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Idées, débats... - Page 464

  • Patrimoine • Ce jour d'été, visite chez Charles Maurras, dans son jardin qui s'est souvenu

     

    Retrouver le vrai Maurras, l'homme de chair et d'os, provençal, enraciné, ce peut être un plaisir et c'est aussi une démarche utile. Laissons là les clichés trop faciles, les images trop simples, les mythes réducteurs. C'est dans le jardin de cette maison du Chemin de Paradis, où il reviendra sans cesse jusqu'à ses derniers jours, fût-ce par la pensée et le souvenir, c'est à Martigues, sur les rivages de l'étang de Berre,  que s'est édifiée sa pensée et son œuvre.

     

    Le Chemin de Paradis - Lafautearousseau sur Vimeo. 

     

    Nous vous emmenons aujourd'hui, dans le jardin de sa maison de Martigues, Chemin de Paradis. Les cigales nous ont accompagnés, par une superbe matinée d'été, durant toute cette visite. Vous allez découvrir ce qu'il a paru bon au maître de ces lieux de faire « entre les murs de son jardin ».

    Comme Louis XIV qui a rédigé lui-même une Manière de montrer les jardins de Versailles, Maurras - toutes proportions gardées - a expliqué ce qu'il avait voulu faire dans son jardin, et a donné toutes les indications nécessaires à une visite intelligente. Ainsi est-elle réalisée comme il lui a plu qu'elle se déroulât : cela se trouve au Tome IV des Oeuvres Capitales (Le Berceau et les Muses /  Suite Provençale, § VII Mon jardin qui s'est souvenu, pages 249 à 268).

    Et maintenant que vous savez tout, suivez le guide !   •

    Visite du jardin : François DAVIN - Reportage (sur fond sonore de cigales) : Paul LEONETTI.

    L'on peut aussi consulter également notre album Une visite chez Charles Maurras. (103 photos).

  • Livres & Actualité • Êtes-vous Érasme ou Machiavel ? par Éric Zemmour

     

    La réédition d'un des classiques de la philosophie politique de la Renaissance n'a pas pris une ride. Et elle provoque ces réflexions d'Eric Zemmour [Figarovox 23.06] dont les dirigeants européens, à l'heure du Brexit, pourraient bien faire leur profit s'ils avaient le temps et le goût de lire. Les lecteurs de Boutang ne manqueront pas d'y retrouver la figure du Prince chrétien. Peut-être la plus actuelle de toutes celles qui pourraient sauver nos sociétés de la médiocrité contemporaine et notre civilisation de son déclin. Ceux de Maurras y retrouveront l'antique sagesse de la philosophia perennis, la sagesse éternelle.  Lafautearousseau

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgOn devrait offrir ce livre à Pierre Moscovici. Et à tous ceux qui, comme notre commissaire européen, nient avec véhémence les racines chrétiennes de l'Europe. Tous ceux qui, comme lui, crient au racisme ou à l'islamophobie lorsqu'un impudent ose paraphraser le général de Gaulle en rappelant les origines gréco-romaines et judéo-chrétiennes des peuples français et européens. Cet ouvrage est L'Éducation du prince chrétien, d'Érasme. Il s'intitule aussi : Ou l'art de gouverner. À l'époque, cher Pierre, les deux expressions sont synonymes.

    L'éditeur a eu la bonne idée d'inscrire la version originale en latin face à sa traduction en français. Encore un clin d'œil sarcastique à une de nos éminences socialistes de la Rue de Grenelle. La prose est ciselée, élégante et concise. Il n'y a pas une page qui ne soit truffée de références aux philosophes grecs, aux empereurs romains et aux prophètes juifs, donnés alternativement en modèles ou repoussoirs à nos princes chrétiens. Érasme fut un de ces grands humanistes de la Renaissance sur les épaules de qui nous autres, pauvres nains modernes, continuons de nous pavaner, même Pierre Moscovici.

    L'Éducation du prince chrétien est un de ses livres les plus célèbres qui fut un énorme «best-seller» à son époque, traduit dans toute l'Europe. Son inspiration nous montre que la Renaissance ne fut pas cette entreprise de déchristianisation que nos contemporains futiles veulent y voir. Érasme était un grand lettré, écrivant en latin et lisant le grec ancien, mais n'en continuait pas moins l'œuvre de l'Église qui, dès le Moyen Âge, avait élaboré un portrait du prince idéal, soucieux du bien commun, la fameuse Res publica, tout en s'efforçant de corseter les instincts belliqueux des princes et de limiter les dommages des guerres sur les populations. Son véritable opposant n'est donc pas l'Église, même si l'ouvrage d'Érasme sera mis à l'index dans la fureur de la Contre-Réforme par le concile de Trente en 1559, mais Machiavel.

    Les deux hommes sont nés la même année, en 1469. Leurs sources antiques sont les mêmes, mais ils n'en font pas le même usage. Ils partent du même mot en latin, virtus, mais n'en ont pas la même lecture. Pour Érasme, virtus donne vertu, au sens où nous l'entendons aujourd'hui, tempérance, mesure, justice, paix. Avec Machiavel, on revient à l'étymologie de virtus: vir en latin signifie homme ; et la « vertu » devient pour l'italien cette quête indispensable de l'énergie virile amollie par les « vertus » féminines.

    Érasme vient de Vénus et Machiavel de Mars. Érasme appelle tyran ce que Machiavel appelle grand prince. Érasme façonne un roi-philosophe à la Platon ; Machiavel, un politique retors et impitoyable. Celui-ci recommande à son prince d'être à la fois « lion et renard » quand celui-là rejette ces comparaisons animalières en citant Diogène à qui on demande quel est l'animal le plus nuisible: « Si tu parles des bêtes sauvages, c'est le tyran ; si tu parles des animaux domestiques, c'est le flatteur.»

    Il est vrai que les deux hommes ne conseillent pas le même personnage. Érasme écrit à un jeune homme de seize ans qui s'apprête à hériter d'un Empire déjà édifié : Charles Quint ; Machiavel murmure à l'oreille d'un prince italien qui rêve d'unifier l'Italie derrière lui : Laurent de Médicis. « Les mots domination, empire, royaume, majesté, puissance, sont païens et non chrétiens ; le pouvoir chrétien n'est rien d'autre que l'administration de l'État, la bienfaisance et la protection.» Érasme est l'anti-Machiavel. Les monarques de la Renaissance furent dès lors sommés d'être Machiavel ou Érasme, comme plus tard on serait Voltaire ou Rousseau, de Gaulle ou Pétain, Sartre ou Camus, Rolling Stones ou Beatles.

    Mais trêve de plaisanterie. Machiavel restera l'éclatant et révéré maître à penser de nos grands politiques et de nos grands conquérants ; Érasme est le père spirituel souvent méconnu de nos monarchies administratives et de nos États-providence. Machiavel sépare la morale privée de la morale publique ; Érasme cherche à les réconcilier. La grande lignée politique française, de Richelieu à de Gaulle, en passant par Bonaparte, est fille de Machiavel. Mais les pacifistes à la manière de Jaurès ou de Briand, ou les démocrates-chrétiens pères de l'Union européenne d'après-guerre, ou même les partisans du droit d'ingérence au nom des droits de l'homme, sont sans le savoir les héritiers d'Érasme. La paix est le bien suprême d'Érasme, la guerre est pour Machiavel la continuation de la politique par d'autres moyens.

    Mais les deux hommes sont aussi complémentaires qu'ils sont opposés. Machiavel sert à conquérir le pouvoir, Érasme à le conserver. Machiavel gagne les élections, Érasme gère le pays. Certains de ses préceptes devraient inspirer nos gouvernants actuels : « Le meilleur moyen pour un prince d'augmenter ses ressources est de limiter ses dépenses… Ce n'est pas la quantité des lois qui fait la santé de l'État.» Pour les défenseurs impénitents de l'assistanat : « Le prince doit veiller tout particulièrement à garder le moins possible de ces oisifs au sein de son peuple: soit il les poussera à travailler, soit il les expulsera du pays.» Pour les obsédés de l'égalité, qui confine à l'égalitarisme : « Il n'y a pas d'égalité quand tous ont les mêmes prérogatives, les mêmes droits et les mêmes honneurs. C'est même là parfois la pire inégalité.» Pour tous les maniaques du PNB : « Il y a trois sortes de biens : les biens de l'âme, les biens du corps, et les biens extérieurs ; il faudra veiller à ne pas mesurer le bonheur de la cité essentiellement par les biens extérieurs.» Et l'avertissement le plus actuel pour François Hollande qui vaut cent sondages, venu directement d'Aristote : « Deux mots renversent les pouvoirs : la haine et le mépris.»

    Enfin, un petit dernier pour la route : « Il ne faut pas se lier étroitement à des peuples qu'une religion différente nous rend étrangers… Ces peuples, nous ne devons ni les faire venir vers nous ni tenter de les approcher.» Un ultime cadeau pour vous, cher Pierre… 

    Eric Zemmour           

  • Malika Sorel : « Nos élites mettent en péril un édifice de plus de mille ans »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    Après le meurtre revendiqué par Daech d'un policier et de son épouse dans leur maison de Magnanville, Malika Sorel remonte aux sources de la décomposition française. Nos hommes politiques ont méprisé l'Histoire, explique-t-elle, mais celle-ci s'est invitée à leur table [Figarovox 17.06] ... Il en résulte une puissante et lucide analyse critique des hommes, des politiques et de l'idéologie du Système. Contre lequel le sentiment des peuples européens se dresse aujourd'hui toujours davantage.   LFAR

     

    2917551200.jpgSon dernier livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, vient de se voir décerner le prix littéraire Honneur et Patrie de la Société des membres de la Légion d'honneur. « Honneur » et « patrie », deux mots qui résument parfaitement le parcours de Malika Sorel. Au Haut Conseil de l'intégration comme à travers ses livres, cette patriote incandescente continue de se battre pour empêcher que la France ne se défasse. Lors de son discours de remerciements, elle a longuement cité l'historien et résistant, Marc Bloch : « La France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J'y suis né, j'ai bu aux sources de sa culture. J'ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux ». Soixante-quinze ans après l'auteur de L' Étrange Défaite, Malika Sorel redoute que la cohésion nationale vole en éclats. Comme son père spirituel, l'essayiste impute la responsabilité de cette profonde crise existentielle aux élites. Nos dirigeants politiques ne croient plus en la France et c'est le peuple qui paye le prix de ce renoncement.

    Depuis un an, sur fond de tensions culturelles, la France vit au rythme des attentats. Dernier en date, le meurtre, revendiqué par l'État islamique, d'un policier et de sa compagne dans leur maison des Yvelines. Est-ce le symptôme de ce que vous appelez la décomposition française ?

    MALIKA SOREL - Au fondement de la citoyenneté existe un principe de transcendance par le politique. La République avait su maintenir ce fil qui s'élève au-dessus de chaque citoyen et assure ainsi la cohésion de l'ensemble. Ce lien a été défait. Depuis près de quarante ans, l'État a œuvré, de manière directe ou indirecte, à scinder la France en groupes, en communautés. D'un État garant de la cohésion nationale, nous sommes passés à un État qui parle « diversité », « minorités », « communauté musulmane », « banlieues », « territoires de la politique de la ville ». L'État n'a eu de cesse de répondre aux revendications des uns et des autres, dressant parfois sans l'avoir souhaité les uns contre les autres. Les principes républicains ont été pris comme variables d'ajustement, nous entraînant ainsi vers une décomposition assurée. Qui sème le vent récolte la tempête.

