UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Anniversaire : Le Ralliement, erreur mortelle

 

Le 16 février 1892, il y a 124 ans aujourd'hui, le pape Léon XIII publiait l'encyclique Inter innumeras sollicitudines par laquelle il imposait aux catholiques français, avec tout le poids de son autorité et l'insistance qu'elle lui autorisait, le Ralliement à la République. Les conséquences de cette politique, car c'en était une, ont été immenses et se sont étendues non seulement à la situation française mais aussi européenne. On peut imaginer assez aisément que le cours de l'Histoire eût été différent si cette décision papale n'avait pas été prise. Le Ralliement a évidemment conforté une République dont la légitimité était encore incertaine, affaibli la réaction des catholiques - pourtant majoritaires - à toutes ses entreprises négatives, rendu plus difficiles et aléatoires les projets encore actuels de restauration monarchique, et introduit dans l'Eglise de France les courants dits modernistes qui allaient plus tard contribuer à son déclin. Pour la première fois, enfin, fût-ce par tactique, l'Eglise catholique et avec elle les forces de la Tradition qui lui ont obéi, s'inclinaient devant l'esprit et les œuvres de la Révolution. Peut-être est-ce là un des événements majeurs qui ont marqué le XXe siècle et dont le retentissement politique et social se prolonge jusqu'à nous. C'est pourquoi nous avons décidé de l'évoquer ici, reprenant ce qu'en dit notre éphéméride du jour.  LFAR

 

Le souhait de Léon XIII n'était évidemment pas de se rallier lui-même - ni de pousser les catholiques français à se rallier aux idéaux révolutionnaires en tant que tels. Il s'agissait simplement, dans l'esprit du pape, après l'échec de la restauration monarchique en France, et alors que la jeune république se montrait très agressive envers le catholicisme, de renoncer à une opposition systématique au régime en place, et même d'accepter la Constitution pour combattre « par tous les moyens honnêtes et légaux » les lois anti-chrétiennes, en pesant de tout leur poids sur les nouvelles institutions.  

Le pape - ingénument - pensait que, les catholiques étant majoritaires en France, cela suffirait à leur faire gagner les élections, et donc à diriger ou - si l'on peut dire - cornaquer les gouvernements : « Accepter la constitution, fait accompli, mais pas la législation, fait réformable, et pour cela, par les élections sous étiquette républicaine, s'insérer dans le régime républicain et y faire de bonnes lois. » disait le pape.

Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : « Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme.»

S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : « Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République...Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie...  il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement.»

Le pape avait simplement oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : « Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité. » 

Sa vision, purement théorique, était une grave erreur au plan des principes, comme au plan de la tactique : descendre sur le terrain de l'adversaire en utilisant sa doctrine et ses pratiques, cela relevait d'un angélisme profond, qui, pour être sincère, n'en témoignait pas moins d'une incompréhension fondamentale de ce qu'était la république idéologique française, fondée sur les dogmes de la Révolution : cette république, cette Révolution, ces dogmes étaient - et restent - une nouvelle religion, dont le but premier et essentiel est de remplacer l'autre, la chrétienne, la traditionnelle, et de la détruire, par tous les moyens; en détruisant également toutes les racines historiques et culturelles d'un pays millénaire, l'expression "l'an 1 de la République" étant - à cet égard - parfaitement révélatrice de cette nouvelle France, de cette nouvelle société que la république idéologique - comme l'a si justement dit Jules Ferry - voulait bâtir "sans roi et sans dieu".  

Méconnaître cette haine destructrice et cette volonté farouche d'effacer tout ce qui a fait une Nation pendant mille ans - y compris et surtout ses racines catholiques - témoignait d'une incompréhension politique dramatique à ce niveau. La rupture avec un siècle d'opposition aux thèses révolutionnaires était brutale, et l'Eglise renonçait à combattre son ennemi mortel : le Ralliement fut à la fois un stupéfiant marché de dupes - comme les choses devaient très vite le montrer - et une non moins stupéfiante capitulation idéologique en rase campagne, pourrait-on dire... 

Le cardinal français Pitra, qui s'opposait fermement à cette rupture dans la politique vaticane, se vit réprimander par Léon XIII lors d'une audience très pénible de trois quart d'heure, durant laquelle, debout et tête nue, il reçut les plus aigres reproches d'un Léon XIII en l'occurrence fort peu compréhensif. Le cardinal accepta, par obéissance, de ne plus s'opposer au pape, et se retira dans une abbaye, où il mourut en 1889, soit trois ans avant la publication de l'encyclique : il se contenta de déclarer « Hora est potestas tenebrarum », reprenant les paroles du Christ à ceux qui venaient l'arrêter (citées par Luc - 22) : « Haec est hora vestra et potestas tenebrarum » (C'est ici votre heure et la puissance des ténèbres). 

Le Ralliement fut peu suivi par les catholiques français, à de rares exceptions près, notamment celle de ce grand royaliste social que fut le comte Albert de Mun - qui ne tarda pas à le regretter amèrement. Mais, comme le note Michel Mourre", « se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne.» 

Et, surtout, 34 ans après, les sanctions vaticanes contre l'Action française orientèrent définitivement la structure et la mentalité même de l'Eglise-institution, en la vassalisant au pouvoir républicain, qu'elle reconnaissait, de fait, comme la norme suprême, le cadre obligé dans lequel toute organisation - y compris elle-même, l'Eglise - devait agir; mais à la condition de reconnaître les lois et règles de la république idéologique comme la loi et la norme supérieure, s'imposant à tous. Et bien sûr, a fortiori, en s'interdisant de les combattre en tant que tels.  

C'est à ce marché de dupe, à cette capitulation en rase campagne qu'il faut sans cesse revenir; et à partir desquels on peut marquer, dater l'origine profonde et essentielle des destructions méthodiques et continues de tout ce qui faisait l'essence même de la société française.   

• Sur les rapports entre l'Eglise et la République idéologique française, voir notre éphéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

• Sur les rapports entre l'Eglise et l'Action française, voir notre éphéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre éphéméride du 10 juillet, sur la levée de ces sanctions par Pie XII.

Commentaires

  • Je pense que la Curie devait être déjà investie par les F.M. ! !!! Le Pape devait être vraiment candide pour suivre ses conseils !....

  • Bravo pour cet excellent article !Le "ralliement"a été en effet une sottise monumentale,et peut-être ingénue(?).
    Nadine Morano s'est fait récemment réprimander,surtout par son propre parti,quand elle a énoncé une simple vérité :"la France est un pays de race blanche".Que ce serait-il passé,si elle avait ajouté une autre vérité:"...et catholique",cette religion ayant cimenté l'unité de la nation française ?
    Principalement depuis 2014,notre république ne peut subsister que par le mensonge démagogique,et au nom de quoi ?

  • Les Tartares avaient une torture. Ils attachaient leur prisonnier avec un mort, corps contre corps, bouche contre bouche, et les abandonnaient dans la toundra, jusqu'à ce que le mort ait mangé le vivant. C'est ça la Ralliement.
    Léon XIII aurait pu avoir raison sur le plan électoral, malheureusement il arriva l'affaire Dreyfuss !!!
    Pour se débarrasser des fruits vénéneux du Ralliement (Sillon, Témoignage chrétien, démocratie chrétienne, ect.) il faut exhumer les principes sataniques de la Révolution française. Alors Louis XVI sera canonisé et la paix des cœurs reviendra en France. Ce sera l'unité, preuve complémentaire de la vérité.

  • Vous parlez des propos de madame morano. Ses propos étaient erronés dans la mesure où il n'y a pas de race blanche. La France est composée de Français, pour être français il faut naître en France, ou de parents français. Si elle avait ajoutée catholique, cela aurait été une bêtise de plus sur son compte et le votre. Que dire des protestants (importants en France jusqu'aux dragonnades d'un de vos tyrans), des musulmans, des juifs etc...?

    Principes sataniques? Ceux de la Révolution? La liberté serait satanique? Alors la servitude doit être un principe divin. L'égalité serait satanique? Alors les privilèges et la noblesses sont des principes divins. La fraternité est satanique? Alors l’égoïsme et la haine sont des valeurs divines.
    Si ce sont là vos valeurs, et qu'elles sont celles de votre dieu, je préfère largement les principes du diable.

    Canonisé Louis XVI? C'est une idée étrange. Est-il saint? A-t-il guérit ou réalisé un miracle? A part exaspérer un peuple par son attitude de bovin placide je ne vois pas ce qu'il a fait.

    Les fémen ont des principes meilleurs que les vôtres. Elles au moins se rendent compte de l'influence néfaste de la religion catholique telle que vous la préconisée.

    François Renaudo, citoyen républicain, ami de la liberté, de l'égalité, de la fraternité et des lois, régicide, jacobin

  • Ce monsieur Renaudo utilise des mots dont il ignore l’origine et le sens. En essayant d’être intelligent.

    Liberté ? Il s’agit du choix laissé à l’Homme de décider entre le Bien et le Mal. Seul être vivant de la Création en mesure d’effectuer ce choix. Toutes les religions et toutes les philosophies le savent depuis l’origine de l’Humanité.

    Égalité ? IL s’agit de l’Égalité devant la Mort. La seule. Là encore l’Humanité en eut conscience dès son origine.

    Fraternité ? L’idée que la nature humaine est issue de la même matrice.

    Au total ce triptyque est d’essence entièrement religieuse, ce que les francmacs de 1780 savaient très bien depuis longtemps. Il n’y a guère que le produit gaucho bobo de l’école de monsieur Jospin qui ne le sait plus. Ça et tellement d’autres choses.
    Monsieur Renaudo, laissez l’étude de cet odieux carnage et de son terrorisme (un des rares mots français transposé dans toutes les langues …), à ceux qui ont pris la peine de s’y consacrer en historien, sans dogmatisme.

  • Monsieur Faure est la source de grands éclats de rires. Oui, car les mots qu'il profèrent sont infondés. Par exemple quand il suggère de laisser l'étude de la Révolution à des historiens. Lui par exemple? Sinon pourquoi en parle-t-il lui aussi. D'autant plus que je suis historien, et c'est pourquoi ces propos dénigrants me font rire.

    Ce triptyque n'est pas religieux car les valeurs qui le composent ne le sont pas, contrairement à ce qu'en dit l'inépuisable monsieur Faure. Il leur a donné une valeur religieuse, arbitrairement, sans se justifier, de manière dogmatiquement chrétienne.... Cela ne veut absolument pas dire que cela est justifié. Prochaine tentative de dogmatisme?

    François Renaudo, citoyen républicain, ami de la liberté, de l'égalité, de la fraternité et des lois, régicide, jacobin

  • C'est bien ce que je craignais, un limité ...
    A aucun moment je ne parle de valeurs chrétiennes. Ces trois fondements sont dans les Rig Veda, chez le Gautama Bouddha, chez les taoïstes, et dans beaucoup de tribus animistes.
    Bien avant votre pauvre romantisme saignant. Restez en à Michelet. Et surtout n'en sortez pas !

  • Sachez que je ne lis point Michelet, encore raté. Mon illettrisme n'aurait comme égal que votre cécité et votre mauvaise foi. A part jouer sur les mots vous ne proposez que des platitudes. Vous n'avez effectivement pas parlé de la religion chrétienne, mais le fait est que vous, monarchistes, lui donnez une place de choix, vous ne parlez que d'elle (regardez les commentaires des autres monarchistes sur ce site), donc quand vous parlez de religion, nous savons vous et moi de laquelle il est question en particulier. Gardez vos insultes, elles ne sont bonnes qu'à être proférées dans la bouche des cuistres et des idiots, et loin de vous faire passer pour intelligent, ou spirituel, elles vous font passer pour ce que vous vous défendez d'être.

    François Renaudo, citoyen républicain, ami de la liberté, de l'égalité, de la fraternité et des lois, régicide, jacobin

  • Sur différents billets beaucoup d’amis ont déjà répondu à vos élucubrations. Vous voulez des adresses de forum où vous pourrez répandre vos éructations à loisir ? En tout cas votre signature de parano vaut un billet d’internement en psychiatrie. Vous voulez aussi des adresses de cliniques ?

  • En 1892, le Pontife romain ne pensait qu'aux intérêts de son institution, en particulier l'envoi et le présence de missionnaires dans les colonies françaises, pour cela il fallait se faire bien voir du pouvoir en place, d'où le ralliement.
    Etre nationaliste français et être un adepte de Rome est impossible. Il n'y a pas de deux fidélités possibles.
    Rome a trahi les intérêts français en 1892 comme en 1926 et ne parlons pas de ce qui s'est passé depuis!

  • Aussi faut-il - en matière politique - garder notre liberté de jugement et d'action vis à vis de Rome. C'est ce qu'avaient fait les rois de France en s'affirmant empereurs en leur royaume.
    Que le pape soit avant tout soucieux des intérêts de l'Eglise ne devrait pas nous surprendre. En l'occurrence, il ne semble pas qu'il les ait servi en proclamant le Ralliement, pas plus qu'en sanctionnant l'Action française en 1926, pas plus qu'il ne les sert en matière d'immigration, car que gagnera l'Eglise à une invasion islamique de l'Europe ?
    On peut toutefois penser que c'est son affaire et l'on doit refuser son enseignement ou ses actes lorsqu'ils desservent nos intérêts.
    Ce n'est pas toujours le cas, notamment, aujourd'hui, en matière diplomatique. Ou autres.
    Il faut donc faire le tri. En toute souveraineté. Mais on en est loin et pas seulement à l'égard du Vatican !

  • L'erreur essentielle de Léon XIII est d'avoir cru que la république était un régime comme un autre. Il était (mal) conseillé en cela par le cardinal Rampolla del Tindaro, accusé, peut-être pas sans raison, d'être :*FM, celui ci se réclamait de son prédécesseur le Cardinal Consalvi. S'il avait été plus sensible aux vrais défenseurs de la religion que furent Maistre, Bonald et Donoso Cortès, il aurait su qu'il est absurde pour un catholique de se rallier à la république, comme nous le montrent aujourd'hui Valls et ses séides, ainsi que l'ineffable repoussoir de ce blog, le citoyen Renaudo, tout silmplement parce que la république en France est elle-même une religion!

Les commentaires sont fermés.