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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1259

  • Europe réelle ? Europe légale ?

    Les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence

     

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    Somme toute, peu ou prou, l'Europe réagit. 

    A l'heure où nous écrivons, l'Espagne immigrationniste s’apprête à accueillir les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence.

    Mais c'est après que Malte et l'Italie les eurent refoulés, que la France les eut ignorés,  que les Corses, comme s'ils avaient statut d'Etat, leur eurent fait sans risque l'irréelle et dérisoire proposition de les recevoir. On sourit quand on se souvient que les immigrés ne bénéficient guère en Corse, où ils n'ont plutôt qu'à bien se tenir, de l'esprit de soumission dont ils sont trop souvent entourés sur le Continent ...   

    Ainsi, l'Espagne qui jadis expulsa les morisques en masse et qui élève encore aujourd'hui des murs de barbelés anti-migrants aux limites de ses enclaves marocaines de Ceuta et Melilla, se range dans le club de ceux qui « accueillent » encore mais dont le nombre ne cesse de se restreindre. De plus en plus de pays se ferment aux migrants. Il leur restera certes le choix de quitter l’Espagne s’ils le veulent, d’aller ailleurs en Europe, mais ce choix se réduit beaucoup. La nouvelle donne italienne, malgré ses faiblesses et ses ambiguïtés, n'est-elle pas emblématique de ce resserrement que l'on observe déjà dans plusieurs autres Etats et qui peut encore s'étendre ?

    Au reste, l’on nous dit que les bureaucraties bruxelloises s’y seraient résignées. Effrayées par l’extension du nombre des critiques qui montent vers elles et par la vigueur des dites critiques, elles se replieraient sur la seule défense de l’euro, le cœur du Système menacé. Le réduit où défendre chèrement les carrières et les sinécures de leurs fonctionnaires.  

    Car l'Europe réagit. Une Europe des peuples, des nations et une Europe des États en rupture de conformité  dont le nombre ne cesse de croître. Une Europe des identités héritées. Façonnées par leur  géographie et par leur histoire. Donc tout à la fois différenciées et liées par une civilisation commune. 

    690209123.jpgEn somme, une Europe réelle en train de se construire sur les décombres d'une Europe légale en train de s'effondrer ? Un processus de ce type semble en tout cas engagé. 

    Le vieux concept maurrassien, la vieille dialectique d'AF des milliers de fois répétée - Pays Réel - Pays légal - étendue au continent européen ... Quelle destinée, pour les idées de Maurras ! Quelle  revanche, mes amis !  ■ 

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Résister aux culs serrés

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

     

    2293089609.14.jpgVoilà un article qui ne mâche pas ses mots, ne l'envoie pas dire [nous avons grand besoin de ce franc parler] et, de nouveau, lance un vrai cri d'alarme. Cette chronique est parue hier (13.06) dans le Journal de Montréal. Oui, il est temps de résister aux culs serrés. D'accord avec Bock-Côté !  LFAR 

     

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    La semaine dernière, l’hebdomadaire français Le Point publiait un passionnant dossier sur la « tyrannie des susceptibles ».

    Il présentait de manière convaincante notre société où ils sont de plus en plus nombreux à s’offusquer de tel discours ou de telle œuvre et qui, presque automatiquement, en appellent à son interdiction. Leur passion, c’est la censure. Leur fantasme, c’est de bâillonner ceux qui n’ont pas les mêmes aversions qu’eux.

    Censure

    On l’a encore vu avec Google tout récemment. En mettant à jour son emoji de salade, la célèbre compagnie a décidé d’en retirer l’œuf. Simple modification esthétique, répondrez-vous, sans trop vous inquiéter ? Erreur ! Terrible erreur. Il s’agissait plutôt de rendre la salade plus végane et plus inclusive. 

    En gros, il fallait se plier à un petit lobby souvent sectaire et fanatique, qui politise l’alimentation et parle des consommateurs de viande comme des barbares presque meurtriers. L’œuf faisait scandale : il représentait la corruption d’une salade par des matières animales. Comment ne pas voir là un puritanisme de l’assiette ? 

    Le véganisme vire rapidement à l’antihumanisme.

    Certains diront, avec un air bon enfant, qu’il ne faut pas s’en faire pour un simple emoji. Il y a des limites à s’indigner pour pas grand-chose, ajouteront-ils. Pour eux, rien n’est jamais vraiment grave.

    C’est le contraire ! Quand le moindre recoin de la vie quotidienne est scruté par des inquisiteurs idéologiques, c’est que vous subissez une surveillance généralisée. Faudra-t-il bannir du cinéma la viande, la cigarette, l’alcool ou le sexe, pour ne pas déplaire aux différentes ligues de vertu qui veulent moraliser la vie publique ? C’est le triomphe de la société aseptisée qui deviendra insignifiante à force d’être lisse.

    Autre exemple : un métier se développe peu à peu dans le milieu de l’édition aux États-Unis : celui de « sensivity reader ». Leur mission : relire les manuscrits des auteurs pour s’assurer qu’ils ne tiennent pas des propos qui pourraient heurter les différentes minorités, qui par ailleurs se multiplient.

    En d’autres temps, on révisait les ouvrages pour s’assurer qu’ils ne heurtent pas la morale sexuelle de l’Église, ou alors l’idéologie officielle des régimes communistes. En deux mots, on les censurait s’ils s’en éloignaient trop. Aujourd’hui, on réinvente la censure selon de nouveaux critères, mais c’est toujours de la censure. Ce qui est encore plus fou, c’est que cette censure vient souvent de l’université, qui devrait lutter contre elle.

