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Politique et Religion - Page 65

  • L'Islam et la sexualité

     

    par Annie LAURENT

    Déléguée générale de CLARIFIER

     

    ob_a31a73_dsc04030.jpgDurant la nuit du 31 décembre au 1er janvier dernier, dans plusieurs villes d’Allemagne (Cologne, Hambourg, Stuttgart, Bielefeld) et dans d’autres pays d’Europe : Suisse (Zurich), Autriche, Pays-Bas, Suède et Finlande, des centaines de femmes fêtant le Nouvel An ont été victimes de violences sexuelles commises contre elles par des immigrés. Les autorités des pays concernés ont signalé que ces actes avaient été planifiés. Par ailleurs, périodiquement, les médias se font l’écho de mauvais traitements infligés aux femmes dans les sociétés musulmanes, pas seulement arabes. Les événements de la Saint-Sylvestre ont conduit l’ancienne ministre allemande de la famille, Kristina Schröder, à poser la question de savoir si « les normes de la masculinité en Islam légitiment la violence faite aux femmes ».

    Telle est l’interrogation à laquelle la présente (étude) voudrait s’efforcer de répondre. 

     LE REGARD ISLAMIQUE SUR LA FEMME : INFERIORITE ET MEFIANCE

    1. Supériorité de l'homme

    « La prééminence masculine est fondamentale en Islam », explique le spécialiste tunisien Abdelwahab Bouhdiba dans l’un des livres de référence sur le sujet, La sexualité en Islam (PUF, coll. Quadrige, 1986, p. 31).

    Le récit coranique de la création affirme l’inégalité constitutive entre l’homme et la femme. « Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-ci au-dessus de celles-là » (4, 34). Ce verset reflète sans doute l’héritage patriarcal des sociétés arabes mais, du point de vue islamique, cela résulte d’une volonté divine, donc immuable. Il s’agit d’un choix arbitraire de Dieu en faveur de l’homme qui instaure une différence de dignité entre l’homme et la femme et une subordination certaine de la femme à l’homme. Ce qui explique le machisme si caractéristique de l’Islam, que le poète syrien Adonis (de confession alaouite) dénonce dans un livre récent : « L’islam assujettit la femme et fixe cette servitude par le Texte ». Il en a fait « un instrument pour le désir et le plaisir de l’homme ; il a utilisé la nature pour établir et asseoir davantage sa domination » (Violence et Islam, Seuil, 2015, p. 81 et 85).

    Certes, le machisme se trouve à des degrés divers dans toutes les cultures, religieuses ou non, mais, selon la perspective biblique, il s’agit d’une conséquence du péché originel, faute qui a abîmé la création initiale et mis le désordre dans la relation entre l’homme et la femme, ce dont Dieu a pris acte en disant à Eve : « Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi » (Gn 3, 16). Or, le Coran occulte cette séquence biblique ainsi que le dessein de salut de Dieu destiné à racheter l’humanité pécheresse. En restituant à l’homme et à la femme leur commune dignité d’enfants de Dieu, le baptême corrige les effets pervers des débuts de l’histoire et donne à l’homme la grâce nécessaire pour éviter la tentation machiste ou misogyne. Saint Paul enseigne : « Que chacun aime sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari » (Ep 5, 33).

    La préférence du Dieu de l’Islam pour les hommes se manifeste dans la plupart des prescriptions coraniques relatives à leurs rapports avec les femmes, y compris dans le cadre du mariage. Non seulement l’homme a le droit d’être polygame mais il peut répudier ses épouses selon son bon gré (sur la conception islamique du mariage, cf. PFV n° 20, mai 2014).

    Une fois mariée, la femme ne s’appartient plus. Le Coran exige qu’elle se tienne en permanence à la disposition de son mari. « Vos femmes sont pour vous un champ de labour. Allez à vos champs comme vous le voudrez » (2, 223). On trouve dans la Sunna (Tradition) ces propos (hadîths) attribués à Mahomet : « Une femme ne doit jamais se refuser à son mari, fût-ce sur le bât d’un chameau » (cité par Ghassan Ascha, Du statut inférieur de la femme en Islam, L’Harmattan, 1987, p. 37). Sinon, « elle sera maudite par les anges » (cité par Joseph Azzi, La vie privée de Mahomet, Editions de Paris, 2007, p. 47). En revanche, « toute femme qui meurt en laissant son mari satisfait d’elle ira au paradis » (cité par Mathieu Guidère, Sexe et charia, Ed. du Rocher, 2014, p. 125).

    A signaler que dans le droit occidental, le non consentement de l’épouse peut être assimilé au viol en raison de la violence qu’il implique.

    Dans l’Islam, l’homme possède aussi le droit discrétionnaire de châtier son épouse. « Admonestez celles dont vous craignez l’infidélité ; reléguez-les dans des chambres à part et frappez-les. Mais ne leur cherchez plus querelle si elles vous obéissent » (4, 34). Cf. sur ce point PFV n° 20.

    2. Méfiance envers la femme 

    Les textes sacrés de l’Islam abondent en citations péjoratives concernant les femmes.

    Coran : « O vous les croyants ! Vos épouses et vos enfants sont pour vous des ennemis. Prenez garde ! » (64, 14).

    Préceptes de Mahomet : « Celui qui touche la paume d’une femme à laquelle il n’a pas d’accès licite, on lui mettra une braise sur sa paume le jour du Jugement dernier » (G. Ascha, op. cit., p. 49). Cela explique que certains musulmans refusent de saluer les femmes en leur serrant la main. « Le diable est toujours présent lorsqu’un homme se trouve avec une femme. Il est préférable qu’un homme se frotte avec un cochon qu’avec une femme qui ne lui appartient pas » (cité par J. Azzi, op. cit., p. 45).

    Préceptes d’Ali (600-661), quatrième calife, cousin et gendre de Mahomet : « Il ne faut jamais demander un avis aux femmes, car leur avis est nul. Cache-les pour qu’elles ne puissent pas voir d’autres hommes ! Ne passe pas longtemps en leur compagnie car elles te conduiront au péril et à ta perte » ; « Hommes, n’obéissez jamais en aucune manière à vos femmes. Ne les laissez jamais aviser en aucune matière touchant même la vie quotidienne » (cités par G. Ascha, op. cit., p. 38).

    Toute mixité est donc source potentielle de péché. D’où, dans les milieux les plus scrupuleux, la ségrégation entre les sexes, imposée aux adultes en dehors du cercle familial le plus proche : voitures réservées aux femmes dans le métro (au Caire, par exemple) ; salles de cours séparées dans certaines universités (il arrive aussi que les étudiantes suivent les cours sur un écran de télévision, donc hors de la présence physique du professeur masculin) ; séparation sur les lieux de travail et de loisirs ainsi que dans les fêtes familiales comme les mariages.

    L’obligation du port du voile islamique en dehors du domicile, surtout dans sa version intégrale (niqab, burqa), signifie l’enfermement de la femme dont il faut se méfier, car elle est « le symbole du péché » (Adonis, op. cit., p. 83), étant entendu que dans cette religion le péché est conçu, non pas d’un point de vue de la morale ou de la loi naturelle mais de la charia inspirée du Coran et de la Sunna. Un acte est halal (permis) ou haram (interdit) selon la définition qu’en donne le Dieu de l’Islam ou Mahomet. L’interdiction de sortir seule (sans être accompagnée par un homme qui lui est « licite », donc membre de sa famille) répond à la même préoccupation.

    LA FEMME OBJET A LA DISPOSITION DE L'HOMME 

    1. Les musulmans et la sexualité 

    L’infériorisation des femmes en Islam et la méfiance qu’elles inspirent n’obligent pas l’homme à éviter de les fréquenter. Car, selon Ali, si « la femme tout entière est un mal », « ce qu’il y a de pire en elle, c’est qu’il s’agit d’un mal nécessaire » (cité par G. Ascha, op. cit., p. 38).

    La sexualité tient une place primordiale dans l’Islam. « La fonction sexuelle est en soi une fonction sacrée. Elle est un de ces signes auxquels se reconnaît la puissance de Dieu » (A. Bouhdiba, op. cit., p. 23).

    Le thème de la sexualité est abondamment présent dans la Sîra (biographie de Mahomet) et dans la Sunna (Tradition). Le plaisir sexuel y est magnifié, surtout au profit de l’homme, notamment dans les sociétés où l’on pratique encore l’excision. Le Coran ne la prescrit pas mais Mahomet ne l’interdit pas. Il semble même l’approuver partiellement puisque, rencontrant une exciseuse en action, il lui aurait dit : « N’opère pas radicalement, c’est préférable pour la femme ! » (cité par Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, Le radeau de Mahomet., Lieu commun, 1983, p. 178). Ce qui permet aux juristes de qualifier l’excision d’« acte recommandable mais non obligatoire ».

    Contrairement à une idée répandue mais erronée, le christianisme ne disqualifie pas la sexualité. Il y voit une réalité naturelle voulue par Dieu et destinée à concrétiser l’amour des époux dans le sacrement de mariage qui consacre l’alliance nuptiale impliquant un don mutuel et indissoluble entre eux et non la domination de l’homme sur la femme (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1612-1615). Saint Jean-Paul II a d’ailleurs consacré à la « théologie du corps » un enseignement substantiel.

    En sa qualité de « beau modèle » (Coran 33, 21), le fondateur de l’Islam est digne d’imitation. Or, il recherchait lui-même la compagnie des femmes, non dans une relation parfaitement chaste comme le Christ avec les femmes de l’Evangile, mais pour assouvir ses passions. Il eut onze épouses (plusieurs d’entre elles l’ont été simultanément), dont une juive, Safia. Au sein de son harem, Aïcha était la favorite. Elle a raconté en détail les circonstances de son mariage, conclu alors qu’elle avait 6 ans et consommé lorsqu’elle eut atteint l’âge de 9 ans (cf. Leïla Mounira,Moi, Aïcha, 9 ans, épouse du Prophète, L’Age d’homme, 2002). Concernant la vie matrimoniale de Mahomet, la Sunna contient des centaines de récits attribués à Aïcha, à d’autres épouses et à des témoins directs (cf. Magali Morsy, Les femmes du Prophète, Mercure de France, 1989 ; Joseph Azzi, La vie privée de Mahomet,op. cit.).

    Mahomet eut aussi des concubines (le concubinat est admis en Islam à condition qu’il fasse l’objet d’un contrat). Parmi ces dernières figuraient une Egyptienne copte, Maria, ainsi qu’une juive, Rayhâna, veuve de l’un des juifs de la tribu des Banou Qurayza qui fut massacré à Médine, en 627, avec des centaines d’autres sous les yeux du prophète de l’islam, devenu chef temporel de la cité. Selon la coutume de l’époque en Arabie, les femmes et les enfants d’ennemis tués lors du djihad ou d’une razzia étaient réduits en esclavage et répartis entre les musulmans (Olivier Hanne, Mahomet, Belin, 2013, p. 176). C’est sur ce précédent historique que se fondent les djihadistes de l’Etat islamique (Daech) pour recourir à l’esclavage sexuel, y compris sur des fillettes, au sein des populations soumises à leur pouvoir.

    Le fondateur de l’islam a par ailleurs exalté la jouissance sexuelle. « La volupté et le désir ont la beauté des montagnes. Chaque fois que vous faites œuvre de chair, vous faites une aumône. O croyants ! Ne vous interdisez pas les plaisirs ! » (cité par J.-P. Péroncel-Hugoz, op. cit, p. 188). Il a même élevé l’acte charnel au rang de la prière et de l’aumône.  « Le nikâh (mariage dans le sens d’union sexuelle, cf. PFV n° 20), c’est le coït transcendé », écrit A. Bouhdiba (La sexualité en Islam, op. cit., p. 24).

