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  • La France périphérique et les oubliés de la politique : quel remède ? (partie 3), par Fabrice VALLET (Juriste).

    OPINION. La France des oubliés identifiée par le géographe Christophe Guilluy a explosé à la figure d’un système médiatique aveugle à travers les Gilets jaunes. Comment ce phénomène de déclassement géographique a-t-il été enclenché ? Cette France des gens ordinaires parviendra-t-elle à se faire entendre en 2022 ? Éléments de réponse dans cette analyse en trois volets.

    L’enfermement d’une élite dans son arrogance technocratique ou clanique revient à culpabiliser les laissés-pour-compte de la mondialisation néolibérale, sans solution de rechange depuis 40 ans. Cet autisme venu d’en haut implique une reformulation des propositions citoyennes, notamment celles des Gilets jaunes, pour leur donner une légitimation institutionnelle, mais aussi dans les actes de la vie quotidienne, qui puisse répondre au besoin actuel, d’équité sociale et de défense du bien commun. Si la croissance est nécessaire à la survie du capitalisme, elle apparaît de plus en plus contradictoire avec la survie de l’humanité.

    Il est primordial que se réalise, à l’échelle internationale, une réappropriation du capital, en renationalisant tout ou partie du crédit. La maîtrise du crédit constitue l’un des leviers les plus efficaces dont dispose une collectivité autonome pour orienter la production des biens fondamentaux à travers un cahier des charges lié aux prêts (dans le sens de l’intérêt collectif). Notre société doit offrir aux PME tous les moyens de s’intégrer au marché, par le biais d’un système de crédit populaire destiné à favoriser les investissements les plus bénéfiques pour la collectivité, c’est-à-dire les investissements privilégiant la valeur d’usage réelle et la qualité finale du produit.

    Quelles solutions aux défis de la France périphérique

    D’ores et déjà, dans la formation aux métiers recherchés, il est nécessaire de créer des universités des métiers et arts de vivre, croisant les savoirs et techniques, pour revaloriser la restauration, l’habitat, l’ameublement en transmettant l’histoire de l’art aux jeunes générations. Dans cet esprit, il est temps d’investir dans la rénovation externe, interne et énergétique du bâti ancien en cours d’abandon. La transmission des savoir-faire et expérimentations est à encourager dans le BTP dans le cadre d’un vaste plan de restauration du patrimoine architectural de notre pays. En matière de construction, la rénovation du bâti ancien pourrait s’opérer selon des normes techniques allégées qui prendraient en compte la durabilité des bâtiments, leur esthétique et leur adaptation à des normes écologiques intégrées aux paysages. Une industrie du bâtiment pourrait susciter un plan de mise en valeur des carrières ce qui permettrait de relancer les métiers de la pierre, en lien avec la restauration du patrimoine et d’éventuelles techniques mixtes de construction. De même, reconstruire une filière bois qui soutienne le bâtiment dans toutes ses exigences n’est pas utopique, comme dans la ferronnerie. De plus, on pourrait affecter, de plus, aux opérateurs touristiques des villages anciens et des hôtels à rénover et subventionner les réalisations de maisons végétalisées et de bâtiments à énergie positive.

    Dans les périphéries urbaines et dans les campagnes, un nettoyage et un démontage des installations commerciales ou industrielles pourraient donner lieu à une reconversion de ce tissu économique révolu, en des zones de services de proximité. On pourrait, dans le même sens, réallouer à des entreprises commerciales des pâtés de maisons pour relocaliser des activités de banlieue en centre-ville. En effet, l’installation de populations pauvres au sein des centres des villes moyennes accentue la répulsion touristique, surtout dans les pays, à l’écart des grands flux.

    Dans la filière agricole, il faut défiscaliser la production jusqu’à un certain chiffre d’affaires pour maintenir une agriculture paysanne. Mais aussi favoriser la reconquête des champs et pâturages par le bétail, tout comme favoriser l’abattage local des animaux. Dans ce sens, la recréation d’une filière viande de gibier, comme d’une pêche et d’un élevage fluvial est parfaitement envisageable. En outre, il faut associer les agriculteurs, en réorientant les primes européennes sur la production des paysages, la diversité biologique, la qualité ou la protection des patrimoines ruraux. Bien entendu, il est nécessaire de mettre un moratoire sur les nouvelles destructions de terres agricoles afin de lutter contre l’artificialisation des sols. Dans le domaine de l’aménagement du territoire, il doit revenir aux structures intercommunales de planifier localement les investissements et la répartition des activités économiques en plafonnant les mètres carrés commerciaux de banlieue par un ratio raisonnable relatif au nombre d’habitants des communes.

    Il serait utile, face au modèle économique de la métropolisation, de façonner un autre paysage, en délocalisant plusieurs centaines de milliers d’emplois et d’activités publics au profit des petites villes et moyennes (universités, casernes, hôpitaux, services techniques, prisons, maisons de retraite et centres sociaux). D’ailleurs, l’État pourrait inciter fiscalement les entreprises non exposées à la concurrence internationale à (re)créer des milliers d’emplois de services à la personne, comme des concierges, des gardiens, des pompistes, des contrôleurs, des surveillants, des manœuvres, des transporteurs. Enfin, l’État pourrait soutenir une réindustrialisation sectorielle et régionale dans une douzaine de secteurs prioritaires (matériaux, agroalimentaire de qualité, machines, électronique).

    La pandémie internationale du Covid-19 nous incite à redoubler de vigilance concernant les expérimentations médicales et les manipulations génétiques qui induisent une foultitude d’intérêts étatiques, privés et de groupes d’influence. C’est pourquoi il est absolument essentiel que la recherche sur laquelle se fonde la légitimité alléguée des laboratoires pharmaceutiques soit nationalisée et que les produits médicaux soient contrôlés par la sécurité sociale qui contrôle de bout en bout la validité de la production médicale, son efficacité, son innocuité, et son prix de vente.

    Revenu d’une classe politique gestionnaire de droit divin, autosatisfaite & sourde au malaise populaire, un nouveau comportement politique doit apparaître. Cette nouvelle attitude, faite d’attention, de dialogue, de sympathie et de main tendue, permettra, seule, qu’une alliance de la France entreprenante et du tiers état composé des exclus ou de la France smicardisée advienne lors des prochaines élections présidentielles en France. Concilier « fin de mois » et « fin du monde » est la condition sine qua non pour créer les conditions de la croissance et de la compétitivité au regard des limites des ressources planétaires et des risques écologiques afin de redonner l’espoir qu’un ordre plus juste est possible.

    Les réformes institutionnelles nécessaires à notre temps

    La religion du transhumanisme qui infuse dans nos sociétés nous incite à revenir à la base même de la démocratie. Ainsi, nous devons instituer des assemblées populaires permanentes dans les quartiers, les villages et les entreprises pour surveiller l’activité des élus du peuple, avec droit de révocabilité. La reconnaissance du vote blanc et de l’abstention au moyen d’un quota minimum de votants en deçà duquel l’élection est invalidée, est une proposition valable. Tout comme l’institutionnalisation pour les questions d’organisation des pouvoirs publics, l’indépendance de la nation, l’intégrité de son territoire, les libertés fondamentales, la protection sociale et le droit du travail, d’un Référendum d’initiative citoyenne. Assurer une représentation élue sur une base territoriale et une représentation proportionnelle, sur une base programmatique nationale à tous les niveaux de décision, trace un autre chemin. Convoquer une chambre représentative des mouvements associatifs et syndicaux en lieu et place du Sénat est une nécessité participative. Il existe, enfin, dans nos sociétés, une multitude de fonctions collectives où le recours au tirage au sort parmi les volontaires permettrait de redonner au peuple le sentiment qu’il peut participer au gouvernement de la cité.

    De nouvelles méthodes de gestion des services publics doivent se développer pour faire face à la sclérose d’une administration aux mains d’une féodalité notabiliaire ou de technocrates coupés de la réalité. La logique de projet consiste à construire un champ de forces autour d’un problème et autour d’un individu porteur de projets. Cela permet une gestion de la demande sociale et un partage des risques afin de réduire les coûts. Cela permet de construire un dispositif ad hoc labellisé a posteriori par l’obtention de financements publics. Une autre voie est de traiter les problèmes sociaux au cas par cas. Le système du case manager présente une double caractéristique : d’une part, l’individualisme du cas ou des besoins et d’autre part l’ouverture au privé. Cela permet non seulement d’ouvrir des droits qui tiennent compte des situations personnelles, mais aussi de minimiser les coûts pour la collectivité en instaurant une concurrence entre producteurs de services. Ces deux méthodes de gestion permettent in fine de concevoir des objectifs et de dégager des moyens propres à les atteindre. Il est enfin temps d’établir une corrélation des moyens mis à disposition des services aux résultats escomptés pour satisfaire les besoins du public. Cette prise en considération des personnes avant celle des biens correspond à une exigence fonctionnelle : disposer d’autorités jouissant à la fois de la confiance des populations et de la connaissance précise de leurs territoires d’application, pour établir un nouveau contrat social.

    Retrouver l’appartenance à la collectivité

    Après avoir voulu changer la vie, la politique nationale a changé d’avis, naviguant au gré des vents contraires de la globalisation libérale entre vouloir combattre la finance ou « karcheriser » les racailles, sans que ni l’un ni l’autre ne produise de résultats. Aujourd’hui, après avoir remplacé la solidarité sociale par la charité, en installant un nouveau peuple de damnés dans le chômage à perpétuité, la nouvelle oligarchie tend à substituer, à la question sociale, la question ethnique, par une lutte des races. Revenus de dirigeants dont les promesses n’engagent que ceux à qui elles sont faites, les citoyens entendent faire confiance à une véritable élite qui pense la société et agit, au-delà de ses intérêts immédiats. C’est l’inégalité considérable face au risque qui provoque le ressentiment à l’égard d’autres groupes et de leurs représentants politiques qui tirent les bénéfices du changement en se désintéressant du sort des perdants.

    Depuis 40 ans, les citoyens ont l’impression de se sentir étrangers dans leur propre pays par une perte d’appartenance à la collectivité et la blessure de se trouver sur le marché du non-travail comme des articles en solde, ni repris ni échangé. Dès lors, un leader courageux, simple, audible, accessible, proche des gens, un véritable contrepoids aux puissants, peut devenir le recours. Comprendre la nature véritable d’une société donnée est plus aisé lorsqu’on est contraint de l’observer d’en bas. Sans nul doute, l’année prochaine, la reconstruction en profondeur de la vie politique française passera par des personnalités n’ayant pas exercé de responsabilités politiques, économiques ou administratives. C’est la condition sine qua non pour combler le déficit démocratique et réduire le gouffre entre ceux qui vivent dans le même pays, deux existences distinctes, à l’école, dans la rue, dans le train, dans le hall d’immeuble, derrière la porte de l’appartement.

    Il est temps que chacun soit l’enseignant de son prochain en lui apprenant le secret de ce qu’il est, différent, unique, irremplaçable, et enfin, une culture révélant à chacun comment accueillir la force de résister à la tentation de la haine, le courage du geste fraternel et le pouvoir libérateur de l’amour.

     

    Fabrice VALLET
    Juriste
    Juriste de formation et doté de cinq diplômes d’enseignement supérieur, il dirige actuellement une association d’insertion dans les quartiers prioritaires de Clermont-Ferrand. Il a travaillé pour le Ministère de la Cohésion sociale, de la Justice et pour la Présidence de la République.Il est l’auteur de plusieurs articles, notamment « Sauver notre modèle social aujourd’hui » et « L’Euro : croissance ou chômage ? ». Il a participé à Nuit debout et aux Gilets Jaunes.

    Source : https://frontpopulaire.fr/

  • Une querelle vitale, par André Posokhow.

    Les désaccords au sein de la « coopération franco-allemande » ne sont pas un chipotage. Le couple stratégique franco-allemand n’existe plus, pour autant qu’il ait jamais existé.

    Il est loin d’être certain que l’Allemagne et la France soient d’accord pour promouvoir une défense européenne, même en paroles. Il existe un fossé béant dans le domaine politique et stratégique entre les deux pays.

    D’une part la France subit l’idéologie européiste et fédéraliste de son président mal élu en 2017, qui appelle à créer la défense d’une hypothétique Europe puissance en dehors de l’OTAN. D’autre part l’Allemagne refuse une telle conception : sa vision géopolitique se borne à une diplomatie aux visées strictement économiques et à un nationalisme industriel et mercantiliste. Il y a incompatibilité.

    En réalité, l’idée d’un couple franco-allemand est au mieux une triste farce. Depuis que les États-Unis ont relevé en 1948 l’Allemagne du précipice où elle était tombée, poussée par son hubris, celle-ci n’a eu qu’un seul objectif : une fois réalisée son unité, retrouver sa puissance en profitant de la jobardise de la classe politique française et l’imposer à une Europe dominée.

    C’est d’ailleurs ce que montre un article de Politique magazine de mars 2021. L’armée allemande est appelée à devenir une sorte de « partenaire d’appui » et de « plaque tournante » au sein de l’Alliance atlantique et de l’UE par une série d’accords bilatéraux avec des pays voisins ce qui permettrait de préserver les relations commerciales avec la Russie et la Chine. Nous retrouvons là les syndromes du Saint Empire romain germanique qu’a déjà dénoncés Jean-Louis Harouel et des visées pangermanistes du siècle dernier.

    Du point de vue stratégique, les Allemands ne conçoivent pas une défense européenne en dehors du giron américain et de son instrument, l’OTAN. Au concept d’autonomie stratégique défendu par Macron, la ministre de la défense allemande au nom imprononçable, A2K, rétorque que l’idée d’une autonomie stratégique indépendante des États-Unis est fausse !

    La différence fondamentale concerne l’arme nucléaire. La France demeure attachée à la doctrine de dissuasion fondée sur une capacité de frappe nucléaire indépendante comme l’a rappelé Macron devant l’École de guerre en février 2020. De son côté l’Allemagne, même si elle jouait un rôle nucléaire, ne l’exercerait que dans le cadre de l’OTAN, donc en pleine dépendance des États-Unis. De plus ce rôle nucléaire est contesté en Allemagne du fait des courants antinucléaires du SPD et des Verts. Ces positions sont inconciliables.

    Une rivalité industrielle et commerciale féroce

    Au plan industriel et commercial, les rivalités sont féroces. C’est notamment le cas dans le domaine de la défense navale. Paris et Berlin se livrent une bataille commerciale implacable dans les submersibles conventionnels où tous les coups sont permis. Les intérêts nationaux sont résolument divergents. Les objectifs européens passent largement derrière eux.

    Rappelons la capacité prédatrice de notre voisin dans un domaine qui n’est pas celui de la défense mais celui de l’énergie. La pression allemande s’exerce au travers de la commission de Bruxelles en faveur de la dislocation d’EDF et du système énergétique français. Il s’agit de placer les capacités industrielles des groupes allemands qui n’ont plus de débouchés dans leur propre pays dans le domaine de l’énergie renouvelable et notamment de l’éolien. Notre sol est devenu un déversoir de capacités industrielles allemandes sans emploi chez elles. Concrètement, ce qui est appelé pompeusement la coopération franco-allemande dans le domaine de la défense a creusé des désaccords profonds, voire une réelle animosité.

     

    L’Allemagne n’a jamais été notre partenaire loyal au sein de l’UE. Elle est aujourd’hui une rivale et trop souvent une adversaire.

     

    Le premier sujet de dissentiment concerne le projet SCAF de système de combat aérien du futur. C’est un projet considérable où la France, avec Dassault, dispose d’une grande compétence et d’une avance considérable sur l’Allemagne. De surcroît les deux pays n’ont pas les mêmes besoins : la France souhaite disposer d’un avion compatible avec le nouveau porte-avions qui sera construit, apte à effectuer des frappes aériennes à longue distance mais surtout en capacité de porter les bombes de notre arsenal nucléaire. C’est très loin des ambitions allemandes. Or si le futur avion ne peut pas jouer son rôle de vecteur nucléaire, notre capacité de dissuasion est menacée. Derrière il y a la supériorité géostratégique de la France sur l’Allemagne, que celle-ci souhaite voir disparaître, et notre siège au conseil de sécurité de l’ONU.

    Au plan technique, les Allemands, par tous les moyens de leur duplicité commerciale, cherchent à gagner sur la répartition convenue, 50/50, de la fabrication de ce système d’armes. C’est ainsi qu’ils ont exigé d’avoir la responsabilité du moteur qui échapperait ainsi à Safran. Ce qu’ils veulent, c’est récupérer la technologie de Dassault et pouvoir l’utiliser dans leurs propres intérêts. Rappelons-nous la triste histoire d’Airbus. Initialement la France disposait de 70 % des compétences et des capacités industrielles. Grâce au socialiste puritain Jospin et au dépravé socialiste Strauss-Kahn, Airbus a été partagé à 50/50. Aujourd’hui, Airbus dépend largement de l’Allemagne.

    Dans le domaine des blindés, où Nexter se trouve à hauteur de 50 % d’un consortium franco-allemand, l’arrivée du concurrent Rhein Métal peut conduire à la marginalisation de l’entreprise française. Les Allemands utilisent tous les procédés décrits par Éric Zemmour dans Face à l’info pour en demander toujours plus. Face à cette cupidité technologique, nos gouvernants idéologues et jobards disent généralement oui pour développer l’inexistant « couple franco-allemand » quitte à sacrifier les intérêts nationaux.

    L’autre difficulté provient de concepts d’emploi très différents. Quand les Français souhaitent pour l’avenir un char mobile, souple, capable de faire du combat urbain, les Allemands continuent à penser à des matériels lourds adaptés à un combat contre une invasion dans les grandes plaines du nord de l’Europe.

    Le retrait allemand de cette « coopération »

    Depuis quelques années l’Allemagne s’est retirée morceau par morceau de cette pseudo-coopération. Berlin a déchiré fin novembre 2017 les accords de Schwerin signés avec la France en 2002 en passant une commande de 400 millions d’euros à un constructeur de satellites allemand pour la réalisation de deux satellites d’observation optique. C’est la rupture de la coopération spatiale à vocation militaire.

    Dans le domaine des drones, la RFA n’a pas voulu d’une version armée. Pour des raisons industrielles, la coopération industrielle semble s’être arrêtée là. En avril 2020, A2K a annoncé que, pour remplacer les vieux Tornado, Berlin achèterait des Eurofighter aux capacités pourtant inférieures, semble-t-il, à celles du Rafale, et des F 18 américains. Aucune mention du Rafale. Soumission aux États-Unis.

    Concernant le remplacement des hélicoptères Tigre, l’Allemagne lorgne sans pudeur du côté de Boeing, c’est-à-dire des hélicoptères Apache américains. Pour ce qui est du missile MAST-F, les Allemands ont fait faux bond et notre ministre des Armées a décidé de lancer sa réalisation au sein d’un programme strictement français.

