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Politique et Religion - Page 60

  • Boualem Sansal : La France en voie de faire allégeance au Calife ? Discours sur l'Islamisme

    Boualem Sansal et Daniel Pouzadoux  

     

    Intervention de Boualem Sansal devant la Fondation Varenne [13 décembre 2016]*. Importante tant par son contenu - nous laissons nos lecteurs le découvrir - que parce qu'elle a été faite devant de grands noms de la presse française et d'illustres personnalitésLFAR 

    Il ne faut désespérer ni Billancourt, ni le Qatar, ni l’institut  

    Mesdames et Messieurs, bonjour, bonsoir,

    Daniel Pouzadoux m’a fait l’amitié de m’inviter à votre cérémonie et il a poussé la gentillesse jusqu’à me demander de venir au pupitre dire quelques mots.  Je le remercie très chaleureusement.  Je vais le faire en essayant de ne pas vous ennuyer, j’ai tendance ces derniers temps à me répéter, et pas de la meilleure façon, je veux dire la politiquement correcte. 

    Je ne sais pas si vous l’entendez mais je vous le dis, parler devant vous n’est pas facile, dans la salle je vois de grands noms de la presse française… c’est impressionnant. Et flatteur pour moi, dans mon pays, l’Algérie, j’ai droit au traitement pour lépreux, on lâche les chiens, on jette des pierres. En ce moment, à la suite d’un supposé amalgame, blasphème, ou mauvaise pensée de ma part, on délibère à mon sujet, et la fumée n’est pas blanche, ça ne dit rien de bon. Mais passons, rien n’est certain tant qu’il n’est pas arrivé.  

    Je voudrais, avec la permission de Daniel, et la vôtre aussi, vous dire deux trois choses sur l’islamisme. Il y a d’autres sujets mais celui-ci les dépasse, il tient le monde en haleine, et la France en premier, elle est une pièce essentielle dans son programme de domination planétaire.  C’est ici qu’il gagnera ou perdra face à l’Occident, il le croit, voilà pourquoi il s’y investit avec tant de rage, derrière laquelle cependant agit un monde étonnant de froide intelligence et de patience.

    Personne ne peut mieux qu’un algérien comprendre ce que vous vivez, ce que vous ressentez, l’Algérie connaît l’islamisme, elle en a souffert vingt années durant. 

    Je ne veux pas laisser entendre que l’islamisme est fini dans ce pays, simplement parce que le terrorisme a reflué, c’est tout le contraire, l’islamisme a gagné, à part quelques voix dissonantes qui s’époumonent dans le désert, rien ne s’oppose à lui, il a tout en main pour réaliser son objet. Tout son programme, dont le terrorisme est un volet important mais pas le plus important, il en est dix autres qui le sont davantage, ne vise que cela : briser les résistances, éteindre les Lumières avec un grand L et installer les mécanismes d’une islamisation en profondeur de la société. On peut dire que l’islamisme ne commence véritablement son œuvre qu’après le passage du rouleau compresseur de la terreur, à ce stade la population est prête à tout accepter avec ferveur, humilité et une vraie reconnaissance.

    On en est là en Algérie, le programme se déroule bien, les islamistes travaillent comme à l’usine, ils contrôlent tout, surveillent tout, le point de non-retour est franchi et le point final arrive comme un coup de poing. Encore quelques réglages et nous aurons une république islamique parfaite, tout à fait éligible au califat mondial. Vous en entendrez parler, je pense.

    Un  exemple  pour  le  montrer :  dans  la  petite  ville  où j’habite, à 50 kms d’Alger, une  ville universitaire dont la population, 25000 habitants environ, se compose essentiellement  d’enseignants,  de  chercheurs  et d’étudiants,  il  y  avait  avant  l’arrivée  de  l’islamisme, dans les années 80, une petite mosquée branlante, coloniale par son âge, que ne fréquentaient que quelques vieux  paysans  des  alentours ;  aujourd’hui,  après  deux décennies de terrorisme et de destruction, et alors que le  pays manque  de  tout,  il  y  en  a  quinze,  toutes  de bonne taille et bien équipées, eau courante au robinet, hautparleurs surpuissants,  climatisation  et  internet  à tous les étages, et je vous apprends que pour la prière du  vendredi  elles  ne  suffisent pas  pour accueillir  tous les  pénitents.  Il faudrait clairement en construire quinze autres ou réquisitionner les amphis et les laboratoires.  Attention, je ne fais pas d’amalgame, ni de persiflage, je ne dis pas que les pénitents sont des islamistes, aucun ne l’est, je vous l’assure, n’ayez crainte, je dis simplement que les islamistes ont bien travaillé, en peu de temps ils ont assaini le climat et fait de nous de bons et fidèles musulmans, ponctuels et empressés, et jamais, au grand jamais j’insiste, ils ne nous ont demandé de devenir des islamistes comme eux. « Point de contrainte en religion », c’est dans le Coran, sourate 2, verset 256.   

    En Algérie, on suit avec beaucoup d’inquiétude l’évolution des choses en France.  Je ne parle pas de nos islamistes, ils se félicitent de leurs avancées chez vous, ni de notre gouvernement, tout entier mobilisé au chevet de son vieux président, M.  Bouteflika, je parle de ceux qui ont de l’amitié pour vous et ceux qui ont des parents en France et qui voudraient les voir continuer de vivre leur vie française le mieux possible. Je vous le dis, ceux-là sont inquiets, très très inquiets et même désespérés. Ils vous en veulent pour cela.

    Inquiets parce qu’ils constatent jour après jour, mois après mois, année après année, que la France ne sait toujours pas se déterminer par rapport à l’islamisme : est-ce du lard, est-ce du mouton, est-ce de la religion, est-ce de l’hérésie ?  Nommer ces choses, elle ne sait pas, c’est un souci. Pendant ce temps, le boa constrictor islamiste a largement eu le temps de bien s’entortiller, il va tout bientôt l’étouffer pour de bon.  Insouciante qu’elle est, la mignonne est allée faire amie-ami avec les gros cheikhs du Golfe que chacun sait être les géniteurs et les dresseurs du boa et surtout d’anciens redoutables détrousseurs de caravanes. 

    Inquiets de voir la France des libertés verser dans le maccarthysme. Que se passe-t-il, bon sang, il n’est plus possible, pour personne, de parler de certains sujets liés à la Chose sans se voir aussitôt traîné au tribunal et condamné sévèrement.  On en sort encore avec des amendes, des sursis et des marques à l’épaule, mais le jour n’est pas loin où on se verra appliquer la vraie charia. 

    Inquiets et dégoutés de  voir  cette  grande  nation laïque et avant-gardiste exhiber à tout bout de champ ses  imams  et  ses  muftis,  ses  pachas  de  l’UOIF,  ses commandeurs du CFCM, et, pour la note moderne, deux trois sœurs cagoulées à l’arrière-plan, comme jadis au temps des colonies de papa elle promenait de cérémonies en cérémonies ses caïds chamarrés bardés de médailles, ses marabouts en boubous et autres sorciers en plumes, et repousser fermement ceux qui peuvent parler  aux  gens  sans  réciter  un  seul  verset  ou  lever  de doigt  menaçant  au  ciel.  On croirait que la France n’a pas été décolonisée en même temps que ses colonies ou que la laïcité y a été abrogée par un édit du grand imam.

    Inquiets et en colère de voir que les algériens de France, pourtant instruits de la vraie nature de l’islamisme, et pis, qui savent qu’il a lancé une OPA sur leurs enfants, ne s’engagent pas plus que ça dans la lutte contre lui, pas au-delà des protestations de principe : « C’est pas ça l’islam » ; « L’islam est paix, chaleur et tolérance », « l’islam est une chance pour la France ». Misère, comment le dire :  l’urgent n’est pas de sauver l’islam de l’amalgame mais de sauver les enfants de la mort  

    Inquiets et effarés de voir l’Europe se déliter et devenir un amplificateur de crises et fabricant d’un islamisme européen véritablement monstrueux, qui par ses prétentions totalitaires et ses haines tous azimuts, s’apparente au nazisme-fascisme d’antan, qu’il contribue de la sorte à ressusciter.

    Désespérés en fin de compte de voir que la France et l’Europe sont à mille lieues de pouvoir concevoir et mener ensemble le seul combat qui puisse venir à bout de l’islamisme : le contre-djihad, conçu sur le principe même du djihad.  Et le djihad n’est pas la guerre, c’est mille chamboulements dans mille domaines différents, menées sans restriction ni frein, dans un mouvement brownien accéléré irréversible.

