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Politique et Religion - Page 62

  • Les messages du « voile »

     

    par Annie Laurent

     

    1214153452.jpgLe port du "voile" et son développement actuel comportent des signes adressés aux musulmans et au reste du monde. Ils invitent également à des réflexions concernant aussi bien le regard que l’islam porte sur l’être humain que sur son projet conquérant.
     
    Protéger la femme et assurer sa liberté ; rassurer l'homme et garantir sa vertu

    Le jilbâb, dans ses variantes, met le corps féminin à l’abri de la concupiscence des hommes. "C’est un bouclier" (Bruno-Nassim Aboudrar, Comment le voile est devenu musulman, Flammarion, 2014, p. 155). La liberté et la sécurité de la musulmane sont conditionnées par le port de cet habit spécifique.

    L’imam Hassan Amdouni, établi en Belgique, opposé au voile intégral, donne un sens identique au hidjâb.

    "Le hidjâb est le moyen par lequel Dieu – qu’Il soit loué – honore la femme et met fin au marchandage forcé de son charme, et à l’agression répétée du regard convoitant des hommes ! A ce niveau, le hidjâb œuvre à la fois contre une déstabilisation de l’ordre social et contre le ravalement de la femme au niveau de l’objet" (Le hidjâb, Maison d’Ennour, Paris, 2001, p. 86).
     
    Leïla Babès, sociologue française d’origine algérienne, en tire cette remarque : "Le mot d’ordre est le suivant : le corps de la femme est objet de désir sexuel, elle doit donc le voiler pour assurer la tranquillité des hommes" (Le voile démystifié, Bayard, 2004, p. 11).

    Faut-il penser que l’islam considère l’homme incapable de maîtriser ses sens, au point de devoir enfermer la femme, soit chez elle, soit dans un vêtement enveloppant au dehors ?

    "En déduire comme l’ont fait les exégètes, tout comme le font les musulmans aujourd’hui par la surenchère à laquelle ils se livrent, que la prescription a un caractère éternel et non circonstancié, c’est reconnaître que les hommes musulmans sont des hommes sans éducation, incapables de contrôler leurs instincts animaux"(L. Babès, op. cit., p. 32).

    La retenue est pourtant recommandée à l’homme par le Dieu du Coran :"Dis aux croyants : de baisser leurs regards, d’être chastes. Ce sera plus pur pour eux. – Dieu est bien informé de ce qu’ils font"(24, 30). 
     
    Enfin, revêtu par une jeune fille, le "voile" indique que celle-ci est pieuse et sérieuse, donc prête à être épousée. Mais que dire de ces étudiantes qui portent un hidjâb arrangé avec affectation et coquetterie, sur un visage très maquillé et avec un pantalon moulant, comme on le voit en Egypte ou en Syrie ? Seule la chevelure présenterait-elle un élément troublant pour l’homme au point que la cacher devienne obsessionnel ?

    Rappeler ou réintroduire la condition traditionnelle de la femme en islam

    Lorsqu’il est imposé, et quelle qu’en soit la forme, le "voile" réintroduit dans l’univers mental musulman une conception traditionnelle de l’islam qui postule l’infériorité de la femme.

    Il en devient l’emblème : « porter le voile de façon stricte, c’est vouloir se conformer à la Sunna du Prophète et assumer tout le discours coranique de la relation entre les deux genres » (Viviane Liati, De l’usage du Coran, Mille et une nuits, 2004, p. 271).

    Négation de la femme en tant que personne

    Le voile intégral suggère la négation de la femme en tant que personne, puisque l’expression du visage (tristesse, joie, rire, pleurs, etc.), reflet de l’intériorité, est le vecteur privilégié du dialogue entre semblables. Ce qui poussait Jihane Sadate, l’épouse de l’ancien président d’Égypte, à qualifier ses concitoyennes qui le portaient de "tentes ambulantes".

    Témoignage d’une musulmane qui, ayant été contrainte de porter le niqab, recevait les félicitations de ses proches pour sa "perfection" : "Pourtant, en moi, il n’y avait plus rien. J’étais devenue rien. Sans visage, sans nom, sans volonté, sans désirs" (Zeina, Sous mon niqab, Plon, 2010, p. 88). Non sans souffrance, elle est parvenue à se libérer de ce voile oppresseur.
     
    Obstacles à des rapports humains paisibles et sains, le niqab et la burqa provoquent le regard des autres, ce qui est paradoxal.

    "Ces musulmanes d’Occident [qui portent le voile intégral] se comportent comme des images. Et cela pour exprimer une religion, affirmer une culture qui abomine l’ostentation en général, celle des femmes tout particulièrement, et proscrit les images" (B.-N. Aboudrar, op. cit., p. 19).
     
    Le voile, quel qu’il soit, sépare. Il est ségrégatif et, comme tel, postule aussi la méfiance envers la femme.

    "En voilant la femme, l’islam instaure le doute et la suspicion, non seulement à l’égard de celles qui ne se conforment pas à la norme, mais à l’égard de toutes les femmes. Car, en même temps qu’il dé-montre la femme, le voile en suggère toute la puissance magnétique sur les hommes. Voilée ou non, la femme reste donc un être dangereux, réduit à un corps qui fascine et qui inquiète." (L. Babès, op. cit., p. 44).

    Un féminin masculin

    C’est contre cette conception, inséparable de l’obligation du port du voile, que se sont élevés les pionniers du féminisme arabo-musulman, notamment le premier d’entre eux, l’Égyptien Qasim Amin (1863-1908), diplômé en droit de l’université de Montpellier et auteur de La libération de la femme, ouvrage qu’il publia au Caire en 1899.

    Constatant l’absence de clarté du Coran qui, de toute façon, n’interdit pas aux femmes de montrer leurs visages, il en déduit que le voile relève de coutumes habillées d’un vernis religieux et qui n’ont rien de sacré. "Le voile n’est qu’une affaire de mœurs, pas de religion"(cité par Le Point, n° 2277, 28 avril 2016).

    Il faut donc, explique Amin, adapter la tenue des femmes au bien de la société contemporaine. Or, à ses yeux, l’isolement, à la maison ou sous le voile dans la rue, est négatif socialement car il empêche les femmes d’être des "êtres complets" et de contribuer au progrès des sociétés islamiques. La pensée d’Amin encouragea les musulmanes à se débarrasser de leurs voiles. Le ton fut donné par sa compatriote Hoda Chaaraoui, qui se dévoila publiquement à Alexandrie en 1923.
     
    D’autres intellectuels arabes ont suivi la voie d’Amin. L’un des plus connus est le Tunisien Tahar Haddad (1899-1935), auteur de La femme tunisienne devant la loi et la société (1930), ouvrage qui inspira le Code du statut personnel promulgué en 1956 à l’initiative du futur président Habib Bourguiba. Les femmes étaient désormais libres de choisir leur conjoint, de poursuivre des études, de travailler hors de leur foyer, de voter et d’être des citoyennes à part entière.

    Ainsi, de nouvelles habitudes se sont propagées un peu partout jusque dans les décennies 1970-80, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’islamisme influence le retour du voile, par les idées, la persuasion et la finance.

    Aujourd’hui, dans le chiisme (moins figé que le sunnisme), notamment en Iran, des savants se prononcent contre l’obligation faite aux femmes de se couvrir les cheveux. La réforme qu’ils préconisent est conçue comme allant de pair avec l’émancipation féminine. Ce courant se développe depuis l’élection, en 2013, de l’actuel président, Hassan Rohani.
     
    Promouvoir le communautarisme, affirmer une identité et engager une stratégie de conquête

    Le "voile" constitue une sorte de "certificat d’islamité", d’appartenance à la "meilleure communauté suscitée parmi les hommes" (Coran 3, 110), qui permet de distinguer les musulmanes des "mécréantes". "On se pose en s’opposant. Il y a une altérité irrémédiable et revendiquée" (V. Liati, op. cit, p. 270).

    Promotion du communautarisme

    Le "voile" accompagne des revendications identitaires qui s’affirment dans la vie privée et sociale (cf. le refus de la mixité entre adultes) par la réclamation de droits spécifiques, conformes à la charia (loi islamique), et, sous l’excuse de la liberté religieuse, favorise le communautarisme.

    Telle est la position affirmée par Ahmed Jaballah, président de l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF, affiliée aux Frères musulmans), le 21 novembre 1989, à l’intention du Premier ministre d’alors, Lionel Jospin, au moment de la première "affaire du voile" à l’école, survenue à Creil.

    "Vous laissez entendre que le Coran n’impose pas le foulard. Or le livre sacré des musulmans est très clair et très explicite, et ne laisse aucun doute sur le devoir de chaque musulmane de porter le voile"(Le Monde, 22 novembre 1989, cité par Gilles Kepel, À l’ouest d’Allah, Seuil, 1994, p. 280).

    Revendication identitaire

    Par ailleurs, le retour du voile, qu’il soit volontaire ou qu’il relève d’un conditionnement familial ou social, postule une identité qui ne veut pas se laisser corrompre par l’influence des mœurs occidentales, jugées néfastes. En témoigne cette discussion qui s’est déroulée dans l’Algérie française entre une métropolitaine, Marie, épouse d’un musulman mais refusant de se voiler, et sa belle-mère.