    Le comble a été l’annonce récente de l’achat par les Allemands de 5 avions de patrouille maritime Poséidon américains, bien entendu sans avertir les Français, en rupture complète avec la coopération envisagée entre nos deux pays qui avaient annoncé leur intention de créer un avion de patrouille maritime franco-allemand à travers le programme MAWS (Maritime Airborne Warfare System).

    En fait, l’Allemagne, probablement motivée par les États-Unis, surtout après le départ de Trump, a visiblement décidé de détricoter la coopération franco-allemande en matière de défense tout en tâchant de piller la technologie française qui lui manque, notamment dans le domaine de l’aviation. Comment la France pourrait-elle rester dans cette coopération qui n’est qu’une tromperie dans des conditions aussi humiliantes et dangereuses pour sa souveraineté ?

    Notre souveraineté est bafouée

    Cette question de souveraineté est cruciale et d’un triple point de vue. En ce qui concerne les exportations d’armement, l’expérience a montré que les Allemands ont bloqué des exportations françaises, notamment en direction de l’Arabie Saoudite (comme par exemple dans le passé un marché de châssis Mercédès à destination de Nexter et Lohr qui concernaient 350 blindés pour des centaines de millions d’euros). En leur qualité de sous-traitants de fabrications françaises, ils s’étaient arrogé un droit de surveillance et d’interdiction de matériels au détriment de la réputation commerciale de notre industrie d’armement. Bien évidemment nos voisins, dans leur délire hypocrite, mettent souvent en avant des raisons moralisatrices. Les bons apôtres ! Il semble que des accords ont été conclus pour limiter de tels procédés. La duplicité allemande fait que le risque demeure.

    D’une manière générale, l’industrie de l’armement en Allemagne et surtout les exportations de ces matériels dépendent du bon vouloir du SPD, des Verts et du Bundestag, C’est ainsi que dans un article de La Tribune du 19 février 2020 sont exposées les sept exigences de cette assemblée pour surveiller le programme franco-allemand du SCAF. La lecture de ce document est insupportable. À terme, c’est la mainmise de gens qui ne sont pas nos amis sur une industrie de l’aviation militaire où la France se trouve au premier rang.

    Enfin, il y a le ton arrogant, brutal comme celui de la ministre de la défense A2K qui fait tout son charme. Sans revenir au point Godwin, l’attitude de ce qu’on ne peut plus appeler des partenaires rappelle la morgue ancestrale de l’« Allemagne éternelle ». Désormais nous avons affaire à un mépris cynique de la France, malheureusement explicable par la faiblesse, face à ces exigences, d’une classe politique française prosternée.

    Mathieu Épinay, dans un remarquable article de Politique magazine de juillet 2019, a tout résumé : « l’exportation d’armement est un acte économique certes, mais éminemment stratégique et diplomatique où il convient d’être indépendant ». C’est bien une question de souveraineté.

    En définitive, il ne s’agit pas d’un chipotage au sein d’un pseudo-couple stratégique franco-allemand qui n’a jamais existé. En réalité, cette affaire d’industrie et d’exportation de l’armement, comme celle de l’énergie, apparaît vitale pour notre industrie ou plutôt pour ce qu’il en reste après 40 ans de brillante gestion de notre économie par notre classe politique largement issue d’une école de fonctionnaires et incompétente, au vu des résultats. Notre avenir en tant que nation en dépend pour une grande partie à moins que nous y ayons renoncé.

    Nous assistons, loin des aspirations à l’union européenne intégrée, à la résurgence d’un nationalisme agressif de Berlin du point de vue économique et industriel qui a pour objectif d’asseoir encore plus la prédominance allemande sur l’Europe continentale. On comprend mieux la volonté des Anglais de sortir de ce piège. Gageons que ceux-ci – ils en ont vu d’autres – seront en mesure de maintenir leur influence dans le monde et leur fierté en gardant leur indépendance, leur souveraineté, leur démocratie et leur identité.

    L’Allemagne n’a jamais été notre partenaire sincère et loyal au sein de l’UE. Elle est aujourd’hui une rivale et trop souvent une adversaire comme dans le cas de l’affrontement gréco-turc. Son égoïsme, stimulé par un hubris hors norme, est devenu phénoménal. Il n’est pas certain que demain, avec une armée rénovée, elle ne redevienne pas notre ennemi.

     

    Illustration : Florence Parly, ministre des Armées, et A2K, ministre de la Défense, se sont déplacées sur la BA 105 pour y poser la première pierre du futur escadron franco-allemand C-130J.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Marion Maréchal : « Nous assistons à un glissement vers une forme d’ “autoritarisme doux” exercé par un Etat qui voudrai

    Passe sanitaire, fracture de la société française, numérisation des données, complotisme, dictature, immigration, élection présidentielle… Marion Maréchal répond aux questions de Boulevard Voltaire en exclusivité !

    La société française est plus fracturée que jamais. On fait beaucoup d’analogies entre les gilets jaunes et les opposants au passe sanitaire. Est-ce le cas et que révèle-t-elle ?

    Tout ne se recoupe pas parfaitement sur le plan territorial ou sociologique, mais à la manière des gilets jaunes, ce qui s’exprime ici est une profonde défiance nourrie par des mois, voire des années de mensonges.

    Il est probable que ces mobilisations aient pour origine commune une perte de confiance profonde vis-à-vis des institutions et des autorités quelles qu’elles soient. Depuis longtemps, déjà (et pas toujours sans raison !), les élus sont considérés comme des traîtres, les journalistes comme des menteurs, les professeurs comme les acteurs de l’effondrement de l’école et les magistrats comme des laxistes. L’une des rares autorités à faire encore consensus, jusque-là, était le monde médical et scientifique. Cette confiance a explosé en vol avec la crise du Covid, les scientifiques et médecins ayant révélé au grand jour de vives oppositions entre eux, des contradictions dans les analyses, des revirements ou encore des liens d’intérêt douteux avec des laboratoires pharmaceutiques qui remettent en cause l’impartialité de leurs positions. Un vrai traumatisme au pays de Descartes.

    Cette crise de confiance contribue à freiner l’adhésion tant aux restrictions qu’à la vaccination. Elle pousse également au doute, à la remise en cause du discours officiel et médiatique, à la recherche d’informations alternatives, le tout encouragé par le foisonnement d’informations disponibles sur Internet.

     

    Vous voulez parler des « complotistes » ?

    Cette posture vis-à-vis de l’autorité crée une véritable différence entre des citoyens qui suivent les injonctions gouvernementales sans se poser de question et ceux qui les remettent en cause par principe, ces derniers étant volontiers qualifiés, en effet, de « complotistes » dans la presse et dans la bouche des ministres.

    Attardons-nous un peu sur ce terme. Toute l’histoire de la politique n’est qu’une lutte permanente entre le bien commun, l’intérêt général et des intérêts privés. Parfois, le bien commun gagne et parfois les intérêts d’argent et de pouvoir l’emportent au détriment du collectif. Cette injustice est souvent le moteur qui conduit beaucoup d’entre nous à nous engager dans les élections. Il n’y a rien de « complotiste » à imaginer que les décisions prises par les gouvernements ne soient pas toujours animées par la recherche de l’intérêt général. Il est, au contraire, tout à fait réaliste qu’elles puissent être parfois influencées par des calculs politiciens, des logiques de réseaux, des puissances privées, des lobbys d’argent, quelquefois à l’insu même des gouvernants qui se laissent intoxiquer par des informations partiales ou partielles.

    Il est donc sain que le citoyen passe la décision publique à la moulinette de son esprit critique, d’autant plus quand celle-ci s’est révélée maintes fois incohérente, comme c’est le cas depuis de nombreux mois, en France.

    J’ai récemment lu l’article d’un auteur roumain, Radu Portocală, écrivain et journaliste exilé de son pays par le pouvoir communiste roumain, en 1977, qui faisait un parallèle entre certains mécanismes actuels et ceux à l’œuvre au sein de l’URSS. J’aime autant vous citer directement l’extrait : « La différence est minime avec le monde soviétique, où la vérité était édictée par le Parti – sans, pour autant, qu’elle fût constante : les intérêts politiques pouvaient, à tout moment, la faire changer. Les gens vivaient donc sous l’empire de la vérité du moment. Nul n’avait le droit de s’en abattre ni de la contester, sous peine de graves persécutions. Nul, non plus, ne pouvait demander pourquoi ce qui avait été vrai la veille cessait de l’être le lendemain. Ou pourquoi énoncer une chose tenue pour vraie une semaine plus tôt, mais tombée en désuétude depuis, faisait courir un risque insensé. Il fallait, sans arrêt, se tenir au courant des fluctuations de la vérité.

    Le propagandiste était l’équivalent de l’actuel vérificateur de vérité. Lui seul savait ce qu’il fallait croire à chaque moment. Celui qui contredisait ses propos ou, simplement, les nuançait tombait dans la catégorie pénale des « lanceurs de fausses rumeurs », devenait un « rumoriste ». Des peines de prison étaient prévues pour ces imprudents.

    Nous n’en sommes pas encore là. Ou, plutôt, nous n’y sommes pas de la même manière. Pour l’instant charitables, les progressistes se contentent de fustiger les complotistes, de les exposer à l’opprobre général et de les censurer, quand leurs devanciers, plus expéditifs, envoyaient en prison les rumoristes, ancêtres involontaires de nos complotistes. Cela viendra peut-être. »

     

    « Dictature », « autoritarisme », ce sont les mots qui reviennent le plus souvent pour qualifier la mise en place de ce passe sanitaire. Pensez-vous qu’ils traduisent une réalité ?

    Je pense, en effet, que nous assistons à un glissement vers une forme d’« autoritarisme doux » exercé par un État qui voudrait faire notre bien malgré nous, y compris par la contrainte s’il le juge nécessaire. Un État qui voudrait nous garder en bonne santé à tout prix, même si cela implique de restreindre nos libertés fondamentales sans notre consentement. Je trouve cette dérive très inquiétante.

    Il y a à peine quelques années, tout le monde était horrifié par la mise en place du crédit social chinois. Ce système qui attribue des points à chaque citoyen en fonction de ses bonnes ou mauvaises actions – un retard de paiement d’impôt entrant dans cette catégorie, notamment – et qui leur interdit certaines activités en fonction de leur crédit, par exemple de prendre l’avion.

    Selon moi, il n’y a pas de véritable différence de nature entre le crédit social chinois et le passe sanitaire, simplement une différence de degrés. Certains diront que j’exagère, mais la logique n’est pas très éloignée. Vous êtes un bon citoyen vacciné, alors vous avez le droit à une vie normale. Vous êtes un mauvais citoyen non vacciné, eh bien, vous serez privé de sport, de culture, de vie sociale au bar ou au restaurant et vous serez suspendu de votre emploi sans indemnités. Certains me rétorqueront que l’État français fait cela pour notre bien et la santé de tous ; le gouvernement chinois justifie aussi sa politique pour le bien du pays.

    Certains voient dans cette numérisation de la société et ce laissez-passer sanitaire sous forme de QR code les prémices de la mise en place d’une identité numérique qui, à moyen terme, fusionnerait les différentes données bancaires, fiscales, sociales, de santé, professionnelles, permis de conduire, etc., de chaque personne et donnerait accès à différents services gouvernementaux. Des données dont disposent déjà l’État mais qui, une fois, pourraient potentiellement permettre à l’État de sanctionner un individu en le privant d’accès aux autres services. Par exemple, une amende impayée pourrait entraîner le blocage de votre carte bancaire.

    Dans certaines régions des États-Unis, le déploiement des identités numériques est déjà en cours. La Floride lance le permis de conduire numérique et le Queensland, en Australie, a mis à l’essai une licence numérique de l’État. Cette année, l’Union européenne a fait un pas vers un projet d’identité numérique pour l’ensemble des citoyens, résidents et entreprises européennes, avec un objectif de 80 % en 2030. Cette ID permettrait, via le téléphone, d’avoir accès à de nombreux services gouvernementaux et de justifier l’identité des individus. Si cela facilitera certainement les démarches, il faudra être extrêmement vigilant à l’usage qui en sera fait, vu la piste glissante dans laquelle nous sommes engagés. Chacun se souvient quand nos gouvernants proclamaient que jamais ils ne mettraient en place le passe pour les activités du quotidien. Or, nous y sommes.

    Chaque citoyen doit avoir conscience des dangers que peut engendrer cette numérisation de la société. Cela implique d’avoir des exigences très fortes sur le plan de la souveraineté numérique, du cadre juridique et technique de protection des données et je dirais même de la moralité des gouvernants. En Afghanistan, une base de données biométriques, HIIDE, développée par les Américains, ainsi que les dizaines de milliers de caméras installées à cette fin sur le territoire sont aujourd’hui dans les mains des talibans. Tout cela pour dire que des technologies formidables tombées entre de mauvaises mains pourraient, demain, être le fossoyeur de nos libertés démocratiques si nous n’y prenons garde.

    Alors certes, contrairement à une dictature, les opposants politiques et les journalistes dissidents ne sont pas jetés en prison, mais l’autocensure et la peur de la mise au ban social suffisent souvent à faire taire les voix dissidentes. Le bannissement des opinions politiquement incorrectes sur les réseaux sociaux fait le reste.

    De même, il n’y a pas de « propagande officielle » proprement dite, dont la dénonciation entraînerait une condamnation, mais il y a néanmoins les prémices d’une vérité médicale d’État. Alors que le débat sanitaire a toujours été libre dans la société civile et la médecine indépendante, pour la première fois, l’État a établi une interdiction de prescrire un médicament pourtant autorisé. C’est le gouvernement qui décide de la liste (très limitée) des contre-indications au vaccin et non plus les médecins qui sont pourtant à même d’évaluer les risques courus par leurs patients au cas par cas. Les médecins qui émettent une opinion divergente sur la vaccination ou décident de soigner leurs patients atteints du Covid avec autre chose que Doliprane™ sont rappelés à l’ordre, voire interdit d’exercer par l’Ordre des médecins.

    Or, la plupart de ces médecins n’ont fait que poser une réflexion médicale sur le fait que l’injonction du « Faites-vous vacciner pour protéger les autres » est infondée, tout simplement parce que les vaccinés contaminent autant ou presque, comme l’affirme, par exemple, le CDC, l’agence de santé publique américaine. Ce qui rend, de fait, la justification du passe sanitaire caduque.

     

    Comment expliquer que, malgré l’existence de contre-pouvoirs (les deux chambres, le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel…), rien ne semble pouvoir contredire l’action de ce gouvernement ?

    La peur est un puissant anesthésiant politique. Sous la présidence d’Emmanuel Macron, l’exercice du pouvoir a été particulièrement solitaire. Cette situation politique doit nous conduire à interroger non seulement le fonctionnement de nos institutions, excessivement centrées autour de la présidence, mais aussi nos modes de scrutin. Nous vivons, aujourd’hui, dans un système de démocratie non représentative, de manière évidente, encore amplifié par l’abstention massive qui tend à devenir chronique. Le Conseil constitutionnel est un organe dont la composition est excessivement politique, cette situation ne peut que nuire à l’impartialité de cette juridiction suprême. Or, il est indéniable que le passe sanitaire, obligation vaccinale déguisée, viole non seulement plusieurs dispositions de notre droit, de notre Constitution mais aussi du droit international.

     

    Cette crise de confiance entre le politique et le citoyen peut-elle être résorbée par l’élection présidentielle à venir ? 

    Malheureusement, je crains que l’élection ne se joue pas sur les sujets essentiels, elle sera verrouillée autour de la question du Covid et du passe sanitaire. Le Premier ministre semble déjà vouloir prolonger le passe sanitaire après le 15 novembre. Chose invraisemblable : le gouvernement n’a donné aucune indication sur les conditions de sa levée ! L’état d’urgence qui devait durer trois mois dure depuis près d’un an et demi et suspend le fonctionnement normal de notre démocratie. L’immigration, sujet vital, l’Union européenne et la souveraineté, l’indépendance industrielle et militaire, même les réformes économiques resteront au second plan. Bref, on va sacrifier la discussion autour de l’avenir de la France, qui doit être le grand débat de chaque élection présidentielle, au profit d’une discussion cadenassée et hystérisée autour de l’actualité sanitaire.

     

    Voyez-vous une dynamique, un espoir quelconque se dessiner autour de n’importe lequel des candidats ou du camp que représentent les uns et les autres ?

    Ce qui est certain c’est que tous les candidats auront un immense défi : réussir à reconstruire un fait majoritaire dans un pays socialement, territorialement, culturellement, ethniquement et maintenant sanitairement fracturé. Une démocratie fonctionne sur la constitution d’une majorité. Or, la construction de cette majorité implique que le système soit adossé à un peuple possédant suffisamment de principes, références, attentes, expériences partagées pour pouvoir dégager un consensus. C’est, manifestement, de moins en moins le cas, en France, du fait des clivages métropole-périphérie, du fossé générationnel, de l’immigration, de l’écart de revenus, de la disparition d’une religion commune, du phénomène de l’individualisme consumériste, etc. La facilité restera donc de faire de la politique catégorielle par l’addition des groupes d’électeurs en les flattant sur leurs intérêts immédiats, comme le fait très bien Emmanuel Macron. Mais les intérêts catégoriels, les clientèles électorales, ça ne fait pas un peuple. Le véritable chef d’État sera celui capable de sortir de cette logique mortifère pour rassembler vers un horizon commun.

     

    Marion Maréchal

    Fondatrice de l'ISSEP
     
  • Pierre-André Taguieff : « Le pseudo ”nouvel antiracisme” n’est autre qu’une machine de guerre contre ”les Blancs” ».

    Gauchisme devenu fou

    Dans "L’Imposture décoloniale" (éditions de L'Observatoire), Pierre-André Taguieff dénonce les sectarismes qui menacent les valeurs républicaines au nom du "décolonialisme", cette idéologie "du tiers-mondisme dont les théoriciens ont remplacé la lutte des classes par la lutte des sexes et des races".

    8.jpgAtlantico : Vous publiez "L’Imposture décoloniale : science imaginaire et pseudo-antiracisme" aux Éditions de l’Observatoire. Les sectarismes menacent de plus en plus les approches scientifiques et les valeurs républicaines au nom du "décolonialisme". Comment en sommes-nous arrivés là ?

    Pierre-André Taguieff : Il s’agit, pour simplifier grossièrement, de la dernière mutation idéologique du tiers-mondisme et du gauchisme intellectuel, dont les théoriciens ont remplacé la lutte des classes par la lutte des sexes et des races, sous l’influence des néo-féministes misandres et des pseudo-antiracistes anti-Blancs étatsuniens. Pour ne pas paraître abandonner la classe, ils ont brandi le mot magique « intersectionnalité », qui tend à remplacer, dans le vocabulaire militant, la vieille « convergence des luttes ». Mais leur véritable ennemi a un double visage : le « système hétéro-patriarcal » et le « racisme systémique », qui se manifesterait par le « privilège blanc ».
        