    Après tout ça, y-a-t-il de l’espoir ? Oui, il existe, il est puissant, la France est un grand pays avec une immense histoire pleine de ressort et d’énergie, il continue de vivre et de se projeter dans l’avenir, mais chacun sent que l’effort coûte de plus en plus, que le poison islamiste court dans ses veines, que la langueur de la décadence le travail, que le pays perd de sa cohérence et de son unité, que le gouvernement n’y entend goutte, que l’Europe est un boulet, bref chacun comprend que la fin approche. L’espoir est précisément là, dans cette horrible sensation que l’Histoire est finie, c’est là que le désespoir trouve sa meilleure énergie. 

    Il y a une condition cependant, un vrai challenge de nos jours, la France    doit retrouver l’usage de la parole libre et en faire une arme.  Si le terrorisme se combat dans la discrétion et la patience, par le renseignement et l’infiltration, l’islamisme se combat par la parole, dite au grand jour, haut et fort. Ce combat a toujours été celui des journalistes et des écrivains, qu’ils reprennent le flambeau, il est à eux. 

    On  n’oubliera  pas  de  mener  ce  combat  en  premier contre l’armée des idiots utiles et des bienpensants, qui avec une poignée de considérations de patronages ont réussi  à  paralyser  la  France,  peuple  et  institutions,  et l’ont livrée aux islamistes et demain à la guerre civile : « pas d’amalgame tu feras »,  « l’assassin de ton frère est ton frère, des bisou ours tu lui adresseras »,  « raciste et islamophobe tu es si tu ne tends pas l’autre joue »,  « ta coulpe tu battras car colonisateur et esclavagiste tu fus »,  « de remords et de pénitences, tu te nourriras »,  « ta place tu cèderas, d’Hilmi tu seras »,  « paix, tolérance et soumission, tu pratiqueras avec tes agresseurs ». 

    Ces formules sont arrivées à l’école, avec d’autres douceurs du même genre, ce qui facilite les abandons de demain. « Cons et dangereux », disait d’eux Yves Montand, qui fut lui-même un idiot-utile des plus célèbres, c’était hier, aujourd’hui il dirait plus : « cons, dangereux, et heureux de l’être ».  

    Vous l’avez noté, à aucun moment je n’ai parlé de l’islam.  Vue par-là, l’affaire nous dépasse, on est dans l’intouchable, l’islam, c’est Allah, c’est Mahomet, le Coran, le Califat, la Oumma, c’est la fin universelle des hérésies et de la mécréance.  « L’islam est l’horizon indépassable de notre temps », ce cher Jean-Paul Sartre nous le dirait sans faute s’il revenait parmi nous. 

    A côté, l’islamisme n’est rien, avec sa pauvre charia et ses sabres ébréchés, on pourrait le balayer ce soir, si on nous le permettait, il n’est que l’expression des délires et des caprices de bédouins du désert arabique, abrutis par des siècles d’ignorance et de consanguinité féroce, soudainement enrichis et ennoblis par des Anglais idiots et accueillis à bras ouverts dans les grandes capitales d’Europe. Nous vivons les frasques de ces enfants monstrueusement gâtés, jouisseurs fous et insatiables.

    Aujourd’hui, ils saccagent des pays comme hier, quand ils apprirent à prendre l’avion et actionner des ascenseurs, ils saccageaient les palaces du monde libre avant de les acheter pour les mettre à leur goût.  C’est cela que les idiots-utiles et les bienpensants aiment en vérité :  l’argent des cheikhs, il sent bon l’encens et le mazout.  Avec eux, Billancourt ne désespérera jamais, et d’ailleurs par leur faute Billancourt n’existe plus, il a disparu en même temps qu’une certaine France. A Colombe-les-deux-Mosquées, il y en a un qui doit salement râler.   

    Pour terminer, je voudrais vous dire mon sentiment sur les propositions récentes de l’institut Montaigne pour réformer l’islam et rendre possible l’émergence d’un islam de France. J’ai vérifié, c’est bien d’islam qu’il parle, d’islam de France, ce qui déjà est un gros blasphème, l’islam est un, il est partout chez lui. C’est par le JDD du 18/9 passé que j’en ai pris connaissance.  Ces propositions qui s’enfilent comme des perles sont au nombre de dix et se résument ainsi : on lève une redevance sur le halal, on construit des mosquées, on forme des aumôniers et des imams, on enseigne l’arabe aux écoliers et le français aux imams, on expurge l’histoire, on crée un secrétariat d’Etat à la laïcité et aux cultes, on implique les maires, on actionne la diplomatie pour endiguer l’influence des régimes wahhabites d’Arabie et du Qatar. Quand j’ai lu ça, je suis tombé à la renverse,

    J’ai compris que le plan était un programme d’arabisation et d’islamisation des plus sévères, il ne laissait aucune possibilité de faire machine arrière en cas de regret. Il ressemblait comme deux gouttes d’eau au plan d’arabisation et d’islamisation que le pouvoir algérien a mise en œuvre en Algérie au début des années 80 sous la pression de l’Arabie saoudite et qui allait en peu de temps faire de nous des perroquets wahhabites salafistes. 

    Il fallait réfléchir et comprendre l’intention de l’institut.  Même à long terme et dans un climat apaisé, ces propositions seraient à mon avis sans portée ni effet quant à l’objectif visé :  réformer l’islam et faire émerger un islam de France, accepté de tous, les Français d’abord, religieux et laïcs de tous bords, et ensuite tous les pays arabes et musulmans, et à leur tête l’Arabie saoudite gardienne universelle du dogme. 

    Au contraire, elles joueront dans le sens de la réalité et celle-ci est la suivante : la France est déjà très avancée dans la voie de son islamisation par un islam importé, archaïque et brutal, sectaire et haineux, affairiste et opportuniste en diable, fortement teinté de salafisme mais pas seulement, adepte du djihad mondialisé, et ces propositions généreuses inespérées vont formidablement aider à son expansion et son enracinement.

    L’effet multiplicateur et accélérateur n’a pas été pris en compte dans l’étude, il jouera à plein, ce que l’étude montre    pourtant puisqu’elle nous apprend que 29% des musulmans de France sont déjà en rupture avec la communauté nationale.  Il semblerait que l’institut n’a pas travaillé sur la réalité mais sur une image de la réalité. Le fait de formuler de telles propositions dans ce contexte de déchirement et après une année 2015 riche en attentats islamistes, révèle que le but recherché par les planificateurs des attentats est atteint :  la France est prête à tout céder, les dix propositions de l’institut se présentent comme un acte d’allégeance au calife.

    Je ne veux pas désespérer l’Institut M. mais on doit le lui dire :  le calife tient son pouvoir d’Allah, il n’attend rien de personne, il écrase tout sur son chemin, les idiots utiles, les allégeants et les soumis en premier. Je vous remercie.

    * Fondation pour la promotion des métiers du journalisme

  • Merveilleux Maurras ! Que disait-il de la Grande Mosquée de Paris lorsqu'elle fut construite ?

     

    3578948983.jpgOn sait que la décision de construire la Mosquée de Paris, première mosquée construite en France métropolitaine, fut prise après la Première Guerre mondiale pour rendre hommage aux dizaines de milliers de morts de confession musulmane ayant combattu pour la France. Et manifester aux survivants la reconnaissance de leur sacrifice par le pays.

    Qu'en a dit Charles Maurras le 13 juillet 1926, lors de son inauguration ? Pas un mot contre l'idée même de rendre un hommage mérité, aux combattants musulmans de la Grande Guerre. A leur propos il parle des « nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ». Il n'y a pas chez Maurras de haine raciale. Ni de haine religieuse : il ne juge pas de l'Islam en soi. Mais il sait l'antagonisme des religions et des civilisations. Et sa culture historique autant que son jugement et son intuition politique l'amènent à pressentir et signaler un danger pour la France. Presque nul, alors. Présent et menaçant aujourd'hui sur notre sol même. Maurras ne dénonce pas l'hommage rendu aux combattants, ne critique même pas le fait de construire une mosquée à Paris. Avec mesure il écrit : « Nous venons de commettre le crime d’excès ». Son texte explicite en quoi consiste cet excès. Suit le pressentiment d'une menace : la crainte que nous ayons à payer un jour notre imprudence, en ce sens criminelle ; le souhait (Fasse le Ciel !) que les musulmans bénéficiaires de notre générosité « ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse. » Et nous y sommes.  LFAR         

     

    capture-d_c3a9cran-2015-08-11-c3a0-21-12-31.png« Mais s’il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on puisse en douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir... Nous venons de commettre le crime d’excès. Fasse le ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu et que les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse. »

    Charles Maurras le 13 juillet 1926

  • Après l’attentat du Caire

    Le patriarche grec catholique melkite Grégoire III Laham

     

    Par Gérard Leclerc

     

    3392000575.jpgL’attentat qui a fait au moins 25 morts (essentiellement des femmes et des enfants) dimanche au Caire, dans une église copte attenant à la cathédrale, n’a pas seulement bouleversé les fidèles de la plus grande communauté chrétienne du Proche-Orient. Elle atteint toute l’Église indivise, ainsi que toutes les personnes de bonne volonté, qui savent quel dommage irréversible constituerait la disparition des chrétiens dans cette région du monde. Cette nouvelle épreuve n’est pas un fait isolé dans la vie des coptes d’Égypte. Depuis 2013, quarante-deux églises ont été attaquées, dont trente-sept incendiées ou endommagées. Il faut prendre en compte aussi les multiples agressions dont sont l’objet les institutions et les familles, subissant de multiples dommages privés. Bien sûr, c’est une minorité violente qui est responsable de ces offensives à répétition, que la radicalisation islamiste n’a cessé d’encourager ces dernières années.

