir les fruits légitimes d’une année militante très riche ... 

    ... — merci Taubira ! —, tout en amplifiant par un saut quantitatif plus qu’appréciable la dynamique observée depuis trois ans et que la vingtaine d’adhésions enregistrées parmi les nouveaux campeurs sur six jours seulement — les filles un moment surpassant les garçons — n’a fait que vérifier.

     

    Première chose : la montée du drapeau devant lequel, chaque matin, aura lieu le rassemblement, à 8h10, et sera chantée La Royale.

     

    Le château d’Ailly

     

    Quelques tentes...

     

    ...et une bonne ambiance permanente.

     

    C’est que l’Action française, conformément à sa tradition, sait allier l’action et la raison : délaissant un activisme et un intellectualisme également stériles, préférant mettre l’intelligence au service du bien commun, elle a toujours refusé la démagogie, faisant confiance aux compétences diverses de ses militants, mais exigeant toujours d’eux le maximum.  

    Le stand des livres, dans la salle de conférence

     

    C’est pourquoi elle sait marier — un mariage, celui-là, qui n’est pas contre-nature — l’enseignement d’une doctrine forte et toujours réactualisée à la préparation physique aux luttes à venir, l’un ne pouvant aller sans l’autre. D’où un programme de travail — oui de travail, mais toujours dans la bonne humeur — sur plusieurs plans.

    Tout d’abord, le matin, une double série de conférences : une première, axée sur les fondamentaux de la doctrine, sans cesser d’être en lien avec les révolutions nihilistes en cours, la seconde développant le thème retenu pour l’UDT 2013 : « Reprendre le pouvoir ».

      

    Un auditoire attentif

     

    C’est ainsi que, le lundi matin, après un questionnaire de niveau et une première revue de presse — créée par Maurras pour l’AF quotidienne avant la première guerre mondiale —, l’africaniste Bernard Lugan a ouvert la première série de conférences par la géopolitique — une autre tradition de l’AF —, en l’occurrence celle des Printemps arabes.

      

    Bernard Lugan évoquant les printemps arabes

     

    Le lendemain, François Marcilhac, directeur éditorial de L’AF 2000, traita à fond la question du mythe révolutionnaire de l’égalité, au nom duquel l’actuel gouvernement prétend imposer une « réforme » totalitaire de civilisation. Le mercredi, ce fut au tour de Stéphane Blanchonnet d’évoquer différentes figures de la légitimité — notamment Jeanne d’Arc et Antigone —, s’appuyant sur des textes fondamentaux de Maurras dont l’actualité est saisissante. N’oublions pas que pour Maurras, c’est Créon l’anarchiste car sa démesure dissout l’Etat quand Antigone, qui respecte les lois non écrites, est la « petite légitimiste ». Une légitimité avec laquelle Hollande a rompu... Le jeudi, le jeune philosophe Paul C. a abordé la question de la rupture anthropologique, démarche nihiliste qu’il n’a pas hésité à faire remonter à la révolution française et qui aujourd’hui atteint son paroxysme avec le mariage homo, la théorie du gender, la PMA et la GPA, sans oublier la réduction des embryons humains au statut de matériau pour la recherche scientifique ou, bientôt, la légalisation de l’euthanasie... Vendredi, enfin, Léo G. et Pierre B., jeunes intellectuels d’Égalité & Réconciliation Rhône-Alpes venus au camp animés par une saine curiosité politique, abordèrent la question des racines catholiques du courant social d’Action française, ainsi que l’histoire du Cercle Proudhon.

       

    Léo G. et Pierre B.

     

    La seconde série de conférences tourna plus spécifiquement autour du thème du camp, Reprendre le Pouvoir : Philippe Mesnard, rédacteur de l’ancienne revue Les Epées, évoqua, après une année de contestation qui se cherche un second souffle, l’Extension du domaine de la lutte,...

      

    Philippe Mesnard

     

    ... tandis que Sylvain Roussillon, un des responsables historiques de la Génération Maurras des années 90 fit l’histoire des tentatives insurrectionnelles notamment royalistes afin d’en tirer des enseignements.

      

    Sylvain Roussillon

     

    Le sociologue Michel Michel évoqua les conditions du coup d’Etat,...

      

    L’auditoire durant la conférence de Michel Michel

    ... avant que, clôturant la semaine, François Marcilhac ne reprenne la parole pour mettre en valeur la confluence des deux séries de conférence, en traitant de l’ouvrage majeur de Pierre Boutang Reprendre le pouvoir : reprendre concrètement un pouvoir confisqué par l’oligarchie ploutocratique suppose en effet préalablement de reprendre la question même du pouvoir en montrant à nos concitoyens combien la démocratie est une imposture car elle est le règne du mensonge.

     

    François Marcilhac commentant Reprendre le Pouvoir

     

    OUI, IL FAUT DÉLÉGITIMER LA RÉPUBLIQUE AUX YEUX DE NOS CONCITOYENS, en leur faisant perdre ce réflexe, acquis à l’école et entretenu par les media, de la considérer comme synonyme du bien commun et de la liberté, alors qu’elle n’est dans les faits que la dictature des ploutocrates et le règne de l’étranger. La république ne va-t-elle pas jusqu’à nous rendre étrangers à nous-mêmes via notamment une immigration galopante ou des lois sociétales qui sapent les fondements de notre civilisation gréco-latine et chrétienne en sapant l’identité du peuple, de la société, jusqu’à celle des personnes (théorie du gender) ?

    Faire perdre toute légitimité à la république, c’est engager cette contre-révolution des esprits et des cœurs comme étape préalable à la contre-révolution politique. Créer un état d’esprit royaliste, comme disait Maurras...

    Car il s’agit bien de reprendre le pouvoir. Les ateliers politiques de l’après-midi sur les fondamentaux de la doctrine maurrassienne (politique naturelle, égalité et progrès, démocratie et libéralisme, nationalisme, politique et morale, royalisme, les institutions et la décentralisation) précédaient des ateliers pratiques (tracter, afficher, animer une section, faire face à la répression, communiquer, animer les réseaux sociaux, etc.) plus concrets, avant que la pratique sportive (mens sana in corpore sano) ne termine, ou presque, une journée de formation bien remplie, car chaque groupe devait préparer à tour de rôle une revue de la presse sur les événements politiques de la journée et la lecture qu’en faisaient les media. 

    Notons aussi la venue de deux invités de marque, le vendredi, pour clore la trop courte semaine du CMRDS au château d’Ailly. Alain Soral, président d’Egalité et Réconciliation, prononça une allocution sur le thème « La Révolte des nations », suivie d’un débat approfondi : où comment la nation demeure le seul rempart contre la dictature de l’oligarchie mondiale.

     

    Stéphane Blanchonnet, président du Comité directeur de l'AF, annonçant l’intervention d’Alain Soral, président d’Egalité et Réconciliation

     

    Quant à Maître Pichon, fondateur du Collectif des Avocats Contre la Répression Policière (CARP) , il évoqua la répression d’un gouvernement qui, ne se contentant plus d’être illégitime, flirte avec l’illégalité dans les méthodes employées pour réprimer un mouvement national historique de refus d’un totalitarisme d’un nouveau ...genre. Et dire que certains benêts de droite regardent encore Manuel Gas avec les yeux de Chimène !

      

    Maître Pichon s’opposa également avec virulence à la guerre américaine dans laquelle Hollande veut nous embarquer... avant de joindre sa voix aux chants d’AF qui ponctuent les repas et lancent la veillée.

     

    Un indispensable outil de travail...

     

    Le dernier soir, Antoine Desonay, secrétaire général des étudiants, dresse le bilan du camp... ...et suscite l’enthousiasme général.

    Non contents de participer activement à la semaine de formation la plus exigeante du paysage politique étudiant, nos militants ont terminé samedi 31 en encadrant la manifestation du Printemps des Libertés (voir la vidéo ici) au cours de laquelle Olivier Perceval, Secrétaire Général, a pris la parole au nom de l’Action française.

     

    Olivier Perceval s’exprimant au Printemps des libertés

     

    Si le déroulement du camp préfigure celui de l’année militante, alors celle-ci fera date. La qualité des interventions et des participants nous permet d’afficher un optimisme et une confiance dont nous aurons besoin tout au long de l’année : « Au nom des résultats acquis, en vue des résultats possibles, l’Action française demande à tous les royalistes, anciens ou nouveaux, un concours ardent, dévoué, incessant. » (Charles Maurras, Si le coup de force est possible)

    ET POUR QUE VIVE LA FRANCE, VIVE LE ROI !

    L’ÉQUIPE DU CMRDS

  • Le terrible 20ème siècle et les génocides. Tous les génocides sont-ils égaux ou certains sont-ils plus égaux que d’autre

    La révolution bolchevique de 1917

    Faire un recensement des tueries de masse de la révolution bolchevique, puis de l’administration stalinienne jusqu’à la disparition du géorgien en mars 1953, est un travail allant très au-delà de l’objet de ces quelques feuilles. Mais des remarques s’imposent.

    alain badiou.jpgTout d’abord le contexte général de la présentation d’un des drames du XXème siècle. Il se trouve encore des intellectuels soit pour nier l’intensité des massacres, soit pour défendre que la révolution ne puisse pas prospérer sans quelques exactions. La France est hélas bien placée dans ce déni mondain avec un Alain Badiou ou une Annie Lacroix – Riz (photos, ndlr). Si la bibliographie sur la vannie lacroix riz.jpgie de la révolution et du communisme est relativement fournie, il n’en va pas de même de la filmographie assez maltraitée, à diffusion plutôt modeste, tant en regard du drame, qu’en comparaison avec d’autres massacres de masse, alors que la matière existe.  