    Littérature

    Pourrons-nous encore, dans quelques années, lire les classiques de la littérature sans que le livre soit recouvert d’une mise en garde, comme on ajoute des photos de poumons malades sur les paquets de cigarettes ? Attention, ne lisez pas ce livre de Michel Houellebecq, le haut comité du féminisme officiel l’a décrété sexiste ! Attention, ne regardez pas le film Excalibur, on y retrouve une conception trop genrée des rôles masculins et féminins ! Ne regardez pas Autant en emporte le vent, on y présente une version romantique du Sud des États-Unis. Attention, ne lisez pas ce poème de Baudelaire, il chante les joies de l’ivresse !

    L’heure est venue de résister aux culs serrés.       

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).  

  • Exact diagnostic d'Alain de Benoist : « l’Union européenne est prise dans une dynamique de désintégration »

    Le triumvirat italien (De droite à gauche) : Salvini, Conte, Di Maio

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cet entretien donné à Boulevard Voltaire [9.06] Alain de Benoist développe d'intéressantes analyses sur la situation de l'Europe après les changements politiques intervenus en Italie. Nous en avons nous-mêmes traité dans un même esprit. Les analyses convergent. Alain de Benoist y ajoute d'utiles remarques, fruits de sa lucidité et de sa connaissance des dossiers.  LFAR   

     

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    Avec la constitution, en Italie, d’un nouveau gouvernement reposant sur l’alliance de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles, respectivement représentés par Matteo Salvini et Luigi Di Maio, tous deux nommés vice-Premiers ministres, assistons-nous à un nouvel épisode de ce « moment populiste » dont vous dessiniez les contours dans l’un de vos récents essais ?

    Malgré la tentative de coup d’État légal du président Mattarella qui, s’arrogeant des droits que la Constitution italienne ne lui accorde pas, et avant de se raviser devant le tollé soulevé par son attitude, a tenté le 27 mai de mettre son veto à la constitution de ce nouveau gouvernement pour complaire à la Commission de Bruxelles et aux marchés financiers, les représentants de la Lega et du Mouvement 5 étoiles sont arrivés au pouvoir. Les sondages montrent qu’ils ont l’appui d’une nette majorité du peuple italien, auquel ils affirment vouloir « redonner la parole » tout en rompant dans pratiquement tous les domaines (immigration, austérité, revenu de citoyenneté, système fiscal, etc.) avec la vulgate dominante. Il est évident que l’élection d’une majorité souverainiste et « anti-système » en Italie, pays fondateur du Marché commun et troisième économie de l’actuelle Union européenne, est un véritable coup de tonnerre. C’est, en effet, ce type d’événement que laissait prévoir mon livre Le Moment populiste.

    Cela dit, il suffit d’examiner dans le détail la composition du nouveau gouvernement italien pour constater que ce n’est pas, à proprement parler, un gouvernement populiste. Ce qu’on peut dire, en revanche, c’est qu’il s’en rapproche. Giuseppe Conte, le nouveau président du Conseil, n’a en tout cas pas éludé la question : « Si populisme, a-t-il dit, signifie être capable d’écouter les besoins des personnes, alors nous le revendiquons ! »

    Quelles sont les chances de ce gouvernement « anti-système » de parvenir à mettre en œuvre avec succès sa politique ?

    Les obstacles seront évidemment nombreux, soit qu’ils viennent de l’inexpérience relative des nouveaux gouvernants, soit qu’ils tiennent à l’irréalisme de certaines de leurs propositions, soit encore qu’ils résultent de rivalités ou de divergences de vues entre la Ligue et le mouvement 5 étoiles qui, pour être l’un et l’autre opposés au « système », ne sont néanmoins pas d’accord sur tout et s’adressent aussi à des électorats socialement et géographiquement différents (la Ligue étant surtout implantée dans le nord et 5 étoiles dans le sud).

    Mais le principal danger viendra, bien sûr, des marchés financiers et des technocrates de l’Union européenne qui, comme cela s’est déjà passé en Grèce, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire capoter le programme de ce nouveau gouvernement. On se souvient de la petite phrase de l’Allemand Günther Oettinger, commissaire européen au Budget, assurant que « les marchés financiers vont apprendre aux Italiens comment voter ». Et aussi de l’article du Financial Times qualifiant Salvini et Di Maio et, avec eux, leurs 17 millions d’électeurs de « barbares » (Salvini répliquant aussitôt : « Nous préférons être des barbares que des domestiques. »). On voit mal, dans ces conditions, les instances européennes accepter l’annulation de tout ou partie de la dette publique italienne, comme le réclame le nouveau gouvernement…

    Reste, aussi, à dissiper quelques équivoques. Le nouveau gouvernement affirme, ainsi, que la Russie est « à percevoir, non pas comme une menace, mais comme un partenaire ». Mais comment pourra-t-il combattre les sanctions prises contre la Russie alors qu’il a aussi confirmé son « appartenance à l’Alliance atlantique, avec les États-Unis comme allié privilégié ». Le nouveau gouvernement va-t-il, par exemple, refuser les nouvelles bombes atomiques B61-12 que les États-Unis se préparent à déployer en Italie contre la Russie ?

    Cet événement est, en tout cas, une pierre de gros calibre jetée dans le jardin d’Emmanuel Macron. Et à l’échelle de l’Europe ?

    C’est en effet une très mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron, qui a tout misé depuis son élection sur une relance de la construction européenne. Or, l’Union européenne est, aujourd’hui, prise dans une véritable dynamique de désintégration. L’Italie se dote d’un gouvernement à l’exact opposé de toutes les orientations macroniennes au moment même où, en Allemagne, l’ère Merkel est en passe de s’achever, où l’Espagne, qui vient elle aussi de changer de gouvernement, continue à se débattre dans le psychodrame catalan, où le populisme gronde en Autriche, en Slovénie, au Danemark et ailleurs, où la Grande-Bretagne n’en finit pas de négocier les conditions de son Brexit et où le groupe de Visegrád a quasiment fait sécession par hostilité aux diktats européens en matière migratoire.