    La chasteté est donc une attitude incomprise en Islam. Quant au célibat, Mahomet le considère contre-nature. « Ceux qui vivent en célibataires sont de la pire espèce ; ceux qui meurent en célibataires sont de la plus ignoble » (cité par A. Bouhdiba, op. cit., p. 113).

     2. Une sexualité codifiée

    « La féminité est devenue un objet du licite et de l’illicite, à savoir un objet codifié(…). Quand nous disons « la femme en islam », la pensée va automatiquement à son organe sexuel » (Adonis, op. cit., p. 84).

    L’exercice de la sexualité fait l’objet d’une monumentale codification, détaillée à l’extrême. Outre la Sunna, une multitude de fatwas (avis religieux) répondent sans cesse aux préoccupations des musulmans sur ce sujet devenu obsédant.

    Car la licéité est primordiale en ce domaine. Ainsi, le mariage islamique est conçu avant tout comme un contrat juridique, celui-ci pouvant même prendre une forme temporaire. Tel est le cas du « mariage de jouissance » (nikâh el-mutaa), qui se fonde sur un verset du Coran : « De même que vous jouissez d’elles, donnez-leur leur dot, comme une chose due. Il n’y a aucun péché contre vous à ce que vous concluiez un accord quelconque entre vous après la fixation de la dot » (4, 24). Un homme, marié ou pas, a le droit de conclure avec une femme un contrat pour la durée qui leur convient et ce contrat peut être renouvelé autant de fois que le veulent les deux partenaires. D’après la Sunna, ce type de « mariage » fut largement pratiqué par les compagnons de Mahomet. Il n’est plus aujourd’hui admis que dans l’islam chiite où on le justifie comme étant « la solution radicale du problème sexuel dont souffrent les jeunes, et qui menace l’humanité de dégradation et de décadence » (cité par J. Azzi, op. cit., p. 225).

    Une telle forme de « mariage » s’apparente à l’adultère mais l’essentiel, du point de vue islamique, est qu’elle rend l’union licite, la zîna (fornication) étant sévèrement punie par la charia. Quant au viol hors mariage (normal ou temporaire), il est certes illicite, mais certains pays comme le Maroc innocentent le violeur s’il épouse sa victime.

    En tout cas, l’essentiel est de sauver les apparences. « En public, quasiment tout est illicite en matière de sexualité, mais cet interdit est source de ruses et de stratégies de contournement, car la transgression permet l’exacerbation du désir et de l’imagination » (M. Guidère, op. cit., p. 43).

    3. Punition et djihad 

    Pour les auteurs des harcèlements et viols de masse, les victimes, responsables de prévarication, méritent d’être punies. « Les événements de la Saint-Sylvestre sont survenus par la propre faute de ces femmes parce qu’elles étaient à moitié nues et qu’elles portaient du parfum. Il est peu surprenant que des hommes veuillent les attaquer. C’est comme mettre de l’huile sur le feu » ( Sami Abou-Yousouf, imam de la mosquée El-Tawid de Cologne, Réseau Voltaire, 23 janvier 2016).

    Le motif était le même en Egypte lors de la révolution (2011-2013). Le viol public de nombreuses femmes voulait signifier à ces dernières qu’elles n’avaient pas à manifester dans la rue aux côtés des hommes et à imiter ainsi les Occidentales. Ces harcèlements communs (Taharrush gamea en arabe) sont des châtiments collectifs. Ils s’apparentent au crime d’honneur. En Islam, la femme est toujours réputée coupable des violences qui lui sont infligées.

    Par ailleurs, les musulmans engagés dans le djihad contre l’Occident peuvent trouver légitime de s’en prendre aux femmes car elles constituent la partie la plus vulnérable de l’ennemi. Ils considèrent avoir une sorte de « droit de cuissage » sur les femmes de l’ennemi. Mahomet n’a-t-il pas dit : « Le bonheur de l’homme est de soulever le vêtement d’une femme de peau blanche » (cité par J. Azzi, op. cit., p. 35).

    CONCLUSION 

    Le djihad ne se limite pas aux agressions militaires et terroristes. En l’occurrence, il s’est agi de punir les Européennes non musulmanes, coupables de s’être émancipées de la domination masculine, et en même temps d’humilier les sociétés post-chrétiennes considérées comme dépravées et arrogantes. 

    Annie Laurent

    Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient. Docteur d'Etat en sciences politiques.  A participé comme experte au Synode spécial des Evêques pour le Moyen-Orient, convoqué par Benoît XVI en 2010.
    Ouvrages
    Guerres secrètes au Liban (1987) - Vivre avec l'Islam ? - Saint-Paul (1996) - L'Europe malade de la Turquie (2005) - Les chrétiens d'Orient vont-ils disparaître ? (2005) - L'islam peut-il rendre l'homme heureux ? (2012) 

    Petite Feuille Verte - 

    alaurent@associationclarifier.fr

     

  • Qabous 1er, monarque arabo-musulman exemplaire

     

    Par Péroncel-Hugoz 

    Au lieu de son habituel « coup de dent », Péroncel-Hugoz soulève cette semaine son chapeau, en hommage au sultan d’Oman. Avec preuves à l’appui.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgMes reportages pour « Le Monde », jadis et naguère, me permirent, entre autres, de découvrir le plus secret, le moins connu des pays arabes : le Sultanat d’Oman. La dynastie des Bou-Saïd qui y règne depuis 1793, s’entendit presque aussitôt avec les Anglais pour sauvegarder son indépendance tout en leur laissant les mains libres dans le reste du Sinus Persicus, que nous nommerons ici « Golfe arabo-persique », pour essayer de contenter tous les riverains… En 1970, l’émir Qabous, né en 1940, força son père, le sultan régnant, à abdiquer, et il eut désormais les coudées franches pour faire bénéficier ses sujets des revenus pétroliers, issus des découvertes d’hydrocarbures de 1967. 

    Lors de mes séjours en Oman, libre de circuler jusque dans les régions les plus reculées du Sultanat, notamment cette curiosité naturelle que sont les oasis de montagne, je pus constater à loisir le véritable art avec lequel Qabous 1er a modernisé son pays sans léser son âme arabo-musulmane traditionnelle. Et en revenant aux sources mêmes de l’Islam, Coran et Sunna, en donnant le plus souvent le dernier mot à l’esprit des textes plutôt qu’à leur lettre. Est-ce dû au fait que la dynastie nationale appartient à une version de l’Islam ultraminoritaire, l’ibadisme ? Ou avant tout à l’intelligence politique, à la culture universelle de Qabous ? Je pencherai plutôt pour la seconde hypothèse. Rappelons que l’ibadisme est aussi l’Islam de la Pentapole du Mzab, au Sahara algérien, de l’île tunisienne de Djerba et de l’île de Zanzibar, ancienne colonie omanaise. Si, théologiquement, les ibadites passent pour être un peu plus près du chiisme que du sunnisme, au quotidien, ils se sentent humainement plus proches des sunnites que des chiites. En tout cas, Oman est de nos jours un modèle de cohabitation interreligieuse, chrétiens et hindous compris, bien que ces derniers ne soient pas « Gens du Livre ». 

    Je ne vais pas dresser ici une liste de toutes les réalisations qaboussiennes mais, à l’heure où les nouvelles de la santé de ce monarque, longtemps soigné en Allemagne, ne sont pas fameuses, je voudrais m’attarder seulement sur un point particulier, important à mes yeux : le traitement réservé aux animaux. Un point sur lequel les musulmans ont en général, il faut bien le reconnaître, pas très bonne réputation. Qabous 1er, au lieu de nier cette réalité, a travaillé et fait travailler ses théologiens sur ce que disent de ce thème, trop négligé par les Arabes, le Coran et la Sunna. 

    Et, en se basant sur ces deux textes sacrés, sans les triturer, le sultan en a fait passer l’essentiel dans l’enseignement scolaire, tout en multipliant les hommages à la beauté animale, sans toutefois cette zoolâtrie débile constatée de nos jours en Occident, notamment en Anglo-Américanie. Ces hommages omanais se sont traduits notamment en statues de gazelles ou de chevaux, innovation absolue en terre d’Islam arabe, sauf dans le Maroc de la fin du XXe siècle où le ministre hippophile Driss Basri fit élever, en sa bonne ville de Settat, une haute colonne surmontée d’une caracolante statue équine. 

    Mais revenons à Oman et regardons les sourates ou les hadiths, relatifs aux bêtes, enseignés depuis que règne Qabous 1er, aux écoliers du Sultanat : 

    CORAN :

    « Au même titre que les anges, les animaux se prosternent devant Dieu » (S16.V51.).

    « Les bêtes forment une communauté pareille à nous, les humains » (S6.V38).

    « Toutes les créatures seront rassemblées un jour, animaux compris ».« Celui qui traite bien son cheval, sera protégé de la pauvreté ». (Cette sourate est applicable aussi aux ânes. S99.V7 et 8). 

    SUNNA :

    « Une femme ira en Enfer parce qu’elle a laissé mourir de faim une chatte » (Bokhari)

    « Ne faites pas de mal (à qui ne vous a rien fait) et ne rendez pas le mal pour le mal » (hadith n° 32, parmi les 40 sûrs d’El Nawawi et, selon l’enseignement omanais, s’appliquant aux animaux).

    « Il est défendu de frapper les bêtes au visage ».

    « Le Prophète de l’Islam essuyait avec son vêtement la face de son cheval ».

    « Il faut jeter des pierres à ceux qui chevauchent à trois une monture ».

    «  Il ne faut pas séparer une bête de ses petits ; ni mettre le feu sans raison à un nid de fourmis ».

    « Il est défendu de tuer des oiseaux sans raison, en particulier pour s’amuser ». (Sounnan d’El Nasaï, t.VII).

    « Le couteau des sacrifices d’animaux doit être bien aiguisé et cela hors de la vue de la victime ; on n’égorge pas une bête en présence d’une autre et celui qui observera cet usage sera récompensé dans l’Au-delà (Moslim ; El Nawawi).

    « Il est défendu de charger une bête au-delà de ses forces. Le calife Omar frappait lui-même les gens qui chargeaient trop les bêtes de somme ; il soignait lui-même les plaies des dromadaires blessés par le bât ».

    « Un imam décida de se consacrer à Allah seul, ayant vu un chat nourrissant un de ses congénères aveugle », etc. etc. 

    J’arrête là ces listes que certains trouveront peut-être par trop « édifiantes »… En tout cas, quiconque séjourne en Oman pourra y constater que les animaux y sont mieux traités, notamment par les jeunes gens, que dans la plupart des autres sociétés arabo-musulmanes.   

    Lire : Georges-Henri Bousquet, « Des animaux et de leur traitement selon le judaïsme, le christianisme et l’islam », « Studia Islamica », n° IX, 1958, Paris ; Ahmed-Hamoud El Maâniny, « Omani Sultans in Zanzibar (1832-1964) » (en anglais), Ed Kumar, La Nouvelle-Delhi, Inde, 1988.

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 04.03.2016

  • Royautés & Société • Où la famille royale d'Espagne se veut toujours très catholique ...

