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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1169

  • Patrimoine cinématographique • Premier mai

     

    Par Pierre Builly  

    Premier mai de Luis Saslavsky (1958)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpg

    Le populo comme on l'aime  

    Si ce délicieux petit film communiste avait dix minutes de moins (et il est pourtant déjà court), ce serait un bijou sans défaut ; mais la fin est un peu trop gentillette et larmoyante et gâche légèrement (mais légèrement, vraiment) la grâce initiale...

    Cela dit, quelle jubilation ! Lorsque j'écris film communiste, il ne faut pas imaginer que ça puisse ressembler à La vie est à nous, (la remarquable réalisation de propagande de Jean Renoir) et moins encore aux réalisations gauchistes de Marin Karmitz, Joris Ivens, Chris Marker ou Romain Goupil.

    Premier_Mai.jpgPremier mai illustre parfaitement ce qu'on a appelé Le bonheur d'être communiste où, dans cette église bien particulière, on avait la certitude de vivre dans un monde binaire, mais destiné à irrésistiblement passer, à terme assez bref, dans la Dictature du prolétariat et, un peu plus tard, dans la Société sans classes.

    Dans Premier mai, tous les prolétaires sont bons, altruistes, généreux, débrouillards et honnêtes ; il y a quelques canailles qui sont issues de la classe ouvrière, mais qui en sont honteuses (Gabrielle Fontan) ou qui l'ont scandaleusement trahie en pactisant avec des marlous et aristocrates décavés (Maurice Biraud, qui entraîne Yves Montand, le prolo au cœur pur, vers les vertigineuses et immorales abysses du jeu et du libertinage). Anecdotiquement reconnaître l’extraordinaire gueule d'Alice Sapritch, en pute noiraude et fatidique).

    Comme ça, j'ai l'air de me moquer, alors que je ruisselle de tendresse pour ce monde de pt'its gars plombiers-zingueurs, de bistrots accueillants et chaleureux, d'entraides populaires, de pavillons bien astiqués et... de pruderie touchante... 

    Car il ne faut pas croire que le Parti de Maurice Thorez (et de son austère compagne Jeannette Thorez-Vermeersch) se distinguait beaucoup, en matière de morale avec la vertu la plus traditionnelle : devant le gamin de 8 ans qui pense que le petit frère (ou la petite sœur ; comme il dit, les filles, c'est aussi des gens !) va être livré comme un colis, puisqu'on n'a pas décidé d'aller le chercher directement en magasin, tout le monde rivalise de gêne et angoisse à l'idée que le gamin pourrait apprendre que les bébés ne naissent pas dans les choux). 

    Premier mai film 1958 Luis Saslavsky (1).jpgEt même si le personnage positif (la radieuse Nicole Berger, qui mourut dix ans plus tard, à 33 ans, dans un accident de la route) est posée en avant-garde progressiste, envisageant même de céder avant mariage aux assiduités de son fiancé (on voit l'audace !), la vertu règne. 

    Doux monde de 1957, où toute une banlieue de Paris est en fête et où à chaque coin de rue, on vend des bouquets de muguet. Ce doit être Nanterre ou Puteaux (puisqu'on distingue, sur nombre d'images, le CNIT en construction, CNIT aujourd'hui pièce majeure du quartier d'affaires de La Défense, et qui fut inauguré en 1958). .

    Oui, Nanterre ou Puteaux... Qui se souvient aujourd'hui, où la ville, précisément grâce à la manne de La Défense, est une des plus riches communes de France que Montand, en 1944 chantait dans Luna Park : 

    titre-original-premier-mai-titre-en-anglais-le-premier-jour-de-mai-directeur-luis-saslavsky-film-annee-1958-stars-yves-montand-credit-gemma-cinematografica-album-p2.jpgDans mon usine de Puteaux
    On peut dire que j'ai le fin boulot
    Ça f' sait bien trois cent soixante cinq jours de long
    Que j' vissais toujours le même sacré petit boulon
    Mais cela ne m’empêche pas de chanter
    Hidlele hidlele hideledele 

    Il y avait des usines à Puteaux, à Nanterre, à Levallois... Qu'est-ce que ça date... Les ouvriers endimanchés, le zinc reluisant, les religieuses en cornette, les Cadillac immenses et mal famées... 

    Les lendemains chantaient...  

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    DVD autour de 13 €     

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel a pour seul objet de marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

  • Patrimoine • Paris, Arche du Temps : un film qui parlera aux lecteurs de LFAR, c'est certain !

    Notre-Dame qui brûle c'est Paris qui est frappée au cœur.

    Il y a mille chemins pour approcher une ville aussi riche que Paris. Ce documentaire extraordinaire de Paul Barba Negra et Jean Phaure consacré à la ville-lumière choisit l’angle traditionnel, à travers une étude de sa géographie sacrée.

     

    53 minutes - Merci à Rémi Hugues.

    Paris, ville fluviale par excellence, dont l’emblème est un navire « secoué par les flots mais qui ne coule pas ». Sa devise, Fluctuat nec mergitur, montre l’importance que représente la Seine pour Paris. Ce fleuve, qui coule entre l’Orient et l’Occident, contient dans son sein deux genres de poissons. Ceux qui, éveillés, luttent contre le courant, et porteurs de la mémoire de l’âge d’or, remontent vers la source, c’est-à-dire vers l’Orient, et ceux qui, endormis, se laissent pousser vers l’Occident, jusqu’à à l’océan de la dissolution et de l’oubli. D’où peut-être le tumulte permanent de la capitale de la France…   

    Réalisé par Paul Barba Negra. Texte : Jean Phaure. Lu par Michel Bouquet. 1981.
  • Poésie • Où Maurras en de très beaux vers dit l'essence de son combat ... Le nôtre

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    LA PRIÈRE DE LA FIN [Extrait]

    ... Ce vieux coeur de soldat n'a point connu la haine
    Et pour vos seuls vrais biens a battu sans retour*.