    Cette érosion des partis institutionnels au profit des mouvements « populistes » est le résultat de trente ans de frontières ouvertes, de délocalisations et de déclin des classes moyennes. Marcel Gauchet écrivait récemment que « le clivage actuel est celui de la France sans avenir contre la France pour laquelle l’avenir n’est pas un problème ». Ce diagnostic peut se transposer aisément à toute l’Europe, au point que l’on peut se demander si les prochaines élections européennes ne révéleront pas une quasi-majorité d’eurosceptiques. Ce serait alors le début de la fin.  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • Poutine et Netanyahu négocient la prochaine offensive syrienne

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Depuis plusieurs semaines, l’armée syrienne masse des troupes dans le sud de la Syrie, près de Deraa. Deraa est une ville symbolique car elle est le berceau de la révolution islamiste en Syrie. Elle a été reconquise par l’armée en 2016 mais une grande partie de la province du même nom est encore aux mains des islamistes, notamment le long de la frontière jordanienne. Cerise sur le gâteau : Daesh tient un petit territoire le long du Golan, sous la protection d’Israël, ravi d’avoir des groupes islamistes « tampons » entre le Golan et les troupes iraniennes, présentes également dans la région...

    Un premier accord a été passé il y a quelques semaines entre Israël et la Russie, aboutissant à un retrait de quelques kilomètres des soldats iraniens.

    Aujourd’hui, la Russie veut aider la Syrie à reconquérir ce territoire. Sur le plan militaire, l’affaire ne présente pas de grandes difficultés : après quelques jours d’offensive syrienne, appuyée par l’aviation russe, les quelques milliers de combattants islamistes, dont le moral est au plus bas, négocieraient leur évacuation vers Idleb, au nord-ouest du pays, avec familles et armes légères. Le scénario est maintenant bien rodé.

    Oui, mais à une condition : que l’aviation israélienne ne vienne pas perturber ce beau projet, en attaquant les troupes syriennes par exemple, ce qu’elle a déjà fait dans le passé, précisément dans la région de Deraa.

    Pourquoi ferait-elle cela alors même que les Russes seront à la manœuvre, ce qui n’était pas forcément le cas lors des offensives syriennes précédentes ? La réponse est simple : pour faire reculer plus loin encore les troupes iraniennes.

    Bien sûr, comme dans la Ghouta ou à Yarmouk, dernières reconquêtes urbaines de l’armée syrienne près de Damas, il n’est pas prévu d’intégrer des éléments iraniens dans la prochaine offensive de Deraa.

    Mais Israël sait que la puissance de son aviation est une menace que ni les Russes ni les Syriens ne peuvent négliger. De plus, Russie et Israël entretiennent de bonnes relations et Netanyahu a exposé très clairement ses revendications à Poutine lors de leur rencontre du 9 mai dernier.

    Les discussions sont donc en cours et ceci explique pourquoi Netanyahu profite de sa tournée européenne pour multiplier les menaces contre la Syrie, coupable à ses yeux de laisser un appareil militaire iranien conséquent s’installer à quelques encablures du Golan.

    Le projet d’offensive vers la province de Deraa tombe donc à pic pour Israël. Poutine, comme souvent, se tait. Mais Lavrov, son Ministre des Affaires Etrangères, a rappelé il y a peu que toutes les troupes étrangères avaient vocation à quitter la Syrie.

    Premier pas vers un accord ? Les Iraniens semblent peu disposés à faire des concessions. Les Russes doivent donc convaincre les Syriens de convaincre les Iraniens. Cruel dilemme pour Bachar qui sait bien que les Iraniens ont été un appui au sol décisif contre les islamistes. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Fin de fictions

     

    Un article de Bertrand Renouvin *

    2293089609.14.jpgOn sait que nous n'avons pas que des points d'accord avec Bertrand Renouvin. Ici, aucun désaccord si ce n'est l'étiquette « ouvertement xénophobe » que Renouvin s'autorise un peu facilement à coller sur des ministres du nouveau gouvernement italien suivant le vocabulaire conformiste des médias. Mais sur le fond, qui concerne la France, l'Europe et le monde, nous partageons son analyse qui a le mérite de la lucidité et de la clarté. On la lira avec profit.  LFAR 

     

    Royaliste numero 1147.jpgL’Union européenne se présentait comme l’accomplissement heureux de l’histoire de l’Europe. Les prophètes de cette « Union » ne se sont jamais interrogés sur son inachèvement programmé – puisqu’elle refusait d’englober la Russie. Ses artisans n’ont jamais saisi l’impossibilité logique d’une « intégration » qui supposait in fine la désintégration des Etats nationaux – alors que les nations européennes sont la condition même de l’existence du concert européen et de la civilisation européenne. Ses thuriféraires n’ont jamais voulu reconnaître qu’il fallait choisir entre l’Europe européenne et la soumission aux Etats-Unis. Et les fabricants de traités n’ont jamais voulu comprendre que ces textes empilés depuis 1958 ne pouvaient fonder une unité politique mais seulement produire une caricature d’institutions démocratiques et une « gouvernance » parodique.

    La somme des impossibilités et des incapacités a produit des noeuds de contradictions. Par différents moyens bureaucratiques et de plus en plus antidémocratiques, les européistes ont retardé les explosions sans voir qu’ils fabriquaient eux-mêmes les barils de poudre, les mèches et les briquets. Le carcan monétaire suscite la révolte populaire partout dans la zone euro. La crise migratoire provoquée par les guerres américaines et à l’américaine, dont l’Union fut complice ou partie prenante au prétexte qu’il existerait un « Occident », a été gérée de manière irresponsable par Berlin et Bruxelles, qui ont engendré des réactions populaires dans les pays frontières de l’Union et en Allemagne.