    Le communisme a suscité sur tous les continents, et pendant plusieurs décennies, l’engagement fraternel et généreux (du moins présenté comme tel) de milliers de femmes et d’hommes, qui ont servi un des systèmes les plus injustes et les plus sanglants de l’Histoire. Essayer de comprendre la fascinante attirance qu’a exercée cette idéologie sort aussi de notre cadre ici. Mais ce fut sans conteste la première expérimentation de tueries à grande échelle utilisant les moyens industriels modernes. Un piètre retour de salaire est que, quelque fois, les massacreurs furent à leur tour victimes de la folie qu’ils avaient fait prospérer.

    goulag-barbeles-sur-faucille_1217928821.jpg

    Lénine a laissé dans l’Histoire un gigantesque fleuve de sang. Ce fut d’abord la guerre civile et sa réponse la Terreur Rouge (1918 – 1924). Elle ne se résuma pas à mettre deux partis face à face, car les intervenants furent nombreux dans un indescriptible chaos, et l’effondrement d’une société. Dès 1917, installation de la Tcheka, instrument de terreur qui imposa sa propre légalité. L’année suivante transformation des monastères des iles Solovki en camps de concentration, les premiers à une telle échelle en Europe.

    À partir de cette date, donc très vite après le début des évènements, nous en sommes réduits à estimer le nombre des victimes. Et ce sera ainsi jusqu’à la disparition de Staline trente ans plus tard.

    On lit chez Mme Carrère d’Encausse, que l’assassinat industriel par gazage empoisonné (le tuyau d’échappement des camions) fut mis au point par le très dévoué général Toukhatchevski (réponse à la révolte paysanne de Tambov ; 1919 - 1921). Les premières catégories condamnées furent les paysans et les cosaques (élimination physique). Le saccage des campagnes et la destruction du tissu rural aboutit à partir de Juillet 1921 à une effroyable famine, provoquant la mort de cinq millions d’habitants. Début d’une série.

    Le journaliste historien russe, Serguei Melgounov publia une première fois à Berlin la « Terreur rouge en Russie» en 1923 ! Dans tout l’ouest de l’Europe, n’ont donc pas été au courant que ceux qui ont refusé de lire, et ils ont été apparemment très nombreux. Peu d’années après, un parti commençait à s’imposer en Allemagne, où séides et sicaires du caporal de Bohème n’eurent pas à chercher bien loin des exemples et des techniques d’assassinats industriels.

     

    serguei melgounov.jpg

    http://www.editions-syrtes.fr/fr/02-Catalogue/Titres/102-La-Terreur-rouge-en-Russie-1918-1924/

     

     

    Bien que rejeté par Lénine dans son testament que le géorgien avait maintenu secret dans un parti devenu un lieu de conflit ouvert pour la succession, Staline parvint à ramasser définitivement la mise au bout de quatre années de manœuvres internes. Et un de ses premiers succès fut le contrôle de la police d’état. La Tcheka devenue GPU en 1922, puis OGPU en 1923 vit ses pouvoirs exorbitants renforcés s’il en était besoin, en appliquant des méthodes policières dites « brutales » à l’intérieur du parti.

    Dès 1929 commença alors la terreur stalinienne. Pendant les cinq années suivantes, Staline regretta la « tiédeur » de l’OGPU. Il la transforma alors en 1934, en NKVD en changeant les hommes. Le premier drame de grande ampleur fut la collectivisation forcée, et son corollaire, le massacre des koulaks. Déportations en plusieurs vagues. 1929 fut aussi le début du premier plan quinquennal, confirmant que la plus grande victime sera l’agriculture, environ 5 millions de paysans déportés ou exterminés. En 1935, le régime déclare officiellement que les koulaks (en tant que classe sociale) avaient cessé d'exister, mais l’opération koulak se poursuivit jusqu’en 1937. En 1934 le 17ème congrès se conclut par le premier vote à bulletin secret ayant jamais existé. Où Staline ne recueillit que trois voix, trois cents délégués ayant voté contre. La publication fut truquée, le populaire Serge Kirov, ami de Staline assassiné peu après, meurtre prétexte à l’élimination de 80 % des délégués accusés de complot. En parallèle l’Ukraine était victime de l’holodomor, extermination par la faim, massacre organisé en 1932 – 1933, passé « relativement » inaperçu car dans le contexte général des famines soviétiques. Il a fallu l’ouverture des archives à Moscou pour mettre fin à la négation du drame. Et de nouveau des évaluations aux approximations nauséeuses entre 2.6 et 5 millions de victimes !

     

    holodomor.jpg

    http://www.quebec-ukraine.com/lib/holodomor/

     

     

    1937 vit le début de la décapitation de l’Armée Rouge. Sur des prétextes délirants le maréchal Toukhatchevski, son véritable créateur, fut exécuté. Nous l’avions croisé plus haut dans ses œuvres. Son « jugement » fut la porte ouverte à l’exécution d’environ 40.000 maréchaux, généraux, et officiers supérieurs. Sous les yeux médusés de leurs homologues de la Wehrmacht !

    nicolas werth.jpgCe fut aussi le début d’une nouvelle grande terreur, mais utilisant ici le système judiciaire, remarquablement détaillée par le chercheur Nicolas Werth (photo, ndlr) (L’ivrogne et la marchande de fleurs, Taillandier, 2009). Entre juillet 1937 et novembre 1938, il estime que ces 16 mois concentrent près des trois quart des condamnations à mort prononcées entre la fin de la guerre civile (1921) et la mort de Staline, 1953. Le plus grand massacre d’État jamais mis en œuvre en Europe en temps de paix. Soit 750.000 personnes victimes de parodies de jugements, soit 50.000 exécutions par mois, 1.600 par jour, pendant 16 mois. Et 800.000 soviétiques condamnés à des peines de travaux forcés au goulag non inférieures à 10 ans. Un des derniers ouvrages de Werth nous entraine sur « La route de Kolyma, édition Belin, oct. 2012 », avec en couverture la photo de la Serpentinka le plus important lieu d’exécution de masse de la Kolyma.

    hitler staline.jpgCes dates nous conduisent à la veille du cataclysme de 1939. La collusion entre Staline et Hitler a déjà fait l’objet ici d’une recension du livre de l’historien américain Timothy Snyder « Terre de sang » étudiant en 700 pages, comment 14 millions d’innocents furent assassinés en Europe centrale sur un mode industriel, certains pays comme la Pologne faisant l’objet d’un partage entre ces deux psychopathes (lien : http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2012/11/21/terres-de-sang-l-europe-entre-staline-et-hitler-par-champsau.html), que de grandes démocraties très éclairées fréquentaient, visitaient, parfois aidaient sans la moindre retenue.

    Ce rapide survol de 35 années de massacres programmés, ne doit-il pas nous dissuader d’ergoter sur ce qu’est réellement un génocide ? (à suivre)

  • L’Iran et l’atome, par Champsaur (I/III)

    Comment connait on l’Iran en dehors d’un intense pilonnage médiatique, générant un maelstrom où l’on brasse sans vergogne Maghreb, Machrek, le Nil égyptien, le Liban, le Hezbollah, le terrorisme etc.

    Une image de l’Iran s’est construite dans la conscience collective occidentale. Des termes caricaturaux surgissent immanquablement : fanatisme religieux, fascisme religieux, politique terroriste, l’Iran veut détruire Israel … Les plus inspirés en France, ne peuvent pas évoquer les années du shah sans les résumer à la police politique, la Savak. En oubliant au passage qu’une sauvagerie a succédé à une autre. Qui ne se souvient de l’horrible exécution de l’ancien premier ministre Amir Abbas Hoveyda, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Khomeiny, en tant que « malfaisant sur terre », quelque temps après la scandaleuse interview de la délicieuse Mme Okrent. Oveyda, fin lettré, ami de la France et respecté du monde diplomatique international, n’ayant jamais eu que mépris pour la corruption qui entourait le shah.

    Et devant cet épais brouillard, on oublie vite que l’on parle de la Perse, de ses racines 10 siècles avant notre ère, d’un pays de 77 millions d’habitants. Les Iraniens eux le savent. 

    iran bases us.JPG

    En hachuré : les pays qui hébergent des bases aériennes américaines...

    Relayant un récurrent cri d’alarme de l’israélien Netanyahu, la presse nous assure que nous sommes à la veille de l’action militaire préventive destinée à mettre fin au programme nucléaire iranien. Et alors que la lecture attentive des journaux, français, américains et britanniques et quelques émissions consacrées au sujet, ne nous ont pas apporté d’informations nouvelles.

    Mais ce qui apparait de plus en plus comme une stricte intoxication de propagande, nous incite à revenir vers une lecture des faits les plus incontestables. L’exercice n’est pas vain car la masse de documentation historique fiable, loin des affabulations, est considérable.

    Un peu d'histoire... 

     

    Contrairement à une idée reçue, le programme nucléaire iranien ne date pas d’hier. Téhéran figure même parmi les nations pionnières. L'Iran et l'atome, est une histoire qui remonte à 1957, pour l’installation d’une filière nucléaire civile, avec l’aide de la France. Et à la même date le shah Mohamed Reza Pahlavi signe avec les Etats-Unis un programme de coopération nucléaire civile.

    Dix ans plus tard, le premier réacteur de recherche, d’une puissance de 5 Megawatts, est opérationnel. Mais le chantier sera suspendu après la révolution islamique et pendant la guerre Iran-Irak. Téhéran a annoncé à l’été 2007 que la centrale de Bouchehr entrerait finalement en service quelques mois plus tard à l’automne, grâce à l’aide de Moscou. 

    iran bouchehr.jpg

    La centrale nucléaire de Bouchehr, près de Téhéran (Raheb Homavandi / Reuters).

    En 1968, l’Iran signe le Traité de Non Prolifération (TNP) et pose les fondations d’une véritable industrie. Un objectif est fixé pour l’an 2000 : mettre en service 23 centrales ... Outre ce volet civil, le shah d’Iran ne cache pas ses ambitions géopolitiques : posséder la bombe.

