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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • Nous le combattons, mais : qu'est-ce que ”le Système” ?...

    Nous critiquons, non pas "la république" mais la république idéologique, issue des nuées de 89, le Régime, le Système; et nous menons, selon le mot si juste de Léon Daudet, directeur politique de L'Action française une action "réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion du Régime";

    Mais, qu'est-ce, exactement que cette république idéologique, devenue - hélas - le Régime de la France en 1875; lequel Régime a évolué en Système : voilà une question à laquelle nous devons apporter une réponse courte, simple claire : qu'est-ce que le Système ?

    La question – évidemment importante - nous a été posée dans plusieurs "commentaires" :

    - "Le Système" et sa contestation sont à l'ordre du jour. S'agit-il là d'une tendance lourde ?…

    - Il est temps d'éclairer les uns et les autres sur ce que nous nommons " le système "…

    - Pour lutter contre le Système…encore faut-il le définir avec plus de précisions et en dessiner finement le contour... 

    Mais la réponse ne va pas de soi.

    Même si, aujourd'hui, la contestation du système se généralise massivement et si on ne peut donc pas nier que le terme soit "ressenti".

    Par définition, un « système », bien qu’il constitue une unité active, est chose complexe, composite. Il n’est donc pas si simple de le définir. Hasardons néanmoins quelques réflexions qui, si elles n’épuisent pas le sujet, contribueront à y mettre un début d’ordre et de clarté.

    Qu’est-ce qu’un système ? Classiquement, les dictionnaires en donnent une définition de ce type : « Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux et se définit par : ses éléments constitutifs ; les interactions entre ces derniers ; sa limite ». Voilà qui correspond bien à notre sujet.

    DAUDET.jpgNotons que (sans-doute dans les années 1920) Léon Daudet – que nous citons souvent – dit son opposition au Régime, celle de l’Action française, alors qu’aujourd’hui nous avons plutôt tendance - par delà Droite et Gauche - à pointer le Système, le second incluant et subordonnant de plus en plus le premier. Tendance lourde ? Sans doute.

    Lorsque Daudet dit son opposition au Régime, il s’agit évidemment de la République, en l’occurrence de la IIIeme. Aujourd’hui comme hier, la Constitution définit les Institutions de la République : la Présidence de la République ; le Gouvernement ; le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat ; les Partis politiques qui, de fait, les composent et dont la Constitution consacre le rôle ; le Conseil Constitutionnel … Etc. Tel est notre Régime politique. Mais l’on « ressent » bien que le Système avec lequel, selon la définition des dictionnaires, le Régime interagit - dont il est l’un des éléments, théoriquement le premier - est un ensemble qui s’étend bien au-delà des Institutions politiques proprement dites et se compose d’autres éléments, devenus, somme toute, souvent tout aussi déterminants. Dans l’écart entre ces deux termes (Régime et Système) se trouve sans doute la réponse à la question que nous nous posons.       

    Par delà les Institutions de la République proprement dites et leurs différents moyens d’action, les autres éléments constitutifs du Système – en interaction permanente avec les Institutions aussi bien qu’entre eux - sont assez aisément discernables. Pour être brefs, nous nous bornerons, sans les analyser en détails, à les désigner :

    LFAR 4.jpgUne pensée dominante (le Politiquement correct, la Bien-pensance, les sempiternelles et indéfinies valeurs de la République ...) qui, malgré un certain nombre d’oppositions et de réactions, est très généralement partagée par l’ensemble des composantes du Système ; elle a valeur politique, sociétalemorale, voire religieuse.

    Rien à voir avec l’une de ces grandes pensées politiques, dont Edgar Morin déplore la disparition.

    Il s’agit d’un ensemble d’opinions.

     

     

    • Les moyens de communication et d’information, notamment audiovisuels, etlfar manipulés.jpg la grande presse, largement peuplés de journalistes et de managers en grande majorité pénétrés de la doxa que nous avons évoquée précédemment et spontanément appliqués à la diffuser, l’imposer à tous, la ressasser incessamment comme croyances et morale obligées. A noter que cette profession n’est pas loin de constituer, ne serait-ce que du simple point de vue des rémunérations, une communauté de privilégiés. A noter, aussi, les nombreux couplages existant entre le monde politique et celui des médias.

     

    lfar 1.jpg• Le monde clos des financiers, propriétaires, soutiens et utilisateurs des moyens de communication en question (chaînes de télévision, grands titres de la presse écrite, etc.).

    Ils les achètent ou ils les vendent.

    Ils payent leurs factures et assurent leurs fins de mois.   

     

    • Ce que l’on nomme de plus en plus, comme s’agissant d’un tout homogène etLFAR 2.jpg mono-orienté, les Associations, à peu près comme l’on dit les Institutions (!).

    N’ont d’influence et d’interaction avec les autres éléments du Système que les associations conformes à la doxa commune, quelle que soit leur importance réelle.

    (Aucune chance pour la Manif pour tous d’exercer une influence sur le Régime ou sur le Système).  

     

    • L’Etat, en France, s’en étant attribué la responsabilité et le contrôle, l’Education Nationale est, à l’évidence, une autre composante essentielle du Système. Monopolisée par une caste de faiseurs de programmes et de pédagogistes - qui se renouvellent, d’ailleurs par cooptation - elle a de moins en moins pour mission la transmission des savoirs, comme l’atteste la dégringolade des niveaux scolaires. Il s’agit bien davantage de former la jeunesse de notre pays aux dogmes et comportements qu’implique la doxa commune, cette Religion républicaine qui, selon Vincent Peillon, doit remplacer les anciennes religions et façonner le citoyen nouveau. L’introduction de la théorie du Genre à l’école, qui implique la négation des sexes, montre que cette Religion nouvelle admet les lubies les plus extrêmes.     

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    Si l’on ajoute aux composantes du système, les appareils syndicaux et, malgré leur faible représentativité, leurs cohortes d’apparatchiks, largement intégrés à la classe des bureaucrates de l’Administration ou, même, des grandes entreprises, un certain monde de la culture et des arts ou prétendus tels, l’on comprend que cette imposante conjonction de moyens, d’hommes, de structures et d’argent, puisse exercer sur l’ensemble du peuple français une sorte de totalitarisme mou et qu'il soit, bel et bien, largement ressenti comme tel.

    Chacune des composantes du Système énumérées ci-dessus mériterait une étude spécifique qui, ici, nous mènerait trop loin. Toutes nous semblent concourir à un même résultat : celui de la déconstruction.

    Il n’est pas forcément mauvais qu’un peuple, une nation, un Etat soient régis par un Système quasi unanimement reconnu et respecté, sous réserve qu’il n’étouffe ni les libertés, ni les différences légitimes. L’erreur du nôtre, sa spécificité, est qu’il vise la déconstruction : déconstruction nationale, déconstruction sociétale, déconstruction culturelle, déconstruction anthropologique.

    Nous n’avons pas épuisé ce (trop) vaste sujet. Les réalités multiformes du quotidien nous y ramèneront immanquablement. 

    Lafautearousseau

  • Qu'est-ce que « le Système » ? Retour sur quelques définitions

     

    Contestation de l'establishment aux Etats-Unis - qui fait, selon Jean-Michel Quatrepoint le succès de Donald Trump - et contestation du Système en France et en différents autres pays d'Europe, ce sont, nous semble-t-il des formes de réaction sinon partout identiques, du moins de même parenté. Raison suffisante pour revenir sur la nécessité de définir ce que nous appelons de ce côté-ci de l'Atlantique, le Système.

     

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    Visuel : réalisation Action française Provence        

     

    La question – évidemment importante et légitime - nous a été posée dans les commentaires : « Le "Système"  et sa contestation sont à l'ordre du jour. S'agit-il là d'une tendance lourde ? (…) Il est temps d'éclairer les uns et les autres sur ce que nous nommons " le système ". (…) Pour lutter contre le Système, (…) encore faut-il le définir avec plus de précisions et en dessiner finement le contour.» Mais la réponse ne va pas de soi. Même si, « aujourd'hui, la contestation du Système se généralise massivement et si on ne peut donc pas nier que le terme soit "ressenti".» 

    Par définition, un « système », bien qu’il constitue une unité active, est chose complexe, composite. Il n’est donc pas si simple de le définir. Hasardons néanmoins quelques réflexions qui, si elles n’épuisent pas le sujet, contribueront à y mettre un début d’ordre et de clarté.  

    Qu’est-ce qu’un système ? Classiquement, les dictionnaires en donnent une définition de ce type : « Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux et se définit par : ses éléments constitutifs ; les interactions entre ces derniers ; sa limite ». Voilà qui correspond bien à notre sujet. 

    Notons que (sans-doute dans les années 1920) Léon Daudet dit son opposition au Régime, celle de l’Action française, alors qu’aujourd’hui nous avons plutôt tendance - par delà Droite et Gauche - à pointer le Système, le second incluant et subordonnant de plus en plus le premier. Tendance lourde ? Sans doute. 

    Lorsque Daudet dit son opposition au Régime, il s’agit évidemment de la République, en l’occurrence de la IIIe. Aujourd’hui comme hier, la Constitution définit les Institutions de la République : la Présidence de la République ; le Gouvernement ; le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat ; les Partis politiques qui, de fait, les composent et dont la Constitution consacre le rôle ; le Conseil Constitutionnel … Etc. Tel est notre Régime politique. Mais l’on « ressent » bien que le Système avec lequel, selon la définition des dictionnaires, le Régime interagit - dont il est l’un des éléments, théoriquement le premier - est un ensemble qui s’étend bien au-delà des Institutions politiques proprement dites et se compose d’autres éléments, devenus, somme toute, souvent tout aussi déterminants. Dans l’écart entre ces deux termes (Régime et Système) se trouve sans doute la réponse à la question que nous nous posons. En son temps, l'Action française avait déjà élargi sa critique du régime proprement dit à ce qu'elle nommait le Pays légal. Réalité assez voisine sans-doute du ce qu'aujourd'hui l'on appelle - en un sens communément péjoratif - le Système.          

