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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 198

  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (23)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : La "Vendée provençale"...

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    C'est seulement en 1812, presque vingt ans après ses forfait, que mourut, misérablement, Antoine-Louis Albitte, lui qui avait porté le fer et le feu, la désolation et le meurtre de masse partout où il était passé...
     
    Surnommé "le tigre de l'Ain", il fut l'un des plus féroces Représentants en mission de la Convention. Sévissant particulièrement dans le quart sud-est de la France (à Lyon, Marseille, Toulon, à l'armée des Alpes...), c'est lui qui est évoqué dans le chant célèbre 'La Ligue noire" :


     "...J'en veux foutre cent par terre
    Et de sang tout inonder ! 
    Oui, je veux, dans la poussière, 
    Rouler Albitte et Crancé..."
    (Crancé était l'autre "représentant en mission", complice d'Albitte en terrorisme de masse et crimes contre l'humanité...)


     
    Lors de la séance de la Convention du 17 juillet 1793 - rapportée par le Moniteur, dans lequel était notée l'intégralité de débats de l'Assemblée - il brossa le tableau d'un Midi contre-révolutionnaire, le comparant à la Vendée, et se trouve ainsi directement à l'origine de l'expression "Vendée du Midi", ou "Vendée provençale"...
     
    Après avoir tant terrorisé et massacré, il mourut lamentablement, de froid et d'épuisement, lors de la retraite de Russie, quelque part dans l'actuelle Lituanie...

    Mais Toulon (rebaptisée Port-la-Montagne, en référence à son Mont Faron) et Marseille, devenue "Ville-sans-nom", pour s'être l'une et l'autre ouvertement révoltées contre la démence révolutionnaire se souviennent de l'horreur que ce sinistre personnage leur a fait subir (comme Lyon, devenue "Ville affranchie" après avoir été martyrisée par le non moins sinistre "canonneur" Fouché...)

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (24)

     

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    Invention et mécanique du Génocide...

     

     

    Aujourd'hui : L'erreur initiale de Louis XVI...

     

    De Jacques Bainville, Journal, Tome III (1927-1935)

    15 juillet 1929

    Supposons qu'on apprenne ce soir qu'une bande de communistes, grossie des éléments louches de la population, a donné l'assaut à la prison de la Santé, massacré le directeur et les gardiens, délivré les détenus politiques et les autres. Supposons que cette journée reste dépourvue de sanctions, que, loin de là, on la glorifie et que les pierres de la prison emportée d'assaut soient vendues sur les places publiques comme un joyeux souvenir. Que dirait-on ? Que se passerait-il ?

    D'abord les citoyens prudents commenceraient à penser qu'il ne serait pas maladroit de mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens. Tel fut, après 1789, le principe de l'émigration. Mais peut-être y aurait-il aujourd'hui plus de français qu'en 1789 pour accuser l'imprévoyance et la faiblesse du gouvernement et pour les sommer de résister à l'émeute.

    Aujourd'hui le sens primitif du 14 juillet devenu fête nationale est un peu oublié et l'on danse parce que c'est le seul jour de l'année où des bals sont permis dans les rues. Mais reportons-nous au 14 juillet 1789 comme si nous en lisions le récit pour la première fois. Il nous apparaîtra qu'il s'agissait d'un très grave désordre, dont l'équivalent ne saurait être toléré sans péril pour la société, qui a conduit tout droit en effet à la Terreur et au règne de la guillotine, accompagnée des assignats. Et le gouvernement qui a laissé s'accomplir sans résister ces choses déplorables serait digne des plus durs reproches.

    Nous avons connu un vieux légitimiste qui disait, en manière de paradoxe, que Louis XVI était la seule victime de la Révolution dont le sort fût justifié. Quel avait donc été le tort de Louis XVI ? Quand on lit les Mémoires de Saint-Priest, on s'aperçoit que l'erreur du gouvernement de 1789 n' a pas été d'être tyrannique (il n'était même pas autoritaire) ni d'être hésitant, ni d'être fermé aux aspirations du siècle. Son erreur, énorme et funeste, a été de ne pas croire au mal. Elle a été de ne pas croire qu'il y eût de mauvaises gens, des criminels capables de tout le jour où ils ne rencontrent plus d'obstacle.

    Saint-Priest montre Louis XVI dans toutes les circonstances, et jusqu'au 10 août, ou peu s'en faut, convaincu que tout cela s'arrangerait et que ni les émeutiers de la Bastille ni les révolutionnaires n'étaient si méchants qu'on le disait, et d'ailleurs, au moins au début, bien peu de personnes le lui disaient. A la Convention, pendant son procès, Louis XVI répondait encore poliment, comme à des juges impartiaux et intègres. D'ailleurs on peut voir dans les Mémoires de Broussilof, qui viennent d'être présentés au public français par le général Niessel, que Nicolas II avait sur l'espèce humaine exactement les mêmes illusions, les mêmes illusions mortelles. Malheur aux peuples dont les chefs ne veulent pas savoir qu'il existe des canailles et restent incrédules quand on leur dit qu'il suffit d'un jour de faiblesse pour lâcher à travers un pays ses plus sinistres gredins !

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (25)

     

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    Aujourd'hui : Robespierre, "jugé" par Jaurès...