    Les élites du pouvoir, des affaires et des médias clament que ces populismes sont ineptes, vulgaires, dangereux, fascistoïdes… mais le travail du négatif se poursuit et s’accélère. Alors, à Bruxelles et à Berlin, on fait la part du feu pour sauver le coeur du système. On laisse le FPÖ faire ce qu’il veut en Autriche puisqu’il ne conteste pas l’euro. En Italie, le président de la République ne s’oppose pas à l’arrivée de ministres ouvertement xénophobes mais il refuse de nommer un adversaire déclaré de l’euro. De fait, la Commission européenne fera tous les compromis nécessaires sur les migrations, car pour ses fonctionnaires il ne s’agit que d’une gestion des flux qui relèvent selon les cas du laisser-faire, de la régulation ou du refoulement.

    Mais pour sauver la « monnaie unique », pas de compromis possible ! Contre les dissidents potentiels, contre les hérétiques, la guerre a été, est et sera sans pitié. Soutenus par la presse allemande, jamais avare d’injures quand il s’agit des Grecs, le gouvernement de Berlin et ses annexes de Bruxelles et Francfort ont montré en 2015 qu’ils pouvaient anéantir les velléités de résistance d’un gouvernement et infliger au peuple une punition qui ne sera jamais levée. En Italie, la formation du gouvernement issu des élections s’est accompagnée de manoeuvres de sérail et d’opérations financières de déstabilisation orchestrées par les commentaires et les couvertures haineuses de la presse allemande. Emmanuel Macron est lui aussi confronté à la rigidité allemande mais, parce qu’il ne touchait pas à l’essentiel, son projet de réforme de la zone euro a bénéficié d’un rejet poli, assorti de concessions apparentes sous la forme d’un petit budget d’investissement et d’un éventuel « fonds monétaire européen » chargé de traiter à la schlague les Etats trop endettés.

    La rigidité allemande n’empêchera pas l’explosion de la zone euro. Elle pourrait même accélérer une dynamique libératrice qu’Emmanuel Macron refuse d’anticiper. De même, le président des riches refuse d’admettre la fin de la fiction du marché mondialisé. Les Etats-Unis ont toujours voulu le libre-échange pour les autres mais pas pour eux. Donald Trump le rappelle brutalement à des « partenaires » qui lui opposent leur foi naïve dans les vertus du compromis entre membres du club occidental. En retirant sa signature du communiqué final du G7, le président des Etats-Unis a ajouté à l’affirmation de sa volonté de puissance une humiliation calculée. Les fiers-à-bras de Paris et d’Ottawa, comme la dame* teutonne, continueront de courber l’échine en quémandant des aménagements dans le régime des coups de bâton.  •

    * Royaliste, 12-25 juin 2018

  • Médine au Bataclan, la faille se creuse

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Redisons-le : les excellentes chroniques qu'elle publie régulièrement dans Boulevard Voltaire - telle celle-ci qui date d'hier, font décidément de Gabrielle Cluzel l'un des excellents auteurs et journalistes de sa génération. Il faudra suivre ses publications avec attention comme nous en suivons et reprenons quelques autres avec cet esprit d'ouverture et de dialogue que Lafautearousseau pratique avec profit. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    L’affaire « Médine » ressemble à s’y méprendre, dans son déroulé, à toutes celles du même registre qui l’ont précédée – qu’elles aient nom de Black M, Mehdi Meklat, Mennel, Maryam Pougetoux…

    Une fois de plus, la presse dite « mainstream » est à la remorque de la presse alternative. Elle court derrière, essoufflée, tente de raccrocher le wagon, en notable installé et ventripotent qui peine à rattraper la jeunesse – certes sans le sou mais svelte et rapide comme une gazelle. Au bon vieux temps de l’entre-soi, un 11 juin comme celui-ci, on se serait exclusivement concentré sur le nième succès de Nadal à Roland-Garros en dissertant à l’infini sur la beauté de son revers. Mais voilà, o tempora, o mores, il faut à présent compter avec les braconneurs de l’information, les manants du Web qui ont l’outrecuidance de venir chasser sur les prés carrés et, en plus, d’y lever des lièvres. Puisqu’il n’y a pas moyen d’y couper, on évoque donc, en ce lundi matin, la vague d’indignation suscitée par « Médine au Bataclan » qui monte sur les réseaux sociaux depuis 48 heures.

    Non contents d’avoir pris le train en marche, d’aucuns voudraient bien aussi ralentir la locomotive, voire couper le moteur. Ainsi lit-on ici (actu.orange) que le rappeur Médine « avait tenu par le passé des propos engagés et polémiques » (sic). Certes. « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », c’est assez « engagé et polémique ». Comme il est plutôt peu consensuel d’exhiber sur son torse l’inscription « Jihad », en couverture d’un album du même nom, avec – détail raffiné – un sabre étincelant en lieu et place du J.

    Après l’euphémisation vient la justification : Le Huffington Post a exhumé un entretien des Inrocks de 2015 censé river leur clou aux protestataires, ces benêts qui prennent tout au pied de la lettre : « J’ai toujours utilisé la provocation comme un piège positif. L’idée est d’amener les gens par la provocation », confie celui qui chante aussi « J’mets des fatwas sur la tête des cons ». Et voilà, tout est clair. Cette théorie du « piège positif » est extrêmement limpide. C’est d’ailleurs, sans doute, la méthode de Dieudonné pour lutter contre l’antisémitisme, une cause qui, comme chacun sait, lui tient à cœur. Il suffit de savoir lire au 24e degré. De plus, rapporte Le Huffington Post, le rappeur « a mis de l’eau dans son vin ». À quoi peut donc ressembler une crucifixion diluée ? Et puis L’Obs a trouvé la cerise sur le gâteau, un rescapé du Bataclan qui soutient le rappeur et « tance Wauquiez, vent debout contre un concert de Médine ». Gros plan sur le monsieur, s’il vous plaît. Les autres, la multitude des indignés, ne compte plus.

