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Idées, débats... - Page 462

  • Littérature • Amouretti, fédéraliste, provençal et meilleur ami de jeunesse de Charles Maurras

    Un rarissime dessin montrant le Félibrige de Paris ou félibres fédéralistes réunis autour de Frédéric Mistral ... Maurras est en face de lui, à l'âge de vingt ans  

     

    Repris des éphémérides de Lafautearousseau au 18 juillet. Actualisé le 22.07 

     

    Frédéric Amouretti est né le 18 juillet 1863 à Toulon, et mort le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans...  Qui était-il ?

    S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.

    Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras : 

    « En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...». 

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les « fédéralistes », il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon « sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...», ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête « uno assemblado soubeirano, a Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, a Marsiho o a-z-Ais ». Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    1728246235.jpgL'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme « lou paire e lou redatour de la declaracioun », les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait : 

    « Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile ».  

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :  

    « Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue. » 

     

    Rappelons encore que dans les années 1890, en leur tout jeune âge, Frédéric Amouretti est le meilleur ami de Charles Maurras. Ils se rencontrent, notamment à Martigues, et Maurras, dans sa longue et belle préface, lui dédie son premier livre, Le Chemin de Paradis. Les passionnés d'études maurrasiennes, écouteront ici, Hilaire de Crémiers en parler en fin connaisseur de l'ouvre et de la pensée de Charles Maurras. [35 minutes] LFAR

     

     

  • Concert exceptionnel des Amies de la Reine le 27 juillet en Vendée

     

    Concert de musique baroque

    Les Amies de la Reine

    Katja Katanova, violon
    Mélusine de Pas, viole de gambe
    Aude Rambure-Lambert, clavecin
    Marion Pollet, récitante

    Le mercredi 27 juillet à 20h30
    en l’église de la Réorthe (Vendée)

    Programme
    François Couperin, Louis Couperin, Antoine Forqueray,
    Jean-Philippe Rameau, Jean-Marie Leclair, Jean Féry Rebel

    Libre participation

     
  • 1936-2016 : Retour avec paroles & images sur le 80e anniversaire de la Guerre d'Espagne

     

    Nous avons rappelé lundi dernier, 18 juillet, le 80ème anniversaire du Soulèvement National du 18 juillet 1936 qui marque le début de la guerre d'Espagne.

    Nous complétons aujourd'hui cette évocation par la mise en ligne suivante :

    Un discours de guerre du général Franco (1892-1975) prononcé en avril 1937 à Salamanque qui a été dans les premiers temps des combats capitale de l'Espagne nationaliste. Nous avons trouvé préférable d'en donner le texte espagnol, plutôt qu'une traduction qui l'aurait affadi. Comprenne qui pourra !

    Et les deux grands hymnes de la guerre dans le camp nationaliste : Le Cara al Sol, chant de la phalange de José Antonio Primo de Rivera (1903-1936), et l'Oriamendi, hymne traditionnel des requetes, remontant aux guerres carlistes. 

     

    Franco à Salamanca, le 19 avril 1937

    Los hombres más heroicos del mundo, los más grandes de Europa, son los hijos de España.

    Cuando se lucha en las trincheras, como se lucha, cuando se muere en el frente como se muere, cuando se defiende a España como la defienden Falangistas, requetés y soldados, hay una raza y hay un pueblo.

    A esta lucha, a esta sangre generosa, a este heroísmo, tiene que corresponder la retaguardia vibrando, animando al centinela, animando al comhatiente, llevándoles ánimos de España para acabar pronto con la paz y con el triunfo de la justicia en nuestro pueblo, con los ideales que están grabados en el corazón de todos los Españoles de justicia, fraternidad, de amor a España, de grandeza de la Patria; qué este Movimiento ? Todo grandeza y por ello la unión ha de ser sagrada, un abrazo de todos, porque hemos de recorrer juntos un glorioso camino, llevando sobre hombros españoles el Imperio legendario y tradicional que la juventud española forjará, y la forjarà porque lo está fraguando con su sangre pródiga que está vertiendo en los campos de España y porque está en el corazón de todos los españoles que gritan :
    ¡ ARRIBA ESPAÑA ! ¡ VIVA ESPAÑA !

     

     Cara al Sol, l'hymne de la Phalange

    Oriamendi, l'hymne Carliste

     

    Lire aussi sur Lafautearousseau ...

    C'est le 18 juillet 1936, il y a 80 ans aujourd'hui, que « le soulèvement national » éclatait en Espagne. Mémoire !

  • C'est le 18 juillet 1936, il y a 80 ans aujourd'hui, que « le soulèvement national » éclatait en Espagne. Mémoire !

     
     
    3578948983.jpgCe soulèvement du 18 juillet 1936, en définitive victorieux, fut le premier acte d'une terrible guerre civile - une Croisade pour les nationalistes - qui a duré 3 longues années. Au terme desquelles ont triomphé les forces de la Tradition, emmenées par les phalangistes, requetes et soldats, selon la définition que donnait Franco lui-même de ce qui deviendra assez vite le Mouvement National. Leur victoire sauva l'Espagne du bolchevisme et du stalinisme qui l'aurait laissée en ruines, lorsque le bloc communiste s'est effondré. Et elle a sauvé l'Europe de l'Ouest de la menace qu'aurait été sur son flanc sud-ouest une république populaire inféodée à l'URSS. L'héroïsme des combattants n'a pas été vain. N'oublions pas !   LFAR   •   
     
    Robert Brasillach : ce que la guerre civile espagnole a représenté pour les contemporains ...
     
    2993198432.jpg« ... Une lutte terrible éclatait sur l'une des plus nobles terres de l'Europe (...). L'Espagne ainsi achevait de transformer en combat spirituel et matériel à la fois, en croisade véritable, la longue opposition qui couvait dans le monde moderne. Ses brigades internationales, des deux côtés, scellaient dans le sang les alliances. Par toute la planète, des hommes ressentaient comme leur propre guerre, comme leurs propres victoires et leurs propres défaites, le siège de Tolède, le siège d'Oviedo, la bataille de Teruel, Guadalajara, Madrid et Valence. Le coolie chinois, le manoeuvre de Belleville, le voyou perdu dans les brouillards de Londres, le chercheur d'or pauvre et déçu, le maître des pâturages hongrois ou argentins, pouvaient tressaillir d'angoisse ou de plaisir devant quelque nom mal orthographié, dans quelque journal inconnu. Dans la fumée grise des obus, sous le ciel en feu parcouru par les avions de chasse, russes contre italiens, les contradictions idéologiques se résolvaient, en cette vieille terre des actes de foi et des conquérants, par la souffrance, par le sang, par la mort. »

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    Robert Brasillach, Les Sept couleurs, Plon, 1939

  • Culture • Régis Debray est il réactionnaire ? Débat avec Alain Finkielkraut

     

    3578948983.jpgOn ne résume ni ne commente en quelques lignes qui se doivent d'être brèves un brillantissime entretien de 50 minutes entre Alain Finkielkraut et Régis Debray*, où sont évoquées en profondeur les vraies questions, les questions essentielles qui se posent à la société contemporaine, dont la France, l'Europe, et, au sens ancien, à l'Occident. Si on a le temps, le goût et le courage, on écoute. Faute de quoi, il sera difficile d'émettre sur les idées et les combats de ces deux intellectuels de haute volée, des jugements autorisés.