     

    Malgré la laïcité constitutionnelle de l'Etat espagnol, qui reconnaît néanmoins à l'Eglise catholique une position particulière, la famille royale semble vouloir, quant à elle, rester fidèle à sa tradition catholique. Le reportage et les photographies qui suivent sont repris en totalité du site officiel de la monarchie espagnole, casareal.es.  LFAR

     

    « Besapié » de la statue de notre Père Jésus Nazaréen, Christ de Medinaceli

    Basilique de Jésus de Medinaceli. Madrid, 04.03.2016

    Sa Majesté la Reine Doña Sofia continue cette tradition de la famille royale.

    Sa Majesté la Reine Doña Sofia reste debout pendant quelques instants devant la statue du Santo Cristo de Medinaceli avant d'embrasser son pied.

    A son arrivée à la basilique, Doña Sofia a été reçue par le supérieur provincial de la communauté des Pères Capucins, le père Benjamín Echeverría ; le supérieur de la communauté des Pères Capucins, le père José María Fonseca ; le père Gregorio Blanco et le frère supérieur de la Confrérie de Jésus de Medinaceli, Manuel Torrijos. Puis, elle s’est dirigée par la nef centrale vers l'autel, où elle a embrassé pied du Saint Christ de Medinaceli et est demeurée face à la statue pour quelques moments de recueillement. Par la suite, sa Majesté la Reine Doña Sofia a eu l'occasion de saluer la communauté et le Conseil d'administration de l'Archiconfrérie par quoi sa sa visite s’est achevée.

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    Depuis plus de 300 ans, il est de tradition qu'un des membres de la famille royale se rende à la Basilique de notre père Jésus de Medinaceli le premier vendredi du mois de mars pour adorer le Christ de Medinaceli.

    Ces dernières années, en 2015, ce fut sa Majesté la reine Sofía qui s’est conformée à cette tradition ; en 2014, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 2013, sa Majesté la Reine Doña Sofia ; en 2012, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 2011, sa Majesté le roi Don Juan Carlos ; en 2010, ce fut son Altesse royale l'Infant Don Carlos ; en 2009, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 2008, son Altesse royale l'Infante Doña Margarita ; en 2007, son Altesse royale l'Infante Doña Cristina ; en 2006, sa Majesté la Reine Doña Sofia ; en 2005, sa Majesté le roi Don Juan Carlos ; en 2004, Don Felipe accompagné de Doña Letizia ; en 2003, sa Majesté le roi Felipe VI ; en 2002, son Altesse royale l'Infant Don Carlos ; en 2001, sa Majesté la Reine Doña Sofia ; en 2000, son Altesse royale l'Infante Doña Cristina ; en 1999, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 1998, son Altesse royale l'Infante Doña Cristina ; en 1997, son Altesse royale l'Infante Doña Margarita ; et en 1996, Don Felipe.Doña Margarita; y en 1996, Don Felipe. 

  • VERS UNE RÉVOLUTION CULTURELLE ?

     

    par François Marcilhac 

    L’actualité politique a été évidemment marquée, ces derniers jours, par le remaniement ministériel, a minima, qui, toutefois, a moins fait gloser que le départ bouffon de Taubira, qui l’a précédé de quelque jours. 

     

    500021990.jpgIl est vrai, que dire du retour de Ayrault en remplacement du catastrophique Fabius promu à la présidence du Conseil constitutionnel, de l’arrivée de trois ministres écologistes, d’un retour au respect strict de la parité dans l’équipe ministérielle ou de la création de secrétariats d’Etat à l’intitulé démagogique — on croyait avoir tout vu, en 1981, avec le ministère du temps libre ? C’était sans compter des équipes de communicants pouvant vendre n’importe quoi à un François Hollande, voire à un Manuel Valls qu’on pensait plus lucide, totalement dépourvus du sens du ridicule. Croient-ils que les Français, confrontés, sur leur sol, au terrorisme islamiste, au déferlement migratoire et à l’aggravation de la crise économique, n’aient d’autre attente que la création d’un très stalinien secrétariat d’Etat à l’égalité réelle (sic), d’un autre, lacrymal, à l’aide aux victimes ou, d’un troisième, très politiquement correct, aux relations internationales sur le climat et à la biodiversité ? Alors qu’en temps de crise une équipe resserrée s’impose pour garantir la cohérence de l’action, Hollande, en homme de la IVe, a fait le choix inverse : satisfaire tous ceux qui pourront, pense-t-il, l’aider à gagner en 2017, des radicaux de gauche, avec le retour de leur président, Baylet, ancien ministre, ancien député, ancien sénateur, et présentement puissant homme de presse, qui jappait d’impatience depuis le début du quinquennat, aux deux tendances écologistes : EELV par la personne d’Emmanuelle Cosse, et la dissidence. Non sans que cette promotion d’arrivistes notoires n’achève une mouvance qui, depuis sa création, n’a jamais su donner que le pire des spectacles politiciens, ce qui est assez naturel pour un parti dépourvu de tout sens de la cité : il est alors condamné à n’être que sa propre caricature, l’ambition personnelle ne pouvant prendre le masque de la recherche du Bien commun.

    Hollande pense-t-il ainsi neutraliser les écologistes comme Mitterrand l’avait fait des communistes ? Si oui, un référendum sur Notre-Dame-des-Landes n’est pas, à ses yeux, trop cher payé. Outre sa légalité incertaine, celui-ci montre surtout combien notre chef d’Etat se défausse lâchement sur une fraction du pays réel — laquelle ? —, de la poursuite, ou non, d’un projet insensé qui n’a pour lui que d’être soutenu par les potentats locaux du pays légal, droite et gauche confondues, au mépris de l’intérêt général. Hollande pense certainement avoir manœuvré en génial tacticien — quand on lui demande simplement d’être un bon artisan du Bien commun. Peut-être ne réussira-t-il qu’à s’enferrer dans cette nouvelle idée grandiose comme il se trouve déjà pris à son propre piège dans la question de la déchéance de nationalité, dont le feuilleton laisse désormais indifférents les Français. Si le projet de loi constitutionnelle a été adopté à l’Assemblée, il doit l’être dans les mêmes termes par le Sénat pour pouvoir être présenté devant le Congrès. Or rien n’est moins sûr, les sénateurs ayant annoncé qu’ils détricoteraient le texte gouvernemental. La réforme constitutionnelle sera-t-elle le sparadrap dont n’arrivera pas à se défaire notre capitaine de pédalos ? Le capitaine Haddock a lui, au moins, le mérite d’être drôle.

    Moins comique, en revanche : le fait que, pendant ce temps, le Gouvernement confirme avec cynisme son choix délibéré de sacrifier l’agriculture française sur l’autel libre-échangiste bruxellois. Chaque jour apporte une nouvelle preuve non seulement de son indifférence aux drames vécus par les paysans français mais également d’une destruction préméditée de ce qui est toujours, mais pour combien de temps encore, la première puissance agricole européenne et la quatrième mondiale, d’autant que nos exportations reculent fortement depuis 1995, et singulièrement depuis 2007, la droite, puis la gauche, ayant systématiquement sacrifié notre agriculture à l’occasion de la réforme de la politique agricole commune, au profit de l’agriculture allemande et est-européenne. La servilité envers le maître allemand se paie et ce ne sont pas les rodomontades de nos ministres aux conseils européens, comme celui de ce lundi 15 février, qui changeront quoi que ce soit : elles n’ont d’autre objet que de calmer la colère des agriculteurs, ce qui n’est pas gagné d’avance, car une part grandissante d’entre eux n’a plus rien à perdre. Ils ont aujourd’hui l’énergie du désespoir. Mais qu’importe au pays légal ? Leur poids électoral a baissé avec la fermeture des exploitations et la promotion d’un modèle à l’américaine ou à l’allemande, plus libéral que familial et indifférent à l’impact environnemental.

    Les solutions se trouvent dans des décisions nationales fortes, tournant le dos, notamment, à un prétendu libre marché reposant sur une concurrence déloyale et donc faussée. Un autre modèle que le modèle productiviste, voulu par l’Europe, doit être également promu, favorisant la qualité, ce qui ne pourrait se faire qu’avec le soutien volontariste de l’Etat, chose impensable pour nos politiciens soumis aux règlements bruxellois, et pour une FNSEA dont le double jeu n’est un secret pour personne. Car les agriculteurs, du moins les plus conscients d’entre eux, veulent promouvoir une agriculture humaine, leur permettant de vivre non pas de subventions mais des fruits de leur labeur. Il n’est pas certain toutefois qu’ils aient tous compris que, là aussi, l’Europe, et un syndicalisme pro-bruxellois favorisant la dilution de leur secteur dans le mondialisme sont le problème et non la solution , alors qu’ils se trouvent enchaînés pieds et poings liés à un modèle qui les tue. Se dégager de telles entraves demanderait de la part d’un Etat redevenu national une révolution juridique et, de leur part, une révolution culturelle — la même que celle que les Français devront engager pour ne plus voter, comme des moutons de Panurge, pour les représentants d’une système qui, pour craquer de partout, ne les conduit pas moins à la catastrophe sur tous les plans : agricole, industriel, économique, bien sûr, mais aussi, plus essentiellement encore, civilisationnel.

    Justement : « Le processus d’intégration européenne, initié après des siècles de conflits sanglants, a été accueilli par beaucoup avec espérance, comme un gage de paix et de sécurité. Cependant, nous mettons en garde contre une intégration qui ne serait pas respectueuse des identités religieuses.  » Ces sages propos sont tirés de la déclaration commune du pape François et du patriarche russe Kirill, publiée à l’issue de leur entrevue le 12 février à Cuba. On ne saurait évidemment trop saluer cette rencontre — une première près de mille ans après le grand schisme —, ni cette lucidité. Sous l’influence du réalisme orthodoxe russe, le discours catholique officiel tournerait-il enfin le dos aux niaises illusions démocrates-chrétiennes voyant dans l’Union européenne une résurgence de la Chrétienté ? Le patriarche russe ne pouvant être soupçonné d’être un partisan d’une « intégration » à la bruxelloise, ces propos doivent être lus, à terme, comme le certificat de décès de la notion même d’intégration européenne. Maurras aimait à rappeler que l’Eglise est la seule internationale qui tienne — européenne ou mondiale, jamais impériale. Des nations pérennes demeurent les réalités premières. Nous attendons désormais du pape François qu’il le rappelle aussi fermement que saint Jean-Paul II, pour lequel les nations étaient « les grandes institutrices des peuples ». 

    L’Action Française 2000  [Editorial]

  • Religions & Géopolitique • François, Cyrille, Vladimir et le « Filioque »

     

    Par Camille Pascal*

    Une réflexion intéressante et documentée - dont nous souhaitons que la suite des événements vienne confirmer l'optimisme - qui resitue dans la double perspective historique et géopolitique qui nous paraît convenir, la rencontre historique qui s'est tenue à La Havane, entre le pape François et le patriarche de Moscou, Cyrille. Cette chronique complète l'article de Jean-Baptiste Noé « Rencontre pape-patriarche à Cuba : le mur de Dioclétien va tomber » que nous avons publié le 9 février dernier, à la veille de la rencontre. Les deux analyses vont dans le même sens. LFAR

     

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngAprès mille ans d’anathèmes, Rome et Moscou se parlent de nouveau, pour le plus grand profit des chrétientés orientale et romaine.