    Par delà les Institutions de la République proprement dites et leurs différents moyens d’action, les autres éléments constitutifs du Système – en interaction permanente avec les Institutions aussi bien qu’entre eux - sont assez aisément discernables. Pour être brefs, nous nous bornerons, sans les analyser en détails, à les désigner :  

    Une pensée dominante (le Politiquement correct, la Bien-pensance, les sempiternelles et indéfinies valeurs de la République ...) qui, malgré un nombre croissant d’oppositions et de réactions, est très généralement partagée par l’ensemble des composantes du Système ; elle a valeur politique, sociétale, morale, voire religieuse. Rien à voir avec l’une de ces grandes pensées politiques, dont Edgar Morin déplore la disparition. Il s’agit d’un ensemble d’opinions. 

    Les moyens de communication et d’information, notamment audiovisuels, et la grande presse, largement peuplés de journalistes et de managers en grande majorité pénétrés de la doxa que nous avons évoquée précédemment et spontanément appliqués à la diffuser, l’imposer à tous, la ressasser incessamment comme croyances et morale obligées. A noter que cette profession n’est pas loin de constituer, ne serait-ce que du simple point de vue des rémunérations, une communauté de privilégiés. A noter, aussi, les nombreux couplages existant entre le monde politique et celui des médias.  

    Le monde clos des financiers, propriétaires, soutiens et utilisateurs des moyens de communication en question (chaînes de télévision, grands titres de la presse écrite, etc.). Ils les achètent ou ils les vendent. Ils payent leurs factures et assurent leurs fins de mois.         

    Ce que l’on nomme de plus en plus, comme s’agissant d’un tout homogène et mono-orienté, les Associations, à peu près comme l’on dit les Institutions (!). N’ont d’influence et d’interaction avec les autres éléments du Système que les associations conformes à la doxa commune, quelle que soit leur importance réelle. (Aucune chance pour la Manif pour tous d’exercer une influence sur le Régime ou sur le Système).   

    L’Etat, en France, s’en étant attribué la responsabilité et le contrôle, l’Education Nationale  est, à l’évidence, une autre composante essentielle du Système. Monopolisée par une caste de faiseurs de programmes et de pédagogistes - qui se renouvellent, d’ailleurs par cooptation - elle a de moins en moins pour mission la transmission des savoirs, comme l’atteste la dégringolade des niveaux scolaires. Il s’agit bien davantage de former la jeunesse de notre pays aux dogmes et comportements qu’implique la doxa commune, cette Religion républicaine qui, selon Vincent Peillon, doit remplacer les anciennes religions et façonner le citoyen nouveau. L’introduction de la théorie du Genre à l’école, qui implique la négation des sexes, montre que cette Religion nouvelle admet les lubies les plus extrêmes. Terra nova, le nom que s'est donné le principal think tank socialiste, dit tout de l'ambition que poursuit le Système.      

    Si l’on ajoute aux composantes du système, les appareils syndicaux et, malgré leur faible représentativité, leurs cohortes d’apparatchiks, largement intégrés à la classe des bureaucrates de l’Administration ou, même, des grandes entreprises, un certain monde de la culture et des arts ou prétendus tels, l’on comprend que cette imposante conjonction de moyens, d’hommes, de structures et d’argent, puisse exercer sur l’ensemble du peuple français une sorte de totalitarisme mou et qu'il soit, bel et bien, largement ressenti comme tel. 

    Chacune des composantes du Système énumérées ci-dessus mériterait une étude spécifique qui, ici, nous mènerait trop loin. Toutes nous semblent concourir à un même résultat : celui de la destruction ou  - d'un terme suggérant méthode et volonté systématique - déconstruction.   

    Il n’est pas forcément mauvais qu’un peuple, une nation, un Etat soient régis par un Système quasi unanimement reconnu et respecté, sous réserve qu’il n’étouffe ni les libertés, ni les différences légitimes. L’erreur du nôtre, sa spécificité, est qu’il vise la déconstruction : déconstruction nationale, déconstruction sociétale, déconstruction culturelle, déconstruction anthropologique. 

    Nous n’avons pas épuisé ce (trop) vaste sujet. Les réalités multiformes du quotidien nous y ramèneront immanquablement.  

    Lafautearousseau 

    Repris de nos archives et réactualisé.

  • Qu'est-ce que « le Système » ? Retour sur quelques définitions

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    La question – évidemment importante - nous a été posée dans les commentaires : " Le Système " et sa contestation sont à l'ordre du jour. S'agit-il là d'une tendance lourde ? (…) Il est temps d'éclairer les uns et les autres sur ce que nous nommons " le système ". (…) Pour lutter contre le Système, (…) encore faut-il le définir avec plus de précisions et en dessiner finement le contour. Mais la réponse ne va pas de soi. Même si, aujourd'hui, la contestation du système se généralise massivement et si on ne peut donc pas nier que le terme soit "ressenti".

     

    Par définition, un « système », bien qu’il constitue une unité active, est chose complexe, composite. Il n’est donc pas si simple de le définir. Hasardons néanmoins quelques réflexions qui, si elles n’épuisent pas le sujet, contribueront à y mettre un début d’ordre et de clarté.

     

    Qu’est-ce qu’un système ? Classiquement, les dictionnaires en donnent une définition de ce type : « Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux et se définit par : ses éléments constitutifs ; les interactions entre ces derniers ; sa limite ». Voilà qui correspond bien à notre sujet.

     

    Notons que (sans-doute dans les années 1920) Léon Daudet – que nous citons souvent – dit son opposition au Régime, celle de l’Action française, alors qu’aujourd’hui nous avons plutôt tendance - par delà Droite et Gauche - à pointer le Système, le second incluant et subordonnant de plus en plus le premier. Tendance lourde ? Sans doute.

     

    Lorsque Daudet dit son opposition au Régime, il s’agit évidemment de la République, en l’occurrence de la IIIème. Aujourd’hui comme hier, la Constitution définit les Institutions de la République : la Présidence de la République ; le Gouvernement ; le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat ; les Partis politiques qui, de fait, les composent et dont la Constitution consacre le rôle ; le Conseil Constitutionnel … Etc. Tel est notre Régime politique. Mais l’on « ressent » bien que le Système avec lequel, selon la définition des dictionnaires, le Régime interagit - dont il est l’un des éléments, théoriquement le premier - est un ensemble qui s’étend bien au-delà des Institutions politiques proprement dites et se compose d’autres éléments, devenus, somme toute, souvent tout aussi déterminants. Dans l’écart entre ces deux termes (Régime et Système) se trouve sans doute la réponse à la question que nous nous posons.       

     

    Par delà les Institutions de la République proprement dites et leurs différents moyens d’action, les autres éléments constitutifs du Système – en interaction permanente avec les Institutions aussi bien qu’entre eux - sont assez aisément discernables. Pour être brefs, nous nous bornerons, sans les analyser en détails, à les désigner :

     

    = Une pensée dominante (le Politiquement correct, la Bien-pensance, les sempiternelles et indéfinies valeurs de la République ...) qui, malgré un certain nombre d’oppositions et de réactions, est très généralement partagée par l’ensemble des composantes du Système ; elle a valeur politique, sociétale, morale, voire religieuse. Rien à voir avec l’une de ces grandes pensées politiques, dont Edgar Morin déplore la disparition. Il s’agit d’un ensemble d’opinions.

     

    = Les moyens de communication et d’information, notamment audiovisuels, et la grande presse, largement peuplés de journalistes et de managers en grande majorité pénétrés de la doxa que nous avons évoquée précédemment et spontanément appliqués à la diffuser, l’imposer à tous, la ressasser incessamment comme croyances et morale obligées. A noter que cette profession n’est pas loin de constituer, ne serait-ce que du simple point de vue des rémunérations, une communauté de privilégiés. A noter, aussi, les nombreux couplages existant entre le monde politique et celui des médias.

     

    = Le monde clos des financiers, propriétaires, soutiens et utilisateurs des moyens de communication en question (chaînes de télévision, grands titres de la presse écrite, etc.). Ils les achètent ou ils les vendent. Ils payent leurs factures et assurent leurs fins de mois.       

     

    = Ce que l’on nomme de plus en plus, comme s’agissant d’un tout homogène et mono-orienté, les Associations, à peu près comme l’on dit les Institutions (!). N’ont d’influence et d’interaction avec les autres éléments du Système que les associations conformes à la doxa commune, quelle que soit leur importance réelle. (Aucune chance pour la Manif pour tous d’exercer une influence sur le Régime ou sur le Système).  

     

    = L’Etat, en France, s’en étant attribué la responsabilité et le contrôle, l’Education Nationale  est, à l’évidence, une autre composante essentielle du Système. Monopolisée par une caste de faiseurs de programmes et de pédagogistes - qui se renouvellent, d’ailleurs par cooptation - elle a de moins en moins pour mission la transmission des savoirs, comme l’atteste la dégringolade des niveaux scolaires. Il s’agit bien davantage de former la jeunesse de notre pays aux dogmes et comportements qu’implique la doxa commune, cette Religion républicaine qui, selon Vincent Peillon, doit remplacer les anciennes religions et façonner le citoyen nouveau. L’introduction de la théorie du Genre à l’école, qui implique la négation des sexes, montre que cette Religion nouvelle admet les lubies les plus extrêmes.     

     

    Si l’on ajoute aux composantes du système, les appareils syndicaux et, malgré leur faible représentativité, leurs cohortes d’apparatchiks, largement intégrés à la classe des bureaucrates de l’Administration ou, même, des grandes entreprises, un certain monde de la culture et des arts ou prétendus tels, l’on comprend que cette imposante conjonction de moyens, d’hommes, de structures et d’argent, puisse exercer sur l’ensemble du peuple français une sorte de totalitarisme mou et qu'il soit, bel et bien, largement ressenti comme tel.

     

    Chacune des composantes du Système énumérées ci-dessus mériterait une étude spécifique qui, ici, nous mènerait trop loin. Toutes nous semblent concourir à un même résultat : celui de la déconstruction.

