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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1262

  • Cinéma • La Caméra de Claire

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    La Caméra de Claire, un film Sud-Coréen de Hong Sang-soo, avec Isabelle Huppert, Min-Hee kim et Jang  Mi Hee. 

    Un vrai film de Semaine Sainte !

    C’était la dernière séance que j’avais programmée avant le Triduum pascal, mais je ne savais pas à quel point il constituerait un acte de pénitence !

    Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. Après Yourself and yours, il y a un an, j’avais pris « la ferme résolution de ne plus recommencer » et de ne plus aller voir les réalisations de  ce « Sangsue », mais j’ai malheureusement succombé à la tentation d’Isabelle Huppert.

    Un véritable foutage de gueule… D’abord, la traduction est mauvaise qui appelle « caméra » un Polaroïd, ensuite et surtout ce long-métrage consiste uniquement à nous asséner une succession de dialogues insipides, en VOST, sans précisément aucune valeur ajoutée filmographique ou « polaroïdique ».

    Heureusement, Kim Jong-un n’a pas de représentation diplomatique à Châteauroux, sinon j’y aurais couru lui apporter mon soutien !  

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Pâques 2018 • Il n'y aura pas d'articles demain sur Lafautearousseau ... Honneur à nos racines, à nos traditions !

  • Le dernier carré islamiste de la Ghouta

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    L’armée syrienne a reconquis 90% du territoire de la Ghouta.

    Après avoir divisé le secteur islamiste en trois enclaves, elle a alterné assauts et négociations, sous la direction des Russes. Lorsqu’elle se heurtait à une fin de non recevoir ou lorsque Damas essuyait une nouvelle pluie d’obus, l’aviation russe intervenait avec l’efficacité qu’on lui connait.

    Un des tournants de cette délicate reconquête, fut la réussite des corridors humanitaires pouvant permettre la fuite des civils.

    Ces corridors furent très difficiles à mettre en place : les snipers islamistes tuaient impitoyablement les habitants qui essayaient de fuir, bravant les consignes de rester chez soi. De nombreux civils ont ainsi trouvé la mort.

    Profitons-en pour admirer encore l’incroyable désinformation dont nous gratifient nos médias : pas une fois, sur aucune chaîne, n’a été dit que tous les snipers qui tuaient les civils étaient islamistes…

    L’armée syrienne a alors entrepris de sécuriser ces corridors au prix de sanglants combats. Des dizaines de milliers de civils ont enfin pu s’enfuir et rejoindre les zones contrôlées par l’armée.

    Les vidéos disponibles montrant ces fuites d’habitants remerciant l’armée de les avoir  sauvés, ont eu des effets ravageurs sur le moral des combattants. Plusieurs se sont rendus, et d’autres ont finalement accepté de négocier.

    Les premiers étaient pourtant les plus durs : les djihadistes d’Ahrar al-Cham, successeurs d’Al Nosra. Environ 1500 combattants et leurs familles, soit 6000 personnes au total, ont été évacués par cars vers la province d’Idleb, la dernière aux mains des islamistes. Comme toujours, les combattants ont pu garder leurs armes légères et ont dû laisser le reste.

    La deuxième évacuation, qui a commencé samedi, concerne le groupe Faylak al-Raman, mouvement proche des Frères musulmans et soutenu par le Qatar. 7000 personnes seraient concernées par cette évacuation, qui se fait également en direction d’Idelb. Décidément, cette province est en passe de devenir un invraisemblable chaudron islamiste…

    Les négociations sont en cours avec le troisième et dernier groupe, Jaich al-Islam, d’obédience saoudienne. Bien qu’il compte plus de 10000 combattants, on voit mal comment ses chefs pourraient refuser une offre de repli, tant la victoire syrienne est maintenant certaine.

    C’est donc la ville de Douma, occupée par ce groupe qui sera la dernière libérée.

    Ainsi la reconquête de la Ghouta est en passe de s’achever, et ce sera un tournant militaire aussi important que ceux d’Alep et de Deir ez-Zor.

    La désinformation du burlesque OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme) sur les prétendues attaques chimiques de l’armée n’a cette fois pas fonctionné et les occidentaux n’avaient aucun prétexte pour intervenir malgré les menaces des Américains et du Président Macron.

    Toutefois, les Damascènes ne seront pas encore tout à fait hors de danger : il reste, au sud de Damas, une poche de Daesh, qu’il faudra anéantir. Une attaque surprise et nocturne jeudi dernier a surpris l’armée qui a eu plus de 50 tués.

    La tâche est loin d’être terminée pour l’armée syrienne.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • L’école éducatrice

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Le Président de la République est intervenu (mardi dernier), d’une façon forte, aux Assises de l’école maternelle à Paris.

    Dans les circonstances actuelles, marquées notamment par la radicalisation de certains jeunes, il s’est déclaré partisan de s’attaquer à la cause profonde d’un tel phénomène plutôt que de ne traiter que ses symptômes. Et c’est l’école qu’il a désigné comme le lieu décisif, susceptible de remédier aux carences de notre société : « C’est en construisant cette école de la bienveillance et de l’épanouissement qu’on construira une génération qui trouve sa place dans la société, qui n’aura plus à céder aux pulsions de mort qui finissent par fasciner quelques uns parce qu’ils n’y ont pas construit leur propre avenir. » Il a, il est vrai, modéré cet optimisme éducatif en ajoutant : « Je ne veux pas dire que l’école doit porter et corriger à elle seule tout ce que la société a embarqué d’injustices, de traumatismes ou de dérives, mais elle a beaucoup à faire dans cette entreprise. »

    Je ne vois pas, personnellement, des raisons sérieuses pour contredire une telle affirmation. Oui, il est vrai que la formation scolaire est très importante dans la construction de la personnalité et qu’elle peut apporter des moyens de défense contre certaines dérives, ne serait-ce que par le développement du jugement et aussi grâce à l’initiation à une culture générale qui constitue un trésor de sagesse et d’expérience. J’observerai toutefois que l’éducation est aussi soutenue par une philosophie qui ne saurait se définir par une sorte de neutralité devant les grands enjeux de l’existence. En ce sens, l’éducation ne vaut que par les orientations éthiques qu’elle propose à l’enfant et à l’adolescent.