    La rencontre entre le pape François et le patriarche de Moscou est un événement d’une portée historique, religieuse et géopolitique majeure. C’est la raison pour laquelle il a été traité de façon parfaitement anecdotique par les médias français. Il est vrai qu’évoquer, aujourd’hui, la querelle du Filioque devant un public qui n’a pas la moindre idée de ce qu’est le Credo est à peu près aussi facile que d’enseigner le latin à des analphabètes.

    Rappelons qu’après la déposition, par Odoacre, du dernier empereur romain d’Occident, en 476, le pape de Rome resta seul face à des rois barbares, mal christianisés et adeptes de l’arianisme, alors qu’à Constantinople, le patriarche, lui, se trouvait entièrement soumis à l’empereur devant lequel il devait même se prosterner le jour de son avènement.

    Très vite, la papauté prit ses distances avec le basileus et son patriarche, trouva des alliés chez les rois francs et permit à Charlemagne de ressusciter l’empire d’Occident alors même que le bassin méditerranéen passait sous le contrôle des disciples du prophète Mahomet. Cette séparation politique avec l’empire d’Orient fut immédiatement suivie d’un divorce théologique, car Charlemagne obtint, malgré les réticences du pape, d’introduire le Filioque dans le Symbole de Nicée-Constantinople. Ainsi le Saint-Esprit ne procédait-il plus simplement du Père mais aussi du Fils. C’était pour les Occidentaux le moyen d’en finir définitivement avec l’hérésie arienne, qui avait tenté d’établir une hiérarchie au sein de la Trinité, et un moyen pour l’empereur Charlemagne de se montrer plus trinitaire que l’empereur Constantin lui-même.

    Les Byzantins ne l’entendirent évidemment pas de cette oreille et refusèrent catégoriquement cette innovation, au point qu’en 1054, les légats du pape, à bout d’arguments, finirent par excommunier le patriarche. La rupture était consommée et, même assiégée par les Turcs, jamais l’Église d’Orient n’accepta de se soumettre à l’autorité politique et théologique de Rome. Après la chute de Constantinople, en 1453, le prince moscovite Ivan III, en épousant la nièce de Constantin XI Paléologue, le dernier empereur de Byzance tombé sous les coups des Turcs, relevait le titre impérial et avec lui l’autorité sur toute l’Église d’Orient. Moscou devenait la troisième Rome, ses patriarches ne reconnurent jamais l’autorité des papes et l’Église russe assura la défense de la plus stricte orthodoxie.

    La rencontre de La Havane est donc d’une force symbolique et d’une portée historique hors norme, car non seulement elle met fin à un divorce millénaire, mais elle permet à la Russie de Vladimir Poutine — il est inenvisageable que le patriarche de Moscou ait accepté cette rencontre sans l’aval du nouveau tsar — de briser son isolement diplomatique et de se poser en bras armé de la chrétienté orientale face à la renaissance du califat. Quant au pape, isolé au milieu d’une Europe divisée, impuissante et déchristianisée, tout progressiste et argentin qu’il soit, il fait comme ses lointains prédécesseurs, il tente de faire l’unité des chrétiens et de trouver le « prince » — fût-il orthodoxe — capable de protéger la catholicité. 

    Camille Pascal

    * Valeurs actuelles du 19.02.2016 

    A lire : Rencontre pape-patriarche à Cuba : le mur de Dioclétien va tomber

  • Anniversaire : Le Ralliement, erreur mortelle

     

    Le 16 février 1892, il y a 124 ans aujourd'hui, le pape Léon XIII publiait l'encyclique Inter innumeras sollicitudines par laquelle il imposait aux catholiques français, avec tout le poids de son autorité et l'insistance qu'elle lui autorisait, le Ralliement à la République. Les conséquences de cette politique, car c'en était une, ont été immenses et se sont étendues non seulement à la situation française mais aussi européenne. On peut imaginer assez aisément que le cours de l'Histoire eût été différent si cette décision papale n'avait pas été prise. Le Ralliement a évidemment conforté une République dont la légitimité était encore incertaine, affaibli la réaction des catholiques - pourtant majoritaires - à toutes ses entreprises négatives, rendu plus difficiles et aléatoires les projets encore actuels de restauration monarchique, et introduit dans l'Eglise de France les courants dits modernistes qui allaient plus tard contribuer à son déclin. Pour la première fois, enfin, fût-ce par tactique, l'Eglise catholique et avec elle les forces de la Tradition qui lui ont obéi, s'inclinaient devant l'esprit et les œuvres de la Révolution. Peut-être est-ce là un des événements majeurs qui ont marqué le XXe siècle et dont le retentissement politique et social se prolonge jusqu'à nous. C'est pourquoi nous avons décidé de l'évoquer ici, reprenant ce qu'en dit notre éphéméride du jour.  LFAR

     

    Le souhait de Léon XIII n'était évidemment pas de se rallier lui-même - ni de pousser les catholiques français à se rallier aux idéaux révolutionnaires en tant que tels. Il s'agissait simplement, dans l'esprit du pape, après l'échec de la restauration monarchique en France, et alors que la jeune république se montrait très agressive envers le catholicisme, de renoncer à une opposition systématique au régime en place, et même d'accepter la Constitution pour combattre « par tous les moyens honnêtes et légaux » les lois anti-chrétiennes, en pesant de tout leur poids sur les nouvelles institutions.  

    Le pape - ingénument - pensait que, les catholiques étant majoritaires en France, cela suffirait à leur faire gagner les élections, et donc à diriger ou - si l'on peut dire - cornaquer les gouvernements : « Accepter la constitution, fait accompli, mais pas la législation, fait réformable, et pour cela, par les élections sous étiquette républicaine, s'insérer dans le régime républicain et y faire de bonnes lois. » disait le pape.

    Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : « Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme.»

    S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : « Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République...Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie...  il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement.»

    Le pape avait simplement oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : « Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité. » 

    Sa vision, purement théorique, était une grave erreur au plan des principes, comme au plan de la tactique : descendre sur le terrain de l'adversaire en utilisant sa doctrine et ses pratiques, cela relevait d'un angélisme profond, qui, pour être sincère, n'en témoignait pas moins d'une incompréhension fondamentale de ce qu'était la république idéologique française, fondée sur les dogmes de la Révolution : cette république, cette Révolution, ces dogmes étaient - et restent - une nouvelle religion, dont le but premier et essentiel est de remplacer l'autre, la chrétienne, la traditionnelle, et de la détruire, par tous les moyens; en détruisant également toutes les racines historiques et culturelles d'un pays millénaire, l'expression "l'an 1 de la République" étant - à cet égard - parfaitement révélatrice de cette nouvelle France, de cette nouvelle société que la république idéologique - comme l'a si justement dit Jules Ferry - voulait bâtir "sans roi et sans dieu".  

    Méconnaître cette haine destructrice et cette volonté farouche d'effacer tout ce qui a fait une Nation pendant mille ans - y compris et surtout ses racines catholiques - témoignait d'une incompréhension politique dramatique à ce niveau. La rupture avec un siècle d'opposition aux thèses révolutionnaires était brutale, et l'Eglise renonçait à combattre son ennemi mortel : le Ralliement fut à la fois un stupéfiant marché de dupes - comme les choses devaient très vite le montrer - et une non moins stupéfiante capitulation idéologique en rase campagne, pourrait-on dire... 

    Le cardinal français Pitra, qui s'opposait fermement à cette rupture dans la politique vaticane, se vit réprimander par Léon XIII lors d'une audience très pénible de trois quart d'heure, durant laquelle, debout et tête nue, il reçut les plus aigres reproches d'un Léon XIII en l'occurrence fort peu compréhensif. Le cardinal accepta, par obéissance, de ne plus s'opposer au pape, et se retira dans une abbaye, où il mourut en 1889, soit trois ans avant la publication de l'encyclique : il se contenta de déclarer « Hora est potestas tenebrarum », reprenant les paroles du Christ à ceux qui venaient l'arrêter (citées par Luc - 22) : « Haec est hora vestra et potestas tenebrarum » (C'est ici votre heure et la puissance des ténèbres). 

    Le Ralliement fut peu suivi par les catholiques français, à de rares exceptions près, notamment celle de ce grand royaliste social que fut le comte Albert de Mun - qui ne tarda pas à le regretter amèrement. Mais, comme le note Michel Mourre", « se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne.» 

    Et, surtout, 34 ans après, les sanctions vaticanes contre l'Action française orientèrent définitivement la structure et la mentalité même de l'Eglise-institution, en la vassalisant au pouvoir républicain, qu'elle reconnaissait, de fait, comme la norme suprême, le cadre obligé dans lequel toute organisation - y compris elle-même, l'Eglise - devait agir; mais à la condition de reconnaître les lois et règles de la république idéologique comme la loi et la norme supérieure, s'imposant à tous. Et bien sûr, a fortiori, en s'interdisant de les combattre en tant que tels.  

    C'est à ce marché de dupe, à cette capitulation en rase campagne qu'il faut sans cesse revenir; et à partir desquels on peut marquer, dater l'origine profonde et essentielle des destructions méthodiques et continues de tout ce qui faisait l'essence même de la société française.   

    • Sur les rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, voir notre éphéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

    • Sur les rapports entre l'Eglise et l'Action française, voir notre éphéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre éphéméride du 10 juillet, sur la levée de ces sanctions par Pie XII.
  • Rencontre pape-patriarche à Cuba : le mur de Dioclétien va tomber

     

    C'est un événement, d'un point de vue historique et géopolitique, d'une importance majeure qu'évoque ici Jean-Baptiste Noé. Et l'analyse qu'il en donne nous semble d'un grand intérêt. D'un point de vue religieux, tout autant. Mais ce n'est pas celui où nous nous plaçons ici. Vendredi prochain, le pape François et le patriarche orthodoxe Kirill se rencontreront à La Havane et les implications géopolitiques de leur rencontre, telles qu'on peut les envisager, sont analysées ici remarquablement, nous semble-t-il, par Jean-Baptiste Noé [Figaro du 05.02.2016]. Nous en conseillons une lecture attentive.  LFAR  

     

    À Cuba, le mur de Dioclétien va tomber

    Les rues de Rome étaient parcourues par la rumeur depuis quelques jours : on espérait une rencontre entre François et Kirill lors du voyage du pape au Mexique. Moscou avait démenti, mais personne ne croyait vraiment cette dénégation. Quand la salle de presse du Saint-Siège convoqua pour 12h les journalistes pour communiquer une nouvelle importante, on comprit que Moscou pouvait passer par Rome. La rencontre qui se tiendra le 12 février prochain à La Havane est un entrechoque de l'histoire et de la géopolitique ; un événement historique majeur.

    Catholiques et orthodoxes : les Latins et les Grecs

    La fracture qui sépare les catholiques et les orthodoxes est d'abord culturelle et politique. La foi y a été conviée pour donner une justification théologique qui désormais n'a plus lieu d'être. La question du filioque est réglée, et les fidèles catholiques peuvent communier lors des messes orthodoxes, sous certaines conditions. La rupture entre Rome et Constantinople est d'abord d'ordre géopolitique. C'est la fracture entre la partie grecque et la partie latine du même Empire romain. C'est la fracture entre deux capitales, Rome et Byzance, qui ont lutté pendant des siècles pour affirmer leur primauté. C'est l'empereur Dioclétien qui, en créant la Tétrarchie, a officialisé la rupture politique et administrative de l'Empire entre l'Occident et l'Orient. Quand le christianisme se développe, il hérite d'une situation complexe où les Grecs méprisent les Latins, qui souffrent d'un complexe d'infériorité par rapport à leurs frères aînés dans la culture. Tous les conciles œcuméniques du premier millénaire se tiennent en Orient. La théologie chrétienne s'approfondit à Nicée, Antioche, Alexandrie, Constantinople. Saint Jérôme vient à Jérusalem pour traduire la Bible en latin, et saint Augustin regrette de ne pas parler le grec.