    Nous ne dirons pas qu'ils appartiennent à notre famille de pensée, mais, plutôt, qu'ils s'en rapprochent, qu'ils lui sont souvent tangents et qu'il y a là, pour nous, une pressante invitation à nous y intéresser.

    On remarquera notamment l'analyse qui est faite du progressisme, dans ces réflexions qui, d'ailleurs, le déclarent sorti de l'ordre du jour. On remarquera que l'homme y est défini comme un « être de transmission », que celle-ci y est opposée à la pratique moderne, très inférieure, de la communication. On retiendra peut-être encore, cette formule par laquelle Regis Debray constate que « la mondialisation des objets produit la tribalisation des sujets ». « Et ça, ajoute-t-il, ce n'était pas au programme. ». Qu'est-ce qui est donc au programme, vers quoi allons-nous ? « Vers un ressourcement identitaire » est l'une des formules de conclusion de ce passionnant débat.  • 

     

     

    * Répliques, sur France culture, rediffusion du 16.07.2016

  • Exposition • Jean Genet ne fut pas un saint ...

    Genet militaire au Maroc dans les années 30 
     
     
    Par Peroncel-Hugoz

    Poursuivant ses reportages à Marseille Péroncel-Hugoz est allé voir l'exposition « Genet, l'échappée belle », où le Maroc est présent, et il en est sorti mi-figue mi-raisin…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAucun doute à ce sujet : avec son style clair, pur, à la fois classique et moderne, Jean Genet (1910-1986) est une des très grandes plumes françaises du XXe siècle, comparable seulement à quelques rares autres géants du style tels Paul Morand, Henri de Montherlant, André Gide ou François Mauriac. Son « Journal du voleur » (1946 et 1949) est un des joyaux de la littérature française paraissant tombé du ciel tout armé ou bien né d'un coup de baguette magique… Le dur labeur d'écriture qu'implique un tel livre ne se sent à aucun moment, contrairement à tant de « chefs-d’œuvre » laborieux, croulant sous prix et gros tirages. 

    L'exposition de Marseille se justifie donc pleinement même si nombre de Provençaux de souche, d'adoption ou de fréquentation, s'étonnent des regards du Mucem toujours tournés vers Paris (et le parisianisme) ; ceux qui attendent dans la cité phocéenne de grandes manifestations autour d'enfants du Midi de l'envergure de Frédéric Mistral, Marcel Pagnol, Jean Giono ou les Daudet, resteront insatisfaits pour le moment 

    MASOCHISTES MONDAINS A LA COCTEAU

    En réalité ce qui est insupportable, c'est le côté fortement « idéologique » de l'expo Genet. Certes, avec toutes ses histoires (pas toutes exactes, loin de là) de vols chez les bourgeois, Genet sut drainer très tôt vers sa personne, plus encore que vers ses écrits, si originaux soient-ils, toute une clientèle de masochistes mondains type Jean Cocteau, qui contribuèrent d'une manière décisive au lancement quasi universel de Genet ; l'essayiste nord-américain – non complaisant – de Genet, Edmond White a pu affirmer dans sa monumentale biographie de l'écrivain, en 1993, « que la rhétorique de la fin des années 60 et 70 méprisait les bons sentiments bourgeois : Genet se devait d'affirmer sa légitimité de paria » ; il transforma en bourreaux d'enfants le brave couple rural qui le recueillit, orphelin sans père, abandonné par sa pauvre mère ; il exagéra à qui mieux-mieux ses premiers vagabondages, ses premiers larcins, etc. Les bobos avant la lettre de l'époque n'en avaient jamais assez, et ils purent compter sur Genet pour en rajouter… 

    SAINT, SAINT, SAINT…

    Certes, je le redis, on ne doit juger in fine un romancier que sur ses livres, comme le répétait Marcel Proust, mais quand vie et œuvre sont absolument indissociables, il est parfois difficile de faire la part des choses. L'expo du Mucem a embaumé Genet dans une dévotion absolue, laissant volontairement dans l'obscurité des aspects de l'itinéraire genetien, pourtant intolérables, selon la doxa de notre époque : la complaisance voire la sympathie de Genet pour le national-socialisme : « l'Allemagne hitlérienne provoque la haine des braves gens mais en moi admiration profonde et sympathie ». La virilité exacerbée des soldats nazis balayait toute retenue chez le « garçonnard » Genet. Un autre biographe froid de l'écrivain, Ivan Jablonka, dans « Les vérités inavouables de Jean Genet », décrit ce dernier comme un « déclassé aigri et antisémite fasciné par les crimes de la Milice [vichyste] et les camps de la mort nazis ». White encore, réduit finalement l'homme Genet à peu de choses : « Il aimait par-dessus tout la pornographie homosexuelle et le roman policier ». 

    Jean-Paul Sartre, emporté par sa haine frénétique de la bourgeoisie, dont il venait pourtant lui-même, sacra Genet « saint, comédien et martyr » ; d'autres n'ont voulu voir en lui que « le poète travesti » ; le « maître-rêveur ». Une revue tangeroise est allée jusqu'à publier un numéro spécial sur Genet, intitulé « Un saint marocain » !… Pourquoi pas « Dieu » tant qu'à faire ? … Quant au sculpteur et peintre suisse Alberto Giacometti, lui, il nous a laissé un impayable portrait de Genet (montré au Mucem) où le vagabond détrousseur fait penser… au général de Gaulle ! Hilarant. 

    CAPORAL CHEZ DES TIRAILLEURS MAROCAINS

    « Le Monde », enfin sorti de son admiration inconditionnelle pour Genet, a titré en mai 2016 son compte-rendu de l'expo marseillaise avec un ironique « Genet sanctifié », soulignant en sous-titre que la manifestation « passe sous silence ses zones d'ombre ». Le journal catholique « Présent » à stigmatisé les accointances de l'écrivain avec « terroristes » ou « égorgeurs », ennemis de la France. 