    On s’est battu autrefois autour d’une citation attribuée – faussement semble-t-il – à Victor Hugo : « Ouvrir une école, c’est fermer une prison. » Nous savons bien que ce n’est pas vrai et qu’il existe des nations fortement scolarisées qui ont un taux record de délinquants emprisonnés. Une des grandes questions est de déterminer le contenu de l’éducation en référence à notre héritage fondé comme le dit très bien François-Xavier Bellamy sur « des siècles de civilité, de littérature, de philosophie, de science et de foi… » J’ajouterai qu’il doit y avoir une symbiose entre l’école et ce qu’apporte la famille. Une famille qui est la première cellule fondamentale de la transmission et de l’éthique sociale.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 mars 2018
  • Famille de France • Prince Jean : « À contre-courant »

     

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    À contre-courant

    J’ai très mal dormi la nuit dernière. La sortie d’un hiver fatiguant, long et difficile, peut être ! De nombreuses images, réflexions me remplissaient la tête :

     Le débat préalable à une loi bioéthique dont l’issue semble prévue d’avance, l’humain étant devenu la dernière marchandise à la mode (cf. la lettre de la Fondation Lejeune de mars 2018) ;

     Une vidéo flippante où Jacques Attali prédit à notre humanité un avenir accaparé par les puissants et aux libertés réduites ;

     Une réflexion de Philippe de Villiers expliquant comment aujourd’hui cette vison ultra libérale rejoint la vision d’un monde totalitaire, les deux trouvant leurs origines dans la philosophie des lumières ;

     Une vision erronée dont s’accommode très bien l’Islam conquérant sous les différentes formes qu’il prend aujourd’hui dans notre pays ;

     L’envahissement de l’une de nos nécropoles avec l’approbation des défenseurs de cette pensée unique révolutionnaire ;

     Des princes qui plutôt que de défendre le faible joignent leur voix à cette fausse modernité et s’éloignent de leur vocation ;

     Des réseaux alternatifs qui, plutôt que de prendre du recul, rajoutent une couche sur toutes nos misères.

    Que nous reste-t-il, me direz vous ? J’entends déjà mes adversaires : vos yeux pour pleurer ! Ce n’est pas ma nature. Il faut du courage aujourd’hui pour protéger la veuve et l’orphelin, pour défendre l’être, le beau, le bien, le vrai, la vie, la famille, l’éducation, le travail. Heureusement, il y a ces modèles de courage, comme notre gendarme de Carcassonne. Leurs hauts-faits nous inspirent, à notre échelle, ces petits gestes qui changent la vie et qui rendent notre monde meilleur, car ne s’agit-il pas de cela ? Car il n’est pas seul, notre héros. Sans ces petits gestes que notre monde serait laid ! Ils rehaussent, civilisent, car ne s’agit-il pas de cela ? À contre courant, il est là notre chemin, notre combat. Allons-y tout joyeux.  

      

    Jean de France, duc de Vendôme
    Domaine Royal de Dreux, les Rameaux

     

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Un signe

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Le geste héroïque de celui qui est devenu le colonel Beltrame et qui est honoré par la France entière, comme il se doit, ne peut se comprendre dans sa radicalité que si on lui reconnaît son double caractère de chrétien et de patriote. Totalement chrétien, totalement français, tel est le signe donné. 

    Les Français ne sont pas idiots ; ils ont compris ; et ceux qui savent – et ils sont plus nombreux qu’on ne le croit – n’ont pas pu s’empêcher d’immédiatement faire un rapprochement avec le père Maximilien Kolbe qui a échangé sa vie en 1941 dans le camp d’Auschwitz avec celle d’un père de famille condamné sur un choix arbitraire à périr de consomption.

    À Trèbes, Arnaud Beltrame a réussi à sauver une mère de famille.

    Les mêmes Français qui savent leur histoire malgré la pensée officielle, l’ont spontanément rattaché à cette longue lignée d’officiers et de soldats qui ont affronté l’adversaire face à face, dans la pure tradition chevaleresque, et qui sont la gloire de notre nation, tel un Hélie de Saint Marc pour qui Beltrame avait la plus grande admiration.

    L’homme était de cette trempe. Il vivait lui-même de pareils exemples. Il ne voulait servir naturellement que la France à qui il avait voué sa vie et, depuis quelques années, retrouvant la foi catholique, il s’apprêtait à donner surnaturellement toutes les preuves de l’engagement le plus profond que son mariage devait concrétiser au mois de juin prochain.

    Son parcours d’officier était exemplaire. Sorti major de sa promotion « campagne d’Italie », il avait choisi la gendarmerie où le service sur le terrain en France est permanent, et, là encore, il sortit major de l’école de Melun, promotion « capitaine Gauvenet » ; c’était en 2002. Dans toutes ses affectations, il a été reconnu par ses compagnons d’armes, ses supérieurs et ses subordonnés, comme un homme d’exception, toujours le premier au devoir, au service, au dévouement, à l’amitié. Sa carrure physique peu commune, apte à tous les combats et qu’il cultivait, correspondait à sa carrure morale, soignée par lui, et prête, elle aussi, à toutes les épreuves. Tous ses camarades ont parfaitement compris qu’avec une telle droiture, un tel courage, une telle maîtrise de soi, il ne pouvait faire que ce qu’il a fait. Son geste étonnant n’a pas étonné ceux qui le connaissaient.