    Une fois de plus, du côté des politiques, il en est pour ouvrir de grands yeux candides, comme Danièle Obono, et faire mine de ne pas voir le problème ou, plus culotté, comme Yassine Belattar (récemment nommé par Emmanuel Macron au Conseil présidentiel des villes) pour tenter, vite fait, la reductio ad hitlerum bon marché : « Désormais, vous vous attaquez à la programmation des salles ? Mais ça ne vous rappelle pas une époque ? » Étant entendu que sur l’île d’Utøya, on accueillerait sûrement à bras ouverts un chanteur qui prônerait, comme Breivik, l’exécution des marxistes (dans un esprit de provocation positive, hein).

    Mais surtout, une fois de plus aussi, et c’est là le plus intéressant, se creuse la nouvelle ligne de fracture, l’islamisme, qui, au moins l’espace d’une provocation, unit la droite et scinde la gauche.

    Sur la même rive, on vient en effet de voir – attelage improbable – Marine Le Pen, Virginie Calmels et Laurent Wauquiez, mais aussi Olivier Faure (PS), Laurent Saint-Martin (LREM). Et c’est ce mouvement de tectonique des plaques qu’il va être intéressant d’observer car, à chaque fois, le grand écart devient un peu plus douloureux. Et le sera encore plus quand viendront des échéances électorales. • 

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Ralliement

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Les Irlandais ont répondu « oui » au référendum qui portait abrogation de l’amendement constitutionnel interdisant l’interruption volontaire de grossesse. 

    À 66,5 % des votants. C’était le vendredi 25 mai. L’avortement sera donc légal jusqu’à trois mois de grossesse et, sur justification médicale, entre trois et six mois. Le Premier ministre Leo Varadkar, d’origine indienne et lui-même homosexuel affiché, s’est félicité de cette « révolution tranquille ». Ce référendum fait suite à celui de 2015 qui avait autorisé le prétendu mariage homosexuel. La catholique Irlande qui, il y a encore vingt ans, se refusait à ce genre d’évolution dite « sociétale », rejoint le troupeau européen des peuples qui se suicident, dans la pratique qui sera généralisée et, sans le dire, quasi obligatoire sous contrainte morale, d’une « culture de mort » qu’avait véhémentement dénoncée en son temps saint Jean-Paul II. En la circonstance, la voix souveraine de l’Église ne s’est pas fait entendre. Et c’est, peut-être, ce qu’il y a de plus grave.

    La lecture des éditoriaux du Monde et de Libération – on n’ose pas avancer d’autres titres ! – donne à comprendre, avec les mêmes arguments continuellement ressassés, quel plan diabolique oriente tout cet ensemble de décisions auquel l’Europe institutionnelle a amené tous les pays d’Europe ou presque ! Au nom des droits de l’Homme, le permis de tuer et de forniquer comme on veut, autant qu’on veut. Avec interdiction d’interdire sous peine de délit et de crime. Et ces lois sont les bases intangibles du nouvel ordre social : Sodome et Gomorrhe, et l’infanticide généralisé ! Exultation des médias : un référendum qui donne envie de référendum, écrit Le Monde. Restent encore cinq pays qui ne sont pas tout à fait alignés, dont la Pologne. C’est donc une évidence pour la haute morale qui guide nos maîtres à penser : il faudra réduire cette opposition. La Pologne est dénoncée ; l’Europe s’en occupe. Chypre devra y passer et il ne faudra pas oublier jusqu’à la petite principauté d’Andorre ! La même loi pour tous ! Et, après, qui osera se plaindre de la dégradation des mœurs, de l’effondrement de la natalité, de l’effroyable abandon moral de la jeunesse ? Et qui osera s’étonner des progrès de l’islam et de l’islamisme ? Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    « La France continue dans la même voie. Elle en arrive à la révision de ses lois de bioéthique. Pourquoi cette révision et à quoi sert-elle ? Politique magazine en fait son dossier de ce mois-ci. C’est, évidemment, capital. »

    Toute l’astuce consiste, en se servant de sondages dont on ne sait que trop comment ils sont fabriqués, à invoquer une opinion présentée comme majoritaire pour contourner l’obstacle d’une intelligente, forte, constructive opposition qui, par sa seule existence et la seule vérité de son argument, devrait arrêter toute tentative de passer outre. Eh bien, non ! Le rapport de synthèse du Comité consultatif national d’éthique, remis le mardi 5 juin, laisse la porte ouverte à toutes les transgressions. Notre dossier aide à comprendre le pourquoi et le comment.

    Le 23 mai à l’Élysée, le président Macron recevait en dîner privé différents partenaires des travaux préparatoires. La question portait sur la PMA et la GPA ; les représentants des opposants au changement de loi étaient, comme par hasard, minoritaires. L’Élysée a fait savoir que le président, maintenant, se réservait la question. A été annulé l’évènement national qui devait clore les États généraux de la bioéthique début juillet. Tout est reporté en septembre. La Manif pour tous, de son côté, a déjà envoyé aux autorités son propre rapport de 400 pages. Il est à espérer qu’il sera reçu et lu.

    Vient un moment où la vérité doit être dite. Il n’y a pas de synthèse possible dans un « en même temps » supérieur entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le oui et le non. L’opinion ne fait pas la loi. Une majorité d’opinions favorables ne donne pas raison à une loi en soi criminelle et profondément immorale ; elle ne crée pas un droit de tuer, n’ouvre pas une possibilité de tripatouiller la vie humaine et de livrer au marché ovocytes, spermes, embryons, ventres, enfants et familles. Qu’est-ce que vaut l’opinion en pareil cas ? Ou ce qu’on appelle telle ? Surtout quand elle est manipulée ? Par l’argent et par des puissances plus ou moins cachées qui obéissent à des mots d’ordre ?