    La France participe. Et Paris conclut en 1975 un accord de coopération autour du cycle de production du minerai. A l’époque, la Cogema (aujourd’hui Areva-Nuclear Cycle) veut fabriquer une importante usine d’enrichissement d’uranium à Pierrelatte (Drôme). A cet effet, elle crée en 1973 un consortium européen, nommé Eurodif, rassemblant, outre la France, la Belgique, l’Espagne, l’Italie et la Suède.

    En 1975, l’Iran rachète la part suédoise (10% du capital d’Eurodif) par un montage complexe, qui va se révéler redoutable. Paris et Téhéran créent ensemble la Sofidif (Société franco–iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse) avec des participations respectives de 60% et 40%. La Sofidif acquiert un quart du capital d’Eurodif, ce qui, en droit, revient à donner à l’Iran le contrôle de 10% du capital de la société.

    Mieux : une disposition spécifique autorise Téhéran à enlever 10% de la production annuelle d’uranium enrichi. De quoi faire tourner toute son industrie... En échange, le très riche régime du Shah prête un milliard de dollars au consortium pour financer la construction de l’usine, inaugurée en avril 1979 par Raymond Barre. 

    Et survient la Révolution islamique. A l’arrivée au pouvoir de l’imam Khomeiny, le nouveau régime dénonce l’accord de fourniture de centrales (technologie américaine Westinghouse, sous licence française de Framatome et allemande de Siemens). En représailles, Paris refuse à Téhéran le droit d’exercer son pouvoir d’actionnaire d’Eurodif, en suspendant les livraisons d’uranium enrichi.

    Commence alors une longue guerre secrète, ponctuée d’attentats, d’assassinats et de négociations discrètes sur le contentieux Eurodif’. Ce conflit culmine avec la crise des otages du Liban, dont la libération passera par un compromis sur le dossier Eurodif. Finalement, la France rembourse l’intégralité de la somme prêtée par le Shah, sans oublier les dommages et intérêts, estimés à plus de 600 millions de dollars. L’affaire est provisoirement réglée, fin décembre 1992, par une série de voyages à Téhéran du ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas.

    Après une période d’accalmie, grâce à la ligne modérée adoptée par le président Khatami, l’Iran cherche à reprendre le dialogue sur le nucléaire. Aidée en cela par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En 2002, des membres de l'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique) autorisés à inspecter les installations nucléaires en vertu des dispositions du TNP, découvrent des installations plus importantes qu'ils ne le pensaient. Plusieurs indices les amènent à suspecter que le programme nucléaire iranien pourrait avoir une dimension militaire. 

    iran aiea.jpg 

     "Rapport" de l'AIEA sur le nucléaire iranien...

     En février 2003 après la diffusion de photos satellites américaines des sites nucléaires, l’AIEA lance une vaste mission d’inspection sur le programme iranien. Avec l’objectif de vérifier qu’aucune installationn ne masque un programme clandestin de mise au point d’une arme. Et ainsi le paramètre essentiel, le degré d’enrichissement de l’uranium (concentration minimum de 85 % en isotope 235), ou la fabrication de plutonium. Les processus d’élaboration sont des technologies sophistiquées, dont tous les « composants précurseurs » sont connus de tous les scientifiques atomistes.
    Après avoir entamé des négociations avec Moscou, qui proposait de fournir à l’Iran de l’uranium faiblement enrichi et d’assurer ensuite son retraitement en Russie, Téhéran s’est lancée dans les processus d’enrichissement en dehors de tout contrôle extérieur. Ouvrant ainsi la porte à beaucoup de spéculations. Après l’échec de la proposition russe, les Iraniens ont proposé de relancer le dossier Eurodif. Mais sous une autre forme. Le 3 octobre 2006, le directeur adjoint de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Saïdi, proposait de créer un consortium pour la production en Iran d’uranium enrichi ...

    Notons aussi que les Iraniens ouvrent leurs installations à beaucoup plus d’inspecteurs dont des Français, que ne le vocifèrent les adversaires du régime. Et les rapports de l’AIEA n’ont jamais été, et ne sont toujours pas concluants, et rappellent trop Colin Powell à la tribune de l’ONU, avec sa petite fiole prouvant qu’ils avaient trouvé des armes de destruction massive en Irak. Rappelons des dates auxquelles Téhéran était censé posséder l’arme : en 1995, puis en 1997, par la suite 2007, 2008, 2012, et maintenant 2015. Le tout au gré des hurlements de Tel Aviv. Un bon résumé se trouve dans un article de Marianne du 24 Octobre 2011, sous la plume d’un incontestable analyste, Pierre Conesa, ancien n° 2 de la Délégation aux Affaires Stratégiques du Ministère de la Défense (la DAS), dont nous sommes très loin de partager les opinions sur tous les sujets. Mais en l’espèce il déclare que « la menace nucléaire iranienne est une escroquerie intellectuelle ». Notons aussi qu’étant donné que personne ne lit les rapports de l’AIEA, il est relativement facile pour des media couchés de fixer un tempo, voire comme cela fut plusieurs fois le cas de faire caisse de résonnance à des « fuites » peu avant des publications. 

    Parlons de l’arme, de la dissuasion, des appels à la guerre, de la position de l’Iran dans la région … 

    Confrontés à une avalanche d’approximations dans le seul but d’incriminer l’Iran, en lui prêtant des intentions en tout état de cause irréalisables, il est indispensable de rappeler un certain nombre de contraintes et de règles qui accompagnent la détention de l’arme nucléaire. 

    iran aiea 1.jpg

    ... et second "rapport".

  • Un sujet, deux médias, deux lecteurs…. et deux réactions/conclusions fort opposées…..

            Ces derniers jours, on a parlé de la Reine d'Angleterre, plus particulièrement, et de la Monarchie, plus généralement, dans deux médias fort différents : sur Arte et sur La Croix.

          Deux lecteurs habituels, amis de notre Blog, ont écouté et lu ces documents, et nous ont envoyé chacun son commentaire.....

          DC a été dégoûté du document diffusé sur Arte, alors que MP - qui nous fait parvenir le texte de La Croix que nosu reproduisons ci-après - nous dit simplement que cet article montre que les esprits peuvent évoluer.....

    1. de DC sur Arte :

    "....Pour information, avez-vous regardé le document diffusé sur Arte ce mardi 31 janvier "ballade pour une reine" ?
    Une horreur.
    Voici le commentaire que j'ai formulé sur le site internet des téléspectateurs d'Arte, j'invite ceux qui y adhèrent à faire de même.

    LES 60 ANS DE REGNE D'ELISABETH II MERITENT MIEUX QUE LE TORCHON ANTIMONARCHISTE ET CULTURELLEMENT NUL QUE VOUS AVEZ CRU BON DE PRESENTER SUR ARTE.

    CE REPORTAGE DE CANIVEAU N'EST PAS A LA HAUTEUR D'UNE CHAINE TELLE ARTE QUI EST CENSEE APPORTER UN REGARD CULTUREL SUR UN THEME (CELUI DE LA MONARCHIE PARLEMENTAIRE EN L'OCCURENCE  ET DU ROLE DE LA REINE) ET NON UN VOMI DE CARICATURE SUR UNE INSTITUTION QUE LA MAJORITE DES BRITANNIQUES SOUTIENNE N'EN DEPLAISE AUX "EMINENTES PERSONNALITES" FREQUENTEES PAR LE REALISATEUR DE CETTE MONSTRUEUSE BALLADE.

     

    2. de MP, l'article "royal" de La Croix :

     

    La royauté, un système politique d’avenir

    Devenue reine d’Angleterre le 6 février 1952, Élisabeth II célèbre son jubilé de diamant.

    Fils cadet du roi Georges V, le duc d'York, père d'Elisabeth II, n'aurait jamais dû régner. Il monte finalement sur le trône, après l'abdication de son frère Edouard VIII, en 1936. La princesse Elisabeth est désormais princesse héritière. 

    Les sept monarchies d’Europe restent populaires, car elles ont su se moderniser.

    Les personnalités royales incarnent la nation et sacralisent les moments forts vécus par leur pays. 

    « Le monde entier est en révolte. Bientôt il ne restera plus que cinq rois – le roi d’Angleterre, et puis ceux de Pique, de Trèfle, de Cœur et de Carreau » , déclarait, en 1948, le roi Farouk d’Égypte. S’il voyait juste pour lui-même, contraint peu après à l’exil, et pour sa région qui a chassé ses monarques, l’Europe, pour sa part, a conservé ses monarchies – Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Suède, Norvège –, auxquelles s’est ajouté en 1975 le royaume d’Espagne, et ses principautés – Luxembourg, Liechtenstein, Monaco, Andorre.

    Alors qu’Élisabeth II, 85 ans, célèbre cette année les soixante ans de son règne – elle est devenue reine d’Angleterre le 6 février 1952 et a été couronnée le 2 juin 1953 – rois et reines d’Europe sont solidement installés sur leurs trônes. Les sondages affirment que tous – même en Belgique, où le roi est impopulaire en Flandre – conserveraient leurs trônes en cas de référendums.

    Plus de 220 millions de personnes dans le monde (en comptant les 15 pays du Commonwealth où la reine d’Angleterre est souveraine) sont les « sujets » de rois européens. Ils tolèrent, et très souvent apprécient, un système politique anachronique, où le chef de l’État doit sa position à sa naissance. Une adhésion qui vient sans doute d’abord de l’ancienneté de la continuité de systèmes qui ont duré – plus d’un millénaire au Danemark, la plus ancienne monarchie d’Europe, mille ans au Royaume-Uni – et ont façonné leur pays.

    La reine, « une respectable vieille grand-mère »

    « Si on voulait se passer de la reine, il faudrait changer tout le système politique », souligne Peter Conradi, journaliste au Sunday Times  et coauteur du livre Le Discours d’un roi  (1). Gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, chef des armées, responsable de la nomination du premier ministre, la souveraine joue un rôle politique important, et reçoit chaque semaine le chef du gouvernement. « Il n’y a que deux personnes dans le monde à qui on peut dire sincèrement ce qu’on pense de ses collègues : sa femme et la reine »,  disait Tony Blair.