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    "...Oui, il y avait en lui du prêtre et du sectaire, une prétention intolérable à l'infaillibilité, l'orgueil d'une vertu étroite, l'habitude tyrannique de tout juger sur sa propre conscience, et envers les souffrances individuelles la terrible sécheresse de coeur de l'homme obsédé par une idée et qui finit peu à peu par confondre sa personne et sa foi, l'intérêt de son ambition et l'intérêt de sa cause..."? ("Histoire Socialiste de la Révolution Française", Jean Jaurès, éditée en fascicules puis en 4 gros volumes, de 1900 à 1903)

    On complètera utilement, sans doute, ce court, mais féroce portrait, en rappelant les deux jugements suivants :

    1. D'abord, celui de l'un des trois défenseurs du Roi, de Sèze, qui apostropha le soi-disant "tribunal", et revient sur le coeur même de toute révolution : l'inhumanité. De Robespierre à Pol Pot en passant par le Goulag et le Lao Gaï, la Stasi et la Securitate, Ho Chi Minh et Mao.. les révolutionnaires ont oublié l'essentiel : l'amour de l'homme, la simple humanité... :

    "...Citoyens je vous parlerai avec la franchise d’un homme libre : je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs ! Vous voulez prononcer sur le sort de Louis, et c’est vous mêmes qui l’accusez ! Vous voulez et vous avez déjà émis votre vœu ! Vous voulez prononcer sur le sort de Louis et vos opinions parcourent l’Europe ! Louis sera donc le seul Français pour lequel il n’existe aucune loi, ni aucune forme ! Il ne jouira ni de son ancienne condition ni de la nouvelle ! Quelle étrange et inconcevable destinée ! Français, la révolution qui vous régénère a développé en vous de grandes vertus ; mais craignez, qu’elle n’ait affaibli dans vos âmes le sentiment de l’humanité, sans lequel il ne peut y en avoir que de fausses !..."


    2. Ensuite ce spirituel et laconique jugement d'Aimée de Coigny (la "Mademoiselle Monk" de Maurras), dans son Journal :

     "M. de Robespierre aimait peut-être le peuple, l’humanité, etc... mais guère les hommes et pas du tout les femmes."

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (26)

     

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    Aujourd'hui : "Chimiquement pure... l'idée de la table rase"

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    Patrice Gueniffey est interrogé par Pascal Perrot
    Illustration : tête de Robespierre reconstituée



    - Quelle place Robespierre occupe-t-il dans la mémoire républicaine ?

    Le consensus républicain sur la Révolution française, au début de la IIIe République, s'est fondé sur l'exclusion de Robespierre du Panthéon des grands hommes de la décennie 1789-1799. Cette interprétation, forgée par les Thermidoriens dès le lendemain de la chute de Robespierre, a été popularisée par les manuels scolaires canoniques (Lavisse, Malet et Isaac) de la Belle Epoque. La IIIe République acceptait tout de 1789 à la chute des Girondins (juin 1793), et triait dans la période qui commence en juin 1793. Elle acceptait Danton et Carnot, qui représentaient la défense nationale, et refusait Robespierre, qui incarnait la guerre civile et la Terreur. Par ailleurs, le culte de l'Etre suprême cher à l'Incorruptible était suspect aux yeux de ces anticléricaux. C'est à l'occasion du centenaire de la Révolution, en 1889, qu'est érigée la statue de Danton place de l'Odéon à Paris. Le représentant de cette sensibilité parmi les historiens de l'époque, c'est Alphonse Aulard.

    - Pourtant, Clemenceau et Jaurès revendiquaient "l'Incorruptible" ?

    Oui, mais l'un était radical et l'autre socialiste, donc beaucoup plus à gauche que les "pères fondateurs" de la IIIe République (Jules Ferry, Jules Grévy, Jules Simon, etc.). Après eux, le PCF va batailler pour réintégrer Robespierre dans la mémoire glorieuse de la Révolution. L'historien Albert Mathiez est l'interprète de cette thèse à l'université. Il célèbre l'Incorruptible en raison même de la Terreur, instrument, à ses yeux, de l'égalité sociale projetée par Robespierre. Et il est vrai que celui-ci préconisait un impôt progressif sur le revenu, idée qui révulsait jusqu'aux Montagnards respectueux de la propriété privée.

    - Les pétitionnaires qui demandent une rue Robespierre à Paris reprennent donc une revendication classique des communistes ?

    En effet, mais sans l'assumer. Le PCF, du temps de sa puissance, réclamait une rue Robespierre à Paris (il y en a, et même une station de métro, dans les anciens bastions communistes) en se fondant sur son action, laquelle incluait la Terreur. Aujourd'hui, leurs épigones demandent une rue Robespierre en alléguant qu'il n'était pour rien dans la Terreur. C'est le paradoxe: ces pétitionnaires rabaissent le rôle historique de l'Incorruptible afin de le défendre. Ils le rapetissent pour le rendre plus présentable. En somme, c'est une réhabilitation de la Terreur qui n'ose pas se revendiquer comme telle, avec des arguments sommaires. Une sorte de Nuit Debout appliquée à l'interprétation de la Révolution.

    - Sur le fond, Robespierre était-il responsable de la Terreur ?

    Robespierre est l'un des responsables, parmi d'autres, de la Terreur qui a débuté en 1793. A l'époque, d'autres (Fouché, Tallien, Barras), envoyés en mission en province, sont beaucoup plus directement responsables de massacres. En revanche, Robespierre est le principal responsable de la Terreur pendant la période qui va de l'exécution de Danton en avril 1794 à sa propre chute en juillet. La loi du 22 Prairial (10 juin 1794), la plus terroriste de la Révolution, est son œuvre et inaugure la Grande Terreur. Elle supprime les rares garanties procédurales encore accordées aux accusés. Et le tribunal révolutionnaire n'a qu'une alternative: l'acquittement ou la mort. Dès lors, la guillotine fonctionne à une cadence exponentielle. Jusqu'alors, les partisans de la Terreur l'avaient justifiée par les circonstances exceptionnelles (la nécessité de punir les ennemis intérieurs et extérieurs). À partir de Prairial, et par la volonté directe de Robespierre, la Terreur devient consubstantielle à la Révolution. La Terreur n'a plus d'objectif précis ni de fin assignée. Son objectif est de paralyser toute opposition, mais elle multiplie aussi les adversaires de Robespierre, qui ont peur pour leur tête. C'est une période où il n'y a plus ni lois ni règles. Le seul enjeu, pour les conventionnels, c'était de rester en vie.