    Le combat qu'il soutint fut pour une Patrie,
    Pour un Roi, les plus beaux qu'on ait vus sous le ciel,
    La France des Bourbons, de Mesdames Marie,
    Jeanne d'Arc et Thérèse et Monsieur Saint Michel.

    Notre Paris jamais ne rompit avec Rome.
    Rome d'Athènes en fleur a récolté le fruit,
    Beauté, raison, vertu, tous les honneurs de l'homme,
    Les visages divins qui sortent de ma nuit.

     

    Clairvaux, juin 1950

    * Maurras s'adresse ici au Seigneur

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    Saint-Michel - Mont-Mercure, Vendée

  • Exposition • Avant-gardes déconfites

    Alexandre Deïneka, Lénine en promenade avec des enfants,1938. Musée Central des Forces Armées, Moscou. © Adagp, Paris, 2019

    Par Richard de Sèze

    La Russie soviétique est devenue un continent aussi fabuleux que le royaume du Prince Jean.

    L’envie d’oublier – la nécessité d’oublier – se cumule avec la nostalgie intellectuelle pour un univers qui fut brièvement unifié au prix du totalitarisme mais réussit précisément à produire une totalité. Les amateurs se délectent des immeubles brutalistes, des abribus aberrants et des cimetières de statues communistes. Une utopie s’était enfin incarnée, on peut observer les traces tangibles d’une « dystopie ».

    L’exposition a fait le choix de montrer la bascule entre deux conformismes, le socialisme et son vocabulaire des années 20, puis le réalisme socialiste lentement installé par Staline (1929) et les commissaires politiques qui le précédèrent (qu’on songe seulement à la manière dont Boulgakov, pour ne citer que lui, fut persécuté). L’art était rebelle, révolutionnaire et politique, il est devenu institutionnel, socialiste et politique, et le moins qu’on puisse dire c’est que le parti en place préférait la lisibilité et l’intelligibilité à tout. Le formalisme, l’expressionisme, le productivisme et le constructivisme, si aimables ou efficaces (les montages photographiques sont justement célèbres, comme Le Monde nous l’a rappelé naguère avec sa couverture dédiée à Macron) qu’ils nous paraissent aujourd’hui – mais peut-être ne les décryptons-nous qu’à la lumière de ce qui s’est passé depuis ? Il y a là un laboratoire fascinant d’ajustement social : le rêve des artistes progressistes était de produire un art populaire avec des formes élitistes, les soviétiques ont accouché d’un art réellement populaire avec des formes narratives classiques.

    Photo-art-C.jpgLe réalisme socialiste joue ainsi sur deux niveaux : la perception et la retranscription immédiate d’une réalité phénoménologique, pour ainsi dire, dans la lignée de la grande peinture d’histoire (qui perdura longtemps en Europe si l’on veut bien considérer toute la production artistique et non pas seulement ce que l’histoire de l’art française produit comme récit orienté), d’une part, et d’autre part une politique culturelle réaliste : si cela ne marche pas, si cela n’est pas facilement compréhensible, produisons les formes qui nous permettront d’obtenir l’effet visé et n’écoutons pas les artistes eux-mêmes qui maitrisent peut-être leur art mais ne savent pas en maîtriser la réception. L’avant-garde caracole si loin devant qu’elle se perd… Le pouvoir soviétique ira chercher du côté des peintres réalistes russes du XIXe, les Ambulants, dont le réalisme social et l’inspiration religieuse furent pervertis, les nouveaux réalistes ne peignant que des icônes à la gloire de Staline et des avenirs radieux peuplés de corps glorieux. A. Deïneka et A. Samokhvalov sont passionnants à cet égard, avec une Pause déjeuner au Donbass (1935) où des corps d’athlètes nus courent vers le rivage, droit sur le peintre : les peintres enjolivent la réalité mais ont tout retenu des leçons des années 20. [Illustration ci-contre ©Thibaut Chapotot pour la Rmn-Grand Palais]

    On peut regretter le mouvement, et on sent que l’exposition nous incline à le penser, même si elle s’essaye avec bonheur à faire découvrir des artistes ignorés ou mésestimés. Mais quand on lit, à l’entrée d’une salle, que « Les pièces de mobilier, généralement transformables ou mobiles, sont conçues [par les artistes productivistes] pour rendre à l’homme la maîtrise de l’objet. Restant à l’état de prototype faute de débouchés, elles sont néanmoins utilisées au théâtre, au cinéma ou dans certaines grandes expositions », on ne peut que constater l’échec : le peuple ne suit pas et n’a pas envie d’être guidé par de glorieux pionniers. La prétention constante de ces avant-gardes à imaginer et offrir des outils d’émancipation qui ne convainquent et ne libèrent personne est remarquable, et on sait que désormais il faut à la fois expliquer qu’on éclaire et se débrouiller pour être assez obscur pour que seule une élite sache vous apprécier. Pas de confrontation au réel de masse !