    En ce qui me concerne, puisque exposition il y avait et avec des moyens, je regrette que n'ait pas été plus travaillée la part arabe de Genet, essentiellement dessinée en Syrie mandataire et au Maroc protectoral (je ne parle pas des dernières années de Genet à Rabat et à Larache, connues, archiconnues). Le caporal du génie Genet fut soldat français à Damas en 1930 (il y eut une liaison « interdite » avec « un petit coiffeur damascène de 16 ans »), ensuite, de 1931 à 1933 à Midelt puis Meknès, servant notamment de secrétaire à un général des tirailleurs marocains. L'une des rares choses inédites du Mucem est une photo du caporal-chef Genet, en uniforme de travail, près de Midelt dans l'Atlas. 

     

    Documentation : Souad Guennoun, « L'ultime parcours de Jean Genet. Tanger. Rabat. Casablanca. Larache », ouvrage illustré, co-éd. Tarik / Paris-Méditerranée ; « Nejma », revue littéraire de Tanger, numéro spécial 2010-2011, « Jean Genet, un saint marocain » ; catalogue de l'exposition « Jean Genet et le monde arabe », Maroc, 2002-2003 ; « Le Monde », hors-série, « Jean Genet, un écrivain sous haute surveillance », avril-mai 2016 ; A. Sanders, « Au Mucem, après les fellouzes, un de leurs potes », « Présent », 13 avril 2016 ; Philippe Dagen, « Jean Genet, sanctifié à Marseille », « Le Monde » du 15-16-17 mai 2016 ; Péroncel-Hugoz, « Jean Genet, sous le regard des prisonniers » [au Maroc], « Le Monde », 25 août 1987.

    Expo « Jean Genet, l'échappée belle », Fort Saint-Jean, bâtiment Rivière, MUCEM, 13002-Marseille, jusqu'au 18 juillet 2016.

     

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 8.07.2016

  • TRADITIONS • Les fêtes de Bayonne, c'est tout le Pays Basque...

     

    Si elles sont maintenues - terrorisme oblige, mais il semble acquis qu'elles auront lieu - les Fêtes de Bayonne 2016 s'ouvriront le mercredi 27 pour s'achever le dimanche 31 juillet. Seront-elles cette « célébration du mauvais goût », selon l'article malveillant des Inrocks en 2015 ? Orfèvres en cette matière, leur objectivité avait été jugée plus que douteuse à Bayonne...  

    Les Fêtes de Bayonne, c'est, sur près d'une semaine, un million et demi de personnes qui se côtoient, se retrouvent et fraternisent, joyeusement, dans le bonheur de la Fête et aussi - et surtout - la pleine conscience et la fierté légitime d'appartenir à un peuple, à une nation, héritiers d'une authentique culture, d'une riche et belle civilisation, de traditions plus que millénaires...

    Tout a commencé en 1932 : cette année-là, une quinzaine d'amis bayonnais sont à Pampelune, où ils découvrent le concept de la « fête de rue » en assistant aux traditionnelles Sanfermines, les fêtes de la Saint Firmin, et leurs lâchers de taureaux dans les rues de la vieille ville (les encierros). Enthousiasmés, ils décident d'importer chez eux, à Bayonne, en l'adaptant, ce qu'ils viennent de vivre dans la ville navarraise. La couleur traditionnelle, et officielle, en Navarre, est le « rouge et blanc » : au début, à Bayonne, ce fut bleu et blanc, mais, très vite, le rouge et blanc s'imposa. On peut porter l'écharpe rouge avant 22 heures, ouverture officielle de la fête, par exemple au poignet; mais ce n'est qu'à partir de l'ouverture officielle de la fête que l'on peut porter l'écharpe autour du cou, ce qui rappelle le martyre de Saint Léon, décapité à Bayonne vers 890... 

    A Reims et à Orléans, à Beauvais, les Fêtes Johanniques et celles de Jeanne Hachette exaltent l'Histoire de France, la formation du territoire, en même temps qu'elles permettent de rendre hommage, à travers deux héroïnes majeures, à toutes ces femmes d'exception, si souvent présentes à des moments cruciaux de notre Histoire.

    En Provence, les deux pèlerinages annuels aux Saintes Maries de la Mer sont un témoignage vivant de nos Racines chrétiennes, comme le sont les deux Tours de Ville du Saint Cordon de Valenciennes, les Ostensions du Limousin, les processions de la Sanch à Perpignan, le Catenacciu de Sartène et tant d'autres encore...

    Et ainsi de suite, dans toutes les Provinces de France, ces Fêtes qui font, qui sont la France parsèment l'année de leurs manifestations colorées, qui sont autant de manifestations de l'existence d'un Peuple français, d'une Nation française, n'en déplaise aux idéologues.

    Un peuple, une Nation, qui se sont lentement cimentés sur le socle commun que représente le peuplement et la culture Celtique : le Festival interceltique exalte, comme son nom le proclame fièrement, les traditions de ce peuple Celte qui est comme le socle sur lequel est venu se former, peu à peu, notre Nation, et qui est bien le fondement connu le plus ancien de ce qui allait devenir la France.

    A une exception près, et de taille : le peuple et la culture basques.

    2082150_406_enfantspoterne_800x576p.jpgLes Basques constituent, en effet, une population autochtone pré-indoeuropéenne, remontant au néolithique, implantée principalement au Sud-ouest de la France et au Nord de l’Espagne, dans le Pays Basque, précisément.  Et la langue basque est l’unique isolat européen et la seule langue non indo-européenne d’Europe de l’Ouest (en linguistique, un isolat est une langue dont on ne peut démontrer de filiation - ou "relation génétique" - avec d'autres langues vivantes : la langue basque, le coréen, le japonais sont des isolats).

    C'est à cette langue basque, à cette culture, à cette terre, à ce peuple... que sont dédiées, depuis 1932, les Fêtes de Bayonne : en rouge et blanc, pendant cinq jours, les festayres sont si nombreux (probablement plus d'un million de personnes) qu'ils font de cet évènement l'une des fêtes les plus suivies, non seulement de France, mais même dans le monde... 