    Notre Assemblée nationale vient de reconnaître le génocide perpétré par Daech contre les populations chrétiennes, yézidies et d’autres minorités religieuses en Syrie et en Irak. Plusieurs parlementaires ont expliqué que les atrocités commises réunissaient la plupart des critères définissant le génocide. La France est désormais en mesure de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, pour qu’il donne compétence à la Cour internationale afin de poursuivre ces crimes. Ce sont, en effet, toutes les minorités religieuses qui se trouvent en péril de disparition dans toute la région, et au-delà, car l’offensive djihadiste a une portée mondiale. Mais la menace la plus immédiate concerne les communautés chrétiennes, les plus anciennes de l’histoire, implantées bien avant la naissance de l’islam.

    Les autorités chrétiennes locales se trouvent face à une terrible responsabilité. Peuvent-elles encourager le départ massif des fidèles vers l’exil  ? Déjà, par exemple, la moitié des chrétiens d’Irak a quitté le pays. Le patriarche grec catholique melkite Grégoire III Laham ne veut pas se résigner à la fatalité. À notre collègue Charlotte d’Ornellas, il a confié sa conviction la plus intime  : «  Je me sers d’une immense partie de mon énergie pour encourager nos fidèles à rester dans cette région, non simplement parce que nous sommes chez nous, mais parce que l’Orient a besoin d’eux, l’Orient a besoin de ce témoignage chrétien. De nombreux musulmans le disent eux-mêmes  : ils ont peur de voir ce monde arabe s’attrister sans les chrétiens et leurs belles valeurs apaisantes. [1].  » C’est dire combien, dans les épreuves actuelles, ces frères chrétiens ont besoin de notre entière solidarité. 

    [1] Grégoire III Laham, Ne nous laissez pas disparaître  ! Un cri au service de la paix. Entretien mené par Charlotte d’Ornellas, Artège, 132 p., 12,90 €

    France Catholique

  • Traditions • Ranimer l’esprit de Noël

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngNoël se prépare et pas uniquement en décorant le sapin ou en dressant des listes de cadeaux. L’Église le sait qui donne quatre semaines à ses fidèles pour se disposer à la venue parmi nous de l’Enfant divin. Voici des ouvrages susceptibles d’aider les petits à entrer dans le mystère de la Nativité.

    Trouver en librairie un véritable calendrier de l’Avent catholique s’avère de plus en plus difficile. En voici un qui, même s’il n’est pas tout à fait conforme aux traditions, car les enfants n’auront pas la joie d’ouvrir chaque matin la mystérieuse petite fenêtre, a cependant de nombreuses qualités.

    Et d’abord celle d’être interactif : les petits devront, chaque jour, en colorier une partie afin que l’affiche soit entièrement enluminée au matin de Noël. Ils devront aussi l’enrichir des sacrifices quotidiens qu’ils déposeront au pied de la crèche, sacrifices suggérés avec intelligence : mettre la table, se priver de jeux vidéos, penser aux autres, prier, ne pas se mettre en colère, etc.

    Le Père Constantieux, chaque semaine, propose une « nourriture spirituelle » qui éclaire les mystères de la Nativité, invitant petits, et grands, à s’en pénétrer. Catherine de Lasa complète cet ensemble réussi par un très joli conte de Noël, racontant comment le sapin, vilain arbre qui pique, fut préféré à tous les végétaux par les anges pour honorer l’Enfant Dieu. À recommander à toutes les familles.

    Très recommandable aussi le joli album d’Arnaud de Cacqueray qui s’est fait une spécialité du thème de Noël, La femme au berceau.
    Voilà plus de deux mille ans, à Bethléem, un menuisier fabriqua à l’intention de sa jeune épouse le beau berceau en forme de nacelle où il comptait bientôt voir dormir leurs nombreux enfants.

    Mais le temps passa et le couple demeura stérile. À la longue, il admit qu’il n’engendrerait jamais. Aussi, lorsqu’une nuit de décembre, un Enfant naquit dans une étable de leur village, la femme inféconde décida d’offrir au Nouveau Né le beau berceau qui ne servait à rien. En échange de ce présent, la Mère lui promit qu’elle aussi, bientôt, enfanterait un fils promis à un très grand destin.

    On ne demande pas aux jolis contes d’être historiquement fiables. L’on sait bien que les parents de saint Pierre n’étaient pas de Bethléem et qu’ils avaient une nombreuse progéniture mais qu’importe ! Telle quelle, l’histoire, bien illustrée par les Dominicaines enseignantes de Fanjeaux, est charmante et, comme souvent avec les albums pour enfants d’Arnaud de Cacqueray, elle initie les petits à des questions graves resituées dans une optique chrétienne.

    Il faut bien le dire, en dépit de ses réelles qualités, Le renard de Bethléem de Nick Butterworth et Mick Inkpen ne possède pas la même portée spirituelle.

    Alors qu’il allait enlever un agneau dans les pâtures proches de Bethléem par une douce nuit d’hiver, un jeune renard affamé est le témoin effaré de l’apparition « d’hommes de lumière » venus annoncer aux bergers la naissance d’un roi. Curieux, l’animal décide d’aller voir, lui aussi.

    Il verra un Enfant nouveau-né, percevra la grâce de cette heure, avant de retourner traquer ses proies, car la faim est toujours là …
    Qui est cet Enfant ? En quoi sa venue va-t-elle changer la face du monde ? Les auteurs américains ne le disent pas, mais il est vrai que ces choses dépassent l’entendement d’un renard …

    Comme souvent, si les animaux sont représentés avec délicatesse, les humains, la Sainte Famille, les anges, sont, avec leurs traits vulgaires et leur gros nez, d’une affligeante laideur.

    Il n’est pas interdit de faire participer les petits à la fabrication des décorations. S’inspirant des traditions scandinaves, Hélène Leroux-Hugon et Juliette Vicart vous proposent un Noël en rouge.

    Si vous en avez assez de payer trop cher des pacotilles importées de Chine et si vous possédez un minimum de talent pour le bricolage ou la couture, vous apprendrez à réaliser sapin de lumière, photophores, lumignons, « triptyque des rois mages », cœurs décoratifs, guirlandes, coussinets, couronne de sapin, suspension ou boules de Noël. C’est de bon goût, relativement facile à exécuter. Y manque seulement, hélas, la dimension religieuse occultée par notre société consumériste pour qui Noël semble devenue l’occasion de s’autocélébrer …  

    [1] Catherine de Lasa, Père Marc Constantieux, illustration dAnne-Charlotte Larroque : Mon calendrier de lAvent à colorier . Téqui ; 5,90 €.

    [2] Via romana ; 28 p ; 12 €.

    [3 Salvator, 26 p, 12 €.

    [4] Pour un Noël en rouge ; Ouest-France, 46 p, 4,90 €.

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  • Pas de crèche cette année en Mairie d'Avignon ...

    Le Christkindelsmärik à Strasbourg 

     

    3578948983.jpgNaguère, du temps de Marie-Josée Roig, qui dirigeait la précédente municipalité, la crèche de Noël occupait environ cinquante mètres carrés dans l'Hôtel de Ville, et le Marché de Noël, place de l'Horloge, était devenu le quatrième Marché de Noël de France (80% des exposants étant des commerçants vauclusiens et 100% des régionaux).

    Mais, cela, c'était « avant ». Avant que Cécile Helle, avec 47,5 des voix, ne remporte une mairie pour laquelle les votes des droites totalisaient 52,5% des voix.

    La droite la plus bête du monde (il est vrai que la gauche la rattrape à très, très grande vitesse, genre TGV : voyez sa pitoyable primaire...) a donc préféré laisser une mairie qui lui tendait les bras (comme dans presque tout le Vaucluse) à Cécile Helle, membre du PS.