    Le sacrifice est venu sceller sa vie et lui donner tout son sens. Sa famille, par son admirable discrétion, ne fait que confirmer la qualité de l’homme.

    C’est un signe pour la France, le signe qu’il lui faut, à cette heure précisément. Il est vain de le dissimuler. Tous les discours officiels, y compris les plus solennels et les plus lyriques, qui exaltent l’acte sans en dire la portée morale et spirituelle, n’en livrent pas la réelle signification. Mais il est vrai que, là aussi, il faut du courage pour l’exprimer, ne serait-ce qu’avec simplicité.

    Eh bien, c’est ce courage dont nous avons besoin. Face à un islamisme barbare qui multiplie les gestes ostentatoires de sa cruauté inhumaine, la France peut et doit opposer un signe révélateur de sa foi, de son espérance et de sa charité. Grâce soit rendue à Arnaud Beltrame. Colonel, merci !   ■ 

    Hilaire de Crémiers

  • Superbe chronique d’Éric Zemmour en hommage à Arnaud Beltrame : « Ce n'était pas un moderne ! »

    « Arnaud Beltrame est l'héritier des chevaliers, pas des vedettes de téléréalité »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Un hommage national a été rendu hier mercredi 28 mars à Arnaud Beltrame. Emmanuel Macron avait déjà dit que le gendarme tué par le jihadiste de l'Aude était tombé en « héros ». [RTL 27.03]. Éric Zemmour ajoute que ce n'était pas un « moderne ». Il dit admirablement en quels sens il était lui aussi « à contre-courant ». Comme l'exprime aussi ce matin le Prince Jean de France dans la réflexion que nous publions ici, en tête de nos parutions de ce jour. En tête, comme il se doit.   LFAR

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Un héros, disent-ils.

    Du président de la République à tous les commentateurs, de tous les bords, le mot tourne en boucle, dans toutes les bouches. Un héros de la France, un héros de l'armée, un héros de la République, un héros de l'humanité. Chacun choisit son héros, chacun a sa vision d'Arnaud Beltrame.

    Il faut imaginer l'échange de pensées - peut-être de mots - entre Arnaud Berltrame et son bourreau. Entre le gendarme et le jihadiste qui allait l'égorger. Entre celui qui sacrifiait sa vie pour en sauver une autre et celui qui sacrifiait lui aussi sa vie, mais pour tuer des infidèles au nom d'Allah. Deux conceptions de la vie et de la mort qui se croisent. Deux conceptions de Dieu. Deux traditions religieuses, étrangères et ennemies.

    La mère du gendarme a déclaré que pour son fils la patrie et la famille étaient au-dessus de tout, que c'était un bleu-blanc-rouge. Le travail, la famille, la patrie : voilà des valeurs que, depuis ce Mai 68 que l'on célèbre bruyamment ces temps-ci, on nous a appris à rejeter, à diaboliser, en les associant systématiquement à Vichy et à Pétain.. 

    Éric Zemmour

  • La double leçon corse

     

    Par Jean-Baptiste DONNIER

    Corse. La France, la Corse, il est possible de parler : l’histoire est là. Mais « ouverture », « fermeture », « République », « grand marché » et « métissage » universel et généralisé, sont des considérations qui ne font qu’aggraver les problèmes.

     

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    Lors de son voyage en Corse, les 6 et 7 février, Emmanuel Macron a choisi un discours de fermeté face à des élus nationalistes dont toutes les revendications ont sèchement fait l’objet d’une fin de non-recevoir. Il n’y aura ni « co-officialité » de la langue corse, ni statut de résident, ni autonomie fiscale et encore moins législative ; la Corse est « au cœur de la République » et si une place peut lui être accordée dans la constitution, ce n’est qu’au titre d’une collectivité territoriale métropolitaine au sein d’une République qui, bien que « décentralisée », reste avant tout unitaire. Comme hier pour la Catalogne ou naguère à l’égard de l’Écosse, on voit ici ceux qui s’attachent à « déconstruire » les vieux États pour les intégrer à une Europe fédérale, prendre subitement la défense de l’intégrité de ces mêmes États face aux velléités séparatistes, voire simplement autonomistes, de peuples à la forte identité.

    Un tel retournement de la part des chantres d’une mondialisation qui paraissait devoir renvoyer les constructions étatiques séculaires dans le « monde d’avant », voué à une disparition inéluctable, peut séduire ceux qui ne se sont jamais reconnus dans ce projet des « élites » mondialisées. Mais cette séduction serait trompeuse. Loin de défendre la réalité historique de l’État, ce discours centralisateur s’intègre en fait dans une opposition binaire entre « ouverture » et « fermeture » au sein de laquelle l’État peut être présenté tour à tour comme un signe de « repli identitaire » ou comme l’instrument efficace d’une ouverture aux échanges économiques mondialisés. L’État qu’a défendu en Corse Emmanuel Macron est un État désincarné, détaché de la nation, mis au service d’un projet global de nature essentiellement économique. Mais ce projet, clairement exposé par le président de la République, se voit opposer, de manière de plus en plus claire aussi, un refus déterminé de la part non seulement des élus mais de la société corse tout entière ; un refus qui est de nature politique. Ce pourrait être la double leçon à tirer de ce voyage présidentiel ; une leçon qui dépasse largement la seule question régionale corse.

    L’ignorance des réalités

    Ce qui frappe d’emblée dans les discours prononcés par Emmanuel Macron en Corse, c’est son ignorance des réalités. La Corse n’est pour lui qu’un « territoire », « une île-montagne faiblement peuplée où il n’est pas aisé de circuler » et dont la particularité tient essentiellement à la position géographique qu’elle occupe et qui semble à peu près son seul atout : celui d’être un « poste avancé de la Méditerranée » ou un « poste avancé de la France en Méditerranée », à moins que ce ne soit les deux « en même temps »… Tout cela semble très flou et au fond de peu d’importance ; dès lors que l’essentiel est « l’ouverture », le sens de celle-ci importe peu.