    Quant au réalisme artistique politique, disons qu’avec Louis XIV cela produit quelques chefs d’œuvre officiels et des chefs-d’œuvre non officiels en nombre considérable mais qu’avec Staline ça aboutit à des tableaux aussi merveilleux que Lénine en promenade avec des enfants sous un beau soleil (1938), toile qui fait presque deux mètres de large, dans des tons joyeux et doux – et rien à côté puisque seul l’art officiel est autorisé. L’exposition est remarquable pour sa pédagogie de cette bascule inexorable, et la seconde partie, qui offre toutes les peintures conformes au nouveau régime, rassemble des tableaux étonnants autant par leurs qualités plastiques que par le décalage social qu’ils manifestent. La leçon est à la fois esthétique et politique, ironique et lointaine défaite de ses promoteurs.   

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    Salomon Nikritine, Le tribunal du peuple, 1934. Huile sur toile. Moscou, Galerie nationale Tretyakov. © Collection de la Galerie nationale Trétiakov, Moscou

    Rouge. Art et utopie au pays des Soviets. Paris, Grand Palais, jusqu’au 1er juillet 2019.

    Richard de Sèze
  • Cinéma • Simetierre

    Par Guilhem de Tarlé     

    À l’affiche : Simetierre, un film américain de Kevin Kölsch & Dennis Widmyer, avec Jason Clarke, Amy Seimetz et Jeté Laurence (les parents et leur fille, Louis, Rachel et Ellie Creed), ainsi que John Lithgow (le voisin, Jud Crandall) ; remake d’un film, portant le même nom, de Mary Lambert (1989) et adapté d’un roman éponyme de Stephen King (1983).

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    Je n’ai jamais rien lu de Stephen King, contrairement à mon épouse et surtout l’une de mes filles. C’était donc une bonne occasion de faire connaissance avec cet auteur de thriller, d’autant plus que c’est un genre que nous aimons bien au cinéma.

    En outre, ce 15 avril était l’anniversaire de mon épouse à la charnière de deux dizaines… Plutôt le célébrer dans une salle obscure et au resto, que de rester plantés devant notre télé à écouter la « sangsue qui suce le sang du peuple » pour reprendre l’expression de Jean Anouilh dans La belle vie.

    Capture d’écran 2018-10-10 à 16.53.10.jpgD’un vampire à l’autre, j’ai presque regretté mon choix et notre dîner a failli mal passer devant ce film d’épouvante…

    Reconnaissons que les réalisateurs ont su, surtout en 1ère partie, me plonger dans l’angoisse à telle enseigne que j’avais hâte d’être à la fin du film…

    ps 2.pngAdmettons que cette montée d’adrénaline soit l’intérêt de ce scénario ultra violent et farfelu, sauf l’idée diabolique d’un apprenti sorcier qui, ne croyant pas en l’Au-delà,  fait revivre les morts sur terre.

    Ce même soir, le Diable, hélas, ne faisait pas du cinéma, ni au Simetierre (pourquoi cette faute, d’ailleurs soulignée par la petite Ellie ?), ni à la télévision où « Jupiter » a renoncé d’aller… Non, ce 15 avril 2019, le Diable était bien réel s’efforçant de détruire dans ses flammes la cathédrale Notre-Dame de Paris.   

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.
  • APRÈS LA CONFÉRENCE DE PRESSE D'EMMANUEL MACRON, NI OPTIMISME NI ADHÉSION

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgDès son accession à la présidence de la République, nous avions dit que nous jugerions Emmanuel Macron aux actes et non aux paroles. 

    Le Chef de l'État est bavard et sa parole multiple, contradictoire, ambiguë, Ce sont donc ses actes qui comptent. 

    En matière d'immigration, de sauvegarde de notre identité nationale sous tous ses aspects, culturels, spirituels et de peuplement,  ses actes ont été tout sauf positifs. Sur ces sujets si sensibles et si cruciaux, sa politique en termes de résultats, peut même être jugée pire que celle de ses prédécesseurs. Il a surtout renforcé l'influence des minorités de tous ordres, y compris les plus étrangères à notre peuple et les plus marginales, plutôt que la France profonde, historique et traditionnelle. Il n'a pas défendu les Français qui, dans leur majorité, en sont les héritiers. 

    Ses illusions mondialistes et européistes constamment réaffirmées, d’ailleurs à contre-temps, au prix de son isolement international, n'ont pas davantage servi le pays.  

    Il n'est pas temps d'analyser sérieusement la conférence de presse qu'il a tenue hier soir. Malgré telles ou telles inflexions de son propos dans un sens plus national, voire plus « patriotique », dont on ne sait quels effets ils pourront avoir et dont on peut douter qu'ils en aient, notre règle d'or des débuts du quinquennat demeure la plus pertinente : attendons les actes et jugeons l'action du Chef de l'État sur les résultats. Pour l'instant, avec un recul de deux ans déjà, ils n'induisent ni à l'optimisme ni à l'adhésion.   

  • Notre-Dame de Paris, prochaine victime de l’idéologie du dépoussiérage

    Une tribune de Bérénice Levet

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpg Les progressistes qui nous gouvernent sont incapables de concevoir que les chefs-d’œuvre du passé comme la cathédrale de Paris sont en avance sur nous, s’alarme ici Bérénice Levet*. [Le Figaro, 24.04]. Cette tribune consacrée à « Emmanuel Macron et Notre-Dame de Paris », nous a vivement intéressés. Elle ne manquera pas de retenir l'attention des lecteurs de notre site. C'est, dans le trouble et l'émotion qui ont suivi l'incendie de Notre-Dame « une cure d'altitude mentale ».   Lafautearousseau. 