    Figure de proue de la diplomatie, la reine d’Angleterre, plus que ses homologues européens, incarne des événements historiques majeurs, comme le rapprochement avec une Irlande pacifiée qu’elle a scellé symboliquement lors d’une visite à Dublin en 2011. Elle reste au-dessus des partis. « Un président nous diviserait , estime Rodney Barker, professeur à la London School of Economics. Mieux vaut une respectable vieille grand-mère. Les vertus de la reine peuvent sembler ordinaires, elle n’est pas charismatique, mais elle est perçue comme une personne honnête et consciencieuse, travaillant dur, qui a le sens de ses devoirs » , ajoute le politologue.

    Stabiliser un pays, le faire exister sur la scène internationale et faire respecter son indépendance, c’est ce qu’un roi est le mieux à même de faire. Tel était l’avis des Norvégiens lors de l’instauration du royaume européen le plus récent, en 1905. Il s’agissait pour le pays de s’émanciper de la Suède, d’être reconnu au niveau international et de survivre plus longtemps en tant que nation indépendante. La monarchie a réussi ce pari et est sortie renforcée de la Seconde Guerre mondiale, le roi Haakon ayant refusé de capituler face à l’Allemagne et pris la tête de la résistance. À l’inverse, les faiblesses pronazies de certains monarques les ont conduits soit à l’abdication (en Belgique), soit à une limitation presque totale de leur rôle politique (en Suède).

    Modernité

    Le roi d’Espagne a joué le même rôle de stabilisation politique et de garant de la jeune démocratie née après le franquisme, quand il s’est opposé en février 1981 à un coup d’État militaire. Juan Carlos, image du monarque moderne, soucieux de sa popularité, a toujours su s’adapter. Ainsi, quand a éclaté en décembre dernier le scandale de corruption impliquant son gendre, Inaki Urdangarin, il a publié les comptes de la maison royale : un budget de 8,43 millions d’euros accordé par le Parlement, en recul de 5 % en 2011, année de crise pour le pays. Une somme inférieure au salaire d’un footballeur vedette et « modeste » par rapport aux 46 millions d’euros alloués en 2010 à la famille royale britannique, « ce qui représente 62 livres (74 €) par contribuable » , a calculé Peter Conradi.

    « Derrière les spectacles à la Cendrillon, les défilés, les carrosses, les institutions royales européennes sont des organisations modernes »,  ajoute-t-il. Albert II, roi des Belges, vient de décider, en pleine austérité, de ne pas utiliser cette année l’augmentation de 3 % de sa dotation (11 millions d’euros en 2011), alignée sur l’inflation par la Constitution. « Les personnalités royales sont une personnification du caractère national,  souligne Peter Conradi. Si elles se comportent correctement, elles incarnent leur pays. » 

    Tous les souverains européens s’y appliquent, sans pouvoir toujours empêcher les scandales. « Ce qui est le plus défavorable aux royautés, c’est d’avoir des membres de la famille royale se conduisant mal, abusant à l’excès des privilèges dont ils disposent sans rien faire,  analyse Rodney Barker. La famille royale britannique a évité les erreurs de conduite depuis des années. Elle n’est pas perçue comme abusant de sa position, ou ne remplissant pas ses obligations. »  

    Normalité

    Son atout majeur, outre la reine, est son petit-fils, le prince héritier William, « un jeune homme sérieux, travailleur, décent » . Incarnant les valeurs du devoir, le fils du prince Charles et de Lady Diana, pilote de la RAF, va être déployé en février avec son unité aux îles Falkland (Malouines), trente ans après la guerre qui a opposé le Royaume-Uni à l’Argentine.

    Son mariage, le 29 avril 2011, avec Kate Middleton, qui a fait monter sa popularité à 76 % d’opinions favorables, a été l’occasion de vérifier que les familles royales sacralisent les émotions d’un pays. William, tout en étant un Windsor, pourrait être moins distant que la reine ou le prince Charles et « adopter un style proche de ses sujets, hérité de sa mère : on se souvient de Diana serrant dans ses bras des malades du sida » , rappelle Rodney Barker.

    Un style à la scandinave où les monarques, proches des citoyens, partagent leurs émotions. On se souvient de la famille royale norvégienne, visiblement éprouvée par la tuerie d’Oslo de l’été dernier (77 morts), visitant des rescapés, et pleurant dans la cathédrale d’Oslo lors de la cérémonie d’hommage. En montrant leur humanité, ces représentants d’une institution contribuent aux valeurs communes de leur pays. Ainsi, selon Peter Conradi, « Le film  Le Discours d’un roi a été un succès populaire, car c’est avant tout l’histoire d’un homme qui lutte contre l’adversité – et, par ailleurs, il est roi – pour remplir correctement ses fonctions. Tous les Anglais de plus de 50 ans connaissaient cette histoire, mais pas les jeunes,  ajoute-t-il. Son effet a simplement été de montrer que le roi était un être humain. »  

  • En hommage à Pierre Schoendoerffer...

            Tout d'abord, cette page dans Le Monde d'aujourd'hui (avec vidéos et photos) :

    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2012/03/14/pierre-schoendoerffer-un-survivant-de-l-histoire_1667727_3476.

            L'écrivain et cinéaste Pierre Schoendoerffer est mort mercredi 14 mars à l'âge de 83 ans, à l'hôpital militaire Percy, de Clamart. Politique magazine l'avait rencontré l'année dernière et en avait dressé le portrait (Politique magazine n°93-février 2011) à une époque ou il semblait un peu oublié par les medias. Membre de l'Académie des Beaux-Arts, il était le cinéaste de nos soldats les plus oubliés et parfois même perdus. Appréciée du public, son oeuvre dérangeait,  ce qui est toujours la marque d'un art accompli. 

    Pierre Schoendoerffer, le dernier passeur de héros 

    par Benoît Gousseau  

    LE REGARD au contour gris du plus humble de nos grands cinéastes, était fait pour se poser sur les horizons marins. Il est resté fixé sur les contreforts de la cuvette de Dien-Bien-Phu.  Des lèvres minces ouvrent un sourire tendrement nostalgique sur d'anciennes souffrances partagées avec des camarades de combat et de captivité. Le masque ne s'est figé dans aucune haine ou ressentiment, mais exprime au contraire la plus grande bienveillance pour ce qu'il y a de meilleur dans les êtres. La silhouette a conservé, des années plus tard, l'ascétique élégance du coureur d'aventure au plus près de la guerre et dont l'oeil a su voir, à travers un objectif, la réalité concrète qui faisait d'hommes ordinaires des héros. Pierre Schoendoerffer nous reçoit dans son intérieur parisien, sobre et clair, à deux pas du Musée de la marine, proximité qui n'est pas anodine à bien entendre ses premiers propos : « Je voulais être marin ». Le jeune exilé d'Alsace en Haute Savoie pendant l'Occupation, avant même de l'avoir vue, a reçu l'appel de la mer en lisant Fortune carrée de Joseph Kessel. Roman d'un journaliste exaltant le reportage autant que l'aventure maritime, il se peut que même inconsciemment, il éveilla dans l'imagination de l'adolescent autant la soif de voyager pour raconter que de naviguer pour « aller ailleurs ». Pourtant, nous confie notre hôte : « Rien ne me destinait à écrire. Je voulais faire le métier de marin, mais mes médiocres résultats scolaires m'écartaient naturellement de la voie royale de la Marine nationale et finalement aussi de la Marine marchande. En 1947, je cherchais donc un embarquement sur n'importe quel navire et je fus pris sur un caboteur de haute mer suédois comme matelot léger. »

    L'INDOCHINE, TERRE DES FRATERNITÉS MILITAIRES

    Pendant 18 mois, le jeune Schoendoerffer parcourt la Baltique et la Mer du Nord. Une nuit de quart à la barre du S.S. Anita Hans, se récitant les pages de Fortune carrée qui l'habitent toujours, il réfléchit à son destin. Il sait déjà que le métier de marin ne répond pas pleinement à sa vocation. L'envie de raconter des histoires refait surface, et, puisque ses courtes études semblent ne pas le promettre à un avenir d'écrivain, pourquoi ne pas les raconter en image ? Le cinéma connaît au lendemain de la guerre un fort engouement populaire et lui-même, sans être un cinéphile, se précipite dans les salles obscures chaque fois qu'il le peut. Avec l'inconscience de la jeunesse et croyant pouvoir profiter d'un temps où tout était neuf dans une France en train de se reconstruire, le matelot à peine débarqué s'en va frapper aux portes du cinématographe avec des idées de scénario qui seront toutes refusées.  Il découvre un métier finalement assez organisé : «Le cinéma c'est le château de Kafka. Pour y entrer, il faut être déjà dedans». Il s'inscrit donc à des cours du soir proposés par l'École de la rue de Vaugirard qui forme des techniciens pour le cinéma. Puis un jour, le destin vient frapper à sa porte : un article de Serge Bromberger dans Le Figaro relate la mort de Georges Kowal, cameraman de guerre, tué en Indochine. L'apprenti opérateur se présente au Service cinématographiques des armées en se disant que le disparu doit être remplacé. Il convainc. Après une courte formation, il signe un engagement de quatre ans et s'envole pour Saigon.