    S’il sait donc situer la Corse mieux que la Guyane, Emmanuel Macron ne la connaît visiblement pas. En dehors de quelques lieux communs, il n’a pas eu un mot sur sa culture, son histoire, ses traditions, l’âme et la foi de son peuple. Sa vision de l’histoire de la Corse se limite aux deux empires napoléoniens, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne se sont guère préoccupés de la Corse, et à la participation des insulaires à la grandeur de la France à travers son empire colonial. On apprend certes sans déplaisir que la colonisation qualifiée à Alger de crime contre l’humanité se métamorphose à Bastia en un élément de la grandeur de la France, mais cela reste anecdotique. Quant à la langue corse, il dit lui-même ne la « regarder » (!) qu’à travers les chiffres… Il aurait mieux fait de chercher à l’entendre !

    Mais s’il n’a rien vu de la Corse, Emmanuel Macron n’a rien dit non plus de la France. Comme la Corse, la France n’est pour lui qu’un espace – elle peut être à ce titre continentale ou méditerranéenne –, l’objet de plans – comme le plan « France Très Haut Débit » dont il veut faire bénéficier la Corse – ou, le plus souvent, la métaphore d’une action politique sur la scène internationale. Ce n’est pas de la France qu’il a parlé aux Corses, mais uniquement de la République, une République vengeresse qui poursuit sans relâche ceux qui, en se dressant contre elle, « ont perdu, dans cette entreprise, leur honneur et même leur âme » et dont la cause ne peut pas se plaider ; on n’a pas pitié des damnés. Cette « mystique » républicaine, qui frise toujours le ridicule, ne méritait sans doute pas le déplacement, mais elle n’était que le préambule du message qu’Emmanuel Macron entendait délivrer.

    Le message de Macron

    Qu’est-il donc venu apporter à la Corse ? Outre quelques propos dont la dureté était sans doute destinée à satisfaire d’autres auditoires, il est venu non pas même avec des promesses, mais avec une tentation. Il a fait miroiter aux yeux des Corses tout ce qu’il était en son pouvoir de leur donner, toutes ces choses indispensables pour « améliorer leur quotidien », des connections haut débit, des maisons de retraite, des « filières d’avenir » et des fonds européens pour financer l’ensemble. Pour obtenir tous ces trésors sans lesquels on se demande bien comment il est possible de vivre, une seule condition est requise : « l’ouverture ». Là se trouve le cœur du discours, la clef qui permettra de « régler les problèmes du quotidien » auxquels se borne nécessairement la vue – et la vie – des gens qui « ne sont rien ». Le sermon est appuyé et c’est une certitude de foi qui répond à l’interrogation rhétorique : « Est-ce que l’identité corse n’est pas méditerranéenne ? Est-ce que cette identité méditerranéenne n’est pas faite consubstantiellement d’ouverture, d’échanges, de métissage permanent ? Je crois que oui ». La conclusion pratique de cet article de foi s’impose dès lors avec la force de l’évidence : c’est cette « ouverture » « qu’il nous faut savoir collectivement organiser » et la République y est prête puisque son chef a reçu à cette fin l’onction sacrée de « toute la nation française » qui, ayant eu le choix « entre l’ouverture et la fermeture », a choisi l’ouverture.

    L’irréductible souci politique

    Cette tentation qu’est venu porter sur l’île Emmanuel Macron se voulait une réponse habile aux revendications proprement politiques des élus corses, mais elle n’a suscité que leur silence remarqué à la fin du discours présidentiel. Un peuple qui a choisi pour fête nationale l’Immaculée Conception et qui ouvre les séances de son Assemblée au chant du Dio vi salvi Regina est immunisé contre ce genre de tentation. Le silence opposé à la proposition d’abandonner son âme contre un plat de lentilles a un sens politique autant que symbolique. Il manifeste avec une fermeté qui n’exclut pas une forme de déception le souci politique des élus corses que ne saurait satisfaire le discours qu’ils venaient d’entendre.

    Il est à craindre que, ce souci n’étant pas assumé par ceux qui sont en charge de l’État, les Corses en viennent à en tirer des conséquences politiques qui les conduiraient à s’éloigner d’une France qui aurait renoncé à sa mission. Si tel devait être le cas, la visite d’Emmanuel Macron en Corse ne serait pas seulement, comme l’a dit Gilles Simeoni, « une occasion manquée » mais, pire, peut-être une occasion perdue.    

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    À Bastia, face à Mme Colonna, Macron affronte avec courage, mais a-t-il compris la France et la Corse ? 

    Jean-Baptiste DONNIER

  • Puigdemont à Neumünster au Schleswig-Holstein

     

    En deux mots.jpgL'imbroglio catalan se poursuit comme il était à craindre. Sur un mode tragi-comique qui n'honore ni le baroque Puigdemont, ni la Catalogne, ni même l'Espagne.