    Marie : "Dieu n’a pas fait la figure des femmes pour la mettre derrière un rideau, honteusement ".
    Sa belle-mère : "Les femmes de chez nous sont des filles de soumission et de patience et non des effrontées dont chacun, dans les rues, peut connaître le visage pour ensuite salir l’honneur" (B.-N. Aboudrar, op. cit., p. 93).

    Stratégie conquérante

    La propagation du "voile" en Europe, la solidarité envers les musulmanes "victimes" de la laïcité et la mobilisation de l’Oumma (la communauté islamique) sont au service d’une stratégie de conquête mise en œuvre par les réseaux liés aux Frères musulmans. C’est ce que démontre  Paul Landau, spécialiste de l’islamisme, dans son enquête sur l’UOIF, Le Sabre et le Coran (éd. du Rocher, 2005). Projet auquel s’oppose le mouvement Objectif France, présidé par Rafik Smati, Français d’origine algérienne.

    "L’évolution vers le radicalisme religieux au fil du temps me confirme dans la conviction que le foulard islamique n’est pas un attribut religieux, mais un outil de conquête politique. Ne soyons pas naïfs : le voile est un étendard de l’islamisme !" (Site Nouvelles de France, 27 avril 2016).

    Pour conclure

    Ce n’est pas en tant que vêtement – sauf dans ses formes aliénantes ou disgracieuses – que le voile islamique pose problème mais à cause du projet dont il est le vecteur, aussi bien dans les pays de tradition musulmane en cours de réislamisation que dans les pays où l’islam s’établit à travers l’émigration.

    Selon Hanifa Chérifi, membre du Haut-Conseil à l’Intégration, les atermoiements de l’Etat français ont entraîné un processus dangereux pour l’unité nationale.

    "Si l’on s’était donné le temps de la réflexion, on se serait rendu compte que le port du voile est un obstacle au processus d’intégration scolaire, sociale et, surtout, d’intégration dans le monde du travail"(Le Monde, 16-17 décembre 2001).

    Il reste aux Etats européens à ouvrir les yeux sur cette réalité et à prendre les mesures qui s’imposent. Saisie d’une affaire concernant l’employée musulmane d’une entreprise belge qui refusait de retirer son foulard islamique sur le lieu de son travail, l’avocate générale de la Cour de Justice de l’Union européenne a estimé, dans ses conclusions, que cette interdiction "peut être licite car elle ne constitue pas une discrimination directe fondée sur la religion, dès lors que cette interdiction s’appuie sur un règlement général de l’entreprise interdisant les signes politiques, philosophiques et religieux visibles sur le lieu de travail" (Le Figaro, 1er juin 2016). 

    Repris de Clarifier, La Petite Feuille Verte, juin 2016

    Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient. Docteur d'Etat en sciences politiques. Thèse sur "Le Liban et son voisinage" (Université Paris II). A participé comme experte au Synode spécial des Evêques pour le Moyen-Orient, convoqué par Benoît XVI en 2010.
    Ouvrages : Guerres secrètes au Liban (1987) - Vivre avec l'Islam ? - Saint-Paul (1996) - L'Europe malade de la Turquie (2005) - Les chrétiens d'Orient vont-ils disparaître ? (2005) - L'islam peut-il rendre l'homme heureux ? (2012) 

  • La République et l’Islam

     

    par Hilaire de Crémiers

    S’imaginer que l’islam est soluble dans la démocratie et que la République va le régenter comme elle a régenté, à sa façon, l’Église de France, est une illusion mortelle. Les premiers à en payer le prix seront les musulmans français.

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLe Conseil d’État a tranché. Saisie en référé-liberté par la Ligue des droits de l’homme et le Collectif contre l’islamophobie en France, la haute juridiction administrative, le vendredi 26 août, a suspendu en appel l’arrêté municipal pris le 5 août dernier par le maire de Villeneuve-Loubet, le député LR Lionel Luca. Cet arrêté interdisait sur les plages de sa commune jusqu’au 15 septembre le port de ce costume de bain couvrant intégralement le corps, qu’on appelle « le burkini », en raison du trouble à l’ordre public et de la provocation que pouvait constituer cette tenue ostentatoire dans l’espace public pour une population traumatisée par les récents attentats.

    Le Conseil d’État par son ordonnance prend ainsi parti sous des allures d’impartialité juridique et constitutionnelle. Et de manière décisive puisqu’il crée à cette occasion une jurisprudence qui ne manquera pas d’être étendue non seulement à tous les arrêtés municipaux pris dans le même sens, mais encore à tous les cas similaires – et il y en aura et ils seront créés exprès ! Les autres arrêtés, celui de Cannes déjà, bientôt celui du maire de Nice sont tous voués au même sort… Ainsi qu’à l’avenir – il faut le prévoir – toute décision de la puissance publique ou de toute autorité, quelle qu’elle soit, y compris professionnelle, qui s’essaierait à arrêter ou freiner des manifestations d’appartenance affichée à un islamisme militant, sachant, de surcroît, que probablement la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg et la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg auront tendance, l’une et l’autre, à incliner leur jurisprudence sur la même pente du laxisme généralisé.

    Incompréhension et méconnaissance

    La rapidité des décisions, accélérée par les procédures en référé, aggrave le sentiment tragique d’une incompréhension totale de la situation par de hauts magistrats qui, sous des lambris dorés, bien payés, archi-protégés et déchargés des soucis de la vie, de plus par position affiliés, à quelques exceptions près, à l’idéologie dominante de la prétendue « gouvernance » actuelle, décident – car, au-delà du vocabulaire juridique, c’est le vrai sens de leur décision – qu’il n’y pas, qu’il ne saurait y avoir en République française de problème avec l’islam. Rien : les attentats n’existent pas, la volonté de « radicaliser » les rapports sociaux et de s’approprier l’espace public de la part d’un islam conquérant, non plus. Donc pas de trouble à l’ordre public, affirme le Conseil d’État. Donc liberté doit être assurée – liberté de conscience, liberté d’aller et venir, liberté d’opinion – de revêtir la tenue de son choix dans l’espace public, y compris sur la plage, du moment qu’il n’est pas porté atteinte aux lois de la République ; le burkini n’est pas la burqua ni le voile intégral.

    D’ailleurs de fins esprits n’ont pas manqué de rappeler que le même Conseil d’État, après la loi de 1905, avait suspendu un arrêté municipal qui interdisait le port de vêtements sacerdotaux dans l’espace public communal ! À un siècle de distance, le même principe de juste laïcité aurait inspiré le même genre de décisions. La religion mahométane a droit au même traitement que la religion catholique qui, elle, a été réduite, comme il convient en République, à « sa portion congrue ». Et Bernard Cazeneuve, notre ministre des Cultes, de se féliciter de cet esprit républicain d’égalité et d’équanimité.

    Islamisme et musulmans

    Et, pourtant, voilà la France divisée. Pour une question de costume de bain ! Avouons que c’est franchement ridicule. Les maires concernés n’en démordent pas et ils ont raison : c’est de leur responsabilité. Des députés de droite voudraient, du coup, légiférer. Une loi de plus, et sur un costume de bain ! Il y aurait mieux à faire. Et d’abord, comprendre ce qui se passe. L’islam, en tant que tel, bien que divisé à l’excès, a réussi à s’imposer auprès des autorités françaises. Les attentats l’ont servi, puisque, plus il est dangereux, plus la République le considère et, en quelque sorte, le chérit en tout premier lieu ; ses provocations pareillement intimident les gouvernants qui ne cessent de lui offrir des garanties pour « apaiser » la situation. Hollande est prêt à tout pour tenter de le séduire. Lui et tous ses pareils ne connaissent rien, ni à l’islam, ni au Coran, ni à l’histoire de la conquête islamique.

    Cazeneuve pour renforcer, dit-il, l’islam de France, lui accorde tout dès maintenant, bafouant pour lui les règles élémentaires de la laïcité : une Fondation pour ses œuvres dont Jean-Pierre Chevènement serait le premier président (!), une nouvelle association cultuelle qui lui permettra de se financer en toute transparence (!), une nouvelle représentation qui ouvrira (!) l’islam sur l’ensemble de la société française, des imams formés au Coran par nos soins (!) avec des chaires d’islamologie, etc. En s’imaginant que le contrôle de l’État sur un islam qui ne connaît que l’Oumma aura un quelconque effet. Sarkozy s’y est déjà trompé. L’islam de France relève pour l’essentiel de pays étrangers et d’autorités non reconnues.

    Il est possible, bien sûr, de s’entendre avec les musulmans de France, mais les musulmans surtout en France respectent ceux qui se respectent eux-mêmes et non ceux qui se renient. Ils savent parfaitement que tous ces Français qui tiennent l’État et les organismes publics, ont tout rejeté de leur passé, de leur foi, de leurs mœurs, de leur tradition : leur République n’a plus rien à voir avec la France réelle. Le mépris de tous ces politiciens, fils de famille, pour l’être même de la France, ne peut qu’entraîner en retour un pareil mépris à leur égard de la part des musulmans. Comment ne pas les comprendre ?