    - Diriez-vous que la Grande Terreur a été une expérience proto-totalitaire ?

    Oui, cette période a vu l'invention du phénomène idéologique tel qu'on le verra ensuite dans d'autres révolutions. Du reste, Lénine s'en est inspiré pour élaborer sa théorie de la conquête du pouvoir et de la terreur comme instrument au service de la révolution. Pour que l'hécatombe se transforme en un massacre sans exemple dans l'histoire, il ne manquait rien: il y avait une idéologie, une rhétorique du bouc émissaire, la paranoïa révolutionnaire, le culte du chef (l'Incorruptible), des comités, des tribunaux d'exception, un système de surveillance et de délation généralisé. Il ne manquait qu'une chose: le parti. Les jacobins, malgré leurs efforts, n'ont jamais réussi à former un parti homogène et centralisé. Heureusement. Ce qui fait le grand intérêt de Robespierre, c'est précisément la responsabilité, en grande partie, de la Terreur. Il incarne, d'une façon presque "chimiquement" pure, l'idée moderne de la révolution et de la table rase.

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (27)

     

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    Aujourd'hui : Lazare Carnot organise le Génocide...

     

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    La définition du Génocide selon le Petit Robert est la suivante: "destruction méthodique d'un groupe ethnique, et par extension : extermination d'un groupe important de personnes en peu de temps".

    Cette définition correspond parfaitement aux actions menées par la Convention à partir du premier août 1793. À ceux qui ne manqueront pas de rétorquer que la population de la Vendée militaire ne constituait pas à proprement parler un groupe ethnique, signalons que l'adjudant général Hector Legros considérait que "le pays que nous appelons Vendée est formé de la presque totalité de la Vendée, de la moitié des Deux Sèvres et de Maine et Loire et d'une grande partie de la Loire Inférieure".

    Deux lois furent préparées par Lazare Carnot et votées par la Convention en préparation du Génocide Vendéen:

    • celle du 1er Août 1793 : "Anéantissement de tous les biens…la Vendée doit être un cimetière national..."

    • et celle du 1er Octobre 1793 : "Extermination totale des habitants…"

    Le point de départ du Génocide est le décret du 1er août 1793 voté sur proposition de Barrère de Vieuzac après un discours incendiaire :

    "...ici, le Comité, d'après votre autorisation, a préparé des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle, à faire disparaître leurs repaires, à incendier leurs forêts, à couper leur récoltes et à les combattre autant par des ouvriers et des pionniers que par des soldats. C'est dans les plaies gangreneuses que la médecine porte le fer et le feu, c'est à Mortagne, à Cholet, à Chemillé que la médecine politique doit employer les mêmes moyens et les mêmes remèdes. L'humanité ne se plaindra pas; les vieillards, les femmes et les enfants seront traités avec les égards exigés par la nature. L'humanité ne se plaindra pas; c'est faire son bien que d'extirper le mal; c'est être bienfaisant pour la patrie que de punir les rebelles. Qui pourrait demander grâce pour des parricides... Nous vous proposons de décréter les mesures que le comité a prises contre les rebelles de la Vendée; et c'est ainsi que l'autorité nationale, sanctionnant de violentes mesures militaires portera l'effroi dans les repaires de brigands et dans les demeures des royalistes..." 



    Le décret du premier août 1793, relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de la Vendée, stipulait dans son article 1er que "Le ministre de la guerre donnera sur le champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit transportée en poste dans la Vendée…"

    - Article VI : "il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts".

    - Article VII : "les forêts seront abattues; les repaires des repaires des rebelles seront détruits; les récoltes seront coupées par les compagnies d'ouvriers, pour être portées sur les derrières de l'armée et les bestiaux seront saisis."

    - Article VIII : "les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l'intérieur. Il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté, avec tous les égards dus à l'humanité."

    - Article XIV : "les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la république; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui seront demeurés fidèles à la patrie, des pertes qu'ils auraient souffertes".

    Ce décret, malgré une déclaration de bonne conduite ("avec tous les égards dus à l'humanité"), était un véritable appel au meurtre, au vol institutionnalisé et à la déportation des non combattants, ce que l'on pourrait qualifier de nos jours d'épuration ethnique...

     

    Pour une information plus complète sur ce Génocide, le premier des Temps modernes, toujours nié deux siècles après, voir notre PDF :

    "Lazare Carnot, aux origines du Génocide vendéen..."

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (28)

     

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    Aujourd'hui : Jean-Baptiste Carrier, le "noyeur"...

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    C'est lui qui a proféré cette horreur :

    "Nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière et de manquer le but que nous nous sommes proposé"


    5.000 personnes tuées en quatre mois par ce "missionnaire de la Terreur" (le mot est de Jules Michelet).

    Carrier arrive à Nantes, centre du commerce avec les îles et de la traite des noirs, à la fin de septembre. Il est alors un conventionnel obscur, dont personne encore n'avait entendu parler.

    C'est un homme nerveux, irascible, que la constante idée de la mort a désaxé. Très grand, maigre, brun, la face plate, le front fuyant, la bouche convulsive, toujours gesticulant, ce qui lui donne l'air d'un pantin désarticulé.

    Cet Auvergnat, ancien procureur, est probe et le demeurera. Mais, buvant déjà en Auvergne, il a glissé depuis à l'ivrognerie assumée.