    Il aura fallu bien peu de temps à nos élites de commandement pour mettre en péril un édifice que les rois de France et les républiques avaient mis plus de mille ans à bâtir. La cohésion nationale menace désormais de voler en éclats. Nul ne peut prévoir quel sera l'événement déclencheur. Les hommes ont méprisé les leçons de l'Histoire, et comme chaque fois que cela se produit, la voici qui s'invite à table. Il est urgent de retisser le lien de confiance entre le peuple et le politique. Cela ne se pourra tant que les politiques persisteront à refuser de mener les réformes de fond qui s'imposent.

    Comment en est-on arrivé là ?

    La défense de la France n'a pas toujours servi de boussole. Pire, la France s'est parfois trouvée indirectement désignée comme cible. Ce n'est pas autrement qu'il convient d'analyser les campagnes, y compris de la part d'institutions de la République, qui instruisent depuis le début des années 80 un procès à charge contre les Français, accusés d'être des racistes prompts à discriminer les personnes d'origine étrangère. Ce long procès a semé les graines d'un ressentiment dont notre société n'a pas fini de payer le prix. Il convient également d'évoquer l'évolution des programmes scolaires, dont une des conséquences est d'avoir porté atteinte à la transmission d'un héritage culturel partie intégrante de l'identité des Français. Citons la diminution au fil du temps des heures allouées à l'enseignement de la langue française, ou encore la modification d'un certain nombre d'enseignements au prétexte d'adapter notre société à l'évolution du monde. C'est ainsi que nos élèves peuvent se retrouver soumis au feu d'un intense matraquage idéologique dans des domaines tels que l'histoire, la mondialisation et les migrations internationales, l'esclavage et la colonisation présentés le plus souvent comme du fait des seuls Occidentaux - le reste étant plutôt occulté -, le développement durable. Durable, le mot magique ! Tout doit devenir durable, sauf la patrie qui est sommée de s'effacer. Cela concourt à ce que les jeunes générations se construisent une image dépréciée de la France.

    Le peuple n'a-t-il pas lui aussi une part de responsabilité ?

    Bien sûr ! Mais il existe une hiérarchie dans les responsabilités. C'est au politique qu'incombe la mission de veiller sur le maintien de la cohésion nationale, en un mot sur la paix civile. Même si les individus de notre époque pensent, pour beaucoup, tout savoir - c'est l'une des conséquences de l'égalitarisme -, ils ne détiennent pas toutes les informations utiles à la décision et à l'anticipation. Les politiques et la haute administration, si ! La responsabilité des citoyens réside dans le fait qu'ils ont trop longtemps privilégié la politique de l'autruche et, de ce fait, ceux des hommes et femmes politiques qui leur vendaient des chimères. Ils ont balayé les très rares qui leur tenaient un langage de vérité et de responsabilité. Le système politique est verrouillé de l'intérieur par les personnels en place qui cooptent leurs clones, et de l'extérieur par le peuple lui-même.

    Lorsqu'elle leur déplaît, les citoyens des démocraties rechignent à regarder la réalité en face. Comme l'avait prophétisé Alexis de Tocqueville, ils évitent tout ce, et tous ceux, qui pourrait gâcher leurs menus plaisirs. Aussi, tant qu'ils ne sont pas touchés dans leur propre vie, ils préfèrent verser dans le relativisme, voire le déni. Dans nos sociétés devenues individualistes, l'individu tend à primer sur la communauté des citoyens, chacun oubliant que les idéaux dont il tire profit ne peuvent perdurer sans l'engagement quotidien de tous à les porter et à les protéger. Chassez le réel, il revient au galop.

    Depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, n'assiste-t-on pas malgré tout à une renaissance du patriotisme dans notre pays ?

    Nous assistons à la renaissance de l'expression du patriotisme qui a longtemps été muselé, en raison des suspicions qui pesaient sur lui depuis la Seconde Guerre mondiale. La présence du Front national, propulsé sur le devant de la scène par François Mitterrand comme l'avait rappelé Roland Dumas, a ensuite servi d'arme de dissuasion. Tout ce que touchait ce parti devenait aussitôt intouchable et infréquentable. Ainsi en a-t-il été du drapeau et de La Marseillaise. Ce n'est que depuis les attentats que les Français ont pu se les réapproprier sans risquer l'opprobre. Souvenez-vous : en 2007, la candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal après avoir fait entonner l'hymne national lors d'un meeting et formulé le souhait que les Français aient « chez eux le drapeau tricolore », avait précisé que cela marquait « une étape historique pour la gauche ». Edifiant !

    Avec les attentats, les Français ont réalisé qu'ils formaient les parties d'un tout, qu'ils appartenaient au même corps, et que c'est leur identité qui était visée. Malgré le matraquage auquel ils sont soumis depuis des décennies, malgré un projet d'Union européenne, qui s'est transformé en machine à broyer les nations considérées comme des obstacles à une intégration plus poussée, le peuple est là, toujours vivant. L'inconscient collectif a resurgi pour guider les Français. Il n'y a là rien d'étonnant puisqu'une grande part de l'identité se transmet au travers des gestes de la vie courante.

    Le continent européen, dans son ensemble, n'a pas connu de trouble majeur depuis la dernière guerre mondiale. C'est pourquoi les citoyens se sont assoupis. Ils ont fini par croire que la paix allait de soi. A présent qu'ils la sentent menacée partout en Europe, ils resserrent les rangs.

    Une serveuse musulmane a été giflée à Nice parce qu'elle servait de l'alcool durant le ramadan. Comme en témoigne cette affaire, les musulmans sont parmi les premières cibles des islamistes. Pourtant, beaucoup hésitent à condamner ces derniers. Comment l'expliquez-vous ?

    Contrairement à ce qui a été répandu en France, les premières cibles n'ont pas été les musulmans, mais des non-musulmans. Il n'est qu'à lire des ouvrages tels que Les Territoires perdus de la République (2002), d'Emmanuel Brenner, ou encore Banlieue de la République (2012), de Gilles Kepel, pour comprendre pourquoi certains quartiers ont été désertés. Dans ce dernier, on lit par exemple le témoignage de Murielle, ancienne militante communiste : « On ne se sent même plus chez nous. On se sent très gênés […] C'est grave.» Nul n'évoque jamais la souffrance de tous ceux qui se sont résignés à quitter des lieux dans lesquels ils avaient passé une partie de leur vie. Le sentiment d'exil sur ses propres terres est bien plus traumatisant que l'exil en terre étrangère. Il n'est qu'à lire les témoignages de dissidents des régimes totalitaires du XXe siècle pour en saisir la mesure.

    De même, la souffrance est vive chez ceux de l'immigration extra-européenne qui ont rejoint l'Europe pour ce qu'elle était, une terre de liberté, et qui sentent à présent cette liberté se dérober sous leurs pieds. Plus l'Etat se révèle faible et montre son impuissance, plus les personnes issues de l'immigration extra-européenne se trouvent dans l'obligation de sacrifier la République face à leur groupe d'origine, dont les pressions vont croissant avec la poursuite de l'immigration. Ces personnes n'ont guère d'autre choix. Les flux migratoires, par leur importance, ont créé les conditions de la formation de répliques des sociétés d'origine sur les terres d'accueil. C'est un phénomène tout à fait naturel et spontané, vrai pour toutes les diasporas, sans arrière-pensée de nuire. Il n'en demeure pas moins que les frictions naissent sitôt que les fondamentaux culturels, qui se traduisent au quotidien en codes de savoir-être et de vivre-ensemble, rencontrent des points d'incompatibilité. Dans le cas qui nous concerne ici, ils sont loin d'être mineurs puisqu'ils touchent à des principes du pacte social et moral qui lie les Français entre eux, comme le respect de l'existence d'une liberté individuelle, donc du droit de choisir sa vie privée ; l'égalité hommes-femmes ; la laïcité, qui est étrangère aux sociétés d'origine, comme l'avait écrit en juin 2003 l'islamologue Mohammed Ibn-Guadi dans une tribune au Figaro, où il exposait que « l'islam a toujours été politique ».

    Les êtres humains ne se résument pas à de simples machines. En migrant, ils emportent avec eux leur système de principes et de valeurs, leur regard sur les autres et le monde. Et c'est humain ! Ce qui est arrivé à Nice, ou à Orlando - même s'il n'y a aucune commune mesure - est une illustration du fait que l'intégration se joue sur le registre de l'identité et non sur les questions d'ordre matériel. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'existence d'une liberté individuelle et d'un libre arbitre qui sont perçus comme invivables et qui peuvent déclencher un torrent de haine et de violence. Respecter les règles de la démocratie exige un lourd apprentissage. Il est préoccupant de voir à quel point cette donnée a été négligée par les élites des terres d'accueil.

    C'est pourquoi, aussi bien la décision d'Angela Merkel d'accueillir massivement des réfugiés en provenance de terres qui n'ont pas vécu les mêmes pages d'histoire culturelle et politique, et ne possèdent pas de ce fait les codes du vivre-ensemble des sociétés européennes, que les prises de position récurrentes du pape François, qui ne cesse de venir fustiger un prétendu égoïsme des Européens et de les exhorter à accueillir davantage de migrants, sont profondément choquantes. Elles témoignent d'un piètre niveau de sensibilité à ce qui advient : une situation dramatique pour tous, migrants et descendants d'immigrés compris. Si l'erreur est humaine, persévérer est diabolique.

    Doit-on craindre un scénario à la Houellebecq ?

    Aujourd'hui, tout comme en Algérie dans les années 90, le passage à l'action est encouragé par la perspective d'une victoire qui n'est plus de l'ordre de l'impossible, d'autant que les rouages de l'Etat et des partis politiques ont d'ores et déjà été investis, de même que des personnalités politiques de tout premier plan.

    Votre livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, s'est vu décerner mercredi 8 juin le prix littéraire « Honneur et Patrie » de la Société des membres de la Légion d'honneur. Lors de votre discours de remerciements, vous avez cité Victor Hugo : « Tôt ou tard, la patrie submergée flotte à la surface et reparaît. » Malgré la noirceur de votre constat, vous conservez l'espoir. Pourquoi ?

    Les Français aiment la France même s'ils se sont fait une spécialité de la dénigrer, produit d'un certain snobisme qui s'est répandu dans la société. A présent qu'ils ont compris que leur destin était intimement lié au sien, et qu'ils ne lui survivraient pas en tant que peuple, ils vont s'attacher à réparer l'injustice qu'ils ont commise à son égard. C'est donc un engagement pour la justice, et la justice finit toujours par triompher. Victor Hugo le dit : « le vol d'un peuple ne se prescrit pas », et « on ne démarque pas une nation comme un mouchoir ». Les exemples abondent dans l'Histoire qui viennent attester de la justesse de son propos.  

    Alexandre Devecchio

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  • Cinéma • « Luchini, Michelet et la nostalgie de Zola et de Gabin » par Éric Zemmour

    Fabrice Luchini dans Ma Loute. - Crédits photo : DR R. Arpajou

     

    UNE « INSOLENCE » D'ÉRIC ZEMMOUR

    Dans Ma Loute, les images défilent sur l'écran, et c'est l'heure où l'on regrette de ne pas lire les critiques de cinéma. Zemmour analyse ce film à sa manière et surtout se demande pourquoi Luchini y a accepté un rôle [Figarovox, 10.06]. Les cinéphiles, le cas échéant, donneront leur avis ... LFAR

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgMais qu'allait-il faire dans cette galère? On regarde Fabrice Luchini marcher comme Aldo Maccione, et fixer sur nous le regard de Ratatouille, mais on ne rit pas. On est triste même, désemparé, exaspéré. Ma Loute, c'est le titre du film, et on ne comprendra jamais ce que cela signifie. Les images défilent sur l'écran, et c'est l'heure où l'on regrette de ne pas lire les critiques de cinéma. On est dans le nord de la France, au début du XXe siècle. Les costumes, les accents, les paysages nous le laissent penser. Mais penser est encore un trop grand mot. Le film tourne autour de deux familles, deux clans, deux classes : les bourgeois et les prolos. Les bourgeois sont riches et vivent barricadés derrière les murs d'un château de béton. Les femmes sont hystériques, les hommes dégénérés. Les mariages consanguins, les viols, les incestes, ces « capitalistes » du Nord cumulent. Le film confond les dynasties capitalistes du XIXe siècle avec la famille royale espagnole croquée par Goya. Une des trois filles de la famille est habillée en garçon, a un prénom de garçon, alors que sa beauté éblouissante de fille constitue le seul spectacle à l'écran. En face, il y a les pauvres. Les miséreux, les prolétaires, les gueux. Là aussi, notre film mélange les époques : l'univers décrit n'est même pas celui de Zola, mais celui de Jacquou le Croquant !