     

    Il n’est pas forcément mauvais qu’un peuple, une nation, un Etat soient régis par un Système quasi unanimement reconnu et respecté, sous réserve qu’il n’étouffe ni les libertés, ni les différences légitimes. L’erreur du nôtre, sa spécificité, est qu’il vise la déconstruction : déconstruction nationale, déconstruction sociétale, déconstruction culturelle, déconstruction anthropologique.

     

    Nous n’avons pas épuisé ce (trop) vaste sujet. Les réalités multiformes du quotidien nous y ramèneront immanquablement.  

  • QU’EST-CE QUE LE « SYSTEME » ?

    splash-planets.jpg

     

     

    La question – évidemment importante - nous est posée dans les commentaires : " Le Système " et sa contestation sont à l'ordre du jour. S'agit-il là d'une tendance lourde ? (…) Il est temps d'éclairer les uns et les autres sur ce que nous nommons " le système ". (…) Pour lutter contre le Système, (…) encore faut-il le définir avec plus de précisions et en dessiner finement le contour. Mais la réponse ne va pas de soi. Même si, aujourd'hui, la contestation du système se généralise massivement et si on ne peut donc pas nier que le terme soit "ressenti".

     

    Par définition, un « système », bien qu’il constitue une unité active, est chose complexe, composite. Il n’est donc pas si simple de le définir. Hasardons néanmoins quelques réflexions qui, si elles n’épuisent pas le sujet, contribueront à y mettre un début d’ordre et de clarté.

     

    Qu’est-ce qu’un système ? Classiquement, les dictionnaires en donnent une définition de ce type : « Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux et se définit par : ses éléments constitutifs ; les interactions entre ces derniers ; sa limite ». Voilà qui correspond bien à notre sujet.

    Notons que (sans-doute dans les années 1920) Léon Daudet – que nous citons souvent – dit son opposition au Régime, celle de l’Action française, alors qu’aujourd’hui nous avons plutôt tendance - par delà Droite et Gauche - à pointer le Système, le second incluant et subordonnant de plus en plus le premier. Tendance lourde ? Sans doute.

     

    Lorsque Daudet dit son opposition au Régime, il s’agit évidemment de la République, en l’occurrence de la IIIème. Aujourd’hui comme hier, la Constitution définit les Institutions de la République : la Présidence de la République ; le Gouvernement ; le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat ; les Partis politiques qui, de fait, les composent et dont la Constitution consacre le rôle ; le Conseil Constitutionnel … Etc. Tel est notre Régime politique. Mais l’on « ressent » bien que le Système avec lequel, selon la définition des dictionnaires, le Régime interagit - dont il est l’un des éléments, théoriquement le premier - est un ensemble qui s’étend bien au-delà des Institutions politiques proprement dites et se compose d’autres éléments, devenus, somme toute, souvent tout aussi déterminants. Dans l’écart entre ces deux termes (Régime et Système) se trouve sans doute la réponse à la question que nous nous posons.       

     

    Par delà les Institutions de la République proprement dites et leurs différents moyens d’action, les autres éléments constitutifs du Système – en interaction permanente avec les Institutions aussi bien qu’entre eux - sont assez aisément discernables. Pour être brefs, nous nous bornerons, sans les analyser en détails, à les désigner :

     

    = Une pensée dominante (le Politiquement correct, la Bien-pensance) qui, malgré un certain nombre d’oppositions et de réactions, est très généralement partagée par l’ensemble des composantes du Système ; elle a valeur politique, sociétale, morale, voire religieuse. Rien à voir avec l’une de ces grandes pensées politiques, dont Edgar Morin déplore la disparition. Il s’agit d’un ensemble d’opinions.

     

    = Les moyens de communication et d’information, notamment audiovisuels, et la grande presse, largement peuplés de journalistes et de managers en grande majorité pénétrés de la doxa que nous avons évoquée précédemment et spontanément appliqués à la diffuser, l’imposer à tous, la ressasser incessamment comme croyances et morale obligées. A noter que cette profession n’est pas loin de constituer, ne serait-ce que du simple point de vue des rémunérations, une communauté de privilégiés. A noter, aussi, les nombreux couplages existant entre le monde politique et celui des médias.

     

    = Le monde clos des financiers, propriétaires, soutiens et utilisateurs des moyens de communication en question (chaînes de télévision, grands titres de la presse écrite, etc.). Ils les achètent ou ils les vendent. Ils payent leurs factures et assurent leurs fins de mois.       

     

    = Ce que l’on nomme de plus en plus, comme s’agissant d’un tout homogène et mono-orienté, les Associations, à peu près comme l’on dit les Institutions (!). N’ont d’influence et d’interaction avec les autres éléments du Système que les associations conformes à la doxa commune, quelle que soit leur importance réelle. (Aucune chance pour la Manif pour tous d’exercer une influence sur le Régime ou sur le Système).  

     

    = L’Etat, en France, s’en étant attribué la responsabilité et le contrôle, l’Education Nationale  est, à l’évidence, une autre composante essentielle du Système. Monopolisée par une caste de faiseurs de programmes et de pédagogistes - qui se renouvellent, d’ailleurs par cooptation - elle a de moins en moins pour mission la transmission des savoirs, comme l’atteste la dégringolade des niveaux scolaires. Il s’agit bien davantage de former la jeunesse de notre pays aux dogmes et comportements qu’implique la doxa commune, cette Religion républicaine qui, selon Vincent Peillon, doit remplacer les anciennes religions et façonner le citoyen nouveau. L’introduction de la théorie du Genre à l’école, qui implique la négation des sexes, montre que cette Religion nouvelle admet les lubies les plus extrêmes.     

     

    Si l’on ajoute aux composantes du système, les appareils syndicaux et, malgré leur faible représentativité, leurs cohortes d’apparatchiks, largement intégrés à la classe des bureaucrates de l’Administration ou, même, des grandes entreprises, un certain monde de la culture et des arts ou prétendus tels, l’on comprend que cette imposante conjonction de moyens, d’hommes, de structures et d’argent, puisse exercer sur l’ensemble du peuple français une sorte de totalitarisme mou et qu'il soit, bel et bien, largement ressenti comme tel.

     

    Chacune des composantes du Système énumérées ci-dessus mériterait une étude spécifique qui, ici, nous mènerait trop loin. Toutes nous semblent concourir à un même résultat : celui de la déconstruction.

     

    Il n’est pas forcément mauvais qu’un peuple, une nation, un Etat soient régis par un Système quasi unanimement reconnu et respecté, sous réserve qu’il n’étouffe ni les libertés, ni les différences légitimes. L’erreur du nôtre, sa spécificité, est qu’il vise la déconstruction : déconstruction nationale, déconstruction sociétale, déconstruction culturelle, déconstruction anthropologique.

     

    Nous n’avons pas épuisé ce (trop) vaste sujet. Les réalités multiformes du quotidien nous y ramèneront immanquablement. 

     

    Lafautearousseau

     

     

  • Qu’est la paysannerie devenue ?

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours ; c’est le taux de suicide le plus élevé de toutes les professions.

    En dehors de quelques filières et de quelques régions naturellement favorisées – et, il faut le dire, largement soutenues –, l’ensemble du monde agricole souffre – et terriblement. Il s’amenuise en peau de chagrin et, financièrement, il est réduit à une portion qui n’est même plus « congrue ». Un peu plus de 600 000 chefs d’exploitation – et encore ! – représentent le secteur agricole dont les 3/4 ont du mal à vivre. En dix ans le nombre a diminué de 21 %, ce qui correspondait, sans que cela soit clairement dit, aux objectifs de la PAC. Et malgré la PAC et ses systèmes compliqués de subventions, malgré les promesses de tous les politiciens, leur sort ne s’est pas amélioré. 41 % vont encore dans les années qui viennent partir à la retraite. Autrement dit ce monde agricole n’est plus une force électorale !

    L’objectif de l’État français comme de la Commission bruxelloise – qui, d’ailleurs, se disputaient sur les détails – tenait en quelques mots-clefs : compétitivité, taille critique, investissement productif, gestion managériale, modernisation, ouverture à la mondialisation, protection orientée par des aides ciblées mais respectant la sacro-sainte concurrence, constitution de marchés et organisation de filières, système de prêts bancaires, toujours prétendument avantageux, soutien de la qualité bio et du souci environnemental, bref tout y était. Le moins que l’on puisse dire, malgré les prétentions technocratiques de ces beaux messieurs qui font de l’agriculture avec des dossiers et des chiffres, c’est que pratiquement rien n’a réussi. C’est un échec et qui coûte cher à la France, à l’Europe aussi, mais surtout aux agriculteurs pressurés de tous les côtés et obligés de vendre à perte.

    Emmanuel Macron le sait ; il a étudié les fameux dossiers mal foutus que lui ont légués ses prédécesseurs. Avec un certain cran, il a affronté les difficultés en passant plus de 12 heures au Salon international de l’agriculture le samedi 24 février, le plus long temps qu’un responsable politique y ait jamais passé.

    Le jeudi précédent il avait convoqué à l’Élysée mille jeunes agriculteurs. Il leur a parlé pendant plus d’une heure. Portant des jugements extrêmement sévères sur les gouvernements précédents, il a prétendu se démarquer d’eux. Il a expliqué à cette « nouvelle génération » son « plan » d’avenir à lui, lui qui est de la même génération et qui à la ferme intention de tout renouveler. Le mot « plan » est revenu dix fois dans sa bouche. Et qu’est-ce que ce plan ? Eh bien, aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est encore et toujours la même chose ! Les aides de la PAC qu’il faut obtenir, en particulier celles qui ne sont versées qu’avec retard, les MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques), les ICHN (aides compensatrices des handicaps naturels) ; la PAC elle-même pour laquelle lui et son ministre de l’agriculture vont se battre, sachant qu’une partie des aides sera supprimée, – mais au fait, si les partenaires européens s’opposent au « plan » Macron, que se passera-t-il ? – ; la filière bovine dont il va s’occuper personnellement tout en vantant l’accord avec le Mercosur – l’Amérique latine – qui aboutira à la saturation de nos marchés, car CETA, Mercosur, c’est la mondialisation dans laquelle Macron s’est juré de faire entrer la France, tout en reconnaissant en incise que, jusqu’à aujourd’hui, c’est un marché de dupes. Cependant, « le Mercosur n’est pas le problème », dit Macron, « les yeux dans les yeux » ; évidemment c’est la politique européenne qui a déjà causé ce désastre. Pourtant il ne s’en dédit pas ; il rassure en affirmant qu’il marquera « les lignes rouges » ! Dix fois répété !