    Il faut en finir avec ces ralliements pseudo-démocratiques qui asservissent les uns après les autres tous les peuples chrétiens. Pour le plus grand profit de leurs ennemis ! Il est temps de dire : non licet. Vraiment souverain, c’est-à-dire libre, sera celui qui le dira avec autorité.      

    Hilaire de Crémiers

  • La littérature en danger

    « Houellebecq coche toutes les mauvaises cases »

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Le Figaro de samedi faisait sa une sur la littérature.

    Ce quotidien, on le sait bien, a une solide tradition littéraire, à laquelle il entend rester fidèle. Mais pour le coup, la littérature était un vrai sujet politique et il faut que le souci exprimé d’une menace sur la liberté d’écrire et de publier soit vraiment fondé pour qu’en une saison particulièrement tendue sur le plan national et surtout international, la rédaction ait choisi cette priorité-là. En deux mots, il y aurait menace du politiquement correct, de sa censure et même de sa dictature. Étienne de Montety explique dans l’éditorial que nous sommes menacés d’une contagion à l’américaine : « Dans les associations, et aux États-Unis dans des maisons d’édition, des esprits vétilleux travaillent à surveiller les arts et les lettres. Leurs ciseaux vertueux n’ont rien à envier aux censeurs de jadis. Ils traquent les romans sans égards pour le génie de leur auteur, scrutent les toiles des maîtres, auditionnent les opéras avec l’oreille d’un juge d’instruction. »

    Certes, nous ne sommes pas encore à la censure opérée par des «  lecteurs de sensibilité » américains qui sont chargés de traquer tout ce qui dans la production éditoriale est susceptible de choquer les différentes catégories de population. Cela peut faire penser à la traque des fausses nouvelles, à propos desquelles le gouvernement français cherche à légiférer, ce qui inquiète vivement les défenseurs de la liberté d’expression. Lorsqu’on s’en prend aujourd’hui à un écrivain comme Pierre Loti, on se demande qui va y passer demain. Pourquoi pas Voltaire dont, il est vrai, on a soigneusement expurgé certains ouvrages dans les récentes rééditions ? À ce compte, nous dit Teresa Cremisi, Houellebecq coche toutes les mauvaises cases. Il heurte toutes les sensibilités. Mais alors, à quoi bon pourra servir demain la littérature, dont une des principales mission est de nous révéler en vérité, et plus qu’aucune enquête sociologique, ce qu’il en est de nos mœurs, de l’évolution de nos mentalités ?

    J’ai envie d’ajouter que ce n’est pas seulement la littérature qui est en cause. Ce pourrait être demain l’Écriture sainte elle-même, la Bible, dont certaines pages, certaines affirmations, certains interdits n’agréent pas aux sensibilités contemporaines. La menace est sérieuse, elle vise jusqu’à la liberté de conscience.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 juin 2018

  • L'Italie, problème ou solution de l'Europe ?

     L'Italie ferme ses ports à l'Aquarius, le bateau qui porte secours aux migrants

     

    Par Eric Zemmour

    Le Figaro magazine dans sa dernière livraison [8.06] a publié cette chronique d'Eric Zemmour qui pose les vraies questions et y apporte de justes réponses. A preuve cette interrogation : « Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ? ». Au soir où nous écrivons, il semble que ce devrait être Valence... Alors, une révolution populiste, bientôt, en Espagne aussi ?  LFAR

     

    687294929.jpgLa situation en Italie est révélatrice de tous les atermoiements de l'Union.

    « Le bon temps pour les clandestins est fini ; préparez-vous à faire les valises.» Le patron de la Ligue, Matteo Salvini, a le sens de la formule qui fait mouche. Ce n'est pas un hasard s'il a choisi le poste de ministre de l'Intérieur, laissant à ses alliés du mouvement M5S les ministères sociaux. À ce poste, on peut encore montrer qu'un État déterminé a les moyens d'agir. Encore faut-il qu'il le soit.

    C'est toute la question posée par l'affaire italienne. Celle de la légitimité démocratique est derrière nous. Elle s'est réglée par un compromis à l'italienne: les vainqueurs des élections ont renoncé à « leur » ministre des Finances europhobe ; le président de la République italienne et les milieux européens de Bruxelles qui le soutenaient ont renoncé à empêcher une majorité «populiste» de gouverner. 

    « On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux »  Éric Zemmour

    B9715977905Z.1_20180608234215_000+GFMBEN2UR.2-0.jpgDésormais, c'est à Salvini de jouer. D'abord parce que l'immigration fut le thème qui l'a porté au pouvoir. Ensuite parce qu'il doit montrer qu'il peut expulser massivement les clandestins (il a promis 500.000 renvois) et arrêter la déferlante migratoire sur les côtes italiennes. Salvini s'en est déjà pris aux ONG qui, sous couvert d'humanisme, sont les complices des passeurs. Il devra utiliser la marine italienne non pour sauver les migrants mais pour les arrêter, voire détruire leurs barques. Il devra enfin tenir tête aux juges européens qui ne manqueront pas de dénoncer des pratiques contraires aux « droits de l'homme ». Osera-t-il ? Il devra aussi faire pression sur les pays de l'autre côté de la Méditerranée - Tunisie, Maroc et, au-delà, les autres pays d'Afrique pour qu'ils reprennent leurs ressortissants. Au temps de Ben Ali en Tunisie et de Kadhafi en Libye, ces pays bloquaient les migrants pour qu'ils ne se déversent pas sur l'Europe - preuve que c'est possible. L'Algérie n'hésite pas à renvoyer brutalement les migrants qui essayent de s'installer chez elle.