    Et celle-ci fait partie de la branche plutôt dure, plutôt sectaire de la gauche. Pour Noël, l'occasion était trop belle de ne pas faire encore un pas de plus dans tout ce qui peut favoriser l'effacement des racines chrétiennes de la France : exit, donc, la crèche, et sous le boisseau, le marché de Noël. Remarquez, cela se passe dans bien d'autres villes de France, alors que certaines autres mairies « de gauche », comme Strasbourg, maintiennent la tradition (il est vrai qu'à Strasbourg, si le maire - lui aussi "de gauche" dans une ville qui vote "à droite" - supprimait le Christkindelsmärik, le Marché de Noël dit « de l'Enfant Jésus », ce serait l'émeute assurée !). 

    Mais, en Avignon, le contexte est un peu différent. C'est là, par exemple, que sévit l'imbuvable Olivier Py, directeur du non moins imbuvable festival d'Avignon, encensé par tout ce que notre pays compte de bobos/gauchos, qui se pâment devant ce qu'ils pensent être de l'art mais qui ne l'est que pour eux, et qui est devenu, au fil des ans, un immense défouloir où éructe avec droit de cité (des Papes !) tout ce qu'il y a de loufoque, de mauvais goût, de vulgaire; à de si rarissimes exceptions près...

    Cet Olivier Py avait même dit qu'il quitterait Avignon avec le festival si le FN l'emportait. Comme si le festival lui appartenait ! Quel dommage, d'ailleurs, que ce n'ait pas été le cas. Hors toute considération de politique politicienne, la ville aurait été débarrassée et du grand foutoir qu'est devenu un festival pourtant plein de réelles promesses à ses débuts et de son directeur haineux et sectaire, ou bête et méchant, comme on voudra.

    Tout ce petit monde, qui fera risette aux musulmans à la première occasion est, évidemment, réuni pour porter un coup d'épingle supplémentaire au christianisme et à nos traditions multiséculaires. Qu'on se rassure, l'un et les autres n'en sont plus à cela près, et s'en relèveront.

    Mais, comme on l'a déjà dit ici*, on ne prendra au sérieux ces gens qui veulent déchristianiser Noël et ôter de l'espace public tous les signes qui rappellent le christianisme qu'à une condition : qu'ils aillent au bout de leur logique, et qu'ils soient au travail dès 8 heures du matin, ou plus tôt (selon l'emploi) les jours de Noël, de Pâques, de l'Ascension, du 15 août. Là, on les croira, le jour où les libres-penseurs iront au turbin le jeudi de l'Ascension, le jour où les bouffeurs de curés iront au charbon les lundis de Pâques et de Pentecôte, le jour où les « profs de gauche » feront cours à leurs élèves le dimanche matin !

    Au fait, Cécile, et ta Mairie, tu l'ouvres, le 25 décembre ? A quelle heure ? 

     
  • Vincent Peillon : l'un des Grands Prêtres de la Nouvelle Religion Républicaine entre en campagne

    Dans son cas, pas de discussion, d'hésitation, d'incertitude : c'est l'adversaire pur, l'ennemi déclaré

     

    grain de sel.jpgDès l'annonce de sa candidature à la primaire de la  gauche, il l'a dit et redit, sur tous les plateaux télé et devant les micros de toutes les radios : « Notre identité, c'est la République ».

    Avec le retour de ce Grand Prêtre fanatique de la Révolution, ce sont tous les grands ancêtres, Robespierre et Saint Just en tête, qui reviennent en force, et c'est Clemenceau aussi, qui disait - avec raison - que la Révolution était « un  bloc » et qu'elle n'était pas terminée.

    Et le court extrait que vous lisez sur le montage ci dessous est tiré du livre de Vincent Peillon, La Révolution française n’est pas terminée (Seuil, 2008) :

    2635102353.jpg

    Ecoutez les douze minutes du montage suivant (d'ailleurs, assez mal fait, et assez désagréable, dans la forme...) : vous y entendrez un Peillon totalement anti-catholique, et désireux de détruire la religion traditionnelle de la France pour la remplacer par une religion républicaine : 

     

     

    Et vous verrez qu'il parle exactement comme Viviani, devenu un obscur méconnu aujourd'hui.

    Le 8 novembre 1906, Viviani (co-fondateur de « L'Humanité » et président du Conseil lors de la déclaration de la guerre de 1914) prononça ce discours brutal (extraits), à la tribune de l’Assemblée nationale : révélateur !... 
     
    « ...Nous sommesrepublique ideologique.JPG chargés de préserver de toute atteinte le patrimoine de la Révolution... Nous nous présentons ici portant en nos mains, en outre des traditions républicaines, ces traditions françaises attestées par des siècles de combat où, peu à peu, l’esprit laïque s’est dérobé aux étreintes de la société religieuse...

    ...Nous sommes face à face avec l’Église catholique...

    ...Au-dessus de ce combat d’un jour, n’est-il pas vrai que se rencontre une fois de plus ce conflit formidable où le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel se disputent des prérogatives souveraines, essayant, en s’arrachant les consciences, de garder jusqu’au bout la direction de l’humanité ?...

    ...La vérité, c’est que se rencontrent ici... la société fondée sur la volonté de l’homme et la société fondée sur la volonté de Dieu...

    ...Les Congrégations et l’Église ne nous menacent pas seulement par leurs agissements, mais par la propagation de la foi...

    ...Nous avons arraché les consciences à la croyance. Lorsqu'un misérable, fatigué du poids du jour, ployait les genoux, nous lui avons dit que derrière les nuages, il n'y avait que des chimères.

    Ensemble, d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu'on ne rallumera plus...

    ...La neutralité fut toujours un mensonge.

    Nous n'avons jamais eu d'autre dessein que de faire une université antireligieuse... de façon active, militante, belliqueuse...

    ...Nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre d'irreligion; nous avons arraché la conscience humaine à la croyance...

    ...Ensemble, et d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus...

    ...Nous ne sommes pas seulement en présence des congrégations, nous sommes en face de l'Eglise Catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d'extermination...» 

    Chantal Delsol a raison : quand Vincent Peillon, ex-ministre de l'éducation nationale, déclare « qu'il faut arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social », quand il concocte une charte de la laïcité obligatoire, « il est dans le rôle parfait d'un idéologue un peu daté, persuadé que l'état peut éduquer les enfants à la place des parents et en faire un bataillon de petits soldats à son service et à sa solde. Il ne faut pas hésiter à le dire : c'est du fascisme. Ce n'est pas parce que Monsieur Peillon parle au nom des Lumières qu'il peut tout se permettre. Arracher l'enfant à l'influence de sa famille pour le mettre sous influence étatique, c'est meurtrier de toute façon, quelle que soit l'idéologie au nom de laquelle on le fait. Devant cela, nous n'avons plus qu'à entrer en dissidence...» 

  • Livres & Société • Le danger de l’islam selon Chesterton

     

    par Lars Klawonn

     

    Pour les imbéciles, tout changement est une chance. Et surtout, tout changement vis-à-vis de « l’ancien monde ». La diversité est donc une chance. Le métissage en est une autre, comme l’abolition des frontières, l’égalité des religions ou l’islam. Tout cela est, selon les imbéciles, une chance formidable pour nos sociétés. Ceux qui parlent des dangers et mettent en garde contre les changements permanents, ceux qui entendent défendre l’homme enraciné contre l’universalisme bébête de l’homme connecté se font traiter de suppôts de l’’extrême-droite et de fascistes.

    Dire que tout changement implique un danger, et qu’il doit être mûrement réfléchi pour s’assurer qu’il apporte plus d’avantages que d’inconvénients, c’est fatiguer trop les cerveaux momifiés des imbéciles. Au lieu de réfléchir, de penser, c’est-à-dire de distinguer les choses, ils préfèrent décréter, moraliser et s’indigner ; au lieu d’analyser les dangers et de les anticiper, les imbéciles adorent minimiser, naviguer à vue et agir en situation car, pour eux, il y a toujours une solution. Mais si un jour il sera trop tard pour réagir, que feront-ils ? Si un jour le péril est entré en la demeure, quelles seront les réponses des imbéciles ?

    G.K. Chesterton (1847- 1936) n’a pas écrit d’ouvrages sur l’islam, mais il a bien réfléchi à la question. Dans son livre Chesterton face à l’islam, Philippe Maxence, l’un des meilleurs connaisseurs de son œuvre, résume de façon à la fois détaillée et synthétique l’approche de l’écrivain anglais. S’appuyant sur de nombreuses citations, il montre en quoi consiste selon l’auteur de l’Auberge volante le danger d’une immigration musulmane incontrôlée. Chacun pourra vérifier par soi-même la vision prophétique qu’il en donne, comme de l’ère moderne et de ses maux, et constater l’actualité brûlante de ses analyses.