    Mais voilà : il faut que « l’exploitant agricole » devienne un « entrepreneur agricole » ; « Il faut changer les choses », « mener une vraie révolution culturelle ». Les États généraux de l’alimentation qu’il a initiés, « permettront d’avoir des organisations de producteurs qui négocieront avec le transformateur et le distributeur les bons prix ». Ah bon ! Et le droit de la concurrence européenne qui aboutit à la braderie du capital et du revenu français ?

    Alors Macron revient sur les mêmes concepts de « modernisation des structures », « de taille critique », de « pédagogie », de « plan » de 5 milliards dont 1,4 seront des prêts. C’est du déjà vu, archi-vu. Le président avoue ingénument « que plus personne ne comprend ce que fait l’État et ce que font les régions ». Il ose parler d’aide au foncier, « d’investissement stratégique dont dépend notre souveraineté », lui qui ne croit plus, comme il l’a dit cent fois, qu’à la seule souveraineté européenne, et au moment même où on apprend qu’un Chinois s’est acheté 1000 hectares dans l’Allier. Un cas qui va devenir de plus en plus fréquent.

    « Je ne suis pas là pour plaire, a-t-il dit, je suis là pour faire ». Il est terrible de penser que le sort de la paysannerie française dépend des « plans » d’un inspecteur des finances. Où donc est le brave Sully avec son bon sens : « labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée et les vrais mines et trésors du Pérou » ? Il est vrai que Sully servait Henri IV.  ■ 

    Hilaire de Crémiers

  • Natacha Polony : Qu'est-ce que Paris a fait de la France ? Nous disons, ici : ce n'est pas ”Paris”, mais le Système qui

    Personnalité médiatique, mais aussi - sans-doute surtout - intellectuelle et, au sens positif, politique, Natacha Polony pose de façon pertinente, dans cette tribune du Figaro, la question de nos diversités ancestrales menacées. Bien-sûr, son souci a notre sympathie et même, depuis toujours, il est nôtre. Mais nous faisons deux objections : lorsque l'on dit Paris, l'on ne nomme pas la source non pas géographique mais systémique des destructions que l'on constate et déplore. Nommons cette source : il s'agit, de fait, du Système politique, idéologique, médiatique, partisan, qui gouverne ou tente de gouverner la France. Notre deuxième objection est simple : il n'y a pas de fédération qui tienne sans fédérateur. Natacha Polony suggère ce manque lorsqu'elle incrimine, en forme de conclusion, "la disparition du ciment qui faisait de (nos) identités l'édifice admirable qu'est une grande Nation". Ce ciment, fut, dans l'Histoire, la monarchie française. Là encore, pourquoi ne pas le nommer ♦ Lafautearousseau

     

    o-NATACHA-POLONY-facebook.jpgQui se promène sur les routes de France et rencontre ses habitants sera frappé par un phénomène incontournable et récurrent. De cette Provence à la culture millénaire au Lauragais enraciné dans sa mémoire, des Corbières sauvages à la Touraine paisible, on cultive une même détestation de « Paris ». Pas forcément le rejet colérique des Marseillais fiers de leur cité grecque et jaloux de leur rayonnement mais un agacement bougon face à une entité indéfinie et omniprésente. Manifestation poujado-populiste? Éruption identitaire? Non, il y a là un sentiment qui marie des souvenirs ancestraux et le constat sociologique le plus contemporain.

    Paris, c'est cette puissance qui arase tout, qui rabote les droits et les identités. Paris, c'est un mélange d'arrogance, de certitude et de bonne conscience. Derrière ce sentiment, il y a la colère de n'être pas entendu, pas même considéré. Il y a l'impuissance et la révolte d'un peuple qui croit encore à l'Histoire et qui sait que la démocratie devrait consister à traduire dans les décisions prises au nom de la Nation, par l'Assemblée de ses représentants et du gouvernement qui en émane comme par le Président qu'il a élu, ce moment où la diversité des intérêts et des conceptions se recompose pour forger le Bien commun. On en est bien loin…

    Et si au moins, ils les voyaient faire amende honorable, ces brillants esprits qui veulent penser pour eux. Mais l'été fut rythmé par les effroyables nouvelles de Mossoul et des Chrétiens d'Orient, et qu'ont vu les Français dans leurs journaux et leur poste de télévision ? Les apprentis sorciers qui avaient soutenu l'intervention américaine en 2003 reconnaître leur tragique erreur et dénoncer la folie d'une idéologie qui consistait à imposer la démocratie et le marché - surtout le marché - par les armes? Pas du tout. Ils ont pu entendre Bernard Kouchner livrer ses oracles sans que personne n'ose lui demander un mea culpa.

    L'été vit aussi se poursuivre le désastre économique, hausse du chômage, emplois menacés dans les abattoirs, feuilles d'impôts délirantes, spirale de la déflation… Ont-ils entendu Jacques Attali, Alain Minc et tous les chantres de la «mondialisation heureuse» admettre une erreur de jugement? Rien de rien.

    Alors, Paris incarne tout cela. Les chevaliers francs et les seigneurs du Nord qui vinrent écraser la civilisation occitane sous prétexte d'hérésie cathare, et le légat du Pape, Arnaud Amaury, lâchant devant les remparts de Bézier: «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens». Plus tard la réduction progressive de toute identité spécifique à une forme d'archaïsme forcément hermétique aux Lumières, aux Droits de l'Homme et au Progrès.

    Pourtant, la France est riche de cette diversité qui fait que l'Anjou n'est pas le Dauphiné et que l'Artois n'est pas le Périgord. Elle vit de ces terroirs humains aussi bien que géographiques. Et il ne s'agit là ni d'identitarisme ethnocentré ni de régionalisme folklorique. On ne joue pas à parler catalan ou à perpétuer le souvenir des traditions ch'tis. On le fait parce qu'on y trouve une dignité qui est celle d'un humain conscient de toutes les dimensions de son identité. Mais Paris, ce «Paris» qui symbolise à la fois la puissance publique et les élites, au lieu de cultiver cette diversité nationale qui a fait la grandeur de la France dans la richesse de ses différences, tel que le célébrait la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, a systématiquement gommé ou éradiqué cette plus value française que constituait la possibilité de crier «Vive la République» en breton, en corse, en alsacien, en basque ou en occitan, cette possibilité de vivre dans un paysage identifié, dans un environnement culturel foisonnant.

    Certes, si cela avait au moins permis de sauver la patrie en danger! Même pas! Car l'idéal de cette société de liberté, d'égalité et de fraternité censée justifier la virtualisation des identités françaises est aujourd'hui foulé aux pieds par la crise du politique, le renoncement à toute émancipation véritable et les certitudes d'experts occupés à développer un village mondial indifférencié où circuleront des produits standardisés. La télévision et la société de consommation sont en train de détruire cette diversité française bien plus sûrement que ne le firent les injonctions à parler Français des instituteurs de la IIIème République. «Défense de parler flamand et de cracher par terre» pouvait-on lire dans les cours de récré du Nord. Du coup on ne parle plus flamand mais on crache sur la France. Avant que You tube et le selfie généralisé n'achèvent le travail.

    Et cependant, dans cette France aux paysages sublimes, cette France dont on nous dit, cette année encore, que 84 millions d'étrangers sont venus la visiter, on sent, bien sûr, de l'inquiétude, mais on sent surtout une force de volonté inaltérable à mille lieues de la résignation de ces élites nationales qui ont décrété que la France est un pays mineur. Dans chaque département, dans chaque contrée, on trouve des paysans qui s'organisent pour proposer des produits authentiques loin des circuits de la grande distribution, des entrepreneurs qui perpétuent malgré les délocalisations et la concurrence déloyale un savoir professionnel de qualité, des énergies prêtes à s'exprimer car elles s'appuient sur une mémoire transmise et la conscience de ce que l'on est. Ce ne sont pas les identités françaises qui menacent l'unité de la France, c'est la disparition du ciment qui faisait de ces identités l'édifice admirable qu'est une grande Nation.

    Le Figaro - 16-17 août 2014

  • Au fait, qu'est-ce que le « Système » dont nous parlons ? Essai de définition ...

     

    Publié le 29.03.2016 et réactualisé le 18.11.2016

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLa question – évidemment importante et légitime - nous a été posée dans les commentaires : « Le "Système"  et sa contestation sont à l'ordre du jour. S'agit-il là d'une tendance lourde ? (…) Il est temps d'éclairer les uns et les autres sur ce que nous nommons " le système ". (…) Pour lutter contre le Système, (…) encore faut-il le définir avec plus de précisions et en dessiner finement le contour.» Mais la réponse ne va pas de soi. Même si, « aujourd'hui, la contestation du Système se généralise massivement et si on ne peut donc pas nier que le terme soit "ressenti".» 

    Par définition, un « système », bien qu’il constitue une unité active, est chose complexe, composite. Il n’est donc pas si simple de le définir. Hasardons néanmoins quelques réflexions qui, si elles n’épuisent pas le sujet, contribueront à y mettre un début d’ordre et de clarté.  

    Qu’est-ce qu’un système ? Classiquement, les dictionnaires en donnent une définition de ce type : « Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux et se définit par : ses éléments constitutifs ; les interactions entre ces derniers ; sa limite ». Voilà qui correspond bien à notre sujet. 

    Notons que (sans-doute dans les années 1920) Léon Daudet dit son opposition au Régime, celle de l’Action française, alors qu’aujourd’hui nous avons plutôt tendance - par delà Droite et Gauche - à pointer le Système, le second incluant et subordonnant de plus en plus le premier. Tendance lourde ? Sans doute. 