    Dans le terrorisme appliqué aux provinces, Carrier peut être tenu pour un esprit original. La guillotine est lente, la fusillade - dont on a fort usé déjà - fait trop de bruit. Or il faut déblayer les prisons de Nantes qui regorgent et où s'est insinué le typhus. Pour les vider, la Loire est là, si large, par endroits si profonde, et dont les tourbillons sont si "officieux"...

    Comme on ne peut noyer tous les prisonniers à la fois, on choisit parmi eux, on établit des préséances.

    D'abord les prêtres condamnés à la déportation. Pour la première fois, à la fin de brumaire, quatre-vingt-dix sont conduits, dévêtus et les mains liées derrière le dos, dans une gabarre à trappe jusque devant Paimboeuf. Là, la trappe joue, ils coulent. Cet essai de "déportation verticale", comme dit agréablement l'inventeur, ayant bien réussi, encouragé par son principal complice, le créole Gaullin, Carrier le renouvelle en Frimaire.

    D'autres noyades suivent, sept en tout qui font deux milles victimes, au bas mot, car on n'en a pas tenu registre. Prêtres, religieuses, unis en "mariages républicains", "brigands" vendéens, fédéralistes, aristocrates, femmes, enfants même, la "baignoire nationale" restera sans conteste le chef-d’œuvre de la Terreur.

    Carrier a "expliqué" (!) tranquillement ses crimes : 


    "Le nombre des brigands est incalculable... La guillotine étant trop lente, et attendu qu'on dépense de la poudre et des balles en les fusillant, on a pris le parti d'en mettre un certain nombre dans de grands bateaux, de les conduire au milieu de la rivière, et là, on coule le bateau à fond. Cette opération se fait continuellement..." 

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (29)

     

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    Aujourd'hui : Mise en place méthodique: la Terreur partout...

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    Illustration : peau humaine datant de la Révolution conservée au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes



    Voici quelques aspects de ce que fut la Terreur révolutionnaire en Vendée, et ce qu'en ont dit quelques uns de ceux qui ont oeuvré à sa mise en œuvre "systématique", au sens premier du terme  :

    Terreur d’État : "Nous porterons la terreur jusqu’où elle peut aller" (Garat);

    L’homme nouveau : "Nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière" (Carrier);

    • Épuration ethnique : les révolutionnaires donnent volontiers dans la symbolique macabre : ils coupent le sexe des hommes pour s’en faire des boucles d’oreille et font exploser des cartouches dans le vagin des femmes;

    Création, à Noirmoutier, du premier camp d’extermination de l’histoire moderne;

    Premiers essais de gazage de masse : insuccès, dû au gaz employé et à l’absence de confinement adéquat;

    Première utilisation de fours crématoires : essais peu concluants : il s’agissait de simples fours à pain de villages qui ne firent que quelques centaines de victimes. Amey s'en était fait une spécialité...
    Plus efficace : l’utilisation des églises comme crématoires de grande capacité : un siècle et demi avant Oradour sur Glane (les nazis n'ont rien inventé...) 563 villageois sont carbonisés dans leur église des Lucs sur Boulogne...

    Mentir par les mots : quand les révolutionnaires ficellent de jeunes garçons et de jeunes filles, nus, par couple, avant de les précipiter dans la Loire (Bourganeuf, Nantes, 3.000 noyades), il s’agit simplement de "mariages républicains"… Le terme "brigand" désigne tout Vendéen, insurgé ou républicain !...

    • À Clisson et Angers, création d’ateliers de tannage de peau humaine - peau dont se vêtissent les officiers républicains – et d’extraction de graisse par carbonisation : les corps des villageois massacrés constituent la matière première...
    À Angers, le fondateur d’une tannerie de peau humaine fut le major Péquel qui chargea le tanneur Langlais de préparer les peaux...
    Le manchonnier Prudhomme put ainsi confectionner trente-deux culottes en peau de Vendéens que portèrent certains officiers Bleus.
    Dans un ouvrage impartial et s’appuyant sur des documents irréfutables, le professeur Raoul Mercier, professeur honoraire de l’École de Médecine de Tours, membre correspondant de l’Académie des Sciences, publia en 1939 chez Arrault et Cie, à Tours, "Le Monde médical dans la guerre de Vendée" où il donne des précisions sur le chirurgien-major Péquel du 4ème bataillon des Ardennes qui "s’est acquis - dit le Pr Mercier - une triste célébrité en dirigeant l’atelier de tannerie de peaux des Vendéens fusillés près d’Angers."
    Le rôle de Péquel est certifié par deux témoins :
    - l’un, Poitevin, agent national de la commune des Ponts-de-Cé, interrogé le 15 brumaire an III (6 novembre 1794), affirme avoir vu Péquel écorcher au bord de la Loire une trentaine de Vendéens fusillés;
    - l’autre, un Angevin, Robin, raconta le 31 mai 1852, les scènes dont il fut témoin dans sa jeunesse :

     

    "J’avais, dit-il, l’âge de treize à quatorze ans, je puis affirmer avoir vu, sur les bords du fleuve (la Loire, ndlr), les corps des malheureux Vendéens dont les cadavres avaient été écorchés. Il étaient écorchés à mi-corps parce qu’on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long des cuisses jusqu’à la cheville, de manière qu’après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé. Il ne restait plus qu’à tanner et à coudre." 

     

    Les peaux étaient envoyées à la tannerie de Langlais, aux Ponts-Libres, ci-devant les Ponts-de-Cé, où elles étaient travaillées par des soldats, les ouvriers refusant de faire ce travail.