    Les idéologues du postcolonialisme et du décolonialisme postulent que le racisme colonial est en quelque sorte une maladie héréditaire et contagieuse affectant les descendants des esclavagistes et des colonialistes, c’est-à-dire les « Blancs » qui vivent dans des sociétés dénoncées comme néo-esclavagistes et néo-colonialistes où les « dominés » seraient nécessairement « racisés ». Le racisme colonial serait donc une maladie qui s’hériterait et s’attraperait par simple contact, sur le mode d’une complicité, active ou passive, avec le « système » social raciste. Face à la supposée persistance du racisme colonial dans les sociétés postcoloniales, voire à l’extension indéfinie du racisme colonial qui s’appliquerait à de nouveaux groupes issus de l’immigration et formant de nouvelles « minorités racisées », un unique remède est prescrit : la dénonciation litanique, dans le jargon postcolonial respecté à la lettre (sous peine d’inefficacité), du racisme colonial. Discours « antiraciste » d’une pauvreté affligeante, pure expression de fantasmes victimaires diffusés par diverses minorités actives. C’est ce qu’il convenu d’appeler, dans ledit jargon, l’« antiracisme politique », instrument d’intimidation dont la principale fonction est de disqualifier toute critique du postcolonialisme/décolonialisme, en la réduisant à un indice de « racisme » ou à une expression du « privilège blanc ».

    Comment définissez-vous ce pseudo-antiracisme ?  

    Le prétendu « nouvel antiracisme », baptisé également « antiracisme politique » par les idéologues du décolonialisme, n’est autre qu’une machine de guerre contre « les Blancs » et la « société blanche ». Il dérive de la définition antiraciste du racisme fabriquée par des militants afro-américains révolutionnaires à la fin des années 1960, et connue sous diverses dénominations : « racisme institutionnel », « racisme structurel » ou « racisme systémique ». Il ne s’agit pas d’une conceptualisation du racisme, mais d’une arme symbolique qui consiste à réduire le racisme au racisme blanc censé être inhérent à la « société blanche » ou à la « domination blanche », celle-ci étant la seule forme de domination raciale reconnue et dénoncée par les néo-antiracistes. On en retient le message simpliste selon lequel la société blanche tout entière serait intrinsèquement raciste. Qu’ils le veuillent ou non, qu’ils en soient conscients ou non, « les Blancs » seraient des dominants et des « racisants », ce qui revient à nier les responsabilités individuelles non sans faire obstacle à l’identification des vrais coupables d’actions racistes.  

    Ce « nouvel antiracisme » recourt à des catégories raciales pour se définir dans ses fondements comme dans ses objectifs. D’où le paradoxe d’un antiracisme racialiste, voire raciste, dès lors qu’il puise, non sans violence verbale, à la thématique du racisme anti-Blancs. C’est pourquoi il serait plus adéquat de le caractériser comme un pseudo-antiracisme, et, plus précisément, comme un antiracisme anti-Blancs. Mais un antiracisme anti-Blancs, c’est un antiracisme raciste. Il faut arrêter de tourner autour du pot, et nommer clairement ce qui nous paraît intolérable.

    Sur quoi repose l’imposture des discours décoloniaux ?

    L’imposture tient d’abord à ce qu’il n’y a pas de « pensée postcoloniale » ni de « pensée décoloniale », ensuite à ce qu’il n’existe pas d’approches scientifiques se fondant sur un corps de concepts, de modèles d’intelligibilité et d’hypothèses qui constituerait la « théorie postcoloniale » ou la « théorie décoloniale ». On ne trouve pas de « chercheurs » dans ces domaines : ils ne cherchent pas puisqu’ils prétendent déjà tout savoir sur les questions qui les occupent, à savoir que les héritages de la traite atlantique et du colonialisme européen expliquent l’existence du « racisme systémique », c’est-à-dire du racisme « blanc », dans les sociétés occidentales contemporaines. Dans leurs écrits sur l’histoire de l’esclavage, on ne s’étonne pas de deux omissions significatives, portant l’une sur la traite intra-africaine, l’autre sur la traite arabo-musulmane. Ces angles morts trahissent leur parti pris idéologique.  

    Parmi les auteurs labellisés « postcolonialistes » ou « décolonialistes », on ne trouve que des écrivains et des universitaires d’extrême gauche politiquement engagés dans la critique, plus ou moins radicale, de l’histoire et de la pensée européennes avec des outils intellectuels empruntés à certains penseurs européens classés parmi les postmodernes ou les post-structuralistes, adeptes de la « déconstruction » des concepts philosophiques, à commencer par Jacques Derrida, le plus célèbre d’entre eux. Après la déconstruction du logocentrisme sous l’impulsion de Heidegger et celle du phallocentrisme sous la pression des féministes radicales, en passant par celle du phallogocentrisme, les déconstructeurs s’attaquent au « leucocentrisme » (de « leukós, « blanc »), en dénonçant le « privilège blanc ».

    Ces auteurs n’étudient pas sérieusement les thèmes et les questions qu’ils évoquent, ils les exploitent, et ce, à des fins autopromotionnelles – recherche de postes, d’une présence médiatique, etc. –, commerciales (création d’événements, de documentaires, d’expositions, etc.) ou politiques – faire pression sur les partis politiques pour qu’ils intègrent dans leurs programmes la lutte contre les discriminations visant les « minorités » et instaure un système légal de discrimination positive (affirmation action).

    L’imprégnation décoloniale a fait surgir un nouvel espace de l’extrémisme politique. Des groupuscules identitaires extrémistes s’érigent en tribunaux d’inquisition, censurent des œuvres et imposent des "déboulonnages". Quels sont les outils et les "armes" pour lutter intellectuellement et concrètement contre ce courant de pensée et ce mouvement ?

    La tâche des intellectuels est de soumettre le postcolonialisme et le décolonialisme à une double critique démystificatrice. Il faut montrer d’abord que ses idéologues ont produit une historiographie pseudo-scientifique, qui se réduit à un règlement de comptes avec le passé national prenant appui sur des sottisiers. Les véritables historiens du phénomène colonial ont pointé dans les écrits de ces activistes déguisés en historiens une somme d’inexactitudes flagrantes, d’erreurs plus ou moins volontaires, d’omissions, de falsifications des faits, d’amalgames (notamment avec le nazisme), de mensonges purs et simples, etc. Il faut analyser ensuite les exploitations politiques de ces dénonciations hyperboliques de l’héritage du colonialisme globalement criminalisé et érigé abusivement en clé ouvrant toutes les portes. Tout ne s’explique pas par les séquelles du racisme colonial, de l’impérialisme occidental, de la « domination blanche ». Et l’on ne saurait écrire l’histoire de la colonisation comme une histoire de l’extermination des peuples non européens. Cette historiographie mensongère, qui met l’Occident en accusation, alimente la pensée-slogan de ceux qui, extrémistes de gauche et islamistes, appellent à détruire la civilisation occidentale.

    Quelles menaces font peser le décolonialisme et ce que vous appelez le pseudo-antiracisme sur notre société et au cœur du débat d’idées ?

    Nous sommes bien en présence d’une nouvelle vision raciste du monde, qui a emprunté sa langue à l’antiracisme, non sans la déformer pour l’adapter à la guerre culturelle contre le « monde blanc ». En finir avec les discriminations raciales, c’est, pour les utopistes épurateurs qui veulent éliminer totalement le « racisme systémique », en finir avec la société crée par « les Blancs ». Un rêve inquiétant, aux accents génocidaires. Mais politiquement correct.

    En attendant le Grand Soir à la mode décoloniale, nous observons, dans l’espace intellectuel et culturel, une montée du soupçon et de l’intolérance, un sectarisme croissant, l’impossibilité de mener des débats fondés sur le respect de l’adversaire, le recours à la dénonciation criminalisante du contradicteur et à l’excommunication. Dans le corps social, l’offensive décoloniale suscite une accentuation de la fragmentation sociale, une aggravation de l’archipélisation de la France, le remplacement subreptice de la nation républicaine une et indivisible par une société multicommunautariste, une banalisation de la surdité intercommunautaire, une montée des violences entre minorités organisées, exclusives et rivales. La diabolisation et l’exclusion de l’autre, en tant que « raciste », devient la règle.
         
    Ces diverses mouvances constituées de délateurs et de justiciers paranoïaques trouvent leur cohérence profonde dans la désignation d’une cible unique, illustrant leur pensée essentialiste : « les Blancs » ou « le Blanc ». Leurs objectifs communs tiennent en trois mots : intimider, culpabiliser, épurer. Il faut à tout prix résister à l’intimidation, à la culpabilisation et à l’épuration.

    Résister jusqu’à défendre l’héritage occidental ?

    Face au ressentiment contre l’Occident et à l’hespérophobie désormais à la mode, il ne s’agit pas de donner dans l’autosatisfaction ni d’inverser la leucophobie en leucophilie.  Il faut sortir de ce jeu pathologique fondé sur la compétition des « contre » et des « pour ».  Les démocraties occidentales ne sont pas parfaites et elles doivent être critiquées pour leurs errements condamnables. Mais, loin d’être responsables de tous les malheurs du genre humain, elles ont au contraire barré la route aux tentations autoritaires et totalitaires. Quant à la civilisation européenne, qui a érigé la vérité et la liberté en valeurs suprêmes, on ne saurait sans mauvaise foi la condamner globalement comme criminelle. Les Européens (« les Blancs ») ont su procéder à la critique de leurs propres mythes en garantissant aux citoyens des États-nations démocratiques, à la suite de durs combats, la liberté de pensée, la liberté de conscience et la liberté d’expression. Ils ont su également apprendre de leurs erreurs, de leurs illusions et de leurs dérives criminelles. On doit reconnaître enfin, contre les inquisiteurs et les imprécateurs décoloniaux, que les divers apports positifs de la civilisation européenne ont fortement contribué à améliorer la condition humaine. Il n’y a pas à rougir de l’héritage européen, ni à s’excuser d’avoir la mauvaise couleur de peau.

    A lire aussi sur Atlantico, deux extraits de l'ouvrage :

    La menace de l’ethnicisation des problèmes sociaux et du séparatisme

    Les racines de l’imposture décoloniale

    Pierre-André Taguieff publie "L'imposture décoloniale : Science imaginaire et pseudo-antiracisme" aux Editions de l’Observatoire

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    Source : https://www.atlantico.fr/

  • Moi, j’ai dit Pays légal ?, par Philippe Germain.

    Face à la menace prin­ci­pale d’Islamisation cultu­relle et démo­gra­phique, l’Action Fran­çaise a nom­mé l’ennemi prio­ri­taire. Il est poli­tique. C’est le « Pays légal ».

    L’expression est l’objet d’un para­doxe. Elle est par­fois assi­mi­lée au concept « d’Etats confé­dé­rés » (pour­tant Maur­ras n’a pas pour habi­tude de pra­ti­quer la syno­ny­mie) mais cette manœuvre dis­qua­li­fiante, n’empêche pour­tant pas son emploi tant par le gou­ver­ne­ment que par l’opposition.

    philippe germain.jpgDes exemples ? Oui en voi­là, et d’autant plus inté­res­sants car s’étant dérou­lés après « l’Affaire » de la com­mé­mo­ra­tion du 150 ème anni­ver­saire de la nais­sance de Maur­ras. Affaire qui fut un dur camou­flet pour la ministre de la Culture Fran­çoise Nys­sen, la qua­si tota­li­té des membres du Haut-Comi­té des com­mé­mo­ra­tions natio­nales ayant démis­sion­né en bloc, dénon­çant « la menace de la cen­sure ou de l’au­to­cen­sure ». Le tout se ter­mi­nant en beau­té, par l’entretien du pré­sident de la répu­blique en décembre 2020 au jour­nal l’Express, expli­quant qu’il ne faut pas faire comme si Charles Maur­ras n’avait pas exis­té… des exemples donc, du solide, du concret !

    • le gou­ver­ne­ment d’abord : Son porte-parole, Ben­ja­min Gri­veaux, loue les visites de ter­rain des ministres en 2018 : « C’est le pays légal qui ren­contre le pays réel ». A son tour, devant les dépu­tés de la majo­ri­té, réunis en 2020 dans le palais pré­si­den­tiel, Emma­nuel Macron illustre la décon­nexion entre les citoyens et les élites du pays en repre­nant, la dis­tinc­tion entre « pays légal » et « pays réel ».
    • l’opposition ensuite, et de droite et de gauche tant qu’on y est : « Le pays réel a par­lé », se féli­cite le pré­sident Laurent Wau­quiez lorsque deux can­di­dats Les Répu­bli­cains rem­portent des élec­tions légis­la­tives par­tielles, en 2018. Puis le dépu­té des Insou­mis, Clé­men­tine Autain, jus­ti­fie en 2020, le dépôt de 19.000 amen­de­ments contre le pro­jet de loi sur les retraites comme « Une méthode d’interpellation pour faire écho au pays réel ».

    Et oui, chas­sez le maur­ras­sisme par la porte du poli­ti­que­ment cor­rect et il revient par la fenêtre de la vraie vie.

    Ceci dit, d’autres dési­gna­tions cir­culent actuel­le­ment, comme « frac­ture sociale[1] », « Eta­blis­se­ment[2] », « France des métro­poles[3] », « bloc éli­taire[4] », « Oli­gar­chie[5] », « caste[6] », « anyw­here[7] ». Toutes insistent sur la rup­ture ou la dis­tance entre peuple et classe diri­geante et beau­coup tournent autour de l’appel à la démo­cra­tie directe, la « véri­table » démo­cra­tie. Nous sommes là, dans la VI ème répu­blique rêvée des « démo­lâtres », de  Jean-Marie Le Pen à Jean-Luc Mélen­chon. En fait, ces dési­gna­tions sont des mar­queurs de la déma­go­gie. Celle-ci étant, rap­pe­lons-le, l’exagération et l’abus de démo­cra­tie ou dit autre­ment, une sur­en­chère démo­cra­tiste. D’ailleurs on ignore trop qu’il n’y a pas de véri­table fron­tière entre déma­go­gie et démo­cra­tie et c’est pour­quoi il faut refu­ser l’idée d’une pseu­do « cor­rup­tion » de l’idée démocratique.

    Il en va dif­fé­rem­ment du « pays légal » contre-révo­lu­tion­naire. Concept évo­qué par Antoine Blanc de Saint-Bon­net dans La légi­ti­mi­té (1873), relan­cé par Charles Benoist, popu­la­ri­sé par Charles Maur­ras, pré­ci­sé socio­lo­gi­que­ment par Michel Michel, revi­si­té his­to­ri­que­ment par Pierre Debray. Le « pays légal » contre-révo­lu­tion­naire est une cri­tique démo­phile[8] de la démo­cra­tie. Lui ne dénonce pas une pseu­do confis­ca­tion de la démo­cra­tie, mais la domi­na­tion exer­cée sur le pays réel au titre de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire. Il ne dénonce pas le prin­cipe des élites spon­ta­nées, mais le Sys­tème répu­bli­cain qui jus­te­ment n’étant pas leur expres­sion, ne se péren­nise qu’en asser­vis­sant les fac­tions natu­relles, au pro­fit de couches sociales qui tirent direc­te­ment leur sub­sis­tance et leur pou­voir de cette forme de régime. Pour cela le Sys­tème répu­bli­cain gèle la vita­li­té du pays réel, en le rédui­sant à l’é­tat de masse (le citoyen consom­ma­teur-élec­teur), face au géant (l’é­tat). Com­pre­nons bien : La des­truc­tion du code de dif­fé­rences et d’i­den­ti­tés du pays réel per­met la durée du Sys­tème répu­bli­cain. C’est une des clés majeures de la démons­tra­tion maurrassienne.

    Pour l’Action fran­çaise du XXIème siècle,  le « pays légal » désigne ceux qui par la mai­trise poli­tique de l’appareil d’État répu­bli­cain, exercent une domi­na­tion socié­tale (Manif pour Tous) et sociale (Gilets Jaunes), sans sou­ci du bien commun.

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam menace prin­ci­pale », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne
    13. Le Prince chré­tien et la laïcité
    14. balayons le défai­tisme républicain
    15. Balayons le défai­tisme démocrate.
    16. Refe­ren­dum sur l’immigration

    [1] Jacques Chirac,

    [2] Jean-Marie Le Pen.

    [3] Chris­tophe Guilluy,

    [4] Jérôme Sainte-Marie,

    [5] Her­vé Kempf,

    [6] Laurent Mauduit,

    [7] David Goodhart,

    [8] Le terme, inven­té par Maur­ras en 1912 au sujet du pape Léon XIII, n’est tou­jours pas por­té au dic­tion­naire. Il fut repris par le Dau­phin Hen­ri VI, comte de Paris, dans son ouvrage Essai sur le gou­ver­ne­ment de demain.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Régis de Castelnau : ”Le Parquet national financier, créé par François Hollande, s’est transformé en machine de guerre c

    Crédits Photo: Damien MEYER / AFP

    Acharnement

    Dans "Une Justice politique" (éditions de L’Artilleur), Régis de Castelnau retrace et dévoile les différents visages de la politisation de la justice.

    5.jpgAtlantico : Vous publiez « Une Justice politique: Des années Chirac au système Macron, histoire d'un dévoiement » aux éditions de L’Artilleur. De Michel Noir à Emmanuel Macron, en passant par Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou l’affaire Fillon, vous retracez et dévoilez les différents visages de la politisation de la justice. Comment expliquer ce phénomène ? Comment en sommes-nous arrivés là ?  

    Regis de Castelnau : Il est difficile de résumer un processus trentenaire en quelques phrases. Simplement il faut essayer d’identifier les ressorts qui ont enclenché une évolution aboutissant à une situation très problématique pour un pays comme la France. Où l’appareil judiciaire est en mesure de peser lourdement sur les processus politiques et démocratiques comme on l’a vu justement avec la disqualification judiciaire du favori de la présidentielles 2017 pour permettre l’arrivée au pouvoir d’un parfait inconnu choisi par les grands intérêts économiques et la haute fonction publique d’État.

    Pendant deux siècles, c’est-à-dire depuis le Premier Empire la justice française se caractérisait par une soumission au pouvoir politique qui permettait de considérer qu’elle était une courroie de transmission de celui-ci. Dans plusieurs pays d’Europe, à la fin des années 80 la situation politique a changé, et le système classique de démocratie représentative dans lequel les partis politiques de masse jouaient un rôle important est entré en crise. La disparition des grandes idéologies a entraîné la disparition des militants de ces partis qui ont eu alors recours pour leur financement à des expédients. C’est-à-dire à une corruption généralisée de la gestion publique, toutes les décisions favorables au entreprises privées devenant le support de contreparties en à base de commissions occultes. Cela ne fut pas supporté par l’opinion publique qui approuva et soutint l’offensive lancée par le pouvoir judiciaire allié à la presse contre la classe politique. La magistrature saisit alors l’opportunité qui lui était offerte de son émancipation et de l’accession à son indépendance. Le problème est que cette indépendance conquise par l’abaissement et la mise en accusation systématique du pouvoir politique se réalisa au profit non d’un renforcement de l’impartialité de la justice dont la fameuse indépendance est le levier, mais au contraire de l’instauration d’une partialité politique. Faute de véritables clivages idéologiques et politiques entre les grands partis, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques est devenue une (mauvaise) habitude qui atteint certain paroxysme avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république. C’est dans ces conditions qu’au printemps 2017 l’appareil judiciaire rallié à la candidature d’Emmanuel Macron est intervenu dans le processus électoral pour disqualifier judiciairement le favori de l’élection présidentielle.