    Lorsque Daudet dit son opposition au Régime, il s’agit évidemment de la République, en l’occurrence de la IIIe. Aujourd’hui comme hier, la Constitution définit les Institutions de la République : la Présidence de la République ; le Gouvernement ; le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat ; les Partis politiques qui, de fait, les composent et dont la Constitution consacre le rôle ; le Conseil Constitutionnel … Etc. Tel est notre Régime politique. Mais l’on « ressent » bien que le Système avec lequel, selon la définition des dictionnaires, le Régime interagit - dont il est l’un des éléments, théoriquement le premier - est un ensemble qui s’étend bien au-delà des Institutions politiques proprement dites et se compose d’autres éléments, devenus, somme toute, souvent tout aussi déterminants. Dans l’écart entre ces deux termes (Régime et Système) se trouve sans doute la réponse à la question que nous nous posons. En son temps, l'Action française avait déjà élargi sa critique du régime proprement dit à ce qu'elle nommait le Pays légal. Réalité assez voisine sans-doute du ce qu'aujourd'hui l'on appelle - en un sens communément péjoratif - le Système.          

    Par delà les Institutions de la République proprement dites et leurs différents moyens d’action, les autres éléments constitutifs du Système – en interaction permanente avec les Institutions aussi bien qu’entre eux - sont assez aisément discernables. Pour être brefs, nous nous bornerons, sans les analyser en détails, à les désigner :  

    Une pensée dominante (le Politiquement correct, la Bien-pensance, les sempiternelles et indéfinies valeurs de la République ...) qui, malgré un nombre croissant d’oppositions et de réactions, est très généralement partagée par l’ensemble des composantes du Système ; elle a valeur politique, sociétale, morale, voire religieuse. Rien à voir avec l’une de ces grandes pensées politiques, dont Edgar Morin déplore la disparition. Il s’agit d’un ensemble d’opinions

    Les moyens de communication et d’information, notamment audiovisuels, et la grande presse, largement peuplés de journalistes et de managers en grande majorité pénétrés de la doxa que nous avons évoquée précédemment et spontanément appliqués à la diffuser, l’imposer à tous, la ressasser incessamment comme croyances et morale obligées. A noter que cette profession n’est pas loin de constituer, ne serait-ce que du simple point de vue des rémunérations, une communauté de privilégiés. A noter, aussi, les nombreux couplages existant entre le monde politique et celui des médias.  

    Le monde clos des financiers, propriétaires, soutiens et utilisateurs des moyens de communication en question (chaînes de télévision, grands titres de la presse écrite, etc.). Ils les achètent ou ils les vendent. Ils payent leurs factures et assurent leurs fins de mois.         

    Ce que l’on nomme de plus en plus, comme s’agissant d’un tout homogène et mono-orienté, les Associations, à peu près comme l’on dit les Institutions (!). N’ont d’influence et d’interaction avec les autres éléments du Système que les associations conformes à la doxa commune, quelle que soit leur importance réelle. (Aucune chance pour la Manif pour tous d’exercer une influence sur le Régime ou sur le Système).   

    L’Etat, en France, s’en étant attribué la responsabilité et le contrôle, l’Education Nationale  est, à l’évidence, une autre composante essentielle du Système. Monopolisée par une caste de faiseurs de programmes et de pédagogistes - qui se renouvellent, d’ailleurs par cooptation - elle a de moins en moins pour mission la transmission des savoirs, comme l’atteste la dégringolade des niveaux scolaires. Il s’agit bien davantage de former la jeunesse de notre pays aux dogmes et comportements qu’implique la doxa commune, cette Religion républicaine qui, selon Vincent Peillon, doit remplacer les anciennes religions et façonner le citoyen nouveau. L’introduction de la théorie du Genre à l’école, qui implique la négation des sexes, montre que cette Religion nouvelle admet les lubies les plus extrêmes. Terra nova, le nom que s'est donné le principal think tank socialiste, dit tout de l'ambition que poursuit le Système.      

    Si l’on ajoute aux composantes du système, les appareils syndicaux et, malgré leur faible représentativité, leurs cohortes d’apparatchiks, largement intégrés à la classe des bureaucrates de l’Administration ou, même, des grandes entreprises, un certain monde de la culture et des arts ou prétendus tels, l’on comprend que cette imposante conjonction de moyens, d’hommes, de structures et d’argent, puisse exercer sur l’ensemble du peuple français une sorte de totalitarisme mou et qu'il soit, bel et bien, largement ressenti comme tel. 

    Chacune des composantes du Système énumérées ci-dessus mériterait une étude spécifique qui, ici, nous mènerait trop loin. Toutes nous semblent concourir à un même résultat : celui de la destruction ou  - d'un terme suggérant méthode et volonté systématique - déconstruction.   

    Il n’est pas forcément mauvais qu’un peuple, une nation, un Etat soient régis par un Système quasi unanimement reconnu et respecté, sous réserve qu’il n’étouffe ni les libertés, ni les différences légitimes. L’erreur du nôtre, sa spécificité, est qu’il vise la déconstruction : déconstruction nationale, déconstruction sociétale, déconstruction culturelle, déconstruction anthropologique. 

    Nous n’avons pas épuisé ce (trop) vaste sujet. Les réalités multiformes du quotidien nous y ramèneront immanquablement.  

    Lafautearousseau 

  • ”Trucage électoral” (Jean Rouxel, dans ”Les 4 Vérités”)...

    "Avec 3,5 millions de voix, le FN aura entre 0 et 3 députés, tandis qu’avec 1,4 million de voix, les Verts en auront autour de 15. Ces 4 chiffres condamnent le système. Il est urgent d’abandonner ce trucage électoral. Que ce soit pour un scrutin proportionnel ou pour un scrutin majoritaire à un tour. Tout plutôt que cette magouille !"


    Total droites/ total gauches :

    L

  • Voter, puisque vote il y a; mais pas en partisans et sans se passionner pour autre chose que ce qui est notre raison d'ê

            La plupart d’entre nous iront voter, ce dimanche. Chacun le fera selon ce qui, après réflexion, lui paraîtra le meilleur choix pour la France – ou, plutôt, pour les plus sages, le moins mauvais choix. Nous ne nous désintéressons donc pas de l’avenir système,republique,royauté,electionsimmédiat du pays. Et pourtant, cette consultation pour l’élection du Chef de l’Etat est, pour nous, beaucoup plus un piège qu’une étape qui serait décisive pour résoudre tout ou partie des problèmes français.

            Nous nous en tiendrons donc à notre décision de ne pas donner ce qu’il est convenu d’appeler, d’une expression d’ailleurs présomptueuse, une « consigne de vote ». De ne pas appeler à voter pour tel ou tel candidat, considérant que ce n’est pas notre rôle, que notre utilité est tout à fait d’un autre ordre, tout à fait dans une autre perspective. Nos amis sont assez grands, ont assez de jugement pour décider par eux-mêmes.

            Il ne nous paraît pas, en tout cas, souhaitable, que les royalistes se passionnent pour ce choix, encore moins qu’ils se disputent à son sujet.

            Les deux candidats susceptibles d’être élus – et dont les politiques sont, en réalité, fort peu différentes – ont toutes chances de décevoir très vite leurs partisans, ceux qui auront cru en leurs promesses. Et si François Hollande devait être élu, ce qui semble fort possible, ce sont tout simplement ses électeurs qui, cette fois-ci, seront trompés. Nous ne courons aucun risque à avancer cette prévision.

            Voter pour un candidat qui ne peut être élu, selon l’objet théorique du premier tour, peut présenter l’intérêt de manifester une volonté politique déterminée. En aucun cas de sauver le pays des dangers qui menacent, en effet, son indépendance et son identité. Car il est parfaitement faux que de tels votes, quelle que soit leur légitimité, puissent être, en quoi que ce soit, réellement sauveurs. Inutile d’entretenir cette illusion. système,republique,royauté,elections

           Nous serons plus réservés, encore, sur l’idée que d’une recomposition de la majorité parlementaire, après la présidentielle, pourrait sortir un bien pour la France. L’Histoire nous apprend, en effet, ce qu’ont produit, dans le passé, les « meilleures » majorités parlementaires.

            Notre rôle, celui qui nous est propre, celui qui ressort d’un véritable esprit d’Action française, est de rappeler qu’il n’y a pas d’avenir national dans le « Système ». Et d’exhorter chacun, une fois les échéances électorales passées, à cesser, si tel a été le cas, de militer pour tel ou tel candidat afin de se consacrer au seul combat qui vaille …  

  • Guerres politiques sur fond de crise, par Hilaire de Crémiers

    (Voici l'Analyse politique d'Hilaire de Crémiérs, parue dans le numéro  de Politique magazine, décembre 2011)

     

    Ce que les gens ne comprennent pas encore, c’est que nous vivons la fin d’un système. Les guerres politiques n’en seront que plus féroces.

     

           Nicolas Sarkozy est entré en campagne ; il a commencé sa guerre, c’est évident. L’astuce du président sortant est de faire comme si ce n’était pas le cas. Il déclare qu’il est tout absorbé par sa charge. Soit, de fait. Ce qui ne l’empêche pas de profiter du moindre espace de parole pour livrer d’insolentes remarques et de multiplier les déplacements en province et sur les lieux de travail les plus divers, surtout ceux où brille l’excellence française. Ainsi au Cnes de Toulouse. Autant d’occasions de lancer contre l’adversaire les flèches redoutables de l’homme sérieux, en fonction de chef, qui sait les choses et qui peut et qui veut. Et de suggérer qu’il est dans la crise,  à la différence de tous les autres, y compris  dans son camp, toujours sur la brèche, et peut-être encore plus sur le plan international que sur le plan national, pour la défense des intérêts de la France et des équilibres du monde. Et d’insinuer qu’il y a par conséquent incongruité, voire inconvenance, sinon presque félonie à le cribler de critiques, d’injures, de coups. Il faut avouer que c’est très bien joué et, d’ailleurs, sa cote de popularité remonte : 32 % au jour d’aujourd’hui. 

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    Campus de l'UMP : les cadres du Parti dans la bataille électorale.... 