    Maxence nous montre bien que pour Chesterton, s’il fallait opposer quelque chose à la progression de l’islam en Europe, c’est bel et bien le christianisme et ses valeurs. Il savait qu’une civilisation sans Dieu est destinée à s’effondrer. Aujourd’hui la menace de l’islam est triple. Elle nous arrive par l’immigration, par le terrorisme et par l’économie (l’achat des entreprises occidentales). Or le vrai danger vient de l’intérieur de l’Europe, de son désengagement de soi-même, de sa soumission à la loi du marché, de son défaitisme, de sa lâcheté, de sa laïcité, de ses pleurnicheries et de ses dogmes de l’égalité et du pacifisme.

    Le visionnaire catholique a compris avant tous les autres que l’homme moderne, remplacera la pensée par les idées, le monde concret par l’abstraction, la distinction des choses par la généralisation et l’indifférenciation, la connaissance par la publicité et le mal par le traitement thérapeutique et la victimisation des criminels ; il a compris que le monde moderne veut le dépassement des nations par une nouvelle superpuissance supranationaliste et impérialiste, la destruction des peuples et leur soumission absolue au culte de l’argent et du commerce.

    Que l’on ne s’y méprenne, notre écrivain n’est pas un pessimiste, en tous cas pas plus que Lord Byron qu’il admire. Cet homme de bon sens se battait pour une société fondée sur la famille et la propriété privée qu’il défendait contre le capitalisme libéral et le communisme marxiste. Pour lui, les vieux principes issus du corpus chrétien permettent de répondre aux défis contemporains. « Le salut pour notre civilisation est dans un retour en arrière », dit-il. Mais prenez garde ! On n’a pas affaire à un passéiste, loin s’en faut. Au contraire, c’est un homme terriblement remuant, un anticonformiste, un polémiste redoutable. Faire revivre le passé ne l’intéressait nullement. En s’insurgeant contre l’homme sans racine, il a trouvé mieux, beaucoup mieux. A savoir que c’est en puisant à la source de notre civilisation, dans ce qu’elle a de vivante, d’organique et d’incarné qu’elle reçoit la force nécessaire pour bondir sur ses ennemis, l’épée à la main, comme Saint-Georges le patron des Anglais. 

    Chesterton face à l’islam de Philippe Maxence, Viva Romana 2014.

    Journaliste culturel, collaborateur au journal La Nation (Lausanne), à la revue Choisir (Genève) et à la Nouvelle Revue Universelle

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  • Le terrorisme révolutionnaire marxiste-léniniste vu par Ségolène Royal et par le Patriarche Kyril

     

    Mur-bleu gds.jpgDéjà, le ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, était ce samedi à Santiago de Cuba le seul membre d'un gouvernement européen, avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à s'être rendue aux funérailles du dictateur communiste. Cela aurait dû, au moins, lui faire un peu honte, et l'inciter à la plus élémentaire des prudences. En l'occurrence, tout simplement, ne rien dire, attendre que « ça se passe ». Ce n'est pourtant pas très difficile, ne rien dire ! Eh, bien, non ! Il a fallu qu'elle parle :

    - Castro est « un monument de l’histoire » a-t-elle claironné ; remarquez, elle n'est ni la seule ni la première, question « hénaurmité » :  Giscard d'Estaing et son successeur Mitterrand n'avaient-ils pas dit de Mao, à sa mort, « Mao, ce phare pour l’humanité » (VGE) et « Mao n'est pas un dictateur, Mao est un humaniste » (Mitterrand) !

    - Il n'y a pas de violations des droits l'Homme à Cuba ; la preuve ? « On n'a pas de listes de prisonniers politiques » : celle-là, pour le coup, il fallait vraiment y penser !

    - Ou encore : « Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin. Ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la terreur qu'il y a eue pendant la Révolution française » ; elle a même souligné au contraire l'existence sur l'île d’« une liberté religieuse » et d' « une liberté de conscience ». Fermez le ban ! Comme dirait l'autre, il vaut mieux entendre cela que d'être sourd.

    Pendant que cette pauvre Ségolène s' « enterrait » toute seule en proférant ses insanités sur le terrorisme révolutionnaire à Cuba, ceux qui étaient à Paris - ou qui, dans toute la France, ont regardé KTO - ont pu suivre la consécration de la cathédrale de la Sainte Trinité, au bord de la Seine, à un jet de pierre de la Tour Eiffel*. Et, là, ils ont entendu toute autre chose, car la patriarche Kyrill, qui sait bien de quoi il parle, a donné une toute autre version de la révolution et de son épouvantable terreur.

    Après une liturgie d'une beauté impressionnante - littéralement enthousiasmante, au sens étymologique du terme - le patriarche s'est adressé, d'une voix forte, à l'assemblée. Il a, plusieurs fois, remercié « la France » d'avoir accueilli les réfugiés russes après la révolution bolchévique, et d'avoir permis la construction de nombreux lieux de culte ; mais c'est « la France » qu'il a remerciée, jamais « la république », car il ne sait que trop bien que « notre » révolution est la matrice de « la sienne ».

    Il a aussi, à la façon d'un Soljenitsyne, dont on retrouvait des accents dans ses propos, raconté ce que fut l'horreur de ce siècle terrible, pour la Russie, qui vit le triomphe, heureusement révolu, de la révolution bolchévique. « Deux amours ont bâti deux cités », disait saint Augustin : sans faire nommément référence à lui, Kyrill a repris exactement la même vision, expliquant d'une façon magistrale et véritablement émouvante comment un courant puissant a fermement travaillé, au cours de ce siècle, pour étouffer en Russie la voix de Dieu, pour arracher la foi du cœur des hommes, pour bâtir une autre société, sans lui et contre lui : celle, purement terrestre, de la vision marxiste-léniniste de l'homme et de l'Histoire. Et, à l'inverse, comme il a été dur de résister à cette déferlante matérialiste, mais comment, à la fin, ce furent les forces de l'Esprit qui l'emportèrent.

    Et, aujourd'hui, la Russie, encore très largement blessée par le quasi-siècle de persécution atroce qu'elle a subie, se réveille à la Foi, se couvre d'églises et de monastères, accueille quantités de prêtres et de moines.  

    « Deux amours ont bâti deux cités » : quel contraste, en ce dimanche de décembre, entre la pauvre et misérable vision (?) que nous offre une Ségolène Royal en perdition, et les fortes et puissantes paroles du patriarche Kyrill, qui, lui, ouvre la voie et dit la vérité : « ...et la vérité vous rendra libres ». 

     
  • Un symbole fort : une nouvelle croix à deux pas de la Tour Eiffel, et l'aurore qui éclipse le crépuscule

     

    Mur-bleu gds.jpgLa construction, au pied de la Tour-Eiffel, de la cathédrale de la Sainte Trinité de Paris, avait été décidée en 2007 entre Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine. C'était la fin d'un assez mauvais feuilleton sur l'utilisation qui serait faite de ce terrain : certains avaient même proposé d'y édifier une mosquée ! En ce lieu hautement symbolique de notre ville capitale, on nous permettra de nous réjouir de voir surgir de terre plutôt la croix des racines chrétiennes de l'Europe que le croissant d'une religion qui a agressé et envahi par deux fois cette même Europe, en 711 par l'Espagne, et en 1492 par Constantinople. Et qui lui fait la guerre aujourd'hui de la façon que l'on sait...

    Coiffée de ses cinq bulbes dorés, la cathédrale a donc été consacrée hier, dimanche 4 décembre, par le Patriarche Cyrille? seizième patriarche de Moscou et de toute la Russie, depuis le 27 janvier 2009. Mais sans Vladimir Poutine ni François Hollande, ni d'ailleurs aucun représentant de haut rang de l'Etat français, ce qui n'honore pas notre pays, et n'est pas à la hauteur de l'évènement : si la Russie avait envoyé son ministre de la Culture, Vladimlir Medinski, et son ambassadeur, Alexandre Orlov, le semble-gouvernement français n'était représenté que par un simple secrétaire d'État (Jean-Marie Le Guen) ! A gouvernement misérable, attitudes misérables...

    Et pourtant, malgré ces mesquines contingences d'un Pays légal et d'un semble gouvernement à bout de souffle, la consécration de ce dimanche est des plus importantes, d'abord en ce qu'elle est, mais aussi en ce qu'elle annonce :

    - En ce qu'elle est, d'abord, puisque - on vient de le voir - malgré l'opposition farouche de certains, dont l'ancien maire de Paris, le non regretté Bertrand Delanoë, d'autres projets farfelus auraient pu voir le jour en ce lieu prestigieux. C'est finalement la Croix qui l'a emporté, et un symbole fort de notre proximité avec notre allié naturel, la Russie.