    Site officiel : http://www.fetes.bayonne.fr/ 

  • Société • A nos cousins français ... Bons baisers du Québec

     

    Par Mathieu Bock-Côté 

    Un très beau texte que nous avons aimé. Un de plus, parmi tous ceux, nombreux, publiés récemment par Mathieu Bock-Côté. Le fait qu'il ait été écrit avant le carnage niçois du 14 juillet au soir, n'ôte rien, nous semble-t-il, à sa fraicheur et à son actualité.  LFAR

     

    3222752275.jpgC’est le 14 juillet. La fête nationale de la France. Un pays magnifique, qui a marqué pour le mieux l’histoire de l’humanité.

    Un pays éprouvé, depuis quelques années, par une violence sauvage à son endroit. On pense au terrorisme. On pense aussi à la violence intérieure dans certains quartiers. Le pays traverse une crise majeure.

    Aujourd’hui, la France souffre. Ses enfants sont tentés par l’exil. Plusieurs traversent l’Atlantique.

    Mère patrie

    Si la France est attaquée, c’est qu’elle demeure aussi un symbole : elle incarne la meilleure part de l’Occident. Elle conjugue liberté et enracinement, elle a le charme de l’urbanité la plus sophistiquée et des terroirs les plus féconds. Elle est chrétienne et laïque.

    Mais aujourd’hui, j’aimerais parler de notre rapport à la France. J’aimerais dire : de notre rapport à la mère patrie, mais nous avons perdu l’habitude de parler ainsi.

    Pendant longtemps, les Québécois aimaient rappeler leurs racines françaises. Alors qu’ils étaient méprisés par les Canadiens anglais, ils leur disaient ainsi : nous aussi venons d’une grande civilisation. C’était aussi une époque où on vénérait nos ancêtres. On ne les regardait pas avec condescendance.

    Mais notre rapport à la France s’est relâché. Aujourd’hui, on aime se faire croire que c’est un pays comme un autre. On le snobe même un peu.

    Par exemple, on se fait une fierté de mieux parler anglais que les Français, comme si la maîtrise de la langue de l’empire américain était un signe indéniable de modernité. Quand les Québécois répètent agressivement qu’ils sont nord-américains, ce n’est pas seulement pour rappeler une évidence géographique. C’est aussi pour se détacher une fois pour toutes du vieux pays.

    On regarde la France comme un gigantesque musée gastronomique dont les grandes heures sont révolues. Sauf que nous nous trompons. Aujourd’hui, en 2016, nous avons encore besoin de la France.

    D’abord et avant tout parce que la France demeure et demeurera toujours le cœur vivant de la langue française. Si les Québécois ont survécu comme peuple, c’est en bonne partie parce qu’ils parlaient une grande langue internationale qui leur donne accès au monde.

     

    Trésors littéraires 

    Je me demande souvent comment nous pouvons volontairement nous priver des trésors de la littérature française. Si nous lui donnions toute la place qu’elle mérite, peut-être pourrions-nous réapprendre à parler notre langue. Et si, comme on le croit, la langue française est une patrie intime, celle de nos âmes, celle de nos cœurs, il faudrait cesser de considérer qu’il s’agit d’une littérature étrangère.

    Nous aurions beaucoup à apprendre de la France. Son sens de la controverse, notamment. Là-bas, un débat n’est pas nécessairement une chicane. On admirera aussi la place de la culture générale dans la vie publique. Au Québec, dès qu’on quitte le registre du vocabulaire de base, on est accusé d’élitisme.

    Osons la formule suivante : pour les Québécois, la France n’est pas un pays comme les autres. C’est encore un peu le nôtre.

    Bonne fête nationale, cousins Français !   

    Article - repris par Causeur - initialement publié dans Le Journal de Montréal. 

    Mathieu Bock-Côté
    est sociologue, auteur du "Multiculturalisme comme religion politique"

    Le multiculturalisme comme religion politique

    Ed. du Cerf, 2016 - 24,00 €

  • Livres • Louis de Bonald, l’antimoderne oublié, le retour du Vicomte

     

    Par Bernard Quiriny

    Une utile et intéressante recension à propos d'un des maîtres de la contre-révolution. [Causeur, 9.07]

     

    Louis de Bonald ! Voici un nom qu’on n’a plus l’habitude de lire, à part dans les manuels d’histoire des idées où les auteurs lui consacrent quelques lignes, à la rubrique des contre-révolutionnaires. Le plus souvent, on associe Bonald à son contemporain Joseph de Maistre, l’autre héraut francophone de la critique des Lumières et de la Révolution. Hélas, aussi bien Maistre a la réputation d’écrire merveilleusement, aussi bien Bonald a celle d’écrire laborieusement, sans éclat ni génie. C’est pourquoi l’un continue d’être lu et figure toujours dans les librairies (Pierre Glaudes a réuni ses principaux textes dans un volume de la collection « Bouquins », en 2007), tandis que l’autre n’intéresse plus que les spécialistes et n’a quasiment pas été réédité.

    Une douloureuse réputation littéraire

    De fait, qui serait assez courageux pour se plonger aujourd’hui dans des volumes engageants comme Essai analytique sur les lois naturelles de l’ordre social (1800), Théorie du pouvoir politique et religieux (1796) ou Démonstration philosophique du principe constitutif de la société (1830), tous longs de plusieurs centaines de pages ?

    Et pourtant, ces textes austères sont la source majeure de la pensée traditionaliste du XIXe siècle. « Ce n’est pas Joseph de Maistre, ni, encore moins, Châteaubriand ou Lamennais, qui ont été les vrais inspirateurs de la pensée antidémocratique du siècle dernier, mais bien Louis de Bonald », dit Koyré dans ses Etudes d’histoire de la pensée philosophique. Taine, Comte, La Tour du Pin, Maurras, tout ce pan de la culture politique vient en ligne droite du Vicomte de Millau, dont la douloureuse réputation littéraire a fait oublier l’importance. Bien conscients de sa place majeure dans l’histoire, les savants continuent de lui consacrer des recherches, en France comme en Europe, ainsi qu’en témoigne le Bonald de l’historien piémontais Giorgio Barberis. Clair, bien conçu, ce livre est peut-être la meilleure introduction disponible à la pensée de Bonald. Barberis y montre bien comment le rejet bonaldien de la Révolution, loin d’être une réaction éruptive de barbon d’Ancien Régime, est la conséquence d’un système intellectuel solide où s’articulent une métaphysique, une anthropologie, une théologie, une conception de l’histoire.