    D’autant que tous ceux qui se sentent français, devinent à une telle attitude que la République s’apprête à les lâcher à la première occasion au profit de ceux qui jouent de la terreur. Comme autrefois en Algérie ! Le drame est en train de se nouer.
    Le terrorisme, les provocations sont voulus, dans un premier temps, pour ébranler l’opinion publique française et, dans un deuxième temps – il ne faut jamais l’oublier –, pour ressaisir et enfermer la population musulmane sur elle-même en la terrorisant, moralement d’abord, intellectuellement ensuite, physiquement enfin. C’est en cours. Combien de Molenbeek en France ? Comme avait dit le ministre de la Ville, pour une fois bien inspiré.

    Le pire est à venir

    Le terrorisme islamique a fait plus de victimes dans le monde musulman que partout ailleurs. Qui se souvient des 90 000 harkis d’Algérie assassinés dans des supplices atroces ? Qui pense aux centaines de milliers de victimes de la guerre civile algérienne ? Et partout dans le monde aujourd’hui ? La République par sa politique absurde, par sa laïcité qui n’en est pas une et qui n’est qu’un reniement, par son incompréhension totale non seulement de l’islam mais du monde musulman, semblable d’ailleurs à son incompréhension encore plus grave de la France réelle, des Français de chair et d’os et de religion chrétienne, elle qui ne connaît que ses propres concepts abstraits et que des individus massifiés qui sont autant d’électeurs potentiels, est en train de préparer sur notre sol les pires drames qui se puissent imaginer.

    Nos frères chrétiens d’Orient nous en avertissent. Mais la République se moque des chrétiens, malgré les voyages en risettes du président François auprès du pape François, comme elle se moque des musulmans qu’elle prétend manipuler à sa façon. Car, pour elle, tout est toujours manipulation : l’opinion, la politique, la religion. « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. »    

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  • Les religions en royauté

     

    par Hilaire de Crémiers

    Publié le vendredi 09 octobre 2015 - Réactualisé le vendredi 9 septembre 2016 

    Nous conseillons vivement d'écouter cette intervention d'Hilaire de Crémiers, lors du colloque « Dessine-moi un roi » du 9 mai 2015, à Paris. 

    L'esprit de ce colloque était de dessiner les contours de ce que pourrait être, dans différents domaines, la royauté que nous souhaitons pour la France. Excellente perspective à laquelle ce colloque a tenté - et à notre avis réussi - de donner le tour le plus concret possible.

    1765778246.2.jpgParmi les sujets évoqués, Hilaire de Crémiers devait traiter des religions dans leurs rapports avec la société et avec l'Etat. Thème dont on aurait pu croire qu'il avait perdu de son importance il y a vingt ou trente ans par l'effacement progressif des religions, mais qui tout au contraire a repris, aujourd'hui, toute son acuité. On comprendra aisément pourquoi en considérant l'actualité la plus quotidienne.

    Hilaire de Crémiers, traitant parfaitement le sujet qui lui avait été donné, dresse, dans une première partie, un état des lieux de la question des religions, sous notre République et des problèmes aigus qu'elle recouvre; puis, dans une seconde partie, il évoque ce que serait, en matière religieuse, la position, la politique d'un roi de France. Il s'agit là d'un véritable précis de politique religieuse dont nos lecteurs doivent avoir connaissance. 

    Ne doutons pas qu'il s'agit, en réalité, d'un problème capital qui touche à l'identité française elle-même.    LFAR   

     

     Durée 28 minutes

     

  • Le treizième travail d’Hercule

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    L’été aura confirmé l’importance dangereuse, démesurée et anxiogène que revêt la présence de l’islam en France. C’est bien au nom de l’islam, même si certains veulent voir là une sorte d’usurpation, qu’a été perpétré à Nice un assassinat de masse au camion puis qu’a fait polémique une grotesque et ostentatoire tenue de bain féminine. Du coup, voici M. Chevènement impatronisé à la tête d’une « Fondation pour l'islam de France ». Son premier mérite est de ne pas abuser de la langue de bois si chère aux politiciens : « c’est le communautarisme [musulman, bien entendu] qui pose problème » et son corrélat « le multiculturalisme » (Le Figaro, 30 août). Il entend donc prendre toute mesure visant à tarir les financements étrangers (exemple : la taxe « halal ») et à aider tout ce qui ne relève pas du culte proprement dit (exemple : « la formation civique, juridique, linguistique des imams »). 

    En conseillant « la discrétion » aux musulmans, M. Chevènement a peut-être compris le problème de fond que pose l’islam. Si le communautarisme musulman est inacceptable c’est d’abord parce que la communauté musulmane, en tant que telle, est une pièce rapportée. Certes, les Français de confession musulmane devraient pouvoir, c’est souhaitable à titre individuel, se sentir chez eux n’importe où en France, comme les autres, mais l’existence d’une communauté musulmane est proprement insupportable et tout à fait impossible dans le cadre national : partout où elle se manifeste, son caractère étranger est patent. On ne pourra jamais mettre sur le même plan le tintement des cloches de nos églises et les attroupements orientaux autour des mosquées de quartier. 

    On peut pourtant reprocher à M. Chevènement de se référer moins à la France qu’à « la République ». Or, si celle-ci est « une et indivisible », celle-là est riche de ses diversités provinciales, qui n’ont rien à voir avec les antagonismes inconciliables générés par la récente immigration de masse. Cette France-là, la vraie, celle qui se reconnaît dans son Histoire millénaire et dans ses territoires, n’est pas un tissu de prétendus bons sentiments à l’intention de la planète entière. C’est en s’assumant qu’elle pourra accueillir et intégrer une quantité raisonnable d’individus aux racines étrangères. 

    Raisonnable ? M. Chevènement a cru bon de reprendre le nombre de quatre millions de musulmans (INED, 2008) alors que les estimations sérieuses les plus récentes vont de six à neuf millions et que le ressenti des Français est très au-delà : peut-être a-t-il le souci de ne pas les inquiéter davantage. En effet, conjugué à l’ « étrangeté », le nombre favorise le communautarisme. Moins que la foi et/ou la fréquentation de la mosquée, c’est bien l’attachement à l'islam en tant que composante culturelle et historique d’une identité qui doit être retenu comme critère principal. Or cette identité n’est pas individuelle, elle est collective. D’où cette osmose, sur le territoire français, entre beaucoup de Français musulmans et de musulmans étrangers, tous se reconnaissant dans l’« ummat islamiyya », c’est-à-dire la « Nation Islamique ». Celle-ci correspond et correspondra toujours à un projet sociétal et civilisationnel incompatible avec la nation française : se pose bien un problème de double allégeance.

    M. Chevènement s’avoue « inquiet » et ne méconnaît pas les « risques de guerre civile ». Il veut croire cependant que l’émergence d’un islam de France est possible. Pour l’instant, on a plutôt de bonnes raisons d’être sceptique.  • 

  • Paroles royales, échéances républicaines

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgIl n’est pas certain que la classe politique française ait mesuré toute l’importance du discours du roi Mohammed VI pour le soixante-troisième anniversaire, le 20 août dernier, de la Révolution du Roi et du Peuple, qui devait conduire à la fin du protectorat français sur le Maroc. 

    S’adressant à cette occasion à ses cinq millions de compatriotes vivant à l’étranger, dont un grand nombre en France, il a, avec la légitimité renforcée que lui donne sa double dimension de souverain et de Commandeur des croyants, qualifié le meurtre d’un prêtre — à savoir le père Hamel, cet été, près de Rouen — « dans l’enceinte d’une église [...] de folie impardonnable », ajoutant que, « face à la prolifération des obscurantismes répandus au nom de la religion, tous, musulmans, chrétiens et juifs, doivent dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et le repli sur soi sous toutes les formes ». Il a invité les Marocains résidant à l’étranger « à rester attachés aux valeurs de leur religion et à leurs traditions séculaires face à ce phénomène qui leur est étranger ».

    Ce n’est pas la première fois qu’un souverain du Maroc s’adresse ainsi, au nom d’une légitimité incontestée et incontestable, à ses sujets de la diaspora. Son père, Hassan II, l’avait fait avant lui, toujours pour leur rappeler à la fois en quoi ils devaient rester de bons Marocains et, par une attitude exemplaire, être des ambassadeurs de leur pays. En ces heures graves, où, face à la menace islamiste, dans notre pays, les niaiseries padamalgamesques ne trouvent trop souvent à se confronter qu’à une « islamophobie » de comptoir, il est important qu’une parole autorisée rappelle, au nom de la tradition même, c’est-à-dire de la forme la plus haute de l’identité, les véritables enjeux.