     

    XVMfc375418-65cd-11e9-886f-2e1105865bd6-250x250.jpgDécidément, depuis quelques mois, quoi qu’il advienne, le président Emmanuel Macron est rappelé à cette vérité, cruelle pour lui : il n’est pas à la tête d’une start-up nation mais d’un peuple, c’est-à-dire d’une communauté, historiquement constitué, héritier d’une longue, d’une très longue histoire. Et à laquelle il est infiniment attaché.

    L’émoi, l’ébranlement, l’anxiété qui ont saisi les Français lorsqu’ils ont découvert, lundi dernier, la cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes, l’a une fois encore vérifié.

    Cette nuit-là, pour paraphraser Paul Valéry, Notre-Dame n’a pas péri, mais s’est sentie périr. Venue d’une autre rive temporelle, Notre-Dame de Paris nous dit l’épaisseur des siècles dont nous sommes les héritiers et les débiteurs. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas que des hommes du XXIe siècle, et c’est bien pourquoi nous ne devons jamais la conjuguer au présent.

    « Ce que nos pères nous ont dit », c’est le titre que le maître de Proust en matière d’art, John Ruskin, devait donner à la série d’ouvrages qu’il projetait de consacrer aux cathédrales après l’écriture de sa Bible d’Amiens. En vertu de leur pérennité, de leur potentielle immortalité, - qui tient à leur essence, au fait de n’être ni des produits de consommation, ni de simples objets d’usage, car si la cathédrale a bien une fonction religieuse, sa magnificence ne s’explique que par sa destination, elle est bâtie ad majorem gloriam dei - avec les œuvres d’art, les monuments composent ce que Hannah Arendt appelait « la patrie non mortelle des êtres mortels ». Monde commun des vivants et des morts.

    Les cathédrales renvoient aux fondements de notre civilisation, à ses fondations en un sens très concret, à ce qu’on acceptera d’appeler les racines chrétiennes de la France, pourvu qu’on y entende monter la sève qui irrigue et inspire et non ce qui immobilise, fixe et fige. Les bâtisseurs des cathédrales sont d’abord les bâtisseurs d’une civilisation - à laquelle nous ne tenons plus que par des fils ténus. Et si nous avons tant tremblé au cours de la nuit du 15 au 16 avril, hantés par la perspective d’un éboulement complet de Notre-Dame, c’est que sa disparition eût été comme l’indice d’un fil qui se rompait, d’une page qui se tournait.

    Aussi longtemps que ces témoins du passé demeurent fièrement debout, nous ne pouvons pas tout à fait oublier qui nous sommes. « Ce n’est pas le curé de l’église voisine qui a converti nos enfants et nos frères, écrivait Emmanuel Levinas, c’est Pascal, c’est Bossuet, c’est Racine, ce sont les bâtisseurs des cathédrales de Chartres et d’ailleurs. » Les cathédrales nous sont une inlassable piqûre de rappel de ce que l’histoire de la France ne commence pas avec nous, non plus avec la Révolution et la Déclaration des droits de l’homme, qu’une patrie n’est pas qu’ensemble de valeurs ou alors des valeurs incarnées à la fois par des hommes et précisément par ces chefs-d’œuvre de pierre qui disent l’âme d’un peuple.

    Or, dès le lendemain de la catastrophe de Notre-Dame, le 16 avril au soir, Emmanuel Macron a tenu à prendre la parole. Et la tonalité de son « adresse aux Français », ainsi qu’il l’a présomptueusement qualifiée, fut celle d’un chef d’entreprise obsédé de « positive attitude », galvanisant ses troupes à grand renfort de formules managériales - « devenir meilleurs que nous ne le sommes » - et cédant, nous y sommes accoutumés, à ce verbiage destiné à satisfaire en même temps progressistes et conservateurs. À l’attention de ces derniers, le président ne manque pas d’évoquer la « continuité qui fait la France », cette « France spirituelle ». Volontarisme de surface pour mieux dissimuler ses manquements, et le mot est faible, en matière de politique patrimoniale.

    Enfant gâté trépignant d’impatience, avant même qu’un état des lieux n’ait été établi, Emmanuel Macron fixait une échéance : « Je veux que ce soit achevé d’ici cinq années. » Attitude qui témoigne d’un esprit consumériste qui a pénétré jusqu’au sommet de l’État : tout, tout de suite ! Depuis, la question agite les médias : cinq années, est-ce réalisable ? Cette question est hors de propos et étrangère à l’esprit des bâtisseurs de cathédrales.

    Loin de la compassion que Simone Weil promettait aux choses qui se découvrent à nous « belles, précieuses, fragiles et périssables » - et c’était bien ce que l’incendie venait de nous révéler : l’altière et souveraine Notre-Dame de Paris, qu’on voulait croire éternelle, pourrait ne plus être -, le tour que prend la reconstruction de Notre-Dame fait songer au philosophe Gunther Anders décrivant la psychologie des modernes : « Tout pouvant être reconstruit, l’anéantissement n’est pas si grave et peut même être une chance. » Non seulement reconstruit mais, chance plus grande encore, remplacé. Dans le monde des progressistes, « plus de perte, plus de deuil - ce mot si humain », commente magnifiquement mais tristement le philosophe. Et c’est ce que nous devions apprendre le lendemain. Les vivants, les contemporains étaient appelés à remplacer les morts.

    Dès le 17 avril, Edouard Philippe annonçait en effet le lancement d’un concours international pour reconstruire la flèche afin de trancher la question de savoir si on la reconstruisait à l’identique selon les plans de Viollet-le-Duc ou bien si l’on prenait le parti de « doter la cathédrale d’une nouvelle flèche adaptée - mot talisman des progressistes - aux techniques et aux enjeux de notre présent ». L’Élysée annonçait que le président souhaitait qu’un « geste architectural contemporain puisse être envisagé ». Traduisons : l’incendie qui a détruit la flèche nous offre enfin l’occasion de dépoussiérer Notre-Dame, de la mettre au goût du jour.