    • Solution finale : à partir de mai 1793, pour les Robespierre, Saint-Just, Danton, Barère, Marat, Lazare Carnot, Carrier et autres gentils camarades du Comité de Salut public, le projet à l’ordre du jour n’est plus la simple mise au pas d’une province rebelle; il s’agit clairement de l’extermination des 815.000 habitants de la Vendée, hommes, femmes, enfants, et la confiscation ou l’anéantissement de leurs biens...


    C'est "çà", la Révolution !

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (30)

     

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    Aujourd'hui : Saint Just, glaçante incarnation du fanatisme...

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    Bien moins talentueux que Robespierre, mais tout aussi sec et froid que lui, Saint-Just prit la parole à la tribune de la Convention, le 13 novembre 1792, pour y prononcer non un discours, mais une harangue enflammée, véritable appel au meurtre.

    Négligeant les arguments mêmes du soi-disant "procès", il ne se soucia d’aucune des accusations formulées contre Louis XVI. Ce qu’il lui reprocha, ce fut sa royauté elle-même : le discours se résume tout entier dans cette courte phrase : "On ne peut régner innocemment", et dans la "logique" suivante : "Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir."

    C'est, en moins bien dit, et d'une façon où l'hystérique le dispute au délirant, une mauvaise anticipation de l'argumentaire que développera Robespierre un peu plus tard : Louis doit mourir, et ne doit pas être jugé, car être jugé porte en soi la possibilité d'être reconnu innocent; auquel cas, ceux qui ont fait la Révolution sont coupables ...

    Parfait exemple de la folie dans laquelle se sont emmurés les idéologues de la Convention, ce discours n'est finalement que la concrétisation de la terrifiante prémonition/prédiction de Frédéric II à Voltaire :

    "Nous avons connu, mon cher Voltaire, le fanatisme de la Religion; un jour peut-être connaîtrons-nous celui de la Raison, et ce sera bien pire..." 

    Saint Just disait : "Je ne juge pas, je tue..." et "Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres..."

    Le 14 août 1793, dans son Rapport à la commission extraordinaire, il écrit :

    "...on tanne à Meudon la peau humaine. La peau qui provient d'hommes est d'une consistance et d'une bonté supérieure à celle des chamois. Celle des sujets féminins est plus souple, mais elle présente moins de solidité..."

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (31)

     

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    Aujourd'hui : Les Colonnes infernales...

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    Le 1er août 1793, la Convention décrète :

    "Il sera envoyé en Vendée des matières combustibles de toutes sortes pour incendier les bois, les taillis et les genêts. Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles anéantis, les récoltes coupées et les bestiaux saisis. La race rebelle sera exterminée, la Vendée détruite."

    En novembre, le général Louis-Marie Turreau de Garambouville est nommé Commandant en chef de l'armée de l'Ouest, avec la charge de faire appliquer ce décret.

    Il divise l'armée en six divisions de deux colonnes chacune, qui ont pour mission de ratisser le territoire et d'exterminer la population.

    Ce sont les "Colonnes infernales" qui vont se livrer au Génocide des Vendéens.

    Une division à l'est, commandée par Haxo, doit contrôler la côte.

    Les six autres vont se déplacer d'est en ouest; leurs missions : brûler villes, villages et métairies.

    la première division est dirigée par Duval, ses colonnes sont commandées par Daillac et Prevignaud. Les deux colonnes partent de Saint Maixent et Parthenay et doivent arriver à La Caillere et Tallud-Saint Gemme;

    • la deuxième division est dirigée par Grignon, ses colonnes sont commandées par lui-même et Lachenay : les deux colonnes partent de Bressuire et doivent arriver à La Flocelliere et Pouzauges;

    • la troisième division est dirigée par Boucret, ses colonnes sont commandées par lui-même et Caffin : les deux colonnes partent de Cholet et doivent arriver aux Épesses et à Saint-Laurent sur Sèvre;


    • la quatrième division est dirigée par Turreau, ses colonnes sont commandées par lui-même et Bonnaire : les deux colonnes partent de Doué et doivent arriver à Cholet;


    • la cinquième division est dirigée par Cordellier, ses colonnes sont commandées par lui-même et Crouzat : les deux colonnes partent de Brissac et doivent arriver à Jallais et Le May;


    • la sixième division est dirigée par Moulin, elle ne comporte qu'une colonne forte de 650 hommes qui partira de Pont de Cé pour Sainte-Christine.

    L'ordre de départ est donné le 21 janvier 1794, cette première phase sera appelée "La Promenade Militaire"...

    Début 1794 pourtant, la Grande Armée Catholique et Royale n'est plus qu'un nom, après la débâcle de la Loire.
    Ce ne sont plus que des bandes pourchassées et de moins en moins nombreuses. C'est donc sur la population que vont s'acharner ces "Colonnes infernales".

    Ordre du jour du général Grignon, commandant la 2ème division :

    "... Je vous donne l'ordre de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d'être brûlé et de passer au fil de l'épée tout ce que vous rencontrerez d'habitants ..."

     

    Extraits de rapports des généraux républicains commandant les Colonnes :


    "... Nous en tuons près de 2000 par jour ... J'ai fais tué (sic !) ce matin 53 femmes, autant d'enfants ... J'ai brûlé toutes les maisons et égorgé tous les habitants que j'ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser mes munitions ..."

    Cordellier arrive à Clisson; il trouve dans une salle en ruines du château 300 paysans qu'il fait jeter, vivants dans une citerne qu'on comble de fagots et de planches.

    Plus tard, aux Lucs-sur-Boulogne, hommes, femmes et enfant se sont réfugiés dans la petite église ou à proximité. Sabres, baïonnettes, pics... frappent, égorgent, éventrent, écrasent...
    Le canon fait écrouler la modeste église sur ses occupants.
    458 noms de ces martyrs sont connus, dont 110 enfants de moins de 7 ans.