    Malheureusement, ce qui est permis au roi de Maroc est interdit à notre président de la république française. Certes, un roi de France ne s’est jamais, comme le fait le roi du Maroc, directement adressé à son peuple au nom de la religion, la distinction du politique et du religieux étant inscrite au cœur du christianisme. Mais c’est en tant que roi « très chrétien », sacré à Reims empereur en son royaume, qu’il incarnait l’être français dans son origine et sa durée. Or, de quelle tradition, c’est-à-dire de quelle identité, pourrait s’autoriser François Hollande pour s’adresser à ses concitoyens dans ces heures difficiles, lui qui ne peut qu’invoquer les valeurs républicaines et laïques, qui reposent précisément sur le refus de tout l’héritage français, qu’il soit historique, culturel ou religieux, les remplaçant par l’anonyme universalité de l’idéologie des droits de l’homme, d’un homme sans visage ?

    Imagine-t-on également le roi du Maroc pris au piège de l’affaire des burkinis ? S’ils sont interdits là-bas, pays pourtant musulman, c’est précisément parce qu’au Maroc on sait encore distinguer ce qui relève d’un « phénomène étranger » et d’une provocation grossière, et ce qui est conforme aux « traditions séculaires  » ; si, ici, le Conseil d’Etat les autorise, c’est que, cédant aux provocations islamistes, relayées par une grande partie de la gauche — y compris féministe — française, il juge au nom de valeurs éthérées, la non-discrimination et l’égalitarisme, fourriers d’une société multiculturelle et multiconflictuelle, contre l’être français.

    On s’étonnera peut-être que je n’ai pas commencé cet éditorial par la rentrée politique. C’est qu’il s’agit, précisément à l’aube d’une période périlleuse pour le pays, d’aller à l’essentiel. Or l’essentiel, cet été, c’était la parole du comte de Paris, rappelant, au milieu de nos désastres, que la France avait une âme que nos compatriotes devaient recouvrer pour rebondir — et qu’il en était le garant. L’essentiel, en ce début septembre, c’est la parole royale venue d’un pays si différent du nôtre, et appelé à le rester, mais auquel, dans cette différence, nous sommes tant liés par l’histoire passée et présente — car elle continue de se faire. A côté, les pitreries politiciennes de nos multiples présidentiables, tous plus éloignés les uns que les autres des exigences du Bien commun, font pâle figure. Quel parlementaire, de droite ou de gauche, ne sera pas candidat aux primaires organisées par sa famille politique ? Ce rendez-vous entre un homme et le peuple, que le général de Gaulle avait voulu instaurer avec l’élection du président de la république au suffrage universel, est devenu, surtout avec le phénomène des primaires, une émission en continu de télé-réalité de la vie politique française. Il y a les ambitieux médiocres, qui voient dans l’exercice une occasion d’exister ; ceux qui, sans aucune dignité, ont avalé par le passé toutes les couleuvres et se découvrent soudain une vocation de chef ; un autre, dont la seule évocation du nom provoque la nausée, mais qui compte sur la mémoire de poisson rouge de l’électorat pour retourner aux affaires ; un jeune ministre démissionnaire n’ayant que son arrogance souriante pour tout projet ; ou encore les frondeurs en peau de lapin qui se donnent des frissons en adoptant des airs martiaux, sans compter, hors primaires, deux populistes d’extrêmes gauche et droite — ou leur porte-parole autorisé ? mais qui dirige le parti ? —, en tout cas d’accord sur l’essentiel, à savoir une conception laïciste de la nation, celle qui, depuis plus d’un siècle, n’a eu de cesse de désapprendre la France aux Français.

    Nous sommes apparemment dans la situation inverse de celle de la IVe république finissante : en 1958, les institutions étaient trop faibles pour affronter la crise algérienne mais la société était encore solide. Aujourd’hui, la société est attaquée de toutes parts, mais les institutions résistent : ni les massacres ni les crises sociales n’ont menacé la stabilité gouvernementale, les différents 49-3 passant comme une lettre à la poste. Certes, tant l’instauration du parlementarisme raisonné en 1958 — dans lequel le parlement, sinon les partis, est dépossédé de tout pouvoir réel — que la gestion sociale du chômage y sont pour quelque chose. Mais les crises que nous allons devoir affronter ont un caractère qui dépasse largement la dimension politique — à laquelle appartenait encore la guerre d’Algérie. Avec l’immigration et une Union européenne qui, sur tous les plans — économique, géopolitique, sociétal — apparaît de plus en plus, et à juste titre, comme le trou noir de l’aventure mondialiste, c’est l’équilibre même de la société française qui est menacé. Le jour où cette crise éclatera, c’est-à-dire le jour où les Français découvriront que leurs élites ne croient plus dans la légitimité du politique lui-même, faute de croire encore en leur pays, alors c’est comme un château de cartes que ces institutions, si solides en apparence, s’effondreront.

    Il ne suffira plus au gouvernement d’annoncer, comme il l’a fait ce mardi 30 août à quelques mois des élections, qu’il n’apportait plus officiellement son soutien aux négociations sur le traité transatlantique, pour donner l’impression de reprendr la main. Ces palinodies ne feront bientôt plus illusion. L’histoire montre qu’aucunes institutions, apparemment si bétonnées soient-elles, ne peuvent indéfiniment résister à un mensonge qui les mine de l’intérieur : celui, en l’occurrence, d’élites qui ne s’en servent plus que pour concéder abandon de souveraineté sur abandon de souveraineté et livrer le pays à l’oligarchie internationale.

    Nul ne sait encore le jour ni l’heure. Il viendra peut-être plus tôt qu’on ne pense. Ne pas être prêt serait une faute irrémissible envers le pays. 

    L’Action Française 2000 [Editorial]

  • Et si l’Islam était « insoluble » ? Un commentaire de Jean-Louis Faure

    On n'a rien trouvé de meux à programmer au festival d'Avignon ...

     

    par Jean-Louis-Faure

    3578948983.jpgDans le fil des (19) commentaires - aux allures de think tank de haut niveau - qui ont suivi l'article de Louis-Joseph Delanglade Et si l’Islam était « insoluble » ? publié le 16 août ici-même*, nous avons relevé cet excellent et très éclairant commentaire de Jean-Louis Faure ... que nous reprenons intégralement.  LFAR

     

    Courageux LJD d’aborder cette question avec le seul titre qui convient : incompatibilité totale de ce corpus avec, en réalité, aucune autre religion à la surface du globe.

    Évacuons d’abord une faute de vocabulaire évidente, que le milieu politico-médiatique tente d’accréditer, ce fameux islam DE France, comme s’il y avait une spécificité de cette doctrine socioreligieuse qui serait élaborée dans l’hexagone. Ce n’est évidemment pas le cas. Il n’y a que deux islams, celui d’Al Azhar, et celui de Qom. Nous en resterons donc à l’islam EN France. Nous pouvons croire le Turc Erdogan quand il rappelle qu’il est vain de beaucoup réfléchir sur un islam modéré différent d’un islam violent. L’islam, c’est l’islam ! On peut le croire.

    Je m’écarte de l’obsession de l’attentat. On ne fait pas vivre un pays au tempo de la série de gesticulations aussi médiatiques qu’inefficaces, que l’on nous inflige. S’il doit y avoir une suite (n’en doutons pas …), ce sera sous une forme imprévue. Que des autorités, telles des lapins aveuglés par les phares d’une voiture (Xavier Raufer), sont incapables d’anticiper. L’écrivain algérien amoureux de notre langue, Boualem Sansal nous dit dans une lettre à un Français sur le monde qui vient « … le piège de la « taqiya » ; ce fichu mot n’est pas traduisible, il est mystérieux comme la mort. Sachez qu’il a à voir avec la ruse de guerre sainte et qu’il y a des siècles de malice et de magie derrière cette chose … ». Du pain sur la planche pour nos Services de Renseignement ! Ils ont l’air malin avec leur déradicalisation et leur laïcité (aucun sens pour l’islam). Des moulinets pour les petits bras du Valls de 20 h …

    Il est de la première nécessité de revenir à la nature de la doctrine, ce qui nous dissuade de possibles cohabitation – fusion – assimilation – intégration, et autres billevesées, avec les socles de notre civilisation. Car l’islam ne partage pas. Le père Henri Boulad s.j. d’Égypte, ne cesse de nous le dire et de nous l’écrire.

    La sécheresse de votre titre convient d’autant mieux que nous sommes parvenus au bout d’une impasse, dos au mur quand on se retourne.

    Je suis tenté de regrouper les intervenants en deux catégories, les intellectuels (mot générique non péjoratif), et les politiques.

    Et dans chacune nous rencontrons à peu près les mêmes classements.

    Chez les intellectuels

    les courageux tels Zemmour, Finkelkraut, E. Lévy dans Causeur, M. Tribalat, et de savants orientalistes tels Marie-Thérèse Urvoy (dernier livre 420 pages, Mai 2016 sur, « Islamologie et monde islamique »), Kepel, Sfeir, Sifaoui, Guidère, Annie Laurent, ou de plus anciens, disparus tels Gardet, le dominicain Jomier, dont au total tous les travaux insistent pour souligner la symbiose indissociable entre séculier et religion,

    les bisounours tels Manent,

    les collaborateurs, lâches, agents de propagande, tels Plenel (il vient de trouver un attrait au burkini), Le Bras, et tout le troupeau médiatique qui obéit à ses maitres.