            Les ministres, le Premier ministre lui-même ne sont plus chargés que de répéter partout et en toutes circonstances, qu’ils le veuillent ou non, et alors que la candidature n’est pas officialisée, que le seul candidat possible et « crédible », c’est évidemment Nicolas Sarkozy, ce qu’ils font tous très bien, même ceux qui, sans le dire, se verraient mieux à sa place. Et en outre, quand ils agissent, surtout pour rattraper des affaires mal enclenchées ou presque perdues ou difficilement agencées comme la vente des rafales à Abou Dhabi ou comme le déblocage des crédits promis aux collectivités territoriales, de le faire au nom du chef de l’État qui est sur tous les fronts et qui rétablit toutes choses. Le voici donc omniprésent et cependant absent, hors de l’arène où les concurrents s’agitent déjà pour exister ; il excite ainsi – et il le sait fort bien – l’imagination du corps électoral français qui aime ces faux suspenses et que les commentateurs politiques patentés, de toutes obédiences et sur tous les médias, alimentent en réflexions indéfinies que la crédulité populaire pense être de la politique. Lui aussi, d’ailleurs, car il est crédule, sans forcément être dupe, comme naguère François Mitterrand. Ce qui est sûr, c’est qu’il cherchera à tirer bénéfice de cette situation le plus longtemps possible. L’UMP qui est le parti du président, n’est plus désormais qu’un instrument, ce qu’elle a toujours été malgré les apparences, selon cet implacable mécanisme qui est devenu comme la loi institutionnelle fondamentale de la Ve République. Les Centres n’y pourront rien ; les Droites nationale ou populaire non plus. Rien, tant que le mécanisme présidentiel subsistera, n’infléchira la dure réalité du pouvoir. Celui qui tient le parti majoritaire, tient le pouvoir ; ensuite il se présente comme l’homme de la France, et alors il est dit que son succès naît de sa rencontre heureuse avec les Français. La mystagogie républicaine a l’art de couvrir d’un voile pudique les manœuvres de l’ambition.

     

     

    Un système habile de candidature

            Il est toujours possible d’agiter des idées en s’imaginant que la nécessité du rassemblement permettra de les promouvoir ; les naïfs minoritaires pensent de cette façon peser dans la balance. En fait, ces idées seront marginalisées parce qu’elles gênent. Les réformes constitutionnelles et institutionnelle de Sarkozy à tous les niveaux et en tous les domaines ont accentué le phénomène de bipolarisation partisane, y compris dans les syndicats. Ce qui réduit considérablement la possibilité concrète de faire aboutir des idées nouvelles. Les réformes proposées ne sont jamais dans un pareil cadre que des manières de faire durer le système, éventuellement en l’améliorant. Souvent en empirant ses tares.

     

    Ce qu’on appelle le débat politique

            L’UMP élabore donc un programme. Pour la présidentielle, pour les législatives, c’est difficile à affirmer puisque le Président fera comme il le jugera bon au moment opportun, que lui seul déterminera, sachant qu’il a des hommes qui travaillent pour lui. 

            Jean-François Copé qui s’est emparé de l’UMP pour le coup d’après – il l’a expressément signifié –, met toute son ardeur à ramasser quelques idées sur la fiscalité, sur les taxes antidélocalisation, sur la TVA sociale, sur les entreprises et les PME, sur le temps de travail, sur l’enseignement… Tout cela est bien mais il est permis de se demander pourquoi, s’il était si facile de les imaginer, ces si évidentes réformes n’ont pas encore été mises en place… En fait l’UMP est surtout chargée d’éreinter l’adversaire socialiste. Et là il est vrai que Jean-François Copé et ses amis d’aujourd’hui et concurrents de demain excellent. Le triomphe est facile. L’adversaire est tellement ridicule. Les lazzi jaillissent naturellement des lèvres des honnêtes gens. Troquer des centrales nucléaires contre des circonscriptions électorales dans un accord aussi criminel que bouffon n’est certes pas glorieux pour ce malheureux Hollande qui n’est qu’un fils de bourgeois parfaitement niais et inapte à tout gouvernement : il est de plus entouré de cette bande invraisemblable de socialo-bourgeois aux ambitions aussi démesurées que déçues, aux haines et aux rancunes recuites. Éva Joly est une caricature. La Cécile Duflot, quant à elle, tire les marrons du feu.

            Rien de tout ça n’est sérieux. Brocarder le programme d’Hollande ne va pas loin. Sa cote, d’ailleurs, descend. Ce qui est grave, c’est que la politique, en cette heure de crise gravissime, se réduise à ces jeux stériles. Qui le dira ? Qui peut le dire ?

            Nicolas Sarkozy s’engage à sauver l’outil industriel français. Soit. Mais que peut-il faire ? Qu’a-t-il réussi à faire au cours de ces quatre et presque cinq ans ? Marine Le Pen l’interpelle : elle pointe les défaillances. Auprès d’un électorat populaire, elle aura raison. Sa gouaille lui servira. Elle aussi, comme le candidat Sarkozy en 2007, elle fait du bonapartisme. En France, ça prend toujours. S’imaginer qu’il sera possible dans les derniers jours de la campagne de ravir à nouveau ces voix en invoquant sainte Jeanne d’Arc et saint Michel et Péguy et De Gaulle et Barrès et Jaurès et tutti quanti, comme en 2007, c’est une gageure. Elle n’est pas gagnée. Nicolas Sarkozy n’a pas été concrètement assez national. Cela ne veut pas dire qu’il n’aime pas la France, mais il est rempli, comme tant d’autres de sa génération, d’idées trop européistes, trop mondialistes ; ses modèles de vie ne sont pas assez français. Il faudrait qu’il fasse un retournement spectaculaire en ce sens. En a-t-il vraiment le goût ? Giscard avait perdu en 81, non parce que la France était passée à gauche mais parce que les Français étaient déçus. 

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      Nicolas Sarkozy accueillant le nouveau président du Conseil italien, Mario Monti. Au programme de cette rencontre où Angela Merkel sera présente : tenter d'unifier les politiques économiques des pays de l'Union européenne. 

     

    La terrible conjoncture

            Et puis et surtout, ce que Sarkozy ne devrait pas oublier, c’est précisément qu’il est le plus exposé parce qu’il est en situation de responsabilité effective. Il est à la manœuvre et la tempête, loin de se calmer, est sur le point de se déchaîner. Tout, littéralement tout, se détériore. Et donc tout peut arriver, même qu’il perde ! Y pense-t-il ? Il n’a rien vu venir. Pas plus que les autres ! Il a toujours cru quand il avait passé un obstacle, qu’il avait gagné, alors qu’il ne faisait que courir au-devant du suivant deux fois plus dur. Il n’a pas anticipé. Son entourage trop divers et qu’il choisissait selon les circonstances, l’ancrait dans ses certitudes de victoire. Les financiers l’ont grugé, l’ont mystifié. Il n’a pas vu que la zone euro était travaillée par un mal inexorable ; les remèdes qu’il apportait aggravaient la maladie. Maintenant rien ne va plus. S’il est le candidat d’un système en train de s’effondrer, il s’effondrera avec… et peut- être même avant l’échéance des élections prévues.

            Ce qui s’est passé en Grèce et en Italie peut aussi bien dorénavant se passer en France. La crise emporte tout. La commission de Bruxelles, le FMI et la finance internationale, Goldman Sachs singulièrement, placent leurs hommes aux postes-clefs. Ils sont de plus chrétiens, ce qui leur donne un air de moralistes, mais ils relèvent de cette démocratie-chrétienne qui a été un des agents politiques les plus destructeurs de nos vieilles nations. Lucas Papademos en Grèce, Mario Monti en Italie, Mario Draghi, le nouveau gouverneur de la BCE, sont tout à fait typiques de ces gens qui ont fréquenté les mêmes milieux, les mêmes banques, les mêmes idées. 

            Il n’y a plus d’élections, plus de peuples ; il n’y a plus que des experts chargés de résoudre le problème de la dette ; il est insoluble. Parce que trop, c’est trop. Comme il a été écrit dans ces colonnes, le FESF se révèle totalement insuffisant et sa formule n’est pas fiable. La Commission de Bruxelles avec l’autorité de son président José Barroso et celle de Herman  van Rompuy, le président de l’Union européenne, essaye de créer malgré tout des euro-bons ; il n’y a aucune raison que ces obligations réussissent : les Etats sont tous endettés. Des additions de dettes ne peuvent servir de garanties pour de nouvelles dettes. De toutes façons les Allemands ne veulent pas mutualiser lesdites dettes. 

            D’ailleurs eux-mêmes sont dorénavant en difficulté : ils n’ont pu lever que la moitié des six milliards d’obligations dont ils avaient besoin cette fin d’année. Le signe est clair. Il se dit que les banques allemandes sont aussi malades que les autres. La Belgique est au bord du gouffre sans gouvernement avec une dette à 100 % de son PIB. L’Espagne de Rajoy n’aura de chance de s’en sortir qu’en revenant à un nécessaire patriotisme. En aura t-il le courage ?

            La France de même. L’avenir n’est pas, contrairement à ce que croient Nicolas Sarkozy et son gouvernement, dans un axe Paris-Berlin où ils placent toutes leurs dernières espérances ; il leur faudra accourir aux injonctions de plus en plus rugueuses d’Angela Merkel et de Wolfgang Schäuble. Les rencontres européennes qui se multiplient cette fin novembre et ce début décembre pour sauver l’euro en cherchant à monétiser toutes les dettes, n’augurent rien de bon. Les peuples n’accepteront pas d’être dépouillés de leur souveraineté au nom d’une unité budgétaire qui serait institutionnalisée à la va-vite pour un euro où ils ne se reconnaissent pas et qui ne leur apportent plus rien que des déboires. Transformer par un subterfuge le traité de Lisbonne déjà obtenu par artifice afin de créer une Europe fédérale, ne passera pas. Le temps des technocrates et des politiciens est fini. C’est un système général qui s’effondre. Tout en est affecté ; les États- Unis et leurs banques sont pris au même piège, la Chine et ses banques également. La zone euro ne résistera pas à l’épreuve. La crise sociale viendra inéluctablement, suivie de la crise institutionnelle, dans un monde où plus rien ne tient debout et où ce qu’on appelle le réveil des peuples peut déboucher sur des risques de troubles et de conflits en chaîne.