    De Bonald à Rivarol

    Evidemment, vu de 2016, la pensée politique de Bonald – un ordre instauré d’en haut, appuyé sur la religion, organiciste et antilibéral – a quelque chose d’extraterrestre. Mais justement : c’est cette distance avec nous qui lui donne son actualité, le point de vue le plus éloigné de nos façons de penser étant le meilleur pour bien les comprendre. Sur ce plan, cette belle traduction (où on ne déplore que deux ou trois fautes de syntaxe – « la théorie dont il avait fait allusion », « une conception à laquelle s’ensuit »...) n’a pas qu’une utilité historique ou documentaire, elle permet aussi de mettre en perspective des notions comme le progrès, l’individualisme, le pouvoir, la légitimité, etc. Quant au procès fait à Bonald sur son style, les nombreux extraits cités par l’auteur indiquent qu’il est peut-être abusif et que le vieux Vicomte, pour n’avoir pas la plume facile, n’en était pas moins capable parfois de bonnes formules.

    Je profite de cet article pour dire aussi un mot d’un contemporain de Bonald (à un an près), Antoine de Rivarol : Maxence Caron réédite en effet ses Œuvres complètes dans un épais volume de la collection « Bouquins » où, par souci sans doute de le rendre plus digeste et plus attrayant, il l’associe aux aphorismes de Chamfort et à ceux Vauvenargues (je dis « réédite », il faudrait dire « édite » : la plupart des tentatives précédentes d’éditer Rivarol ont apparemment comporté des lacunes). D’une certaine façon, au plan du style, Rivarol est l’anti-Bonald : ce dernier compose des traités pesants, laborieux, répétitifs, alors que Rivarol virevolte et sautille sans jamais finir un livre, disséminant ses réflexions dans des textes courts, légers, ironiques. Bonald est besogneux et grave, Rivarol, facile et drôle ; cette différence des tempéraments se retrouve au plan des idées politiques. Tous deux critiquent en effet la Révolution, mais pas de la même manière ; à l’idéologie révolutionnaire, Bonald oppose l’idéologie théocratique – système contre système ; Rivarol, lui, y oppose un rejet de l’idéologie, une méfiance à la Burke pour les délires abstraits. Chantal Delsol explique tout cela dans une préface lumineuse de 40 pages, qui justifie à elle seule l’acquisition de ce superbe volume. 

     

    Louis de Bonald, ordre et pouvoir entre subversion et providence, Giorgio Barberis, traduit de l’italien par Astrée Questiaux, Desclée de Brouwer, 2016.

    L’art de l’insolence, Rivarol, Chamfort, Vauvenargues, Robert Laffont, « Bouquins », 2016.

    Bernard Quiriny

  • Changer les noms des rues et des places des villes : une très sale habitude républicaine

    Place du marché à Thionville

     

    Par Pierre de Meuse

     

    4172691570.jpgLe conseil municipal de Thionville en Lorraine a décidé de changer la dénomination de la place du Marché située au centre de la ville, et de la nommer dorénavant « Place Anne Grommerch », du nom du député du lieu, décédée en avril dernier après avoir été maire de 2015 à 2016. Et ce, contre l’avis d’une grande partie des habitants de cette ancienne cité, qui se sont mobilisés pour refuser cette modification arbitraire. En effet, cette place se nomme ainsi depuis sa construction, à l’époque où Thionville était terre d’Empire, et les pouvoirs successifs à travers les annexions depuis 1559 ont conservé cette appellation, symbole d’identité et de permanence de cette ancienne commune foraine.

    Changer les noms des rues et des places des villes est une très sale habitude républicaine, qui a pour origine l’arrogance des démiurges, ceux qui veulent refaire le monde à partir de zéro. Les hommes de parti adorent s’attribuer une renommée éternelle et obliger les administrés à prononcer leur nom alors même que leur mémoire s’est effacée, le plus souvent à juste titre. Or les anciens noms des voies furent adoptés spontanément par les habitants, dans un usage commun, qui combine la nécessité, la commodité, la fierté ou même l’humour. Leur origine est populaire, et leur permanence séculaire est une richesse dont personne ne devrait avoir le droit de les déposséder. Les noms sont suggestifs, quelquefois pittoresques, ils évoquent un passé lointain, en bref, ils sont un élément d’enracinement, une tradition vivante. Cette valeur est malheureusement méprisée par nos élus qui, depuis deux siècles, s’ingénient à affubler nos villes des patronymes des hommes politiques de leur couleur. Des généraux qui ont plus souvent perdu que gagné des batailles, des députés qui se sont signalés par leur sectarisme, des chefs d’Etat étrangers ou des écrivains « engagés » reçoivent ainsi une consécration formelle, qui affirme la victoire définitive d’un parti sur l’autre. Combien d’avenues Henri Barbusse, ou Général Sarrail, ou Waldeck Rousseau, ou Armand Bédarrides ? Et des lieux urbains acceptés et retenus par tous, débaptisés injustement comme Le Cours La Reine, ou L’Etoile, ou la Plaine, la Madeleine ou le Sablon ? C’est avec ce type d’attitude que les noms des villes et même des nations sont modifiés. Tsaritsyne est devenu Stalingrad puis Volgograd. Ourga est devenu Oulan Bator ; Chemnitz est devenu Karl-Marx stadt. Pendant bien longtemps, les français ont accepté cette dépossession sans mot dire. Il semble que cela soit en train de changer. C’est pourquoi cette initiative frondeuse des habitants de Thionville nous paraît positive. Nous ne nous soucions pas de savoir s’il y a des motivations partisanes dans cette campagne pétitionnaire. L’important est qu’elle se réfère à une identité historique incontestable et dénuée de sectarisme. C’est pourquoi, afin de permettre l’institution d’un référendum, je recommande la pétition Change.org.mairie-de-thionville-je-veux-que-la-place-du-marché-garde-son-nom. Si les édiles veulent une immortalité illusoire, qu’ils la concrétisent en baptisant des voies dans les ZAC, ZUP et autres quartiers enviables qui témoignent pour les générations futures des merveilles de la modernité triomphante, mais non dans le centre historique de nos villes. 

     

    Change.org.mairie-de-thionville-je-veux-que-la-place-du-marché-garde-son-nom

  • Culture • Orientalisme : les absents ont toujours tort ...

    Fantasia au Maroc (1888) par Clairin 

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Notre confrère est allé à Marseille où les folles bagarres entre spectateurs de l'Euro-football ont éclipsé la pluie d'expositions tombée alors sur la ville.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgWashington (Français malgré son patronyme), Ziem, Lazergues, Crapelet, Chabaud, Rochegrosse, Pascal et bien sûr aussi Léon Cauvy (1874-1933) et son « Marché à Marrakech » ou Henri Pontoy (1888-1969) et son « Marché au Maroc ». Pendant que supporteurs anglais ou russes, commençaient, torse nu et cannette en main, à s'insulter et s'étriper sur les quais du Vieux-Port de Marseille, à l'ombre de la proche cathédrale néo-byzantine voisine, quelques amateurs essayaient, eux, d'oublier un peu l'agitation extérieure en se penchant sur les œuvres orientalistes des peintres précités, magnifiquement mises en valeur dans le long mais discret bâtiment moderne, inséré entre la colline du Panier et la Méditerranée. 