    C'est en Indochine que Pierre Schoendoerffer découvre la fraternité militaire dont presque toute l'oeuvre future tentera de dévoiler au public les ressorts complexes et l'héroïque beauté, lorsqu'elle est confrontée à la cruelle réalité politique, en des temps où la guerre, parfois gagnée sur le terrain, est toujours perdue sous les ors de la République. Ses premiers reportages le conduisent au coeur de l'action. La Bell et Howell est son arme. Le magasin de cette caméra 35mm dite légère ne lui laisse que vingt secondes de plan avant de recharger. Cela impose des choix radicaux, des réflexes précis, un taux d'adrénaline égal à celui du combattant. En 1952, il fournit ainsi sa première correspondance, un court-métrage de 9 minutes. Toute l'année 1953 le verra se déplacer sur divers théâtres d'opération dont le camp de Dien-Bien- Phu. Il devient «Schoen», se fait apprécier, rencontre les chefs militaires, baroude avec toutes les troupes, se fait des amis. En 1954, la situation empire autour de Dien-Bien-Phu. Par télégramme, son ami le sergent-chef Jean Péraud, photographe du service, lui demande de le rejoindre dans le camp encerclé pour y tourner des images. Il saute donc sur Dien-Bien-Phu avec le 5e BPVN (5e Bataillon de parachutistes vietnamiens) et fête là son vingt-sixième anniversaire. Puis ce sera l'ultime bataille et la capitulation. Images restées à jamais dans la mémoire du jeune cinéaste qui en tirera, en 1992, un film poignant tant par la rigueur de son langage que par sa vision poétique d'une civilisation en train de mourir. Vision si pudique de ces événements tragiques, qu'elle fait l'impasse, du moins par les images, car les chiffres sont rappelés en codicille, sur les épreuves qui suivront la capture. Schoendoerffer les vit avec ses camarades, y perd son ami Péraud disparu lors d'une tentative d'évasion avec lui, et n'est rendu à la liberté que quatre mois plus tard parmi les 40% de rescapés de ces camps de la mort dispersés dans une jungle inextricable. De retour à Saigon, la vie reprend.

    Il n'envisage pas encore le retour en France et travaille donc comme reporter photographe au Sud-Vietnam, Laos et Cambodge pour Paris-Match, Paris Presse et diverses publications étrangères. 

    STYLE, ESTHÉTIQUE, TRANSCENDANCE

    En 1955, avec quelques économies, Schoendoerffer se décide à quitter l'Indochine, mais le retour en France se fera par le chemin des écoliers. Et c'est à Hong Kong que s'opère une rencontre décisive, celle de Joseph Kessel. L'écrivain qu'il adule y est en reportage et manifeste le plus grand intérêt pour ce jeune photographe de guerre qui a connu la captivité vietminh et sollicite une entrevue. Ils se voient. Schoendoerffer est sur un nuage. Ils promettent de se revoir à Paris. En attendant, le voyage continue avec un petit crochet par Hollywood où le futur cinéaste participe en quasi travailleur clandestin au tournage d'un film. Il ne peut s'attarder. Il rentre enfin en France. À Paris, les rescapés du corps expéditionnaire d'Indochine ne sont pas les bienvenus. Pathé cherche un caméraman pour filmer les événements du Maroc, cela tombe bien. Mais l'idée de réaliser un film à lui trotte toujours dans sa tête et il se décide à appeler Kessel qui l'attend. Ils construisent immédiatement le projet d'un film en Afghanistan sur un scénario du maître, et c'est l'expédition de La Passe du Diable avec Jacques Dupont et Raoul Coutard. Une étape est franchie. Schoendoerffer est enfin admis dans le cercle si longtemps refusé du cinéma. Il réalise alors coup sur coup Ramuntcho et Pêcheurs d'Islande, d'après Pierre Loti. Pour autant, sa vraie carrière cinématographique ne commencera vraiment qu'avec La 317e section, en 1965, sujet que personne ne voulait et qui fut à défaut publié comme roman à La Table Ronde par Roland Laudenbach. La thématique Schoendoerffer, son style, son esthétique, sa transcendance de la violence dans une exaltation de l'honneur, de la fidélité et de la fraternité y figurent dans un langage où les images ne connaissent aucun bavardage. L'œuvre est plantée. Tous les films qui suivront seront autant de jalons sur cette voie unique dans le cinéma français : celle où se fraie la voix d'un passeur de mémoire.

  • La très remarquable évolution d'Edgar Morin (en deux vidéos)...

            Coup sur coup, le 27 janvier et le 4 février, nous avons pu relever la très intéressante évolution d'Edgar Morin : au micro de France inter, d'abord, le 27 janvier dernier (où il n'a pas hésité à citer Maurras...); puis, sur Public Sénat/Bibliothèque Médicis, cette fois, où il passe avec Henri Guaino et Marcel Gauchet, interrogé par Jean-Pierre Elkabach, le 4 février.

            Sur France inter, le 27 janvier, Edgar Morin déplore qu'il n'y ait plus, dans nos sociétés, de pensée politique d'envergure, comme il y en eut aux XIXème et XXème siècles. Et il cite celles qui comptent : la pensée de Marx, pour la Révolution, celle de Tocqueville pour le courant libéral, celle de Maurras, pour la pensée réactionnaire. Ce dernier terme n'a, d'ailleurs, dans ce cadre, aucune connotation péjorative. Simplement, pour Edgar Morin, l'absence de toute pensée politique contribue à cette "réduction du Politique à l'Economique" qui est, pour lui, comme pour nous, l'un des vices profonds de la modernité. En somme, Edgar Morin appelle de ses vœux, tout simplement, la renaissance de la pensée politique. C'était aussi, on le sait, l'objectif de Pierre Boutang lorsqu'ii écrivait, il y a quelques trente ans, son "Reprendre le Pouvoir".

            Ensuite, sur Public Sénat, Edgar Morin liquide en quelques phrases le concept de révolution, le mythe du progrès, le tout-économique, la mondialisation, en ce qu'elle affaiblit "le local, le régional, le national", la réduction de nos sociétés au quantitatif, au chiffre, au calcul .... Pendant trente ans, aux Baux, lorsque nous y faisions nos rassemblements royalistes, Gustave Thibon ne disait guère autre chose.

            Ce sont des bombes à retardement qu’Edgar Morin, volens nolens, vient de semer sur les terrains divers de la pensée révolutionnaire, de gauche ou de droite. Et si l’on considère l’évolution d’Alain Finkielkraut ou de Régis Debray – comme exemples parmi d’autres – l’on peut en conclure qu’il s’agit là d’un courant venu « des profondeurs ». Aussi que nous ne sommes plus des « parias » ; que nous ne sommes plus seuls à penser comme nous le faisons. Enfin que les intellectuels dits « de droite » n’auront pas eu le premier rôle dans ces « révolutions » salutaires…..

             Voici les deux vidéos (suivie, pour la seconde, qui est plus longue, d'une sorte de mini résumé des passages les plus importants....) :

                 

    Rapide résumé des propos d'Edgar Morin sur Public Sénat :

          1 : il ne veut plus entendre parler du mot de révolution, auquel il préfère, maintenant, celui de métamorphose. Car, explique-t-il, une métamorphose signifie une transformation, une évolution à partir de ce qui est, à partir de ce qui pré-existe, alors que la révolution signifie la table rase, la destruction et l'oubli de ce qui a précédé. De plus, ajoute-t-il (on croirait entendre Soljénitsyne...) ce terme de révolution est maintenant trop connoté, et trop attaché à des images d'horreurs qu'il rejette : on a vu avec le Goulag ce que c'était.....

          2 : la mondialisation, il faut en prendre les bons côtés, mais il faut aussi maintenir et renforcer les échelons de protection que sont l'Etat et la Nation, le local, le régional, le national; par exemple, retourner au commerce de proximité, à l'artisanat local, aux cultures vivrières...

          3 : la politique s'est mise à la remorque de l'économie, l'oeil fixé sur la croissance; de toutes les  crises que nous connaissons, la crise de la pensée politique est la plus grave de toutes; on appelle des experts de tout et pour tout mais plus personne ne voit les problèmes fondamentaux et globaux, la complexité (complexus = ce qui est tissé ensemble...); il faut en finir avec cette vision fausse et absurde d'un progrès linéaire indéfini, d'une évolution constante vers le bien......

    Voici le scripte de quelques uns de ses propos illustrant ces trois points de vue (il s'agit évidemment de langage parlé...) :

    1 : "...Le mot révolution, il a subi deux souillures, la première c'est qu'il a été identifié à la table rase du système soviétique, du passé on fait table rase, alors que on ne peut penser l'histoire que dans des ruptures mais aussi une continuité que nous avons besoin de conserver, pas seulement la nature, on s'en rend compte aujourd'hui avec les problèmes écologiques, mais disons les trésors de notre culture qui nous permettent de nous ressembler. Et puis, c'est d'identifier la révolution à la violence sanglante, ce qui en général a créé une chaîne ininterrompue de violences et puis finalement l'échec, aussi bien de la révolution bolchévique que communiste...

            -Et la Terreur en 1793 - demande Elkabbach - avec la suite militaire ?...

         ...Alors que ce que je crois c'est qu'il y a toujours, bien entendu, une opposition entre réforme et révolution mais que le réformisme est quelque chose qui s'est beaucoup aplati et ... qu'il y a plusieurs voies de réformes concomitantes dans tous les domaines, qui à un moment peuvent converger vers quelque chose que j'appelle la métamorphose. Pourquoi ? Parce que la métamorphose signifie la transformation en même temps que la continuité....

    2 : "...Si vous pensez que la mondialisation est à la fois la pire et la meilleure des choses, la pire parce que tout le processus actuel dont on vient de parler qui est en même temps occidentalisation, une formule techno-économique qu'on applique indifféremment à des réalités tout à fait différentes les unes des autres, il est sûr que tout ce processus conduit à des catastrophes... aggrave les inégalités... Mais c'est la meilleure des choses aussi, car c'est la première fois que l'espace humain se trouve inter-solidaire, et peut rêver d'être quelque chose d'autre.....

          - Autrement dit - dit Elkabbach - il ne faut plus penser "ceci ou cela" mais ceci et cela"

          "...Bien sûr, il faut mondialiser, il faut continuer tout ce qui favorise l'inter-solidarité, la compréhension multiple, enfin tous ces processus... mais dé-mondialiser, c'est-à-dire redonner au local, au régional, au national une vitalité qu'il a perdue. Cela veut dire aussi bien l'alimentation de proximité, l'artisanat, l'agriculture fermière etc... et la démocratie participative locale. Donc il faut mondialiser et dé-mondialiser..."