    En Occident, l'Empire disparaît et les structures se dissolvent. En Orient, l'Empire romain demeure. L'empereur qui siège à Constantinople est l'héritier des César. Charlemagne et les empereurs allemands jalousent celui qui porte la véritable pourpre.

    Au tournant de l'an mil la rupture est consommée, mais celle-ci était vivace depuis plusieurs siècles. Avec la chute de Constantinople en 1453 c'est Moscou qui reprend l'héritage de l'orthodoxie ; c'est elle la troisième Rome.

    Prémisses d'une réconciliation

    Il faut lire Taras Boulba de Gogol pour prendre la mesure du degré de haine qui a pu exister entre catholiques et orthodoxes, surtout en terres orientales où la foi recouvre les disparités ethniques. Polonais et Russes, Croates et Serbes ont longtemps été en conflit, revivant la fracture des Latins et des Grecs, actualisant le traumatisme du sac de Constantinople par les Vénitiens en 1204.

    C'est Léon XIII (1878-1903) qui comprend l'intérêt du rapprochement de Rome et de Moscou. Il opère une modernisation de la vision géopolitique du Saint-Siège. Le premier, il comprend que dans ce siècle de positivisme et de haine de la foi ,la fracture n'est plus entre Grecs et Latins, mais entre ceux qui se rattachent à Dieu et ceux qui dénient son existence. Nous sommes là au cœur des enjeux de la modernité actuelle. Entre Rome et Saint-Pétersbourg, les relations se réchauffent, le tsar invite même le pape à participer à des conférences internationales, ce que refuse l'Italie. La révolution bolchévique empêche le rapprochement, et l'espoir renaît en 1991.

    Benoît XVI a beaucoup fait pour la réunification des deux poumons de l'Église. Il a rencontré plusieurs fois Kirill avant que celui-ci ne devienne patriarche de Moscou si bien que, lors de la messe d'installation de François comme Pape, son bras droit était présent à Rome. C'était déjà une première. Le mur virtuel de Dioclétien séparant l'Empire entre Orient et Occident est en train de s'effriter.

    Cuba, épicentre de la géopolitique du Saint-Siège

    Que cette rencontre ait lieu à Cuba ne manque pas de surprendre. Il fallait un lieu neutre, le pape s'y arrêtera en allant au Mexique, et Kirill y sera présent pour une visite dans l'île. On peut supposer que la concordance des voyages n'est pas le fruit du hasard.

    Cuba, le lieu de l'affrontement terrible ente Kennedy et Khrouchtchev où le monde a failli basculer dans la guerre nucléaire. Cuba où a eu lieu une des révolutions communistes les plus sanglantes. Cuba, où la diplomatie pontificale s'est actionnée durant tout le siècle : Jean XXIII pour réconcilier États-Unis et URSS, Jean-Paul II pour une première visite historique, Benoît XVI pour asseoir la réconciliation, et François pour faire lever l'embargo. À La Havane en 2016, l'événement sera aussi important qu'à Berlin en 1989. Raul Castro, père et acteur d'une des révolutions communistes les plus sanglantes du XXe siècle, est aujourd'hui l'acteur de la plus grande révolution œcuménique de l'histoire. Voilà ce dictateur sanguinaire repenti qui scelle la rencontre de l'Orient et de l'Occident séparés depuis 1 000 ans. Quel retournement de l'histoire ! La terre du communisme athée, l'espérance des générations de mai 68 qui ont vu dans le Che et dans Castro leur salut, qui retourne à la foi et qui accueille les vicaires du Christ. Au moment de la crise des missiles, quel fou aurait pu espérer cela?

    L'Orient en sort changé

    La rencontre des Tropiques va changer le visage de l'Orient. Alors que l'Europe occidentale se coupe de la Russie et refuse de voir en Poutine un allié, la réconciliation de Moscou et de Rome va contraindre les chancelleries à revoir leur stratégie diplomatique, si elles ont une vision réaliste des relations internationales. Fin juin se tiendra en Crète un concile de toutes les églises orthodoxes. C'est la première fois que ce type de concile aura lieu. Seront notamment présents les patriarches de Moscou et de Constantinople. La question romaine sera un des sujets centraux de cette rencontre. La chute du mur du schisme à Cuba va faire circuler les grands vents de l'Orient. 

    Jean-Baptiste Noé

    Jean-Baptiste Noé est historien, auteur de Géopolitique du Vatican, PUF, 2015.

  • Religions & Cultures • Adonis apostrophe l'Islam

     

    Par Péroncel-Hugoz

    En lisant l'essai ultra-percutant du plus fameux poète arabophone vivant, paru à Paris fin 2015, Péroncel-Hugoz a hésité entre « coup de dent » et « coup de chapeau » …

     

    peroncel-hugoz 2.jpgÉtabli en France de longue date, le Syrien Ali-Ahmed Saïd-Esber, alias Adonis, patriarche des lettres arabes (il est né en 1930), observait depuis quelque temps un silence accablé devant les malheurs de son Levant originel, auquel il doit le pseudonyme d'Adonis, symbole de Nature et Beauté dans le monde païen d'avant l'Islam. 

    Or voilà que cette auguste plume arabe vient de publier, en France, en français, un provocant livre de dialogues avec la psychanalyste maghrébine Houria Abdelouahed, maître de conférences à l'Université Paris-Diderot et auteur de « Figures du féminin en Islam » (PUF, Paris, 2012). Et ces entretiens, novateurs mais d'une rare brutalité, et toujours très crus, jettent le lecteur entre admiration pour l'époustouflante énergie du vieux poète et indignation ou stupéfaction devant ce qui, en définitive, est surtout une démolition en règle de l'Islam d'hier et d'aujourd'hui. 

    Certains lecteurs se sont demandés si n'avait pas joué, dans les motivations de l'auteur, son appartenance native au noçaïrisme ou alaouitisme, filière religieuse issue du chiisme, à laquelle appartient également le clan Assad au pouvoir à Damas depuis le putsch de 1970. Cependant, Lalla Houria, qui joue un rôle très actif au fil des 200 pages de ce volume est, elle, née sunnite et a été éduquée au Maroc. 

    Finalement, j'ai opéré un choix, forcément arbitraire, des citations d'Adonis qui m'ont paru les plus significatives de cet ouvrage, laissant le lecteur, surtout s'il est musulman, juger par lui même. 

    *

    ARABES

    - « Il n'y a pas aujourd'hui de culture arabe »

    - « Il n'existe pas de problématiques arabes parce que l'Islam a dominé la vision du monde arabe»

     

    CHIISME

    - « Lorsque j'ai écrit « Le fixe et le mouvant » [en arabe, Beyrouth, 1973], les universitaires m'ont accusé d'être un chiite déformant l'Histoire. Ils se sont attaqués à mon lieu de naissance [Cassabine, près de Lattaquié, en pays chiite-alaouite] (…) Depuis 15 siècles, la guerre arabo-arabe n'a pas cessé »

     

    DAECH

    - « Daech répète seulement le côté obscur de l'Histoire »

    - « Daech ne répète pas Averroés, Ibn-Arabi ni l'audace spéculative des moutazilites [qui disaient que le Coran est créé et non pas incréé] »

    - « Je vois en Daech la fin de l'Islam »

     

    DEMOCRATIE

    - « La démocratie vient de la sphère occidentale. La liberté n'existe pas dans le Texte [coranique], ni dans le contexte islamique »

     

    FEMMES

    - « Les Fémens ? Je ne suis pas contre ! »

    - « Le premier ennemi de la femme ce n'est pas l'homme. C'est la religion. »

    - « Les Algériennes ont été victimes de la mentalité archaïque qui continue à régner »

    - « L’État wahabite a détruit la maison de Fatima, fille de Mahomet, en 2006, à La Mecque, comme vestige de la rébellion féminine »

    - La femme est réduite à un champ de labour pour l'homme »

     

    HOMMES

    - « L'homme de l'Islam est un libertin »

    - « L'Islam a déformé la sexualité »

    - « L'homme tunisien préfère épouser une Algérienne ou une autre Arabe, car la Tunisienne est trop exigeante [suite aux lois féministes de Bourguiba] »

     

    ISLAM

    - « La culture arabe est une décadence si on considère ce qui lui était antérieur »

    - « L'Islam, puisqu'il est né parfait, combat tout ce qui lui était antérieur et tout ce qui est venu après »

    - « L'Islam, dès le début, a adopté les violences des guerres et conquêtes »

    - « L'Islam a tué la poésie »

    - « Les grands poètes comme Abou-Nouwas, El Moutanabi et El Maâri étaient contre la religion officielle »

    - « La mystique a toujours été marginalisée au sein de la culture musulmane »

     

    OCCIDENT

    - « L'Occident a œuvré pour empêcher l'éclosion d'une véritable gauche arabe »

    - « L'Occident politique soutient les fondamentalistes »

    - « L'Occident traite les Arabes comme des poupées ou des marionnettes »

    - « L'Occident ne cherche plus la culture, la lumière, l'avenir, le progrès. Il cherche l'argent »

    - « L'Islam est dans son essence anti-Occident »

     

    PRINTEMPS ARABE de 2011

    - « Ce n'est pas une révolution mais une guerre, devenue elle-même une autre tyrannie. Une guerre confessionnelle, tribale et non civique, musulmane et non arabe »

    - « Le recours à la religion a transformé ce Printemps en enfer. C'est une régression totale » 

     

    EN GUISE DE CONCLUSION…

    La psychanalyste Houria Abdelouahed, partenaire d'Adonis pour construire l'essai « Violence et Islam », cite une réflexion peu connue du penseur français gaulliste André Malraux, qui fut ministre des Affaires culturelles au début de la Ve République : « C'est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains. Aujourd'hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l'Islam » (3 juin 1956). 

    Bibliographie

    - Adonis. « Violence et Islam », entretiens avec Houria Abdelouahed, Seuil, Paris, 2015

    - Adonis. « El Kitab », œuvres poétiques en français, Seuil, 3 volumes

    - Haouès Seniguer. « Petit précis d'islamisme : hommes, textes, idées », l'Harmattan, Paris, 2013

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 15.01.2016

  • Religions & Cultures • Escalade dans l’absurde : le suicide de l’islam ?

     

    par Pierre de La Coste 

     

    3328214605.jpgDepuis un an, les « amalgames » et les « clichés » sur l’islam ont tendance à s’accumuler dans les journaux et sur nos écrans. Les faits sont si nombreux qu’ils déchirent le voile de complaisance que nos médias dressent devant la réalité. Mais est-il possible de trouver un sens, une logique, dans ce chaos ? Est-ce autre chose qu’une réalité qui se rebelle et revient frapper l’Occident au visage ? Oui, il y a bien un sens sous les événements : c’est celui d’un islam qui cherche à nous entraîner dans son long suicide.

    Il y a un an, l’attentat contre Charlie Hebdo obéissait encore à une certaine logique criminelle : vous blasphémez contre le Prophète, je vous tue. Sous-entendu : si vous cessez de blasphémer, je cesse de vous tuer. Dans l’odieuse tuerie de l’Hyper Cacher, c’est plutôt : vous êtes juifs, donc je vous tue. C’est sans aucune échappatoire. Dans les deux cas, le suicide programmé des auteurs des crimes est censé appuyer la démonstration : je suis capable de mourir pour vous tuer.