    Pour subsister, les pauvres aident les riches à traverser une rivière, dans une barque ou même dans leurs bras puissants. La jeune bourgeoise tombe amoureuse du fils de pauvres, le fameux ma Loute. Les filles de la haute ont toujours eu du goût pour les « bad boys », les princesses pour les bergers. Tout cela est original et iconoclaste. Comme la vision des deux policiers, grimés en Laurel et Hardy, plus stupides que nature. Comme le spectacle des processions chrétiennes, transformées en incantations superstitieuses à la Vierge, dignes des Indiens du Chiapas.

    Lorsque ma Loute découvre que sa belle « est un garçon », il ne lui chante pas une chanson de Mylène Farmer mais la bourre de coups. Le peuple n'est pas gay-friendly ; le peuple n'est pas LGBT. Le peuple est criminel : il tue les riches de passage ; le peuple est anthropophage: il les mange!

    C'est ainsi qu'un certain cinéma français voit le peuple français. Jadis, les légendes magnifiaient la gloire militaire des aristocrates ; puis, après la Révolution, on chanta avec Michelet la grandeur du peuple et de la nation ; avec les communistes, sonna l'heure du prolétariat, avec ces films sublimes où Gabin incarne un ouvrier magnifique. Plus rien de tout cela aujourd'hui. Tous, bourgeois et prolétaires, sont mis dans le même sac d'immondices par un petit monde nombriliste et inculte qui passe son temps à faire la morale à un peuple raciste et à une France ringarde. Quand le film est fini, on n'a toujours pas compris ce que Luchini est allé faire dans cette galère. 

    Eric Zemmour

    Ma Loute

  • Livres • Russophobie : haine et passion d’une universitaire

     

    par Dimitri de Kochko

    Dans Les Réseaux du Kremlin, Cécile Vaissié dénonce, parfois violemment, des tentatives d’influence du Kremlin sur les affaires intérieures des pays européens. Un brulot sans fondement, bourré d’approximations et caractéristique de la « Russophobie » ordinaire explique Dimitri de Kochko, journaliste, président de l’association France-Oural, mis en cause par Cécile Vaissié.

    Le pamphlet récemment publié sur de prétendus «réseaux du Kremlin en France» est un bon exemple de la désinformation que nous subissons aujourd’hui dans le cadre d’une guerre de l’information qui aboutit à des fractures sociologiques graves dans notre pays.

    L’ouvrage, signé d’une dénommée Cécile Vaissié, enseignante à l’université de Rennes II, n’a rien d’universitaire : les erreurs, les à-peu près, les contre-vérités, les clichés et préjugés, les injures et diffamations, camouflées mais réelles, y abondent. A commencer par la description même de ces pseudos «réseaux du Kremlin» : s’il y a des réseaux du Kremlin en France, ils ne concernent certainement pas les gens décrits dans cet ouvrage. Ouvrage de commande ? On peut légitimement poser la question tant les termes et même le vocabulaire utilisés sont identiques à d’autres livres et articles qui paraissent un peu partout en Europe depuis la crise ukrainienne. Le contenu de ce livre, écrit dans un style de mauvaises fiches de police par moments, est en effet totalement public et transparent. On le retrouve très largement, en différentes langues, sur internet.

    Un style de fiches de police

    On est très loin d’un John Le Carré dont les excellents romans d’espionnage sont cités complaisamment par les copains politiques de l’auteur à propos de ces fameux « réseaux du Kremlin en France ». Quant aux personnes mises en cause,  elles n’ont qu’un seul droit : celui de se taire ! Le but essentiel de tels écrits est de discréditer tous ceux qui ont une opinion différente. Notre otanienne, pro-américaine tendance néo-cons inconditionnelle, rajoute aux clichés russophobes ranimés lors de la guerre froide, des affirmations mensongères et des allusions non sourcées. On cite les commentaires de ses amis sur facebook (sic)… On commente les papiers d’organes de presse totalement engagés… Méthodes plus que limites d’un auteur qui, par ailleurs, fait preuve d’un mépris professionnel assez odieux à l’égard de certains de ses collègues que, visiblement, elle n’aime pas !

    Petit florilège. Au hasard des pages, on apprend qu’à l’ambassade de Russie, on «sert le caviar à pleine louches». Rien que ça ! Que la Russie subit une crise économique terrible (ce qui est vrai), que le gouvernement russe est incapable de sortir le pays de la pauvreté (ça pourrait devenir intéressant avec une argumentation solide) mais que, en même temps, l’argent coule à flots. Et si l’argent coule à flot, c’est, évidemment, pour subventionner « l’extrême droite », notamment le Front National en France et, par allusions glissantes, d’autres hommes politiques qui ont le tort à ses yeux de ne pas penser OTAN mais Europe. Là aussi, des affirmations, mais aucune preuve ou enquête sérieuses. Renseignez-vous Mme Vaissié ! En ce qui concerne le Front national, le prêt qu’il a obtenu d’une banque chypriote appartenant à un oligarque russe  – et non au Kremlin – est loin d’être avantageux. Et tout est à l’avenant dans ce livre peu rigoureux, bourré d’approximations.

    Une cible prioritaire

    L’une de ses cibles favorites, celle qui trahit sans doute le plus sa xénophobie, voire son racisme profond contre les Russes en tant que peuple, sont les émigrés et descendants d’émigrés russes en France. Bien sûr, l’auteur se défend d’éprouver de tels sentiments, à la manière de l’antisémite dont « le meilleur ami est un juif »… Ces émigrés se sont organisés depuis des lunes en diverses associations d’intérêts et d’orientations très différentes. Depuis 2010, une partie d’entre elles (quelque 170 en 2015) se sont regroupées en un forum qui a élu un Conseil de coordination. Ce dernier a demandé à être reconnu par l’État russe qui l’a intégré dans son programme mondial de coordination de ce qu’ils appellent « les compatriotes ». Terme pris au sens très large, puisque des non-russes y participent. Le but du Forum était justement d’établir une coordination horizontale, notamment entre les écoles, et une meilleure relation avec les représentants russes et les régions et institutions russes. Tout cela est public et affiché sur un site internet ouvert (www.conseil-russes-france.org). L’auteur sympathise elle-même avec une coordination ukrainienne (pro-Kiev) qui pourtant n’hésite pas à faire de la politique et à jeter des anathèmes. Au point d’exiger de Canal plus le retrait d’un documentaire qui lui déplaisait. Ce que les épouvantables russes n’ont jamais fait, malgré la pléthore de films russophobes sur plusieurs chaînes !

    Des attaques ad hominem

    Jouissant de l’immunité de fait quand on injurie ou discrimine des Russes, contrairement à d’autres nationalités, ethnies ou religions, la professeur de russe (qui doit être bien malheureuse d’avoir à traiter d’une nationalité qu’elle abhorre à ce point) se lance dans des attaques ad hominem. Parmi les cibles, M. Dimitri Chahovskoy, descendant d’une famille princière qui a émigré après la révolution. Rien que cela lui vaut les lazzis de Vaissié qui n’hésite pas à écrire que « selon certains, il était proche du KGB »… On ne sait pas où, comment, pourquoi, mais c’est dit. Autre « prince » attaqué : M. Alexandre Troubetskoy, accusé de tous les maux et évidemment soupçonné des pires avanies. Là encore, sans rien de précis, sans rien qui soit prouvé. Mais Alexandre Troubetskoy est directeur du Dialogue franco-russe, une organisation qui, par essence même, est consacrée au business franco-russe. Tout est public, sauf évidemment les négociations commerciales. Les efforts consentis pour sauvegarder un bon climat d’affaires sont pour le moins légitimes pour une telle organisation et ses dirigeants. Mais cela n’effleure même pas l’esprit de Mme Vaissié qui accuse le député Thierry Mariani, coupable de penser que de tels échanges allant dans l’intérêt de la France et de la Russie, vont également dans l’intérêt de l’Europe tout entière. Cette dernière idée étant tout simplement insupportable aux atlantistes inconditionnels comme Vaissié qui nie dans son «ouvrage» toute influence américaine en France et ne s’indigne pas de l’opacité des négociations du Tafta avec ses modèles d’outre Atlantique, ni des neuf milliards de la BNP dont ont été privés les chômeurs français, dont ceux d’Alstom, livrée bien bizarrement à General Electric (à ce propos, voir ce qu’en dit le député Jacques Myard).

    Thèses douteuses

    Parmi les cibles «émigrées», il y a l’auteur de ces lignes. Contre-vérités et allusions diffamatoires abondent. D’abord, s’appuyant sur une thèse pour le moins douteuse car l’auteur n’est pas venue interroger les personnes concernées, Vaissié cite entre guillements des paroles que je n’ai jamais pu prononcer, tant elles sont absurdes et incohérentes, sur le statut du Conseil de coordination dont j’ai été le premier président. Présentées comme un grand secret, les discussions sur le statut juridique sont en fait publiques. La problématique, faussée par Vaissié, portait sur la nécessité ou non de donner un statut juridique au forum, par définition assez volatile et de ce fait ingérable… Ma position est totalement inversée, à en croire l’interprétation que donne Vaissié de la thèse citée. Elle n’hésite pas ensuite à reprendre un vieil argument, employé contre moi par les partisans du régime de Kiev. Une facture d’une association, signée par moi, de 5 000 euros (bien 5 000 euros, pas 5 millions, à l’heure des Panama papers avouez…) trouvée, dit-elle, dans le palais de Yanoukovitch et fournie sans doute par des services ukrainiens ou des partis d’extrême droite qui ont joué le rôle que l’on sait (sauf Vaissié) dans la prise de pouvoir à Kiev. Cela permet à l’auteur de m’accuser «de gagner de l’argent» et de donner des leçons de déontologie journalistique, ce qui de sa part est particulièrement mal venu. D’abord, on ne voit pas ce que le Kremlin a à voir là-dedans, puisqu’il s’agit d’une affaire ukrainienne. Ce sont effectivement des parlementaires ukrainiens, d’ailleurs de diverses tendances, qui ont demandé à l’association des russophones de les aider à organiser un voyage à Paris pour qu’ils puissent rencontrer leurs homologues français. Leur ambassade, qui aurait dû s’en charger, sabotait tout, selon leurs dires, car elle était tenue par un partisan de Youchtchenko, le président battu aux élections par Yanoukovitch. Ayant travaillé en Ukraine, je connaissais des membres de la délégation. Nous avons donc fait profiter ces Ukrainiens d’un tarif négocié dans un grand hôtel parisien. Nous avons également organisé une rencontre avec la presse et l’association a fourni une de ses salariées pour la traduction, durant trois jours. C’est ce que couvre cette facture. Mais, soit le travail des services ukrainiens est incomplet, soit l’honnêteté de Vaissié est encore prise en faute. Il se trouve que nous n’avons jamais reçu ce remboursement. Ce qui doit être visible dans les documents comptables…  Vaissié reprend aussi d’autres calomnies dont j’ai déjà été victime : le magazine Les Inrocks m’accusait l’an dernier de jouer au DRH pour un organe de presse «poutinien» pour lequel je ne travaille même pas ! Aucune vérification de la part du journaliste et de la rédaction du magazine. Pour faire bon poids, Vaissié en rajoute : elle affirme que la photo d’illustration du magazine en question me montrait dans les studios de «Pro Russia», une télévision internet, dans lesquels je n’ai jamais mis les pieds… Bien sûr, j’ai droit aussi aux dénonciations de type stalinien du journal Libération, auxquelles j’avais répondu sur internet. Vaissié, pseudoenquêtrice, ne se donne pas la peine de la citer. C’est dire le sérieux de cet écrit.