    - Et aussi en ce qu'elle annonce, sur la Russie, justement : quel que soit le vainqueur de la prochaine élection présidentielle - Marine Le Pen ou François Fillon - il rétablira des relations normales et assainies avec la Russie, qui est, redisons-le, notre partenaire et allié naturel dans une Eurasie triplement indispensable :

    • pour faire contrepoids aux géants comme la Chine ou les Etats-Unis, dans les domaines économiques, politiques, diplomatiques ... ;

    • pour mener et gagner la guerre contre le terrorisme islamiste de Daech et Compagnie, non seulement en Irak, en Syrie, en Libye, mais aussi, et en un sens surtout, en Europe et ici, chez nous;

    • enfin, pour renforcer le ressourcement spirituel des peuples d'Europe ; pour que, réunis et rapprochés à nouveau autour de leurs racines communes, les frères européens redécouvrent les intuitions de leurs origines, comme le répétait saint Jean-Paul II ; ou qu'ils retrouvent, comme le disait Jean-François Mattéi, clôturant son magistral Le regard vide par cette citation du Phylèbe, de Platon, « le chemin qui conduit chez nous ».

    Ainsi va se clôre, dans quelques mois à peine, une funeste période, qui n'aurait jamais dû être ouverte, et qui ne le fut que par le seul aveuglement idéologique et la faiblesse intellectuelle du semble-gouvernement Hollande, au mépris des considérations de bon sens les plus élémentaires et des intérêts nationaux français les plus évidents. Les stupides « sanctions » économiques soi-disant infligées à la Russie, et qui nous pénalisent bien plus qu'elle, seront levées ; et dans tous les domaines, les relations redeviendront normales, et il faut espérer que l'on tournera définitivement la page de l'épisode tragico-ubuesque des Mistral, qui a sérieusement nui à notre crédibilité.

    A ce moment-là, soit Poutine viendra à Paris, soit le nouveau Chef de l'Etat français ira à Moscou : et la poignée de main au sommet qui n'a pas eu lieu ce dimanche sera, ce jour-là, celle de la réconciliation.

    Et le crépuscule de notre pauvre diplomatie actuelle aura définitivement laissé la place à l'aurore d'une politique nouvelle et fructueuse, sur ce point précis de la Russie... 

  • Religion Société • Réédition de deux textes essentiels de Jean Paul II sur la famille

     

    par Jean-Baptiste DONNIER

     

    3374229269.jpgC’est une initiative particulièrement heureuse et bienvenue que viennent de prendre les éditions Téqui en publiant deux textes essentiels du Cardinal Wojtyla sur la famille en tant que communio personarum.

    Ces deux articles, écrits en 1974, constituent le fondement sur lequel l’auteur, devenu le Pape Jean Paul II, élaborera son magistère sur le mariage et la famille. C’est dire leur importance pour saisir la portée de ce magistère. On y trouve déjà les principes qui seront déployés dans les grands textes magistériels qui, de Redemptor hominis à Evangelium vitae et à Familiaris consortio, sans oublier les grandes catéchèses, feront de la famille l’un des axes majeurs du pontificat. Mais on y trouve surtout le soubassement conceptuel sur lequel se fonde ce magistère.

    Deux points suscitent une attention particulière. Le premier est « l’anthropologie théologique », qui renvoie au Commencement (p. 29) afin d’y retrouver la vérité du mariage et de la famille. C’est là un point capital. La vérité d’une chose se manifeste à son origine et non dans un « présent » qui hypertrophie les apparences au détriment de l’essence.

    Tout le positivisme sociologique contemporain se trouve ainsi radicalement contesté dans sa prétention à adapter la norme à la réalité, car cette réalité lui échappe ; il n’en saisit que des apparences perverties et non la vérité ontologique. L’anthropologie wojtylienne de la famille, métaphysique avant d’être théologique, porte en cela un coup décisif à une certaine « modernité » dont elle fait apparaître l’insigne faiblesse conceptuelle.

    Le second point capital est le réalisme profond dans lequel s’ancre la notion de communio personarum. Comme il le fera pour les droits de l’homme dans sa première encyclique, Wojtyla ramène le personnalisme, toujours menacé de verser dans le subjectivisme, à la réalité première que constitue l’aptitude ontologique de la personne à la communion. Il en résulte une conception profondément réaliste du lien conjugal qui actualise la communio personarum dans le mariage, expressément soulignée à plusieurs reprises (p. 43 et 47 notamment).

    Ces deux contributions majeures du Cardinal Wojtyla sont introduites par une préface de Mgr Livio Melina, éminent théologien moraliste, qui met très bien en perspective les fondements mais aussi les prolongements de la théologie wojtylienne du corps dans une fidélité à la pensée de saint pape polonais qui lui a valu récemment d’être mis à l’écart de la direction de l’Institut Jean Paul II pour les études sur le mariage et la famille de l’Université pontificale du Latran…

    L’ouvrage est complété, enfin, par le texte d’une conférence prononcée par l’un des plus remarquables interprètes du magistère de saint Jean Paul II, le Cardinal Carlo Caffarra, qui vient opportunément remettre de l’ordre et de la substance dans des questions qui, hélas, s’enlisent à nouveau dans une pseudo « pastorale » étriquée, aussi ridicule que désuète.

    Il est à espérer que la publication de ce texte magistral annonce l’édition en français des œuvres majeures de ce grand théologien, témoin admirable du renouveau de la pensée catholique sous les pontificats de saint Jean Paul II et de Benoit XVI.  

    Cardinal Karol Wojtyla, Famille et communion des personnes, préface de Mgr Livio Melina, annexe du Cardinal Carlo Caffarra, Téqui, 2016. 

  • Retour sur cet esclavage dont « on » ne parle pas... 2/2.

     

    (Suite de notre publication d'hier mercredi 30 novembre*)

    Mur-bleu gds.jpgLes esclaves oubliés, documentaire d’Antoine Vitkine; ARTE, 2008, 45mn.

    Ce documentaire raconte l’histoire de la traite orientale et arabo-musulmane, au cours de laquelle dix-sept millions d’Africains ont été réduits en esclavage pendant quatorze siècles.

    Il s’intéresse également à une filière encore plus méconnue, la traite interne à l’Afrique noire, menée pendant des siècles par les royaumes africains.

    Il montre enfin que ces systèmes ont perduré dans le monde musulman et en Afrique noire jusqu’au milieu du XXème siècle.

    Comment étaient capturés ces esclaves ? Dans quelles conditions étaient-ils déportés ? À quoi étaient-ils employés ? Les spécialistes Salah Trabelsi, Ibrahima Thioub, Henri Medard ou Mohamed Ennaji répondent à ces questions... 

     


     

     * A lire ou relire ...

    Retour sur cet esclavage dont « on » ne parle pas... 1.

    Dénonciation et repentance de l'esclavage passé : Valls  oublie de condamner l'esclavage actuel...

  • Retour sur cet esclavage dont « on » ne parle pas...

     

    Mur-bleu gds.jpg« On », c'est, bien sûr, la cléricature médiatique et la caste du politiquement/historiquement/moralement correct. Et tous ceux qui lui font allégeance, comme, par exemple, Manuel Valls dont nous avons relevé l'ignorance et-ou le mensonge le 3 novembre dernier*.

    Bien sûr, à propos de l'esclavage et de la traite négrière, celles et ceux qui s'informent, qui cherchent et qui veulent savoir, savent. Mais beaucoup sont maintenus dans l'erreur par les mensonges et les omissions de la bien-pensance officielle, uniquement préoccupée de se repentir à sens unique, et de condamner sans appel l'homme blanc, son héritage maudit, ses œuvres malfaisantes...

    C'est bien joli, tout cela, sauf que... cela n'est pas tout à fait la réalité, ni la simple vérité historique. Si l'esclavage a malheureusement bien été pratiqué par l'homme blanc, cette horreur s'est arrêtée il y a bien longtemps maintenant. Mais l'esclavage perdure encore aujourd'hui, et là où nos bonnes consciences auto-proclamées ne voudraient surtout pas que l'on aille regarder.

    Allons-y donc, et commençons par rappeler ce fait : eh, oui ! la traite orientale et arabo-musulmane a existé pendant 14 siècles (ce qui nous donne tout de même environ 17 millions d'Africains réduits en esclavage !) et continue dans certains pays du continent noir. N'en déplaise à ceux qui nous rebattent les oreilles, en nous parlant sans cesse d'un Islam idéal et tolérant fantasmé (« religion de paix et d’amour » !) - qui n'existe pas -, alors qu'ils ne parlent jamais de l'Islam réel et persécuteur qui existe - lui - bel et bien.