    En novembre, on a franchi un pas avec les attentats du Bataclan. Il s’agit de tuer toute personne, au hasard, qui assiste à un concert ou qui boit un verre à la terrasse d’un café. Nulle repentance n’est accordée aux mécréants. Sauf hypothèse, assez peu probable, que la France entière se soumette formellement à l’islam et cesse d’aller au café, tout le monde (même les musulmans) peut y passer : tu es Français, donc je te tue, et je me suicide pour mieux te tuer. En marge de ce premier massacre, un fait que l’on explique mal : faute de pouvoir exploser au milieu du Stade de France, des terroristes se suicident seuls, en ne faisant presque aucune victime.

    Un dernier événement (pour l’instant) apporte peut-être le sens de cette escalade dans l’absurde. À la Goutte-d’Or, un immigré en situation irrégulière vient se suicider devant un commissariat. Il n’avait qu’une chance infime de tuer un policier, et aucune de faire un massacre de masse. Le geste est singulier. Pour « mimer » un attentat-suicide, et en fait pour être certain de mourir, il a fabriqué un faux dispositif. Stupidité ? Coup de folie ? Mais alors, comment expliquer que ce vrai-faux attentat soit si minutieusement préparé ? Le message change encore : je me tue, je veux que tu le saches et je fais semblant de vouloir te tuer, mais cela n’a pas d’importance…

    Évidemment, les trois types d’attentat – Charlie, Bataclan et Goutte-d’Or – peuvent se produire à nouveau, successivement ou simultanément. Mais le dernier représente, selon nous, la situation psychologique dans laquelle se trouve, ou se trouvera demain, l’islam lui-même : je te hais, Occident maudit, mais je me déteste encore plus moi-même. Ce qui est important, c’est de mourir.

    Pour clore cette année maudite, lors de la Saint-Sylvestre, à Cologne et ailleurs, c’est un autre « cliché » sur l’islam qui se réalise sous les yeux de l’opinion publique. Depuis treize siècles, l’islam organise la frustration sexuelle des jeunes hommes pour les lancer à l’assaut des troupes ennemies. Si un homme riche a droit à quatre épouses, trois hommes pauvres n’en ont aucune. Ils n’ont droit qu’aux « captives de guerre » prises à l’ennemi, et mieux encore s’ils meurent au combat : les trop fameuses « houris », « vierges aux grands yeux » du paradis, véritables poupées gonflables pour adolescents attardés.

    C’est ainsi que les califes barbus ont bâti leurs immenses empires et accumulé leurs richesses. Les dames de Cologne en savent quelque chose. Elles ont rencontré la pitoyable misère sexuelle des musulmans privés d’épouses soumises et d’esclaves sexuelles. En attente du djihad qui leur procurera les houris. Mais l’homme de la Goutte-d’Or aura-t-il droit à ses 72 vierges comme ceux de Charlie et du Bataclan ? Les savants de l’islam s’interrogent. Il ne faut pas que le suicide soit trop voyant. 

     

    [Boulevard Voltaire]

  • Livres • Crime imaginaire et victimes réelles

     

    Entre blasphème, soldats d'Allah, charia et menace des kalachnikovs, une excellente chronique d'Éric Zemmour pour FigaroVox.

     

    Un an après Charlie, seule une plongée dans le passé du blasphème nous éclaire. Une histoire passionnante où religion et politique sont étroitement mêlées. Hier comme aujourd'hui.

    Le mot avait disparu du langage courant. Il évoquait des temps immémoriaux et obscurs, où le Moyen Âge et le chevalier de La Barre se mêlaient dans une grande confusion historique. Le blasphème nous semblait aussi désuet que la marine à voile mais sans susciter la même nostalgie pour la splendeur des équipages. Il y a un an, l'exécution de dessinateurs blasphémateurs au cri d'Allah akbar nous a ramenés dans un passé que l'on croyait révolu. Aussi efficace qu'une machine à remonter le temps, la kalachnikov des frères Kouachi ressuscitait un univers des «péchés de bouche» et des «serments outrageux» que Voltaire et la République des Jules avaient cru enterrer dans le linceul des «crimes imaginaires». Alors, pour mieux comprendre et combattre ce qui nous tombait dessus, autant plonger dans ce passé qui était fort bien passé. C'est ce que nous propose Jacques de Saint Victor, historien du droit bien connu des lecteurs du supplément littéraire du Figaro. Une plongée passionnante et instructive qui nous ramène aux sources juives du Dieu monothéiste, exclusif et jaloux, et de ces développements complexes en terre chrétienne.

    Notre auteur nous surprend en nous apprenant que, contrairement aux idées reçues, ce n'est pas tant l'Église qui réprima le blasphème que les rois ; le pape tempérait même les ardeurs répressives des rois: «C'est plutôt la politique que la religion qui a rendu la religion intolérante.» Les guerres de religion allaient donner une nouvelle vigueur à cette question, dans un temps où les protestants usaient du blasphème pour scandaliser les catholiques et où le protestantisme fut assimilé au blasphème par les catholiques. Pour sortir des guerres de religion, les politiques inventèrent la monarchie absolue. Que les Lumières et la Révolution remplacèrent par la nation. On n'avait plus besoin de Dieu et de la religion pour fonder la légitimité du pouvoir politique. «La France fut la première nation en Europe à abolir expressément le délit de blasphème en 1791… La première nation à dissocier aussi nettement le droit et la religion.» Les tentatives pour restaurer les anciens interdits (Restauration, second Empire) étaient vouées à l'échec et au ridicule. Mais le ridicule ne tue pas. Notre auteur s'en amuse ou s'en effraie. «Notons que notre exigence actuelle de “respect des religions” ou de “décence” puise sa source dans les plus obscures décisions de justice du second Empire, celles-là mêmes qui poursuivaient Proudhon, Baudelaire et Flaubert!» Nous vivons le temps des grands renversements d'alliance. Les progressistes ont des faiblesses pour le Moyen Âge. Les laïcards, des tendresses pour Allah. «La pénalisation du “discours de la haine” et le respect des convictions intimes étaient brandis par la droite ultracatholique de 1881 pour dénoncer le blasphème ; les voici repris aujourd'hui par les associations antiracistes.»

    À l'époque, c'est Clemenceau, anticlérical et anticolonialiste, qui lançait: «Dieu se défendra bien lui-même ; il n'a pas besoin pour cela de la Chambre des députés.» Aujourd'hui, c'est l'extrême gauche qui explique que la laïcité est un projet colonialiste et raciste, et que l'islam rigoriste n'est que «la rage des victimes de la mondialisation capitaliste».

    Jadis, l'État français combattait tout communautarisme et tout État dans l'État. Aujourd'hui, c'est l'État lui-même qui, avec la loi Pleven, «marque le début juridique du repli communautaire en France en institutionnalisant sans y prendre garde la logique identitaire». À l'ONU, sous la pression des pays musulmans, le conseil des droits de l'homme adopte une résolution en 2009 qui affirme la nécessité de poursuivre «toute forme de diffamation des religions» et le Vatican s'y oppose, voyant le danger pour les chrétiens dans les pays musulmans.

    Dans ce tohu-bohu historique et idéologique, notre auteur tente de raison garder. Il invoque les mânes modérés de Montesquieu ; refuse la confusion faite «entre respect des croyances et respect des sensibilités». Mais il paraît désarmé devant cette «singularité française: depuis le début des années 2000, la nation la plus laïque d'Europe va nourrir, en son sein, des exigences parmi les plus fondamentalistes du continent en matière de blasphème». Il diagnostique fort bien un retour à l'esprit des guerres de religion: «Le blasphème a fini par redevenir un “curseur identitaire” comme il l'avait été au XVIe siècle» ; mais il croit pouvoir établir une égalité entre les menaces venues de l'islam littéraliste et celles issues du christianisme fondamentaliste. Derrière celui-ci, il croit voir l'ombre de «l'ordre moral». Il continue à croire que «la société libérale laïque reste en définitive la seule réponse à ce délit de blasphème» ; mais il oublie que cette société libérale de la IIIe République respectait alors «la morale de nos pères» chère à Jules Ferry, et ne sacrifiait pas aux rites postmodernes de la théorie du genre et du mariage homosexuel. Il invoque avec raison le souvenir glorieux de Clermont-Tonnerre et sa fameuse phrase: «Il faut tout donner aux juifs en tant qu'individus, et rien en tant que nation», en omettant que les Israélites, en échange de leur émancipation religieuse, poursuivaient leur assimilation culturelle à une société chrétienne. Il craint que cette évocation vigoureuse et décomplexée de nos racines chrétiennes ne pousse au «choc des civilisations» en faisant mine de ne pas voir que le fameux choc a déjà fait couler le sang dans les rues de Paris. Il nous avait pourtant lui-même donné les clefs d'explication du retour tonitruant de cette question dans la France du XXIe siècle, en nous montrant que la répression du blasphème fut une des armes utilisées par le pouvoir royal pour affirmer son autorité et sa souveraineté.

    De même aujourd'hui, la répression du blasphème par des soldats d'Allah exprime la volonté d'affirmer sur notre sol, et nos populations, l'émergence d'un pouvoir islamique, fondé sur la charia et appuyé par la menace des kalachnikovs. Les islamo-gauchistes ont déjà choisi d'y faire allégeance. D'autres s'y refusent. Notre auteur, comme nous tous, devra se résoudre à choisir son camp. 

    Eric Zemmour 

    Blasphème de .Jacques de Saint Victor, Gallimard, 122p., 14 €

    Blasphème de .Jacques de Saint Victor, Gallimard, 122p., 14 €

  • Les chrétiens entre pétrole et charia

     

    Une remarquable analyse de Frédéric Pons, comme à l'ordinaire. Un autre aspect des drames du Proche-Orient.

     
    frederic_pons_2.jpgLe pape François a évoqué, en juin, « la vie de milliers et de milliers de familles [qui] semble avoir moins de poids, sur la balance des intérêts, que le pétrole et les armes ». Il désignait ainsi les minorités chrétiennes et yazidis broyées par les persécutions. Après la Turquie et le Liban, l’Irak et la Syrie allongent le martyrologe de la chrétienté orientale. Aux morts et aux disparus, aux femmes et aux enfants volés, violés, vendus, s’ajoute un exode d’une ampleur sans précédent. Des territoires immenses se vident de toute présence chrétienne. Malgré le devoir d’espérance, il est difficile de croire à un retour possible.

    Ces « trafiquants de mort » que dénonce le pape sont les djihadistes en tenue de combat, mais aussi leurs complices — veste et cravate en Turquie, djellabas immaculées dans le Golfe — et les “stratèges du chaos” d’Amérique et d’Europe, rappelle Marc Fromager, le directeur d’Aide à l’Église en détresse (AED). « Entre les différentes opérations militaires, des velléités de redécoupage de la région et un alignement servile sur les intérêts des pétromonarchies, l’Occident aura durablement marqué le Moyen-Orient », écrit-il dans une synthèse remarquable (Guerres, Pétrole et Radicalisme, les chrétiens d’Orient pris en étau, aux éditions Salvator). Père de six enfants, l’auteur n’a jamais cessé d’arpenter ces terres bibliques ravagées par de puissants intérêts géoéconomiques, où la charia, le pétrole et le commerce des armes anéantissent lentement toute trace de présence chrétienne. Cette « stratégie du chaos » a détruit l’Irak puis la Libye, où les milices djihadistes « imposent à la fois la charia et le contrôle juteux de toutes sortes de trafics ». Les semeurs de violence ont recommencé en Syrie : « Les dirigeants sont-ils réellement inconscients ou simplement cyniques ? »

    La France de Nicolas Sarkozy et de François Hollande n’en sort pas grandie. Après avoir abandonné sa responsabilité de protectrice des chrétiens d’Orient, elle aura brillé par son absence de vision stratégique et perdu tout crédit en naviguant à la godille. Jusqu’à ce virage à 180 degrés à propos d’Assad, en novembre, sous la pression de Vladimir Poutine, homme d’État et de convictions, la “divine surprise” de 2015 dans cette région charnière. 