    3 :  Henri Guaino dit que le G20 est, au moins symboliquement, l'affirmation que le politique est au-dessus de l'économique..

          "...Il y a eu la réduction du politique à l'économique; il ne faut plus penser au meilleur des mondes, mais simplement à un monde meilleur. C'était une folie que de penser qu'un monde parfait était possible. Et, en même temps, c'est un acquis d'avoir renoncé au mythe que le progrès était une loi de l'Histoire irréversible qui nous conduirait... La réduction à l'économie a été une réduction au quantitatif, au chiffre, au calcul...."

    4 : Annexe, les propos de Guaino sur la demande d'Etat par les peuples :

        "...Je trouve Marcel Gauchet très optimiste quand il dit "je n'imagine pas que les sociétés puissent se replier sur elles-mêmes"; eh bien, moi, je l'imagine très bien ! De deux choses l'une : ou nous donnerons aux peuples, aux citoyens le sentiment qu'ils sont raisonnablement protégés, qu'ils sont raisonnablement libérés du déterminisme qui menace toujours de les asservir, ou bien ils se replieront sur eux-mêmes... La crise actuelle est d'abord une crise de l'individu qui se sent seul au monde, qui se sent abandonné à des forces qu'il ne maîtrise pas... et donc, soit il trouve la solidarité et le partage dans la nation, soit il trouvera la solidarité et le partage dans le clan, dans la Tribu, dans des solidarités étroites, dans des enfermements très forts et probablement très hostiles. Si nous voulons avoir demain des sociétés politiques ouvertes, des Nations ouvertes, travaillant les une avec les autres, encore faut-il que nous soyons capables d'inventer des règles, de reconquérir le politique tous ensemble, au niveau de l'humanité..."

  • Les Messes pour Louis XVI ne doivent pas être de pure commémoration - Premières annonces

          Les Messes pour Louis XVI, dites partout en France, et même à l'étranger, depuis son exécution, ne doivent pas être de pure commémoration. Elles doivent aussi, elles doivent surtout, pour aujourd'hui, nourrir le processus de dérévolution dont la France a besoin pour renouer avec son Histoire, se replacer dans le droit fil de sa trajectoire historique et, s'il se peut, reprendre, un jour, sa marche en avant.

          Pendant bien des années, en effet, tous les 21 janvier, les Messes pour Louis XVI étaient, essentiellement, commémoratives.

          Les dernières de cette longue série, que l’Action française était presque seule à maintenir, ne réunissaient plus, du moins en province, malgré une fidélité admirable des participants, que peu de monde; elles étaient plutôt tristes; souvent, le célébrant ne disait pas un mot du roi Louis XVI; ces Messes avaient un air de naufrage du grand souvenir qui les motivait.

          Les choses ont bien changé depuis déjà quelques années.

          Il nous semble qu'elles ont basculé, pour un certain nombre de raisons assez identifiables, autour des années 1987, 1989 et 1993 ...

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          1987, c'était le millénaire capétien où le comte de Paris eût l'heureuse initiative de titrer, avec solennité, ses petits-fils Jean et Eudes, ducs de Vendôme et d'Angoulême ; de désigner le prince Jean comme devant reprendre le flambeau de la Famille de France, de la tradition royale. Par là, il semble qu'il rouvrait à l'espérance monarchique un horizon nouveau ...

          1989, ce fut l'échec patent des commémorations de la Révolution.

          1993, deuxième centenaire de l'exécution de Louis XVI, ce fut, grâce à l'action de quelques uns (Jean Raspail, Marcel Jullian, Jean-Marc Varaut ...) l'occasion d'un procès en règle de la Révolution, de ses horreurs, de l’exécution du Roi et de la Reine, du martyre de Louis XVII, de la Terreur, du génocide vendéen ...  

          Quelques uns encore (Jean-Marc Varaut, Alain Besançon, Jean-François Mattéi) ont développé l’idée que cette révolution était la matrice des horreurs révolutionnaires et totalitaires qui ont marqué tout le XXème siècle. Ainsi, le rejet de la Révolution commençait à s’inscrire dans notre modernité. Et aboutissait, de facto, à la remettre en cause.

          Au cours des années qui ont suivi, la redécouverte progressive de notre histoire monarchique par un certain nombre d’intellectuels, mais aussi dans la presse, les médias, et, finalement, une frange non négligeable de l’opinion française, s’est faite, de plus en plus, de façon non plus négative, mais positive.

          De fait, notre hypothèse étant qu’un certain basculement de ce que Barrès nommait « les puissances du sentiment » s’est produit, en France, à partir de 1987 jusqu’à aujourd’hui, l’on ne peut plus parler ni de la Révolution ni de notre passé monarchique, après, comme on en parlait avant…  

          Ce n’est sûrement pas une coïncidence, si, simultanément, dans toute la France, les Messes du 21 janvier ont pris, de façon a priori surprenante, un nouveau visage. Les assistances sont devenues nombreuses, ferventes, priantes ; les prêtres sont devenus sensibles à l’exemplarité du Roi et de la Reine, au sort indigne infligé à Louis XVII, aux conséquences sociales, politiques et, même, religieuses de la Révolution. Ces Messes ont cessé d’être des Messes d’enterrement. Elles ont retrouvé un sens. La liturgie y est, souvent, redevenue très belle et la présence des Princes, à Paris, comme en Province, donne à ce qu’elles commémorent une incarnation qui pourrait être utile au temps présent.

          C’est ainsi que les Messes pour Louis XVI contribuent symboliquement et performativement à ce que nous appelons le processus de dérévolution. Processus dont la France a besoin pour rompre le cycle schizophrène qui, depuis deux siècles, l’a coupée d’elle-même.

          Nous avons la chance historique – pour la première fois depuis fort longtemps – que les Princes de la Maison de France, y soient, à titre éminent, partie prenante.  

          Si nous savons contribuer à activer et amplifier ce processus, tout simplement, nous serons utiles, non à notre propre plaisir, mais à notre Pays.

          Nous publierons ici la liste de toutes celles dont nous aurons connaissance....

     

    Samedi 22 janvier :

    -   Louailles : Messe en l’église de Louailles, à 11 heures .

        (Sarthe, 8,5 km de Sablé sur Sarthe sur la route La Flèche-Tours). Suivie à 12 h 30 d’un déjeuner-débat à la salle des fêtes de Vion (3,5 km de Louailles). Bruno de Chergé, neveu de Christian de Chergé, prieur de Tibhirine, prononcera une conférence-débat sur Les moines de Tibhirine, martyrs de l'espérance. Participation aux frais : 16 € par personne (ecclésiastiques, étudiants, chômeurs : 8 €). Renseignements et inscrip-tions : F.R.M, BP 5, Ballée. Tél/Fax : 02 43 98 43 44.

    -   Amiens : Rectificatif : la Messe initialement prévue à 17h aura lieu à 17h30, à la Chapelle 191,195 rue Léon Dupontreué. A l’issue de la messe aura lieu un diner amical à partir de 19 heures. 

    -   Dijon : Basilique Saint Bernard de Fontaines-lès-Dijon, à 11 heures.

    -   Nîmes : Eglise Sainte Pepétue, à 11h.

    -   Colmar : En l'église d'Ammerschwihr (8km de Colmar), à 16 heures. 

    -   Strasbourg : Cathédrale Notre-Dame, à 16h30.

    -   Thiberville (Eure) : à 17 heures.  

     

    Dimanche 23 janvier :

    - Belloy en France : Messe à 11h en l'église de Belloy

    - Nantes :  12 h 15 : dépôt de gerbe au pied de la statue de Louis XVI.

                      13 h : Déjeuner à La Taverne du Château,  1, place de la Duchesse Anne 44000 Nantes.

                      15 h : Conférence d’Augustin Debacker sur le Royalisme aujourd’hui

                      Il est demandé de communiquer votre participation à cette journée en appelant le 06 81 35 53 69 avant le 13 janvier.  Prix du repas à la Taverne du Château 22 euros.

    - Bayonne : Chapelle Saint François des Capucins, Avenue de la Légion Tchèque, à 10h30.

    - Nancy : Eglise Saint-Pierre, Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, à 9h25.

                     La Messe est suivie de la Fête des Rois de l'USRL et de La Lorraine royaliste, "Chez Maître Marcel", au coin des rues Raymond Poincaré et de l'Armée Patton; allocution de Jean-Marie Cuny, Paul Luporsi et Philippe Schneider - renseignements : 06 19 19 10 69.

    - Nice : Chapelle  de la Confrérie  de la Très Sainte Trinité. 1, rue du Saint Suaire, à 10 heures

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    Colonne et statue de Louis XVI, Nantes 

    Construite en 1790, haute de 28 mètres et surmontée d'une statue du souverain. Elle date de 1823 et est une œuvre du sculpteur Dominique Molknecht. La place LOUIS XVI est une des places les plus connues de Nantes et son ensemble architectural conçu au XVIIIe siècle est situé entre les cours Saint-Pierre et Saint André.

  • ”Les Grecs, l'Europe et l'Islam” : Sylvain Gouguenheim répond à Jean Sévillia.

                Sous le titre Les Grecs, l'Europe et l'Islam, Jean Sevillia nous offre un très intéressant entretien avec Sylvain Gouguenheim, dans Le Figaro Magazinedu 12 septembre.

                On y trouve, entre autre, une nouvelle dénonciation de la supercherie des Tartuffe qui cherchent à imposer le soi-disant anti-racisme (l'arnaque du siècle...), et sa variante, l'islamophobie, tout aussi hypocrite : à la question "Que vaut l'accusation d'islamophobie ?",Gouguenheim répond "Le terme n'est pas scientifique. Il a été forgé pour discréditer celui à qui on colle cette étiquette: l'islamophobe, saisi d'une peur irrationnelle devant tout ce qui est musulman, n'aurait pas toute sa raison, et serait habité par des arrières-pensées racistes. Comme si l'Islam était une race, et non une religion... Dès lors que l'accusation est lancée, il n'y a plus de débat possible. L'expression est donc une arme d'intimidation massive....".