    Les pastilles de couleurs de Cauvy ou les jeux d'ombre de Pontoy traduisent fort bien le Maroc rustique tandis que la violente envolée de « Fantasia au Maroc » (1888) par Georges Clairin (1843-1919) fait splendidement jaillir le don immuable et pourtant toujours renouvelé de la manifestation guerrière en Chérifie. 

    Le Marocain aime la poudre, « baroud », d'où le nom local de la fantasia : « tbourida », et il en a fait une œuvre d'art mouvante. 

    D'UN MAMMERI L'AUTRE 

    Plusieurs des œuvres exposées jusqu'au 31 décembre 2016 à la Fondation privée marseillaise « Regards de Provence », avaient figuré à la mémorable exposition « D'une rive à l'autre. Les peintres et l'Orient » (1850-1950), tenue d'avril à juin 2010 à l'Institut français de Marrakech. Cette Fondation, exemplaire par ses collections, son mécénat, son organisation, son accueil, ne peut malheureusement, comme la plus belle fille du monde, montrer que ce qu'elle a, et donc malgré les toiles inspirées par le Maroc et l'Orient, qu'elle présente régulièrement au public, sauf erreur on ne voit jamais, lors de ses manifestations, des artistes comme Mattéo Brondy, cet ex-vétérinaire militaire de l'Entre-deux-guerres, génial croqueur de la vie quotidienne autochtone au Maroc, ou bien son contemporain Azouaou Mammeri, membre de la fameuse lignée kabyle éponyme venue servir dans l'Empire chérifien et le sultan et le protectorat français. Mammeri est victime, dans le Maroc moderne, d'un injuste oubli (ou ostracisme ?) alors que ses tableaux illustrent avec amour acribique la culture traditionnelle. 

    En Algérie, la féconde tribu Mammeri est carrément victime d'une sourde hostilité de l’État, peut-être parce que feu le « printemps berbère », à la fin du XXe siècle, eut pour icône populaire le grand romancier francophone Mouloud Mammeri, disparu ensuite lors d'un très mystérieux accident de la route entre Alger et Oran… L'écrivain avait eu l'audace de protester contre la suppression par l'Algérie indépendante de la vieille chaire de berbère de l'université d'Alger, créée par le régime français et qui avait acquis une réputation internationale. 

    APOLITISME ET ACTUALITE

    L'exposition de Marseille est là pour nous rappeler que l'Art, le vrai, ne peut être qu'apolitique, même si, surtout dans sa veine orientaliste, il est parfois fécondé par l'actualité de l'époque (expédition de Bonaparte en Egypte, conquête de l'Algérie, guerres russes au Caucase, conflit euro-turc en Crimée, inauguration du Canal de Suez, etc.). Au-delà de l'Histoire, l'Orientalisme a le grand mérite d'avoir fixé des formes de vie, des costumes, des traditions régionales, des joutes sportives, qui, sans les peintres, auraient risqué, aujourd'hui, d'être oubliées… 

    « Merveilles de l'orientalisme » jusqu'au 31 décembre 2016, au Musée Regards de Provence, avenue Vaudoyer, 13002-Marseille. Tél 00 33 (0)4 96 17 40 40

    Site : www.museeregardsdeprovence.com

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 3.07.2016

  • Société • Cohn-Bendit, disciple de Rivarol ?

     

    Cette question en apparence incongrue, Georges Michel l'a posée assez judicieusement dans un intéressant billet de Boulevard Voltaire [5.07] qui a le double mérite de susciter la réflexion et de nous rappeler la grande figure de Rivarol. Cohn-Bendit a gardé du trotskysme et de la foi révolutionnaire de sa jeunesse, le culte des élites conscientes, des forces révolutionnaires comme fer de lance et surtout guides des peuples attardés. Il est bien vrai que les peuples n'ont pas toujours raison, que comme le dit Steiner, « la démocratie, ça vous donne aussi Adolf Hitler.» Mais Cohn-Bendit oublie de relever que les élites trahissent plus souvent la destinée, les intérêts d'un peuple que ce peuple lui-même. Et c'est éminemment le cas des élites dévoyées d'aujourd'hui. On sait que, pour nous, le dilemme insuffisance politique des peuples - désintérêt des élites pour la communauté historique dont elles procèdent - se résout assez bien par la monarchie royale qui lie une famille-chef à la destinée politique de tous.  LFAR   

     

    865f954cd878d7db6568a7a2f493cb71.jpeg.jpg« Quelle haine, quelle rage de la part des européistes. Merci, mes chers amis, de montrer votre vrai visage. Au lendemain du Brexit, j’avais fait une conférence de presse en disant aux Français : écoutez-les bien, regardez-les bien dans les jours qui viennent et vous verrez, alors, le vrai visage de l’Union européenne et de ses défenseurs. » C’est par ces paroles que Marine Le Pen s’adressait à ses collègues du Parlement européen mardi 5 juillet.

    Quelle haine, quelle rage, effectivement ! Le même jour, Daniel Cohn-Bendit, invité de la matinale de France Inter, n’y est pas allé par quatre chemins : « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison », phrase qui pourrait devenir culte et n’est pas sans rappeler celle-ci : « Lorsque le peuple est roi, la populace est reine. » On la prête souvent à Talleyrand, mais elle serait de Rivarol, répondant à Mirabeau pour qui « la souveraineté ne pouvant être que dans la volonté générale, le peuple seul était roi ».

    Cohn-Bendit, disciple d’Antoine Rivarol, le pamphlétaire royaliste, mort en exil à… Berlin en 1801 ? Je n’irai pas jusque-là, mais avouez qu’il y a des similitudes étranges. Rivarol était un esprit brillant, aimant fréquenter les salons, polémiste en diable, doté d’une facilité rare d’élocution. « Il avait de l’ambition sous un air de paresse », écrivait Sainte-Beuve à son propos. Ne pourrait-on pas, en effet, reprendre cette description pour notre Dany multinational ?

    « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison. » Par cette phrase, Daniel Cohn-Bendit, député européen durant 20 ans (de 1994 à 2014), défenseur inconditionnel de l’Union, en révèle ainsi le vrai visage : celle d’une construction hors-sol aux mains d’une élite apatride s’estimant au-dessus des peuples. La souveraineté résida, durant des siècles, en la personne du monarque. Puis vint le temps du peuple souverain. « La rue est son palais ; une borne son trône. Son sceptre est une torche ; un bonnet sa couronne », écrivait Rivarol. Cohn-Bendit le dit un peu différemment en évoquant les pires heures de notre histoire : « Quand un peuple vote pour l’extrême droite, quand un peuple vote pour le nazisme, il n’a pas raison. Même si c’est le peuple. »

    a-list-of-famous-antoine-de-rivarol-quotes-u4.jpgTout comme Rivarol (le style en moins), Cohn-Bendit n’a jamais fait dans la nuance, et enchaîner sur la faute du peuple britannique, après cette évocation du nazisme, il fallait quand même oser : « Et quand les Anglais savent qu’ils se sont trompés, le peuple anglais a voté à 52 % pour le Brexit, maintenant 10 à 20 % des Brexitiens, ils le regrettent. Donc, faisons attention avec ces arguments d’un Montebourg complètement crétin contre les peuples… »

    Cohn-Bendit, les années et les kilos en plus, retrouve sa rage adolescente, non plus pour mettre à bas la société bourgeoise dont il a tant profité sa vie durant, mais pour défendre l’Union, cette sorte de cité aristocratique qui se vengerait à la fois des peuples et des monarques. C’est là, peut-être, que l’on arrêtera la comparaison, que d’aucuns trouveront incongrue, entre Dany le Rouge et Rivarol le Blanc.

    Cohn-Bendit va même jusqu’à proposer des listes « transeuropéennes » dans un collège unique de l’Union européenne pour les prochaines élections européennes. Les peuples disent plus de nations ? Eh bien, Cohn-Bendit répond : plus d’Europe ! Il crachera sa dernière dent avec ce mot dans la bouche, peut-être à Berlin. Quelle haine, quelle rage ! 

    Colonel à la retraite
  • Livres • Tout savoir sur l’I.E.

     

    par CS 

    D’un côté, il y a l’intelligence économique (I.E.) qui peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques.

    De l’autre il y a le renseignement  qui peut se caractériser par la recherche d’indications, d’informations, ou bien d’éclaircissement à donner sur quelqu’un ou quelque chose. La frontière entre les deux activités peut être poreuse et porter à confusion. C’est ce souci d’éclaircissement qui a motivé l’auteur, Jean-Christophe Damaisin d’Arès, à  rendre accessible, au commun des mortels, l’intelligence économique, autour de laquelle flottent de nombreuses zones d’ombre.  Son objectif est également de faire tomber le mythe que l’intelligence économique aurait des liens quasi exclusifs avec le monde (lui aussi obscur) du renseignement et naturellement de l’espionnage. C’est pourquoi, de manière très pédagogique, il livre ses conseils sur les grands domaines et les outils  à maîtriser pour une action efficace dans le domaine de l’I.E. : veilles juridique, sociale, informatique, concurrentielle ; protection de l’information, des locaux, du personnel, utilisation du SWOT, du Knowledge management etc. Finalement l’esprit de l’ouvrage est bien résumé d’entrée de jeu avec cette citation de Jean-François Bianchi, auteur de la préface : « S’intéresser à la l’intelligence économique, c’est s’intéresser à notre époque ».

    Intelligence économique et renseignement – Jean-Christophe Damaisin d’Arès – Editions JPO – 189 pages – 39,00 euros.

    par

  • Traditions • Tout ce qui est Racines est bon : Tous les sept ans, les Ostensions du Limousin...

     

    Les ostensions limousines ont été inscrites au Patrimoine immatériel de l'UNESCO. Pour les « racines chrétiennes » de la France, c'est plus qu'un honneur : une sorte de consécration et, en tout cas, de reconnaissance... 

     

    1969913464.jpgTous les sept ans - depuis l'an de grâce 994 ! - le Limousin honore ses saints par des processions. On sort les reliques, on les montre (en latin : ostendere) en des processions spectaculaires accompagnées de reconstitutions historiques dans les rues pavoisées : 

     http://catholique-limoges.cef.fr/diocese/ostensions.php  

    Les dernières ostensions ont eu lieu en 2002 puis en 2009 : c'étaient alors les 71èmes ! Soit, en 2016, les 72èmes.

    Les premières ostensions eurent lieu le 12 Novembre 994.

    La population souffrait d’une terrible maladie provoquée par un champignon, l’ergot de seigle, parasite des céréales de fin de récolte utilisées pour faire le pain. Les malades souffraient comme si un feu ardent les brûlait de l’intérieur, d'où le nom de cette épidémie : le mal des Ardents (du latin ardere, brûler). Les évêques, abbés et seigneurs d’Aquitaine réunis en concile à Limoges décidèrent de lever les restes de Saint Martial afin d’endiguer l’épidémie. Suite à ces processions et aux prières adressées au saint patron de la ville,  le miracle se produisit, l’épidémie cessa. 

    Les Ostensions Limousines célèbrent donc le miracle des Ardents. Au début, ces cérémonies religieuses avaient lieu lors d’évènements ou circonstances particulières puis en 1518, l’usage s’établit de les célébrer tous les 7 ans. Les reliquaires et trésors religieux sont exposés au cours des processions auxquelles participent la population locale. Après l’ouverture des reliquaires selon des rites précis, les reliques elles-mêmes sont exposées à la vénération des fidèles.

    Les rues des communes ostensionnaires sont décorées, ornées de fleurs, tout le monde participe : les autorités civiles et militaires, le clergé et les confréries oeuvrent ensemble, défilant religieusement dans les rues de chaque ville ou village.

    Les ostensions mêlent ainsi le religieux et le profane, la dévotion et le spectacle. C’est un moment fort de rassemblement, une affaire de culture commune, de racines et d’identité limousine.

    En 2009, le sdernières ostensions aurent lieu dans quatorze communes, presque toutes en Haute-Vienne.

    C'est traditionnellement Limoges qui ouvre les cérémonies, recevant pour l'occasion non seulement les communes environnantes mais aussi des délégations de toutes les paroisses ostensionnaires. On célèbre à Limoges saint Martial (le premier évêque de la ville, ci dessous), saint Aurélien, son successeur, saint Loup, qui fut évêque de la ville au VII° siècle, et sainte Valérie, la première martyre de l'église d'Aquitaine.             