    Chez les politiques

    Nous subissons un désastre. À moins de neuf mois d’une échéance qui est dite cruciale, il n’y a guère qu’un parti dont les représentants locaux tiennent tête à la déferlante. Tout le reste court après les bulletins de vote dans une lâcheté généralisée. Quel qu’en soit le prix pour la France. Le plus haut niveau de l’État est d’une ignorance crasse (sans retenue la presse couchée de Valls essaie de compenser son incurie par des références à Clémenceau !), tandis que ce pouvoir régalien, le plus important, clé de voûte de l’édifice, la Justice, glisse insensiblement mais sûrement vers la charia.

    L’entretien donné à Valeurs Actuelles par monsieur Sarkozy ne laisse aucun doute. Égal à lui-même. On y lit que BHL a porte ouverte, que le principal conseiller est Baroin, dont la position en flèche contre les crèches dans les mairies, nous a marqué. La seule question est : qui finance ce monsieur Sarkozy ?

    Dans le Fig du 11 Juin dernier, l’historien Patrice Gueniffey sous le titre « Comment Napoléon a réussi l'assimilation des juifs », conclut dans un long paragraphe sur les nombreuses différences entre les situations, qui rendent illusoires la même opération avec l’islam. En outre la communauté juive ne s’est jamais placée en dehors de la Loi.

    Désolant qu’une cervelle aussi bien faite et bien pleine que celle de Chevènement se soit laissée embarquer dans une réflexion sans issue. Rien d’autre qu’une agitation de bureaucrates. 

    * Et si l’Islam était « insoluble » ? par Louis-Joseph Delanglade [16 08]

  • Société • Les nouveaux curés ... Hors de l’Eglise politiquement correcte, point de salut !

     

    par Mathieu Bock-Côté

    Nous avons souvent pointé, dans Lafautearousseau, les prétentions exorbitantes de la nouvelle cléricature, multiforme et totalitaire, qui régente nos sociétés. Mathieu Bock-Côté le fait ici avec tout son talent. Nous lui laissons la parole d'autant plus volontiers que c'est en grande partie grâce aux jeunes intellectuels de sa génération que le pouvoir de la dite cléricature est largement en train de s'effriter.   LFAR

     

    3222752275.jpgOfficiellement, il y a à peu près 50 ans, la société québécoise s’est débarrassée de ses curés. On leur reprochait de chercher à contrôler notre vie. Ils nous culpabilisaient en nous accusant de commettre des péchés. Ils voulaient gouverner nos consciences. Les gens en avaient marre.

    Autant la religion est respectable dans son propre domaine, autant elle peut être exaspérante lorsqu’elle domine nos vies. Dès lors, nous nous croyons libres. Chacun fait ce qu’il veut de sa vie. Mais en sommes-nous vraiment certains ?

    Se pourrait-il que de nouveaux curés aient pris la place des anciens ? On sent bien, aujourd’hui, peser sur nous une nouvelle morale qui ne dit pas son nom.

    On reconnaît les nouveaux curés à leur manière de vouloir régenter chaque parcelle de notre existence, et de nous présenter comme des individus mauvais si nous résistons à leurs ordres.

    Au nom de la santé, ils veulent aseptiser la vie. Ils l’abordent en sarrau, avec un masque hygiénique. Viandes, charcuteries, alcools, boissons sucrées, sexe, tabac, friandises : dans leur monde idéal, ils pourraient tout interdire. Les nouveaux curés ne comprennent pas que les excès participent aussi au bonheur de la vie.

    Mais au-delà de la vie quotidienne, les nouveaux curés règnent aussi.

    Vous trouvez que vous payez trop d’impôts et que les services publics sont souvent misérables ? On vous traitera d’égoïste.

    On vous interdira aussi de penser librement. En la matière, il y a un nouveau catéchisme auquel il faut croire et dont il faut réciter les articles.

    Le monde doit être sans frontières. Les peuples doivent se diluer au nom de l’ouverture. Il doit y avoir toujours plus d’immigration et c’est à la société d’accueil de s’adapter aux immigrés. D’ailleurs, si l’intégration fonctionne mal, c’est la faute de la société d’accueil.

     

    Vous devez penser du bien de toutes les religions et ne jamais vous questionner sur l’une d’entre elles en particulier.

    Ah oui, n’oubliez pas que les sexes n’existent pas. Hommes et femmes sont des constructions imaginaires qu’il faudra déconstruire.

    Mais vous doutez de cela ? Et vous confessez vos doutes ? Vous commettez un péché idéologique. On vous fustigera, on vous excommuniera. Raciste ! Xénophobe ! Islamophobe ! Sexiste ! On vous collera ces étiquettes pour vous transformer en monstre.

    Hors de l’Eglise politiquement correcte, point de salut ! Vous devez avoir honte de vous-mêmes. Normal, vous avez des pensées honteuses !

    Ces nouveaux curés dominent les médias, les réseaux sociaux et l’éducation. Dans leurs rêves les plus fous, eux seuls décideraient qui aurait le droit de parler publiquement ou non.

    Il y a bien des manières de lutter contre les nouveaux curés. La meilleure, c’est de se ficher de leurs commandements et de leur faire comprendre qu’on ne se soumettra plus à leurs interdits.

    Quand le commun des mortels ne croit plus à une religion, ses grands prêtres misent sur la peur. Ils nous insultent ? On doit leur rire au visage pour reprendre notre liberté. 

    Mathieu Bock-Côté

    est sociologue, auteur du "Multiculturalisme comme religion politique" (Cerf Ed., 2016).

    Article initialement publié dans Le Journal de Montréal

  • Jean-Louis Harouel : « Les femmes qui portent le burkini sont des militantes »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    ANALYSE - Jean-Louis Harouel démontre ici [Figarovox, 16.08] que l'interdiction du burkini sur certaines plages est parfaitement conforme au droit. Mais qu'au delà, le port du vêtement islamique traduit une volonté politique d'imposer une culture et des modes de vie contraires à notre histoire et nos valeurs. Nous partageons pleinement cette analyse.  LFAR

     

    Jean-Louis-Harouel-678x381.pngLa justice a validé ce week-end l'arrêté municipal interdisant le port du burkini à Cannes. Des associations « anti-islamophobie » réclamant en urgence la suspension de l'arrêté municipal cannois du 28 juillet se sont vues déboutées par le tribunal administratif de Nice. Cette décision est-elle surprenante ? Vous semble-t-elle conforme au droit français ?

    Cette décision n'est aucunement surprenante car parfaitement conforme à la jurisprudence du Conseil d'État, sachant que celle-ci n'a pas été statique à travers le temps mais a évolué en fonction du contexte politique et social. Dans des périodes relativement apaisées, cette jurisprudence était résolument libérale et faisait passer les libertés avant les soucis de l'ordre public, comme en témoigne le célèbre arrêt Benjamin de 1933. Cependant, dans la seconde moitié des années 1930, les passions politiques s'exacerbant et l'ordre public étant sans cesse plus menacé, intervient en 1936 le tournant de l'arrêt Bucard, par lequel le Conseil d'État a abandonné cette jurisprudence libérale pour faire prévaloir les impératifs de l'ordre public. Et il faudra attendre 1953 pour que s'opère avec l'arrêt Naud un retour au libéralisme de la jurisprudence Benjamin.

    Aujourd'hui, dans le contexte d'un affrontement de civilisations donnant lieu à un conflit armé ayant fait en un an des centaines de victimes sur le territoire national, il est logique que reviennent au premier plan les exigences de l'ordre public, et le juge des référés a d'ailleurs invoqué « le contexte de l'état d'urgence et des récents attentats » pour justifier sa décision en la fondant sur « un risque de troubles à l'ordre public ».

    Le juge note en outre que « sont respectées les dispositions de l'article 1er de la Constitution (« La France est une République laïque »), qui interdisent à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s'affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers. »

    Certes, mais en l'occurrence, il ne s'agit pas d'un service public, mais d'une plage…

    Le fait d'administrer et gérer au bénéfice des usagers une portion du domaine public affectée à l'usage du public constitue une activité exercée dans l'intérêt général, et relève donc de la notion de service public.

    Est-ce un premier pas vers l'interdiction de tous les signes religieux dans l'espace public ? N'est-ce pas une vision de la laïcité excessive ? Cette dernière sert-elle de cache-sexe à un combat plus spécifique contre l'islam politique ?

    L'islam est, par nature, politique. On ne saurait trop le rappeler : l'islam est un système total qui mêle le religieux, le politique, le juridique, la civilisation. L'islam est un code de droit qui prétend remplacer le droit du pays d'accueil. Si bien que toute concession faite à l'islam comme religion est un abandon consenti à l'islam comme système politico-juridique ainsi qu'à la civilisation islamique.