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                La sortie de cet entretien est peut-être l'occasion de re-présenter une partie de la note consacrée au 1300ème anniversaire du Mont, dans laquelle, après avoir évoqué le monument lui-même, nous proposions une sorte de résumé de ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Gouguenheim: voici donc la deuxième partie de la note Tout ce qui est Racines est bon : Le Mont Saint Michel fête ses 1.300 ans….. (dans la Catégorie Racines).       

                Le point de départ de la polémique est cette question: Quelle est la part de l'apport musulman dans la constitution de la Culture européenne au Haut Moyen-Âge ?

               En mars 2008, Sylvain Gouguenheim, professeur d'histoire médiévale à l'ENSde Lyon, publie Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe. Sa thèse: "L'héllénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des européens eux-mêmes, elle ne doit rien au monde arabo-islamique".

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    Le scriptorium du Mont

    1)         Gouguenheim ouvre son livre sur les thèses qu'il entend contredire: celle des "Âges sombres",concept hérité de Pétrarque et repris au XIXème par l'historiographie anglo-saxonne pour désigner la période comprise entre la chute de l'Empire romain  et l'arrivée en Angleterre de Guillaume le Conquérant, faisant du Haut Moyen-Âge un temps d'obscurantisme et de déclin culturel; celle d'un "Islam des lumières"venant réveiller (culturellement et scientifiquement) les Européens grâce à la transmission d'un savoir grec depuis longtemps oublié, et contribuant à donner à l'Europe des "racines musulmanes". Des thèses qui, selon l'auteur, relèvent "plus du parti idéologique que de l'analyse scientifique",et sont essentiellement celles d'Alain de Libera, présentées dans un ouvrage de référence en 1991, Penser au Moyen-Âge.

                 "L'argument de la dette"des Européens à l'égard du monde arabo-musulman serait cimenté par l'énorme travail de traduction des oeuvres grecques opéré par les intellectuels arabes, qui auraient permis leur diffusion en Europe. C'est "l'intermédiaire arabe"qui expliquerait donc la redynamisation de l'Europe consécutive à la redécouverte du savoir grec. La matrice islamique aurait littéralement donné naissance à la civilisation européenne qui s'épanouit à partir du XIIème siècle. Bien plus, il y aurait "prééminence du monde musulman sur la chrétienté médiévale".....

                  Mais  Gouguenheim fait remarquer que l’on confond souvent arabité et islamisme, attribuant tout le mérite de l’hellénisation du monde européen à l’Islam, alors que "les arabes chrétiens et les chrétiens arabisés" constituaient près de la moitié des habitants des pays d’Islam vers l’an mille. Quant aux savants musulmans du monde abbasside, ils ne s’aventuraient jamais dans l’univers des sciences, se contentant de prospections dans celui de la religion. L’historien récuse le poncif d’une Europe inculte et barbare, tortionnaire d’un monde arabo-musulman exempt de tout reproche....


    2)        Vient ensuite l’exposé de sa thèse : celle des "racines grecques de l’Europe", ou comment "le monde occidental chrétien du Moyen Âge fit de son mieux pour retrouver le savoir grec", tout seul.

              L’ouvrage s’organise ensuite en cinq grandes parties, chacune constituant un pan particulier de la démonstration. Non seulement l’Occident ne perdit vraiment jamais de vue la culture grecque (chap. I), mais la diffusion du savoir grec, de toute façon, a surtout été le fait de Byzance et des chrétiens d’Orient (chap. II). Même en plein Occident, plus particulièrement au Mont-Saint-Michel (ci dessus et ci dessous, le scriptorium), des moines ont joué le rôle de pionniers dans les processus de traduction des textes d’Aristote (chap. III) et de récupération de l’héritage grec avec lequel, de toute façon, l’Islam a toujours entretenu des rapports difficiles, lui qui ne connut qu’une "hellénisation limitée"(chap. IV). Enfin, Gouguenheim évoque les "problèmes de civilisation"permettant de comprendre pourquoi les échanges culturels Islam/Chrétienté furent minimes (chap. V)…

     
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               Le premier chapitre évoque des pans méconnus de l’histoire culturelle occidentale des VIIe-XIIe siècles. Sylvain Gouguenheim décrit les élites intellectuelles carolingiennes avides de savoir grec et soucieuses d’étudier ses dépositaires. De Pépin le Bref, réclamant autour de 760 des livres en grec au pape, à Charles le Chauve, dont les Monumenta Germaniae Historica dirent, en 876, que "méprisant toute l’habitude des rois Francs, il estimait que la gloire des Grecs était la meilleure", on constate qu’effectivement, comme le dit l’auteur, "la brèche [était] ouverte".
     
                Et c’est dans cette brèche que vinrent s’engouffrer, à partir du IXe siècle, les multiples "renaissances" intellectuelles prouvant, s’il en était besoin, que la science antique ne déserta jamais totalement les terres occidentales.

                Le monde byzantin manifesta le même engouement dès le VIIIe siècle, et Gouguenheim nous rappelle, que déjà un siècle auparavant un mouvement de traduction du grec en syriaque – langue sémitique issue de l’araméen –, puis du syriaque en arabe, avait été lancé par les chrétiens d’Orient.
               Le chapitre III  est consacré aux travaux de traduction menés au Mont-Saint-Michel, dans lesquels s’illustra le "chaînon  manquant",Jacques de Venise, clerc vénitien qui y aurait, avant tout le monde, traduit les œuvres d’Aristote.

    3)        Une fois menée ce plaidoyer en faveur de l’Europe pas si sombredes VIIe-XIIe siècle, l’auteur conclut :
               "En tout état de cause, le processus de progrès culturel et scientifique qui anime l’Europe médiévale des VIIIe-XIIe siècles paraît de nature endogène. … L’Europe aurait suivi un chemin identique même en l’absence de tout lien avec le monde islamique. L’intermédiaire arabe, sans être inexistant, n’eut sans doute pas la portée décisive qu’on lui attribue….. »

  • La première « force » (et la seule ?...) en France et dans le monde…

              A Michel Onfray, qui déclarait récemment avec dédain que tirer sur le christianisme ce serait tirer sur une ambulance, nous répondions que des deux forces en présence, christianisme et marxisme, c’était plutôt à notre très humble avis le marxisme qui était le plus mal en point ; tellement mal en point, d’ailleurs, qu’il était carrément mort...

             Le voyage de Benoit XVI en France ne vient-il pas, bien mieux que nos démonstrations, d’ apporter une preuve supplémentaire qu’en face, le christianisme ne se porte pas aussi mal que Michel Onfray et ses lunettes déformantes voudraient nous le faire croire ? Car ce voyage,  tout le montre,  a tourné au triomphe. Bien plus que les chiffres –déjà intéressants, et qu’il faut prendre en considération- c’est le message transmis et l’accueil réservé à ce message qui font le succès de cette visite.20080912PHOWWW00150.jpg

     

              « Discours d’une densité phénoménale », « un excellent professeur », « autorité morale et intellectuelle »… : on n’en finirait presque pas de recenser dans la presse -écrite ou parlée- les commentaires élogieux émis par des personnes qui n’étaient  pas toutes (et pour certaines même, loin delà…) des personnes acquises au Pape au départ !

              Il est donc bien là le grand, le vrai succès, plus que dans les 50.000 jeunes réunis sur le parvis de Notre-Dame, ou les 260.000 participants à la messe des Invalides, ou les presque 200.000 de Lourdes. Il est dans le fait que, soit qu’il ait assisté physiquement aux déplacements du Pape soit qu’il l’ait suivi à la radio, à la télé ou dans les journaux (1) , le public a massivement accompagné le Souverain pontife ; a manifesté un intérêt qui non seulement ne s’est pas démenti mais est allé crescendo ; l’a écouté avec un intérêt manifeste et soutenu.

              Pourquoi ? Parce qu’il était évident que l’on avait affaire à un guide, à un meneur, à quelqu’un capable de délivrer des paroles de vie. Pater et Magister, l’avons-nous appelé plusieurs fois dans ces colonnes. Le Pape a parlé avec autorité, calmement, posément, fermement. Il n’a rien éludé, rien évité ; il n’a pas choisi la facilité, bien au contraire ; et pourtant, ça a passé ; son message a même enthousiasmé les jeunes, et les moins jeunes : bien qu’il s’agisse d’un message difficile et fort, ou justement parce que il s’agit d’un message difficile et fort ? Et que le public sent bien, que dans la période fort troublée et fort incertaine que nous traversons, ce ne sont pas de paroles creuses, mièvres ou adoucies que nous avons besoin, mais bien de paroles qui nous ramènent à l’essentiel, qui nous indiquent les sommets et nous gardent des précipices (« Fuyez les Idoles !.... »)

              Dans le vide planétaire sidéral laissé par l’effondrement cataclysmique du marxisme et des idées révolutionnaires, qui parle encore au monde comme l’a fait le pape ? Qui propose encore quelque chose, du moins quelque chose  qui tienne la route ? Qui essaie de répondre aux faims et aux soifs des hommes et des femmes de notre temps, dont une bonne part, abusés par les faux prophètes, sont précisemment des victimes des illusions du matérialisme et de l’immense déception qu’il laisse après lui ?.....