    Frédéric Pons

     

     
  • Charlie Hebdo : la Une de la honte

     
     
    Une tribune intéressante et non-conformiste de Benoît Rayski sur Atlantico. Faut-il le redire ? Nous ne sommes pas Charlie !
     
    La rédaction de l’hebdomadaire a identifié l’assassin de janvier. Son portrait-robot est passionnant.
     
    picture-67_0.jpgC’est un « wanted » tiré à un million d’exemplaires. Le montant de la prime – « mort ou vif » – n’est pas précisé, ce qui est dommage. L’assassin, donc, court toujours. Mais les journalistes de Charlie Hebdo savent sur lui des choses que nous ignorons. Il a plutôt une bonne tête. Une sorte de pâtre grec sur le retour. Une barbe fleurie, plus jupitérienne que mahométane.

    D’ailleurs, détail vestimentaire de première importance, il porte des sandales, pas des babouches. En outre, pour ajouter à la complexité du personnage, au-dessus de sa tête, il y a quelque chose qui fait penser à un triangle maçonnique. 

    C’est intéressant. C’est riche. Et ça ouvre de nouveaux horizons à une pensée dont les rédacteurs de Charlie Hebdo ne veulent pas qu’elle se résume à montrer du doigt les djihadistes.

    Car ça, c’est d’un commun. C’est convenu, banal. Et un journal se doit de surprendre. La une de Charlie Hebdo est à cet égard d’une réussite exemplaire. Vous auriez dépensé 3 euros, vous, pour voir la tête des frères Kouachi ? Vous auriez mis la main à la poche pour regarder une caricature de djihadiste alors qu’on nous en abreuve tous les jours ? Bien sûr que non. Tandis que là, vous en avez pour votre argent. 

    Un Dieu gréco-judéo-chrétien : c’est lui l’assassin de janvier ! Si vous voyez quelqu’un qui lui ressemble, signalez-le à Cazeneuve, à Hollande, à Valls, au premier flic venu. Et arrêtez immédiatement de vous polariser sur les djellabas, les burqas et de scruter à la jumelle les cités de Roubaix, de Saint-Denis, de Stains, de Trappes. Le portrait-robot de Charlie Hebdo nous incite à voir plus haut, plus loin. Du côté de l’Olympe. Vers le mont des Oliviers. Et – pourquoi pas – à Saint-Pierre de Rome…

    Entendons-nous bien. Il n’est pas question – et il ne peut en être question – de reprocher à Charlie Hebdo de ne pas nous avoir resservi un peu de Mahomet. Qui sommes-nous – et qui serions-nous – pour demander à d’autres d’aller se faire trouer la peau à notre place ? Mais pour autant, qui obligeait Charlie Hebdo à faire cette une, un sommet de la bien-pensance sirupeuse ? Oyez, oyez, braves gens ! Voici ce que nous annonce Charlie Hebdo. Toutes les religions se valent. Toutes les religions sont meurtrières. Un seul coupable : Dieu. Ne vous fiez pas aux apparences qui tendent ces derniers temps à accuser une religion d’être un peu plus agitée que les autres. Les rédacteurs de l’hebdomadaire (qui fut satirique) regardent pour nous le monde à l’échelle de l’Histoire et même de la Préhistoire. En janvier 2015, j’ai, comme beaucoup, souscrit un abonnement de soutien d’un an à Charlie Hebdo. Au vu de cette une, je viens à l’instant même d’y mettre fin.

    Benoît Rayski - Atlantico

     

  • Lettre au Tribunal administratif de Nantes ... Succulent ! D'une année à l'autre toujours d'actualité !

    Crèche de la Mairie de Béziers [2014]

    Cher monsieur le tribunal,

    J'ai pris connaissance il y a quelques jours de votre décision d'interdire la crèche de Noël traditionnellement installée dans le hall du Conseil Général de la Vendée.

    Quelle mouche vous a donc piqué ?

    Vous avez fait des études je suppose. Peut-être savez vous donc que Noël vient du latin Natalis qui veut dire Naissance. Alors je vais vous livrer un secret que vous voudrez bien transmettre à vos confrères qui peut-être nagent avec complaisance dans la même ignorance que vous. La naissance dont il est question est celle d'un certain Jésus de Nazareth né il y a un peu plus de 2000 ans. je dis ça parce qu'étant donné que vous n'avez pas interdit les illuminations de Noël, je suppose que vous ignoriez ce détail. Voyez-vous, Noel n'est pas l'anniversaire de la naissance du Père Noel (je suis désolé si je casse ici une croyance ancrée en vous) mais bien celle de ce Jésus. Interdire une crèche sans interdire toute manifestation publique de cette fête est aussi stupide que si vous autorisiez la fête de l'andouillette tout en interdisant la consommation d'andouillette le jour de la fête de l'andouillette.

    La crèche c'est ce qu'on appelle une tradition. Et ne me faites pas croire, Monsieur le Tribunal, que le principe de la tradition vous est étranger. Sinon, comment expliquer que les magistrats exercent leur métier dans un costume aussi ridicule si ce n'est parce qu'il est le fruit d'une tradition ?

    Vous êtes un briseur de rêves Monsieur, vous êtes un étouffeur de sens. La crèche c'est Noël et Noël c'est la crèche. La crèche c'est aussi l'histoire d'une famille qui faute de droit opposable au logement est venue se réfugier dans une étable. C'est un signe d'espoir pour tous les sans logement. La crèche c'est aussi un roi arabe et un autre africain qui viennent visiter un Juif. C'est un signe d'espérance et de paix en ces temps de choc de civilisations et de conflit au Moyen Orient. La crèche c'est aussi des éleveurs criant de joie et chantant dans une nuit de décembre. Connaissez vous beaucoup d'agriculteurs qui rigolent en cette période de crise ? La crèche c'est un bœuf, symbole de la condition laborieuse de l'homme. Enfin, la crèche, c'est un âne, même si une rumeur court disant que cet âne a quitté la crèche en 2013 pour rejoindre le Tribunal administratif de Nantes et ne semble pas en être revenu.

    Malgré le fait que vous allez sans doute, par souci de cohérence, vous rendre à votre travail le 25 décembre, 

    Je vous prie de croire, Monsieur le Tribunal, à l'expression de mes souhaits de bon et joyeux Noël.

    Jean Pierre Santon 

    [Merci à Jean-Louis Faure]

     

  • Société • Pas de crèche dans les mairies mais avec Najat Vallaud Belkacem on y fête le nouvel an berbère

     

    Les crèches ne seraient pas à leur place dans les mairies; le sapin suffit largement. Laïcité oblige. Mais ...  

    Pas de crêches donc, à Noël, mais, avec Najat Vallaud Belkacem, on fête le nouvel an berbère en mairie. Et pour ce faire, on ouvre l'hôtel de ville de Paris et la mairie de Lyon. En soi, la chose pourrait être compréhensible, voire acceptable, s'il n'était pas fait preuve envers les traditions ancestrales de notre pays, notamment celles liées à la religion catholique, d'ostracisme actif et d'un sectarisme particulièrement agressif et exclusif ...

    la vidéo dure 1 mn, tout est dit à 0 mn 40...  Et c'est assez étonnant.  LFAR 

     

     

  • Religions & Cultures • Les chrétiens d'Orient et nous face aux attentats de Paris ...

     
    par Annie LAURENT
     
    ob_a31a73_dsc04030.jpgLes attentats qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015 ont profondément touché les chrétiens du Proche-Orient sans pour autant les étonner. Depuis longtemps, ils nous prévenaient que l’Europe n’était pas à l’abri des malheurs dont ils font eux-mêmes la douloureuse expérience. Mais nous n’avons pas su ou voulu les écouter. 
     
    Clairvoyance et expérience des chrétiens d’orient

    En août 2014, après avoir été contraint de quitter son diocèse conquis par l’Etat islamique, l’archevêque chaldéen de Mossoul, Mgr Emile Nona, adressait aux chrétiens du monde entier une déclaration prophétique :
    "Nos souffrances d’aujourd’hui sont un prélude aux vôtres, chrétiens européens et occidentaux qui souffrirez aussi dans un proche avenir".
    Et il invitait les Etats occidentaux à prendre des mesures "fortes et courageuses". Comme en écho, une Syrienne réfugiée en France confiait au lendemain des attentats : "La France a pris en son sein des gens prêts à la mettre à genoux. J’ai vu en France des barbus que je n’avais jamais vu dans ma vie en Syrie, avant la guerre".
    Les Orientaux chrétiens nous invitaient à ouvrir les yeux sur des réalités propres à l’islam, réalités que nous ne voulions pas voir.

    Le cardinal Béchara Raï, patriarche des maronites, peu avant les attentats :
    "Les musulmans considèrent les chrétiens comme faibles et ils croient que, parce qu’ils n’ont pas d’enfants et pratiquent à peine leur foi, l’islam les vaincra facilement. Malheureusement, les musulmans prennent leur foi plus au sérieux que la plupart des chrétiens, et ils gagnent du terrain à cause de cela".
    Critiquant la politique des Européens dans la crise migratoire, il disait :
    "Il est inutile pour l’Europe de se quereller sur la question de l’accueil des réfugiés, sans traiter la cause fondamentale de l’émigration du Moyen-Orient qui est un conflit armé." (Entretien publié par l’hebdomadaire italien Famiglia cristiana daté du 5 novembre 2015).

    Mgr Issam Darwich, archevêque melkite de Zahlé (Liban) :
    "Nous avons toujours su que Daech est un danger pour le monde entier. Mais l’Europe ne l’a pas pris au sérieux(…). Les fondamentalistes ne peuvent pas supporter que des musulmans soient gouvernés par une majorité chrétienne, comme en France. Ils croient que ce devrait être le contraire, que les musulmans doivent dominer le monde entier (…). L’Europe doit modifier sa politique concernant le conflit en Syrie et ouvrir enfin les yeux (…). Il est temps de lutter contre Daech conjointement avec le gouvernement syrien. Ce n’est qu’après que nous pourrons voir comment les choses vont évoluer en Syrie".
    Lui aussi critique la politique européenne en matière d’immigration :
    "L’Europe doit examiner au plus près ceux qu’elle laisse entrer. C’est facile pour Daech de mêler ses combattants aux réfugiés."(Entretien à l’Aide à l’Eglise en Détresse, AED, 20 novembre 2015).

    Mgr Georges Abou Khazen, vicaire apostolique latin d’Alep :
    "Ici, depuis des années, nous subissons des massacres et nous vivons dans la terreur(…). Tout cela a lieu dans l’indifférence de la communauté internationale. Aujourd’hui, après les massacres de Paris, il faut trouver une unité forte et authentique pour lutter contre le terrorisme (…). La réponse politique à apporter consiste dans l’arrêt de tout appui à ces groupes, promoteurs de mort, qui se servent d’une idéologie religieuse comme d’un bouclier. " (Agence Fides, 14 novembre 2015).