    Face à l'islam, la laïcité conçue comme neutralité ne suffit pas. Le cas de figure n'est pas le même qu'avec le catholicisme. Notre laïcité s'est certes construite contre l'Église, mais en accord avec les paroles fondatrices du christianisme : rendre à César et à Dieu ce qui leur revient respectivement. L'islam est au contraire l'anti-laïcité par excellence, si bien que notre État laïque devrait le combattre beaucoup plus durement qu'il n'a combattu le catholicisme.

    Ainsi que je le préconise dans mon récent livre Les droits de l'homme contre le peuple, il faut pour l'islam un régime dérogatoire comme en Suisse où la construction de minarets est interdite alors qu'on peut bien sûr y construire des clochers.

    Cela vient après l'affaire du parc aquatique privatisé pour les salafistes dans les Bouches-du-Rhône. Ce genre de pratique est tolérée dans certaines villes pour la communauté juive par exemple. Que répondez-vous à ceux qui dénoncent le « deux poids, deux mesures » ?

    Peut-on citer le nom de quelqu'un ayant opéré un massacre en France au nom d'une quelconque mouvance du judaïsme ?

    En Corse, la baignade de jeunes filles en burkini a provoqué une violente rixe entre jeunes corses et jeunes d'origine maghrébine. Que cela vous inspire-t-il ?

    C'est un exemple des troubles à l'ordre public que peut entraîner cet étalage sur les plages françaises des pratiques identitaires islamiques. Surtout dans le contexte des récents massacres commis par des islamistes au nom de leur dieu.

    Par ailleurs, il est clair qu'en Corse où la population est restée plus près de son sol, plus ancrée dans ses villages, elle se montre plus réactive face au processus de la conquête islamiste non dite mais bien réelle dont l'Europe occidentale est l'objet. Cependant, même dans l'Hexagone, de plus en plus de gens ont conscience du lien qui existe entre les carnages des terroristes islamistes et le folklore identitaire arabo-musulman qui est le terreau où se nourrit le djihadisme.

    Après l'arrêté de Cannes, pris le 28 juillet, une autre commune des Alpes-Maritimes interdit la baignade en burkini : Villeneuve-Loubet. Cela est-il le signe d'une prise de conscience face au danger de l'islam politique, au-delà de la menace terroriste ?

    On peut l'espérer. Notre pays est actuellement en guerre, et s'il ne veut pas être vaincu dans cette guerre, il doit savoir contre qui et contre quoi il se bat. Pour ne pas perdre une guerre, il faut impérativement nommer l'ennemi. Or, en l'espèce, celui-ci est double : d'une part les djihadistes violents qui massacrent dans notre pays; et d'autre part, les djihadistes « civilisationnels », qui œuvrent inlassablement à rendre toujours plus présents sur notre sol leur civilisation, leurs règles et leur mode de vie.

    À moyen et long terme, le plus grand danger pour les Français est la conquête feutrée de la France par le djihadisme civilisationnel, conquête qui s'opère au nom des droits de l'homme. Les femmes qui portent des vêtements de bain islamiques sont des militantes de la conquête de notre pays par un groupe humain porteur d'une civilisation antagoniste. Cet été, les plages sont la nouvelle partie de notre territoire que visent à s'approprier les islamistes. 

    Jean-Louis Harouel est professeur agrégé de droit à Paris II et auteur de «La grande falsification. L'art contemporain», «Le vrai génie du christianisme» et «Revenir à la nation» (Editions Jean-Cyrille Godefroy). Son dernier ouvrage Les droits de l'homme contre le peuple est paru aux éditions Desclée de Brouwer.  

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par Alexandre Devecchio

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

              

  • Et si l’Islam était « insoluble » ?

     

    Par Louis-Joseph Delanglade

    Publié le 29.06.2015 - Réactualisé le 16.08.2016

    L'annonce, clairement provocatrice, d'une journée « burkini » finalement annulée, près de Marseille, les violents incidents qui viennent de se produire en Corse, sont le signe évident de tensions communautaristes devenues extrêmes du fait même de la présence toujours plus virulente et ostentatoire de l'islam. L'idée que le Pouvoir pourrait, dans l'affolement, « organiser » autoritairement l'islam de France est en l'air, dans les cercles gouvernementaux et médiatiques. Jean-Pierre Chevènement serait même pressenti pour cette mission. Mais mission impossible ? Très probablement.   

     

    M. Valls souhaite, après tant d’autres, avoir un interlocuteur représentant de « l’islam de France », de façon à pouvoir organiser les rapports que l’Etat doit entretenir avec ce dernier. Mais ce n’est pas si simple. Certains évoquent à ce sujet deux précédents : celui de Napoléon qui, en 1806, a pu établir, grâce à la création du Consistoire, un nouveau modus vivendi avec le judaïsme ; et celui, plus connu, de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de M. Briand, un siècle plus tard. Mais l’islam, en France, n’est pas le judaïsme, religion très minoritaire et présente depuis toujours dans diverses provinces. Il est encore moins le christianisme dont il n’a pas la légitimité historique et culturelle.  

    Une « instance de dialogue avec l’islam de France » réunit donc, sous la houlette de M. Cazeneuve, les prétendus représentants des cinq millions (?) de membres de la « deuxième communauté confessionnelle » du pays. On y parle de tout ce qui peut caresser ladite communauté dans le sens du poil - comme la construction projetée de trois cents (!) mosquées. Et pour se garder de toute « stigmatisation », on ne parle pas, surtout pas, de ce qui pourrait la fâcher (radicalisation, provocations, attentats…). Interrogé à ce sujet, le ministère répond benoîtement : « Nous avons estimé que ce serait un mauvais message adressé aux Français et à la communauté musulmane ».   

    A celle-ci, peut-être ; à ceux-là, certainement pas. En effet, que MM. Valls et tous les politiciens et idéologues de ce pays le veuillent ou pas, l’islam est ressenti par une majorité de « Gaulois » comme un corps étranger, inquiétant et dangereux - son émergence massive sur le territoire métropolitain étant trop récente, trop brutale, trop liée à des problèmes de désordre, d’insécurité, de terrorisme.   

    Mais la faute de M. Valls est d’abord de partir d’un a priori idéologique : la France laïque doit porter le « message » en Europe et dans le monde d'un islam « compatible avec la démocratie et la République ». Quelle naïveté ! il est douteux que l’islam se renie au point d’accepter que la religion, en l’occurrence musulmane, ne soit considérée que comme une simple affaire individuelle de conscience.   

    M. Godard, haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur jusqu’en 2014, montre, dans La question musulmane en France, que l'islam est devenu « un régulateur social sur notre territoire ». M. de Montbrial dénonce, preuves à l’appui, dans Le sursaut ou le chaos « l’état de communautarisation avancé de notre société » qui fragilise la cohésion nationale, la radicalisation de milliers de jeunes Français partis ou en partance pour le jihad et, surtout, le « risque réel » de guerre civile dont nous menacent ces ennemis de leur propre pays.  

    Ce sont moins les individus qui sont en cause que la revendication de l’appartenance à une communauté dont les « valeurs » et les finalités ne sont pas tout à fait compatibles avec celles de la France.  

  • Fête de l'Assomption : pourquoi les cloches ont sonné ?

     

    Par Louis Manaranche

    Pour la fête de l'Assomption, les cloches des églises ont sonné dans toute la France pour toutes les victimes du terrorisme. Mais le cardinal Barbarin a aussi appelé à prier pour la France elle-même, « meurtrie par tant de souffrances ». Et sans-doute aura-t-il songé à toutes celles qui sont bien au delà du seul terrorisme. Louis Manaranche rappelle ici [Figarovox, 13.08] que les cloches du 15 août sont une tradition très ancienne qui trouve sa source dans la vertu de l'espérance.  LFAR    

    Le 15 août arrive et chacun ressent confusément que c'est à la fois le point culminant et le début du déclin de l'été. « Bison futé voit noir pour ce retour de pont » car « ça sent la rentrée » alors même que « la France a chaud » ; les lieux communs ne manquent pas et les médias ne nous les épargneront guère. Il y aura même, dans la bonne presse, des voix inspirées qui rappelleront à juste titre que cette date correspond « avant tout à la fête de l'Assomption, célébrée par les catholiques du monde entier ». On rappellera qu'à midi, partout en France, les cloches ont sonné. Alors, dans la torpeur de l'été, le tragique fera à nouveau irruption dans des grandes vacances qui laissent un goût amer.

    Cette année, dans un carillon étonnamment joyeux, les cloches du 15 août inviteront en effet à prier pour une France dont deux extrémités dessinent le visage souffrant: Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray. On peut trouver ce symbole dérisoire. Qu'inspirera une modeste volée de cloches à ces millions de Français en congés ou en week-end ? Parmi ceux qui l'entendront, qui pourra s'imaginer l'horreur vécue ? Quelle pensée, quelle prière serait en mesure de réconforter ceux dont la vie a basculé le 14 et le 26 juillet ? Nul ne peut répondre à ces questions et rien ne saurait nous prémunir contre une molle indifférence. Est-ce à dire qu'il aurait mieux valu ne rien faire ?