    Jugements à géométrie variable

    Dans la même veine, les «rappels» historiques de Vaissié valent leur pesant de cacahuètes, comme aimerait à écrire « la professeure » pour faire peuple. Ainsi le coup d’État à Kiev, le 22 février 2014, se serait produit parce que «Yanoukovitch est parti» ! Comme ça ? Tout d’un coup ? Quant aux jeunes fédéralistes brûlés vifs à Odessa le 2 mai 2014, dans le silence général de la presse occidentale, alors que l’internet était plein d’images insupportables quelques heures après l’événement ? Ils ont mis le feu eux-mêmes ! Là, cela devient franchement nauséabond. Evidemment, elle ne dit rien sur les bombardements et les massacres commis contre la population ukrainienne du Donbass par les troupes et les détachements néo-nazis (ils en arborent même les insignes) venus de l’ouest. On a pourtant tué Kadhafi pour avoir bombardé sa population.

    En un mot, ce livre c’est beaucoup de pages pour rien, si ce n’est pour alimenter encore une haine bien inutile entre Européens. Ces derniers n’ont-ils pas déjà été suffisamment saignés au siècle dernier – les Russes plus encore que les autres ? Pas assez pour des gens comme Vaissié. Odieux ! 

  • Patrimoine • Soirée exceptionnelle : La Nuit aux Invalides pour les chrétiens d’Orient, 23 juin 2016

     

    Une soirée placée sous le haut patronage du primat de l’Église syriaque catholique Mgr Ignace Joseph III Younan, et de Jean d’Ormesson, de l’Académie française.

    Soirée exceptionnelle

    L’AED (Aide à l’Eglise en Détresse) et SOS Chrétiens d’Orient organisent, le 23 juin 2016, une soirée unique au profit des chrétiens d’Orient, autour du nouveau spectacle historique « La Nuit aux Invalides ». Parrainée par Michael Lonsdale entre autres, cette soirée accueillera aussi quinze grands auteurs qui viendront dédicacer leurs ouvrages (Jean-Christian Petitfils, Jean Sévillia, Philippe de Villiers, Véronique Lévy, Charles Beigbeder…). Une exposition de photos de Katharine Cooper, lauréate du Grand Prix de photographie de l’Institut de France, sera également présentée au public.

    Un projet commun : la reconstruction de l’école syriaque catholique de Bagdad

    Tous les bénéfices serviront à la reconstruction de l’école syriaque catholique de Bagdad, projet commun aux deux associations. Cette école se trouve à quelques mètres de la cathédrale où des dizaines de chrétiens furent massacrés par des terroristes islamistes, en 2010. Elle permettra à 700 enfants, aujourd’hui privés d’éducation, de retourner à l’école.

    « Depuis saint Louis, la France est la protectrice des chrétiens d’Orient et il est plus que jamais nécessaire de poursuivre cette mission. Par cette soirée commune et ce projet porté ensemble, nous voulons illustrer la complémentarité de nos associations au profit de cette cause », explique Marc Fromager, directeur de l’AED.

    Pour Charles de Meyer, président de SOS Chrétiens d’Orient, « cette nouvelle école est vitale pour la communauté locale chrétienne qui souhaite éduquer ses enfants. Nous devons le faire en mémoire des 53 chrétiens massacrés à cet endroit même en 2010 et pour tous les enfants de Bagdad que nous souhaitons aider à grandir sur leur propre terre ». 

    Programme

    De 20h30 à 22h : dédicaces, expositions
    22h15 : interventions de Marc Fromager et Charles de Meyer
    22h30 : Show monumental La Nuit aux Invalides
    Informations et réservations sur

    www.lanuitauxinvalidespourleschretiensdorient.fr

  • Culture • Quand Alexandre Astruc dialoguait avec Pierre Builly pour Je Suis Français ...

     

    Alexandre Astruc est mort le 19 mai dernier, il y a un mois ... En décembre 1981, il avait donné un long entretien au mensuel d'Action française Je Suis Français. Nous le reprenons aujourd'hui. Nous ne nous doutions pas, alors, qu'il était aussi proche de l'Action française, aussi lié aux milieux maurrassiens qu'on pourra - pour certains - le découvrir ici, dans ce dialogue avec Pierre Builly.  Lafautearousseau  

     

    Je Suis Français : Alexandre Astruc, je ne vous connaissais, comme tout le monde, que pour être un cinéaste connu, un des Pères de la Nouvelle Vague, et puis, un jour, en lisant votre roman « Quand la chouette s’envole », je suis tombé sur une page qui m'a étonné, dans laquelle vous écriviez, en parlant de votre héros, « il n’avait jamais lu une ligne de Maurras mais, bizarrement, c'était toujours avec les maurrassiens qu’il s’entendait le mieux ». Ces lignes m'ont mis la puce à l’oreille : j'ai lu vos autres livres, j’y ai trouvé la même résonance, le même son, les mêmes tendances. Je ne sais si votre fascination - ou, peut-être, votre tendresse - pour Maurras est marquée d'une stricte orthodoxie mais, en tout cas, j’ai trouvé en vous lisant un personnage dont je ne savais pas qu'il était tel, mais qui était … intéressé ? amusé ? fasciné ? par la Monarchie.

    Alexandre Astruc : Il s'est passé dans ma vie une chose extrêmement curieuse. J'ai été élevé dans un milieu de gauche : ma mère dirigeait un journal qui faisait partie des publications de Lucien Vogel, qui était le beau-père de Marie-Claude Vaillant-Couturier. Bizarrement, pendant l’occupation, je me suis mis à lire « Je suis partout » ; je n'adhérais évidemment pas aux idées de ce journal puisque je souhaitais ardemment la défaite de l’Allemagne. Un jour, en remontant la rue Soufflot, quelqu'un s'approche de moi et me dit : « Vous lisez Je Suis Partout ? ». Je lui réponds oui assez agressivement. Il me dit : « Nous sommes si peu ». Je lui indique qui il se trompe, que je ne suis pas un lecteur engagé. Je ne sais s'il m'a cru, mais cette petite aventure m'a marqué !

    Qu'est-ce qui vous intéressait dans « Je Suis Partout » ? La qualité de ses rédacteurs, les idées qu'ils développaient ?

    C'était d'abord la qualité littéraire - Brasillach. Rebatet - ­mais c'était aussi ... Comment dire ? La « forme » de gauche ne me séduit pas : je suis attiré vers la « forme » de droite. A la Libération, j’ai travaillé dans des journaux qui étaient — automatiquement — des journaux de gauche, comme « Combat ». On m'a envoyé couvrir le procès de Brasillach. J'ai été scandalisé, je l’ai dit et j’ai reçu une lettre d’Isorni qui m’a dit que Brasillach avait lu mon article dans sa cellule et qu'il me remerciait.

    Aujourd'hui, quand je fais le point, je m'aperçois que les amis qui me restent sont tous des gens qui viennent du maurrassisme, comme Michel Déon. Jacques Laurent ou Roland Laudenbach, mon ami le plus cher.

    En fait, mes réactions - que je ne peux justement pas dire ataviques — sont toujours des réactions classées à droite : j’ai réagi contre la perte de l’Indochine, contre la perte de l’Algérie ; je n'ai jamais été gaulliste. Actuellement, nous sommes dans un régime socialiste qui me fait peur. Vraiment, je réagis à droite.

    Votre attitude est due au mélange d'un droitisme épidermique et d'amitiés maurrassiennes.

    L'un et les autres sont évidemment liés. Mais je ne dois pas cacher qu'au cours de ma vie, j’ai eu, par moments, des attitudes d'extrême-gauche : lorsque Marcellin a interdit « La Cause du peuple », j'ai trouvé ça absurde et scandaleux. J’ai protesté dans la rue arec Sartre et je me suis fait arrêter — pour quelques heures.

    Avez-vous « conceptualisé » - quel mot pédant – ces « pulsions » - quel mot idiot - ou êtes-vous resté au stade viscéral ? Comment pourrait-on définir en quelques mots votre attitude et votre pensée politique ?

    Je pense que je suis un anarchiste de droite.

    Comme beaucoup d’écrivains ou d'artistes que nous avons rencontrés !

    Mais il faut que j'insiste sur le fait que, pour moi, la Révolution française n'est pas du tout positive.

    Il y a plusieurs acceptions du terme « droite ». Pour reprendre les thèses de René Rémond, il y a la droite orléaniste — qu'on pourrait assimiler, aujourd'hui, au giscardisme - la droite bonapartiste — est-ce le chiraquisme ? — et la droite légitimiste — le royalisme.

    J'hésite entre la droite légitimiste — dont je ne vois malheureusement pas comment elle pourrait accéder au pouvoir — et la droite orléaniste. J'ai soutenu Giscard et j’ai été atterré par son échec.

    Avez-vous soutenu Giscard ou plutôt combattu Mitterrand ?

    J'ai soutenu Giscard. Et j'ai été très choqué qu'une partie de la droite, dont mon ami Pierre Boutang, ait appelé à voter Mitterrand.

    Autrement dit, non seulement Mitterrand vous apparaissait comme quelqu'un de très dangereux mais, de plus, vous aviez de la sympathie pour Giscard. L'homme Giscard ? Les idées défendues par Giscard ?

    C’est difficile à démêler. J'ai une certaine sympathie pour l’homme, bien que je lui reproche beaucoup de choses, mais il y avait plus.

    Nous vivons dans une République. Je ne pense pas que le retour à la Monarchie soit possible. Dans cette République, moi qui n'étais pas gaulliste, qui n'ai jamais été socialiste, ni communiste, j'ai rencontré dans le giscardisme quelque chose qui me convenait.

    Plus que le chiraquisme ?

    Chirac représente effectivement ce qu'on peut appeler la droite bonapartiste. Or je crois que le bonapartisme conduit automatique­ment au fascisme, à la tyrannie. Tocqueville dit très bien cela. Je ne crois pas à l’égalité. Je crois à la liberté, qui était certainement plus protégée sous la Monarchie qu'elle ne l’est dans un régime issu du suffrage universel.

    Changeons de sujet. Je voudrais vous poser une question plus directement en rapport avec votre notoriété : vous n’avez plus tourné de films de cinéma depuis 1968. Est-ce là une décision ou un état de fait ?

    Ce n’est pas une décision. Faire un film est très difficile, vous savez ! J'ai eu la chance de faire un premier film, « Le Rideau Cramoisi » qui a eu un très grand succès de prestige. J'ai fait d'autres films qui ont eu un succès d'estime, mais dont aucun n'a réellement marché, et je me suis trouvé en face d'un vide : ayant du mal à faire un film, je me suis mis à écrire, chose à laquelle j'ai toujours pensé.

    Votre premier roman est d'ailleurs antérieur à votre premier film.

    Oui, mon premier livre date de 1945 et s'appelle « Les vacances ». Mais — nous quittons là complètement la politique — je me suis aperçu que j’étais trop jeune pour écrire, qu'il fallait que j'attende. Bernanos dit qu'on ne peut pas écrire avant 40 ans. Cet ainsi que pour moi c’est venu. J’ai commenté à rédiger « Ciel de cendres »...