    Après ses diverses facéties, ses atermoiements, ses palinodies, ses arguties alambiquées devant l'ex-Parlement catalan, sa fuite en Belgique, ses appels ratés au soutien européen - de nul effet - sa tentative de former à Bruxelles un improbable Comté de Gouvernement qui aurait dirigé de loin la Catalogne, Carles Puigdemont se retrouve en prison en Allemagne à Neumünster dans le lointain et nordique Schleswig-Holstein, qui ne nous rappelle guère que la guerre des duchés, à la fin du XIXe siècle. Ainsi Puigdemont connaît-t-il en Allemagne le même sort que ses acolytes dirigeants indépendantistes détenus dans les geôles espagnoles. Même s'il demeure emblématique de l'indépendantisme républicain catalan et si ces jours derniers Barcelone a manifesté pour lui, si on s'y est battu pour lui, l'image de Puigdemont est, de fait, ternie, dévalorisée. On se souvient qu'en novembre dernier, même Ada Colau, maire Podemos de Barcelone, avait eu pour lui et son gouvernement des mots plutôt durs après qu'il eut quitté la capitale catalane pour Bruxelles : « ils ont mené la Catalogne au désastre » ; « Ils ont provoqué des tensions dans le pays et porté une déclaration unilatérale d’indépendance dont ne voulait pas la majorité » ; « ils ont fait la déclaration puis ont disparu ». Etc. 

    La Catalogne en tant que telle n’est pas sortie grandie, non plus, de cette agitation. Et elle est loin d’être tirée d’affaire. On sait que son économie s’est affaiblie notablement. Mais plaie d’argent n’est pas mortelle. La Catalogne est assez riche, assez industrieuse pour s’en relever. Les Institutions catalanes - historiques, légitimes en soi - sont dans un désordre profond. Elles sont en lambeaux. L’autonomie de la région a été suspendue. Madrid l’administre directement. Mais le plus grave est sans-doute ailleurs, comme l’a remarquablement discerné et signalé le roi Felipe : la société catalane est désormais fracturée et la cassure est si profonde, si radicale, que l’on voit mal comment elle pourrait être réduite avant longtemps. Le camp indépendantiste, sans-doute minoritaire en voix, comme on l’a vu aux dernières élections catalanes pour l’actuel parlement introuvable, pourrait représenter autour de 48% des votants. Peut-être un peu moins. Le camp anti-indépendantiste autour de 52%. Ce qui se présente est donc un affrontement bloc contre bloc, d’où la haine n’est pas absente. La haine de l’Espagne est enseignée à l’école, à l’université, cultivée dans les médias, portée par une grande partie de la classe politique et des élites bourgeoises, exacerbée par des groupuscules d’extrême-gauche radicale très organisés, et ce depuis des décennies. Les anti-indépendantistes, réveillés par les événements, portent, à l’inverse, un indéfectible attachement à l’Espagne, même si tous les Catalans sont catalanistes. Fondé sur une telle fracture, l’avenir de la Catalogne ne laisse pas d’être inquiétant.

    L'Espagne a renoué avec ce qu'on appelait jadis, avant la Guerre Civile, « les séparatismes locaux ». Ils avaient été l'une des plaies vives de la république espagnole dans les années trente. Sous le régime franquiste, ils n'avaient eu d'autre expression que le terrorisme basque. Point de dispositifs d'existence légaux. L'on crut que la monarchie restaurée avait trouvé un point d'équilibre entre unité et diversité en instituant les dix-sept autonomies qui, en quelque sorte, ressuscitent les anciens fueros. Les événements de Catalogne en montrent la limite, comme si l'unité de l'Espagne, toujours maintenue, n'avait jamais été tout à fait achevée. Madrid a répondu aux menées séparatistes catalanes en invoquant la légalité constitutionnelle et en utilisant tous les moyens judiciaires disponibles. Les indépendantistes ont été forts de résultats électoraux favorables, même si, minoritaires en voix, leur majorité en sièges au Parlement, n'est jamais provenue que des bizarreries du système électoral en vigueur.  

    Au-delà de tout, de la Constitution de 1978, de la démocratie elle-même, ce qui n'a guère été dit c'est qu'en tout état de cause, sauf bouleversement extraordinaire, Madrid n'acceptera pas la rupture de l'unité de l'Espagne ; c'est que l'indépendance de la Catalogne est, en l'état impossible. Transcendantes à toutes considérations légalistes, il y a six siècles d'histoire de l'Espagne dont la Catalogne n'a jamais cessé de faire partie. Et il y a les réalités qui établissent l’indéniable hispanité de la Catalogne. Réalités qu'un vote, ou même plusieurs, n'abolit pas aisément. Et sa légitimité ne s'impose ni en Espagne, ni en Europe, ni ailleurs dans le monde. Ni même en Catalogne.

    Carles Puigdemont l'apprend à ses dépens dans une cellule de prison du Schleswig-Holstein.  

     

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Le vrai courage

    Hommages ...  

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette tribune du Journal de Montréal [27.03] Mathieu Bock-Côté distingue le vrai courage du faux. Et au-delà du simple courage, les héros qui eux sont prêts à l'ultime sacrifice. Et il ajoute à fort juste raison qu' « aucun peuple ne peut vraiment survivre s’il n’inculque pas au moins partiellement le sens du sacrifice à ceux qui le composent ».   LFAR  

     

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    On abuse aujourd’hui du mot courage. Un artiste qui pleure à la télé en racontant qu’il n’a pas eu une enfance heureuse mais qu’il s’en est sorti est jugé courageux. Une belle quinquagénaire qui pose en bikini aura droit au même compliment.

    Il en ira de même pour le politicien qui se permet de dire un peu ce qu’il pense sans répéter les fadaises du jour.

    Il lui suffira de se tenir droit le temps d’une controverse pour sortir du lot. Mais à voir sans arrêt des courageux partout, on ne sait plus comment qualifier le vrai courage lorsqu’il se manifeste. 

    France

    Et il s’est manifesté en France ces derniers jours, au moment de l’attentat terroriste de Trèbes où un lieutenant-colonel de la Gendarmerie française, Arnaud Beltrame, a échangé sa vie contre celle d’un otage. Sans surprise, il l’a payé de la plus atroce manière. Son meurtrier, Radouane Lakdim, fidèle à la méthode islamiste, l’a égorgé. 