    Non, car le 15 août a une signification toute particulière. Un roi de France, Louis XIII, a placé son royaume dans les mains de la Vierge Marie car il n'avait pas de fils. En 1638, après l'hécatombe des guerres de religion, on savait ce qu'était une monarchie dont on conteste la légitimité. On avait vécu dans sa chair ce qu'était un pays en proie à la division violente. La France était à nouveau au bord du chaos. C'est alors que l'homme le plus puissant du royaume a signifié sa profonde humilité. Après avoir fait tout ce qui était en son possible, il a dit sa confiance en la Providence et un héritier lui a été donné. Cet acte d'espérance, à l'origine du caractère solennel de l'Assomption en France, n'est pas une exception dans notre histoire commune. Ce n'est pas non plus l'apanage de ceux qui croient fermement au Ciel. Les Lyonnais qui placent des lampions sur leurs fenêtres le 8 décembre savent que leurs aïeux, de toutes convictions, ont espéré face à l'invasion prussienne, contre toute espérance. Plus près de nous, lorsque le général de Gaulle, contre toute espérance encore, appelait son pays au sursaut, il proclamait : « Je crois en Dieu et en l'avenir de ma patrie ». Combien d'agnostiques, voire d'athées convaincus, ont entendu dans cette formule une expression de cette espérance française si profonde et si œcuménique ?

    On comprend alors peu à peu ce que ces cloches de l'Assomption ont à nous dire : « Ne tremblez pas cœurs fidèles », comme le chantait Édith Piaf dans … « Les Trois cloches » ! Elles appellent à un salutaire silence pour faire résonner la tonitruante mémoire de ceux dont les cloches portent les noms désuets et qui, par leur inlassable confiance, ont permis que la France ne se défasse pas. Même aux pires heures.   

    Louis Manaranche est agrégé d'histoire et président du laboratoire d'idées Fonder demain. Son livre Retrouver l'histoire est paru en 2015 aux éditions du Cerf.  

    Louis Manaranche           

  • Vous avez dit « valeurs » ? « Soupçon » ? « Discutables » ? Qand le cardinal Vingt-Trois va au fond des choses

    Homélie à Notre-Dame, Paris, le 27 juillet 2016

  • Religion & Société • Sainte-Rita : Les explications de L'abbé Guillaume de Tanouärn à Eugénie Bastié

     

    Par Eugénie Bastié            

    L'abbé Guillaume de Tanouärn, qui célébrait la messe à Sainte-Rita depuis plusieurs mois, revient sur l'expulsion musclée de l'église mercredi dernier et s'explique dans cet entretien avec Eugénie Bastié [Figarovox, 3.08]. A noter que nous n'intervenons pas en terrain proprement religieux, ni dans les querelles et oppositions qui s'y manifestent. Simplement, croyants ou non, nous estimons qu'un combat intelligent pour la défense de l'héritage catholique de la France doit être mené et que les royalistes ne peuvent s'en désintéresser. En particulier, dans le contexte de guerre de civilisation qui, de fait, nous est menée. LFAR

     

    Guillaume_de_Tanoüarn.jpgVous avez été expulsé ce matin de l'église Sainte Rita que vous occupiez depuis plusieurs mois. Pourquoi vous êtes-vous installé dans cette église ?

    Cette église a été construite en 1905 par un groupe anglican qui s'appelait les Catholiques apostoliques, dont l'objectif était d'annoncer la fin du monde aux autres chrétiens. Ce groupe spirituel tombé en déshérence a décidé de louer cette église à des autoproclamés gallicans, catholiques dissidents qui ne payaient pas le loyer. L'association a donc décidé de vendre à un promoteur. La communauté catholique s'est trouvée abandonnée et m'a demandé de venir célébrer la messe, ce que j'ai fait. A l'heure de l'expulsion, nous en étions à deux messes pleines chaque dimanche célébrées à Sainte Rita.

    Il y a des centaines d'églises pas toujours pleines dans Paris. Pourquoi insister sur celle-là ?

    La destruction programmée de Sainte Rita pose la question de toutes les églises vides de France. Elles doivent être reconnues comme des lieux sacrés, et protégées même si elles ne sont pas «rentables». Si nous voulons continuer à être une civilisation, il nous faut continuer à avoir ces lieux où soufflent l'esprit, même si ils ne sont visités qu'épisodiquement.

    Pourquoi avez-vous choisi de célébrer la messe au moment de l'expulsion? N'est-ce pas une mise en scène ?

    J'ai voulu que cet événement ne soit pas qu'une simple expulsion administrative, mais prenne une dimension spirituelle. J'ai célébré cette messe comme le seul au revoir possible à cette église, dans un très grand recueillement.

    Est-ce une affaire de patrimoine ou de symbole ?

    Alors que l'actualité nous présente de manière urgente la nécessité d'un concordat avec l'islam de France pour construire davantage de lieux de culte musulmans, la destruction de l'église Sainte Rita apparaît comme le signe d'un nouveau recul de l'Église dans l'univers culturel français. Si à travers l'affaire Sainte Rita nous pouvons poser avec force la question du respect des églises en France et de leur entretien, alors nous n'aurons pas tout à fait perdu notre temps.

    Le combat est-il terminé ?

    Nous sommes tout sauf résignés. Nous sommes très contents qu'un simple acte administratif, qui devait passer inaperçu dans la moiteur de l'été soit devenu un sujet qui intéresse la France entière, une France qui envers et contre tout, malgré sa déchristianisation, se reconnaît d'une manière ou d'une autre dans le catholicisme.

    En ce qui concerne l'affaire Sainte Rita elle-même, nous avons fait la démonstration que le recours de l'État à la force légale est insuffisant et qu'il faut organiser une véritable concertation citoyenne, pour montrer que la destruction n'est pas une fatalité et qu'un ou plusieurs communautés chrétiennes sont prêts à racheter l'église.

    Combien faudrait-il pour racheter l'église ?

    Cinq millions. Mais je crois que grâce à Sainte Rita, patronne des causes désespérées, cette affaire ne fait que commencer…  

    L'abbé Guillaume de Tanouarn est prêtre et docteur en philosophie, auteur de nombreux livres. Ancien membre de la fraternité Saint-Pie X, il a rejoint l'église de Rome en 2006. Son dernier ouvrage, Délivrés. Méditations sur la liberté chrétienne, est publié aux éditions du Cerf. Il célébrait la messe à l'église Sainte-Rita depuis octobre 2015.

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    Eugénie Bastié

    Journaliste et essayiste

    Ses idées

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    Son dernier livre Adieu Mademoiselle [19 €] 

  • Religion & Société • Vous avez dit « valeurs » ? « Soupçon » ? « Discutables » ... ?

     Homélie à Notre-Dame, Paris, le 27 juillet 2016

  • Rémi Brague : Le Pape ne peut pas renvoyer dos à dos islam et christianisme

     

    Par Rémi Brague    

    Le pape a déclaré que s' « il devait parler de violence islamique, alors il devait (aussi) parler de violence catholique ». Le philosophe Rémi Brague rappelle que les textes sacrés des deux religions ne justifient pas la violence de la même manière. FigaroVox a publié cette tribune de Rémi Brague le 24 mai dernier. Philosophe, professeur émérite à la Sorbonne, Rémi Brague était alors « perplexe » quand le pape relevait une similitude dans l'esprit de conquête de l'islam et du christianisme. Une perplexité qui se confirme après les propos tenus ce dimanche par le pape Français sur violence islamique et violence catholique. Figarovox a donc repris cette intéressante tribune le 3.08. On y décèle inquiétude et réprobation des récentes déclarations du Pape François sur Islam et Christianisme. On sait cette réprobation partagée par nombre d'intellectuels catholiques, spécialistes de l'Islam et / ou des Chrétiens d'Orient.  LFAR 

     

    Les déclarations publiques du pape François suscitent toujours l'intérêt. L'entretien accordé par le Souverain Pontife à deux journalistes de La Croix, publié dans ledit quotidien le 17 mai, contient ainsi une quantité de choses excellentes, et même réjouissantes. Par exemple, sa conception du rôle que le christianisme pourrait et devrait jouer envers les cultures, dont l'européenne, ou encore ses réflexions sur les causes de la crise migratoire et son traitement possible, enfin son amusante dénonciation du cléricalisme. Il y a là-dedans de quoi provoquer une réflexion approfondie, et l'on souhaite que nos décideurs en prennent de la graine.

    D'autres points sont affaire de goût, et le mien ne coïncide pas toujours avec celui du Pape. Ainsi, nommer sur le même plan Maurice Blondel et Jean Guitton, et plus encore les deux jésuites Henri de Lubac et Michel de Certeau, me fait personnellement un peu sourire. Mais rien ne prouve que ce soit mon goût qui soit le bon…

    En revanche, un passage suscite en moi une perplexité certaine, et c'est celui sur l'islam. Là aussi, il contient d'ailleurs de très bonnes choses, par exemple sur l'imprudence arrogante avec laquelle l'Occident a essayé d'imposer son régime politique à des régions mal préparées. Il est juste aussi de dire que la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible, même si les exemples de l'Argentine, avec son 1,5% de musulmans, et surtout du Liban, doivent être pris avec prudence. Tant qu'il s'agit de faire vivre ensemble des personnes, qu'il est déjà maladroit de réduire à leur seule affiliation religieuse, on a le droit d'espérer et le devoir d'agir en ce sens.