    Qui a obtenu le Prix Roger Nimier. Mais vous avez tout de même continué à tourner, sinon pour le cinéma, du moins pour la télévision. Avez-vous rencontré dans ce domaine plus de facilités matérielles ?

    C'est un engrenage. J'avais envie de faire un « Louis XVI » — c'est certainement un penchant monarchiste — et j'ai proposé cette idée à Marcel Jullian, qui l’a acceptée. Puis, sur la lancée, j'ai fait plusieurs autres choses.

    Votre désengagement du cinéma ne concerne-t-il que vous ? Quelles sont les possibilités de créations d'un cinéaste français par rapport aux multinationales du cinéma ?

    Quand on voit le nombre de films de jeunes metteurs en scène qui sortent, on ne peut pas dire que le cinéma français soit étouffé par les multinationales.

    Sans doute. Mais vous faisiez un cinéma particulièrement français. Le fait même d'avoir adapté « Le rideau cramoisi », puis « Une vie » ou « L'Education sentimentale », c'est-à-dire de vous être référé à Barbey d'Aurevilly à Maupassant ou à Flaubert, d'avoir choisi des œuvres imposantes de notre littérature me parait une réaction très particulière. D'autres auteurs vont aller choisir des thèmes très cosmopolites — le roman policier, par exemple - qui peuvent se tourner pratiquement partout. Puis, vous avez été un créateur d'école, avec la caméra-stylo. La Nouvelle Vague...

    Il est certain que, lorsque j’ai décidé de faire du cinéma, automatiquement et tout naturellement, je me suis tourné vers la littérature française.

    Par goût, mais aussi, sans doute, parce que vous étiez Français.

    Oui, c'est vrai. A un moment, je me suis demandé si je n'allais pas essayer d'émigrer aux Etats-Unis. Je ne pense pas que ce soit pour moi possible. Je crois que je suis —bizarrement — trop français.

    Vous avez tourné Louis XI pour la télévision. Si vous alliez voir un producteur de cinéma en lui proposant un tel sujet, il ne marcherait pas. Or, la télévision l'accepte. Le cinéma permet-il aujourd'hui à un créateur de faire une œuvre profondément enraci­née ?

    Désormais, il faut faire des films à bon marché et prendre des sujets « dans le vent ». Tout ça ne me dit rien.

    Vous êtes plus ambitieux.

    C'est vrai. Mais attention ! J'ai la plus grande admiration — et sur ce point je suis en désaccord avec la pensée de droite — pour l'Amérique et le cinéma américain.

    Je ne vous cache pas que, dans nos colonnes, nous écrivons volontiers que si l’URSS est l’ennemi n°1, les Etats-Unis sont l'ennemi n°1 bis — on pourrait même intervertir cet ordre. Pour nous, le plus grand danger est la dépersonnalisation, l'homogé­néisation du monde, le règne des Mc Donald's, du Coca-Cola et de la planche à roulettes.

    C'est une discussion que j'ai déjà eue avec des royalistes. Pour moi, on ne peut mettre en balance le danger soviétique et le danger américain. Je crois que c'est absurde. Il y a d'un côté un danger réel, absolu, un danger de colonisation complète de notre territoire, un danger d’asservissement, et de l'autre côté, quelque chose qui se traduit dans des manières d'être sans doute agaçantes, mais finalement peu graves. J'irai plus loin : je trouve malhonnête de comparer les deux dangers.

    Nous pensons que l’impérialisme culturel américain a une très lourde part de responsa­bilité. Il est évident que ce que nous reprochons aux Etats-Unis n'est pas d'être les Etats-Unis, bien au contraire ; ce n'est pas d'avoir inventé le western, d'avoir Faulkner, Steinbeck ou Hemingway, Dos Passas, Lovecraft ou Edgar Poe. Ce que nous reprochons, c'est le cosmopolitisme exporté —    qu’ils le veuillent ou non — par les Américains. Car l'Amérique ne nous exporte pas Faulkner, mais la drogue, les sectes et la musique pop.

    Je crois que c’est là un petit bout du problème. J'adore l'Amérique et les Américains. Vous ne me convaincrez pas !

    Alors, abordons un autre thème. Dans vos livres, vous mettez dans la bouche d'Hector, un de vos héros favoris, ancien camelot du Roi, un peu cagoulard, giraudiste et antigaulliste, des paroles sur lesquelles je voudrais avoir votre sentiment : « les Allemands se trouveront muselés, mis en état de liberté surveillée, enserrés dans un réseau d'alliances et de traités militaires qui leur ôteront l'envie de recommencer de jouer les guignols. Enfin, il faut faire l'Europe ». C'est la conclusion d'Hector. Est-ce également la vôtre ?

    Si vous me demandez quel est le plus grand danger que court l'Occident, je répondrai que c'est la réunification de l'Allemagne avec la bénédiction russe.

    Nous sommes entièrement d'accord sur ce point-là !

    La pensée d'Hector, qui est de réarmer l'Allemagne, s'inscrit dans cette obsession.

    Vous parait-il absolument nécessaire que ! Allemagne devienne une alliée privilégiée, mais tellement enserrée dans des traités qu'elle ne puisse se réunifier avec raide de la Russie ?

    II y a un point où je me sépare assez profondément de l'A.F. Maurras, Barrès, à la suite de la perte dc l'Alsace-Lorraine, ont été obnubilés par le danger allemand. C'était naturel, mais ils ont fait échouer toutes les tentatives, violemment dénoncées par Daudet, de renouer avec les Allemands, notamment celles de Caillaux. Si La guerre s'était arrêtée en 1917, je pense qu’il n'y aurait pas eu Hitler et la guerre de 40.

    C'est possible, mais on peut dire aussi que si les armées alliées étaient entrées en Allemagne, comme le voulaient Maurras, Daudet et Clemenceau, contre l’avis des Anglais et des Américains, et si l'Allemagne avait été parcellisée, remise dans l'heureux état des lendemains des traités de Westphalie, la seconde guerre n'aurait pas eu lieu !

    C'est évident. On a poursuivi la guerre trop loin ou pas assez loin. Les radicaux sont absolument coupables d'avoir laissé faire tout ce qu'il voulait à Hitler.

    Je crois très profondément qu'il a toujours existé une droite violemment antiallemande, anti-collaborationniste. Déon, dans ses « Arches de Noé », raconte une scène extrêmement belle : des résistants ont été abattus sur la place Bellecour, à Lyon. Maurras s’arrête et enlève son chapeau.

    Ce que je reproche à la Résistance — nous changeons de sujet — c'est d'avoir politisé sa révolte : c'est le mot d'André Philip : « Notre ambition n'est pas de libérer la France, c'est d'instaurer le Socialisme ! ».

    Il vous a paru odieux qu'en présence de l'ennemi, il n'y ait pas eu d'union sacrée.

    On a confondu la Résistance avec la lutte contre le Fascisme. Les ennemis n’étaient pas les Allemands, mais le Fascisme ! Je ne suis absolument pas fasciste, je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais. Mais je préfère un fasciste français à un démocrate allemand qui fait la guerre à la France. Une des choses qui me choquent énormément est l'assimilation des ligues d'avant-guerre à Hitler. C'est oublier que La Rocque a été déporté, qu'Honoré d'Estienne d'Orves, le premier résistant fusillé, était d'A.F.

    Vous avez toujours eu une réticence vis-à-vis du gaullisme. Pourquoi ?

    J'ai été réticent pendant l'Occupation parce que j'étais choqué qu'un type qui était à Londres vînt donner des ordres à d'autres types qui étaient dans la situation où nous étions. Je n'ai jamais marché. Je n'ai pas été gaulliste quand il est revenu...

    A cause de l'Algérie ?

    J'étais à l'époque dans un milieu plutôt à gauche, mais quand on m'a demandé de signer le Manifeste des 121, j'ai été indigné ! Je pense bien qu'il fallait régler le problème algérien, mais...

    Vous faites dire à Hector que « les colonies vont connaitre quelques soubresauts, quelques spectaculaires ruptures avec la Mère-Patrie, et le plus tôt sera le mieux... » N'est-ce pas contradictoire avec ce que vous venez de dire ?

    Hector parle un peu en prophète : les colonies, je le pense, ne pouvaient plus rester en leur état. Mais je trouve que l'Angleterre a décolonisé beaucoup mieux que nous : quand elle a décidé d'abandonner les Indes, le dernier Vice-Roi a été Lord Mountbatten : c'était quelque chose !

    On peut dire tout de même que la France n'a pas totalement raté sa décolonisation en Afrique noire ; c'est l'Algérie qui a posé problème.

    Oui, mais en Afrique noire, nous avons laissé les Russes s'installer.

    Enfin, tout cela, vous l'avez reproché à De Gaulle.

    De Gaulle avait d'énormes qualités, mais je lui reproche de s'être abusivement identifié avec la France.

    C'est un reproche, mais au mot « abusivement » près, ça pourrait être une louange. Est-ce qu'une autre personnalité, en 40 ou en 58, aurait pu trouver grâce à vos yeux ? On imagine mal Albert Lebrun ou René Coty...

    Bien sûr ! Mais là se trouve absolument posé le problème de la Légitimité, c'est-à-dire celui de la Monarchie.

    Philippe de Saint-Robert, dans « Les Septennats interrompus » dit, notamment, que De Gaulle avait assez sourdement reproché au Comte de Paris de n'être pas venu le rejoindre en 40, ce à quoi le Prince lui aurait répondu que sa place était en France. Il est vrai qu'il est difficile de trancher un tel débat.

    Sans doute. Enfin, sans que je puisse vous l'expliquer très précisément, la présence de De Gaulle m'a agacé.

    Vous le disiez tout à l'heure : n'est-ce pas le hiatus entre la personnalité, la stature d'un De Gaulle et la Légitimité ? Ne retrouve-t-on pas. chez les Français qui écoutaient Radio-Londres et qui ensuite se sont jetés avec ivresse, en 44 et en 58, dans les bras du Général, ce regret de la Légitimité, ce regret du Père qui est un regret royaliste ?

    Je crois que c'est tout de même différent : je pense qu'une Légitimité est au-dessus de toutes les querelles partisanes. Le plus bel exemple est, pour moi, dans la « Reine Margot » d'Alexandre Dumas : à la chasse, Charles IX est blessé et c'est le futur Henri IV qui le sauve ; tout à coup, Charles IX comprend que la Légitimité sera entre les mains de son sauveteur. C'est au-dessus du fait que l'un est catholique et l'autre protestant.

    C'est presque religieux, alors. Pour vous le Roi doit être L'Oint du Seigneur ?

    Absolument ! Le Roi est le représentant de Dieu. La grâce présidentielle, avant l'abolition de la peine de mort, n'avait pas de sens, mais la grâce royale avait un sens. Le Roi a été préparé dès l'enfance pour son rôle, pour sa mission, qui est en rapport avec la Transcendance.

    Après deux siècles de démocratie, c'est-à-dire deux siècles où la vie politique a été remise au choc des intérêts particuliers — d'où doit se dégager, en principe, un intérêt général qui, en fait, n'apparaît jamais — où voyez-vous le monde aller ? Avez-vous de l'Espérance ou êtes-vous amer, sceptique et désolé ?

    Il n'y a pas de désespoir en politique, mais la démocratie porte en elle-même sa propre condamna­tion (je ne la vois pas pour autant s'écrouler). La notion de suffrage universel me choque, je n'y adhère pas. On donne à des gens le droit de vote, d'un vote qui va bouleverser complètement la vie d'un pays : ces gens ne sont pas mal informés - bien au contraire, ils sont surinformés - mais ils n'ont pas conscience de l'importance de leur vote. Entendons-nous bien : le cens électoral est une absurdité, donner le droit de vote à ceux qui ont de l'argent est une absurdité. Mais il faudrait mériter le droit de vote.