    Suite à des révélations de Mediapart et selon des informations du Monde, le Parquet national financier a confirmé l’ouverture d’une enquête préliminaire visant Nicolas Sarkozy au sujet d’un contrat de 3 millions d’euros passé avec le groupe Reso-Garantia. Assiste-t-on à une nouvelle médiatisation et judiciarisation, voire un certain acharnement judiciaire, contre Nicolas Sarkozy alors que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a confirmé cette semaine l’illégalité de la publication d’enregistrements de Mme Bettencourt par Mediapart et que Ziad Takieddine a été entendu par des magistrats français le 14 janvier au Liban dans le cadre de l’affaire dite du financement libyen ?

    L’acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy est une évidence et cette annonce d’une nouvelle enquête préliminaire n’en est qu’une nouvelle illustration. On notera que la nouvelle offensive part du Parquet National Financier, outil sur-mesure créé par François Hollande pendant sa présidence. Création destinée à compléter le pôle d’instruction financier composé de magistrats du siège pour beaucoup militants de gauche, et qui s’est transformé en machine de guerre contre la droite, et en outil de protection des amis d’Emmanuel Macron qui jusqu’à présent ont bénéficié de larges mansuétudes judiciaires. L’exemple de la publication des conversations entre Madame Bettencourt et son avocat, relevant du secret professionnel, et cependant publiées par Mediapart et particulièrement révélateur. En effet, cette énormité juridique a pourtant été validée par la Cour de cassation qui s’est ainsi trouvée une fois de plus en contradiction avec la CEDH sur une question de liberté fondamentale. L’on a pu malheureusement constater depuis quelques années que dès lors qu’il s’agissait de raids judiciaires contre les hommes politiques de droite la haute juridiction mettait beaucoup de souplesse à valider des initiatives dont on aurait pu penser qu’elles étaient grossièrement illégales. J’en ai cité quelques-unes dans mon livre, il y en a malheureusement d’autres. Quant à l’audition de Ziad Takieddine réalisé en urgence au Liban dans une affaire portant sur des faits intervenus en 2007 et pour lesquels aucune charge sérieuse n’a pu être établie, elle caractérise cet acharnement fébrile à l’encontre de celui dont on semble craindre chez certains, un éventuel retour politique.

    Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti est visé par une procédure de la Cour de la justice de la République pour « prise illégale d’intérêt ». Les magistrats sont-ils en train de faire une nouvelle victime ? Est-il possible de construire un contrepoids au pouvoir de plus en plus important des magistrats ?

    Emmanuel Macron aurait-il commis une erreur tactique avec la nomination d’Eric Dupond Moretti place Vendôme alors qu’à l’évidence celui-ci est haï par les magistrats ? En effet depuis l’arrivée de cet avocat tonitruant, le corps des magistrats dans son ensemble, fait tout pour obtenir son départ. Je dis le corps des magistrats dans son ensemble car différentes manifestations l’ont établi et surtout a première présidente de la Cour de cassation et le procureur général s’en sont faits les porte-paroles. La décision de la commission d’instruction de la Cour de Justice de la République (CJR) composée uniquement de magistrats professionnels de considérer comme recevables (!) les plaintes des syndicats de magistrats contre Dupond Moretti, en est une nouvelle preuve. Puisque cette décision va permettre la mise en examen du Garde des Sceaux créant ainsi une situation assez invraisemblable ou le pouvoir judiciaire qui devrait être séparé considère que comme pour le président de la république en 2017 c’est à lui qu’il appartient de dire qui peut être ministre de la justice !

    Emmanuel Macron est dans une situation délicate, car soit il cède et se débarrasse d’Éric Dupond Moretti et il perdra la face et se retrouvera dans une situation politique affaiblie. Soit il accepte l’épreuve de force et le conserve. Les magistrats disposent de tous les moyens pour le mettre en difficulté sur le plan judiciaire. Non pas directement puisqu’il est protégé par son immunité constitutionnelle, mais, de Richard Ferrand à François Bayrou en passant par Alexis Kolher, Gérard Darmanin et autres Benalla, il y a suffisamment de gens à inquiéter dans son entourage.

    La Cour de cassation a rejeté ce mardi les trois pourvois formés par l’ancienne présidente du Syndicat de la magistrature, Françoise Martres, après sa condamnation pour injure publique dans l’affaire du « Mur des cons », selon des informations du Monde. Quel regard portez-vous sur cette décision ? Faut-il y voir un signal ?  

    Il ne faut pas se laisser prendre à cette diversion. La décision de la Cour de cassation permet de prétendre que la magistrature est capable de faire la police dans ses propres rangs. Ce n’est pourtant pas ce qui s’est passé avec cette procédure. En effet l’existence de ce « Mur des cons » dans un local ouvert à tous les vents, constituait une revendication de partialité politique pour les magistrats. Revendication confirmée dans un article de justification de l’existence de ce panneau signé par d’anciens dirigeants des deux principales organisations syndicales ! La réponse à ce manquement gravissime n’était pas le lancement d’une procédure issue de la loi sur la presse, mais bien une procédure disciplinaire pour sanctionner cette atteinte majeure au devoir de réserve. Pour ma part je considère que ce « signal » est plutôt quelque chose de négatif.

    Que faut-il penser de la tentative de judiciarisation de la crise sanitaire et des menaces de poursuites judiciaires qui pèsent sur la classe politique et les médecins face à la pandémie de Covid-19 et face à la pression des citoyens ou de certaines associations et collectifs ? Le Premier ministre Edouard Philippe avait évoqué cette crainte lors de son audition devant la Commission de l’Assemblée nationale. Cette menace ne porte-t-elle pas atteinte à l’action politique et du gouvernement dans le cadre de la lutte contre la pandémie ?

    Il est clair que l’incompétence arrogante a caractérisé la gestion gouvernementale de la première vague du Covid 19. Et que des fautes très graves ont été commises dont certaines relevent de l’appréciation du juge en application du code pénal. Le problème est que beaucoup se sont dès ce moment-là précipité sur le judiciaire pour tenter de faire rendre gorge à un pouvoir qui se caractérise par la désinvolture et le mépris. Ne retenons que l’exemple du directeur général de la santé Jérôme Salomon dont les responsabilités écrasantes ont été pointées par les commissions parlementaires d’enquête. Personne dans la sphère gouvernementale n’a simplement envisagé qu’il puisse démissionner. L’irresponsabilité est ainsi institutionnalisée. Il n’y a donc pas à être surpris que face à la gabegie qui perdure dans la gestion de la deuxième vague, comme le démontre la stratégie vaccinale, beaucoup se précipitent vers le prétoire pour s’y exprimer. Parce que malheureusement ce qui porte atteinte « à l’action politique du gouvernement dans le cadre de la lutte contre la pandémie » c’est plutôt l’incompétence de celui-ci, qui est à l’origine de nos déboires, et non pas le risque pénal. Surtout que l’on sait très bien que si affairespénales il y a à la suite de la pandémie, les procédures seront longues et complexes et que les décisions n’interviendront que dans plusieurs années.

    Quelle solution préconisez-vous pour une justice apaisée et pour réduire l’influence de cette politisation de la justice ? Au regard des sommes et du temps investis dans toutes ces procédures qui aboutissent souvent à des non-lieux, l’administration judiciaire ne pourrait-elle pas se réinventer ? La campagne de 2022, marquée par la crise sanitaire, ne risque-t-elle pas d’être polluée par des affaires judiciaires comme lors du séisme médiatico-judiciaire de l’affaire Fillon ? 

    Nous courons effectivement un réel danger de voir la justice récidiver et intervenir, dans le processus électoral qui s’ouvre. Jusqu’à présent deux candidats se sont officiellement déclarés : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Ils sont tous les deux concernés par des procédures judiciaires en cours, qu’il serait très simple de réactiver au bon moment. Je ne formule pas là une accusation, je pointe une hypothèse que le raid judiciaire contre François Fillon au printemps 2017 rend tout à fait plausible.

    Malheureusement, cette politisation dont je considère qu’elle est une réalité, est trop souvent considérée par le monde politique comme un atout. Beaucoup de ceux qui ont protesté contre le sort fait à François Fillon, , ne verraient peut-être pas d’inconvénient à ce que cela arrive de nouveau à un de leurs concurrents. On touche là une question essentielle qui est celle de la nécessité que ceux qui portés aux responsabilités par l’élection, réaffirment clairement et nettement qu’il n’est pas acceptable que la justice soit devenue un pouvoir politique. Et mettent en œuvre ou préconisent les mesures permettant de mettre fin à ce dévoiement. Il en existe un certain nombre, dont la restauration d’une discipline républicaine minimum devrait être la première.

    A lire aussi : Affaires Bettencourt, Paul Bismuth, Takieddine : la chasse au Sarkozy est ouverte

    A lire aussi : L’affaire Fillon, un coup d’Etat judiciaire ?

    Régis de Castelnau publie « Une Justice politique : Des années Chirac au système Macron, histoire d'un dévoiement » aux éditions L’Artilleur

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    Source : https://atlantico.fr/

  • Pour un état indépendant s’inscrivant dans le temps long, par Phi­lippe SCHNEIDER.

    Édi­to­rial de la Lor­raine Royaliste

    Pauvre année que nous venons de vivre ! La France a été tou­chée, comme beau­coup d’autres pays, par une épi­dé­mie venue de Chine et dont les causes sont encore incon­nues. Il faut dire que les Chi­nois ne font pas grand-chose pour nous éclai­rer. Il semble même que de nom­breux témoins du début de l’épidémie aient « dis­pa­rus » ! 

    Cette épi­dé­mie a entraî­né un peu par­tout des morts, moins, beau­coup moins, que lors des grandes pan­dé­mies du pas­sé mais suf­fi­sam­ment pour que nous devions en tenir compte sur­tout que ce virus était (est encore) pra­ti­que­ment inconnu.

    Les réac­tions furent dif­fé­rentes d’un pays à l’autre : fer­me­ture totale des fron­tières ou, comme la France, les lais­ser ouvertes. Confi­ne­ment total, par­tiel de la popu­la­tion ou non…

    Cette crise, qui n’est pas finie, aura mon­tré aus­si beau­coup de fai­blesses dans notre pays :

    - Notre sys­tème de san­té n’est pas au point, il s’est même lar­ge­ment dégra­dé au fil des années à la suite de mesure « d’économies ». Cela est par­ti­cu­liè­re­ment criant concer­nant les places dis­po­nibles dans le sys­tème hos­pi­ta­lier (hôpi­taux et cli­niques ras­sem­blés). Et pour­tant, nous sommes un des pays qui dépense le plus pour sa san­té ! En fait, notre sys­tème est beau­coup trop cen­tra­li­sé et bureau­cra­tique engen­drant des dépenses folles (plus du double en moyenne que les autres pays de l’OCDE) en per­son­nel admi­nis­tra­tif pour rien sinon rem­plir des for­mu­laires, des fiches admi­nis­tra­tives… mais pas soigner !

    - Notre indus­trie phar­ma­ceu­tique qui dépend main­te­nant lar­ge­ment de l’étranger pour la four­ni­ture des pro­duits per­met­tant la fabri­ca­tion des médi­ca­ments. Cer­tains sont même  tota­le­ment impor­tés. Ce n’était pas le cas avant la « mon­dia­li­sa­tion » ! Et ceci se véri­fie pour nombre d’autres indus­tries. Nous ris­quons de ne plus pou­voir soi­gner nos malades en cas de vrai grave crise mon­diale et qu’arriverait-il si les voies de com­mu­ni­ca­tion étaient cou­pées ? Et c’est aus­si le cas pour de nom­breux autres pro­duits. La France a beau­coup per­du sur le plan indus­triel au nom d’une poli­tique à courte vue du « moindre coût » dans le cadre du « libre échange ».

    - Par res­pect des « accords » de l’Union Euro­péenne, la France n’a pas fer­mé ses fron­tières, se conten­tant de deman­der que les fron­tières euro­péennes le soient. Pour­tant, nous remar­quons que beau­coup de pays, l’Allemagne en par­ti­cu­lier, les ont fermées.

    Fai­blesse du gou­ver­ne­ment Fran­çais inca­pable réflé­chir avant d’agir, mais « frap­pant » très fort pour mon­trer qu’il existe sans pen­ser aux consé­quences de ses actions désor­don­nées. Cen­tra­li­sa­teur, il empê­cha toute ini­tia­tive locale. Fai­blesse éga­le­ment de l’Europe qui a mon­tré toute son inef­fi­ca­ci­té pen­dant long­temps. Sans comp­ter les choix des médi­ca­ments ou vac­cins sans doute plus liés aux « pres­sions » des indus­tries phar­ma­ceu­tiques que de leurs valeurs !

    Si nous avons tous subit cette épi­dé­mie comme il y en eu beau­coup dans notre his­toire et de bien plus graves, cer­tains en pro­fite pour assoir leurs puis­sances. C’est Jacques Atta­li qui, il y a quelques années déjà, sou­hai­tait une grande pan­dé­mie tou­chant le monde entier pour per­mettre d’imposer un « gou­ver­ne­ment mon­dial ». Et il est cer­tain que beau­coup d’idéologues et de finan­ciers en pro­fitent pour pous­ser dans cette direc­tion pour en finir avec les Nations. Et nous le voyons déjà en Europe avec ces « emprunts euro­péens » – en fait de la mon­naie fabri­quée par la banque cen­trale euro­péenne – qui sont redis­tri­bués aux divers pays. Notre indé­pen­dance finan­cière n’existait déjà pra­ti­que­ment plus, mais c’est encore pire car nous serons tous tenus à la mer­ci du plus puis­sant finan­ciè­re­ment et éco­no­mi­que­ment des États euro­péens, l’Allemagne. Cette der­nière étant à la remorque des États-Unis d’Amérique.  Il faut aus­si se poser la ques­tion des consé­quences de ce déver­se­ment jamais vu de sommes pha­ra­mi­neuses dans l’économie ne repo­sant sur rien. Cet argent arti­fi­ciel per­met certes à cer­tains qui ne peuvent plus tra­vailler de sur­vivre mais essen­tiel­le­ment se retrouve dans le monde finan­cier, ce qui explique que les bourses ne cessent de pro­gres­ser alors même que l’économie est en grande par­tie à l’arrêt. Ceci pro­voque la créa­tion de « bulles » finan­cières qui, imman­qua­ble­ment, « écla­te­ront » un jour pro­vo­quant faillites et catas­trophes en série. Seuls les plus solides éco­no­mi­que­ment, finan­ciè­re­ment et – j’ajouterai – poli­ti­que­ment s’en sor­ti­ront. Et ce n’est pas le cas de la France pri­son­nière de l’Union Euro­péenne, finan­ciè­re­ment exsangue et éco­no­mi­que­ment malade.

    Notre éco­no­mie, déjà mal en point il y a un an, va-t-elle pou­voir se remettre  de plu­sieurs mois d’arrêt presque total dans cer­tains sec­teurs ? Ne reve­nons pas sur les divers confi­ne­ments, couvre-feux et autres limi­ta­tions à mon avis en grand par­tie injus­ti­fiés mais il faut main­te­nant son­ger à l’avenir : com­ment recons­truire ? Il est déjà cer­tain que cela ne pour­ra se faire si nous res­tons dans l’Union Européenne.

    Recons­ti­tuer notre indus­trie natio­nale pour nous per­mettre de retrou­ver une cer­taine indé­pen­dance tout en nous pro­je­tant dans les nou­velles indus­tries inno­vantes. Ceci sans dépendre de l’étranger pour les com­po­sants en par­ti­cu­lier pour l’industrie phar­ma­ceu­tique mais aus­si dans l’électronique. Mais com­ment faire confiance en notre répu­blique qui, nous l’avons vu entre autres avec Alstom et Laté­coère, brade nos entre­prises per­for­mantes à des socié­tés étran­gères ? Cela néces­si­te­rait aus­si de retrou­ver notre indé­pen­dance finan­cière en ne dépen­dant plus de la banque cen­trale euro­péenne pour nos opérations.

    Nous le voyons, tout ceci néces­si­te­rait une volon­té farouche de l’État de recons­ti­tuer une France forte et indé­pen­dante. Pour cela, outre la volon­té, il fau­drait un État et donc un chef de l’État qui ait le temps devant lui, car rien ne peut se faire à court terme. Autant dire que cela est impos­sible dans notre régime où le pré­sident est élu pour 5 ans. Il faut à la France un chef de l’État qui ne s’occupe pas – comme Macron – des affaires quo­ti­diennes mais qui ait une vue à long terme, conduise les grands pro­jets mais sans entrer dans les détails, rôle des ministres, voire des entre­prises, des pou­voirs locaux… Seul un per­son­nage indé­pen­dant des fac­tions, donc non élu, mais ayant une légi­ti­mi­té his­to­rique peut le faire. En France, c’est notre Roi. Tra­vaillons à son instauration.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • La guerre sans la guerre, drôle de guerre !

     

    Par Mathieu Épinay*

     

    Moyen-orient. Le président Macron a déclaré que le fait d’envoyer des missiles frapper des sites en Syrie n’était pas un acte de guerre, mais juste des « représailles ». Dans cette affaire, tout n’aura été que postures. 

    Stupéfiant dans l’art consommé qu’il a de prendre les Français pour des imbéciles, le talentueux Macron, après avoir abordé les questions religieuses aux Bernardins, s’est mis à traiter les questions stratégiques avec la même sophistique. Toujours avec le même brio ! Dans l’entretien télévisé incongru du 16 avril, il a expliqué au journaliste Plenel de Mediapart que, grâce à nos frappes en Syrie, nous avons « réacquis de la crédibilité à l’égard des Russes ». Pas de chance, le lendemain le ministre russe des Affaires étrangères faisait savoir, sans être démenti, que « la Russie et la coalition internationale dirigée par les USA ont été en contact au niveau du commandement peu avant les frappes contre la Syrie. Moscou a notamment mis en garde contre les frappes sur certaines régions syriennes qui signifieraient le franchissement de lignes rouges. » Il ajoutait que « le chef d’état-major des armées russes avait averti la coalition internationale, bien avant qu’elle ne réalise ses frappes contre la Syrie, que si les activités militaires quelconques de la soi-disant coalition touchaient des militaires russes, la partie russe répondra d’une manière dure et claire. » Pour Macron, une opération négociée avec les Russes et encadrée par leurs lignes rouges – ils ont aussi les leurs –, nous aurait donc rendus crédibles et dissuasifs à leur égard.