    1930272106.jpgLes processions s'y déroulèrent les 18 et 19 avril, avec l'ouverture des châsses.

    Le 8 mai, saint Blaise fut honoré à Javerdat, le 21 mai les saints Gaucher et Faucher le seront à Aureil, village situé à quelques kilomètres de Limoges. Gaucher est le fondateur d'Aureil, et Faucher fut son disciple; ils vécurent au XIIème siècle.

    Le 23 mai, une procession nocturne parcourut les rues du village d'Aixe, décorées de fleurs. On y célèbre Alpinien, compagnon de saint Martial.

    Le 24 mai, Saint Léonard de Noblat fit mémoire de son fondateur, Léonard, ermite franc du Vème siècle. Une grande procession historique parcourut les rues de la ville mediévale, en recevant le concours d'une délégation bavaroise.

    Mille figurants en costumes se retrouvèrent le 31 mai à Rochechouart, où l'on vénèra saint Julien de Brioude, soldat romain martyrisé sous Dioclétien, en 304. Le 1er juin, a Esse, dix saints furent escortés. Le 6 juin, au Dorat, ce fut le tour des saints Israël et Théobald, deux chanoines du XIème siècle.           

    4284626061.jpgEnfin, le point d'orgue des ostensions eut lieu le 28 juin à saint Junien : une grandiose procession historique de mille cinq cents figurants rendit hommage à saint Junien et à son maître Armand, du Vème siècle.

    Mais il faut citer aussi :

    Nexon, où l'on vénère saint Ferréol, évêque de Limoges du VIème siècle;

    Saint-Victurnien, où l'on célèbre le patron de la ville, Victurnien dont on dit qu'il serait venu d'Ecosse pour vivre en ermite en Limousin;

    Chaptelat, qui honore son plus célèbre habitant, saint Eloi, conseiller du roi Dagobert, fondateur de Solignac en 632 et évêque de Noyon-Tournai;

    Saint-Yrieix-la-Perche, qui célèbre son fondateur, Aredius ermite du VIème siècle qui fonda un monastère à Attane, futur Saint-Yrieix;

    Abzac, ancien prieuré-cure du diocèse de Limoges connu pour son pèlerinage septennal des saints Lucius et Emerite;

    Et Saint-Just-le-Martel, bourg de la banlieue limousine, qui vénère un petit berger qui vécut auprès du grand saint Hilaire de Poitiers au Vème siècle, saint Just.    

    1187123067.jpg

    Renseignements, informations : Maison du Limousin, 30 rue Caumartin, 75009 Paris (Tél.: 01 40 07 04 67).
     
    Tourisme de la Haute-Vienne (tél.: 05 55 79 04 04).   
  • Société • Les pieds nickelés de la lutte sociale et politique Brexiters, syndicalistes, nuit-deboutistes…

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet, tout à fait dans notre ligne politique et sociétale, qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [08.07]. Nous avons aimé.  LFAR 

     

    amaurygil.jpgLes oligarques nous mènent où ils veulent presque aussi facilement qu’un troupeau à l’abattoir, croyant nous faire prendre des vessies pour des lanternes le plus longtemps possible. Les peuples cependant expriment de plus en plus leur colère face à tant de mépris, de dédain à peine caché. Ils pensent parfois se trouver des leaders pour mener la révolte mais ceux-ci sont autant de pieds nickelés sans grande envergure qui se contentent de jouer leur « emploi » de comédie afin de continuer à bénéficier du système et que l’on continue de voir leur binette partout dans la presse. C’est à désespérer de se dresser contre les pseudo-élites de plus en plus déconnectées des peuples…

    En Grande-Bretagne les promoteurs passionnés du Brexit se dégonflent les uns après les autres. Ce sont autant de pieds nickelés, de Nigel Farage à Boris Johnson, le maire de Londres ayant la même tignasse que Ribouldingue. Ils ressemblent un peu à ces mauvais élèves qui n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles d’avoir réussi à convaincre le pion rassis de service de ne pas retourner en classe et de faire cours dehors. Et finalement ils ont l’air de songer que leur blague est allé un peu trop loin et abandonnent toute responsabilité laissant leur peuple aux mains de responsables dont le rêve humide récurrent est de faire de la Grande-Bretagne le « paradis fiscal » du monde entier. Ils reviennent sagement dans les rails.

    Personne n’est d’ailleurs plus vraiment certain maintenant que le Brexit sera réellement finalisé. Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, le responsable européen qui parle aux ovnis, trouveront bien un moyen de ne pas tenir compte de ce vote, de le renvoyer aux oubliettes de l’histoire. Ils feront une petite leçon de morale aux mauvais élèves et tout rentrera dans l’ordre à coup de chantage économique, ainsi qu’en Grèce. Et Farage et Johnson font finalement partie du spectacle tout autant que les Le Pen en France, épouvantails utiles de la droite dire républicaine et de la gauche sociétale, tout autant que les autres politiques.

    En France, les opposants à la « loi travail », soit disant de Myriam El Khomri, alors que ses véritables auteurs sont quelques technocrates européens, ont décidé donc que la lutte sociale s’arrête pendant les vacances d’été. On me rétorquera que les utopistes de Nuit debout ont aussi décidé de remettre la révolution après leur séjour au camping des Flots bleus ou à Ibiza, ou chez Tata Geneviève à Nice. Quant aux « casseurs » anarchistes jusqu’au-boutistes, attention, s’ils ne se retenaient pas, on verrait ce qu’on verrait, ils font appel à la justice bourgeoise.

    Pour ne cependant pas totalement se ridiculiser des responsables syndicaux comme Jean-Claude Mailly prédisent des « surprises » pendant l’été, des actions ponctuelles qui marqueront les esprits… Des flash-mobs ? Une vente de tongs écrivant FO ou CGT sur le sable de la plage ? Une quête à la sortie des agences Pôle emploi ?

     

    Pourtant cette « loi travail » empêchera par ses conséquences sur de nombreux salariés, leur paupérisation, leur précarisation, de partir en vacances justement. Un peu moins de la moitié des Français n’en ont justement plus les moyens. C’est finalement à se demander si Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly ne jouent pas aussi leur rôle, leurs « emplois » de « repoussoirs » pour les élites, au sein du grand « Barnum consumériste » rentrant ensuite bien sagement à l’étable comme le reste du troupeau.

    Il faut dire que pour eux le pion rassis en chef, Manuel Valls, a décidé de siffler une bonne fois pour toutes la fin de la récréation en faisant jouer encore une fois le 49.3…

    Et les oligarques seront ainsi à peine inquiétés. Encore une fois… 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com