    Plutôt que d'assommer le lecteur par de longs développements sur le sujet, on proposera donc à Manuel Valls, en particulier, et à tous, en général, de visionner deux documentaires - édifiants, c'est le moins que l'on puisse en dire - que la chaîne Arte avait déjà choisi de diffuser en 2008, centrés sur la Mauritanie : « Chasseurs d’esclaves » et « Les esclaves oubliés ».

    Tout commentaire après visionnage serait superfétatoire...    (A suivre) 

    Chasseurs d’esclaves, reportage de Sophie Jeaneau et Anna Kwak ; ARTE, 2008, 45mn.

    Mars 2008, à Nouakchott, capitale de la Mauritanie. Bilal, un esclave évadé, porte plainte. Sa sœur est détenue par une famille maure depuis la naissance. Elle a 40 ans. « Elle travaille jour et nuit, sans salaire », dénonce-t-il. Et ses enfants sont le fruit des viols de son maître. Deux militants de l’association mauritanienne SOS Esclaves décident d’aider Bilal à libérer sa sœur, de gré ou de force. Ils savent que la tâche ne sera pas facile. Issu d’un système traditionnel millénaire, l’esclavage mauritanien, qui n’a été officiellement mis hors la loi qu’en 2007, structure la société tout entière, souvent avec l’accord tacite des autorités. Une caravane se met en route à travers le désert, accompagnée par la caméra de Sophie Jeaneau et Anna Kwak. Un reportage exceptionnel sur le combat forcené des abolitionnistes d’aujourd’hui, décidés à éradiquer l’esclavage en terre africaine.

     

    Le documentaire « Les esclaves oubliés » sera mis en ligne dans nos publications de demain jeudi 1er décembre.  

     * A lire ou relire ...

    Dénonciation et repentance de l'esclavage passé : Valls  oublie de condamner l'esclavage actuel...

  • Société • Mathieu Bock-Côté : la crèche et la nation

    Crèche de Noël, installée dans la mairie des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille en décembre 2014 

    Par Mathieu Bock-Côté
     
    Cette chronique - remarquable comme les précédentes - a été publiée dans Figarovox le mardi 8 novembre, un jour avant que le Conseil d'État ne rende sa décision relative à la place des crèches dans les bâtiments publics. Pour Mathieu Bock-Côté, si toutes les convictions sont égales devant la loi, toutes les traditions religieuses ne le sont pas devant la mémoire. Sa réflexion va, comme toujours à l'essentiel.  LFAR
     

    3222752275.jpgRares sont ceux, probablement, qui n'abordent pas avec une certaine perplexité la querelle entourant la place accordée ou non à la crèche dans les bâtiments publics. Non pas qu'elle soit sans intérêt : au contraire, cette querelle pose la question du rapport de la nation française avec le catholicisme, qui l'a marqué d'une profonde empreinte, et qui est encore agissant en elle, malgré la sacralisation de la laïcité républicaine. N'est-il pas légitime que l'identité historique d'une nation s'inscrive de différentes manières au cœur de ses institutions ? En fait, on se demande comment on peut voir dans la présence publique de ce symbole un scandale, à une époque où le catholicisme n'a plus rien de conquérant et semble surtout demander qu'on reconnaisse sa valeur patrimoniale. Faut-il vraiment s'offusquer de cette trace visible de la religion du pays dans ses institutions ? La crèche compromet-elle sérieusement la laïcité ? Qui s'imagine vraiment que le catholicisme français témoignerait ici d'un fantasme de la restauration ?

    Mais on le sait, la querelle de la crèche s'inscrit dans un contexte politique fort agité. En un mot, la France est aujourd'hui fragilisée comme jamais. L'immigration massive des dernières décennies a engendré une mutation identitaire majeure que seuls les gardiens de la révolution diversitaire diront heureuse. Spontanément, le pays, de mille manières, veut rappeler aux immigrés qu'ils ne rejoignent pas une page blanche non plus qu'un no man's land administratif. Il veut réaffirmer son identité trop longtemps occultée. La France n'est pas qu'une république laïque désirant incarner de manière exemplaire des principes universels. C'est aussi un vieux pays aux profondes racines chrétiennes. Si toutes les convictions sont égales devant la loi, toutes les traditions religieuses ne sont pas égales devant la mémoire. Il s'agit dès lors de rendre visible la marque chrétienne de l'identité française, pour rappeler aux immigrés dans quel monde ils arrivent et quel univers symbolique ils doivent accepter et intérioriser.

    Mais il faut probablement aller au-delà de ce désir de conserver la particularité historique du pays pour comprendre ce qui pousse plusieurs à se tourner vers la crèche, et peut-être inconsciemment, par-là, vers la croix. La seule référence à la république, aussi essentielle soit-elle, ne suffit manifestement plus à définir ce que les Français cherchent à sauver et à défendre. Et dès lors, s'ils cherchent à se définir autrement, ou du moins, s'ils cherchent une définition plus complète d'eux-mêmes, ils se tournent spontanément vers ce qui semble être leur plus ancienne tradition. Ou du moins, ils semblent croire que les références chrétiennes permettent de toucher la part la plus intime du pays ou ce qu'on aurait appelé autrefois ses origines. La crèche devient donc un symbole politique censé permettre à la nation de se connecter avec ses profondeurs intimes et de réactiver les strates les plus profondes de l'identité nationale. Il s'agit de se mobiliser en rappelant ce qu'on pourrait appeler la part sacrée de la patrie, enfouie sous la modernité.

    On aurait tort, toutefois, d'y voir un désir plus ou moins refoulé de confessionnalisation de la vie politique. D'ailleurs, sauf dans les marges les plus lointaines de la vie politique, on ne trouvera personne entretenant cette aspiration. On doit plutôt voir dans cette mémoire catholique politiquement revendiquée une manière de ressaisir une identité plus charnelle, plus substantielle, ne se laissant pas dissoudre dans les seuls paramètres de la modernité contractualiste. Le catholicisme, aussi universaliste soit-il dans ses prétentions, devient alors le symbole de ce qui est spécifiquement français, ou plus largement, puisque ce phénomène est présent aussi dans d'autres pays, de ce qui est spécifiquement occidental dans l'identité française. À tout le moins, il se présente comme une tradition permettant à la France d'assurer sa continuité historique et d'assumer son histoire longue.

    Ce catholicisme patrimonial, censé conduire aux strates profondes de l'identité nationale, n'est donc pas contradictoire, dans l'esprit public, avec la laïcité. On peut, à bon droit, et avec raison, distinguer le catholicisme comme religion culturelle et le catholicisme comme foi, et vouloir accorder ses droits au premier sans se plier aux convictions métaphysiques du second. Les croyants répondront que coupé de sa source, le premier est condamné à la sécheresse. Mais ce n'est pas à l'État à trancher dans cette querelle qui ne le concerne pas vraiment. On ne voit pas pourquoi on lui prêterait une compétence théologique et comment on pourrait empêcher un croyant de voir dans une crèche quelque chose de plus qu'un symbole patrimonial. Mais l'État, toutefois, exprime politiquement une nation historique aux sources identitaires nombreuses, et doit, dans une certaine mesure, s'alimenter à chacune d'entre elles, en sachant que d'une époque à une autre, toutes ne seront pas également sollicitées.

    Dans un monde où ce qu'on nomme plus ou moins adéquatement le choc des civilisations prend surtout le visage de l'islam conquérant, on comprend que chaque peuple revienne sur ce qu'il croit être sa propre tradition religieuse. Le paradoxe du monde occidental, aujourd'hui, est d'y revenir sans trop y croire, tout en sachant que ses racines chrétiennes le connectent à une part de l'existence qu'il ne peut renier sans s'appauvrir mais qu'il ne sait plus trop comment symboliser. Une chose est certaine: le politique, quoi qu'on en pense, est lié à une certaine idée de l'homme, ainsi qu'à une certaine idée de sacré. Il s'inscrit, autrement dit, dans une civilisation qui donne une réponse particulière aux grandes questions qui traversent l'âme humaine. Il n'est pas surprenant que l'esprit public, aujourd'hui, refuse de voir une contradiction entre la laïcité et les racines chrétiennes: elles représentent deux visages d'une même civilisation. 

    « La seule référence à la république, aussi essentielle soit-elle, ne suffit manifestement plus à définir ce que les Français cherchent à sauver et à défendre. »

    Mathieu Bock-Côté

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Avant Donald, François ... Attention : un séisme pourrait-il en cacher un autre ?

     

    Mur-bleu gds.jpgSur le Niagara de commentaires dont nous avons été - et sommes encore - abreuvés à propos de l'élection de Donald, est-il utile de revenir ? Les journaleux papier-radio-télé nous ont assez dit ce qu'il fallait faire (installer un abri antiatomique dans nos jardins ou caves, et stocker des provisions pour quatre ans, en attendant que les effets de la bombe Trump ne se dissipent), il semble que l'on puisse, maintenant, passer à autre chose, car cela devient, franchement, lassant.