    On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux. Les mouvements démographiques sont une guerre qu'on veut gagner ou qu'on accepte de perdre. Comme le note l'historien Pierre Vermeren, le milliard de Chinois pauvres n'a jamais débarqué dans le Japon riche parce que l'État japonais s'est organisé pour qu'il en soit ainsi. Aux États-Unis, depuis l'arrivée de Trump, l'immigration venue du Mexique s'est beaucoup réduite.

    Emmanuel Macron et les dirigeants de l'Europe répètent que chaque nation ne peut rien faire seule et que la question migratoire ne pourra être résolue qu'ensemble. C'est exactement l'inverse. Ensemble, les Européens ont prouvé qu'ils ne font rien. Les États qui l'ont décidé ont bloqué toutes les routes migratoires - la Hongrie en est le meilleur exemple. Et la Pologne montre qu'il est possible d'accueillir une immigration choisie: ils ont accepté des Ukrainiens et refusé les musulmans. Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ?  

  • Politique magazine numéro de mai : « Maître du monde ? »

     

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER : Etats généraux de la bioéthique

    EUROPE : La crise italienne 

    L'EOLIEN INDUSTRIEL : Mensonges et nuisances

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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    Retrouvez dans Lafautearousseau les derniers articles traitant de la politique de Donald Trump ... 

    En force !

    Pour la France, comme pour l’Amérique, le libre-échange ce sont des déficits

    Donald Trump, comme l'oncle Picsou ...

    Macron aux USA entre incantations (beaucoup) et réalisme (beaucoup moins) ...

  • Paris ce 12 juin, Antoine de Crémiers parlera du transhumanisme aux Mardis de Politique magazine... A ne pas rater !

     

    Rendez-vous à partir de 19 h 00 - Conférence à 19 h 30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen, 3 rue de la Trinité  Paris 9° - Métro La Trinité, Saint-Lazare

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    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles Paris 8° - T. 01 42 57 43 22

  • En force !

    Charlevoix (Quebec) 8 juin 2018. Donald Trump : « La France « est un pays merveilleux, spécial ! Et vous avez un président spécial, je vous le dis ! »

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    Faut-il vraiment s’étonner des foucades de M. Trump et de son slogan America first ! ?

    Celui-ci et celles-là ne sont que la façade conjoncturellement spectaculaire des tendances lourdes et profondes des Etats-Unis d’Amérique. A commencer par cette « soif maintenant multiséculaire de richesse et de puissance » (LFAR, « En deux mots », vendredi 8 juin). Ce faisant, M. Trump s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs lointains ou immédiats. On peut même dire que son manque d’empathie pour l’Europe rappelle fortement MM. Bush (« junior ») et Obama. 

    Ainsi n’en finit-il pas de prendre des décisions qui déplaisent aux autres, alliés ou pas : dénonciation des accords de Paris (sur le climat) et de Vienne (sur le nucléaire iranien), ouverture d’une ambassade à Jérusalem, taxation des importations d’acier et d’aluminium, etc. On ne sait pas ce qui agace le plus ses adversaires : qu’il fasse ce qu’il avait dit ou que, l’ayant fait, il affirme qu’il sera « inflexible ». Face à lui, donc, en principe les six autres membres du G7, en réalité surtout MM. Macron et Trudeau. Leur déclaration préalable commune prônant « un multilatéralisme fort, responsable, transparent » leur aura valu une réplique cinglante du président américain sur tweeter, qui pis est pour eux non dépourvue d’un humour presque inquiétant : « Hâte de les voir demain » !

    M. Macron avait quand même tenu à son endroit des propos d’une grande fermeté (De Gaulle lui-même n’aura jamais fait preuve à l’égard des Etats-Unis d’une telle véhémence). Rendant M. Trump seul responsable du désaccord, il prévenait que les « six » ne signeraient pas n’importe quoi car ils constituent un marché « plus grand que le marché américain ». Cet argument est malheureusement plus fallacieux que dirimant, nul ne semblant pour l’instant en mesure de concurrencer des Américains disposant des atouts maîtres qui fondent leur suprématie financière, économique, militaire et, in fine, politique.

    M. Trump, en bon réaliste, ne fait pas mystère de ne considérer que la force supposée de son adversaire. Les Chinois l’ont bien compris : cet autre empire, quasi-monarchique, a d’excellents arguments qu’il ne se prive pas de faire valoir. Et ce n’est pas un hasard si, dans le bras de fer sino-américain, M. Trump vient de lever les sanctions qui frappaient l’équipementier téléphonique chinois ZTE, pourtant accusé de violation de l'embargo sur l'Iran et la Corée du Nord. D’ailleurs, là où leur faiblesse contraint les Européens à subir le diktat de l’embargo américain, en l’occurrence en Iran, les Chinois s’empressent de les remplacer. 

    Estimer, comme l’a fait M. Macron, que la position américaine « permettait de reforger l’Europe » et même de « renforcer l’accord entre les six et de construire une alliance plus large pour éviter que le monde ne soit déstabilisé » risque fort de rester un voeu pieux. On ne peut en tout cas penser sérieusement que le salut de la France passe par une Union européenne en l’état, ni même refondée, c’est-à-dire, dans l’esprit des européistes, confortée et renforcée sur la base des mêmes « valeurs » et principes qui ont présidé à sa fondation. Cette caricature d’Europe, M. Zemmour vient une fois de plus, et avec raison, d’en dénoncer l’« inanité » (RTL, jeudi 7) : tout le monde voit bien qu’elle est « bloquée, divisée, impuissante ». 

    7261f4f_31450-1rd7w9j.xuaz.jpgOn nous avait promis un G7, glacial dans la forme, rugueux sur le fond. Ce fut sans doute le cas si l’on en croit certains témoignages. Arrivé le dernier, M. Trump est reparti le premier, sans attendre la photo : tout un symbole. Il a même retiré sa signature d’un communiqué final qui n’engageait pourtant à rien. Ni les propos bravaches de M. Macron ni la coalition de tout ou partie des six ne semblent avoir produit d’effet. Comme annoncé, M. Trump, offensif et accusateur, est resté intraitable sur l’essentiel : s’ils veulent continuer de dialoguer sur le commerce international, les Européens devront donc finalement accepter de discuter « avec un pistolet sur la tempe » contrairement à ce qu’ils avaient claironné. 