    Vous êtes donc élitiste.

    Absolument !

    Est-ce que ce système idéal serait celui de la Culture ? Seuls les diplômés auraient le droit de vote ?

    Non, ce n'est pas du tout ça. Il faudrait que ne votent que les gens qui auraient, en quelque sorte, subi un examen qui porterait sur leur dignité, leur sens des responsabili­tés, leur honnêteté.

    Maurras n'était pas, loin de là, partisan d'une Monarchie Universelle et pensait que les cantons suisses étaient tout à fait dans leur constitution naturelle. Ce qu'il y a de plus important chez Maurras, c'est le rejet des théories de Rousseau : l'Homme naît bon, les hommes se sont fédérés par un libre accord de leurs volontés. Mais la procédure même de la désignation des gouvernants est autre chose. L'élection existait à Athènes, la cooptation aristocratique à Venise. En France, dans une optique contingente, pour un laps de temps fini, c'est la Monarchie qui est le moins mauvais régime.

    C'est cela. Je crois que l'adaptation à la démocratie des pays anglo-saxons vient de la différence entre protestantisme et catholicisme. Sur ce point, Peyrefitte n'a fait que reprendre les théories de Max Weber. Mais il serait vain de déplorer ou de se féliciter de cet état de fait. Nous sommes en République et le retour à la Monarchie me parait, même s'il est souhaitable, impossible. L'important c'est de défendre les valeurs de culture et de liberté de l'Occident contre toutes les tentatives de la tyrannie égalitaire.

    Œuvres d'Alexandre ASTRUC

    Cinéma

    LE RIDEAU CRAMOISI (1952) ­Prix Louis Delluc - LES MAUVAISES RENCONTRES (1955) - UNE VIE (1958) - LA PROIE POUR L'OMBRE (1961) - EDUCATION SENTIMENTALE (1962) - LA LONGUE MARCHE (1966) - FLAMMES SUR L'ADRIATIQUE (1968)

    Principales réalisations pour la télévision

    LE PUITS ET LE PENDULE  -  EVARISTE GALLOIS  -  LE PORTRAIT OVALE  -  LOUIS XI  -  ARSENE LUPIN  -  LA CHUTE DE LA MAISON USHER

    Romans et récits

    Aux éditions Gallimard : LES VACANCES (1945)  -  LE SERPENT JAUNE (1977)  -  QUAND LA CHOUETTE S'EN­VOLE (1979)

    Aux éditions Olivier Orben : LA TETE LA PREMIERE (souvenirs 1975)

    Aux éditions du Sagittaire : CIEL DE CENDRES - Prix Roger Nimier (1975)

     

    Propos recueillis par Pierre Builly.

    Je Suis Français, n°48, décembre 1981.

    Lire aussi ...

    « Je suis Français » : Retour en bref sur ce qu'a été ce mensuel d'Action française

    Quand Jean Raspail répond aux questions de François Davin et Pierre Builly (Je Suis Français,  février-mars 1978 ...)

    Quand Pierre Boutang dialoguait avec François Davin et Pierre Builly pour Je Suis Français (Je Suis Français, n°24, octobre 1979).

  • Littérature • Houellebecq, le grand désenchanteur

     

    Par Michel De Jaeghere

    Le dernier numéro du  Figaro Hors-Série *, en kiosque actuellement, est consacré à Michel Houellebecq. Nous publions l'éditorial de son directeur. Houellebecq y est resitué dans sa véritable dimension : mieux qu'un réactionnaire, un antimoderne. Comme Poe et Baudelaire ... LFAR

     

    De_Jaeghere.jpgOn pourrait se contenter de voir en lui un provocateur et un pornographe. Ce serait si reposant, si simple. Considérer que le burlesque même des situations qu'il met en scène, l'accumulation poussée jusqu'à l'absurde de détails pratiques, consignés avec une méticulosité maniaque, le prosaïsme étriqué des motivations de ses personnages, la répétition mécanique de scènes de sexe que l'on croirait directement tirées d'un script de film dénoncent le caractère de farce de son œuvre, de ses fictions. Ce qu'il y a de tragique, avec Michel Houellebecq, c'est qu'à l'image des vidéos que tourne l'un de ses personnages avec des caméras fixées dans la forêt, le long des chemins creux, pour mesurer jour après jour la prolifération des espèces végétales et le passage du temps, ses romans nous présentent le monde dans lequel nous vivons comme dans un miroir. Il n'est pas beau à voir. L'égoïsme le plus monstrueux y est payé par l'amertume et par la solitude, la misère sexuelle côtoie la recherche effrénée de la satisfaction des sens dans un consumérisme mesquin, l'instabilité du désir débouche sur le grand délaissement de l'âme, l'attente d'une mort sans espérance.

    On a pu faire avec raison le procès du nombrilisme des romanciers contemporains. Dénoncer l'égotisme qui avait rivé leur regard sur les plus minuscules de leurs états d'âme de bourgeois bohèmes hantés par l'introspection méthodique de leur néant. Les avait cantonnés à des riens ; détournés d'offrir à leurs lecteurs une vision du monde, un tableau de leur temps analogue à ceux qu'avaient brossés les maîtres des siècles précédents: Balzac, Flaubert, Zola, Proust ou Céline. Michel Houellebecq aura réconcilié l'autofiction avec l'art de la fresque, quelque délavées que soient les couleurs de ses compositions.

    Depuis la publication d'Extension du domaine de la lutte, en 1994, ses personnages n'ont cessé de nous apparaître comme autant de dédoublements de lui-même. Dans l'affichage de leur exténuation, la cruauté de l'exercice d'autodérision auquel il a paru tenter de faire correspondre, parfois, la dégradation volontaire de ses propres traits, de son visage, se lit le même projet de se faire le chroniqueur de la condition humaine jusqu'à son stade ultime: la disparition progressive des joies de l'existence, la déchéance et la mort.

    Il n'en aura pas moins rempli dans le même temps le programme qu'il affecte au peintre autour duquel s'ordonne l'intrigue de La Carte et le Territoire: produire une œuvre dont le propos serait de donner une description méthodique d'un monde en décomposition. Chercher avec Lovecraft la poésie dans la peinture minutieuse du réel, tout en affrontant comme Balzac les grandes révolutions de l'époque - la libération des mœurs, l'émergence de l'individualisme de masse, le transhumanisme, la montée en puissance de l'islam -, pour en donner à voir dans toute leur crudité les développements. Ses Particules élémentaires sont à Mai 68 ce que Les Déracinés avaient été à la naissance de la France républicaine. Plateformese veut L'Éducation sentimentale de notre temps.

    La fadeur de ses personnages, la transparence de sa phrase (telle est sans doute l'origine de son aversion pour Léon Bloy: ce procureur qui prend la pose, ce professionnel de l'indignation qui force inutilement la voix) n'ont pas d'autre raison d'être que de donner à ses observations la froide autorité d'un constat, d'en rendre l'objectivité incontestable.

    Le génie de Houellebecq est d'avoir pris appui sur cette affectation de neutralité pour instruire, contre le monde moderne, le procès le plus accablant. Qu'il s'agisse des impostures de l'art contemporain ou des ravages de la psychanalyse, de l'impasse du matérialisme libertaire ou des illusions de la révolution sexuelle, de la mondialisation ouverte à «l'homme du supermarché» par l'ère de la communication, le tourisme de masse et la circulation des biens, de la spiritualité New Age ou de l'épanouissement promis par la «culture de l'entreprise» aux cadres du tertiaire, des faux-semblants de la démocratie représentative ou de la lâcheté des élites devant la montée de l'islam, il aura renversé les idoles et percé les baudruches de l'époque avec une cruauté jubilatoire, un humour d'autant plus ravageur qu'il s'enveloppait dans une impassibilité de clown blanc, une impavidité digne de Buster Keaton.

    Les clones de La Possibilité d'une île, comme ceux de l'épilogue des Particules élémentaires, dont ce roman étrange est en quelque sorte le prolongement, n'appartiennent que par de trompeuses apparences à la science-fiction. Ils ne sont ni plus ni moins pour lui que la figure de l'homme moderne poussée jusque dans ses ultimes retranchements: des êtres qui ne sont plus rattachés au réel que par des connexions virtuelles, des monades affranchies de tout passé, tout héritage, tout avenir, tout contact physique, tout lien ; ignorants ce que c'est que le rire, l'amour, la souffrance, le bonheur ou la compassion.

    «Les joies de l'être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l'inverse ne peuvent nous découdre, confesse l'un d'entre eux dans une mélopée d'hexamètres baudelairiens. Nos nuits ne vibrent plus de terreur ni d'extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère, le temps nous paraît bref.»

    Conspué par les bien-pensants, mais reconnu, quand même, par la société du spectacle, couronné par le Goncourt et célébré aujourd'hui par l'exposition de ses photos au Palais de Tokyo, Michel Houellebecq aura multiplié les masques - comme autant de pieds de nez à ceux qui proclament leur admiration envers une œuvre dont ils ne semblent pas comprendre toujours toute la signification - pour échapper à la lapidation qu'aurait dû lui valoir la férocité du portrait qu'il faisait d'une époque qui se rengorge de sa curiosité universelle, mais n'aime, en définitive, qu'elle-même: il aura campé au cœur du cloaque dont il détaillait les puanteurs avec un art inégalable de brouiller les pistes, de mener avec les idées à la mode un double jeu permanent.

    Dans une vision toute pascalienne de la misère d'un monde privé de la Grâce, le deuil d'une chrétienté à ses yeux à jamais défunte, il semble nous dire que la partie est jouée et qu'elle est perdue sans retour. Son plus grand mérite tient à ce qu'il n'aura jamais cessé de faire affleurer, pourtant, lointaines, inaccessibles, les valeurs éternelles auxquelles tendait son moi profond.

    Le «royaume perdu» d'une enfance que n'aurait pas saccagée l'égoïsme féroce de ceux qui lui ont tenu lieu de parents ; la figure volatile et tendre d'une femme rendue à sa vocation de mère, de jeune fille, d'épouse, d'amante ; la nostalgie d'une société fondée sur la confiance, le lien féodal d'homme à homme ; la beauté de l'accomplissement par le don ; le désir d'un Dieu transcendant qui viendrait ordonner le chaos, donner aux plus tristes de nos vies un sens.

    Et la figure de l'amour vrai, inconditionnel, émergeant, çà et là, comme une fleur d'eau flottant, miraculeuse, à la surface boueuse d'un étang. C'est parfois un alexandrin dissimulé dans sa prose. Ailleurs une caresse, un regard, une main tendue qui démentent, au détour d'un chapitre, l'étalage de cynisme et d'indécence dont il fait profession. Plus explicites encore, quelques quatrains, où la certitude de n'être lu, compris, que par le petit nombre l'autorise soudain à cette confidence:

    «Nous voulons retourner dans l'ancienne demeure / Où nos pères ont vécu sous l'aile d'un archange, / Nous voulons retrouver cette morale étrange / Qui sanctifiait la vie jusqu'à la dernière heure. / Nous voulons quelque chose comme une fidélité, / Comme un enlacement de douces dépendances, / Quelque chose qui dépasse et contienne l'existence ; / Nous ne pouvons plus vivre loin de l'éternité.»

    Prophète désenchanté des lendemains glaçants, Michel Houellebecq est, parfois, accusé d'être réactionnaire. Il est, définitivement, beaucoup mieux que cela: antimoderne. 