              Il y a vingt ans, à la chute du Mur de Berlin, il y avait deux super puissances,  engagées dans une lutte à mort : c’était pendant cette époque, lointaine maintenant, et qui appartient à l’Histoire, que l’on appelait la guerre froide. Et l’on a dit, avec raison, qu’après l’effondrement du bloc de l’Est, seule restait comme super puissance celle des Etats-Unis. Mais n’est-ce pas exactement la même chose – mutatis mutandis- dans le domaine intellectuel et spirituel ? Dans cette lutte titanesque et séculaire entre les deux religions, la chrétienne et la révolutionnaire, il nous a été donné de vivre en direct, en quelque sorte, la désintégration de la religion révolutionnaire ; exactement comme des spectateurs ont pu voir se désintégrer la navette Columbia ou la première fusée Ariane V…..

              C’est fini : la religion révolutionnaire ne parlera plus jamais aux hommes ; du moins pour longtemps, elle ne les fera plus rêver, elle qui les a conduit au pire cauchemar que l’humanité ait jamais connu ! Jacques Julliard l’a exprimé mieux que nous n’aurions su le faire : « … Il n'est pas besoin de relever la tête bien haut pour savoir que l'horizon est bouché, que l'orient rouge est délavé, que le soleil levant s'est drapé de deuil. Or le fait est que jamais les socialistes ne nous ont donné une analyse convaincante de ce qui s'était passé, qui engageait pourtant la vision qu'ils se faisaient de l'avenir..."; "...rien qui nous explique pourquoi l'un des plus beaux rêves de l'humanité s'est transformé en un immense cauchemar...;...s'agit-il d'un vice intrinsèque?...." (2).

             On nous pardonnera, nous l’espérons, de nous citer nous même : « A bien y regarder – écrivions-nous récemment - et nous aurons à y revenir, il n'y a plus guère que le Pape, que l'Eglise Catholique, à tenir tête, héroïquement, au "bazar" qu'est le monde moderne, et à tracer, pour l'humanité toute entière, une autre voie que celles, avilissantes, du matérialisme sanglant des révolutions, ou du libéralisme doux de ce que nous nommons encore, par une singulière inconscience, le "monde occidental".  

              Voilà donc comment s’ouvre ce nouveau siècle. Une grand voix s’est tue, et pour longtemps : celle de la foi révolutionnaire. On comprend bien que, pour nous, c’est tant mieux ! Foi pour foi, Religion pour religion, nous préférons l’originale, celle qui se trouve aux racines de notre Histoire, qui est constitutive et partie intégrante de notre Etre profond, c'est-à-dire le christianisme qui nous est, d’une certaine façon, consubstantiel ; et qui est inséparable de ce que nous sommes, tout simplement, lui que la révolution a voulu extirper de notre sol et de nos consciences.     

     

    (1) : Il faut signaler à ce propos que, pour ce voyage, l’ensemble de la profession journalistique s’est signalé, en faisant bien son travail, souvent même très bien, et parfois même encore d’une façon remarquable. On ne compte plus les très pertinentes interventions d’un très grand nombre de journalistes et d’observateurs : on se plaint souvent –à juste titre, hélas…- d’une certaine médiocrité des médias. Elles viennent de nous montrer qu’il peut leur arriver de savoir faire, avec compétence, leur métier. Il nous a semblé que cela devait être noté….. 

    (2) : Le Nouvel Observateur, numéro 2230 du 2 août 2007. 

     

  • Jean-François Mattei parle de l'Europe...

              Sous le titre Quelle identité pour l'Europe ?, Le Figaro du 1°juillet publie ce très intéressant texte de Jean-François Mattei, que nous reproduisons in extenso vu sa qualité. On pardonnera au site internet du journal la bourde qui a consisté à confondre les deux Mattei, et à illustrer l’article par la photo de l’autre JF Mattei, l’ancien ministre…..

              L’essentiel est, bien sûr, dans le texte. Afin de rendre malgré tout

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    à César ce qui est à César, nous publions la photo de notre excellent ami Jean-François Mattei, qui nous fait régulièrement l’honneur et l’amitié de venir parmi nous. On se souvient, par exemple, qu’il répondit avec brio aux questions fort pertinentes de Fabrice Hadjadj lors d’une conférence-débat portant sur son livre « Le regard vide ». Et que, peu après,  le 21 janvier 2008, toujours à Marseille, il fit une intervention mémorable aux côtés d’Hilaire de Crémiers et du professeur Christian Attias (1). D’autres rencontres avec lui, s'il le veut bien, sont d’ores et déjà envisagées…..

    (1)        Voir la note « Les trois vidéos du 21 Janvier 2008 » dans la catégorie « Audio / Vidéo ».

    Quelle identité pour l'Europe ? 

          Le philosophe Jean-François Mattei explique la crise de l'Europe par sa difficulté à accepter son histoire et son identité.

              «Où en serait le monde sans Spinoza, sans Freud, sans Einstein ?» demandait récemment Nicolas Sarkozy à Jérusalem. Parallèlement à ces trois grandes figures européennes, on pourrait aussi demander : «Où en serait l'Europe sans Descartes, sans Goethe, sans Beethoven ?» Et, pour filer jusqu'au bout les interrogations précédentes, où en serait l'homme sans la philosophie, la science, la technique, la médecine, le droit, la politique, l'économie que le génie de l'Europe a tracés dans ses frontières spirituelles ?

              Le président de la République reconnaissait devant la Knesset la permanence de la promesse qui anime l'«identité juive» depuis son alliance avec Yahvé. On souhaite que les dirigeants européens reconnaissent devant Bruxelles la continuité d'une autre promesse qui anime l'identité européenne depuis son alliance avec la Raison. C'est la promesse d'une culture ouverte sur l'humanité entière. Or il ne va pas de soi que l'Europe présente ce souci de la tradition dont elle a hérité. En exaltant l'Europe des artistes, des philosophes et des écrivains, Mme Albanel a annoncé la création d'un réseau de valorisation du patrimoine européen. On s'en réjouira.

              Mais quelle identité un tel patrimoine offrira-t-il à une Europe oublieuse et parfois honteuse, de son héritage ? Les plus grands esprits du siècle passé, de Paul Valéry à Simone Weil, ont dénoncé l'amnésie d'une civilisation vouée à la guerre et au commerce, mais indifférente à sa culture. Quand Camus écrivait que «le secret de l'Europe, c'est qu'elle n'aime plus la vie», il pressentait qu'elle ne s'aime pas elle-même car son identité lui est aussi révolue que son histoire en dépit des appels réitérés, et univoques, à son devoir de mémoire.

              Si l'Europe est étrangère à son passé parce que ceux qui étaient chargés de le transmettre s'en sont détournés, elle n'est plus une civilisation, soulignait Fernand Braudel mais une étiquette qui n'évoque pour ses habitants qu'une administration bruxelloise ou un Parlement strasbourgeois. Il convient donc d'aller au-delà des mots pour réactiver un patrimoine qui demeure présent dans ces lieux de mémoire que sont les universités, les musées, les bibliothèques, mais aussi les œuvres, les villes et les aires culturelles dont le même Braudel disait qu'elles étaient les «cadres intelligibles» du monde actuel. Ce sont précisément ces cadres qui ont pour but de donner aux Européens, en ces temps de mondialisation, l'intelligence de leur propre destin.

              On s'étonne en haut lieu que les peuples, et pas seulement les Français ou les Irlandais, se montrent méfiants à l'égard de l'Europe. Ces mauvais esprits la mettent en panne, au moment où ses dirigeants parlent d'intégrer de nouveaux pays aux vingt-sept États membres, comme un navire privé de vent réduit sa voilure. L'Europe souffre, certes, de bien des maux, politiques, sociaux ou économiques ; mais elle est surtout en panne d'identité parce qu'elle n'a plus aucun souffle créateur. Que recouvre en effet ce mot usé d'«Europe» si on la dispense de frontières géographiques comme de limites historiques, bref, si on ne sait plus situer sa voix dans le concert des civilisations ? Lorsque François Mitterand remettait à Aix-la-Chapelle le prix Charlemagne à Vaclav Havel, en mai 1991, il assimilait l'idée européenne à une «âme» qui assurait, sur des terres différentes, «notre commune identité». C'est cette âme qui aujourd'hui fait défaut, le déficit d'âme étant ce qui reste de l'Europe quand son identité s'est retirée.

              L'Union européenne, en dépit de son souci de commémoration politique et de son obsession de flagellation morale, tourne le dos à sa culture pour ne s'intéresser qu'à son économie. On comprend que l'Europe hésite à se réclamer de ce qu'elle a engendré ; le traumatisme des guerres et des camps qu'elle a nourris avant d'exporter sa violence à la planète explique cette mauvaise conscience. S'ensuit-il qu'elle doive mettre en cause une identité qui s'exprime plus par sa culture que par son administration, sa technique ou son économie ?

              Doit-on pour cela non seulement refuser les racines chrétiennes, parce que l'Europe, selon les beaux esprits, n'est pas un club chrétien, mais aussi ses racines grecques, car, ont insisté les mêmes, la Grèce était esclavagiste, et bientôt ses racines rationnelles, puisque les Lumières n'ont éclairé qu'un esclavage qui répugne aux Indigènes de la République ? Faut-il enfin abolir tout passé, et donc toute identité à force de le juger à défaut de l'assumer ?

              Contre ce refus qui oscille entre la mauvaise foi et la bonne repentance, Karel Kosik, le philosophe marxiste tchèque, affirmait que «l'Europe, c'est la Grèce antique, le christianisme, les Lumières c'est Diderot, Mozart, Kant». Mais c'était pour déplorer, dans Un troisième Munich ?, que ce monde n'existe plus quand l'Europe postcommuniste se trouve vouée au «rien» ou au «trop-plein de vide». Que pourrait-elle alors promettre à ses habitants ? L'Europe sera promise à elle-même quand elle fera vivre la culture commune qui a forgé son âme. Elle saura alors qui elle est et quels pays peuvent s'en réclamer, car une promesse n'a de sens que si elle tient à elle-même, c'est-à-dire à son identité.

    * Auteur de «Le Regard vide. Essai sur l'épuisement de la culture européenne», Flammarion, 2007. 224 pages, 18 euros.