    Un tel acte de courage peut sembler irrationnel pour notre époque. Elle y verra une folie gratuite, peut-être même le signe d’un esprit dérangé. Comment un homme peut-il donner sa vie pour une inconnue ? A-t-il passion malade du sacrifice ?

    Le philosophe François-Xavier Bellamy, dans une tribune du Figaro parue hier, nous convainc aisément du contraire. Aucune société ne peut durer sans des hommes prêts à se sacrifier pour quelque chose qui les dépasse.

    Et ce sacrifice ne vient pas d’un coup. Il faut s’y préparer toute sa vie. C’est à cela que préparent des institutions comme l’armée. Mais plus largement, aucun peuple ne peut vraiment survivre s’il n’inculque pas au moins partiellement le sens du sacrifice à ceux qui le composent.

    Héros

    Ce qui distingue les héros, c’est qu’ils sont prêts à aller jusqu’à l’ultime sacrifice. C’est pour cela qu’il faut leur être éternellement reconnaissant, les célébrer et préserver leur mémoire.     

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Francophonie : Macron apôtre, en même temps, du tout-anglais

     

    Par François Marcilhac

     

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    Sachant qu’en dépit d’un désintérêt apparent, les Français sont attachés à la dimension internationale de leur langue, en raison même du statut que celle-ci a acquis autant dans la définition de leur identité que dans le prestige de leur pays, Macron ne pouvait faire autrement que de donner un lustre particulier à la première journée internationale de la francophonie de son mandat, le 20 mars.

    Aussi est-il allé prononcer à l’Académie française un discours sur la place du français dans le monde et son avenir, devant les académiciens et 300 jeunes choisis on ne sait comment. Peu importe. Invité, le matin même, dans la matinale d’Europe 1, l’académicien Jean-Christophe Rufin s’est amusé des digressions de langage habituelles du président, héritage de son passé professionnel : « Comme beaucoup, il est prisonnier du fait que dans certains milieux — notamment la banque et l’Internet —, l’anglais a pris une place considérable. Il vient de ces mondes, et forcément, il en est marqué », ajoutant, non sans ironie : « Toutes les conversions sont à prendre en compte, même si elles sont tardives », et de saluer le « sincère désir du président d’avoir une grande politique de francophonie ».

    Des mensonges éhontés

    Y croit-il vraiment ? Il est à craindre au contraire que la francophonie ne fasse particulièrement les frais de la vraie nature du « en même temps » présidentiel — un faux pragmatisme cachant un cynisme foncier et totalement déshinibé. Car les annonces présidentielles, en vue de faire du français la troisième langue internationale (après l’anglais et l’espagnol) la plus parlée au monde en 2050, dissimulent mal un statut de soumission par rapport à l’anglais qui demeure, pour Macron, la seule langue ayant droit au statut international en ce que c’est la langue du mondialisme et que le mondialisme est l’horizon indépassable de notre golden boy.  Il a avalisé le recul du français non seulement dans les domaines économique et scientifique – si bien que le français ne peut plus apparaître comme langue de l’innovation – mais également au sein des instances internationales et de l’Union européenne, tout en encourageant même sa disparition comme langue diplomatique par sa pratique indigne de l’anglais dans les visites officielles. Pour Macron — nous retrouvons le « en même temps » et son cynisme —, parler anglais aiderait même la francophonie ! « Je n’hésite jamais à m’exprimer à la fois en français et en anglais, sur des scènes internationales, devant des milieux d’affaires. Je pense que ça renforce la francophonie de montrer que le français n’est pas une langue enclavée, mais une langue qui s’inscrit dans le plurilinguisme. Je considère que c’est la bonne grammaire pour défendre le français partout dans les enceintes internationales », assure-t-il, avant d’ajouter : « Je ne fais pas partie des défenseurs grincheux ». Ne cherchez pas à savoir ce que signifie ici « grammaire », dernier mot à la mode pour dire « méthode ». Mais oser affirmer que le simple fait de parler français, c’est enclaver notre langue et que pratiquer le tout-anglais favoriserait … la place du français dans le monde en faisant preuve de plurilinguisme — un plurilinguisme dont ne se soucient guère les anglo-saxons qui semblent tout à fait satisfaits de l’enclavement de leur langue —, seul Macron pouvait oser une telle énormité, assénée avec un toupet aussi candide. Il ne recule devant aucun mensonge, fût-il le plus éhonté : c’est malheureusement sa force. C’est aussi sa faiblesse pour qui perce à jour son cynisme.

    Un statut de langue régionale

    C’est en fait un statut de langue régionale que Macron destine au français Car cet ambassadeur de la langue de l’oligarchie —  il n’a cure également de l’anglais : c’est le patois du monde des affaires qui l’intéresse — n’a qu’un seul objectif : endormir l’égo des Français en faisant du français la première langue africaine — et par contrecoup favoriser l’africanisation à venir de la France — tout en réservant, dans le reste du monde, le français aux classes moyennes supérieures qui verront son apprentissage par leurs rejetons comme un « plus » qu’elles ne favoriseront que tant que ce sera à la mode. Sa volonté de doubler le nombre d’élèves en écoles françaises à l’étranger manque d’ambition tout en couvrant un mensonge : jamais ces écoles n’ont vu leurs moyens  fondre autant que depuis l’arrivée de Macron à l’Elysée ! Une politique offensive ne consisterait pas à y doubler mais à y décupler le nombre d’élèves, tout n’étant qu’une question de priorité. Mais la francophonie, pour Macron, qui a supprimé tout poste ministériel afférent, doit surtout viser à favoriser l’invasion migratoire. D’où les moyens promis, et on peut supposer que cette promesse-là sera tenue, améliorant l’apprentissage du français par de pseudo-réfugiés qui n’ont pourtant pas vocation à rester sur le territoire.