            Les institutions françaises sont-elles adaptées à de telles circonstances ? C’est aujourd’hui la vraie question. Refaire un Etat national resserré sur l’essentiel de ses fonctions pour mieux sauver la société française, devrait être le noble but de toutes les volontés fortes qui cherchent confusément une issue au-delà du drame qui ne fait que commencer ■

     

    (L'Analyse politique d'Hilaire de Crémiers, parue dans le numéro  de Politique Magazine, décembre 2011)

  • Voilà un constat qui va déranger ? Pas du tout ! Il va juste remettre les choses au point, et montrer la vérité telle qu

            Luc Bronner signe, dans Le Monde du 4 octobre, un article sur la place croissante de l'Islam en banlieue, intitulé Banlieues, islam : l'enquête qui dérange et qui commence par cette phrase : "Voilà un constat qui va déranger". 

             Et pourquoi, "déranger" ? Nous pensons simplement qu'il dit les choses comme elles sont, et qu'il montre la réalité telle qu'elle est; Il y a belle lurette qu'on le sait : la Nature a horreur du vide... Le Système est en pleine faillite, partout, il a échoué, et ne se maintient que parce qu'il a la chance d'être installé; se seule force, sa dernière, c'est la force d'inertie.... Mais il s'efface, il disparaît, il tombe en poussière - c'est l'aticle qui en fait la constatation : et, malgré les incantations pathétiques à "la République", comme un vieux meuble tout vermoulu, rongé par de l'intérieur par les xylophages, il s'effrite et tombe peu à peu en poussière.

            Et lorsque cela se passe dans ces banlieures, ces zones de non-droit, où le Système lui-même a follement délocalisé des masses impressionantes des populations venues d'ailleurs, trop éloignées de nos moeurs et coutumes, de nos traditions - entre autres religieuses - il n'est pas étonnant que la place laissée libre par un Système déliquescent soit occupée : seuls des naïfs pourraient s'en étonner.     

            Voilà pourquoi il faut lire, et faire lire, cet article : bien loin de "déranger", il ne peut que contribuer, il faut l'espérer, à ce qu'il fasse prendre conscience de la gravité de la situation à ceux qui, jusqu'ici, n'ont voulu ni voir ni entendre. Auquel cas, ce type d'article - qui, du reste, se multiplie... - serait salubre...

            Mais, in fine, on ne nous empêchera pas de croire qu'il donne raison au perroquet de Jacques Bainville : "Ca finira mal !..."

              Qu'on en juge ! :

    ISLAM LE MONDE.jpg 

    Prière à la grande mosquée de Villeneuve-d'Ascq, en août.

    Voilà un constat qui va déranger. Dans les tours de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), les deux villes emblématiques de la crise des banlieues depuis les émeutes de l'automne 2005, la République, ce principe collectif censé organiser la vie sociale, est un concept lointain. Ce qui "fait société" ? L'islam d'abord. Un islam du quotidien, familial, banal le plus souvent, qui fournit repères collectifs, morale individuelle, lien social, là où la République a multiplié les promesses sans les tenir.

    La croyance religieuse plus structurante que la croyance républicaine, donc. Vingt-cinq ans après avoir publié une enquête référence sur la naissance de l'islam en France - intitulée Les Banlieues de l'islam (Seuil) -, le politologue Gilles Kepel, accompagné de cinq chercheurs, est retourné dans les cités populaires de Seine-Saint-Denis pour comprendre la crise des quartiers. Six ans après les émeutes causées par la mort de deux adolescents, en octobre 2005, son équipe a partagé le thé dans les appartements des deux villes, accompagné les mères de famille à la sortie des écoles, rencontré les chefs d'entreprise, les enseignants, les élus, pour raconter le destin de cette "Banlieue de la République" - c'est le titre de l'enquête, complexe et passionnante, publiée par l'Institut Montaigne.

    Le sentiment de mise à l'écart a favorisé une "intensification" des pratiques religieuses, constate Gilles Kepel. Les indices en sont multiples. Une fréquentation des mosquées beaucoup plus régulière - les deux villes (60 000 habitants au total) comptent une dizaine de mosquées, aux profils extrêmement variés, pouvant accueillir jusqu'à 12 000 fidèles. Une pratique du ramadan presque systématique pour les hommes. Une conception extensible du halal, enfin, qui instaure une frontière morale entre ce qui est interdit et ce qui est autorisé, ligne de fracture valable pour les choix les plus intimes jusqu'à la vie sociale.

    Les chercheurs prennent l'exemple des cantines scolaires, très peu fréquentées à Clichy en particulier. Un problème de coût évidemment pour les familles les plus pauvres. Mais la raison fondamentale tient au respect du halal. Les premières générations d'immigrés y avaient inscrit leurs enfants, leur demandant simplement de ne pas manger de porc. Une partie de leurs enfants, devenus parents à leur tour, préfère éviter les cantines pour leur propre descendance parce que celles-ci ne proposent pas de halal. Un facteur d'éloignement préoccupant pour Gilles Kepel : "Apprendre à manger, ensemble, à la table de l'école est l'un des modes d'apprentissage de la convivialité future à la table de la République."

    Car le mouvement de "réislamisation culturelle" de la fin des années 1990 a été particulièrement marqué à Clichy et à Montfermeil. Sur les ruines causées par les trafics de drogue dure, dans un contexte d'effondrement du communisme municipal, face à la multiplication des incivilités et des violences, les missionnaires du Tabligh (le plus important mouvement piétiste de l'islam), en particulier, ont contribué à redonner un cadre collectif. Et participé à la lutte contre l'héroïne, dans les années 1990, là où la police avait échoué. Ce combat contre les drogues dures - remplacées en partie par les trafics de cannabis - a offert une "légitimité sociale, spirituelle et rédemptrice" à l'islam - même si la victoire contre l'héroïne est, en réalité, largement venue des politiques sanitaires.

    L'islam a aussi et surtout fourni une "compensation" au sentiment d'indignité sociale, politique et économique. C'est la thèse centrale de Gilles Kepel, convaincu que cette "piété exacerbée" est un symptôme de la crise des banlieues, pas sa cause. Comme si l'islam s'était développé en l'absence de la République, plus qu'en opposition. Comme si les valeurs de l'islam avaient rempli le vide laissé par les valeurs républicaines. Comment croire encore, en effet, en la République ? Plus qu'une recherche sur l'islam, l'étude de Gilles Kepel est une plongée dans les interstices et les failles des politiques publiques en direction des quartiers sensibles... Avec un bilan médiocre : le territoire souffre toujours d'une mise à l'écart durable, illustrée ces dernières semaines par l'épidémie de tuberculose, maladie d'un autre siècle, dans le quartier du Chêne-Pointu, à Clichy, ghetto de pauvres et d'immigrés face auquel les pouvoirs publics restent désarmés (Le Monde du 29 septembre). Illustrée depuis des années par un taux de chômage très élevé, un niveau de pauvreté sans équivalent en Ile-de-France et un échec scolaire massif.

    Clichy-Montfermeil forme une société fragile, fragmentée, déstructurée. Où l'on compte des réussites individuelles parfois brillantes et des parcours de résilience exemplaires, mais où l'échec scolaire et l'orientation précoce vers l'enseignement professionnel sont la norme. "Porteuse d'espoirs immenses, l'école est pourtant aussi l'objet des ressentiments les plus profonds", constatent les chercheurs. Au point que "la figure la plus détestée par bon nombre de jeunes est celle de la conseillère d'orientation à la fin du collège - loin devant les policiers".

    Et pourtant, les pouvoirs publics n'ont pas ménagé leurs efforts. Des centaines de millions d'euros investis dans la rénovation urbaine pour détruire les tours les plus anciennes et reconstruire des quartiers entiers. Depuis deux ans, les grues ont poussé un peu partout et les chantiers se sont multipliés - invalidant les discours trop faciles sur l'abandon de l'Etat. Ici, une école reconstruite, là, un immeuble dégradé transformé en résidence. Un commissariat neuf, aussi, dont la construction a été plébiscitée par les habitants - parce qu'il incarnait l'espoir d'une politique de sécurité de proximité.

    Le problème, montre Gilles Kepel, c'est que l'Etat bâtisseur ne suffit pas. Les tours ont été rasées pour certaines, rénovées pour d'autres, mais l'Etat social, lui, reste insuffisant. La politique de l'emploi, incohérente, ne permet pas de raccrocher les wagons de chômeurs. Les transports publics restent notoirement insuffisants et empêchent la jeunesse des deux villes de profiter de la dynamique économique du reste de la Seine-Saint-Denis. Plus délicat encore, la prise en charge des jeunes enfants n'est pas adaptée, en particulier pour les familles débarquant d'Afrique subsaharienne et élevés avec des modèles culturels très éloignés des pratiques occidentales.

    Que faire alors ? Réorienter les politiques publiques vers l'éducation, la petite enfance, d'abord, pour donner à la jeunesse de quoi s'intégrer économiquement et socialement. Faire confiance, ensuite, aux élites locales de la diversité en leur permettant d'accéder aux responsabilités pour avoir, demain, des maires, des députés, des hauts fonctionnaires musulmans et républicains. Car, dans ce tableau sombre, le chercheur perçoit l'éveil d'une classe moyenne, de chefs d'entreprise, de jeunes diplômés, de militants associatifs, désireuse de peser dans la vie publique, soucieuse de concilier identité musulmane et appartenance républicaine.

    Luc Bronner

  • Emplois fictifs de la mairie de Paris : Petit scandale entre amis, de la même classe politique, du même Pays légal.....

    JeanPierreMignard.jpg             On a beau en avoir vu des tonnes, on reste un peu abasourdi par la tournure que prennent les évènements dans l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris....

                 L'avocat de la ville, Jean-Pierre Mignard (ci contre), a assuré dans Libération (le samedi 22, ndlr) qu'il n'a pris "aucune initiative" mais a "répondu à une demande", dans le projet d'indemnisation dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris dans laquelle Jacques Chirac doit comparaître.