    Un dispositif sans motif valable

    Et voici ce qu’il a déclaré juste après ces bombardements, avec l’assurance de l’homme qui ne se trompe pas : « Le samedi 7 avril 2018, à Douma, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été massacrés à l’arme chimique, en totale violation du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Les faits et la responsabilité du régime syrien ne font aucun doute … J’ai donc ordonné aux forces armées … »

    Or, les faits ne sont pas établis, loin s’en faut, et l’enquête n’a même pas commencé. Le document produit le lendemain par Macron pour prouver une attaque chimique et justifier sa décision n’a malheureusement que l’apparence d’une compilation d’éléments ramassés sur les réseaux sociaux. À quoi sert d’inventer une loi « anti-fake news », si c’est pour se livrer soi-même à un genre d’exercice comparable. Il convient de soupeser les termes de ce texte officiel : « L’analyse des vidéos et des images (…) a permis de conclure avec un haut degré de confiance que la grande majorité est de facture récente et ne relève pas d’une fabrication. » Extraordinaire, n’est-ce pas ? En outre, « la nature spontanée de la mise en circulation des images sur l’ensemble des réseaux sociaux confirme (!) qu’il ne s’agit pas d’un montage vidéo ou d’images recyclées ». Enfin, « une partie des entités ayant publié ces informations est reconnue comme habituellement fiable » ! C’est ubuesque, mais surtout un peu léger pour engager nos marins et aviateurs dans une opération risquée, désastreuse pour notre réputation et, comme il le dit si bien lui-même « en totale violation du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. »

    Cette attaque, lancée sans le moindre accord international, telle que fut naguère l’aventure libyenne de Sarkozy, inscrit donc clairement la République française dans le clan des États qui prétendent régenter le monde en traitant les autres États de voyous, ce qui permet précisément de s’éviter les normes habituelles du droit et de se comporter soi-même… en voyou. Les éléments de langage macroniens sur « les dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés à l’arme chimique par Bachar » rappellent d’ailleurs ceux de Sarkozy sur « les fleuves de sang promis par Khadafi ». On connaît la réalité et la suite.

    Beaucoup de désinformations

    Il a fallu entendre beaucoup d’âneries sur cette affaire : ainsi un proche de l’Élysée explique que, grâce à Macron, les Américains ont limité les frappes ; eh oui ! Un expert militaire patenté raconte qu’un système russe permet de « ralentir la vitesse de nos missiles de croisière pour en faire une proie facile pour la défense », et ainsi de suite !

    Restons sérieux et contentons-nous de quelques commentaires sur le plan militaire, puis sur le plan politique.

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    Telles sont les images que le Département de la Défense a présentées le 14 avril après les frappes de missiles américains sur le site syrien d’Him Shinshar de stockage d’armes chimiques.

    Le premier bobard, et c’est de bonne guerre, viendra des Russes qui annoncent que 71 missiles de croisière sur les 105 déclarés par la coalition ont été abattus par la DCA syrienne.

    Quatre jours plus tard, ils ajoutent qu’ils en ont récupéré deux intacts, dont l’examen permettrait de modifier leur système de défense pour être capables de les intercepter ! Ils ne l’étaient donc pas, contrairement à la DCA syrienne ! Tout cela n’est pas cohérent !

    De fait, il est très probable qu’aucun missile n’ait été intercepté et pour cause ! Les Tomahawk américains, les Scalp/Storm Shadow franco-britanniques et les missiles de croisière navals (MDCN) français sont des armements stratégiques, des missiles furtifs à faible signature infrarouge et radar, qui foncent, en haut subsonique, près du sol, sur plusieurs centaines de kilomètres selon une trajectoire programmée pour éviter les zones dangereuses, exploiter au mieux les masques du relief et leurrer les systèmes d’alerte. Très discrets, parfaitement autonomes, ils suivent exactement l’itinéraire qu’on leur a assigné en comparant la carte en relief qu’ils ont en mémoire avec le profil du terrain survolé. Si cela ne suffit pas, le missile se raccroche au GPS américain, au prix de la souveraineté, bien sûr. En phase d’attaque, c’est l’image thermique de l’autodirecteur corrélée avec l’image satellite de la cible chargée en mémoire qui génère les algorithmes de pilotage, ajustant la trajectoire au mètre près. De plus, le vol des différents missiles est synchronisé pour saturer les défenses. Bref, les artilleurs syriens n’ont pas les moyens d’arrêter un tel tir à trois heures du matin.

    Le fait qu’un des 10 missiles Scalp portés par nos 5 Rafale ne soit pas parti relève d’un aléa technique qui sera identifié et corrigé ; c’est ennuyeux, ce n’est pas un drame. En revanche, les pannes qui ont bloqué le départ de missiles MDCN sur plusieurs de nos frégates (FREMM) sont préoccupantes pour notre crédibilité. Le silence assourdissant du ministre sur ce point était maladroit ; il fallait juste souligner d’emblée l’excellent comportement des 3 MDCN pour leur baptême du feu, sans occulter des difficultés de mise au point inévitables à ce stade final du développement, avec des risques identifiés et acceptés. Tout le monde aurait alors compris qu’on n’en ait pas tiré plus. Mais sur une opération aussi contestable, la communication gouvernementale était un peu crispée.

    Le MDCN, qui sera bientôt intégré sur nos nouveaux sous-marins d’attaque de classe Suffren, marque une révolution majeure dans la stratégie navale. Il n’a d’ailleurs échappé à personne que les porte-avions, américains, français ou britanniques ont disparu de la scène, et que nos Rafale en Jordanie et aux Émirats, cloués au sol pour d’évidentes raisons de bienséance diplomatique, ont été facilement remplacés par d’autres, partis de France.

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    Le 24 avril, le président Macron, à côté de la First Lady Melania, enserre dans ses bras le président Trump, lors de la réception à la Maison Blanche. 

    Politique de Trump : politique de Macron ?

    Venons-en aux objectifs : les photos-satellite des résultats publiées par les Américains sont cohérentes ; ils n’ont pas de raison de les trafiquer. Les trois immeubles du prétendu centre de recherche chimique de Brazeh, près de Damas, sont rasés et il y faut bien 76 missiles, équivalents à autant de bombes de 500 kg. Certes Trump, qui ne pouvait ignorer que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) n’y avait rien trouvé lors d’une récente inspection, a un peu forcé la dose. Était-ce une provocation adressée aux faucons, néo-conservateurs ou démocrates, de son État profond ? Les deux autres objectifs près d’Homs, des bunkers probablement vides, ont été atteints, sans surprise et aussi sans victimes ; les Russes, après avoir « proposé » les objectifs, auront prévenu le gouvernement syrien qui n’avait d’ailleurs rien à y faire garder. Tout le monde est donc allé dormir ailleurs !

    Que cherche donc Trump en envoyant des salves de missiles de croisière sur des objectifs désaffectés : une base aérienne en 2017, des immeubles et des bunkers vides en 2018 ? Cette politique de la canonnière est en tout cas démonstrative de sa capacité à frapper partout à tout moment et sans risques d’enlisement. Et maintenant on apprend qu’il entend désengager les forces américaines du Moyen-Orient. Cependant, les enjeux de pouvoir à Washington rendent la politique étrangère américaine plus opaque. S’agit-il de maintenir le chaos en Syrie ou de l’abandonner aux Russes pour se tourner vers le Pacifique ? Quelle est la part de théâtre dans les postures de Trump ? Sont-elles destinées au public oriental, à l’Iran, au congrès américain, aux Russes, aux Européens ? À Macron en particulier à qui il vient d’offrir une visite d’État et qui pense infléchir les décisions de l’imprévisible Trump. À tort ?

    Comment fonctionne notre chef des armées pour se laisser entraîner aussi vite dans un jeu qu’il ne maîtrise pas ? Le comprend-t-il seulement ?

    Dans une situation aussi confuse, il est urgent que la France prenne ses distances et définisse une ligne stratégique et politique qui lui soit propre au Moyen-Orient. Y a-t-il encore des personnes qui pensent au sommet de l’État ? Ou ceux qui pensent ne sont-ils chargés que d’exécuter les ordres de chefs qui ne connaissent que leur caprice ?   

    Mathieu Épinay

    * Collectif de spécialistes des questions de Défense
  • Motu proprio Traditionis Custodes : et maintenant ?, par Jean Bouër.

    La volonté pontificale de supprimer de facto la forme extraordinaire du rite romain a déclenché des réactions contrastées, qui dessinent sans doute la carte spirituelle et géographique de l'influence de François.

    Le motu proprio Traditionis Custodes du 16 juillet 2021 a fait l’effet d’un coup de massue dans le monde catholique traditionnel, et bien au-delà. Il soumet la célébration du missel tridentin, dont Benoît XVI avait libéralisé en 2007 la célébration, à l’autorisation de l’évêque, non sans conditions drastiques : pas de célébration dans les église paroissiales, interdiction de créer des paroisses personnelles et même autorisation de Rome quand le prêtre a été ordonné après la date du motu proprio (!)… D’aucuns dénoncent un système intentionnellement mesquin, qui ne vise qu’à éteindre l’usage du missel traditionnel. Cela semble le cas, car on doute que, suivi à la lettre, le motu proprio permette la survie du rite tridentin, surtout quand son auteur envisage le passage des fidèles de l’ancien rite au nouveau. Les deux versions antérieures au motu proprio étaient, paraît-il, encore plus restrictives… Cette fois-ci, on revient plutôt à un système de concession conformément à ce qui existait avant le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007. Sa célébration est donc désormais subordonnée à l’autorisation de l’évêque diocésain. C’est le régime qui était en effet pratiqué sous Jean-Paul II avec l’indult Quattuor abhinc annos du 3 octobre 1984 et le motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988, mais à la différence près que ce dernier texte recommandait encore une « application large et généreuse » de l’usage du rite traditionnel, alors que François envisage clairement sa disparition… Au-delà des intentions et des aléas – les papes passent, l’Église demeure –, la « balle » est surtout dans le camp des évêques. Appelés à régir la nouvelle situation liturgique dans leur diocèse, ce sont eux, avec les fidèles, qui contribueront à éteindre ou à maintenir le missel traditionnel. Leur réaction est représentative de la situation de l’Église. Si on examine les différentes attitudes, elles révèlent beaucoup de choses, explicites, mais aussi implicites, dans le jeu ecclésial actuel.

    Un maintien sans encombre : le cas des États-Unis d’Amérique

    Une réaction assez classique a été le maintien des célébrations tridentines actuelles. Munies de l’autorité que leur reconnaît Traditionis Custodes, un certain nombre d’évêques ont confirmé les célébrations prévues dans les diocèses. Le cas est patent dans plusieurs diocèses des États-Unis. Même le libéral cardinal Cupich, archevêque de Chicago, a clairement affirmé qu’il maintenait les célébrations dans son diocèse. A-t-il perçu le malaise chez des fidèles, mais aussi l’affaiblissement chronique du pontificat de François ? L’archevêque de San Francisco, Mgr Salvatore Cordileone, a montré son ardeur à garantir la pérennité du rite tridentin : il a non seulement maintenu le nombre des célébrations mais, symboliquement, il a confirmé une messe tridentine mensuelle à la cathédrale de l’Assomption. Il s’est surtout exprimé publiquement sans aucune acrimonie pour le rite tridentin qu’il salue positivement, tout en se déclarant désolé des attaques contre François. Une démarche habile qui permet de continuer les célébrations traditionnelles sans mettre de l’huile sur le feu. D’autres évêques sont allés jusqu’à une dispense de l’application du Motu proprio. Mgr Thomas Paprocki, évêque de Springfield (Illinois), a usé d’une faculté prévue par le Code de droit canon qui permet à l’évêque diocésain de « dispenser les fidèles des lois disciplinaires tant universelles que particulières portées par l’autorité suprême de l’Église pour son territoire ou ses sujets » (canon 87, al.1er). Mgr Donald Hying, évêque de Madison (Wisconsin) indique que les prêtres qui souhaitent célébrer la messe traditionnelle « peuvent présumer » son autorisation. Les autres évêques appliquent le texte en autorisant les célébrations mais ne se privent pas de termes élogieux à l’égard de l’usus antiquior. Ainsi, ils affirment « reconnaître les nombreuses et précieuses contributions apportées à la vie de l’Église par ces célébrations » (Mgr Edward Scharfenberger, évêque d’Albany) ou voient dans le rite tridentin « une source de bénédiction et de croissance » (Mgr Thimothy Broglio, évêque aux armées). Des propos positifs tristement absents de la plume de François… Seuls quelques évêques ont mis fin aux célébrations traditionnelles. Mais on notera qu’ils ne sont pas tous progressistes, à l’exception de Mgr Anthony Taylor (Little Rock, Arkansas) – nommé par Benoît XVI – ou de Mgr Steven Biegler (Cheyenne, Wyoming). Le plus intéressant est que les évêques qui ont suspendu les célébrations tridentines ne sont pas nécessairement ceux qui ne voulaient pas, en juin dernier, que l’épiscopat américain demande aux hommes publics de respecter la « cohérence eucharistique », c’est-à-dire l’obligation de ne pas communier quand on défend publiquement l’avortement ou les mesures « sociétales »… Quant au cardinal Wilton Gregory, l’actuel archevêque de Washington, il a interdit la messe du 15 août, prévue de longue date mais a quand même maintenu les célébrations régulières dans son diocèse. Les évêques français n’ont guère montré d’ardeur particulière à remettre sur le tapis une guerre liturgique qui peut fragiliser l’unité de leur diocèse… N’ont-ils pas préféré indiquer que tout continuerait ? En Allemagne, le cardinal Marx n’a pas non plus marqué le désir de supprimer les célébrations traditionnelles. Malgré sa participation au « chemin synodal », n’était-il pas en froid avec François ?

    Des restrictions qui peuvent confiner au grotesque…

    Il y a bien sûr des évêques qui ont supprimé les célébrations dans leurs diocèses. Mais encore faut-il reconnaître que le « mouvement » tridentin y était moins étendu ou que les célébrations avaient un caractère moins stable. Ou tout simplement qu’elles étaient plus récentes. D’où un ancrage plus précaire qui permet de mettre fin à une célébration. En Biélorussie, l’administrateur apostolique du diocèse de Moguilev a supprimé la messe traditionnelle mensuelle, mais celle-ci n’existait que depuis un an. Dans certains cas, les évêques ont tout simplement interdit la célébration des messes traditionnelles alors qu’elles n’avaient jamais été autorisées. Tout en prohibant des ornements, comme la chasuble « boite à violon », utilisés dans la liturgie tridentine (au passage, la chasuble gothique est aussi préconciliaire et avait, semble-t-il, les préférences de Pie XII…). C’est par exemple le cas au Costa Rica. Un évêque est même allé encore plus loin dans la surenchère : Mgr Bartolomé Buigues Oller, évêque d’Alujela, a non seulement interdit le missel tridentin, mais proscrit toute célébration du missel de Paul VI en latin, quitte à suspendre un prêtre qui suivait cette option « modérée »… Un évêque chilien est même allé jusqu’à interdire la retransmission sur internet (!) des célébrations tridentines. La régulation épiscopale devient un véritable concours dans la mesure la plus cocasse…

    Cartographie d’une explication

    La pratique des autorisations/interdictions est surtout une cartographie des attitudes épiscopales et ecclésiales actuelles à l’égard de la messe traditionnelle. Là où les célébrations avaient eu lieu sans trop de difficultés, quelquefois après de longs combats, les évêques n’ont pas jugé utile de les remettre en cause. Là où elles étaient précaires ou inexistantes, elles sont tout simplement interdites ou appelées à disparaître. Pour résumer, là où cela se passait bien, cela n’ira pas trop mal ; là où cela n’allait pas, cela ira encore plus mal… On pourra dire que les solutions apparues ces dernières semaines manifestent une cartographie de la situation liturgique tridentine. L’autre cartographie que ces attitudes révèlent, c’est la différence de formation religieuse, mais aussi de pratique dans la « gestion » ecclésiale, selon les pays et les continents. Les évêques d’Europe ou des États-Unis sont dans des pays où les conflits sont plus ancrés : ils connaissent les querelles liturgiques du passé et ne veulent plus les revivre. D’où leur étonnement face à un texte, qui semble même avoir gêné Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras et vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), interrogé sur KTO. Les évêques français avaient trainé les pieds pour Summorum Pontificum mais, curieusement, la massue de Traditionis Custodes les a surpris, à part peut-être Mgr Roland Minnerath, l’archevêque bientôt émérite de Dijon, qui n’a pas hésité à déloger la Fraternité Saint-Pierre… Il aurait été au courant du fait que quelque chose se tramait à Rome. Mais en tout cas, la brutalité sans détour du motu proprio a peut-être dérouté des évêques habitués à des affrontements plus feutrés… On peut aussi subodorer une connaissance de la liturgie et de ses développements bien meilleure dans le monde occidental – mieux documenté – qu’ailleurs. Comment expliquer l’étonnement de Mgr Robert Mutsaerts, évêque auxiliaire de Bois-le-Duc (Pays-Bas), qui déplore « de nombreuses inexactitudes factuelles » dans le motu proprio ? L’évêque soulève l’existence d’un contresens flagrant dans la comparaison entre l’œuvre liturgique du concile de Trente et celle de Vatican II. Lisons ce qu’il écrit au sujet de ces « inexactitudes factuelles » : « L’une est l’affirmation que ce que Paul VI a fait après Vatican II serait la même chose que ce que Pie V a fait après Trente. C’est complètement loin de la vérité. N’oublions pas qu’avant cette époque divers manuscrits circulaient et que des liturgies locales avaient vu le jour ici et là […]. Trente voulait restaurer les liturgies, éliminer les inexactitudes et vérifier l’orthodoxie. Le Concile de Trente n’a pas demandé de réécrire la liturgie, ni de nouveaux ajouts, de nouvelles prières eucharistiques, un nouveau lectionnaire ni un nouveau calendrier. Il s’agissait de garantir une continuité organique ininterrompue. » On ne saurait mieux dire ! Or il semble que dans certains pays d’Amérique du Sud, l’épiscopat pâtisse de mauvaise formations liturgiques et théologiques : la messe, c’est ce que demande de faire le Pape, et obéissons-lui ! Et, à l’instar des caudillos sud-américains, il faut montrer que l’on obéit et surtout que l’on sait se faire obéir. D’où ces interdictions pittoresques et caricaturales.

    Quelles perspectives pour le rite tridentin ?