    Défendre le français contre l’Élysée

    Par ailleurs il serait temps que nous cessions de nous disculper de mener, via la francophonie, une politique coloniale et de justifier la défense du français par celle du plurilinguisme ! Je ne sache pas que les Britanniques s’excusent à tout bout de champ de la place de l’anglais dans leurs anciennes colonies, ou dans les instances internationales, même celles qu’ils s’apprêtent à quitter ! La défense du français se suffit à elle-même. La francophonie va souffrir davantage encore durant les prochaines années car, à l’indifférence de Sarkozy ou de Hollande, a succédé, à l’Elysée, une hostilité déclarée au statut international de notre langue. Il convient de lutter pied à pied pour la place du français dans le monde, quitte à paraître grincheux ou enclavés.     

  • Éric Zemmour : « Quand Macron, l'homme de la start-up nation, célèbre le français ! »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Le chef de l'État a dévoilé mardi 20 mars devant l'Académie française, un grand plan pour redynamiser l'usage du français et la francophonie. Le start-uper Macron défendant la langue de Molière ? Un joli paradoxe, nous dit Éric Zemmour. [RTL 22.03].  Il nous souvient que voilà déjà beau temps, Félix Leclerc, superbe chanteur québécois, dans un entretien à la télévision française, où on lui demandait si quelque chose le gênait en France lors de ses séjours, avait répondu : « La langue ... anglaise ». Que dirait-il à l'ère Macron ?  LFAR

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Oyez, oyez, braves gens ! La langue française sera demain la troisième langue la plus parlée du monde. C'est notre seigneur Macron qui nous le fait mander. Oyez, oyez braves gens ! Sonnez trompettes et battez tambours !

    Mais au fait, sera-t-elle encore parlée en France ? On peut s'interroger, en parcourant les rues et les panneaux publicitaires : les « French bank » pour la Poste, les « I love TGV », les « We love technology » pour Bouygues. Sans parler des titres de films américains qu'on ne prend même plus le temps de traduire.
     

    Éric Zemmour

  • Arnaud Beltrame était en prépa à Saint-Cyr-l’Ecole : c’est Libération qui a l’air bête !

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Nous avons aimé cette tribune parue hier dans Boulevard Voltaire

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel a participé - d'ailleurs brillamment - au colloque du Cercle de Flore « Refonder le bien commun », du 13 mai dernier, à Paris (Illustration ci-dessous).  LFAR

     

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    Le calendrier, parfois, a de ces ironies… Libération peaufinait sans doute depuis des semaines son dossier sur les classes préparatoires de Saint-Cyr-l’École – à ne pas confondre avec l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, sise à Coëtquidan, les premières étant censées préparer à la deuxième.

    On avait trouvé les témoins à charge, descendu du grenier de bons vieux amalgames ayant déjà fait leurs preuves, trouvé un titre-choc : « Lycée Saint-Cyr : une machine à broyer les femmes ». Allez, les gars, c’est parti, on publie jeudi soir : les garçons de Saint-Cyr-l’École sont de méchants-misogynes-qui-vont-à-la-messe-en-latin-le-dimanche-à-Versailles-et-collent-des-autocollants-de-la-Manif-pour-tous. Et France Info, en bonne copine, a fait écho, fustigeant des « élèves masculins, catholiques ultra-conservateurs, proches de l’extrême droite, homophobes, misogynes et donc hostiles à la présence des femmes dans l’armée ». Fermez le ban.

    Sauf que, vendredi matin, l’article n’a fait que fort peu de temps les gros titres. Toute la France avait les yeux rivés sur un Super U de l’Aude où un officier de gendarmerie avait obtenu d’un forcené islamiste de relâcher une caissière de 40 ans, mère d’une petite fille de deux ans et demi, en échange de sa personne. Et au terme de trois heures de face-à-face, y avait laissé la vie, dans les conditions tragiques que l’on sait.

    Un officier de gendarmerie qui, justement – son profil Facebook l’indiquait -, avait étudié… à Saint-Cyr-l’École. Issu de cette pépinière de « misogynes broyant les femmes », il avait donc sciemment fait don de sa vie pour sauver l’une d’entre elles. 

    Toc, toc, toc, il y a quelqu’un, chez Libé ? Il n’y a pas comme un problème, dans votre démonstration ? Cela ne mériterait pas un erratum, des excuses, une amende honorable, un semblant de contrition ?  

    Une enquête honnête aurait pu faire mention de cette « tradition » d’accueil peu amène – voire parfois très grossière – des filles voulant embrasser la carrière militaire perpétrée par certains. Mais aurait rajouté que si ces mufles vont à la messe le dimanche, ainsi que c’est écrit, ils n’ont pas tout compris : comme le dit évidemment sans détour le père Christian Vénard, aumônier militaire bien connu des lecteurs de Boulevard Voltaire« une tradition qui n’est pas empreinte de charité est une mauvaise tradition ».

    Sans excuser, bien sûr, ce comportement, cette enquête aurait pu au moins en partie l’expliquer, de façon très concrète et sans tabou idéologique, par l’amertume que peut susciter une discrimination positive féminine : à l’entrée de l’ESM de Saint-Cyr, convoitée par ces jeunes comme le Graal, les barèmes sportifs du concours sont moins élevés pour les filles, comme une barrière que l’on abaisserait obligeamment. Ce qui n’est pas toujours compris : soit un certain niveau physique – comme dans d’autres matières – est indispensable au métier, soit il ne l’est pas. Mais il ne peut l’être pour certains et pas pour d’autres. Imagine-t-on demander à l’oreille un service aux djihadistes pourchassant nos militaires sur le terrain : « Attendez un peu, comptez jusqu’à 100 pour leur laisser de l’avance, celles-ci sont des femmes ! »

    Et, surtout, Libération aurait dû brosser un portrait complet. Et préciser que si cette « tradition » de misogynie stupide perdure chez certains, elle ne doit pas occulter les mille autres – cultivant le courage, l’honneur, la ténacité, le sacrifice, le devoir – qui ont sans doute contribué à modeler, à l’âge où l’adolescent se mue en homme, Arnaud Beltrame. « Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation », écrivait Hélie de Saint Marc, sorti de Cyr en 1947. Comme tous ses camarades, passé comme lui par Saint-Cyr-l’École ou par l’EMIA, Arnaud Beltrame a lu Hélie de Saint Marc. Et il l’a montré.    