    À force de tueries, des municipalités, pourtant républicaines, et des Représentants du Comité de Salut Public finissent par s'émouvoir.
    Turreau est relevé de ses fonctions en mai 1794, puis décrété d'arrestation en septembre. Jugé en décembre 1795, il est acquitté à l'unanimité !

    Son action a fait près de 200.000 victimes.

    Inscrit sur le pilier est du monument, et ainsi offert en quelque sorte à l'admiration des foules, le nom du bourreau de la Vendée souille et dénature l'Arc de Triomphe de la Place de l'Étoile, à Paris...

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    L'Ordre de marche est donné...

    Ordre de marche et de destruction systématique de la Vendée daté du 19 janvier 1794 et donné par Turreau, général en chef républicain des "armées de l'ouest", pour 12 colonnes incendiaires républicaines appelées également "colonnes infernales"...

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (32)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Aux bourreaux Turreau et Amey, l'Arc de Triomphe !

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    Voici une très brève présentation de François-Pierre Amey, dont le nom - inscrit sur le pilier est de l'Arc de Triomphe, comme celui de cet autre criminel de guerre qu'est Turreau - souille et dénature ce monument...
    (Extrait du n° 151 -juillet 1985 de la revue du Souvenir Vendéen):

    "Pierre-François-Joseph Amey, général de division, était né à Sélestat (Bas-Rhin), le 2 octobre 1768, de François-Pierre Amey, chirurgien-major de la Légion Suisse, et de Ursule Collignon. Mort à Sélestat le 16 novembre 1850. Entra comme cadet dans le régiment de Vigier, le 2 octobre 1783, promu sous-lieutenant au dit régiment le 17 juillet 1788. Arriva rapidement en passant par tous les grades à celui de général de brigade, le 8 frimaire an II. Il avait servi à l'armée des Côtes de La Rochelle sous Duhoux, puis Menou, qui combattirent contre les vendéens.

    Blessé en Vendée, le 25 juin 1793, il avait été nommé provisoirement adjudant-général, le 23 juin précédent, et fut confirmé dans son grade le 30 septembre 1793 ; servit sous Kléber et Marceau et fut nommé général de brigade, le 28 novembre 1793. Blessé à la bataille du Mans, le 12 décembre 1793.

    Il commande une Colonne infernale et en février 1794, brûle la petite ville des Herbiers. après s'être sinistrement distingué en brûlant les femmes des Épesses et des environs dans des fours allumés. Suspendu de ses fonctions, le 6 août 1794, il fut réintégré, le 4 septembre 1794. Pris part ensuite à toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire dont il fut nommé baron, le 19 mars 1808…

    Après les Cent jours, il fit sa soumission à Louis XVIII, fut admis à la retraite le 9 septembre 1815 et se retire dans sa ville natale, Sélestat, dont il est nommé maire, de 1820 à 1830. Présente les clés de sa ville à Charles X, lors de son voyage en Alsace en 1828. Il réside à Strasbourg à partir de 1830 et y décède le 16 novembre 1850."

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    Deux témoignages sur ses atrocités :


    En janvier 1794, l'officier de police Gannet l'accuse de laisser ses soldats tuer des civils en les jetant dans des fours :

    "Amey fait allumer des fours et lorsqu'ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations; il nous a répondu que c'était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D'abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes et nous n'avons trop rien dit; mais aujourd'hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu'ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles de royalistes manquant, ils s'adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n'étaient coupables que d'adorer la nation. La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Chatillon par les Brigands lors de la dernière bataille, s'est vue, avec ses 4 petits enfants jetée dans un four. Nous avons voulu interposer notre autorité, les soldats nous ont menacés du même sort..."


    "…il avait même fait fusiller des municipalités entières, revêtues de leurs écharpes" (Mariteau, maire de Fontenay-le-Comte).

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    Le quatrième en partant du bas...

     

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (33)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Gracchus Baboeuf dénonce le Populicide...

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    Gracchus Baboeuf dénonça le Populicide : il était pourtant révolutionnaire lui-même, et mourra guillotiné !...

    François Noël Babeuf est plus connu sous le nom de Gracchus Babeuf. Né le 23 novembre 1760 à Saint-Quentin, il mourra guillotiné à Vendôme, le 27 mai 1797. Le "babouvisme" préfigure le communisme et l'anarchisme.

    Son ouvrage fut publié en 1795 à l'occasion du procès de Jean-Baptiste Carrier, l'auteur des noyades de Nantes.

    Gracchus Babeuf, père du communisme, l'une des grandes figures de la Révolution française, soulevait la question de fond de la nature de la répression perpétrée par la Convention en Vendée.

    Ce livre se présente comme un réquisitoire très bien documenté, et d'une incroyable modernité, contre la politique dictatoriale menée en 1793 et 1794, politique qui devait conduire, entre autres, à l'anéantissement et à l'extermination des Vendéens, Bleus et Blancs confondus, et de préférence des femmes et des enfants.

    Avec la nouvelle édition de ce texte, Reynald Secher, dans son avant-propos, "Mémoire et "mémoricide", reprend, à l'aide de nombreux documents inédits, la genèse des événements en Vendée et définit un quatrième crime de génocide : le mémoricide.

    Jean-Joël Brégeon présente la personnalité de Gracchus Babeuf.

    Et Stéphane Courtois établit la filiation entre l'idéologie de Robespierre et celle de Lénine et des leaders communistes.