    L'entreprise devient plus difficile là où l'on compare non plus des personnes, mais des systèmes religieux considérés dans leurs documents normatifs. De ce point de vue, un passage des propos du pape François attire l'œil : « L'idée de conquête est inhérente à l'âme de l'islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter avec la même idée de conquête la fin de l'Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations ». Voici le passage évoqué : « Allez donc, faites des disciples (“mathèteuein”, en grec) de toutes les nations, baptisant les gens (…), leur enseignant (“didaskein”) à observer tout ce que je vous ai commandé (Matthieu, 28, 19) ».

    On peut appeler « conquête » la tâche de prêcher, d'enseigner et de baptiser. Il s'agit bien d'une mission universelle, proposant la foi à tout homme, à la différence de religions nationales comme le shintô. Le christianisme ressemble par là à l'islam, dont le prophète a été envoyé « aux rouges comme aux noirs ». Mais son but est la conversion des cœurs, par enseignement, non la prise du pouvoir. Les tentatives d'imposer la foi par la force, comme Charlemagne avec les Saxons, sont de monstrueuses perversions, moins interprétation que pur et simple contresens.

    Le Coran ne contient pas d'équivalent de l'envoi en mission des disciples. Il se peut que les exhortations à tuer qu'on y lit n'aient qu'une portée circonstancielle, et l'on ignore les causes de l'expansion arabe du VIIe siècle. Reste que le mot de conquête n'est plus alors une métaphore et prend un sens plus concret, carrément militaire. Les deux recueils les plus autorisés (sahīh) attribuent à Mahomet cette déclaration (hadith), constamment citée depuis : « J'ai reçu l'ordre de combattre (qātala) les gens (nās) jusqu'à ce qu'ils attestent “Il n'y a de dieu qu'Allah et Muhammad est l'envoyé d'Allah”, accomplissent la prière et versent l'aumône (zakāt). S'ils le font, leur sang et leurs biens sont à l'abri de moi, sauf selon le droit de l'islam (bi-haqqi 'l-islām), et leur compte revient à Allah (hisābu-hum ‘alā ‘Llah) (Bukhari, Foi, 17 (25) ; Muslim, Foi, 8, [124] 32-[129] 36) ». J'ai reproduit l'arabe de passages obscurs. Pour le dernier, la récente traduction de Harkat Ahmed explique : «Quant à leur for intérieur, leur compte n'incombera qu'à Dieu (p. 62) ».

    Indication précieuse : il s'agit d'obtenir la confession verbale, les gestes de la prière et le versement de l'impôt. Non pas une conversion des cœurs, mais une soumission, sens du mot « islam » dans bien des récits sur la vie de Mahomet. L'adhésion sincère pourra et devra venir, mais elle n'est pas première. Nul ne peut la forcer, car « il n'y a pas de contrainte en religion (Coran, II, 256) ». Elle viendra quand la loi islamique sera en vigueur. Il sera alors dans l'intérêt des conquis de passer à la religion des conquérants. On voit que le mot « conquête » a un tout autre sens que pour le verset de Matthieu.

    Pourquoi insister sur ces différences ? Un vaste examen de conscience est à l'œuvre chez bien des musulmans, en réaction aux horreurs de l'État islamique. Ce n'est pas en entretenant la confusion intellectuelle qu'on les aidera à se mettre au clair sur les sources textuelles et les origines historiques de leur religion. 

    Rémi Brague          

    Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'Université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (éd. Criterion, 1992, rééd. NRF, 1999), il a dernièrement publié Le Règne de l'homme: Genèse et échec du projet moderne (éd. Gallimard, 2015) et Où va l'histoire? Entretiens avec Giulio Brotti (éd. Salvator, 2016).  

  • Sainte Rita : Évacuation efficace d’intégristes à Paris … mais il s’agit d’une église, pas d’une mosquée salafiste

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [3.08]. La République ne change pas d'ennemi ! LFAR

     

    1123083056.jpgL’église sainte Rita est bien connue dans le XVème arrondissement de Paris. Elle abritait des chrétiens gallicans, plus ou moins proches des milieux catholiques traditionalistes, et était connue pour ses enterrements et son cimetière d’animaux de compagnie. L’« association des chapelles catholiques et apostoliques » gérant le lieu l’a vendu à un promoteur immobilier, Garibaldi, en vue d’une opération sans doute juteuse. C’est à sa demande que l’église a été évacuée  d’une cinquantaine de protestataires présents depuis 6h30 ce matin dont le prêtre en habits sacerdotaux traîné à terre sans plus de ménagements. On voit sur la vidéo les égards des forces de l’ordre envers les personnes présentes…

    Le tradi, voilà l’ennemi

    La préfecture de police de Paris a pourtant évoqué sans rire une opération sans incidents majeurs. Bien entendu, afin de justifier l’évacuation, les milieux autorisés ont tous évoqué la présence (pacifique) de sympathisants d’extrême droite, des intégristes catholiques ayant récupéré la problématique à leur unique profit. Je me demande toujours où commence le traditionalisme pour un catholique, si ce n’est pas quand il a le désir d’une spiritualité solide et d’une belle liturgie ? Un catholique de progrès, selon cette définition, n’est plus vraiment catholique.

    Il m’a semblé pourtant qu’il y avait là surtout des élus « Les Républicains » n’étant pas, il me semble, des séides de Marine le Pen, ainsi que des paroissiens et paroissiennes, ou encore des gens du quartier émus par la destruction de ce lieu de mémoire collective. Il y a au moins un motif de réjouissance. Ceux qui taxaient la justice et les forces de police de laxisme ou de lenteur dans le traitement des dossiers religieux en sont pour leurs frais, ils ont ici fait preuve d’une grande célérité véritablement admirable.

     

    C’est à se demander pour quelle raison on tarde autant à vider de la même manière les mosquées salafistes. Serait-ce par absence de réelle volonté politique ? Et puis les chrétiens, fussent-ils d’affreux intégristes, fussent-ils gallicans comme à sainte Rita, ont quand même un avantage. Ils sont censés tendre la joue droite, ainsi que le répètent comme un mantra les « bouffeurs de curé » qui aiment donner des leçons de foi aux croyants pour justifier leurs injures aux catholiques, telle madame Le Goïc. Et avec eux, aucun risque qu’une kalachnikov traîne dans le coin et soit utilisée. Ils sont aussi beaucoup moins coriaces que les « zadistes » de Notre-Dame des Landes.

    Il faut dire que, contrairement aux jeunes gens enthousiastes et romanesques qui occupent le bocage nantais, les zadistes de sainte Rita ce ne sont pas des électeurs PS potentiels pour 2017. Dans les médias, même après les tragiques événements de Saint-Étienne-du-Rouvray, les bonnes habitudes de dénigrement des catholiques ont la peau dure. Quand leurs curés ne sont pas pédophiles, ils sont forcément intégristes, comparables à Daech. Et ce ne sont pas les dénégations affolées des bons apôtres ecclésiastiques ou laïcs, ou la vidéo du père Franck Legros dansant sur des rythmes « mucho caliente » avec son aréopage de jeunes paroissiens circulant actuellement sur le net, qui changeront quoi que ce soit à ces idées reçues. 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com

     

    A rapprocher du communiqué de l'Action française ci-après

    Dans la nuit du 2 au 3 août 2016, plus d’une vingtaine d’étudiants d’Action française a défendu l’église Sainte Rita. En effet, l’église est vouée à destruction devant la pression de promoteurs immobiliers voraces. La mobilisation des riverains, des élus et des catholiques parisiens, tous horrifiés par ce projet avait permis d’obtenir un sursis. L’abbé de Tanouärn a pu redonner vie à cette église, la rendant à sa fonction première en y célébrant des messes quotidiennes, ainsi qu’en y organisant des concerts et des conférences. 

    Aujourd’hui, alors que l’Etat islamique égorge des prêtres sur notre propre sol, la république se présente de fait comme son allié en œuvrant à la destruction de nos églises. En cela, elle continue l’entreprise de la Révolution et révèle sa vraie nature qui n’a rien à envier au pire des terroristes.

    Le lendemain des obsèques du Père Hamel, Cazeneuve envoie ses sbires persécuter les catholiques à défaut d’envoyer sa démission. Les forces du désordre ont détruit l’église et violenté de nombreux militants, un des deux prêtres a été frappé et traîné au sol, des élus municipaux et des députés ont été molestés.

    LE CATHOLICISME : UNE "RELIGION DE MERDE" ? Le commissaire de police, en profanant illégalement la messe, a fièrement lancé "religion de merde".

    L’abbé de Tanouärn appelle les fidèles à se joindre à la messe qu’il célébrera dimanche 7 août à 11h à Ste Rita, ou dans la rue.

    L’Action française est fière d’avoir été présente dans la défense vigoureuse de notre patrimoine culturel et spirituel et le sera toujours pour concourir au bien commun.

    Action Française