    En fait, aucun droit supranational ne fera jamais plier un Etat fort, sûr de soi et décidé à faire primer son intérêt. M. Macron finira peut-être par comprendre que si l’Union, telle qu’elle est, nous condamne à la faiblesse, une autre Europe est possible, celle de certains Etats, fondée cette fois sur une volonté de puissance dûment assumée.   

  • Permanence américaine : les présidents passent, les contextes changent, les Etats-Unis restent tels qu'en eux-mêmes ...

    Donald Trump au G7 de Charlevoix. En médaillon son lointain prédécesseur le président Coolidge ...

     

    2293089609.14.jpgD'un sommet l'autre...

    Trump a été l'incontestable vedette médiatique du G7 de Charlevoix. Par sa rudesse, sa brutalité, parfois même sa grossièreté, et par ce que Louis-Joseph Delanglade appelle ses foucades, qui ont fait in fine de ce sommet un fiasco, il a tenu le monde entier en haleine. Personnage sans nul doute spécial, il n'en incarne pas moins la volonté de puissance de l'Amérique profonde. Qu'elle soit en phase isolationniste et protectionniste ou en phase interventionniste et hégémonique, cette volonté de puissance est une constante de l'histoire américaine, dont Trump, à sa manière, n'est qu'un épigone. 

    On le vérifiera en lisant ou relisant la description et le commentaire que Jacques Bainville donnait en son temps d'un autre sommet, panaméricain celui-là auquel s'était rendu un lointain prédécesseur de Donald Trump aujourd'hui bien oublié, le président Coolidge. Deux présidents bien différents, une Amérique telle qu'en elle-même. L'on n'a pas grand mal à transposer. A discerner les dissemblances comme les ressemblances frappantes avec l'actualité et ses permanences. Voici ce texte. Lisez-le, réjouissez-vous !  •

     

    De Jacques Bainville

    Journal, tome III (1927-1935), 18 janvier 1928

     

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    On ne peut manquer d'être frappé de l'assurance avec laquelle le président Coolidge s'est exprimé dans son discours d'ouverture du congrès panaméricain. Cette assurance paisible est celle que donnent la puissance et la richesse. De loin, une vue superficielle des choses laissait croire que les États-Unis, à l'assemblée de La Havane, seraient jugés par les Républiques latines, qu'ils auraient des comptes à rendre ou des excuses à fournir pour leur politique d'intervention au Nicaragua, en Haïti et ailleurs. La grande République de l'Amérique du Nord a tout de suite paré le coup. Tout au moins, en présence du président Coolidge, la question ne sera pas posée.

    La grande République des États-Unis a la majesté de la république romaine. M. Coolidge s'est rendu à La Havane avec un déploiement de force, un appareil de luxe qui font penser au voyage d'un proconsul. Il a derrière lui le Sénat de Washington, qui rappelle le Sénat romain. Et il parle aussi de paix, comme en parlait Rome, qui a, en effet, pendant plusieurs siècles, donné la paix au monde d'alors, mais en intervenant partout où cette « paix romaine»  était troublée. 

    Virgile avait donné la formule d'une doctrine de Monroe lorsqu'il conseillait aux Romains de se souvenir qu'ils étaient destinés à gouverner les peuples. Cet orgueil tranquille est l'accompagnement de la grandeur. A quoi sert de se dissimuler que les États-Unis sont très grands, qu'ils ont en hommes et en ressources des disponibilités immenses et qu'ils n'ont à subir le contrôle de personne ? On ne peut, en somme, que rendre justice à leur modération. C'est celle d'Auguste disant a Cinna : « Je suis maître de moi comme de l'univers.»  

    Le respect - le Code dit très bien « la crainte révérentielle »  - que les États-Unis inspirent, se traduit, à chaque instant, par des soumissions imprévues. On croyait que le Mexique, très avancé et un peu bolchévisant du président Calles, tenait tête à la République voisine. Il est devenu doux comme un agneau. Il y a un parti yankee au Nicaragua, et ce n'est peut-être pas le moins influent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Panama qu'ils sont sous influence étrangère; ils  se fâchent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Colombie que la politique du dollar, aidée par la politique du gros bâton, a séparé d'eux les citoyens de Panama; vous les offenseriez. Le récent manifeste de M. Romain Rolland et de quelques autres défenseurs de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes court grand risque de n'être pas entendu.

    Mais on s'explique aussi que les Etats-Unis, habitués à trouver autour d'eux si peu de résistance, n'acceptent pas de discussion avec la vieille Europe, qu'ils se tiennent dédaigneusement à l'écart de la Société des Nations, que, pour les dettes, dites de guerre, ils proposent des chiffres qui sont à prendre ou à laisser, qu'ils construisent autant de navires de guerre qu'il leur plaît dès que l'Angleterre n'admet pas leur formule de limitation des armements navals, qu'ils aient leur conception du « bannissement de la guerre»  et qu'ils l'imposent, bref qu'on ne gagne jamais à vouloir ruser ou finasser avec eux.

    On a trop encensé autrefois la liberté américaine. On la comprenait comme la liberté civique, l'idéal de la démocratie etc... Mais, être libre c'est être fort. Parce qu'ils sont forts, les États-Unis possèdent une liberté souveraine qui en arrive à ne pas se distinguer beaucoup de l'impérialisme, sinon par le fait que le président Coolidge, à la différence du président Hindenburg, ne porte pas d'épaulettes, d'éperons ni de sabre. 

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