    Père Samir-Khalil Samir, jésuite égyptien :
    "La solution de facilité, très à la mode, consiste à dire que Daech n’a rien à voir avec l’islam. C’est le pire discours que je connaisse.[…] Des dizaines de passages du Coran justifient la violence […]. Il faut distinguer islam et islamisme, mais l’islamiste n’est pas contre l’islam. […] Aujourd’hui, l’Occident est vu [par les musulmans],d’un point de vue religieux et moral, comme décadent. […] Ils disent : l’Occident est devenu athée, il faut donc le combattre".
    Le P. Samir déplore aussi la naïveté des Européens à l’égard de l’islam car cette attitude "entraîne des erreurs qui peuvent être graves". Enfin, il déplore la compromission des dirigeants européens, prêts à sacrifier l’éthique pour le profit en vendant des armes à des pays comme l’Arabie-Séoudite ou Qatar : "On ne peut pas se contenter d’être l’ami de certaines puissances sous prétexte qu’on en tire un profit." (Entretien à Famille chrétienne, n° 1975, 21-27 novembre 2015).

    Père Pierre Madros, prêtre du patriarcat latin de Jérusalem :
    Ces événements tragiques, inattendus et incompréhensibles chez beaucoup d’Occidentaux, fort prévisibles,(…) vont-ils réveiller la fille aînée de l’Eglise, afin qu’elle revienne à son premier amour ? Ou bien tout sera-t-il oublié, et noyé dans un “pas d’amalgame” expéditif et peu objectif ? N’est-ce pas là, pour la ville-lumière, l’heure du Malin et le royaume des ténèbres ? ".
    Le Père Madros regrette aussi le dévoiement de la laïcité française :
    "L’Etat et l’école devraient promouvoir la foi, non la combattre. Nous venons de le constater à nos dépens et sur les corps des 130 victimes de la capitale française : interdire le catéchisme a créé un vide où facilement et sournoisement a pu s’infiltrer, au lieu de l’Evangile de la paix, de l’amour et de la vie, le prêche du djihad mortel".
    Il déplore enfin l’interdiction de "toute critique et de toute clairvoyance [de l’islam] sous prétexte de charité", rappelant toutefois :
    "En tant que chrétiens, disons-le une fois pour toutes, nous n’avons peur de personne et nous ne haïssons personne !"(Homélie de la fête du Christ-Roi, 22 novembre 2015).

    Des ecclésiastiques orientaux ont pour leur part mis l’accent sur la réponse spirituelle à apporter au drame de Paris.

    Sa Béatitude Ignace III Younan, patriarche syro-catholique (Beyrouth) :
    "Nos deux pays, le Liban et la France, dans l’espace de 24 heures, ont été la cible des attaques barbares, qui visent clairement à miner les valeurs sur lesquelles ils ont été fondés : liberté, respect d’autrui et convivialité civile. Des valeurs dont nous ne devons absolument pas avoir honte ou nous flageller(…). Les loups sont dans le bercail ! Réveille-toi, France bien-aimée" (Message adressé à l’Œuvre d’Orient, 17 novembre 2015).

    Sa Béatitude Grégoire III Laham, patriarche grec-catholique (Damas) :
    "Une fois de plus, nous voilà dans la spirale de cette violence aveugle qui semble aspirer notre monde,[…] nous rappelant les paroles de saint Paul, "Car le mystère d’iniquité s’opère déjà…”, dans ce monde éloigné de Dieu alors que résonnent en nous celles de Notre-Seigneur Jésus-Christ : "… si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même” (Luc 13, 3) ».

    Mgr Jean-Abdo Arbach, archevêque grec-catholique de Homs (Syrie), de passage en France dans le cadre du jumelage de son diocèse avec celui de Fréjus-Toulon :
    "Il faut détruire la menace terroriste bien entendu et en protéger la France. Mais il faut également que la France retrouve la foi, l’espérance et la charité. Il faut vivre du Dieu d’Amour, et nourrir les âmes errantes ! Soyez ce que vous êtes, des chrétiens, pour résister à la sauvagerie de ces fanatiques"(Propos rapportés par Charlotte d’Ornellas, SOS Chrétiens d’Orient, 15 novembre 2015).

    Ces derniers mois, un livre intitulé Fatwas et caricatures (éditions Salvator), écrit par une Libanaise chrétienne, Lina Murr-Nehmé, aurait dû alerter les dirigeants et l’opinion sur la guerre impitoyable que l’islamisme mène à l’Occident. Historienne courageuse, l’auteur s’appuie sur des documents irréfutables, dont certains sont reproduits en fac-similés dans son ouvrage, pour montrer que la propension à la violence n’est pas accidentelle, mais connaturelle à l’islam qui l’a mise en œuvre dès l’origine, sous Mahomet et les premiers califes. Les musulmans l’ont assumée en lui donnant une caution divine. L’action de Daech et des autres mouvements islamistes n’est donc que l’actualisation de ce programme. Fatwas et caricaturesa été écrit pour réveiller les consciences européennes

    Des leçons à tirer et des révisions à opérer

    Toutes ces prises de position suggèrent les révisions que la France doit opérer pour opposer un front de fermeté au mépris de certains musulmans et aux agressions des djihadistes. Voici un petit vademecum avec quelques pistes de réflexion et d’action éclairées par ce que nous disent les chrétiens d’Orient.

    Une approche lucide et réaliste

    • Les élites françaises (dirigeants politiques, élus locaux, intellectuels, journalistes, ecclésiastiques) doivent porter un regard lucide et correct sur l’Islam dans toutes ses dimensions (religieuse, anthropologique, sociale, politique), et entretenir avec les musulmans un rapport de vérité.Car il n’est pas indifférent d’être citoyen selon que l’on est musulman ou non, compte tenu de la manière dont l’Islam envisage l’organisation de l’État et de la société, ainsi que le statut de la personne et ses relations avec les non-musulmans.

    • Il ne faut pas faire semblant de croire que l’Islam est une religion comme les autres et qu’il n’est qu’une religion. Il n’appartient pas aux non-musulmans de dire quel est le véritable Islam, ce qui implique d’éviter des déclarations telles que : "L’Islam est une religion de paix, d’amour et de tolérance", "Daech pratique un Islam dévoyé", etc.

    • Il faut éviter le déni de certaines réalités gênantes dans l’Islam alors que l’actualité les met en évidence. Ce mensonge conduit les populations européennes non musulmanes à la méfiance et à la peur, voire à l’agressivité envers les musulmans, ce qui risque d’engendrer un cercle vicieux de violences. Quant aux accusations d’« islamophobie », elles sont un piège dans lequel il faut éviter de tomber, sous peine de se priver de la liberté de critiquer les aspects dérangeants, voire inacceptables de l’Islam, comme l’absence de liberté religieuse ou le traitement de la femme.

    •  Il faut éviter toute attitude pacifiste ou fausse dans les rapports de la France (et de l’Europe) avec les États musulmans. Par exemple, nier que l’on a des ennemis ou refuser de les nommer ; pratiquer une diplomatie à géométrie variable : on combat certains régimes sous prétexte de servir la démocratie (cf. la Libye et la Syrie) en même temps que l’on conclut des alliances avec des régimes indéfendables (cf. les États de la péninsule Arabique) ou que l’on cède au chantage d’autres pays comme la Turquie. Le mensonge est facteur de guerre et non de paix. Le monde musulman, qui traverse une crise très grave, a besoin de se sentir respecté par l’Occident pour guérir du ressentiment qui l’anime. 

    Des dispositions à adopter

    La France doit prendre acte des effets négatifs de l’idéologie du multiculturalisme et y renoncer tout en s’efforçant d’interrompre le processus en cours de confessionnalisation des musulmans établis sur son sol.

    •  Il faut concevoir l’accueil et le traitement des musulmans, qu’ils soient immigrés ou nationaux, en tant que personnes et non comme membres d’une communauté aux traditions et mœurs incompatibles avec celles qui fondent la civilisation française. Ceci pour favoriser leur assimilation dans le droit fil de la tradition française, qui concerne précisément les personnes individuelles et non les communautés.

    •  Il ne faut pas céder aux revendications communautaristes au nom de la tolérance ou du respect des cultures. Cela relève d’une générosité mal éclairée. En se multipliant dans tous les secteurs de la vie, l’acceptation de ces revendications par les pouvoirs publics entraîne forcément une rupture du lien social et nuit à la cohésion nationale.

    •  Il faut exiger des citoyens musulmans l’engagement à respecter pour eux-mêmes et pour autrui le droit et les valeurs français, tels que la liberté religieuse (y compris de conscience, donc le droit de changer de religion) ou l’égalité en dignité de l’homme et de la femme. Mais pour cela, il est essentiel de refonder une société vertueuse, digne d’être enviée et imitée, par exemple par une politique favorable à la famille.

    •  La France doit reformuler le contenu de la laïcité. La neutralité de l’État en matière religieuse ne signifie pas la neutralité de la société dans ce domaine. La laïcité ne doit pas être une idéologie hostile aux religions.
    "La saine laïcité signifie libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable collaboration entre les deux" (Benoît XVI, exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, 12 septembre 2012).

    •  Il est nécessaire d’assumer l’histoire de la France avec fiertéet de remettre à l’honneur l’héritage culturel et spirituel de la patrie, notamment au sein de l’enseignement public, au lieu d’entretenir le dénigrement systématique. Les dirigeants doivent assumer les racines chrétiennes de la civilisation française qui ont contribué à son rayonnement dans le monde.
     
    • La France doit réviser sa politique étrangère, en particulier envers le Proche-Orient, pour tenir compte des réalités locales, sans chercher à imposer à d’autres pays ses propres critères d’organisation sociale et politique ; elle doit renoncer à certaines alliances financièrement avantageuses mais immorales, cesser de manipuler le monde arabe pour ses propres intérêts sans chercher à résoudre honnêtement la question palestinienne.

    •  Enfin, il faut considérer le combat contre Daech dans sa dimension spirituelle comme condition essentielle à la victoire temporelle.
    "C’est la figure de l’amour qui domine dans la vie chrétienne, celle du frère, du fils, de celui qui dialogue, de celui qui compatit. Mais nous ne pouvons plus oublier celle du guerrier. Guerrier dont les armes sont d’abord spirituelles, mais guerrier quand même […]. Si nous ne retrouvons pas cette virilité guerrière, celle qui faisait chanter à saint Bernard la louange de la nouvelle milice, nous aurons perdu contre l’islamisme aussi bien spirituellement que matériellement" (Fabrice Hadjadj,Famille chrétienne, n° 1975, 21-27 novembre 2015).
    Petite Feuille Verte de l'association Clarifier, décembre 2015
     

    Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient.
    Docteur d'Etat en sciences politiques. Thèse sur "Le Liban et son voisinage" (Université Paris II).
    A participé comme experte au Synode spécial des Evêques pour le Moyen-Orient, convoqué par Benoît XVI en 2010.
    Ouvrages
    Guerres secrètes au Liban (1987) - Vivre avec l'Islam ? - Saint-Paul (1996) - L'Europe malade de la Turquie (2005) - Les chrétiens d'Orient vont-ils disparaître ? (2005) - L'islam peut-il rendre l'homme heureux ? (2012)