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L’Iran et l’atome, par Champsaur (I/III)

Comment connait on l’Iran en dehors d’un intense pilonnage médiatique, générant un maelstrom où l’on brasse sans vergogne Maghreb, Machrek, le Nil égyptien, le Liban, le Hezbollah, le terrorisme etc.

Une image de l’Iran s’est construite dans la conscience collective occidentale. Des termes caricaturaux surgissent immanquablement : fanatisme religieux, fascisme religieux, politique terroriste, l’Iran veut détruire Israel … Les plus inspirés en France, ne peuvent pas évoquer les années du shah sans les résumer à la police politique, la Savak. En oubliant au passage qu’une sauvagerie a succédé à une autre. Qui ne se souvient de l’horrible exécution de l’ancien premier ministre Amir Abbas Hoveyda, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Khomeiny, en tant que « malfaisant sur terre », quelque temps après la scandaleuse interview de la délicieuse Mme Okrent. Oveyda, fin lettré, ami de la France et respecté du monde diplomatique international, n’ayant jamais eu que mépris pour la corruption qui entourait le shah.

Et devant cet épais brouillard, on oublie vite que l’on parle de la Perse, de ses racines 10 siècles avant notre ère, d’un pays de 77 millions d’habitants. Les Iraniens eux le savent. 

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En hachuré : les pays qui hébergent des bases aériennes américaines...

Relayant un récurrent cri d’alarme de l’israélien Netanyahu, la presse nous assure que nous sommes à la veille de l’action militaire préventive destinée à mettre fin au programme nucléaire iranien. Et alors que la lecture attentive des journaux, français, américains et britanniques et quelques émissions consacrées au sujet, ne nous ont pas apporté d’informations nouvelles.

Mais ce qui apparait de plus en plus comme une stricte intoxication de propagande, nous incite à revenir vers une lecture des faits les plus incontestables. L’exercice n’est pas vain car la masse de documentation historique fiable, loin des affabulations, est considérable.

Un peu d'histoire... 

 

Contrairement à une idée reçue, le programme nucléaire iranien ne date pas d’hier. Téhéran figure même parmi les nations pionnières. L'Iran et l'atome, est une histoire qui remonte à 1957, pour l’installation d’une filière nucléaire civile, avec l’aide de la France. Et à la même date le shah Mohamed Reza Pahlavi signe avec les Etats-Unis un programme de coopération nucléaire civile.

Dix ans plus tard, le premier réacteur de recherche, d’une puissance de 5 Megawatts, est opérationnel. Mais le chantier sera suspendu après la révolution islamique et pendant la guerre Iran-Irak. Téhéran a annoncé à l’été 2007 que la centrale de Bouchehr entrerait finalement en service quelques mois plus tard à l’automne, grâce à l’aide de Moscou. 

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La centrale nucléaire de Bouchehr, près de Téhéran (Raheb Homavandi / Reuters).

En 1968, l’Iran signe le Traité de Non Prolifération (TNP) et pose les fondations d’une véritable industrie. Un objectif est fixé pour l’an 2000 : mettre en service 23 centrales ... Outre ce volet civil, le shah d’Iran ne cache pas ses ambitions géopolitiques : posséder la bombe.

La France participe. Et Paris conclut en 1975 un accord de coopération autour du cycle de production du minerai. A l’époque, la Cogema (aujourd’hui Areva-Nuclear Cycle) veut fabriquer une importante usine d’enrichissement d’uranium à Pierrelatte (Drôme). A cet effet, elle crée en 1973 un consortium européen, nommé Eurodif, rassemblant, outre la France, la Belgique, l’Espagne, l’Italie et la Suède.

En 1975, l’Iran rachète la part suédoise (10% du capital d’Eurodif) par un montage complexe, qui va se révéler redoutable. Paris et Téhéran créent ensemble la Sofidif (Société franco–iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse) avec des participations respectives de 60% et 40%. La Sofidif acquiert un quart du capital d’Eurodif, ce qui, en droit, revient à donner à l’Iran le contrôle de 10% du capital de la société.

Mieux : une disposition spécifique autorise Téhéran à enlever 10% de la production annuelle d’uranium enrichi. De quoi faire tourner toute son industrie... En échange, le très riche régime du Shah prête un milliard de dollars au consortium pour financer la construction de l’usine, inaugurée en avril 1979 par Raymond Barre. 