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Le krach aura lieu : des cygnes noirs de partout !

     

    Par Marc Rousset 

    En matière de prévision économique, une bonne dose de prudence s'impose. Bernard Maris disait qu'un économiste est un monsieur qui est capable d'expliquer le lendemain pourquoi il s'est trompé la veille. Une addition de principes de bon-sens et de connaissance des dossiers conduit toutefois à envisager sérieusement ce qui peut attendre nos sociétés dans un avenir plus ou moins proche. C'est l'exercice auquel Marc Rousset se livre ici pour nous au fil d'une analyse documentée qui intéressera ce qu'on appelait jadis les pères de famille aussi bien, d'ailleurs,  que les patriotes. La racine est la même ! ...   LFAR 

     

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    Jeff Gundlach, lors de la Strategic Investment Conference 2018, a déclaré que « la situation devrait exploser en 2019 ». Il estime que les fondamentaux de l’immobilier sont « plutôt horribles » alors que les taux immobiliers commencent à augmenter, que les déficits américains par rapport au PIB sont trop élevés et que tous les indicateurs pointent vers la hausse de l’inflation. Les avantages sociaux du gouvernement américain qui n’atteignaient pas 5 % du revenu disponible des Américains dans les années 70 atteignent, aujourd’hui, 25 %.

    Quant au très célèbre gestionnaire de fonds d’investissement Paul Tudor, il a déclaré à Goldman Sachs que les seules choses qui valent la peine d’être détenues sont les matières premières, les actifs tangibles ou du liquide. Il critique les baisses d’impôts, les dépenses généreuses du Congrès américain et prédit une augmentation de l’inflation qui provoquera la panique sur les marchés actions. Il a comparé le président de la Fed Jerome Powell au général Custer dans les dernières heures de la bataille de Little Big Horn, « cerné par une horde de guerriers menaçants » : bulles, dettes des entreprises, marché des changes, tribu des cryptos, taux réels négatifs et, derrière lui, le peuple de l’inflation qui l’empêche de battre en retraite !

    La BCE de Mario Draghi se renie, suite à la revalorisation de l’euro et à l’insuffisante inflation en Europe. Draghi remet en question la date butoir d’octobre 2018 ; il vient de déclarer que les achats d’actifs par la BCE cesseront seulement quand l’inflation sera jugée suffisante….

    Si l’on considère les graphiques de la dette mondiale, du Dow Jones, de l’or et des obligations, on constate que la folie douce a commencé à s’emparer des esprits dans les années 1994-1995, avec des courbes qui grimpent à la verticale à une vitesse hallucinante. La dette mondiale était de 30.000 milliards de dollars en 1994 ; elle s’élève, aujourd’hui, à 230.000 milliards de dollars. Le PIB de l’économie réelle est le seul graphique qui se traîne lamentablement vers le bas à un rythme trop lent. Cela sent donc à plein nez le chaos et l’écroulement des actions à venir. 

    Le journal The Economist du 10 février 2018 pressent également un krach financier. Il s’étonne des bulles sur les actions Tesla et Uber car les marchés se refusent à tirer les conséquences de l’envolée des pertes en 2017. Il remarque que l’euro a progressé de 17 % en un an sans que cela inquiète les dirigeants européens. Il est préoccupé par le parcours du bitcoin, passé de moins de 1.000 dollars, début 2017, à près de 20.000 dollars, en décembre, et 6.000, début février 2018, tout comme par l’effondrement d’un fonds de 1,9 milliard de dollars du Crédit suisse indexé sur la volatilité dont la valeur s’est effondrée de 92 %, le 6 février 2018, quand le Dow Jones a perdu 4,6 %. 

    Pour The Economist, le niveau du Dow Jones est 60 % plus haut qu’avant le précédent krach de 2008 et les seules questions en suspens sont le moment du prochain krach (2019, 2020 ou 2021 ?) ainsi que le facteur déclenchant (Tesla ou Uber, hausse du pétrole et regain de l’inflation, avec hausse des taux, ou crise financière en Italie ?).

    L’Italie, avec sa dette publique de 2.200 milliards d’euros (132 % du PIB) et son système bancaire malade (263 milliards d’euros de créances douteuses) ne pourra pas supporter la remontée des taux d’intérêt. Si la Bundesbank se retrouve avec une créance excédentaire « Target 2 » de 800 milliards d’euros, la Banque centrale d’Italie se retrouve avec une dette de 400 milliards d’euros envers la BCE. L’Italie est dans une situation financière gravissime et intenable.

    Pour couronner le tout, il suffit de penser aux risques géopolitiques avec la révolte électorale des Italiens contre l’invasion migratoire, à la nomination du faucon Mike Pompeo comme nouveau secrétaire d’État de Trump qui rêve, comme Israël et le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, d’en découdre avec l’Iran.

    Enfin (cerise sur le gâteau), il est tout à fait probable que Trump va engager une violente guerre commerciale avec la Chine pour la punir de ses infractions aux lois sur la propriété intellectuelle ainsi que pour son excédent, en 2017, de 342,8 milliards de dollars avec les États-Unis.  • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

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