    Bien sûr, des questions restent posées, surtout quand le texte émane d’une fin de pontificat. Les conditions restrictives seront-elles suivies à la lettre ? Les évêques souhaiteront-ils être bridés ? Traditionis Custodes interdit les églises paroissiales. Mais la diminution de la pratique religieuse et la suppression de paroisses qui lui est corrélative aboutiront logiquement à augmenter les églises qui n’ont plus de caractère paroissial… On se demande aussi comment le système bureaucratique mis en place par le motu proprio pourrait ne pas être assoupli par le jeu empirique de la pratique… Des évêques auront-ils envie de saisir continuellement le pouvoir romain et les services de la curie ? Il se murmure à Rome que certains dicastères sont sérieusement à l’arrêt… Auront-ils envie de se pencher sur des dossiers à examiner pour savoir s’il faut autoriser un prêtre à célébrer selon le rite traditionnel ? On pourrait vaguement esquisser l’apparition de coutumes atténuantes. Enfin, Traditionis Custodes ne dit rien sur l’usage privé du rite traditionnel. Les prêtres pourront la célébrer en catimini et diffuser le missel traditionnel parmi leurs confrères. Ils pourront également dire la messe tridentine en privé, tout en étant, par exemple, à proximité de leurs fidèles… On peut aussi imaginer qu’elles n’apparaîtront plus dans les ordos diocésains tout en étant célébrées. Des sortes de messes publiques, mais clandestines ? On peut supposer que les astuces ne manqueront pas ! Car la question du motu proprio soulève surtout la dynamique de la diffusion du missel traditionnel. Si cette dynamique commencée en 1988 est ancrée depuis un moment, il sera difficile de l’arrêter et on peut prévoir une multiplication des contorsions au bon droit du Pape, si évêques et fidèles font preuve d’intelligence et de bon sens. Au pire, l’autorité suprême peut entraver – très momentanément – le développement du rite tridentin avant qu’il ne rebondisse davantage. Et les persécutions, si brutales soient-elles, n’empêcheront pas des réactions dans une Église bien moins disposée envers François qu’on ne le croit. En attendant le prochain pontificat ?

    Illustration : Mgr Thomas Paprocki, évêque de Springfield et marathonien confirmé, a publié un décret autorisant la célébration de la messe sous la forme extraordinaire. En 2019, il avait interdit d’eucharistie John Cullerton, le président Démocrate du sénat d’Illinois, à cause des lois pro-avortement qu’il avait fait voter.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sophie Audugé, de SOS EDUCATION, parle de la réforme du Bac et du Lycée...

    Merci à nos amis de SOS EDUCATION de nous avoir fait passer cet entretien avec Sophie Audugé, paru sur Atlantico...

    Atlantico a demandé à SOS Éducation son analyse sur un caillou coincé dans la chaussure du ministre de l’Éducation nationale le plus stable de la 5ème République.

    Vous vous en doutez, je veux parler ici de la réforme du bac et du lycée de Jean Michel Blanquer !

    Cet entretien avec Atlantico a permis de faire un bilan complet de la réforme Blanquer. En voici quelques extraits :

    « Cette réforme a été conçue par des énarques, des mathématiciens et des grands corps de la fonction publique, et cela s’est vu. Elle est complètement inadaptée au terrain, à tous les niveaux. »

    « Elle a massacré l’enseignement des mathématiques dans le secondaire, conduisant aujourd’hui à un retour en arrière d’urgence. »

    « Les dérives ont été nombreuses. Notamment sur certains enseignements relevant des sciences humaines, où la propagande de la culture woke a pris une place importante. Les programmes ont été conçus dans la précipitation. »

    « En réalité, dans cette réforme, le manque de stratégie, de moyens et de clairvoyance sur la réalité de terrain a totalement dévoyé les objectifs. »

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    Réforme du bac et du lycée : Entretien Bilan SOS Éducation / Atlantico

    Atlantico : Alors que le quinquennat s’achève, quel bilan tirer de la réforme du bac de Blanquer ?

    Sophie Audugé : Il faut d’abord reconnaître qu’elle n’a pas totalement pu se mettre en place compte tenu des 2 années de pandémie qui ont fait basculer l’examen national en contrôle continu, dont le niveau correspondait non pas à un seuil académique national, mais à celui de l’établissement du bachelier.

    Sans surprise, le taux de réussite au bac en 2020 et 2021 a atteint des niveaux historiques et stratosphériques. Idem sur le nombre de mentions. Le bac 2020 comme celui de 2021 en a perdu toute sa valeur.

    Quoi qu'il en soit, en dehors de ce contexte conjoncturel dont nous avons tous parfaitement conscience, la réforme du Bac de Jean-Michel Blanquer a été rejetée par l’ensemble du corps académique, enseignants comme chefs d’établissement. Même l’inspection générale avait émis des doutes sérieux.

    Il faut aussi se souvenir que la réforme est arrivée dans un contexte déjà très tendu, avec la réforme des retraites, dans laquelle les enseignants étaient parmi les plus malmenés de la fonction publique.

    Mais ce n’est pas l’unique raison. Certes, cela a sans doute mis le feu aux poudres, mais il n’empêche que le rejet a porté tant sur la structure générale de la réforme que sur les contenus et la faisabilité organisationnelle.

    Cette réforme a été conçue par des énarques, des mathématiciens et des grands corps de la fonction publique, et cela s’est vu. Elle est complètement inadaptée au terrain, à tous les niveaux.

    Arrivent le Covid et les confinements, qui mettent un coup d’arrêt par annulations successives des fameuses E3C d’abord (épreuves communes de contrôle continu) : impossible d’organiser des épreuves communes car aucun établissement n’est au même niveau du programme.

    S’en sont suivies les annulations successives d’épreuves au fil du temps, jouant sur les nerfs des candidats, des professeurs et des familles, pour aboutir à un diplôme donné sur la foi des seules notes de contrôle continu. Une attestation d’établissement en somme.

    Les résultats, on les connaît : pour le bac général en 2020, on fait sortir du secondaire 98,40 % des terminales avec le bac, et en 2021 ils sont 97,60 % ! Évidemment personne n’est dupe.

    Les différences de niveau entre les lycées sont déjà bien identifiées par les établissements du supérieur accueillant les futurs bacheliers, et le système algorithmique de parcoursup (très opaque) contribue à boucler la boucle, puisque les admissions sont connues pour les meilleurs élèves avant d’avoir les résultats du bac. Le bac est ramené à une formalité administrative.

    Finalement, la réforme n’a rien apporté si on s’en tient aux objectifs qui avaient été annoncés par le ministre.

    Par contre, elle a massacré l’enseignement des mathématiques dans le secondaire, conduisant aujourd’hui à un retour en arrière d’urgence. Donc le bilan est mauvais.

    C’est une mise à mort du baccalauréat dont on peut, avec le recul, se demander si ce n'était pas finalement la finalité non avouée recherchée. Le recours à des experts, des chercheurs et des énarques pour élaborer les programmes est une pratique qui fait sens dans l’enseignement supérieur, mais qui est inadaptée s’agissant du secondaire.

    L’exigence théorique était très élevée, bien trop ambitieuse eu égard au niveau actuel des jeunes qui entrent au lycée. Alors, lorsqu’il a fallu l'appliquer au terrain, les enseignants les plus rigoureux se sont élevés sur l’incapacité à conduire une classe entière avec des niveaux totalement disparates à un tel niveau académique.

    L’autre problème a été le caractère absolument non fonctionnel de la mise en place d’autant de combinaisons de spécialités dans tous les établissements, créant des disparités importantes d’un lycée à l’autre, d’une ville à l’autre.

    Les dérives ont été nombreuses. Notamment sur certains enseignements, relevant des sciences humaines, où la propagande de la culture woke a pris une place importante. Les programmes ont été conçus dans la précipitation.

    Une telle réforme n’aurait jamais dû être mise en œuvre à une telle distance du terrain et sans prendre le temps nécessaire, avec consultation des professeurs, d’établir des programmes adaptés.

    Outre les lycées d’excellence, le niveau était trop haut. Bien sûr, il est important de retrouver le chemin de l’excellence pour notre système éducatif, et c’est d’ailleurs ce que propose SOS Éducation dans ses 30 mesures pour l’École.

    Mais cela doit démarrer par une réforme structurelle profonde qui commence au CP, avec une priorité sur les fondamentaux et le retour à des méthodes efficaces, dont une réforme complète du collège, et à partir de là, le corpus des apprentissages au lycée pourra prétendre s’atteler à des enseignements de spécialité ambitieux.

    Actuellement cette réforme est inaccessible et produit l’effet inverse à l’objectif, puisqu’elle aggrave les inégalités sociales, laissées en jachère du CP jusqu’à la fin du collège.

    Atlantico : La trop grande diversité des menus et options proposés était-elle irréaliste ? Dans un communiqué de 2019, vous soulignez qu' avec « 12 spécialités, on peut faire plus de 220 combinaisons possibles » et que cette réforme était une usine à gaz ?

    Sophie Audugé : Les menus de toutes les options n’étaient pas disponibles dans tous les lycées. L’organisation du système n’était pas faisable, hormis dans des très grands lycées.

    Les lycées prestigieux, ceux adossés à une classe préparatoire par exemple, se sont adaptés vite et bien. Ils ont choisi les spécialités qui correspondaient aux besoins de leurs élèves et aux champs d’expertise de leur corps professoral.

    D’autres établissements ont fait ce qu’ils ont pu avec les moyens du bord, à savoir le niveau de leurs élèves et la possibilité de leur équipe enseignante de prendre en charge tel ou tel enseignement de spécialité.

    En réalité, dans cette réforme, le manque de stratégie, de moyens et de clairvoyance sur la réalité de terrain a totalement dévoyé les objectifs.

    Les spécialités sont pour beaucoup d’un niveau trop élevé et les professeurs ne sont pas tous en capacité de fournir l’enseignement demandé, ce qui rajoute une part d’arbitraire selon les établissements.

    Un professeur de géographie n’est pas nécessairement capable de donner un cours de sciences politiques. Le choix des spécialités se fait souvent par défaut.

    Au final, la réforme du Bac de Jean-Michel Blanquer s’avère être une orientation par les notes et pas du tout en fonction des souhaits et des appétences des élèves. Les notes, les effectifs et les spécialités disponibles, voilà les trois paramètres de l’équation dans une majorité de cas.

    Les parents qui ont essuyé les premières années de la réforme le savent bien. Certains, mieux informés, ont d’ailleurs pris les devant en investissant massivement dans des cours privés pour garantir les bonnes notes sur les spécialités voulues par leur enfant, en fin de seconde et en fin de première.

    Pour ceux qui le peuvent, le choix de l’établissement fait partie intégrante de l’équation, pour les autres, et bien… Ils ne seront sans doute pas énarques ni grands mathématiciens, mais ils prendront surtout un grand coup au moral avec le sentiment d’avoir été placés en « seconde classe » du train pour la réussite de tous, vanté par le ministre de l’Éducation nationale et par le président de la République.

    Atlantico : La philosophie même de la réforme, avec notamment une spécialisation très précoce des enfants, est-elle problématique ?

    Sophie Audugé : Dès la fin de la troisième, on commence à demander à un élève quelles matières il aime pour lui dire d’investir ses efforts dans ces dernières en vue du choix d’option. C’est une pression supplémentaire pour les élèves. Entre 14 et 15 ans, en seconde, il est encore très difficile pour la majorité des élèves de choisir sa voie, et l’orientation par défaut est souvent de mise.

    Mais ce qui est le plus critiquable, il nous semble, c’est que l’objectif d’un choix plus large de spécialités pour initier les jeunes à des domaines de savoirs nouveaux en vue de mieux cibler leur projet professionnel, et donc l’orientation post bac, est passé complètement à la trappe.

    Rappelons que c’était là l’un des objectifs majeurs de cette réforme, face au constat que 60 % des bacheliers échouent en première année du supérieur, et que parmi eux, une grande partie change d’orientation à l’issue de cette première année.

    Le problème de cette réforme est qu’ils ont voulu proposer des spécialités qui sont moins des matières que des champs d’études supérieures. Ce n’est pas une mauvaise idée au départ, et le pari de permettre une meilleure orientation pour plus de réussite post-bac est intéressant sur le papier.

    Mais derrière cette finalité théorique, il y a une réalité factuelle qui s’inscrit dans un historique de plusieurs décennies de mauvaises décisions pour l’école. En premier lieu, évidemment, le collège unique, la fin du redoublement, les 80 % d’une classe d’âge au bac, et leur corollaire : une grave dégradation du niveau des bacheliers.

    Aujourd’hui on a le sentiment que nos gouvernants n’ont rien appris de ces mésaventures et poursuivent droit dans le mur. Après avoir dégradé le bac, ils veulent orienter presque 100% des bacheliers vers le supérieur. Cela n’est pas faisable.

    Les conséquences, on les connaît : certaines filières du supérieur ne valent déjà plus rien! Des étudiants diplômés d’un bac + 3, 4 voire 5 ne sont pas capables d’avoir une pensée construite structurée ou de produire une note d’analyse de 2 pages sans fautes d’orthographe ou de syntaxe.

    L’effet obtenu est donc l’exact contraire de celui annoncé : une pression immense sur les enfants dès la troisième, et un bachotage ciblé sur les spécialités les plus attendues selon les critères des établissements du supérieur...

    Ces derniers n’ont d’ailleurs absolument rien fait pour s’adapter à la réforme : ils poursuivent comme ils l’ont toujours fait, en cherchant à recruter les meilleurs élèves, en les jugeant sur les matières les plus exigeantes au niveau académique, parmi lesquelles, les maths ! CQFD.

  • Krach bancaire : vers l’effondrement, la Révolution et l’or à 3000 $ l’once !, par Marc Rousset

    Le CAC 40 a dévissé ce mercredi de 3,58 % à 6885,71. Tout cela à cause d’un battement d’ailes de papillon en Californie !

    C’est en fait la banque centrale des États-Unis qui est à l’origine de la faillite de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB), car elle a été obligée de remonter les taux d’intérêt pour combattre l’inflation.

    SVB, la dix-neuvième banque américaine en matière d’actifs, avec 170 milliards de dollars de dépôts, était une banque honnête finançant de nombreuses « start-up » en Californie et de nombreux domaines viticoles. Cette faillite n’a donc rien à voir avec la crise des crédits hypothécaires « subprimes » pourris à hauts risques qui ont conduit en 2008 à la faillite de Lehman Brothers.

    MARC ROUSSET.jpgLa SVB avait investi dans des produits très sûrs, des bons du Trésor américain, mais à un moment où les taux d’intérêts étaient très bas, voire négatifs. Et lorsque les dirigeants de SVB ont voulu vendre 20 milliards de dollars de bons du Trésor américain pour faire face aux retraits précipités des dépôts par les clients (bank run), SVB a alors essuyé une perte de 1,8 milliards de dollars. Les bons du Trésor avaient en effet perdu de leur valeur, suite à la hausse des taux d’intérêt déclenchée par la Fed ! Une levée de fonds en capital pour reconstituer la trésorerie n’a pas pu être réalisée et ce fut la faillite pour SVB.

    Un autre fait marquant de cette faillite, c’est que l’Agence de garantie dépôts (FDIC) a immédiatement pris le contrôle de SVB et « Signature » (autre banque en faillite). Mais la FDIC propose un maximum de garantie de 250 000 dollars par déposant. Et pour certaines sociétés ayant des dépôts de plusieurs millions de dollars, c’était la faillite assurée, avec des répercussions économiques terribles, des faillites en chaîne, des licenciements sans fin (au minimum 100 000), des arrêts d’activité pour des sociétés innovantes de haute technologie (la moitié des « start-up » américaines), de recherche biologique, pleines d’avenir. C’est donc l’État fédéral américain qui remboursera la différence, de façon à ce que tous les déposants puissent récupérer leur argent. Seuls les actionnaires des banques et leurs dirigeants ont tout perdu dans cette faillite retentissante. En fait, c’est la politique du « quoi qu’il en coûte » et la fuite en avant qui continue, depuis 2008, pour maintenir le Système. Joe Biden, pour éviter que la situation ne dégénère, a déclaré qu’il sera fait tout ce qui est nécessaire (« whatever is needed ») !

    Mais, suite à l’effet domino, c’est tout le secteur bancaire dans le monde qui a été dans la tourmente. Les valeurs bancaires en France et en Europe ont chuté de 10 % à 15 % et le Crédit Suisse, prestigieuse banque systémique qui avait déjà dévissé depuis deux ans, a accentué sa descente aux enfers avec une chute de plus de 30 % de son cours de Bourse. Son premier actionnaire, la Saoudi National Bank, avec 9,8 % des actions, a annoncé qu’il n’allait pas soutenir la banque suisse en apportant des capitaux nouveaux. Au nom de SVB s’est donc ajouté celui de Crédit Suisse, d’où une véritable tempête boursière en Europe sur toutes les banques : BNP Paribas, Société Générale, Commerzbank, Deutsche Bank. Le Prix Nobel Joseph Stigliz n’exclut pas d’autres défaillances. C’est en fait la Banque Nationale suisse qui, en s’engageant à apporter 50 milliards de francs suisses pour sauver la deuxième banque systémique du pays et trentième plus grande banque dans le monde, semble cette fois avoir véritablement sauvé les meubles !

    Le problème financier, économique et structurel fondamental, c’est qu’à l’heure actuelle, suite à l’augmentation des taux d’intérêt par la Fed, on peut estimer aux États-Unis qu’il y a dans les portefeuilles d’obligations et de bons du Trésor des établissements financiers, environ 620 milliards de moins-values latentes, comme ce fut le cas pour SVB, en Californie, lorsqu’elle fut obligée de revendre les obligations à l’actif de son bilan, afin de renflouer sa trésorerie mise à mal par les retraits de ses déposants. De plus, suite à la remontée des taux, de nombreuses banques dans le monde doivent désormais rémunérer davantage leurs déposants, ce qui diminue leurs bénéfices.

    Il se trouve que la plupart des Français ne savent pas que de nombreuses banques, les compagnies d’assurance-vie – dont la fameuse AFER, par exemple – n’évaluent pas leurs obligations au prix du marché qui tient compte de la hausse des taux d’intérêt, mais à la valeur nominale de leur remboursement. L’AFER estime que, suite à l’entrée perpétuelle de nouveaux déposants, elle n’aura jamais à faire des cessions sur le marché pour vendre ses obligations en portefeuille au prix du marché ! Mais quid si un grand nombre d’adhérents paniqués de l’AFER veulent récupérer leur argent ? Non seulement l’AFER sera obligée de revendre des titres avec des moins-values, mais étant donné ses faibles effectifs administratifs par souci d’économie, elle ne sera même pas capable de répondre aux demandes trop nombreuses de retraits par ses adhérents. C’est la raison pour laquelle il a été décidé aux États-Unis que toutes les obligations d’État détenues par les déposants seraient remboursées par l’État fédéral à leur valeur nominale et non pas au prix plus bas du marché.

    D’où la ruée actuelle salvatrice sur les bons du Trésor américain car, à ce petit jeu, on est sûr de gagner ! Si les bons du Trésor baissent parce que les taux d’intérêt montent, l’État rembourse, en cas de faillite, à la valeur nominale de remboursement la plus élevée, mais si les taux d’intérêt baissent et que les bons du Trésor augment, le détenteur des ces bons garde le profit pour lui. C’est la fameuse loi du monde financier sans scrupules : les profits pour moi et les pertes pour les citoyens, les contribuables et la collectivité ! Suite à la ruée des achats par les investisseurs, les taux des bons du Trésor diminuent maintenant aux États-Unis et les détenteurs de ces bons ne peuvent que gagner !