    Surtout que, question séisme, il y a matière à écouter, lire et... réfléchir.

    Obsédés, jusqu'à la névrose, par la défaite de « leur » Hillary (salaud de peuple ! répètent, en boucle, nos bons démocrates et républicains...) les journaleux n'ont pas vu et entendu - ou pas voulu entendre et voir - l'autre éruption volcanique qui s'était produite le premier novembre, juste une semaine avant l'élection états-unienne, qui était du 8. Ils étaient tellement focalisés sur Donald qu'ils n'ont pas prêté attention à... François.

    Eh, oui, le 1er novembre, dans l'avion qui le ramenait de Suède - où il avait été curieusement assez indulgent pour Luther - François a lâché une bombe : certes, pas une bombe atomique (deux, en fait, « à la Truman ») mais une bombe tout de même, et qui ne restera pas sans conséquence(s).

    On le sait, dans l'avion qui les emmène lors de leurs voyages apostoliques, les Papes, depuis Paul VI et Jean-Paul II, aiment bien parler aux journalistes, en cabine. Et François a parlé... et ses paroles marquent un certain tournant par rapport à ses paroles précédentes

    D'abord, il a invité les gouvernements à traiter « avec prudence » la question de l'immigration. Si on était Madame Merkel - avec son million huit d'immigrés à qui elle a fait dire « Willkommen », et dont au moins quelques uns ont déjà « sauté »  chez nous, merci... - on se sentirait un peu gêné...

    Bon, d'accord, les grincheux diront que François se contredit : pourtant, c'est bien connu, l'Eglise ne veut pas la mort du pêcheur, mais sa conversion. François ayant pêché par angélisme, par naïveté et tout ce que l'on voudra, on ne va tout de même pas lui reprocher, ou lui interdire, de faire marche arrière et de changer - un tant soit peu - d'avis !

    Surtout que, là, dans l'avion, François a été clair : « ... en théorie (admirez le jésuite !) on ne peut pas fermer son coeur à un réfugié, mais la prudence des gouvernants est également nécessaire...» et il a continué en affirmant que les Etats ont le droit et le devoir « de faire preuve de responsabilité dans la gestion de leurs flux migratoires »; il a ensuite distingué le « réfugié » du « migrant », celui-ci ayant le droit de migrer mais que « migrer est un droit très réglementé ». Il  a mis en garde les Etats contre « l'imprudence politique » qui consiste à « recevoir plus de personnes qu'on ne peut en intégrer... (car) que se passe-t-il quand un réfugié ou un migrant n'est pas intégré ? Il se ghettoïse, entre dans un ghetto. Et une culture qui se développe sans entrer en relation avec l'autre culture, c'est dangereux ».

    En fait, François ne fait que revenir à la relative prudence de ses prédécesseurs, Benoît XVI et Jean-Paul II et... au Catéchisme de l'Eglise catholique !

    Benoît XVI ne disait-il pas que "les Etats ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières" ? Et Jean-Paul II, allant encore plus loin, ne parlait-il pas du « droit des Nations » ? Quant au Catéchisme de l'Eglise catholique, voulu et réalisé par le même Jean-Paul II, il est très clair sur le sujet*

    On ne peut donc que se réjouir, sur un sujet si important qu'il en devient vital, de ce virage pris par le chef de l'Eglise catholique. Après tant de gestes accomplis par les derniers papes en soutien de l'immigration ... Nos journaleux ne l'ont pas vu, eux dont l'esprit est intégralement rempli par l'idéologie et dont - de toutes façons - la capitale mentale est New York. Pourtant, le changement de cap papal, s'il devait se confirmer, est aussi important pour nous, et nous concerne autant, et plus, que l'élection états-unienne. Oui, mais, voilà : les journaleux et autre auto-proclamés « élites » (!) ont oublié que nous sommes en France, et que nos capitales, avec Paris, sont Athènes, Rome et Jérusalem. S'il est légitime qu'ils regardent ce qui se passe partout dans le monde, leur idéologie de fond et le  yanqui-centrisme qui s'y rajoute leur interdit de voir le dit monde autrement qu'avec des lunettes, en l'occurrence, you-éssé...

    C'est triste, mais surtout pour eux, car pendant qu'ils tournent en rond autour de leurs obsessions, le monde, lui, continue aussi de tourner, mais de plus en plus sans eux; voire contre eux...

    * Catéchisme de l'Eglise Catholique, page 459 [troisième partie, deuxième section, chapitre deuxième, article 4, paragraphe 5 et dernier, côté 2241].

    « Les nations mieux pourvues sont tenues d'accueillir autant que faire se peut l'étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu'il ne peut trouver dans son pays d'origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l'hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent.

    Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la charge subordonner l'exercice du droit d'immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l'égard du pays d'adoption. L'immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d'accueil, d'obéir à ses lois et de contribuer à ses charges. »

  • Quand Sting invoque Allah au Bataclan ... Attentat à la décence ?

    Samedi soir, au Bataclan, dans un concert censé honorer les victimes du 13 novembre, le chanteur britannique Sting a choisi de chanter « Inchallah »...

    Par Thomas Clavel

    Qui a bien raison de poser la question en titre et y apporte la réponse qui s'impose [Causeur, 14.11].

    Il y a une semaine s’éteignait Leonard Cohen, dont la chanson Hallelujah résonne en chacun de nous comme un cantique éternel. « J’ai entendu qu’il y avait un accord secret / Que David a joué, et il a plu au Seigneur / Mais tu ne t’intéresses pas vraiment à la musique, n’est-ce pas? (…) Ta foi était forte mais tu avais besoin de preuves / Tu l’as vue se baigner sur le toit / Sa beauté et le clair de lune t’ont renversé » … Par ces paroles mystérieuses, à la fois bibliques et profanes, s’ouvre un des plus beaux morceaux jamais composés, mêlant à des arpèges d’une beauté saisissante ce refrain sacré, Hallelujah - Dieu soit loué ! - qui se répète inlassablement, s’élève et s’abaisse, espère et renonce, s’exalte et se brise.

    Samedi soir, au Bataclan, dans un concert censé honorer les victimes du 13 novembre, le chanteur britannique Sting a choisi de célébrer un autre Dieu. Accompagné du trompettiste Ibrahim Maalouf, il a ainsi interprété Inchallah, un des titres de son dernier album qui rend hommage aux réfugiés perdus en mer Méditerranée. « La chanson raconte l’histoire d’une famille partie sur un petit bateau. Je n’ai malheureusement pas de solution politique pour la crise des migrants mais, s’il y en a une, je pense qu’on peut la trouver en faisant preuve d’empathie. En s’imaginant sur ce bateau avec vos enfants et ceux que vous aimez » a-t-il expliqué sur scène.

    Homo Festivus ne pouvait imaginer plus belle réouverture ni plus belle rédemption pour la salle de spectacle la plus tristement célèbre de la planète : un artiste engagé chantant l’Islam et l’amour. Dans un narcissisme qui confine au délire, faisant fi de la souffrance infinie de centaines de familles, Sting allait absoudre et sauver l’Humanité de la haine des victimes à l’endroit de leurs bourreaux, des peurs occidentales à l’égard des migrations orientales, des phobies archaïques vis-à-vis des lumières de la diversité.

    Sting a tenu à préciser au public qu’inchallah était « un très beau mot », comme pour appuyer un peu plus sa pédagogie lumineuse dans l’arène même où Allah était invoqué pour l’assassinat de 130 personnes, il y a un an.

     

    Souhaitant probablement faire définitivement taire les allahou akbar des terroristes, cet Inchallah très maladroit les a bien au contraire fait résonner.

    Il y a des choses que la pudeur commande de ne pas faire. Mais cette pudeur gagne rarement les hommes de spectacle que l’hubris finit toujours par métamorphoser en prêtres. La grande messe des émotions faciles et des absolutions immédiates a tellement corrompu la société du spectacle que tout artiste qui se respecte se croit sommé par la Providence de remettre les hommes de leur péchés, de leurs angoisses, de leurs préjugés, de leurs peurs.
    Samedi soir, Sting n’a pas pris la mesure de l’événement auquel il était convié. Il aurait probablement pu se contenter de jouer ses titres classiques. Et pourquoi pas rendre un double hommage en interprétant ce merveilleux Hallelujah, bien plus consensuel, bien moins violent, bien moins violemment prescriptif.

    Mais la promotion de son nouvel album et la propre célébration de son âme ne pouvaient se contenter d’une simple dédicace aux disparus du Bataclan.  

    Thomas Clavel