Et survient la Révolution islamique. A l’arrivée au pouvoir de l’imam Khomeiny, le nouveau régime dénonce l’accord de fourniture de centrales (technologie américaine Westinghouse, sous licence française de Framatome et allemande de Siemens). En représailles, Paris refuse à Téhéran le droit d’exercer son pouvoir d’actionnaire d’Eurodif, en suspendant les livraisons d’uranium enrichi.

Commence alors une longue guerre secrète, ponctuée d’attentats, d’assassinats et de négociations discrètes sur le contentieux Eurodif’. Ce conflit culmine avec la crise des otages du Liban, dont la libération passera par un compromis sur le dossier Eurodif. Finalement, la France rembourse l’intégralité de la somme prêtée par le Shah, sans oublier les dommages et intérêts, estimés à plus de 600 millions de dollars. L’affaire est provisoirement réglée, fin décembre 1992, par une série de voyages à Téhéran du ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas.

Après une période d’accalmie, grâce à la ligne modérée adoptée par le président Khatami, l’Iran cherche à reprendre le dialogue sur le nucléaire. Aidée en cela par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En 2002, des membres de l'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique) autorisés à inspecter les installations nucléaires en vertu des dispositions du TNP, découvrent des installations plus importantes qu'ils ne le pensaient. Plusieurs indices les amènent à suspecter que le programme nucléaire iranien pourrait avoir une dimension militaire. 

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 "Rapport" de l'AIEA sur le nucléaire iranien...

 En février 2003 après la diffusion de photos satellites américaines des sites nucléaires, l’AIEA lance une vaste mission d’inspection sur le programme iranien. Avec l’objectif de vérifier qu’aucune installationn ne masque un programme clandestin de mise au point d’une arme. Et ainsi le paramètre essentiel, le degré d’enrichissement de l’uranium (concentration minimum de 85 % en isotope 235), ou la fabrication de plutonium. Les processus d’élaboration sont des technologies sophistiquées, dont tous les « composants précurseurs » sont connus de tous les scientifiques atomistes.
Après avoir entamé des négociations avec Moscou, qui proposait de fournir à l’Iran de l’uranium faiblement enrichi et d’assurer ensuite son retraitement en Russie, Téhéran s’est lancée dans les processus d’enrichissement en dehors de tout contrôle extérieur. Ouvrant ainsi la porte à beaucoup de spéculations. Après l’échec de la proposition russe, les Iraniens ont proposé de relancer le dossier Eurodif. Mais sous une autre forme. Le 3 octobre 2006, le directeur adjoint de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Saïdi, proposait de créer un consortium pour la production en Iran d’uranium enrichi ...

Notons aussi que les Iraniens ouvrent leurs installations à beaucoup plus d’inspecteurs dont des Français, que ne le vocifèrent les adversaires du régime. Et les rapports de l’AIEA n’ont jamais été, et ne sont toujours pas concluants, et rappellent trop Colin Powell à la tribune de l’ONU, avec sa petite fiole prouvant qu’ils avaient trouvé des armes de destruction massive en Irak. Rappelons des dates auxquelles Téhéran était censé posséder l’arme : en 1995, puis en 1997, par la suite 2007, 2008, 2012, et maintenant 2015. Le tout au gré des hurlements de Tel Aviv. Un bon résumé se trouve dans un article de Marianne du 24 Octobre 2011, sous la plume d’un incontestable analyste, Pierre Conesa, ancien n° 2 de la Délégation aux Affaires Stratégiques du Ministère de la Défense (la DAS), dont nous sommes très loin de partager les opinions sur tous les sujets. Mais en l’espèce il déclare que « la menace nucléaire iranienne est une escroquerie intellectuelle ». Notons aussi qu’étant donné que personne ne lit les rapports de l’AIEA, il est relativement facile pour des media couchés de fixer un tempo, voire comme cela fut plusieurs fois le cas de faire caisse de résonnance à des « fuites » peu avant des publications. 

Parlons de l’arme, de la dissuasion, des appels à la guerre, de la position de l’Iran dans la région … 

Confrontés à une avalanche d’approximations dans le seul but d’incriminer l’Iran, en lui prêtant des intentions en tout état de cause irréalisables, il est indispensable de rappeler un certain nombre de contraintes et de règles qui accompagnent la détention de l’arme nucléaire. 

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... et second "rapport".

Commentaires

  • LA GESTICULATION ISARELIENNE DONE L IMPRESSION QUE Ce PAYS EST DIRIGE PAR DES GENS SANS IDEE, totalement obnubilés par la peur des autres.
    je pense que Nethanayu devrait suivre un traitement psychiatrique.

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