    Les États en Europe suivront-ils la même politique en cas de faillite d’une banque ou d’un établissement financier ? C’est fort probable pour éviter l’effondrement du Système, mais que se passera-t-il si cette action doit concerner de très nombreux établissements financiers en faillite ? Faudra-t-il qu’ils en aient encore les moyens ! Un nouveau “quoi qu’il en coûte” qui finira par conduire les États à la banqueroute en Europe, ce qui pend au nez de la France et de l’Italie ! Depuis 2008, les États ne savent que distribuer de l’argent en empruntant sur les marchés et en faisant reprendre par la BCE la plupart de leurs émissions souscrites par les banques, tandis que la BCE fait marcher la planche à billets à plein régime (assouplissement quantitatif de la BCE qui vient juste de s’arrêter).

    Il se trouve que les banques centrales peuvent toujours émettre de la monnaie pour payer en monnaie de singe, mais qu’elles subissent aussi des pertes en détenant des obligations publiques ou privées qui se dévalorisent avec la hausse des taux ! La BCE détient ainsi à son actif la bagatelle de 4 410 milliards d’euros d’obligations rachetées dans le cadre de l’assouplissement quantitatif. La Banque nationale suisse qui intervient souvent sur les marchés, afin d’éviter que le franc suisse ne se valorise trop, vient d’essuyer en 2022, pour la même raison, une perte phénoménale de 132,5 milliards de francs suisses, soit pratiquement le même montant en euros !

    La capacité de la Fed et de la BCE à limiter l’inflation par des hausses de taux d’intérêt est donc maintenant fortement entravée par la faillite de SVB et l’effondrement du Crédit suisse, banque systémique. De plus, un très grand nombre d’établissements sont en faillite virtuelle partout en Europe. La nécessaire réforme des retraites d’une France hyper-endettée suffira encore moins à rassurer les marchés financiers. Voilà les banques centrales prises au piège avec des injonctions, des obligations contradictoires entre l’inflation qui doit être jugulée et le risque des déposants réclamant leur argent dans de longues files d’attente devant les agences bancaires ! Il est probable que la Fed ne majorera pas du tout son prochain taux d’intérêt directeur, 0,50 % étant le maximum envisageable.
    En fait, c’est le début de la fin pour le Système occidental qui se débat comme un beau diable depuis 2008, en pratiquant systématiquement la fuite en avant avec ses banques centrales, et qui a choisi de reculer pour mieux sauter et s’effondrer à terme d’une façon inéluctable ! En 2008, c’était en réalité de nouveau 1929 qui a été évité ! Mais demain, ce sera un krach pire que 1929 ! Et, comme toujours, lorsque les banques dévissent, l’or, valeur refuge, bondit ! Le métal jaune vient d’augmenter, en euros, de 10 % en 3 jours tandis que Crédit Suisse dévissait de 20 % ! On comprend mieux pourquoi les banques centrales en 2022 ont acheté 1136 tonnes d’or dans le monde !

    Il est fort probable que l’or va continuer à terme de s’envoler, étant déjà à 1920 dollars l’once malgré la hausse du dollar par rapport à l’euro ! Comme nous l’indiquions dans notre dernière chronique, l’expert Doug Casey estime que l’once d’or atteindra sans peine les 3 000 $. Et selon Jim Richards, autre expert incontesté, auteur de plusieurs ouvrages sur l’or et les crises, l’once d’or pourrait même s’envoler un jour jusqu’à 10 000 $ l’once !

    Notre intime conviction, c’est que l’effet cumulatif d’un krach à venir pire que 1929 et de la défaite des Occidentaux en Ukraine ainsi que le constat de l’’échec de la politique économique et sociétale en France seront le point de départ d’une révolution conservatrice. Les Européens, après la chute du mur de Berlin, ont aussi commis l’erreur de ne pas se rapprocher de la Russie ! Les élites ont de plus favorisé la délocalisation stupide pour engraisser leurs entreprises multinationales, au lieu de mettre des droits de douane, sans se soucier de l’avenir économique, technologique et industriel des peuples, ni de la paupérisation croissante des populations, au nom des bobards et de l’arnaque du libre-échange mondialiste imbécile, puisque l’échange commercial se résume en fait à des importations et à une perte de savoir-faire sans contrepartie! Le déficit commercial français est aujourd’hui supérieur à 150 milliards d’euros !

    Le prochain krach boursier et économique à venir en 2023 ou en 2024, après la victoire russe et la défaite traumatisante pour les bien-pensants de l’OTAN en Ukraine, sera à la fois le catalyseur et le déclencheur de la révolte des peuples contre l’UE et les élites actuelles progressistes, naïves, insouciantes et incompétentes du style Macron ! Ce sera alors le signal de la révolte populaire et conservatrice pour faire l’inverse de tout ce que l’on fait actuellement sur le plan économique, démographique, familial, sociétal, et politique (vivement le retour à la Real Politik !). Ce krach sera provoqué certainement par l’inflation non maîtrisée puisque le krach récent vient de démontrer l’impossibilité structurelle de remonter les taux d’intérêt aux États-Unis et en Europe, le surendettement démentiel de l’Europe du sud dont la France, et l’explosion de la zone euro !

    Ce krach mondial sera pire que 1929 et aura pour conséquence, en France, la chute de l’incapable enfant-roi Macron, une révolte populaire, la providentielle réaction tant crainte par la gauche et la nécessaire révolution conservatrice pour redresser le pays, afin de nous sortir de cette lente, abominable et inexorable décadence qui dure depuis plus de 40 ans !

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Quand l'Église ”légale” a fait le jeu de la Révolution et de la Nouvelle Religion rép

    1926 : Premières sanctions vaticanes contre l'Action française, décrétées par Pie XI

     

    • "Premières", car elles seront aggravées le 8 mars suivant : le 29 décembre 1926, c'est "seulement" - si l'on peut dire... - l'ensemble des ouvrages de Maurras ainsi que le quotidien L'Action française qui sont mis à l'Index par décret du Saint-Office; mais le 8 mars 1927, les adhérents de l'Action française seront carrément interdits de sacrements...

    • "Sanctions" et non "Condamnation", car ni l'Action française, ni Maurras, ni le Royalisme n'ont jamais été "condamnés" par l'Église catholique.
    Lorsque l'Église catholique "condamne" un mouvement, une doctrine, une théorie, une personne... il s'agit d'un acte définitif et irrévocable, absolument irréversible, sur lequel aucun Pape ne pourra jamais revenir, jusqu'à la fin des Temps.
    Ainsi, le pape Pie XI a "condamné" le nazisme le 14 mars 1937, par la Lettre Encyclique "Mit brenender sorge", et le communisme (mot usuellement employé pour définir le "marxisme-léninisme"), le 19 mars 1937, par la Lettre Encyclique "Divini redemptoris". Aucun Pape n'est revenu sur ces "condamnations", et aucun Pape n'y reviendra jamais : jusqu'à la fin des temps, il est impossible à quiconque se dit chrétien d'adhérer aux théories nazies et marxistes, ou alors il s'exclut par là-même, et de lui-même, de l'Église catholique.
    Rien de tel ne s'est passé pour l'Action française en 1926 : aucune Lettre Encyclique n'est venue "condamner" le Royalisme, ni Maurras, ni l'Action française, et l
    es choses sont donc radicalement différentes (émanant toutes trois d'un même Pape, Pie XI) : nazisme et marxisme-léninisme furent condamnés en tant que tels, irrévocablement, alors qu'l y a "seulement" eu des "sanctions" pontificales, le 29 décembre 1926, les ouvrages de Charles Maurras ainsi que le quotidien "L'Action française" ont "simplement" été "mis à l'Index", c'est-à-dire interdits de lecture pour les catholiques. Et, un peu plus de deux mois plus tard, le 8 mars 1927, ces "sanctions" furent aggravées : les catholiques qui restaient fidèles au mouvement royaliste se voyaient privés de tout sacrement, y compris au moment de leur mort...  

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet

    Le toujours excellent site Maurras.net a consacré à ce sujet un dossier complet, remarquable de rigueur, et qui peut être considéré comme faisant autorité :

    http://maurras.net/textes/159.html

      

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletDans ses magnifiques "Manants du Roi", Jean de La Varende a bien conté la souffrance qui résulta de ces sanctions iniques : il y consacre trois nouvelles (la septième, "La Fugue", la huitième, "L'enterrement civil" et la neuvième, "La Procession") et dédicaça la huitième de ces nouvelles ("L'enterrement civil") "À la grande mémoire de Jacques Bainville", qui fut lui-même, en 1936, privé d'obsèques religieuses, car ce ne fut que 13 ans plus tard, en 1939, que le nouveau pape Pie XII - dont ce fut l'un des tous premiers actes - leva ces sanctions, sans aucune contrepartie ni rétractation d'aucune sorte de la part de l'Action française, ce qui prouve bien qu'elles étaient injustes et infondées...

    Fait très rare dans l'histoire de l'Église : les injustes sanctions vaticanes entraînèrent la démission d'un cardinal, Louis Billot, théologien et prêtre jésuite, créé cardinal par le pape Pie X en 1911, qui démissionna en 1927 en raison de son désaccord avec ces sanctions contre l'Action française prises par Pie XI.

    On attribue au cardinal Billot une grande partie de la rédaction de l'encyclique Pascendi, qui condamne le modernisme; ce qui est certain, c'est que le cardinal critiqua sévèrement la conduite du pape, si bien que celui-ci le convoqua au29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet Vatican. C'est le 13 septembre 1927 que Pie XI le reçut en audience : celle-ci fut étrangement brève et silencieuse. Quand Louis Billot sortit de chez le pape, il n'était plus cardinal : il s'était sans cérémonie dépouillé de ses insignes et de son titre cardinalice. Tous les insignes de l'ex-cardinal Louis Billot restèrent dans le bureau du pape, qui accepta officiellement sa démission le 21 octobre. Son geste sera expliqué publiquement, mais après sa mort, par la publication d'une de ses lettres datée du 2 mars 1928 à la revue des Jésuites, Études :

    "...J'ai toujours répondu, soit de vive voix, soit par écrit, à tous ceux qui me consultaient sur la ligne de conduite à tenir, qu'il leur fallait non seulement éviter avec soin tout ce qui aurait un semblant d'insoumission ou de révolte mais encore faire le sacrifice de leurs idées particulières pour se conformer aux ordres du Souverain Pontife. Pour ma part personnelle, je me suis, tout le premier, tenu à cette règle..." 

    Comment expliquer ces sanctions vaticanes, venant après les deux règnes très bienveillants vis-à-vis du royalisme français de saint Pie X et de Benoît XV ? Deux règnes qui durèrent tout de même 22 ans, Pie X étant élu le 4 août 1903 (décédé le 20 août 1914) et Benoît XV élu le 3 septembre 1914 (décédé le 22 janvier 1922).

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletOn sait que Maurras a écrit, entre autres, un ouvrage au titre éloquent, Le bienheureux Pie X sauveur de la France; et on sait aussi que la mère de Maurras, croyante fervente, et inquiète pour son fils Charles qui s'était éloigné de la religion, était allé à Rome, voir le pape, qui lui avait déclaré, en substance : je bénis son oeuvre, elle aboutira, entrevue racontée par Maurras lui-même, dans son livre Le bienheureux Pie X sauveur de la France, (Plon, 1953, pages 52/53) :

    "Ne parlez pas à votre fils de ce que je vais vous dire... Ne lui en dites jamais rien... Mais je bénis son oeuvre...". Il se tut, pour ajouter : "Elle aboutira". Tel fut le trésor que ma mère emporta de Rome. Elle ne m'en fit jamais part. Pendant les onze années qui lui restaient à vivre, elle n'y fit aucune allusion... J'eus la clef du mystère huit jours après sa mort, survenue le 5 novembre 1922. Deux amies à qui elle s'était confiée, me donnèrent le secret des paroles pontificales : mon oeuvre a été bénie de Pie X. Elle aboutira. J'avais la prophétie et la bénédiction de ce Bienheureux...

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet Quant à Benoît XV, critiqué voire haï par les deux camps durant la Guerre (chacun lui reprochant d'être l'ami de l'autre), il fut toujours très bien traité par l'Action française, et il envoya sa bénédiction personnelle à Léon Daudet, le directeur politique du journal :

    "...Or, trois semaines après, je recevais du Vatican une grande et belle photographie de Sa Sainteté Benoît XV, accompagnée de Sa bénédiction autographe et de Sa signature. Ma famille et moi étions gratifiés d'une indulgence plénière in articulo mortis..."

    Pourquoi, donc, un tel changement de la part du nouveau pontife, Pie XI, qui sera désavoué par son successeur Pie XII, à peine élu ?

    On peut envisager trois types d'explication, toutes très différentes :

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet1. Pie XI voyait d'un mauvais oeil les masses catholiques, et les masses tout court, suivre L'Action française de préférence au mouvement de L'Action catholique, qu'il espérait voir reconquérir les esprits, en France, après les fortes persécutions du début du siècle (séparation de l'Église et de l'État, expulsion des Congrégations etc...). Cet aspect sordide des choses peut surprendre, mais la jalousie n'épargne pas les ecclésiastiques... Il faut se souvenir que L'Action française venait de réunir plus de 60.000 personnes à son Rassemblement royaliste du Mont des Alouettes, en Vendée, que Léon Daudet réunissait régulièrement 20.000 parisiens, et plus, à Luna Park, et que, dans toute la France, le mouvement royaliste progressait, auréolé, entre autres, de son attitude patriotique durant la Guerre.

    Enfin, en 1925, une revue religieuse belge, Les Cahiers de la Jeunesse catholique, publiée à Louvain, ouvrit une Enquête chez ses abonnés : "Parmi les écrivains des vingt-cinq dernières années, quels sont ceux que vous considérez comme vos maîtres."

    Le 5 mai 1925, les résultats étaient publiés. Charles Maurras arrivait en tête avec 174 voix sur 460 suffrages. Le cardinal Mercier, Primat de Belgique, n’arrivait que sixième ! Maurras, non croyant, classé premier et maître de la jeunesse catholique par les jeunes catholiques eux-mêmes, avant le cardinal Mercier, relégué au sixième rang !

    Sans aucun doute, cette sorte de gifle aura, absurdement, pesé dans la balance...

    2. Ensuite, Maurras défendait l'autonomie du politique par rapport au religieux. Il ne les séparait pas, ne les opposait pas, mais il les distinguait, chacun étant autonome et indépendant dans son ordre. Pie XI n'avait pas la même conception. En admettant officiellement cette distinction et cette autonomie, en 1965, le Concile Vatican II  a donné raison à Maurras, et tort à Pie XI. Mais le mal était fait, depuis bien longtemps, et ses conséquences cataclysmiques étaient irréparables...

    3. Enfin, il faut replacer ces sanctions vaticanes dans le contexte beaucoup plus large des rapports entre l'Église et la Révolution, et la République idéologique qui en est issue.

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletPendant un siècle, l'Église a fermement condamné la Révolution : dès l'assassinat de Louis XVI, Pie VI (ci contre) a condamné l'acte, ses auteurs et leur idéologie (il mourra d'ailleurs prisonnier, en France) et Pie VII fut obligé par un Bonaparte alors triomphant d'assister à la parodie de  sacre de Notre-Dame.

    L'Église et les masses catholiques restèrent donc très largement hostiles à la Révolution et à la République idéologique, même si une part d'entre elles s'accommodaient de leurs idées.

    Mais, après l'échec de la restauration monarchique en 1875, le pape Léon XIII imagina une autre politique vis-à-vis de cette République qui, finalement, semblait s'installer pour durer. Il prôna le Ralliement à la République, pensant naïvement que, les catholiques étant majoritaires en France, ils fin29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletiraient par investir le pouvoir, en gagnant les élections.

    Léon XIII (ci contre) prépara les esprits au Ralliement en demandant au cardinal Lavigerie - pourtant traditionaliste - de prononcer son fameux toast d'Alger et, le 16 février 1892, publia son encyclique Inter innumeras sollicitudines, demandant aux catholiques français de renoncer à une opposition systématique au régime en place, d'accepter la Constitution pour combattre "par tous les moyens honnêtes et légaux" les lois anti-chrétiennes, et de peser de tout leur poids sur les nouvelles institutions.

    L'encyclique fut peu suivie, le rallié le plus célèbre étant le comte Albert de Mun (ci contre), qui se repentit 29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletvite - mais trop tard... - de son erreur, et à qui l'Action française n'en tint d'ailleurs pas rigueur, comme le raconte Bainville dans son Journal (note du 7 octobre 1914). Mais, comme le note Michel Mourre", "se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne."

    Là est certainement le point le plus important - à cause de ses conséquences néfastes - des sanctions vaticanes de 1926/1927 : malgré le Ralliement, les masses rurales et catholiques restaient très largement réceptives aux idées royalistes, et les Séminaires formaient, très majoritairement, des prêtres, sinon royalistes dans le domaine politique, du moins eux aussi très largement sensibles aux idées royalistes. C'est cela qui va radicalement changer avec les sanctions : désormais, sauf évidemment quelques exceptions, les Séminaires vont, à l'inverse de ce qu'ils avaient fait jusqu'à présent, former quasi exclusivement des abbés démocrates..

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletIl n'est pas exagéré de dire que c'est dans cette période que l'on trouve l'origine principale de l'immense crise que connaîtra l'Église à partir de la deuxième moitié du XXème siècle, avant, pendant et après le Concile Vatican II. En rendant les armes face à un Système qui, en fait, est une nouvelle religion, vouant une haine mortelle au christianisme et constitué dans le but premier de le faire disparaître; en renonçant à combattre ce Système; et, pire, en collaborant avec lui, dans le vain espoir qu'on arrivera à le diriger, l'Église n'a fait que conforter son pire ennemi, en affaiblissant ceux qui le combattaient et le contestaient radicalement, c'est-à-dire remettaient en causes ses fondements mêmes, avant tout anti chrétiens et contraires à toutes les traditions millénaires constitutives de la Nation française ("Du passé faisons table rase !...).

    C'est de l'Église, de sa force et de sa place dans la Société que le Système a réussi à faire table rase, obtenant dans ce combat à mort l'appui inespéré de ceux-là même qu'il s'était juré d'abattre ! 

     

  • Éphéméride du 20 avril

    1868 : Naissance de Charles Maurras (ici, sa maison à Martigues, la Bastide du Chemin de Paradis)

     

     

     

    1120 Mort de Géraud de Salles 

     

    Fils de grande famille, Géraud de Salles embrassa la vie religieuse et fonda plusieurs abbayes, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

    On ne se souviendrait probablement que très peu de lui si l'une de ses fondations - l'Abbaye du Dalon (ci dessous), quasiment totalement ruinée à la Révolution - n'était le lieu de sépulture des deux plus grands troubadours : Bernard de Ventadour et Bertrand de Born. 

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    Aux origines de la littérature française, qu'elle soit du Nord ou du Midi, ceux qui avaient l'art et le don de "trouver" quelque chose à dire, réciter ou chanter  étaient appelés trouvères dans les pays du Nord de la France (de langue d'oïl) et troubadours dans les pays du Sud (de langue d'oc), deux mots équivalents, venant tous deux du bas latin "trobar", qui signifie "trouver" :

     

    https://www.herodote.net/troubadour_trouvere-mot-211.php 

     

    Bernard de Ventadour et Bertrand de Born furent les deux plus célèbres de ces poètes, qui ont diffusé partout aussi bien l'amour courtois que les Chansons de Geste, et qui sont, collectivement, aux origines de la poésie en Occident :

    https://www.limousin-medieval.com/bernard-de-ventadour
    http://broceliande.brecilien.org/Bertran-de-Born

     

    20 avril,charles maurras,jean paulhan,marx,camus,philosophes,xviii° siècle,siècle des lumières,communisme,nazisme,avenir de l'intelligenceTrouvères et troubadours, Chanson de Roland, Légendes Arthuriennes, Tristan et Yseult : quatre de nos éphémérides reviennent sur la naissance de notre littérature nationale et sur ses thèmes fondateurs :

    • l'Éphéméride du 20 avril (sur les Troubadours Bernard de Ventadour et Bertrand de Born);

    • du 27 avril (sur Xavier Langlais et les romans du Roi Arthur);

    • du 15 août (sur la Chanson de Roland) ;

    • du 29 août (sur Joseph Bédier et Tristan et Yseult). 

     

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    1251 : Dédicace de la cathédrale Saint Maurice de Vienne 

     

    C'est en 1130 que débuta la construction de l'édifice, dans le style roman; Guillaume de l'Oeuvre en serait l'architecte.

    Aujourd'hui, les parties les plus anciennes de la cathédrale restent romanes, alors que, à partir du XIIIème siècle, le chœur, le début et les parties hautes de la nef sont construits au goût du jour, c'est-à-dire en style "ogival".

    Mais la construction se poursuivra jusqu'au XVIème siècle - avec, notamment, la façade - la dernière pierre étant posée en 1529.  

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    lieuxsacres.canalblog.com/archives/vienn_cathedrale_primatiale_saint_maurice__38_isere.html       

     

     

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    1868 : Naissance de Charles Maurras

     

    "Maurras est un continent", selon le mot si juste d'Albert Thibaudet, remis au jour avec bonheur par Stéphane Giocanti, mais ce continent est enfermé par la conspiration du silence du Système dans un cercueil fermé à double tour; et si ce cercueil est à son tour écrasé sous la chape de plomb du conformisme ambiant de la vérité officielle, c'est pour une raison bien simple : Maurras est celui qui a osé élaborer la critique globale et cohérente du Système en tant que tel; radicalement, au sens étymologique et premier du terme, c'est-à-dire en critiquant la République idéologique à sa source, dans ses racines et ses fondements mêmes.

    Le Système ne s'y est pas trompé : à ce titre, Maurras est, non pas dangereux, pour la République idéologique, mais le seul dangereux (voir notre Pdf M. le Maudit)

     

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    Maurras rencontrera Jacques Bainville alors que celui-ci n'avait que vingt ans; puis Léon Daudet lorsque celui-ci en avait trente-six (en 1904): que trois hommes aussi différents et, chacun, d'une personnalité aussi affirmée aient pu durant toute leur vie - à partir du moment où ils se sont rencontrés - être et rester amis au quotidien, dans le même mouvement et les mêmes locaux, sans la moindre "dispute" notable, voilà qui constitue une exception remarquable dans l'histoire politique...

    Lorsqu'on parle de Charles Maurras, de Léon Daudet et de Jacques Bainville, c'est  peut-être la première chose qu'il convient de signaler (voir l'Éphéméride du 9 février - naissance et mort de Jacques Bainville; l'Éphéméride du 20 avril - naissance de Charles Maurras; l'Éphéméride du 1er juillet - mort de Léon Daudet; et l'Éphéméride du 16 novembre - naissance de Léon Daudet et mort de Charles Maurras)...

    Ce cas unique d'amitié a été magnifiquement évoquée par Jacques Bainville dans les quelques mots de remerciements qu'il prononça au siège du journal, à l'occasion de son élection à l'Académie française :

    MAURRAS 7.JPG
     
    MAURRAS ACTE NAISSANCE.jpg
    Acte de naissance de Charles, Marie, Photius Maurras 

    Voir notre Feuilleton ou notre Album : Une visite chez Charles Maurras 

     

     

    20 avril,charles maurras,jean paulhan,marx,camus,philosophes,xviii° siècle,siècle des lumières,communisme,nazisme,avenir de l'intelligenceDe Charles Maurras, Jean Paulhan (ci contre), esprit libre s’il en fut, disait, en 1921 : "Maurras ne nous laisse pas le droit en politique d’être médiocres ou simplement moyens". Et, en 1932, qu'un jeune homme désireux de s'engager politiquement n'avait de véritable choix qu'entre Karl Marx et Charles Maurras.

    Enfin, en 1945, alors que l'on venait de condamner Maurras pour "intelligences avec l'ennemi", il lui écrivit, lui le résistant de la première heure : 

    "Je n’aurais jamais cru que vous nous fussiez si nécessaire..."

    Mais comment évoquer, donc, celui qui - nous l'avons vu - pour reprendre l’heureuse formule, est à lui tout seul "un continent" ? Pierre Boutang (Maurras, la destinée et l’œuvre), Jacques Paugham (L’âge d’or du maurrassisme), Stéphane Giocanti lui-même (Maurras, le chaos et l’ordre), d’autres encore, ont eu besoin de gros bouquins, de plusieurs centaines de pages chacun, pour en parler, et l’on essaierait, dans de simples éphémérides, de faire le tour de la question ? Ce serait prétentieux.

    Pourtant, on peut, et on doit, parler de Charles Maurras car - nous évoquions Paugham - il y a une jeunesse de Maurras – intellectuellement s’entend - un âge d’or, un printemps de Maurras qui ne passent  pas, et qui nous le rendent étonnamment proche, et curieusement fort contemporain de ce qui est pour nous quelque chose d’immédiat et de malheureusement bien réel : l’Âge de fer dans lequel nous vivons, et dont il a expliqué l'avènement...

    Là est la source de la présence de Maurras parmi nous, de son actualité, de la permanence de ses intuitions, de sa jeunesse. Pour parler comme on le fait aujourd’hui, oui, Maurras a quelque chose à nous dire, et ce quelque chose est majeur, fondamental et, toujours pour parler comme aujourd’hui, incontournable.

    MAURRAS GIOCANTI.jpg

    De quoi s’agit-il ? De ceci, qui est énorme et qui fonde à soi seul, l’actualité de Maurras :

    • il est le premier, et jusqu’à présent le seul, à avoir analysé dans son ensemble le processus qui, à partir du XVIIIème siècle et des Lumières, nous a amenés là où nous en sommes aujourd’hui;

    il est le premier, et jusqu’à présent le seul, à avoir décortiqué pour ainsi dire, minutieusement et presque cliniquement, ce processus qui a abouti à la prise du pouvoir généralisé par les forces de l’Argent qui, depuis la grande Révolution de 89, et à partir d’elle, et grâce à elle, sont parties à la conquête du monde entier dans tous ses rouages, plus aucun pouvoir basé sur la Culture, la Religion, l’Histoire, les Sentiments ne s’opposant à elles.

    La prétention insensée des écrivains, penseurs et philosophes du XVIIIème siècle à sortir de leur rôle, et à s’ériger en organisateurs du monde réel, n’aura finalement eu comme conséquence finale que celle-là : asservir le monde, et eux-mêmes également, à ces forces matérielles qui nous oppriment maintenant, et nous font vivre dans un véritable Âge de fer. Cette magistrale démonstration, dont on ne peut évidemment faire l’économie si l’on prétend comprendre les faits les plus actuels, et, plus encore, si l’on veut en sortir, Maurras l’a faite en 1901, dans un immense petit livre : L’Avenir de l’Intelligence.

    MAURRAS ALMANACH AF 1928.jpg

           

    Cent ans qu’il a été écrit, et il nous parle d’aujourd’hui, de notre réalité quotidienne, nous expliquant d’où viennent nos maux et quelle en est la source. Maurras y est moderne parce qu’intemporel, un peu comme dans  le XXIVème chapitre de Kiel et Tanger, dont Pompidou recommandait la lecture à ses étudiants, affirmant que, président de la République française en exercice, ce livre de Maurras ne quittait pas sa table de chevet.

    Nous "raconterons" donc, ici, rapidement, cet immense petit ouvrage, sans prétention autre que d’aiguiller le lecteur et l’inciter non seulement à ne pas se détourner, à ne pas "désespérer" de Maurras, mais, bien au contraire, à se tourner vers ce qui est l’essentiel de lui, après l’inévitable élagage opéré par le temps, pour Maurras comme pour tout écrivain, tout penseur et, plus prosaïquement, tout homme.

    Par quelle curieuse exception Maurras échapperait-il à la loi commune régissant toute personne ? Il n’est que trop clair qu’un Maurras a disparu, pour toujours. Mais les tragédies de Voltaire n’ont-elles pas disparu ? Et qui lit encore Sully Prudhomme, premier Prix Nobel de littérature ? Oui, il y a, bien évidemment, un Maurras qui a sombré corps et bien, car c’est tout simplement la loi de la nature.

    Mais justement, lorsque le temps a fait son œuvre, on ne voit subsister et surnager du grand naufrage commun que l’essentiel, et ce qui ne meurt pas. Nous évoquions Kiel et Tanger et L’Avenir de l’Intelligence (cette liste n’est pas limitative !...). C’est vers ce Maurras-là, toujours vivant, toujours jeune, toujours fécond; vers ce printemps qu’il continue de représenter que nous invitons  à se tourner; comme vers une boussole indispensable qui indique, imperturbablement, et quelles que soient les apparences présentes, la bonne direction… 

     

  • Bis repetita placent : pour la deuxième fois, ”la grande Muette” sort ses griffes, et ”se sort” des griffes hostiles...

    helicoptere_tigre_01.jpgCahuzac s'en souvient encore, et s'en souviendra toujours : on sait comment il a payé sa tentative de rogner ses ailes à l'Armée...

    Aujourd'hui, bien aidée par un Jean-Yves Le Drian qui, sur ce coup, ne mérite que des éloges, l'Armée vient, une fois de plus, de détourner le mauvais coup...

    Saluons donc un ministre qui sort de la grisaille actuelle, dans laquelle dominent très largement amateurisme et incompétrence. Ce que Le Drian a fait, il l'a bien fait, et c'était ce qu'il fallait faire, dans l'immédiat et dans l'urgence.

    (photo : hélicoptère français Tigre)

    Cependant, il ne faut pas se leurrer : on a sauvé in-extremis le malade, que des médecins-fous allaient "débrancher" (si on nous permet cette comparaison...) mais l'idéal reste que le malade retrouve la plaine santé, et une vie normale. Et non pas voie se prolonger, indéfinement, une survie thérapeutique sous perfusion.

    En clair, pour que nos Armées soient à la hauteur de leur(s) tâche(s), et à la hauteur de ce que doit redevenir la politique de la France, et la France tout court, il faut non seulement les maintenir en survie, comme vient de le faire heureusement Jean-Yves Le Drian, mais leur donner vraiment les moyens dont elles ont besoin, c'est-à-dire un budget à 4% du PIB, comme nous l'avons dit plusieurs fois ici-même : 1% pour chacune des trois Armes (Air, Terre, Mer) et 1% pour l'arme nucléaire.

    Il faut en outre que les 26 autres pays de l'Union européenne cessent de démisssioner de fait, question militaire, comme ils le font actuellement, en se reposant sur les seules France et Grande-Bretagne, et en les laissant, seules, assumer les dépenses... Voilà un aspect de la refondation/réformation de l'Europe, qui n'a été que trop peu évoqué lors de ces dernières élections "européennes".

    Ceci étant, entendons-nous bien : Pierre Builly a posté un commentaire très intéressant ce samedi (à lire ici : Sur la simple question de la dissuasion nucléaire.pdf). On peut proposer trois objections à ce commentaire :

    1. Il ne s'agit évidemment pas de préparer les guerres d'hier : nous ne demandons pas que nos Armées disposent de 1.000 chars Leclerc ou de 1.000 avions Rafale. Il est clair que c'est dans les technologies d'un futur tout proche, et déjà d'aujourd'hui, qu'il faut investir : les drones et autres moyens de renseignements, terrestres ou embarqués, sans oublier les satellites (le renseignement - d'accord avec Pierre Builly - est un domaine où la France est notoirement, et depuis longtemps, en retard...); les nouveaux matériaux; les engins furtifs (avions, bateaux, véhicules terrestres). Mais, précisément, tout ceci coûtera aussi cher, et même plus cher, beaucoup plus cher, que les "anciens" matériels...

    2. Qui va nous attaquer ? Justement, on n'en sait rien, mais ce que l'Histoire enseigne, c'est que, très souvent, ce que l'on croit certain et acquis ne se produit pas, alors que survient ce que personne n'avait prévu. Un pays qui veut être indépendant se doit d'avoir une armée dite conventionnelle, même si - d 'accord avec Pierre Builly - ce n'est pas de matériels d'hier mais de demain qu'il faut la doter : on aura toujours besoin d'hommes au sol, et ces hommes auront toujours besoin d'armes et de combinaisons de pointe, de véhicules mobiles et performants (chars, transports, blindés en tous genre) parce que bourrés de technologie; et ces hommes au sol auront toujours besoin d'être en permanence renseignés et appuyés par des moyens maritimes et aériens, eux aussi bourrés de technologie. C'est l'assurance, qui ne paraît chère qu'avant l'accident...

    3. Enfin, sur le terrorisme et les opérations extérieures (dont Pierre Builly parle dans un premier commentaire : Dépenses militaires.pdf) : bien sûr, être supplétifs des étatsuniens en Afghanistan n'est pas notre rôle, et jouer les humanitaires au Kosovo ne relève pas du militaire; mais ce n'est pas parce que, dans ces deux cas, nos hommes politiques - droite et gauche confondues - ont pris des décisions aberrantes, que le principe de disposer d'une armée moderne et bien équipée doit être remis en question... Quant au terrorisme et aux mille poudrières dont le Système a parsemé le territoire national - sous les doux euphémisme de Cités, banlieues, "territoires" (!) ou autres... - il serait là aussi étrange que le désir, légitime, de les voir disparaître en tant que danger pour toute la communauté nationale entre en conflit avec la nécessité de disposer d'une Armée digne de ce nom. On aurait même envie de dire : "au contraire !" et, "justement !"...

  • Villes et Villages, au coeur de la décentralisation : à la ”Une” du n° de mars de Politique magazine

    MARS 2014.jpg

    Au Sommaire de ce numéro de mars (127) : Sommaire.pdf 

    Voici l'Editorial de Jean-Baptiste d'Albaret, Rédacteur en chef : Rassemblement français...

    Rassemblement français

     

    On sait que la gauche a délaissé les questions sociales et économiques pour investir le champ dit « sociétal » que l’actuel gouvernement laboure avec une frénésie certaine depuis dix-huit mois. Mariage pour tous, IVG anonyme pour les mineures, loi Taubira remettant en cause la filiation biologique, autorisation de la recherche sur les embryons, intention de modifier la loi Leonetti sur la fin de vie, pourtant adoptée à l’unanimité en 2005…

     

    Mais, tout à sa volonté de rééducation des masses, le pouvoir socialiste avance sur ce terrain-là comme un éléphant dans un jeu de quilles. Au risque de perdre des parties importantes d’électorats qu’il cible pourtant comme une priorité. Ainsi, alors que les musulmans s’étaient peu manifestés au moment des débats sur le « mariage pour tous », nombre d’entre eux se sont inquiétés à propos de la « théorie du genre » et de la possibilité d’amendements de la part du groupe socialiste à l’Assemblée nationale sur la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA). Au-delà de la nouvelle démonstration de force de la Manif pour tous, certains y ont vu une des explications au soudain retrait de la loi sur « la Famille », ou plutôt sur « les familles », selon l’expression de madame Bertinotti, reportée sine die. La gauche craindrait de perdre le vote des musulmans qui lui est habituellement acquis. En mai 2012, près de 90% d’entre eux, selon les différents instituts de sondage, se sont tournés vers le candidat socialiste. Un véritable vote confessionnel, consacrant la stratégie prônée par Terra nova, le think tank le plus influent au sein de la gauche française : recentrer l’offre électorale du PS, des ouvriers vers les minorités. Et, notamment, vers les populations immigrées.

     

    C’est cette stratégie qui est aujourd’hui remise en cause. Les banlieues bougent. De nombreux musulmans ont participé à la manifestation « Jour de colère ». Et la gauche découvre, effarée, que les populations d’origine immigrée n’entendent plus rester sagement dans la case qui leur a été assignée. Voilà le PS réduit à ses bobos !

     

    La Manif pour tous a largement favorisé cette prise de conscience. Des personnalités ont émergé, tels Camel Bechikh, de Fils de France ou Dalila Safouane, membre du collectif des Mères Veilleuses, agressée par un homme armé d’un couteau à Lille. Telle aussi Farida Belghoul. Cette ancienne figure de proue de la marche des beurs de 1984 n’a pas de mots assez durs pour critiquer l’idéologie « antiraciste » qui a enfermé toute une partie de la population musulmane dans une position de victime. Elle a lancé la campagne baptisée « journée de retrait de l’école » (JRE) qui a déjà perturbé une centaine d’établissements. Une fois par mois, les parents sont invités à retirer leurs enfants de l’école pour protester contre l’enseignement de la « théorie du genre », notamment au travers des « ABCD de l’égalité » qui seront expérimentés dans 10 académies, à la rentrée 2014. Et ce, malgré les dénégations mensongères du ministre de l’éducation nationale et de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

     

    Qui l’eut cru ? Se dessine ainsi une alliance inédite entre des Français de confession musulmane et « la France des familles », à l’inspiration majoritairement chrétienne, si massivement mobilisée contre la loi Taubira.

     

    Le 19 février dernier, le mouvement de Farida Belghoul tenait une conférence de presse réunissant autour de la table, entre autres, Christine Boutin, Béatrice Bourges (du Printemps français), Alain Escada (président de Civitas), Jean-Pierre Dickès (président de l’Association catholique des infirmières et des médecins), Albert Ali (du Rassemblement des musulmans souverainistes), Ahmed Miktar (président du Conseil des imams de France). Ont été dénoncés les mensonges du pouvoir socialiste. Cela ne résoudra pas le problème d’un islamisme conquérant et destructeur dans nos banlieues dont seul l’état incapable et, d’une certaine manière, complice, est responsable, mais cette entente nationale et morale pourrait contribuer à instaurer un véritable dialogue entre communautés qui s’épanouirait sur des valeurs sociales communes. Une piste à explorer pour l’avenir. Il conviendrait alors de sortir, une fois pour toutes, d’un système qui ne favorise que la division et la haine.