                Mais, et la Justice dans tout cela ? Drôle d’avocat que celui qui oublie l’insitution judicaire ! En somme, deux parties, agissant un peu comme des "parrains" règlent leurs compte en tout bien tout honneur (!) pour éviter le renvoi du litige à la Justice ?.....

             Encore une fois, on a beau être blindé.....

             Pour celles et ceux que cela intéresse, petit retour - et petit résumé...- sur "l'affaire", avant d'en tirer la - double - leçon politique qui s'impose.....

             Photo datée du 27 janvier 1983, du maire de Paris Jacques Chirac et de son adjoint chargé des Finances, Alain Juppé

    CHIRAC JUPPE 83 EMPLOIS FICTIFS.jpg 

                C'est dans le cadre de l'enquête sur le financement du RPR, ouverte en 1996 au cabinet du juge Patrick Desmure, à Nanterre, que fut saisie une lettre, signée de la main de M. Chirac, attestant la parfaite connaissance, par celui qui fut maire de Paris de 1977 à 1995, d'un système de prise en charge par la municipalité de permanents du RPR.

                   Après la plainte d'un contribuable en décembre 1998, une instruction est ouverte pour faux en écritures publiques, prise illégale d'intérêt, détournement de fonds publics, recel, complicité et destruction de preuves. Dans une ordonnance du 15 avril 1999, M. Desmure estime avoir réuni "à l'encontre" du chef de l'Etat "des indices, au sens de l'article 105 du code de procédure pénale, d'avoir participé aux faits de prise illégale d'intérêts et de recel d'abus de biens sociaux". Seule l'immunité de président de la République épargne alors à M. Chirac une mise en examen. Sur la base de ce constat, le juge Philibeaux, successeur de M. Desmure, ouvre, le 12 décembre 2002, un dossier visant expressément le président.

                   L'enquête soupçonne que quarante-trois emplois fictifs ont été signés, pour 4,5 millions d'euros, durant le second mandat de Jacques Chirac à la mairie et les trois premières années de son successeur, Jean Tibéri, soit une période courant de 1983 à 1998.

    Chirac mis en examen en 2007

                   Fin 2002 et l'année suivante, les anciens directeurs de cabinet de Jacques Chirac et Jean Tibéri, ainsi qu'un ancien directeur adjoint, sont mis en examen, ainsi que diverses personnalités telles le député UMP de Paris Jean De Gaulle et Marc Blondel, alors secrétaire général de FO. Fin 2003, la cour d'appel de Paris juge prescrite une grande partie du dossier, mais la Cour de cassation casse son arrêt l'année suivante.

                   Ce n'est qu'après avoir quitté l'Elysée que M. Chirac est finalement auditionné dans ce dossier, le 19 juillet 2007, en tant que témoin assisté. La juge d'instruction Xavière Simeoni le met en examen quelques mois plus tard, pour "détournement de fonds publics".

                   L'enquête est bouclée en avril 2009. Dans un réquisitoire du 28 septembre, le parquet de Paris requiert un non-lieu général dans cette affaire, estimant que "l'information n'a pas permis d'établir que le recours à ce type d'emplois reposait sur une volonté manifeste de contourner les règles de l'administration". Si la juge a suivi le parquet en demandant "un non-lieu pour faux en écriture publique", elle a en revanche estimé les charges suffisantes pour renvoyer l'ancien chef de l'Etat devant le tribunal correctionnel, le 30 octobre, pour "vingt et un supposés emplois fictifs" à la mairie de Paris. Neuf autres personnes sont également renvoyées devant la justice.

    Et aujourd'hui ? l'UMP prêt à solder les comptes de l'ère Chirac...

                     Un accord avec l'UMP pourrait permettre à la mairie de Paris de récupérer 2,2 millions d'euros au titre de remboursement de la facture des emplois fictifs. S'il est validé, l'ex-président se retrouverait sans adversaire au tribunal, lors d'un procès - avec neuf autres prévenus - attendu fin 2010 ou début 2011.

                     C'est la raison pour laquelle, avant, donc, la tenue de ce procès, l'UMP s'efforcerait, s'il faut en croire le Canard Enchaîné, d'apurer les comptes. Un protocole d'accord engageant le parti majoritaire à reverser les trois quarts de la facture des emplois fictifs qui valent à Jacques Chirac d'être renvoyé en correctionnelle a été signé et devrait être soumis au prochain Conseil de Paris, affirme ainsi l'hebdomadaire satirique.

    Chirac blanchi avant même le procès ?

                   Selon le Canard Enchaîné, "la somme (2,2 millions d'euros) prend en compte les salaires et les charges des salariés fantômes, les intérêts légaux et les frais d'avocats engagés par l'équipe Delanoë. En échange, la ville retirera sa constitution de partie civile". Ce retrait "permettrait à Chirac de se retrouver sans adversaire ni accusation face au tribunal, puisque le parquet a déjà fait savoir qu'il allait requérir la relaxe", ajoute le journal.

                   La mairie de Paris a confirmé que le protocole serait soumis au vote lors du prochain Conseil de Paris des 27 et 28 septembre ou lors de celui de mi-octobre. Elle a aussi confirmé la somme révélée par le Canard Enchaîné : la municipalité devrait ainsi récupérer au total 2,2 millions d'euros, dont 1,65 million versés par l'UMP et 550.000 euros par l'ancien président de la République et ancien maire de Paris Jacques Chirac.

                     Voilà, rapidement tracé, le schéma de l'affaire. La leçon politique à en tirer est simple, et claire. Et elle est double.

                D'abord, elle touche le Système. Ce ne sont pas les magouilles, en elles-mêmes, les escroqueries diverses et variées, les malhonnêtetés en tous genres qui doivent, en soi, faire hurler. Elles ont, hélas, existé à toutes les époques, et les mille ans de monarchie n'en ont pas été exemptes. Mais, justement, les révolutionnaires ont - très imprudemment... - promis un système nouveau ("régénéré", disaient-ils même, et parfait...). On a ici une énième illustration que les belles promesses des origines n'ont pas été tenues, et que, à l'usage, le système républicain idéologique n'a supprimé aucune des tares qu'il avait juré d'éradiquer. Et que, s'il ne fait pas aussi bien qu' "avant" pour ce qui est du positif, il fait aussi mal qu' "avant" pour ce qui est du négatif.....

                 Le corollaire de cette leçon politique que l'on peut tirer de ce triste épisode concerne les hommes, ces tristes sires qui nous gouvernent. S'en gargarisent-ils, des grands mots, des grands principes, des grandes déclarations et des grandes leçons de morale, qu'ils nous assènent avec une belle régularité ! Eux qui, justement, n'en veulent pas, de la morale et de la religion, quand elles sont traditionnelles. Et qui ne cessent de les combattre sous couvert de leur laïcisme hypocrite, qui n'est rien d'autre que leur nouvelle religion et leur nouvelle morale, qu'ils mettent partout, et par lesquels ils veulent les remplacer.

                 Là aussi, pour les hommes du Système comme pour le Système lui-même, on peut juger de l'arbre à ses fruits : et ce qu'on voit est éloquent....

  • Réflexion(s) : ”Electoraliste”, Sarkozy ? Evidemment, mais.....

                .....c'est le Système lui-même qui est tout entier, et intrinséquement, "électoraliste" !

               A propos de tout et de n'importe quoi, des Roms, de la dechéance de nationalité, de la politique de sécurité, on n'entend plus que ce mot, à propos de l'action du gouvernement ou des paroles présidentielles :  "Électoraliste !"...

               Voilà le reproche qu'ils lui font, à Sarkozy, et qu'on nous répète et qu'on nous ressasse en boucle sur toutes les radios, à la télé et ailleurs. "On", c'est-à-dire les journalistes aux ordres de la pensée unique, du politiquement correct et de la terreur intellectuelle que fait règner la minorité révolutionnaire a qui le pouvoir politique a abandonné les médias (et l'Université, et d'autres choses encore....) en 1945.

               Et ça dure, depuis.....

                Ils feraient mieux de dire la vérité : c'est le Système lui-même qui repose totalement sur l'électoralisme, sur le temps court et son immédiateté nocive et pernicieuse (le passage au quinquennat n'ayant fait qu'aggraver les choses); et un Système dans lequel les forces de l'Argent ("la fortune anonyme et vagabonde", comme le disait l'Action française...) ne rencontrent plus aucun pouvoir capable de les maintenir dans leur sphère légitime, là où l'argent, en tant que tel, en tant que moyen, peut se réveler l'une des meilleures choses (1)...

                Mais, que signifie, en réalité, cette manoeuvre (aux aspects multiples) de Nicolas Sarkozy ? Ne consiste-t-elle pas, de fait, à tâcher de trouver, ou de re-trouver, le contact avec les aspirations profondes du peuple, au niveau du vécu (comme on dit dans le jargon) ? Or, le peuple, il est exaspéré par la dégradation de ses conditions d'existence, et par les conséquences des politiques aberrantes menées d'en haut, sans qu'on lui demande jamais son avis. Et des conséquences négatives qui sont "pour lui", le peuple, mais jamais "pour eux", ceux de la Classe politique, qui prennent des décisions dont ils n'ont pas à subir les retombées.

                De ce point de vue là, le Pouvoir chercherait donc à coller aux aspirations populaires. Peut-on le lui reprocher ?... C'est sur le Système pervertisseur, qu'il faut concentrer les attaques, mais cela, bien sûr, n'intéresse pas nos idéolgues, et ce n'est pas leur problème.... 

     

    (1) : de Charles Maurras, dans L’Action Française du 1° Août 1921 :

                « L’Argent, en tant qu’argent, celui qui remplit sa fonction, honnête ou neutre, de simple Argent, ne m’inspire aucun sentiment d’hostilité, non plus que d’amitié ni d’envie. Je le voudrais bien à sa place. Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut. Le vertige démocratique le condamne à l’usurpation, parce qu’il ne peut trouver de contrepoids en démocratie. Cela est réglé, cela est vécu...."