    On notera l’ingratitude à l’égard de Viollet-le-Duc qu’une telle décision implique : profiter ainsi de l’incendie qui a détruit son œuvre pour le faire lui-même flamber dans un grand feu grégeois est d’une extrême brutalité. Comment ne pas songer à T.S. Eliot dénonçant « le provincialisme non de l’espace mais du temps ; pour lequel le monde est la propriété des seuls vivants, propriété où les morts n’ont pas de place » ?

    Ainsi après Molière, Racine, Mozart, après le Louvre et sa galerie Médicis investie par le ver de terre de Jan Fabre rampant au pied des Rubens, après Versailles colonisé par le « vagin de la reine » d’Anish Kapoor, la place Vendôme défigurée par le « plug anal » de McCarthy, Notre-Dame risque-t-elle bien d’être la prochaine victime de cette redoutable esthétique du dépoussiérage et de l’actualisation. Anne Hidalgo proposera peut-être d’y percher le bouquet de tulipes de Jeff Koons accepté par la Ville de Paris mais dont personne ne sait réellement que faire ?

    L’homme cultivé, disait Hannah Arendt, se reconnaît à ce que nous pouvons compter sur lui pour prendre soin des œuvres d’art. Cela vaut pour une nation. S’il est un domaine où il faut redevenir conservateur, c’est bien, avec l’école, celui de la culture. Si notre président tient absolument qu’à quelque chose malheur soit bon, ce ne peut être qu’à instaurer une politique patrimoniale digne de ce nom. La charge symbolique de Notre-Dame est assurément incommensurable mais l’identité de la France au sens le plus charnel du terme, sa physionomie dépend intensément de la pérennité de ses églises, de ses clochers, de la persistance de ce « blanc manteau d’églises » dont s’est tôt revêtue la France.

    « Alors oui, nous rebâtirons la cathédrale, plus belle encore », s’est enthousiasmé Emmanuel Macron. Parole par excellence de progressiste, incapable de concevoir que le passé puisse avoir quelque avance sur nous et assuré qu’aujourd’hui ne peut qu’être supérieur à hier. Invitons notre président à méditer, devant le vitrail de la cathédrale de Chartres les illustrant, les célèbres paroles de Bernard de Chartres : « Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu’eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu’ils nous portent en l’air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque. »    

    * Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie au Centre Sèvres. Elle vient de faire paraître Libérons-nous du féminisme !  aux éditions de l'Observatoire, 2018. Elle avait publié précédemment « Le Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016). 
  • COMMENT SORTIR VRAIMENT DES QUERELLES CIVILES ? RECONSTRUIRE LA NATION ? RELIRE LA SATIRE MÉNIPPÉE

    300px-Henri_IV.jpgÔ Paris, qui n'es plus Paris !

    Henri IV n'a pas encore reconquis son royaume. La France est divisée. Elle est en guerre. Des Etats-Généraux chaotiques fracturent le pays. Pour sortir des querelles civiles, ce texte de 1594 soutient la cause du roi légitime, le futur Henri IV. LFAR

    « Nous aurons un Roi qui donnera ordre à tout, et retiendra tous ces tyranneaux en crainte et en devoir, qui châtiera les violents, punira les réfractaires, exterminera les voleurs et pillards, retranchera les ailes aux ambitieux, fera rendre gorge à ces éponges et larrons des deniers publics, fera contenir un chacun aux limites de sa charge, et conservera tout le monde en repos et tranquillité.

    Enfin, nous voulons un Roi pour avoir la paix, mais nous ne voulons pas faire comme les grenouilles, qui, s'ennuyant de leur Roi paisible élurent la cigogne qui les dévora toutes. Nous demandons un Roi et chef naturel, non artificiel; un Roi déjà fait, et non à faire; et n'en voulons point prendre le conseil des Espagnols, nos ennemis invétérés, qui veulent être nos tuteurs par force, et nous apprendre à croire en Dieu et en la foi chrétienne, en laquelle ils ne sont baptisés, et ne la connaissent que depuis trois jours. Nous ne voulons pour conseillers et médecins ceux de Lorraine, qui de longtemps béent après notre mort. Le Roi que nous demandons est déjà fait par la nature, né au vrai parterre des fleurs de lis de France, jeton droit et verdoyant du tige de Saint Louis. Ceux qui parlent d'en faire un autre se trompent, et ne sauraient en venir à bout. On peut faire des sceptres et des couronnes, mais non pas des Rois pour les porter; on peut faire une maison, mais non pas un arbre ou un rameau vert: il faut que la nature le produise, par espace de temps, du suc et de la moelle de la terre, qui entretient le tige en sa sève et vigueur. On peut faire une jambe de bois, un bras de fer et un nez d'argent, mais non pas une tête. Aussi pouvons-nous faire des Maréchaux à la douzaine, des Pairs, des Amiraux, et des Secrétaires et Conseillers d'État, mais de Roi point ; il faut que celui seul naisse de lui-même, pour avoir vie et valeur. Le borgne Boucher, pédant des plus méchants et scélérés, vous confessera que son œil, émaillé d'or d'Espagne, ne voit rien. Aussi un Roi électif et artificiel ne nous saurait jamais voir, et serait non seulement aveugle en nos affaires, mais sourd, insensible et immobile en nos plaintes...

    En un mot, nous voulons que Monsieur le Lieutenant sache que nous reconnaissons pour notre vrai Roi légitime, naturel, et souverain seigneur, Henri de Bourbon, ci-devant Roi de Navarre. C'est lui seul, par mille bonnes raisons, que nous reconnaissons être capable de soutenir l'Etat de France et la grandeur de la réputation des Français, lui seul qui peut nous relever de notre chute qui peut remettre la Couronne en sa première splendeur et nous donner la paix. »

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     Monseigneur le Comte de Paris

    Relation burlesque des États Généraux de 1593 manipulés par la Ligue et les Espagnols. Le titre évoque le philosophe cynique grec Ménippe (III° siècle av. J.-C.). Cette œuvre collective est surtout rédigée par le juriste Pierre Pithou. Elle défend la paix, l'indépendance nationale et l'hérédité dynastique française.
    Principal auteur, P. Pithou (1594)
  • Si les disciples se taisent, les pierres crieront

    par François Schwerer

    François-2012.jpgLa Semaine Sainte dans la France de 2018 avait été marquée par l’attentat de Trèbes et l’assassinat du gendarme Arnaud Beltrame. Celle de 2019 a vu Notre-Dame ravagée par les flammes. On s’interrogera longtemps sur les causes réelles de l’incendie et l’on se disputera sur la reconstruction du monument de pierre. Ici, plus simplement, essayons de faire une lecture symbolique de ce qui s’est passé.

    L’incendie est intervenu alors que l’Eglise universelle est en flamme et quelques jours à peine après que Benoît XVI, qui le lendemain fêtait son 92e anniversaire, venait de lancer son brûlot sur les causes de la crise qui secoue la barque de Pierre. Il y avait particulièrement remarqué qu’aujourd’hui, « l’Eglise meurt dans les âmes » et que « c’est une inertie du cœur qui nous conduit à ne pas vouloir (…) reconnaître » les « témoin(s) du Dieu vivant ».

    A ce moment, la France aussi était en feu et c’était ce 15 avril qu’Emmanuel Macron avait décidé d’intervenir pour essayer d’éteindre le feu allumé par la crise des « gilets jaunes ». C’est Notre-Dame, « la première en chemin », qui a tout bouleversé.

    Les premières images du sinistre montrent une fumée blanche qui s’échappe du pied de la flèche, comme celle qui sort de la cheminée de la Chapelle Sixtine lors de l’élection d’un nouveau pape. Cette fumée-là annoncerait-elle donc un nouveau départ pour l’Eglise qui est en France ?… Et comme certains veulent que Notre-Dame appartienne au patrimoine universel, s’agirait-il d’une nouvelle ère pour le monde ?

    Plus tard, l’orgueilleuse flèche est tombée. Doigt pointé vers le ciel, chef-d’œuvre de la démesure dont l’architecte s’est représenté lui-même à ses pieds, sous l’apparence de l’apôtre Thomas l’incrédule. Il regarde le sommet de la flèche, la main en visière au-dessus de ses yeux pour ne pas être ébloui par cette prouesse humaine, matérielle et technique. Mais, la flèche en tombant a percé la voute de la nef (voute qui a tenu malgré la chute de la clé de voûte, la chaleur qui fend la pierre et le poids de l’eau) comme la lance du soldat avait percé le cœur du Christ.

    Pendant l’incendie, il y avait des badauds en silence sur les ponts et dans les rues adjacentes, mais la foule rassemblée place Saint-Michel priait. Et l’on sait maintenant que l’aumônier des pompiers de Paris, l’abbé Fournier, ce héros du Bataclan et de la guerre en Afghanistan, après avoir sauvé la couronne d’épines, est retourné dans le brasier pour aller mettre les hosties contenues dans le tabernacle de l’autel dédié à saint Georges (celui qui terrasse le dragon) à l’abri et, avec elles, bénir la cathédrale en flamme.

    Les drones qui ont survolé Notre-Dame, pendant le sinistre, ont fait briller dans la nuit des ténèbres une croix rouge comme le sang, qui illuminait Paris. Le plan sur lequel est bâti la cathédrale est, à lui seul un témoignage de la foi des artistes anonymes qui nous légué un tel héritage.

    Quand les pompiers ont pu enfin entrer dans le fond de la nef ils ont pu constater et montrer au monde entier que la grande croix dorée qui surmontait l’autel, la piéta, les statues de Notre-Dame n’avaient pas été abîmées. Notre Dame, toujours debout au pied de la croix. En découvrant ces images, l’artiste qui avait sculpté cette magnifique croix glorieuse, Marc Couturier, a été très étonné de la voir si brillante :

    « C’est mystérieux, c’est très étrange ! Car elle n’est pas éclairée… cette lumière qui émane de la croix, c’est étonnant… Elle remplissait son devoir : resplendir dans la nuit et dans le chaos. »

    Aux pieds de la piéta, si la statue de Louis-Dieudonné (Louis XIV) n’a pas été atteinte non plus, celle de Louis XIII offrant sa couronne à la Reine du Ciel a été juste décapitée (comme Louis XVI). Elle semble avoir été atteinte par un coup donné latéralement alors que la cause de sa mutilation venait d’en-haut. La couronne de France, elle, est demeurée intacte, offerte à Notre-Dame, qui est Reine de France.

    Le coq de bronze qui était au sommet de la flèche pour servir de « paratonnerre spirituel » aux chrétiens et aux parisiens et qui renfermait trois précieuses reliques (de saint Denis, de sainte Geneviève et une épine de la couronne d’épines) a été retrouvé dans les décombres, n’ayant pas fondu malgré la chaleur. Pourtant le bronze fond à moins de 900° et la couleur des flammes et de la fumée montrait que cette température devait être dépassée.

    L’émotion suscitée dans tout le pays, les promesses de dons pour la reconstruction montrent, comme l’a exprimé Monseigneur Rougé, évêque de Nanterre, « ce paradoxe singulier d’une France qui est à la fois l’un des pays les plus laïques au monde et en même temps l’un des plus viscéralement catholiques ». Cela suffira-t-il à réveiller les croyants ? Se souviendront-ils que, la veille, à la fin de la procession des rameaux, ils entendaient la voix du Christ leur disant que si les disciples se taisent, « les pierres crieront » ?  ■  

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    Dans le chœur dévasté, la croix de l’autel demeure.

    Le témoignage de l'aumônier des pompiers de Paris

  • Toujours à propos de Notre Dame ... De qui sont ces vers étonnants ?

    l’An Deux mille n’aura pas lieu (Extraits)

    « Donnez-moi votre cathédrale pour à voix haute y dire 
    Ce que je porte en moi comme un enfant qui ne bouge pas encore
    (…..) 
    Une cathédrale par pitié de ce qui demande à naître
    Une cathédrale pour mon royaume 
    Pour ce royaume de misère en moi que je porte 
    Ce royaume de splendeur en moi que je porte 
    Comme un enfant craintivement qui commence à bouger.»

    1963

    Portrait_Aragon.jpgDe qui est ce cri prophétique ? Pas d'un poète catholique. Alors qui ? (Il n'est pas étranger à la Semaine Sainte). 

    Vous serez peut-être étonné de la réponse ... Il s'agit de Louis Aragon.

    [Merci à Henri de sa transmission.]

  • D'accord avec Golnadel : « Quand l’incendie de Notre-Dame révèle la bêtise de l’UNEF »

             Mélanie Luce, présidente du syndicat Unef. Sébastien SORIANO/Le Figaro

    Par  

    296519203.jpg Pour Gilles-William Golnadel, l’actualité montre chaque jour un peu plus l’absurdité qui régit « la rive gauche du spectre idéologique », dont les réactions des membres de l’UNEF à l’incendie de Notre-Dame sont le visage éclatant.[Figarovox, 23.04]. Il le démontre avec courage, lucidité, sans craindre de dire les choses. Il a raison.   LFAR

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    « La bêtise habite désormais au coin de la rue, à gauche en sortant. »

    Cette semaine, ce bêtisier nous montre dans quel quartier de la rive gauche du spectre idéologique la sottise a définitivement élu sa résidence principale. C’était un quartier, autrefois surpeuplé, désormais déserté par l’intelligence.

    La générosité n’y trouve plus son gîte. Et pourtant, c’est ici encore où les snobs préfèrent traîner.

    Visitons quelques lieux privilégiés, où quelques sentencieux ont déposé des perles d’inculture.

    L’UNEF tout d’abord. Ainsi, comme tout se sait, une certaine Hafsa Askar, membre du bureau national de l’UNEF, aura twitté quelques instants après le début du drame de Notre-Dame cette fine pensée :

    « Jusqu’à les gens (sic) ils vont pleurer pour des bouts de bois, wallah (re-sic) vous aimez trop l’identité française alors qu’on son balek (re-sic, traduction libre: on s’en bat les couilles) objectivement c’est vos délires de petits blancs ». Ce beau texte en dit long sur le goût de son estudiantin auteur pour les belles lettres. La présidente de l’UNEF, loin d’exclure sur-le-champ celle qui voulait excommunier ex cathedra les Français blancs, coupables de pleurer leur cathédrale, se fendit d’un communiqué empreint d’une très inhabituelle neutralité.

    En réalité, l’UNEF montrait dans son absence réelle de condamnation une franche cohérence dans sa détestation de la France et dans le fait qu’elle assume d’être devenue le siège de l’islamo-gauchisme estudiantin le plus inepte et virulent.

    Présidente voilée, camps racisés interdits virtuellement aux blancs, jeunes étudiants syndiqués sexuellement harcelés, sans oublier les insultes racistes contre la France, les catholiques et les blancs dont le tweet d’Hafsa Askar constituait l’ultime flatulence. (Avocats Sans Frontières, que je préside, a décidé de porter plainte contre l’auteur du tweet.)

    Et puisque nous sommes dans le cadre d’un bêtisier, nous ne saurions nous priver du dernier gazouillis de Clémence Zamora-Cruz, responsable LGBT, relayée par l’UNEF : « en tant que femme transgenre racisée, je suis intersectionnelle mais ma racisation fait de moi une personne plus privilégiée qu’une personne afro descente (sic) et c’est à cause du colorisme (re -sic) qui créee un privilège entre les personnes racisées ».

    L’UNEF, serait-elle en fait pionnière contre la dépression ? Selon certains scientifiques réputés, lire, chaque jour, un échantillon de son jargon, constituerait remède plus puissant que toutes les médecines chimiques pour vaincre le chagrin, le spleen et la mélancolie.

    La démission du politologue fantasque Thomas Guénolé de chez les Insoumis, et surtout ses conditions méritent également leur place au sein de ce sottisier.

    Elles en disent long, non seulement sur le mouvement politique précité, son management et sa direction mais encore sur l’air du temps (le Figaro 19 avril). Accusé, en interne, de harcèlement sexuel, Monsieur Guénolé reproche à Monsieur Mélenchon et à sa proche Sophia Chikirou (anciennement responsable de Média avec Gérard Miller, avant d’être remplacée, par Aude Lancelin avant qu’elle-même soit remplacée…) une dérive autoritaire. T. Guénolé aurait entamé une procédure judiciaire à l’égard du mouvement. Monsieur Mélenchon s’est dit stupéfait des reproches de Monsieur Guénolé qui lui aurait réaffirmé son amitié et son admiration encore très récemment.

    Prenant cette posture de la victime qui lui sied à ravir, il déclarait : « décidément, rien ne me sera épargné ».

    Mais c’est le procès en harcèlement fait à Thomas Guénolé qui lui vaut principalement les honneurs de la présente chronique. Son accusatrice serait une ancienne de ses étudiantes de Sciences-Po.

    Il aurait fait des compliments sur sa voix ! Plus inaudible encore, Thomas Guénolé aurait osé lui écrire (mais en la voussoyant) : «si je peux me permettre, le rouge vous va très bien. ».

    L’avocat de l’accusé l’innocentait par une exégèse des compliments professoraux : « c’était une blague, il la félicitait d’avoir été convertie à ses idées politiques, parce qu’elle était verte (Émilie été engagée dans Sciences-Po Environnement) et que lui était rouge »

    Monsieur Guénolé est en tout état de cause coupable de ne pas avoir su que lorsqu’on est rouge et féministe, on ne se permet pas de plaisanter avec ses étudiantes. Surtout lorsque l’on s’engage en politique. Toute plaisanterie, d’ailleurs, est désormais bannie.

    Enfin et pour terminer par un grand éclat de rire, il y a cette tribune dans le Monde du 18 avril qui s’interroge lourdement sur la pertinence de la décision du Président de la République de remettre la Légion d’Honneur à Michel Houellebecq. Pour résumer le propos, la Légion d’Honneur est une récompense républicaine qui perd tout son sens dès l’instant où celle-ci serait remise à l’auteur de Sérotonine dont le narrateur, comme toujours dans les romans du récipiendaire, exprime « son dégoût de l’émancipation ». Dans le même ordre d’idées qui se caractérisent sans doute par l’ouverture d’esprit, l’auteur s’indigne qu’on ait rendu un hommage funèbre et national aux Invalides à Jean d’Ormesson. Le rédacteur de la tribune rend hommage à « l’esprit de finesse » d’André Markovic qui, paraît-il, publia dans Le Monde du 11 décembre 2017 une tribune intitulée : « aux Invalides, c’était juste la vieille droite ». 

    Je m’enorgueillis d’écrire dans les colonnes d’un journal qui rend hommage régulièrement à Ken Loach, cinéaste anglais d’extrême-gauche, que je ne porte pas particulièrement dans mon cœur.

    Je crois impossible que Le Monde rende un jour un hommage ou publie la critique positive d’un cinéaste ou d’un écrivain vivant, engagé aussi à droite que Loach l’est à gauche.

    J’oubliais de préciser que l’auteur de cette tribune protestant contre l’honneur républicain rendu à Michel Houellebecq se nomme Jean-Philippe Domecq et est écrivain.

    Il s’agit sans doute d’un auteur de réputation mondiale qui n’a aucune raison de jalouser son honoré confrère.

    Je note que Houellebecq finit comme Domecq. J’essaie de trouver une quelconque explication de l’acrimonie par le patronyme. Mais cela ne rime à rien. Domecq ne finira certainement pas comme Houellebecq.

    La bêtise habite désormais au coin de la rue, à gauche en sortant.  

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    Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Son dernier ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon.
  • La réaction lapidaire de Péroncel-Hugoz : Retour sur « Castaner, le syndrome du rien »

     

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    Oui, Casta c'est bien la vieille, très vieille, gauche marxisante sectaire et confite en bonne conscience, républicarde, laïcarde, fanatique ... 

    Péroncel-Hugoz

    Grand-reporter émérite, membre de la société des rédacteurs du Monde
    Chroniqueur a La Nouvelle Revue Universelle et à lafautearousseau 
    Directeur de la collection « Maroc », Casablanca

     

    A lire dans lafautearousseau ...

    CASTANER ; LE SYNDROME DU « RIEN »

  • CERCLE ALGÉRIANISTE DE MARSEILLE : CONFÉRENCE DE JEAN SÉVILLIA, JEUDI 25 AVRIL... C'EST CE SOIR

     

    Réunion du Cercle algérianiste de Marseille 

    Le jeudi 25 avril 2019, dans les salons de la Maison des travaux publics et du bâtiment, 344 boulevard Michelet 13009 - Marseille 

    Conférence de Jean SÉVILLIA 

    « LES VÉRITÉS CACHÉES DE LA GUERRE D'ALGÉRIE
    LA GUERRE D'ALGÉRIE EST-ELLE TERMINÉE ? »

    Journaliste-Écrivain né à Paris en 1952, Jean SEVILLIA fut Rédacteur en Chef Adjoint au Figaro Magazine dès 1981, et en reste un des chroniqueurs. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages, biographies et essais historiques récompensés en 1997 et en 2004. Son dernier livre Les VÉRITÉS CACHÉES DE LA GUERRE D'ALGÉRIE a obtenu le Prix du GUESCLIN en 2018.
     
    Accueil à partir de 17 heures – Conférence à 18 heures
    Inscriptions préalables avant le 23/04/2019
    auprès de :
    Serge DOMENECH : 04.42.02.60.04 – e-mail : domenech_serge@orange.fr
    Michèle PEPE : 09.51.69.54.53 – e-mail : pepe.michele13@yahoo.fr
    Participation aux frais à régler sur place : 15€ (conférence et apéritif dînatoire)