    Michel De Jaeghere 

    * Michel Houellebecq, le grand désenchanteur. «Le Figaro Hors-Série» (106 pages, 8,90 €, en kiosque jeudi 16 juin et sur www.figarostore.fr).

  • Société • Bouton rouge

     

    par Ph. Delelis

     

    Après sa victoire aux échecs, l’intelligence artificielle a réussi, récemment, à battre l’homme au jeu de go. Elle trouve désormais des applications pratiques dans de nombreux services en ligne et l’on prédit même la disparition de nombreux métiers humains (y compris celui d’avocat, parait-il, mais quid de la robe ?). Les progrès en IA sont considérables et ne suivent plus les prévisions des scientifiques. Certains d’entre eux s’émeuvent des conséquences possibles : Stephen Hawking, qui n’est pas un rigolo, estime ainsi que l’IA pourrait mettre fin à l’humanité.

    Des chercheurs en intelligence artificielle travaillent désormais sur la possibilité de désactiver un programme sans que celui-ci ne s’y oppose. En effet, dans le mécanisme d’apprentissage de l’IA, il est apparu que la « machine » pouvait trouver elle-même des solutions originales pour atteindre son but ou, au moins, éviter l’échec. On évoque ainsi ce programme de Tétris qui, pour éviter de perdre, s’était mis indéfiniment sur « pause »… Les chercheurs se demandent donc si, en intégrant un programme de désactivation – appelé « bouton rouge » – la machine ne chercherait pas aussi à le neutraliser. Ces mêmes spécialistes veulent nous rassurer en nous disant qu’ils ne cherchent pas à stopper des Robocops devenus fou-fous mais seulement à ce que « l’agent » apprenne correctement. Ce qui est fascinant dans ces recherches sur l’IA c’est que tout peut encore être inventé. Et surtout… évité.

    Rien de tel dans l’intelligence humaine. On le voit encore aujourd’hui : la France s’apprête à accueillir, du moins elle l’espère, plusieurs millions d’amateurs de football et, à cette occasion, certaines intelligences supérieures ont pensé que c’était une bonne idée de réduire drastiquement l’offre de transports intérieurs et internationaux, de transformer ses grandes villes – à commencer par Paris – en poubelles géantes, d’ignorer les effets des inondations récentes, de manifester contre un projet de loi qui ne concerne pas ceux qui manifestent, et, pour les plus enthousiastes, de casser quelques magasins, agresser des policiers et faire des feux de joie avec des voitures ou, au moins, leurs pneus.

    Où est le bouton rouge ? 

  • Histoire • 8 juin 1795 : Louis XVII meurt au Temple ... N'oublions pas les crimes de la Révolution

     

    Le site historique herodote.net a publié le 8 juin l'intéressant billet repris ci-dessous. Sur l'horreur presque ontologique des révolutions - la nôtre en particulier - Soljenitsyne a tout dit. Il reste que le régime sous lequel nous vivons aujourd'hui est fondé sur un double régicide, dont celui, injustifiable, d'un enfant. Ne pas oublier ! LFAR    

     

    LouisXVII_VL.jpgLe 8 juin 1795, Louis XVII meurt à la prison du Temple, à Paris, dans l'anonymat et la détresse. Fin tragique d'un enfant né sous les plus heureux auspices.

    Maltraitance d'enfant

    Né dix ans plus tôt, le 27 mars 1785, Louis-Charles, fils cadet de Louis XVI et Marie-Antoinette, était devenu l'héritier du trône à la mort de son frère aîné, le 4 juin 1789.

    Le 13 août 1792, après la chute de la royauté, il est enfermé avec ses parents, sa tante, Madame Elisabeth, et sa sœur aînée Marie-Thérèse, dite Madame Royale, dans l'enclos du Temple.

    Le 21 janvier 1793, à la mort de Louis XVI, la reine Marie-Antoinette s’agenouille devant son fils devenu Louis XVII ! Les grandes puissances européennes le reconnaissent comme tel.

    Mais l'enfant du Temple n'a pas le loisir de jouir de son titre. Il est enlevé quelques mois plus tard à sa mère Marie-Antoinette et élevé à la dure, dans l'enceinte de la prison, par le cordonnier Simon et sa femme.

    Lors d’une confrontation avec Marie-Antoinette, le 7 octobre 1793, la dernière fois qu’il verra sa mère, on le force à l’accuser d’attouchements. Ces fausses déclarations sont présentées au procès de Marie-Antoinette.

    Après la chute de Robespierre et la fin de la gauche jacobine, les Conventionnels modérés songent à le remettre aux Autrichiens en échange de prisonniers français.

    Paul Barras, président de la Convention thermidorienne qui a renversé Robespierre, rend visite à l'enfant dans sa prison. Il est trop tard pour envisager une libération. Au début de mai 1795, un médecin, Pierre Joseph Desault, le décrit : « mourant, victime de la misère la plus abjecte, de l’abandon le plus complet, un être abruti par les traitements les plus cruels ».

    Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale, a plus de chance que son frère. Elle est livrée à l'Autriche le jour de ses 17 ans, le 19 décembre 1795, contre des prisonniers français. L'« Orpheline du Temple » se marie en 1799 avec son cousin, Louis d'Artois, duc d'Angoulême.

    Le coeur momifié de Louis XVII ayant été par miracle conservé, grâce au médecin légiste Philippe-Jean Pelletan qui l'avait examiné, des experts ont pu l'authentifier en comparant son ADN (acide désoxyribonucléique) à celui de la reine Marie-Antoinette. Les conclusions de leurs recherches ont été présentés à la presse le 19 avril 2000 et exposées dans un livre de l'historien Philippe Delorme, Louis XVII, la vérité.

    Depuis le 8 juin 2004, les restes de l'enfant royal - Louis XVII pour les royalistes-reposent dans l'ancienne nécropole royale de Saint-Denis. 

    herodote.net

  • Livres • Le grand Mourzouk, un petit chef-d’œuvre

     

    par Anne Bernet

     

    anne bernet.pngSous ce titre bizarre se dissimule un petit chef-d’œuvre de finesse et de drôlerie, infiniment plus profond qu’il y semble ; en un mot, l’un de ces livres rares dont Ghislain de Diesbach a le secret.

    Paru en 1969, ce roman, depuis des décennies introuvable, possédait ses inconditionnels qui vous en entretenaient avec des mines de conspirateur, vous le prêtaient parfois, à condition de ne pas vous perdre de vue tandis que vous lisiez … Ils n’avaient pas tort de se méfier : la tentation était grande de s’approprier ce texte provocateur, ciselé, à la virgule près, pour déplaire et destiné à quelques esprits assez libres pour ne pas s’indigner des propos délicieusement iconoclastes de l’auteur. Jugez-en !

    De Gaulle mort, la Ve République, victime de sa politique sociale et de l’immigration galopante, a sombré dans le chaos, et failli entraîner la France à sa perte. L’homme providentiel a surgi à temps : Mourzouk, dit « le grand Mourzouk » en raison de sa belle prestance, sous-officier de la Légion, né en Algérie des amours d’un soldat de passage et d’une prostituée maghrébine, s’est emparé du pouvoir après avoir écrasé la menace musulmane lors de la glorieuse bataille de la Plaine Saint-Denis …

    Puis, proclamé Prince Régent, il a instauré un régime digne du grand-duché de Gerolstein, délirant pastiche du Second Empire. Revenue cent cinquante ans en arrière, la France, où l’on a supprimé les usines, facteurs de désordres sociaux, et les automobiles, afin de laisser la cavalerie parader, se porte très bien, si l’on ne s’attarde pas aux revendications des divers syndicats de la noblesse … Le jeune Friedrich Von Schmerlau, désireux de découvrir Paris qui plut tant à son père, jadis, en d’autres circonstances, ira de surprise en surprise.

    Ghislain de Diesbach, possédant un talent particulier pour se mettre tout le monde à dos, n’épargnait personne, de sorte que, des royalistes à l’extrême gauche, des catholiques pratiquants aux libres-penseurs militants, chacun se sentit atteint dans ses convictions et lui en voulut. Le Grand Mourzouk disparut des librairies …

    Sa réédition se heurtera aux mêmes réactions épidermiques. À tort ! Car, sous la parodie, le rire grinçant, quelle étonnante prescience, féroce et désabusée, de ce qui nous attendait … 

    Ghislain de Diesbach : Le grand Mourzouk -  Via Romana ; 227 p ; 20 €.

  • Vincent, François, Paul... et les autres

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Les mêmes qui crient à la xénophobie, voire au racisme, dès qu’il est question de l’identité de la nation française, approuvent et favorisent tout ce qui permet à la plus importante des « communautés » d’origine étrangère de cultiver sa différence et son identité. Les mêmes qui pensent que la liberté individuelle, existentielle, de l’être humain n’aurait d’autre limite que son bon vouloir trouvent impensable que l’immigré lambda puisse envisager de choisir librement un prénom « français » au lieu de se crisper sur ses propres racines. 

    Bien entendu, il y a des cas particuliers, des effets de mode et des traditions familiales. Ainsi, Giulia (Sarkozy) n’est pas tout à fait Julie mais peu importe car tout le monde voit bien la quasi similitude et la proximité des deux formes : il arrivera même que certains confondent Julie et Giulia; en revanche, Zohra (Dati) restera encore longtemps perçu comme étranger, voire « stigmatisant » : il ne viendra à l’esprit de personne d’appeler Vénus la petite Zohra. C’est ainsi et les professionnels de l’antiracisme n’y peuvent rien changer. M. Domenach non plus. Il a sans aucun doute raison de faire remarquer (R.T.L., lundi 30 mai) que la plupart des prénoms réputés « français » ont une origine « étrangère ». Et les exemples qu’il donne - Robert, François ou Eric - sont tout à fait probants. Il aurait pu, aussi bien, à côté de ces prénoms d’origine germanique ou scandinave, en citer d’autres, d’origine grecque (Sophie, Stéphane, Théophile, etc.) ou hébraïque (Benjamin, Jacques, Pascal, etc.). 

    Si son argumentation (« Nos prénoms sont souvent des immigrés qui ont commencé par être traités en métèques avant d’être certifiés franco-français, voire sanctifiés. ») reste vicieuse, c’est qu’elle ne prend en compte ni la dimension historique et géographique : la France s’est construite peu à peu, en faisant sienne des apports le plus souvent proches, dans un multi-culturalisme géo-ethnique, les fameuses et si différentes « provinces » de l’Ancien Régime - et on ne sache pas qu’existe une province arabe en France; ni la dimension culturelle et religieuse : le double héritage judéo-chrétien et gréco-romain a toujours été revendiqué et assumé tout au long de l’Histoire par le pouvoir et les « élites » du royaume de France et même de la République.  

    Domenach aurait donc dû rajouter que tous ces prénoms, même les plus méconnus et les plus bizarres, ont reçu la double onction nationale et religieuse au point que les autorités républicaines elles-mêmes les ont validés, jusqu’à très récemment : à preuve le bon vieux calendrier du facteur. Cela lui aurait évité de penser que des prénoms manifestement arabes pourront, sans une véritable révolution culturelle, passer un jour pour ce qu’ils ne sont pas - c’est-à-dire français. Il aurait aussi évité la leçon de M. Zemmour qui lui a répondu avec pertinence (R.T.L., mardi 31 mai) que si le nom de famille inscrit de façon quasi irrévocable l’individu dans une lignée, le choix du prénom permet de mesurer la volonté d’intégrer la nation : ainsi Zemmour signifie-t-il « olivier » en berbère, tandis qu’Eric est un prénom français d’origine scandinave. 
  • CULTURE & VOYAGE • ELOGE DE TÉTOUAN

    Hanbali dans son atelier 

     

    Par Péroncel-Hugoz 

    Après Tanger passée au microscope*, notre confrère est resté au Maroc septentrional d’où il nous envoie un petit message artistique à sa façon.