    Reynald Secher conclut ainsi son propos :

    "Reste un problème jamais abordé jusqu'à présent : l'abrogation officielle des lois d'anéantissement et d'extermination. Ne serait-il pas opportun de profiter de ce débat public pour le faire ? On pourrait me rétorquer que ce n'est pas nécessaire puisqu'elles sont tombées en désuétude. J'aimerais y croire mais mon expérience d'historien me fait penser que jamais rien n'est définitif ni acquis : à situation exceptionnelle, moyens exceptionnels. À titre d'exemple, il faut rappeler que la déportation des Juifs a été justifiée et légalisée par le recours à des lois révolutionnaires remontant aux 10 juillet et 3 août 1791. En faisant ce geste premier d'abrogation, la France serait, par là même, une source d'exemple pour des pays comme la Turquie, s'honorerait et, surtout, permettrait aux Français d'avoir une histoire plus juste et plus apaisée, au-delà de toute considération politique et idéologique qui, entre autres, fait assimiler reconnaissance du génocide vendéen et remise en question de notre démocratie ; celle-ci, bien au contraire, en sortirait grandie et non affaiblie comme certains le craignent. Mieux encore, la France faciliterait et accélérerait l'évolution du droit international qui va vers le sens de la reconnaissance d'un quatrième crime de génocide, le mémoricide, ce qui permettrait de repousser la progression des tentations révisionnistes".

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (34)

     

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    Aujourd'hui : Charniers de Vendéens...

     

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    Témoignage du révolutionnaire Benaben qui accompagne les premières colonnes qu’il cite : "Les soldats, écrit-il s’étaient répandus dans les maisons et, en ayant retiré les femmes et filles des brigands qui n’avaient pas eu le temps d’en sortir et de prendre la fuite, ils les emmenaient dans les places ou dans les rues, où elles étaient entassées et égorgées sur le champ - à coups de fusil, à coups de baïonnette ou à coups de sabre. On les déshabillait ensuite toutes nues et on les étendait sur le dos dans une posture indécente : on appelait cela, mettre en "batterie"..."

    Le député Francastel écrit depuis la Sarthe à son ami Félix, le 22 décembre 1793, pour le presser de venir sur place : "Venez ici ! Je compte sur vous. Je connais vos principes, votre inflexibilité républicaine, votre intention immuable de purger, de saigner jusqu’au blanc la génération vendéenne."

    Les corps dénudés, ceux des femmes paraissent aller dans le sens de ce texte. Et cette boucherie semble préfigurer le grand massacre de la population vendéenne, au début de 1794...

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    Le 29 janvier 1881 suite à l’interdiction de la pièce Thermidor de Victorien Sardou, jugée "antirépublicaine", Georges Clemenceau répond à Joseph Reinach :

    "J'approuve tout de la Révolution : j'approuve les massacres de septembre où, pour s'éclairer, la nuit venue, les travailleurs plantaient des chandelles dans les yeux des morts. J'approuve les noyades de Nantes, les mariages républicains où les vierges accouplées à des hommes, par une imagination néronienne, avant d'être jetées dans la Loire, avaient à la fois l'angoisse de la mort et la souffrance de la pudeur outragée. J'approuve les horreurs de Lyon, où l'on attachait des enfants à la gueule des canons, et les égorgements de vieillards de quatre vingt dix ans et de jeunes filles à peine nubiles.
    Tout cela forme un bloc glorieux et je défends qu'on y touche.
    Je défends que, sur un théâtre qui dépend de l'État, un dramaturge illustre vienne, après plus de cent ans révolus, prononcer une parole de pitié qui serait un outrage aux mânes augustes de Robespierre et de Marat".

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    Mémorial, Nantes, 7 rue des Martryrs...


    Après avoir jugé et fait fusiller les prisonniers vendéens après la bataille du Mans et la bataille de Savenay, la commission militaire Bignon est appelée à Nantes.
    Elle s'installe à l'Entrepôt des cafés où 8.000 à 9.000 Vendéens, hommes, femmes et enfants sont enfermés en décembre 1793 et en janvier 1794.
    La commission y tient ses séances presque chaque jour, de huit heures du matin à dix heures du soir, du 29 décembre 1793 au 20 février 1794...

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (35)

     

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    Aujourd'hui : Projet de "guerre chimique" en 1793, pour éliminer les Vendéens...

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    (Source : la "Revue d’histoire de la pharmacie", n° paru en 1933)

    En 1933, le médecin et historien Paul Delaunay, dont l’académicien Jean Rostand dira de son œuvre qu’elle constitue "une source irremplaçable d’information et une haute leçon d’élégance achèvement, de rigueur et d’indépendance", s’intéresse à la "guerre chimique" imaginée en 1793 par Carrier et Santerre pour éliminer les Vendéens

    Le 9 novembre 1793, Jean-Baptiste Carrier, future figure emblématique de la Terreur responsable des "noyades de Nantes" qui débuteront une semaine plus tard, demandait de Nantes que l’on employât contre les Vendéens des procédés plus efficaces que les foudres des guerriers républicains :

    "Vous avez à délivrer le pays d’un chancre qui le dévore. Le poison est plus sûr que toute votre artillerie. Ne craignez donc pas de le mettre en jeu. Faites empoisonner les sources d’eau. Empoisonnez du pain que vous abandonnerez à la voracité de cette misérable armée de brigands, et laissez faire l’effet. Vous avez des espions parmi ces soldats qu’un enfant conduit. Lâchez-les avec ce cadeau et la partie sera sauvée." 

    Les suggestions du proconsul avaient-elles été déjà entendues ? Il semble bien que l’on fit provision de toxiques : "Nous fûmes vraiment étonnés, écrivait Savin à Charette, le 25 mai 1793, de la quantité d’arsenic que nous trouvâmes à Palluau au commencement de la guerre. On nous a même constamment assuré qu’un étranger qu’ils avaient avec eux et qui fut tué à cette affaire, était chargé d’assurer le projet d’empoisonnement contre nous." Au reste, il est des témoignages d’une autre nature. Le pharmacien Proust, d’Angers, avait fait, sur des moutons rassemblés dans le pré de la Baumette, des essais de boules puantes, qui d’ailleurs échouèrent.

    Le 22 août 1793, le général Antoine-Joseph Santerre, qui commandait à Saumur - et déjà passé à la postérité sous le surnom de "général roulement" lorsqu’au moment de l’exécution de Louis XVI il avait ordonné un roulement de tambour pour couvrir la voix du souverain sur la guillotine -, conseillait au ministre de la guerre : "Des mines, des mines, des fumées soporifiques, et puis tomber dessus..." 

    Le 11 septembre, son collègue et émule Jean-Antoine Rossignol, réclamait du Comité de Salut public l’envoi du chimiste Antoine-François Fourcroy pour aider "à la destruction des brigands." Le citoyen Fourcroy ne se dérangea pas, mais rédigea, à la demande de Robespierre, un rapport qu’il serait bien intéressant de retrouver...

    Il ne semble pas, d’ailleurs, explique Delaunay, que le projet ait été retenu. Les généraux répugnaient à l’emploi de ces moyens, et Kléber, dit-on, mis au courant des propositions de Carrier, menaça de lui passer son sabre au travers du corps. Mais il est probable, ajoute-t-il, qu’on craignit surtout que les Sans-culottes et les Bleus ne fussent aussi, par mégarde, victimes du procédé...

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (36)

     

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    Aujourd'hui : "Pardonne-leur, car ils savent ce qu'ils font..."

     

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    Le 29 janvier 1881 suite à l’interdiction de la pièce Thermidor de Victorien Sardou, jugée "antirépublicaine" , Georges Clemenceau répond à Joseph Reinach :


    "J'approuve tout de la Révolution : j'approuve les massacres de septembre où, pour s'éclairer, la nuit venue, les travailleurs plantaient des chandelles dans les yeux des morts. J'approuve les noyades de Nantes, les mariages républicains où les vierges accouplées à des hommes, par une imagination néronienne, avant d'être jetées dans la Loire, avaient à la fois l'angoisse de la mort et la souffrance de la pudeur outragée. J'approuve les horreurs de Lyon, où l'on attachait des enfants à la gueule des canons, et les égorgements de vieillards de quatre vingt dix ans et de jeunes filles à peine nubiles.
    Tout cela forme un bloc glorieux et je défends qu'on y touche.
    Je défends que, sur un théâtre qui dépend de l'État, un dramaturge illustre vienne, après plus de cent ans révolus, prononcer une parole de pitié qui serait un outrage aux mânes augustes de Robespierre et de Marat".

     

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  • Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (37)

     

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    Aujourd'hui : Soljénitsyne aux Lucs sur Boulogne...

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    (Extraits du discours prononcé par Alexandre Soljenitsyne, le samedi 25 septembre 1993, aux Lucs-sur-Boulogne, pour l'inauguration de l'Historial de Vendée) 



    "La Révolution française s'est déroulée au nom d'un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. Mais dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s'exclure mutuellement, sont antagoniques l'une de l'autre! La liberté détruit l'égalité sociale - c'est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille. Ce n'est qu'un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d'ordre spirituel...
    ...Au surplus, à ce slogan ternaire, on ajoutait sur le ton de la menace : « ou la mort», ce qui en détruisait toute la signification. Jamais, à aucun pays, je ne pourrais souhaiter de grande révolution...
    ...Longtemps, on a refusé d'entendre et d'accepter ce qui avait été crié par la bouche de ceux qui périssaient, de ceux que l'on brûlait vifs, des paysans d'une contrée laborieuse pour lesquels la Révolution semblait avoir été faite et que cette même révolution opprima et humilia jusqu'à la dernière extrémité...
    ...Eh bien oui, ces paysans se révoltèrent contre la Révolution. C’est que toute révolution déchaîne chez les hommes, les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l'envie, de la rapacité et de la haine, cela, les contemporains l'avaient trop bien perçu. Ils payèrent un lourd tribut à la psychose générale lorsque le fait de se comporter en homme politiquement modéré - ou même seulement de le paraître - passait déjà pour un crime...
    ...C'est le XXe siècle qui a considérablement terni, aux yeux de l'humanité, l'auréole romantique qui entourait la révolution au XVIIIe. De demi¬-siècles en siècles, les hommes ont fini par se convaincre, à partir de leur propre malheur, de ce que les révolutions détruisent le caractère organique de la société, qu'elles ruinent le cours naturel de la vie, qu'elles annihilent les meilleurs éléments de la population, en donnant libre champ aux pires. Aucune révolution ne peut enrichir un pays, tout juste quelques débrouillards sans scrupules sont causes de mort innombrables, d'une paupérisation étendue et, dans les cas les plus graves, d'une dégradation durable de la population...

    ...En inaugurant aujourd'hui le mémorial de votre héroïque Vendée, ma vue se dédouble. Je vois en pensée les monuments qui vont être érigés un jour en Russie, témoins de notre résistance russe aux déferlements de la horde communiste. Nous avons traversé ensemble avec vous le XXe siècle. De part en part un siècle de terreur, effroyable couronnement de ce progrès auquel on avait tant rêvé au XVIIIe siècle. Aujourd'hui, je le pense, les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire la résistance et le sacrifice de la Vendée..."

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    Ce texte magnifique constitue le premier de notre série des Grands Textes; vous pouvez le consulter dans son intégralité ici :

    GRANDS TEXTES (1) : Discours intégral d'Alexandre Soljenitsyne en Vendée

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