     

    441212410.5.jpgLassé des « installations », des empilements de vieux vêtements ou de bouteilles en plastique, j’ai eu faim de « vraie peinture ». De doctes experts m’ont dit, en me tapotant doucement les omoplates comme si j’étais malade : « Revenez à Gharbaoui, Belkaya, Melehi ou bien Chaâbia ou encore Roman Lazarev, cet artiste russe né au Maroc — Merci, je les connais de longue date, et je les apprécie, et j’y ajoute  également Nabili**. 

    Mais, je suis têtu, je voulais du neuf, vraiment neuf et, en furetant, je suis tombé sur Rachid Hanbali. O rien à voir, contrairement aux bévues d’Internet, avec le hanbalisme cher à la Séoudie ! … 

    Non, Rachid Hanbali est né en 1970 à Sidi-Ifni, au sud d’Agadir, comptoir espagnol de 1934 à 1969, un des trésors naturels cachés du Maroc méridional. Le tempérament d’emblée artiste du jeune Rachid fut intelligemment canalisé vers deux pôles magistraux de beauté artistique et historique : la belle inconnue timide nommée Tétouan, héritière légitime de feu l’Andalousie arabo-berbère et Grenade, la Gharnatta où rodent encore les fantômes de la dernière dynastie arabe d’Espagne, renvoyée au Maghreb en 1492 par les Rois catholiques. 

    Quand j’ai commencé à vanter ma « découverte », à montrer des reproductions d’œuvres de Rachid Hanbali où défile tout le Maroc profond, ses foules, ses métiers, ses minarets, ses chevaux, ses souks de blédards, j’ai entendu se lever un concert de remarques aigres-douces : « Mais ce sont des tableaux pour touristes ou pour nouveaux riches, vous avez beaucoup mieux dans le genre chez Hassan El Glaoui ou même chez Zine ou bien chez des orientalistes européens type Cruz Herrera ou Pontoy, et blablabla …» 

    Eh ! bien non, je trouve beaucoup plus de mouvement, de fraîcheur, de simplicité, d’âme pour tout dire chez Hanbali. Je revois surgir chez lui la spontanéïté de Mohamed Ben Ali R’bati*** (1861-1939), ce Tangérois d’adoption et de formation, premier peintre islamo-marocain, parrainé par rien de moins que John Lavery, fameux portraitiste des monarques britanniques, résidant à Tanger. Plus encore, je sens une filiation avec Mattéo Brondy**** (1866-1944), cet ancien vétérinaire de l’armée franco-chérifienne, mué ensuite en initiateur du voyage culturel à Meknès et surtout en ré-inventeur au Maroc de la peinture figurative sans artifices, sans jus de crâne, sans message, bref une peinture qui montre sans chichis ce que l’artiste a saisi chez gens, bêtes, monuments, paysages. Un art reposant, apaisant, sans discours intello, un art qui ne donne pas le torticolis et ne vous pose pas de questions métaphysiques insolubles. Ouf ! 

    Que ce coup d’œil (bien plus que coup de dent !...) sur Hanbali, me soit également l’occasion d’esquisser un éloge de Tétouan et surtout, cette fois, de l’Ecole des beaux-arts de cette ville. Une institution lancée en 1945 par le peintre andalou marocophile Mariano Bertuchi (Dieu lui fit la grâce de naître en 1884 à Grenade et de mourir en 1955 à Tétouan). Un dahir sultanien de 1946 légitima cette école dont Mohamed V vint inaugurer le nouveau siège en 1957, et à laquelle Hassan II, quoique réputé ne jamais rien faire pour le Nord, conféra le précieux statut universitaire. 

    D’abord très judéo-hispanique, l’Ecole de peinture de Tétouan fut vite investie, autour des années 1950, par toute une pleïade d’artistes arabo-berbères en herbe, cornaqués alors par leurs aînés Mohamed Serghini ou Bouabid Bouzaïd et plus tard Mohamed Chabâa. Et le vigoureux talent des jeunes impétrants fit le reste, parmi lesquels Rachid Hanbali, exposé en solo à New-York dès 2009 et, la même année, primé à Pékin, apprécié à Tokyo, avant même de l’être au Maroc et en Espagne.  • 

    * Voir mon « coup de dent » du 13 mai 2016. Et signalons que les éditions marocaines Marsam viennent d’éditer un excellent petit livre sur Nabili 

    ** Voir mes « coups » relatifs à Nabili sur « le360 » en 2015 et 2016 

    *** Voir « Mohamed Ben Ali R’bati. Naissance de la peinture marocaine », par Zineb Abderrazik-Chraibi, Marsam. 50 pages illustrées couleurs. 

    **** Voir « Des vétérinaires au Maroc sous Protectorat français », par Jamal Hossaini-Hilali, avec un intéressant développement sur Mattéo Brondy, Adrar Edition, Rabat, 2015. 190p. illustrées noir et blanc. Et également, « a colonisation via les vétérinaires », par Péroncel-Hugoz, in « la Nouvelle Revue d’Histoire », Paris, janvier 2015. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 03.06.2016

  • LIVRES • Histoire de l'Afrique du Nord : un nouveau livre de Bernard Lugan

     

    Présentation de l'éditeur :


    L’Afrique du Nord est formée de cinq pays (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie et Maroc) que ce livre présente dans leur longue durée historique. À l’est, centrée sur l’étroit cordon du Nil, l’Égypte développa, dès le 5e millénaire av. J.-C., une civilisation aussi brillante qu’originale. À l’ouest, en Berbérie, apparurent au VIe siècle av. J-C., trois royaumes berbères dont les limites correspondaient aux actuels États du Maghreb. Rome imprégna ensuite toute la région de sa marque. L’empire byzantin qui lui succéda s’établit de l’Égypte jusqu’à l’est de l’actuelle Tunisie, renonçant à la plus grande partie du Maghreb où la « reconquête » berbère eut raison du vernis romano-chrétien. Aux VIIe-VIIIe siècles, l’islamisation provoqua une rupture entre les deux rives de la Méditerranée ainsi qu’une profonde mutation des sociétés nord-africaines. Au XVIe siècle, l’expansion turco-ottomane subjugua toute l’Afrique du Nord avant de buter sur le Maroc qui réussit à maintenir son indépendance en s’alliant à l’Espagne chrétienne. Durant la période coloniale, les Britanniques s’installèrent en Égypte, les Italiens disputèrent le vide libyen à la Turquie et, à l’exception de la partie nord du Maroc devenue protectorat espagnol, le Maghreb fut tout entier rattaché au domaine français. L’Égypte recouvrit son indépendance en 1922, la Libye en 1951. Quant au Maghreb, il connut des péripéties sanglantes avec la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). En dépit d’une « arabité » postulée et d’une islamité commune, les cinq pays composant l’Afrique du Nord eurent ensuite des destins divers illustrés par l’épisode dit des « printemps arabes ». Riche d’une centaine de cartes en couleur, ce livre est l’outil de référence indispensable à tous ceux qui veulent connaître les constantes qui fondent la géopolitique de cette arrière-cour de l’Europe qu’est l’Afrique du Nord.  •

    - 736 pages
    - 72 cartes couleur
    - Index et bibliographie
    - Prix : 29€

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  • Littérature • Libérez Blondin ! Pour retrouver, enfin, Blondin écrivain

     

    par Jérôme Leroy

    Un billet de Jérôme Leroy comme on les apprécie - pour leur élégance, leur style et leur pertinence. Qui plus est sur un auteur qui fut, on le sait, en quelque sorte de notre famille d'esprit et de goût. [Causeur 28.06]  

     

    4141331940.jpgIl ne faut laisser dire à personne que 25 ans est le plus bel âge de la mort. La preuve par Antoine Blondin, disparu le 7 juin 1991 à son domicile de la rue Mazarine. Il est aujourd’hui réduit à une légende et c’est toujours ennuyeux pour un écrivain. Une légende dispense de vous lire. Quelques clichés d’une panoplie littéraire pour néo-néo-néohussards continuent à circuler comme des mots de passe bien sympathiques mais, à la longue, ils feraient oublier que Blondin était d’abord un grand écrivain et, de surcroît, un grand écrivain détruit par l’alcool. Il n’a d’ailleurs jamais voulu faire l’apologie de l’ivresse comme il le déclarait lui-même à propos d’Un singe en hiver : « Il ne s’agit pas ici d’un plaidoyer pour la boisson ni même de lui fournir une justification. À la rigueur, j’admets que j’ai peut-être voulu expliquer certains mécanismes qui induisent des êtres à boire. »

    Faire de lui le Socrate vieillissant des bars du 6e arrondissement, le saint buveur qui recherchait les « verres de contact », selon sa jolie expression, c’est refuser de voir d’abord une déchéance dont les témoins furent nombreux et, pour les plus honnêtes d’entre eux, nous laissent une vision beaucoup moins lyrique. Le 21 mai 1993, Michel Déon, qui formait avec Blondin, Nimier et Laurent le noyau historique de ceux que Bernard Frank avait appelés les hussards pour mieux les assassiner, déclarait : « L’homme avili que j’ai croisé ce jour-là rue Mazarine, le presque clochard à demi édenté, au visage déformé par l’alcool, à la démarche titubante et au vin mauvais, ce n’était pas Blondin. » Même son de cloche, sur ces dernières années, de la part de Christian Millau qui se souvient dans son Galop des Hussards : « Je ne m’en sens pas autrement fier mais j’avoue que plusieurs fois, l’apercevant près de la Seine ou à Saint-Germain-des-Prés, pressé de regagner l’un de ses abreuvoirs, j’avais lâchement traversé la rue pour l’éviter. »

    Autre exemple de cette fausse postérité qui est celle de Blondin, c’est le succès que rencontra au cinéma l’adaptation par Henri Verneuil en 1961 d’Un singe en hiver, son roman de 1959 qui reçut le prix Interallié. Deux monstres sacrés, Jean-Paul Belmondo et Jean Gabin y jouaient les rôles principaux sur des dialogues de Michel Audiard, propulsant le film dans le panthéon populaire du cinéma français où il siège encore en bonne place aujourd’hui. En soi, la chose est plutôt plaisante, sauf quand on en oublie le livre qui en est à l’origine.

    Qu’on me permette une anecdote personnelle à ce sujet. Alors que je feuilletais le roman à une terrasse de bistrot dans la perspective de cet article, mon voisin me demanda très gentiment ce que je lisais. Je lui montrai la couverture du livre, il fronça un instant les sourcils dans un effort de mémoire puis son regard s’illumina et il dit : « Mais c’est pas le film avec Bebel et Gabin, ça ? », avant de fredonner « Nuit de Chine, nuit câline ! », la chanson entonnée par les deux héros en pleine dérive nocturne. Et je m’aperçus alors que moi-même, j’étais inconsciemment obligé, depuis le début de cette relecture, de faire un effort pour ne pas me laisser imposer le visage des acteurs sur celui des personnages afin de redonner au roman sa fraîcheur originelle.

    Retrouver Blondin écrivain, et seulement écrivain, n’est donc pas chose aisée. C’est pour cela qu’on est reconnaissant à Alain Cresciucci, déjà auteur d’une biographie de référence de Blondin en 2004 où lui aussi nuançait fortement cette héroïsation factice de l’ivrognerie, de nous donner, pour fêter le quart de siècle dans l’au-delà de celui qui disait comme Hugo, « Je suis un homme qui pense à autre chose », Le Monde (imaginaire) d’Antoine Blondin, un essai vif, documenté, précis sur une œuvre finalement méconnue. 

    Jérôme Leroy
    Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur.