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Idées, débats... - Page 458

  • Spectacles • « Je suis Français » dit le rappeur - « Toi non plus ! » répond l'écho...

     

    Mur-bleu gds.jpgLe rappeur Black M s'auto-nomme chanteur : on n'est jamais si bien servi que par soi-même ! Il a donné un spectacle à Marseille, invité par la sénatrice double nationalité (franco-algérienne) Samia Ghali, vous savez, cette élue des Quartiers Nord paupérisés à l'extrême, mais qui vit bien loin de là, au Roucas-Blanc, tout à côté de la magnifique Corniche, l'équivalent - en gros - du XVIème arrondissement à Paris, à des kilomètres de la misère et des trafics des quartiers abandonnés qu'elle est censée représenter.

    Deux choses sont frappantes, dans le compte-rendu évidemment élogieux que La Provence propose de l'évènement (?) :

    une expression orale, de toutes les parties présentes, truffée d'incorrections et de mots anglais qui reviennent en boucle - comme feeling, star, happy fews, featuring... - et qui ne font que rendre un peu plus obscur le langage déjà pas très clair par lui-même... C'est vrai que, si l'on commence par s'appeler Black M, on n'a que peu de raison de respecter la langue de Molière...

    mais, surtout, la haine. Oui, la haine, en l'occurrence contre le Front national, parce que celui-ci est à l'origine de l'annulation de sa participation aux cérémonies commémoratives de Verdun, en mai dernier. « Je suis chez moi... Je suis français...» répète le rappeur, dans un  texte assez pauvre, que la répétition forcément lassante des mêmes formules contribue à rendre plus pauvre encore ... Samia Ghali en rajoute une couche, déclarant ce rap « fédérateur » (!) et « porteur d'intégration » contre la « campagne haineuse » du Front national. Fermez le ban ! La Provence - sous la plume de Marie-Eve Barbier, la journaliste qui a « commis » la relation de l'évènement - s'extasie, Samia Ghali est contente, et le rappeur aussi.

    On objectera juste à ce petit monde refermé dans sa bulle, loin de la vraie vie et des vrais gens, et de leurs vrais problèmes, que si l'on veut se faire admettre dans une communauté, le mieux est peut-être de ne pas commencer par injurier et insulter une partie extrêmement nombreuse de cette communauté. Et qu'il ne suffit pas de dire les choses pour qu'elles soient, et que c'est Mathias Leridon qui a raison : « On n'est pas Africain parce qu'on naît en Afrique mais parce que l'Afrique bât dans votre cœur ».

    Le propos est « retourné » à Black M... 

  • Exposition • Les aventures de Tintin au pays du Grand-Palais ... Expo-évènement qui célèbre le roi des Belges

     

    Par François-Xavier Ajavon

    Une excellente introduction à l'œuvre d'Hergé et une invite à visiter l'exposition qui lui est consacrée au Grand Palais à Paris jusqu'au 15 janvier. [Causeur 22.10]

     

    ajavon.jpgUn jour, badinant avec Malraux, le Général de Gaulle a dit : « Au fond, vous savez, mon seul rival international, c’est Tintin ! Nous sommes les petits qui ne se laissent pas avoir par les grands. On ne s’en aperçoit pas à cause de ma taille ». L’aphorisme est célèbre. Tintin est universellement connu, à la manière de Marilyn Monroe, Elvis Presley, Jésus, Superman ou Mahomet. Les aventures du petit jeune homme à la houppette blonde ont été traduites depuis des décennies pour les lecteurs de pays improbables où les habitants ont des mœurs condamnables et parlent des dialectes plein de mots étrangers. Après avoir parlé serbo-croate, chinois et même corse, on attend Le Sceptre d’Ottokar en borduro-syldave… Ceux qui sont nés au début du siècle dernier ont découvert Tintin dans les colonnes du “Petit Vingtième”, supplément jeunesse d’une publication catholique quotidienne, les baby-boomers l’ont découvert à la radio (il y a eu une série…) et au cinéma (quiconque n’a pas vu Tintin et les Oranges bleues (1964) ignore ce qu’est cette star potagère que nous appelons communément « navet »), bien des gamins de notre temps ont eu connaissance des aventures du petit belge par la série animée diffusée jadis par France 3, et certain des plus jeunes l’ont découvert à travers le film de Steven Spielberg… Les 24 albums (dont le dernier, L’Alph Art, est inachevé) ont leur place au panthéon des bestsellers mondiaux, avec la Bible et le petit livre rouge de Mao.

    Se tient au Grand Palais, jusqu’au 15 janvier, une exposition très riche revenant sur tous les aspects de la vie créative d’Hergé : depuis la méconnue série “Totor chef de patrouille des Hannetons”, publiée dans les années 20 dans “Le boy scout Belge”, jusqu’aux incursions tardives du dessinateur dans l’art abstrait, en passant naturellement par Tintin. L’exposition commence d’ailleurs par les relations d’Hergé avec l’art. L’artiste, arrivé à l’automne de sa vie, peignait régulièrement, des toiles abstraites dans le style de Miró. C’est une production dont il ne faisait aucune publicité, et qu’il abordait en dilettante. Il dira d’ailleurs qu’il tenait à ne pas passer pour un peintre du “dimanche ou du samedi après-midi“. De fait ces toiles sont rares, et dénotent une authentique passion d’Hergé pour l’art de son temps. Cette passion, qui traverse les albums de Tintin où l’on croise souvent des œuvres contemporaines, éclate dans une partie de la collection personnelle du dessinateur présentée en ouverture de cette exposition, où l’on croise à la fois Poliakoff et Dubuffet. Les influences d’Hergé sont à chercher dans la peinture, mais aussi dans la bande-dessinée elle-même et l’exposition n’omet pas de présenter des planches de Benjamin Rabier ou d’Alain Saint-Ogan (l’auteur de Zig et Puce), précurseurs de l’art n°9. Les salles suivantes mettent en valeur l’art “romanesque” d’Hergé, qui était un narrateur hors-pair et nourrissait toujours ses histoires d’une riche documentation. On le sait particulièrement concernant les deux albums de l’aventure lunaire de Tintin (une maquette de la partie supérieure de la fusée est présentée : elle permettait aux collaborateurs du dessinateur, dont Bob de Moor, d’avoir sous les yeux une représentation 3D réaliste de l’engin), mais partout Hergé puisait son inspiration dans le réel, pour les voitures, les bateaux, les objets les plus banals du quotidien. Son art légendaire du découpage est illustré par une passionnante séquence d’archive tv où Yves Robert décrit, avec son vocabulaire de cinéaste (plan large, américain, etc.) la progression de l’action sur une planche de Tintin. C’est bluffant, et nous fait toucher du doigt l’efficacité universelle de l’univers d’Hergé, apôtre de la ligne-claire et génie du mouvement.

    C07%2059%20C.jpgL’exposition, composée pour l’essentiel de planches du dessinateur, prêtées par le Studio Hergé, permet aussi de mieux comprendre le processus créatif, des premiers crayonnés où l’on sent que le dessinateur tourne autour de ses personnages, les “cherche”, jusqu’aux planches finales, en passant par l’étape de la colorisation (en grand aplats de couleurs, sans effets d’ombres). C’est ainsi une toute une “famille de papier” qui nous est présentée, et l’on redécouvre, autour d’une maquette géante du château de Moulinsart, les visages familiers de la Castafiore, du Professeur Tournesol, du Capitaine Hadock ou encore de méchants que nous avons adoré détester tels que Rastapopoulos ou l’infâme Docteur Müller de l’Île noire. Au détour de ces portraits, on croise aussi des figures entrées dans le langage quotidien : le fameux sparadrap qui empoisonne Hadock, ou les récurrents appels téléphoniques destinés à la boucherie Sanzot qui aboutissent irrémédiablement à Moulinsart… Soulignons deux salles particulièrement intéressantes : l’une consacrée à la période de crise traversée par Hergé (et le monde entier) dans les années 40 et l’autre à l’Asie. Les années 40 : c’est le succès et la tourmente. Les albums se vendent très bien. Ils commencent à être traduits. Après avoir présenté une Europe au bord du gouffre dans Le Sceptre d’Ottokar (1939), Hergé confronte son petit héros au spectre de la fin du monde dans L’étoile mystérieuse (1942). C’est dans les pages du quotidien Belge Le Soir que le dessinateur publie ses histoires en feuilletons, passant des 40.000 lecteurs habituels du Petit Vingtième à 300.000… On ne manquera pas de reprocher par la suite cette collaboration à Hergé : le journal est alors contrôlé par l’occupant allemand. L’autre salle passionnante est consacrée au rapport d’Hergé à l’orient, avec des planches du chef d’œuvre du dessinateur Le lotus bleu et une traduction hilarantes des inscriptions chinoises omniprésentes dans l’album, dont certaines sont des publicités ou des slogans politiques tels que “A bas l’impérialisme !“. L’amitié d’Hergé avec un jeune étudiant chinois, Tchang, est mise en avant ; Tchang qui ouvrira Hergé à l’altérité, Tchang qui fournira au dessinateur d’abondants conseils pour cet album, et finira même par devenir un personnage des aventures du petit reporter blond – dans le très dépressif Tintin au Tibet (1960).

    Il est à signaler qu’une salle entière est consacrée à une partie méconnue du travail d’Hergé, dans le domaine du dessin publicitaire et de l’affiche. On peut notamment y voir une couverture signée en 1936 pour “La tente, organe du camping club de Belgique“, et une pub où l’on voit des enfants déambuler entre des œufs géants, qui n’est pas sans rappeler la marche de Tintin entre les champignons géants de l’Etoile mystérieuse.

     

    Certains confrères ont trouvé qu’il y avait du mou dans la ligne claire avec cette expo, qu’elle était confuse, qu’elle n’offrait pas un véritable “parcours” dans l’œuvre d’Hergé. Elle est surtout très riche, et ravira les tintinophiles experts qui ne reverront pas de sitôt en France un tel nombre de planches originales d’Hergé. La leçon de ce parcours est que Tintin, en plus d’être reporter et un peu aventurier sur les bords, était surtout un grand témoin de l’Histoire ; et Hergé un auteur incomparable qui parvenait à mêler partout le registre du picaresque, voire du dramatique, avec un humour dévastateur. L’humour, certainement une façon de répondre à ce siècle difficile que Tintin a traversé avec optimisme. Un trait qui ne trompe pas : vous pourrez voir à cette expo de grands enfants, de 60/70 ans, éclater de rire tout seul devant les planches présentées… 

    Au Grand Palais, jusqu’au 15 janvier

    François-Xavier Ajavon
    Docteur en philosophie, chroniqueur, professionnel de la presse.

  • BD • Marie-Antoinette en manga !

     

    par CS

     

    Mettre Marie-Antoinette en manga, il fallait oser. Et l’éditeur Glénat l’a fait,  avec le dessinateur Fuyumi Soryo et la complicité de l’Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles ! L’a priori est par conséquent positif. D’autant que Fuyumi Soryo n’en est pas à son coup d’essai. Il est l’auteur de « Cesare », qui retrace l’ascension de César Borgia (1475-1507) dont la devise reste célèbre : « Aut Caesar aut nihil » (« Ou César, ou rien ») Pour cette biographie partielle, l’auteur japonais qui aura 58 ans en janvier prochain, a obtenu le prix Micheluzzi de la meilleure série de bande dessinée étrangère.

    Avec « Marie-Antoinette, la jeunesse d’une reine », Fuyumi Soryo retrace les premiers pas de la future reine à Versailles. Fille de François 1er et de Marie-Thérèse d’Autriche, elle tient de sa mère son énergie mais pas sa sagesse. Son frère, Joseph II, dira d’elle qu’elle était une « tête à vent ». Elle tient de son père mélomane la passion pour la musique, la danse et les arts. Par un renversement d’alliance en 1756, la France se rapproche de son ennemi héréditaire, l’Autriche. Un mariage apparaît comme l’unique gage de conforter ce rapprochement fragile. C’est ici que commence l’histoire : le départ du Palais impérial de la Hofburg, puis l’Abbaye de Melk, première étape du voyage pour Versailles, un périple long de presque 1.600 kilomètres. Puis arrive le mariage du 16 mai 1770, quand elle épouse Louis-Auguste de Bourbon, Dauphin de France… Marie-Antoinette devra se faire une place à la Cour. Si le scénario peut paraître léger et un peu à l’eau de rose, il n’en reste pas moins que Fuyumi Soryo retrace à merveille, et avec un vrai souci du détail, l’atmosphère du Grand Versailles : costumes, architecture, coiffures… Un livre qui permettra aux jeunes lecteurs rétifs à l’histoire de France de découvrir d’autres centres d’intérêt. 

    Marie-Antoinette, la jeunesse d’une reine – Fuyumi Soryo – éditions Glénat – 180 pages – 9,15 euros.

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  • Histoire & Actualité • C’est reparti comme en 1400... Démondialisation et réveil des nations : retour vers le futur

     

    Par Thomas Flichy de la Neuville

    Un remarquable article - presque une fable, lui aussi - dont la morale tient justement de la manière des fabulistes et concerne éminemment notre époque prétendument postnationale et vouée au Marché. [Causeur, 26.10] Mais l'Histoire nous enseigne que cette situation n'est ni nouvelle ni irréversible. Et nous vient à la mémoire que deux siècles après les faits qui sont rappelés ici, d'autres décrets d'importance majeure furent pris, non plus en Italie, mais cette fois-ci en Espagne, par ses Rois, non plus pour réduire l'emprise des financiers, mais en la circonstance celle de l'Islam. Autre récit, autre morale, aussi, pour notre temps. Dédié aux gens qui croient que les choses vont toujours dans le même sens ...   Lafautearousseau

     

    photo_7.jpgNous avons tellement cru en la fable d’un monde pacifié par une mondialisation heureuse que la résurgence des identités – désormais au cœur du débat politique – nous semble aller contre la marche du temps. En réalité,  la transition 2010-2030  rappelle fortement celle que connaît l’Europe entre 1340 et 1400. Au début du XIIIe siècle, les banquiers vénitiens font tout pour éviter l’émergence de gouvernements nationaux forts, comme celui d’Edouard III d’Angleterre. Pour ces banquiers, le modèle politique à abattre est celui de Frédéric II Hohenstaufen, saint empereur romain germanique de la seconde moitié du XIIIe siècle.

    Le rôle des banquiers florentins

    Pour éviter l’émergence d’Etats forts, les banquiers florentins ne se contentent pas de prêter de l’argent aux rois, ils s’assurent en retour d’avantages en nature. En 1325, les Peruzzi possèdent tous les revenus du Royaume de Naples, soit la moitié sud de l’Italie. Ceci leur permet de recruter l’armée de Robert de Naples, de nommer les membres de son gouvernement et de vendre à sa place ses productions céréalières.

    Dans ce contexte, il ne sert à rien pour Dante Alighieri de vanter le modèle de Frédéric II dans De Monarchia. Venise force Dante à quitter Florence et fait la promotion d’une contre-littérature. Il s’agit des ouvrages de Bartolomée de Lucca ou de Marsile de Padoue. Les banquiers vénitiens finissent par ligoter financièrement des embryons d’Etat comme l’Angleterre, la France et l’Espagne. Puis, la banque vénitienne génère une gigantesque bulle financière qui paralyse la production et vient éclater en 1345. Télécommandées par Venise, les familles Bardi et Peruzzi de Florence déclenchent un crash financier au cours duquel tout crédit s’évanouit. S’enclenche alors une période de grave instabilité, caractérisée par la résurgence de la famine et des épidémies.

     

    La politique domestique la finance

    Mais après 1400, les forces politiques se retournent contre les méthodes des banquiers italiens. En 1401, le roi Martin Ier d’Aragon les expulse d’Espagne, en 1403, Henri IV d’Angleterre limite fortement leur activité. En 1409, la Flandre emprisonne les banquiers génois. En 1410, les banquiers italiens sont expulsés de Paris. La résurgence des identités nationales a alors mis en échec les projets de la finance internationale. L’histoire se répétera-t-elle ? 

    Thomas Flichy de la Neuville

    enseigne à Saint-Cyr. Dernier livre : Les grandes migrations ne détruisent que les cités mortes (L’Aube, 2016). Du même auteur : Syrie : Poutine sur les traces de Pharaon

     

  • Les Brigades Internationales ? Arte reprend les mensonges les plus éhontés de la propagande marxiste-léniniste

     

    Mur-bleu gds.jpgCe mardi 25 octobre, Arte a présenté, en début de soirée, une émission sur les Brigades internationales. En soi, en tant que documentaire, une telle émission est forcément extrêmement intéressante. Mais, comme l'annonçaient les magazines de programmes télé, le parti-pris « pro-Brigades » était évident. Pour résumer : à ma gauche, les tout gentils, les tout bons, on n'ose pas dire les saints mais c'est l'idée : j'ai nommé, les Brigades internationales ; à ma gauche, le grand méchant loup, la bête immonde, l'horreur absolue : comprenez, Franco. 

    Que les marxistes - ou ce qu'il en reste - pensent cela, au fond, ce n'est pas surprenant. Mais qu'une grande chaîne de télévision, avec le recul que donnent les quatre-vingts ans qui nous séparent de la Guerre d'Espagne, reprenne ce schéma faux, tout simplement « historiquement faux », voilà qui dépasse l'entendement. On veut bien que, pour vulgariser - au bon sens du terme - les chaînes fassent des choses simples et accessibles au grand public ; c'est le but de la manœuvre. Mais, là, on passe directement du simple au simplisme, et carrément au simplet.

    Qu'on nous permette donc, en deux mots, de remettre les choses à l'endroit...

    En 1936, le féroce Staline règne sans partage sur l'Union soviétique ; et, avec lui, sa dictature sans pitié, la pire horreur qu'ait connu le monde depuis les origines de l'humanité. Et il a son plan, dont il ne fait pas mystère : étendre le Paradis soviétique à l'Europe entière, d'abord, puis au monde entier, ensuite. Il arrivera, en 45, par la faiblesse et la nullité politique de Roosevelt, à s'emparer de la moitié de l'Europe, et on sait ce qu'ont souffert les peuples d'Europe de l'Est - en plus du peuple russe qui, lui, la subissait déjà depuis 30 ans - de la part de cette monstruosité sans nom qu'était le marxisme-léninisme.

    Mais, en 36, Staline ne martyrise « que » la Russie, devenue Union soviétique. Et il voit dans la guerre civile espagnole l'occasion rêvée de prendre l'Europe de l'Ouest à revers, par l'Espagne. Le Komintern triomphant de l'époque jette toutes ses forces - par la propagande et par les armes - dans cette bataille pour s'emparer de l'Espagne et, forcément, du Portugal : la possession de la péninsule ibérique, c'est le début de la conquête de l'Europe, du monde...

    220px-generace5c-30dbc.jpgMais - car il y a un « mais » - Staline va tomber sur un obstacle majeur : Franco. Franco va être le premier, et le seul, à vaincre militairement, sur le champ de bataille, les armées de la sinistre révolution. « En campo abierto y buena lid », comme on dit en castillan ; c'est-à-dire, "à la loyale", sur le champ de bataille, et « Cara al sol », face au soleil... 

    Cela, bien sûr, ne sera jamais pardonné à Franco. En dépit du simple bon sens, de la simple observation des faits, la propagande effrénée du Komintern va déverser une telle quantité de mensonges que sa grossière propagande va devenir une vérité, « la » vérité officielle. Et le reste, même quatre-vingts ans après, du moins pour ceux qui ont des oreilles pour entendre mais ne veulent pas entendre ; et des yeux pour voir, mais en veulent pas voir : Arte, en reprenant à son compte tous les clichés les plus faux sur le sujet, a dignement représenté le camp du mensonge révolutionnaire soviétique, ce mardi soir, et elle n'a vraiment pas de quoi en être fière... 

    Franco a écrasé la révolution marxiste-léniniste, car c'est de cela qu'il s'agit lorsqu'on parle de cette horreur que fut la République espagnole. Et il a bien fait.  

    Il a rendu service à son pays, d'abord, à qui il a évité les Stasi, les Ceaucescu, les désastres écologiques, les goulags et autres abominations qui furent le lot de ce que l'on a osé appeler les « démocraties populaires » !

    Il a rendu service à la France, ensuite, lorsque, Hitler ayant écrasé les troupes d'une république qui n'avait su ni préparer ni éviter la guerre, il refusa à ce même Hitler, lors de son entrevue avec lui, à Hendaye, le passage des troupes nazies par l'Espagne : elles auraient alors fondu sur nos forces libres d'Afrique du Nord, et l'on imagine aisément la suite... 

    Il a rendu service à l'Europe et au monde, enfin, en hâtant la fin de la guerre, refusant à Hitler toutes ses demandes, n'entrant pas en guerre à ses côtés, ce qui équivalait à agir dans le sens des intérêts de la paix - en refusant une extension encore plus grande du conflit - des intérêts de l'Europe et de la Civilisation.  

    Constatant son échec complet, et conscient de s'être fait berner, Hitler devait d'ailleurs déclarer, en substance, qu'il préférerait se faire arracher trois ou quatre dents plutôt que de recommencer une négociation avec un homme pareil...  

    En face de Franco, et contre lui, les Brigades internationales : ces hommes, jeunes pour la plupart, qui ont mis leur fougue, leur courage, leur héroïsme au service de l'Empire du Mal ; qui l'ont d'ailleurs amèrement regretté (au moins, cela, on le montre bien dans l'émission...) mais qui ont droit à tous les éloges sur Arte. 

    Chacun choisira son camp !... 

  • Histoire • À Trappes : Lorànt Deutsch à la trappe…

     

    Par Caroline Artus

     

    af9c064233c2dbca86cb0daf12deb4e4.jpeg.jpgEmmener leurs élèves de 4e écouter parler Lorànt Deutsch de son amour de la France ? Pour Nicolas Kaczmarek et Marie-Cécile Maday, profs d’histoire-géographie, à Trappes, c’est hors de question.

    Leurs raisons ? Les « approximations » de l’auteur dans la matière, sa « vulgarisation » et le fait d’être « un peu marqué ». Tout est là ! Aux yeux de ces personnages en totale symbiose avec la doxa, l’amour de la France vous rend immédiatement suspect : ils ne veulent surtout pas « être mélangés à ça » !

    Décodons : mélangés, sans doute, aux pétainisme, nazisme, racisme et tutti quanti. D’ailleurs, l’initiative a été appuyée par Pierre Bédier, le président LR du conseil départemental des Yvelines, c’est dire leur colère… Ledit Bédier – ils ne doivent pas être au courant – a pourtant offert un terrain à un prix d’ami à un recteur de mosquée. Mais ça, c’est une autre histoire…

    Mais enfin ! Lorànt, un enfant de l’immigration, le fils d’un juif hongrois et d’une française catholique, accusé ainsi de défendre une certaine « politique », jugé indésirable auprès d’autres enfants d’immigrés ! Et de conclure ne pas être là « pour glorifier les rois ou pour faire aimer la France » ! Maintenant, au moins, c’est dit !

    Mais si « l’Histoire n’a pas pour but de faire aimer la France », quel est-il ? Selon ces deux profs hautement qualifiés, l’Histoire serait « une science qui permet de comprendre le passé par une étude critique et dépassionnée ».

     

    Pas sûr que le guillotineur Robespierre n’échappe pas à cette conception de leur enseignement triste à pleurer… 

    Et on devrait s’étonner du désintérêt des élèves envers cette école républicaine ? Celle qui a troqué la méritocratie accessible à tous contre la réussite accessible à (presque) personne. Celle qui – au nom des droits de l’homme complètement dévoyés – accorde aux enfants d’immigrés et aux nouveaux arrivants ce qu’elle refuse aux autochtones. À savoir le droit d’aimer ses origines, son pays, sa famille. Celle qui victimise les premiers et fait ployer les seconds sous le joug de la culpabilité.

    Alors que dans l’école de jadis, les « querelles des hommes » ne pénétraient pas, ainsi que le souhaitait Jean Zay – ce qui permettait aux élèves de se concentrer en tenant à distance leurs difficultés sociales et familiales -, celle d’aujourd’hui s’applique à faire exactement le contraire. Notamment en ouvrant ses portes à ce qui n’a rien à y faire.

    Parce que ces professeurs de Trappes, qui poussent des cris d’orfraie à l’idée de transmettre l’amour de leur pays, ne se scandalisent absolument pas de l’intrusion par effraction, dans les classes, des entreprises et des associations.

    Tellement plus instructives, les interventions de Colgate, Lego et autres sociétés privées venant faire leur publicité dans les écoles, les unes pour des sapins, les autres pour des mugs, des chocolats et même… des torchons !

    Tellement plus humanistes, les heures d’apprentissage remplacées par les visites de SOS Racisme, de familles homosexuelles, de transsexuels venant parler de leur « identité de genre » (qui soi-disant n’existe pas) à des bambins en culottes courtes.

    Le tout tellement plus adapté, surtout, pour faire des adultes de demain des citoyens de nulle part, mal dans leur peau, et donc consommateurs invétérés.

    Alors, que vont-ils faire, ces profs d’histoire-géo récalcitrants ? Non seulement ils n’accompagneront pas leurs élèves écouter Lorànt Deutsch, mais ils « travaillent activement à ce que la représentation n’ait pas lieu ». Républicains oui, démocrates pas trop… 

  • BD • Shadow banking

     

    par CS

    Après le « Pouvoir de l’Ombre » puis « Engrenage », le troisième tome de la série Shadow Banking intitulé « La Bombe grecque » plonge toujours le lecteur dans les arcanes de la finance internationale. 

    Mathieu Dorval poursuit sa quête de la vérité sur les assassins de son mentor, Victor de  la Salle, vice-président et n°2 de la Banque centrale européenne (BCE). Les tueurs retrouvent sa trace en Grèce et veulent à tout prix le faire taire. Avec sa compagne, Maureen Lazslo, informaticienne surdouée et ancienne employée de la banque BRS, Mathieu Doral parvient à découvrir l’adresse IP et l’identité du commanditaire de l’assassinat de Victor de la Salle. Il s’agit d’Elias Glykos, affairiste ayant incité de nombreuses banques à faire l’acquisition de produits véreux pour masquer artificiellement la dette grecque, peu avant son adhésion à l’UE. Mais Elias Glykos, ne se laisse par faire et entend bien faire taire à jamais le couple Dorval-Lazslo…

    A la fois précis et grand public, cette série s’appuie sur des faits réels pour donner à l’histoire un socle scénaristique fort et légitime. Le lecteur touche ici toute la puissance et tout le cynisme de quelques grands financiers qui peuvent, par un simple coup de fil, remettre en cause le fragile équilibre économique mondial. Ce troisième tome est très solide. D’autant plus que nous subissons toujours, au quotidien, les soubresauts de la crise de 2008 et de la crise grecque… Une BD complètement d’actualité… 

    Shadow Banking – Tome 3 – La Bombe Grecque – E. Corbeyran, S. Lacaze et E. Chabbert – Editions Glénat – 48 pages – 13,90 euros.

    * Engrenage

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  • Famille de France & Histoire • Les Princes, à la présentation du livre sur le duc de Montpensier et sa descendance

    le duc de Vendôme et son fils le prince Joseph, la duchesse de Vendôme, la princesse Antonella d’Orléans-Bourbon (qui a écrit la postface du livre) et sa fille la princesse Eulalia, filleule du roi Juan Carlos d’Espagne.  

     

    Le 15 octobre dernier à l’initiative de l’expert Xavier Dufestel, de nombreuses familles princières s’étaient donné rendez-vous au Palais Vivienne à Paris pour la présentation de l’ouvrage de Ricardo Mateos intitulé « Le Duc de Montpensier ou la descendance espagnole du dernier Roi des Français » publié chez Riveneuve éditions.


    Après la présentation de l’auteur par Xavier Dufestel, Ricardo Mateos a assuré une brillante conférence sur la vie du Duc de Montpensier et de ses descendants, les Princes d’Orléans-Bourbon. 

    On notait dans l’assistance outre le Duc et la Duchesse de Vendôme, le Duc de Castro et ses filles les Duchesses de Palerme et de Capri, la Princesse Alvaro d’Orleans-Bourbon et sa fille Eulalia, le Prince Sixte de Bourbon-Parme, la Princesse Hélène de France, Comtesse Evrard de Limburg-Stirum, la Princesse Beatriz d’Orleans-Bourbon, la Duchesse Sophie de Wurtemberg, la Comtesse de La Marche et son fils le Prince Robert, Comte de La Marche, la Princesse Melekper Toussoun, le Prince et la Princesse Grégory de Bourbon-des-Deux-Siciles, la Princesse Chantal de Bourbon-Parme, le Prince et la Princesse Czartoryski, le Comte José Zamoyski, le comte Farini, la marquise Capelletti, le Comte Robert de Nicolay,  le Comte et la Comtesse Gerardo Farini, des écrivains, des journalistes et des généalogistes. 

    Le soir même, les Princes présents à la conférence et certains membres de la famille du Duc de Montpensier se sont retrouvés place Vendôme, pour un dîner de gala offert par Xavier Dufestel au Ritz. 

     

    2723547656.jpgBiographie du duc de Montpensier

    Parution fin octobre de cet ouvrage : « Le duc de Montpensier ou la descendance espagnole du dernier roi des Français« .

    En voici le descriptif : « Fils du dernier roi de France Louis-Philippe Ier, Antoine d’Orléans, duc de Montpensier, épouse l’infante Louise-Fernande d’Espagne à l’âge de 22 ans. Plusieurs fois candidat au trône [d'Espagne], il est chassé de son pays d’adoption par la révolution de 1868. 

    Il y rentre définitivement en 1875. Il est l’ancêtre de nombreuses têtes couronnées d’Europe, dont les rois Felipe VI et Juan Carlos. »

    « Le duc de Montpensier ou la descendance espagnole du dernier roi des Français », Ricardo Mateos traduit de l’espagnol par Emmanuelle Dunoyer, Editions Riveneuve, 2016.   

    (Source Noblesse & Royautés)

  • Médias • Tchernia, mort d’un Fregoli de l’image

     

    par Bruno Stéphane-Chambon 

    Si par hasard vous ouvrez votre écran de télévision, pourriez vous voir encore apparaître un homme courtois, plein d’humour, érudit en toutes matières audiovisuelles, animateur, présentateur, et créateur d’émissions, ayant interprété 26 rôles, mis en scène et scénarisé de nombreux films dont la plupart étaient cocasses et impertinents, amoureux fou du dessin animé et collaborateur des facéties d’Astérix et Obélix, un homme qui reliait les enfants de la Télé de 7 à 77 ans, un homme qui ne succombait pas à la tentation de s’exprimer sur les bas sujets de la politique, un homme d’une telle distinction, qu’il parvenait à donner à ses partenaires sur le plateau une image de bienséance ?

    Vous ne le retrouverez plus, il est parti rejoindre au paradis du rire et de la dérision Robert Dhéry et sa troupe des Branquignols, et préparer un nouveau scénario avec son ami René Goscinny. Pour titre de noblesse il avait également réalisé cinq adaptations des nouvelles de Marcel Aymé.

    Vous ne retrouverez plus ce Fregoli de l’image qui a animé Cinq colonnes à la Une. Il vient de dire good bye à sa Belle Américaine, il a renoncé à continuer ses Carambolages, et à lancer une bouée à son Petit Baigneur et plus personne que lui ne pourra chanter Allez France. Le Viager de sa vie terrestre vient d’échoir.

    L’Ecran s’est éteint le 8 octobre 2016, Pierre Tcherniakowski, dit Pierre Tchernia, a disparu. 

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  • Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Education nationale, ce n'est pas l'érudition qui l'étouffe !

     

    Mur-bleu gds.jpgLe 23 septembre dernier, nous avions critiqué notre ministre de la des-Education nationale, qui s'était couverte de ridicule en réagissant aux propos de Nicolas Sarkozy sue « nos ancêtres les Gaulois » *. Elle avait commencé sa déclaration par un vaniteux « la ministre de l'Education nationale que je suis connaît parfaitement... etc. etc. »  Sauf qu'elle se plantait sur toute la ligne, confondant l'auteur du livre évoqué avec un autre, ne donnant pas le titre exact, citant comme soi-disant « première phrase » une phrase tirée d'un autre ouvrage... Bref, comme disent les élèves en cours de récré, elle s'était « vautrée », et en beauté ! Les plus cultivés des dits élèves (si, si, il y en a toujours...) en rigolent encore sous les préaux...

    Un lecteur nous a envoyé la lettre écrite, de son côté, par un professeur agrégé d'Histoire, à notre ministre, aussi ignorante que prétentieuse : nous ne résistons pas au plaisir de de lui céder la parole.

     

    AVT_Jean-Michel-Lambin_5546.jpgMadame Vallaud Belkacem, Ministre de l’Education nationale     

     

    Vous avez voulu répondre à l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy : « La ministre de l'Éducation que je suis connaît PARFAITEMENT les premières phrases de ce livre, Tour de France par deux enfants, d'Ernest Lavisse, sous la IIIe République : « Autrefois, notre pays s'appelait la Gaule et les habitants les Gaulois. ».   Pas de bol, comme dirait votre chef de l’Elysée, car, ce faisant, vous commettez une série d’erreurs historiques :

    1. La phrase en question n’est nullement la première phrase du Tour de France par deux enfants, livre qui n’est pas de Lavisse, mais de G. Bruno, pseudonyme d’Augustine Fouillée. Ce manuel de lecture commence par une évocation de la guerre de 1870 : « Par un épais brouillard du mois de septembre, deux enfants, deux frères, sortaient de la ville de Phalsbourg en Lorraine […] par la porte de France. »  Ce manuel scolaire ayant été tiré à 8,5 millions. d’exemplaires, je m’étonne que « la ministre de l’Education que [vous êtes] » l’ignore.

    2. Ce manuel n’était pas seulement en usage « sous la III° république » mais aussi sous la IV°, bien marquée à gauche, et durant les débuts de la V° République.  

    3. Lavisse, dans ses manuels de Cours moyen et Cours moyen et Certificat d’Etudes, Armand Colin, réédition 1929 et 1934, ne dit rien de cela ; il parle du pays et non du peuple : « Il y a deux mille ans, la France s’appelait la Gaule. La Gaule était habitée par une centaine de petits peuples », ce qui est historiquement exact ; il ne s’agit pas d’un « roman historique » que vous et vos semblables, notamment les socialistes historiens, stigmatisez. Si vous aviez quelque connaissance du latin, que vous détestez tant, vous sauriez que Jules César écrivit les « Commentarii de Bello Gallico ».     Vous ajoutez ensuite : « Oui, il y a parmi nos ancêtres des Gaulois, mais aussi des Normands, des Celtes, des Burgondes… Les Niçois nous ont rejoints, les Corses, les Franc-Comtois, la Guadeloupe, la Martinique et puis après aussi des Arabes, des Italiens, des Espagnols… C’est ça la France. »

    Vous commettez à nouveau plusieurs fautes historiques dans ce bric-à-brac :

    1. Erreur qu’un élève de sixième (d’avant votre réforme du collège) n’aurait pas commise : les Celtes sont les Gaulois habitant la Gaule centrale, la Gaule celtique, « qui ipsorum lingua Celtae » nous dit César livre I, 1, entre Gaule Belgique et Gaule Aquitaine. Mais comme vous méprisez le latin…  

    2. Vous mélangez allègrement peuples et territoires et, apparemment, la chronologie des invasions n’est pas votre tasse de thé, même au harem (d’Archimède).

    3. Vous considérez comme autres ancêtres des Français, des peuples qui étaient éminemment Gaulois comme les « Franc-comtois », en réalité le peuple gaulois des Séquanes qui vivaient, après le traité de Verdun de 843, dans la Lotharingie de Lothaire et non dans la Francia occidentalis de Charles le Chauve. Mais à Sciences po, je doute qu’on enseigne le traité de Verdun et la naissance de la Lotharingie.

    4. Il serait bon et même nécessaire de rappeler que ces invasions ne concernaient que quelques dizaines de milliers d’hommes, voire quelques milliers pour ce qui est des Normands, alors que la Gaule gallo-romaine était peuplée de 10 millions de Gaulois, soit 1/6 de l’empire romain, alors que la France compte 10 millions d’habitants vers le XIIème siècle, 20 millions sous Louis XIV et près de 30 millions au début de la Révolution. D’un point de vue génétique les apports des peuples germaniques, des Normands et des pillards Sarrazins et Maures au Moyen Age et Barbaresques, du XVème siècle à juillet 1830 – que vous devez bien connaître – et autres « migrants » et envahisseurs ont été démographiquement infimes, au total et sur 15 siècles, de l’ordre de 4 ou 5 %. Les historiens sérieux, au premier rang desquels Fernand Braudel dans L’identité de la France, livre dont le titre seul doit provoquer chez vous un haut-le-cœur, et Pierre Chaunu, soulignent que, jusqu’au XIXème siècle, la population de la France était à plus de 90 % héritière des gènes des gallo-romains. La France terre d’immigration est une légende (une sorte de « roman historique de gauche et anti-français ») colportée dans la bobosphère des journaleux/show-bizeux/cultureux parisianistes, faux historiens mais vrais pseudo–intellectuels – sans le « z’ ».

    5. Dans votre énumération vous oubliez – mais je doute que ce soit un hasard – les Arméniens, survivants du génocide perpétré par vos grands amis musulmans, les Turcs.  Par ailleurs, aveuglé par votre idéologie multiculturaliste, vous faites un contre-sens sur ce qu’a dit notre ancien Président de la République : il ne dit pas que seuls les Français nés Gaulois, sont Français, il dit exactement le contraire : on ne nait pas Français / Gaulois, on le devient ; il parle comme de Beauvoir ! Cela devrait plaire aux féministes hystérisées de votre entourage…  Puisque vous prétendez « connaître parfaitement » le Lavisse, vous devriez, et vous auriez dû, Madame le Ministre, vous inspirer du frontispice où Ernest Lavisse s’adresse à l’Enfant (et non l’« apprenant » cher aux ayatollahs de l’Education qui grouillent et scribouillent dans votre ministère) : « Dans ce livre tu apprendras l’histoire de la France. Tu dois aimer la France parce que la nature l’a faite belle, et parce que son histoire l’a faite grande ». Cela aurait évité la destruction de son histoire et de l’Histoire en général ainsi que la francophobie qui règne dans les programmes et manuels d’histoire de la réforme du collège de 2016.     

    Veuillez croire, Madame le ministre, à l’expression de ma considération.    

    Jean–Michel Lambin

    Agrégé d’histoire, ancien professeur en Hypokhâgne et Khâgne   

  • 2017, sous le signe de l’identité

     

    par Jacques Burnel

    Dans une France encore traumatisée par les attentats de 2015, la « fracture identitaire » prend une ampleur inégalée. Elle sera au cœur de la campagne présidentielle de 2017.

     

    L’identité d’un peuple est une donnée qui ne peut être méprisée sans courir le risque de graves conséquences. Chaque peuple a le droit de vouloir que son héritage perdure », écrit Malika Sorel dans Décomposition française, comment en est-on arrivé là ? (Fayard, 2015). L’ancien membre du Haut Conseil à l’intégration, dissout par François Hollande en 2012, dépeint une France à l’identité fracturée, victime des mythes de la diversité et du « vivre ensemble » qui ont conduit les élites à la faiblesse face à la montée des communautarismes. Un livre parmi d’autres dans l’abondante production littéraire – d’Alain Finkielkraut à Emmanuel Todd, de Michel Onfray à Bernard-Henri Lévy -, inspirée par un contexte où les mots « laïcité », « valeurs républicaines », « identité nationale », omniprésents, déchaînent les passions.

    Récemment, c’est la polémique sur le burkini, ce vêtement de bain couvrant entièrement le corps et les cheveux, qui a exposé au grand jour les cas de conscience que la place de l’islam pose à « l’être ensemble » français. En France, sans doute plus qu’ailleurs, le rapport à la question identitaire, souvent réduite à une sorte d’unanimisme républicain évolutif et imprécis, est particulièrement complexe. Or, cette question identitaire « sera au cœur de la prochaine présidentielle », prévient Malika Sorel.

    Duel autour de l’identité

    À droite, le premier à s’en emparer a été Nicolas Sarkozy. Sa proposition de création d’un ministère de l’identité nationale, en 2007, lui avait permis de figer les positions et de créer une dynamique dès le premier tour. Dix ans plus tard, l’ancien chef de l’état compte bien récidiver. à l’aise avec ce sujet hautement inflammable, il a expliqué dans son livre Tout pour la France qu’il mettrait les questions identitaires au cœur de sa campagne. Mieux que personne, il sait les agiter devant ses adversaires comme un chiffon imbibé d’essence. Sa récente déclaration – « au moment où vous devenez Français, vos ancêtres sont les Gaulois » – a scandalisé la gauche, ce qui était sans doute l’effet recherché.

    Succès garanti ? Rien n’est moins sûr, mais le thème devrait agiter les discutions dès le premier débat entre les candidats à la primaire de la droite, le 13 octobre prochain. Car l’autre favori, Alain Juppé, s’est lui aussi emparé du sujet, en se faisant le chantre d’une « identité heureuse » dont il veut faire le fer de lance de son projet présidentiel. « L’identité heureuse » ? Une « espérance, une vision confiante de l’avenir de la France », dit l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac qui « refuse d’avoir l’identité malheureuse, anxieuse, frileuse, presque névrotique » – sous-entendu, comme son adversaire qui l’accole quasi systématiquement au thème de l’immigration. L’un veut faire rimer « diversité et unité ». L’autre rappelle dès qu’il le peut que la France est « un pays d’églises, de cathédrales, d’abbayes ». Le premier développe un concept « d’intégration », le second défend une ligne « assimilatrice » pour lutter contre la disparition du « mode de vie français »…

    Dans le duel annoncé entre les deux favoris, le thème de l’identité nationale risque donc d’occuper l’espace et de laisser peu de marge de manœuvre aux autres candidats, déjà distancés dans les sondages. Les Républicains pourraient même voler la vedette au Front national. étonnamment, car le contexte lui est sans doute plus propice que jamais, le parti de Marine Le Pen semble en effet davantage préoccupé par les questions de souveraineté économique que par les thématiques identitaires.

    A gauche aussi

    Pourtant, même la gauche ne peut éviter le sujet. Au congrès du Parti socialiste à Poitiers, l’année dernière, il tenait une bonne place dans tous les discours. Dans celui de Manuel Valls, en particulier, qui faisait de « l’identité laïque » de la France un rempart « contre les communautarismes », et des « valeurs de la République » le moyen de s’émanciper « des pensées rétrogrades qui enferment les femmes derrière un voile ». « Bien sûr, il y a l’économie et le chômage, mais l’essentiel, c’est la bataille culturelle et identitaire », déclarait récemment le Premier ministre, cité par le journal Le Monde, à propos de la présidentielle de 2017.

    L’analyse semble partagée par François Hollande qui, paraît-il, ne cesse de répéter que l’identité sera le thème majeur d’une campagne où il espère toujours concourir pour briguer un second mandat. Un terrain glissant pour le président de la République qui en avait sans doute sous-estimé le potentiel explosif quand il avait promis d’inscrire dans la Constitution la déchéance de nationalité. Être ou ne pas être français ? La proposition, qui restera comme un des moments clés du quinquennat, avait réveillé de violentes polémiques, ruinant les espoirs d’unité nationale de l’exécutif, après les attentats du 13 novembre.

    Traiter le sujet

    Quoi qu’il en soit, la gauche devra elle aussi parvenir à se démarquer sur un thème où elle est habituellement peu à l’aise. D’autant plus que d’après un sondage paru dans L’Obs, près d’un quart des sympathisants socialistes juge le gouvernement laxiste sur l’immigration ! On n’imagine pas aujourd’hui le candidat socialiste se présenter en 2017 en promettant à nouveau le droit de vote des étrangers, une mesure phare de la campagne de 2012 que François Hollande n’a jamais osé mettre en place. Très marquée à gauche, cette promesse n’a pas résisté aux crispations identitaires, à cette « droitisation de la société » dénoncée par les socialistes mais qui tend surtout à prouver les limites de la stratégie préconisée par Terra Nova, le think tank le plus influent au PS : tout pour les strates sociales les plus privilégiées et les populations d’origine étrangère, qui votent massivement à gauche quand elles se déplacent, et rien pour les classes moyennes et ouvrières perdues pour les socialistes. La « fracture identitaire » de plus en plus béante dans notre pays impose de revoir les lignes, même du point de vue de la stricte tactique politicienne.

    Alors, où va la France ? Et qu’est-ce qu’être Français ? Aucun des candidats à l’élection présidentielle de 2017 ne pourra faire l’économie de traiter le sujet. Car de la réponse à ces questions dépend en grande partie la concorde civile d’une société qui laisse parfois penser qu’elle est au bord de l’implosion. Il n’est que de constater l’audience d’éric Zemmour pour s’en convaincre. Dans la préface d’Un quinquennat pour rien, best-seller en puissance qu’il promeut en vantant les mérites de l’assimilation telle qu’on la pratiquait encore au xxe siècle, quand les parents d’origine étrangère donnaient à leurs enfants des prénoms français, l’intellectuel décrit une société française « envahie, colonisée, combattue ».

    Exagéré ? Peut-être. Mais comme l’explique l’historien Pierre Nora dans un long article consacré aux « Avatars de l’identité française » (dans la revue Le Débat, février 2010) : « Il n’est pas si facile de savoir exactement de quoi il est question quand on évoque le modèle national, l’identité, l’idée de la France ou la France elle-même. Et pourtant chacun le sait : il y a une altération très profonde du type de France qui nous a été léguée ». L’académicien ne croyait pas si bien dire : depuis, la crise migratoire et les attentats terroristes ont donné à la question identitaire une dimension d’une urgente actualité, presque existentielle.   

  • Histoire & Cinéma • Le « Danton » de Wajda, un révélateur

     

    Pae Jean-Philippe Chauvin  

     

    1345578492.jpgLe cinéaste polonais Andrzej Wajda vient de mourir, rejoignant au paradis des grands hommes l’autre grand Polonais du siècle, le pape Jean-Paul II, en attendant Lech Walesa, l’ouvrier des chantiers de Gdansk. Au moment même où la Pologne oublie ses liens historiques avec la France et préfère des hélicoptères états-uniens aux appareils français Caracal, il n’est pas inutile néanmoins de nous souvenir de ce film de Wajda qui porte sur une part sombre de notre propre histoire, la Révolution française, et qui vit Gérard Depardieu endosser le rôle d’un Danton entraîné et dépassé par l’événement. « Danton » est un film qui, comme le rappelle Guillaume Perrault dans les colonnes du Figaro de ce mardi 11 octobre, a fortement dérangé une certaine gauche qui s’apprêtait alors à célébrer le bicentenaire de la Révolution de 1789, en particulier par ce qu’il disait de l’esprit des républicains de 1794 et du mécanisme qu’ils avaient mis en place et qui, d’ailleurs, allait broyer la plupart d’entre eux… 

    Je me souviens que Combat royaliste, l’éphémère journal du MRF (Mouvement Royaliste Français), avait, à l’époque, vanté ce film surprenant qui détruisait le mythe d’une Révolution innocente et vertueuse. De plus, nous regardions alors avec intérêt ce qui se passait dans la patrie du cinéaste, arborant parfois sur nos pulls le badge « Solidarnosc » et défilant contre ce communisme qui restait encore (mais plus pour longtemps) maître du jeu de l’autre côté du Rideau de fer, et nous ne pouvions nous empêcher de faire des rapprochements entre les deux régimes dictatoriaux, celui de 1794 en France et celui des années 1980 en Pologne (même si cette dernière n’était pas la Russie de Lénine). En cela, Wajda confirmait ce que nous disions depuis si longtemps et il y apportait sa crédibilité et son statut de grand cinéaste mondialement reconnu. 

    Guillaume Perrault résume avec bonheur la réception de ce film emblématique dans la France de François Mitterrand, ce président ambigu dont je soupçonne désormais qu’il n’était pas forcément mécontent de participer, à sa manière de « Florentin », à la déconstruction du mythe grand-révolutionnaire… « Le ministère de la culture, dirigé à l’époque par Jack Lang, a accepté de coproduire Danton de Wajda. Or, sorti sur les écrans français en janvier 1983, le film stupéfie ses bailleurs de fonds. Loin de donner une image « globalement positive » de la Révolution comme ils l’escomptaient, l’artiste polonais peint la Terreur dans toute son horreur. Il décrit la peur qui taraude les Conventionnels face à Robespierre, croque les membres les plus extrémistes du comité de salut public – Collot d’Herbois, Billaud-Varenne – comme des demi-fous, ressuscite le règne de la délation, la paranoïa, les procès truqués, la guillotine. » Pour le royaliste que j’étais, fortement imprégné de la pensée contre-révolutionnaire et « héritier » des Vendéens et des Chouans (dont j’appris bien plus tard qu’ils avaient pu être mes ancêtres de chair, près de Loudéac et à Saint-Florent-le-vieil !), ce film était une « divine surprise » qui venait appuyer et approuver, par le talent du cinéaste et par l’image, ma propre dénonciation de ce qu’avait été le moment fondateur de la République en France. Mais, étrangement, je n’avais pas vraiment « exploité » cette œuvre, comme si j’avais craint, en le faisant, de la rendre moins convaincante aux yeux des spectateurs : une timidité que je n’ai plus désormais, d’ailleurs ! 

    tete%20pique.jpgLa République a-t-elle développé, en sa période inaugurale, une sorte de totalitarisme, heureusement inachevée ? Peut-être n’en avais-je pas alors, au début des années 1980 et de mon engagement politique, entièrement conscience, malgré ma lecture de Bertrand de Jouvenel, et il me faudra attendre un séminaire organisé par la revue rouennaise L’Avant-garde royaliste sur « le totalitarisme », l’année suivante je crois, pour m’en convaincre vraiment. Tout comme je ne prendrai vraiment conscience des méthodes exterminatrices de la Première République en Vendée que lorsque Reynald Secher viendra présenter à ma mère (et en ma présence), un soir d’automne, quelques unes de ses découvertes faites dans des cartons d’archives jusque là inexploités. Lui-même s’avouait estomaqué par ce qu’il avait trouvé et qui dépassait tout ce que l’on pouvait imaginer et craindre… Et c’était moi, le royaliste, qui semblait incrédule devant les preuves qu’ils m’annonçaient de cet infernal génocide, voté par les Conventionnels en 1793 ! 

    Pourtant, Wajda avait ouvert la voie d’une reconnaissance plus vaste des mécanismes sanglants des régimes totalitaires par la force évocatrice de son œuvre et l’interprétation magistrale d’un Depardieu, Danton à la fois « grande gueule » et étonnamment faible et fataliste face à l’engrenage de la Terreur dont il avait créé l’un des principaux instruments, le Tribunal révolutionnaire. 

    Par son film, « Wajda livre le fond de son âme : la Terreur est une première manifestation du totalitarisme. L’excuse par les circonstances (la nécessité de lutter contre les ennemis intérieurs et extérieurs), invoquée par les ex-terroristes eux-mêmes après le 9 Thermidor et répétée par des générations d’hommes politiques et historiens français pendant un siècle et demi, se révèle spécieuse. Et c’est à bon droit que Lénine comptait les Jacobins parmi ses précurseurs. » Nombre de républicains français verront ainsi dans la révolution bolchevique russe une répétition (victorieuse pour quelques décennies) de la Grande Révolution française, et préféreront fermer les yeux sur les crimes de Lénine en se rappelant que « la fin justifie les moyens », et que Robespierre, après tout, n’avait pas agi autrement que le dictateur communiste : n’était-ce pas pour la « bonne » cause ? 

    Les totalitarismes reposent aussi sur l’aveuglement et le déni des réalités, et cela en tout temps : Andrzej Wajda, en définitive, le montrait quand les réactions de la Gauche de l’époque le démontraient… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Culture • Numéro exceptionnel de la Nouvelle Revue Universelle sur Pierre Boutang pour ses cent ans ...

     

    Par François Marcilhac

    C’est un numéro exceptionnel, composé de signatures prestigieuses, que La Nouvelle Revue Universelle a consacré au centenaire de la naissance de Pierre Boutang.

     

    500021990.3.jpgLa Nouvelle Revue universelle, héritière de La Revue universelle fondée en 1920 par Maurras et Maritain et dirigée par Bainville, a, quant à elle, décidé de publier un numéro spécial consacré au centenaire de la naissance de Boutang. Et à cette fin de réunir de prestigieuses signatures. Outre celle de Rémi Soulié et celle de George Steiner à travers des extraits des entretiens évoqués plus haut, celles, notamment, de Chantal Delsol, Gérard Leclerc, Jean-Marc Joubert, Michaël Bar-Zvi, Frédéric Rouvillois, Gertrude Dubus, Henri Du Buit et Philippe Delaroche permettent non pas de cerner un personnage qui ne saurait l’être, mais, comme le précise Christian Franchet d’Espèrey dans son propos liminaire, de saluer d’une manière digne « celui que nous reconnaissons aujourd’hui comme un maître, cet exceptionnel poète de la métaphysique et de la politique que fut Pierre Boutang, le Forézien ». 

    Le numéro aborde ainsi le « continent Boutang » à travers sa pensée politique, sa réflexion sur l’utopie, sa philosophie de l’être, la rencontre avec Jérusalem, sa réflexion sur l’écrit et la poésie métaphysique (Blake, notamment) ou son rapport avec le courage physique qui faisait de Boutang un « bagarreur philosophe ». Le numéro contient également un riche entretien avec Stéphane Giocanti, deux articles de Boutang, un écrit pour La Revue universelle en 1941, alors qu’il n’a pas vingt-cinq ans, sur le mythe de la jeunesse, et un second, écrit à la mort de son maître Jean Wahl, en 1974 pour Combat, ainsi que des extraits de ses Cahiers inédits, centrés sur le philosophe Giambattista Vico, Un numéro exceptionnel.

    On annonce aussi, pour l’automne, des rencontres Pierre Boutang dont cette riche production éditoriale, depuis le début de l’année, seront le prétexte... Nous vous tiendrons évidemment au courant. 

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    La Nouvelle Revue universelle n° 45, été 2016, « Boutang, cent ans, 1916-2016 », 18 euros.

    Peut être commandé à La Librairie de Flore

  • Jean Sévillia : « L'intérêt des hommes politiques pour l'histoire dure le temps d'une campagne »

    Succès des émissions d'Histoire à la télévision - Photo : Franck Ferrand, L'Ombre d'un doute  

    Par Alexis Feertchak        

    A droite notamment, les candidats à la primaire font assaut de références historiques, parfois jusqu'à la polémique. Jean Sévillia, considère que ce besoin d'histoire répond au déracinement d'une société qui perd ses repères. On lira vec intérêt l'entretien qu'il vient de donner au Figarovox [7.10] sur ce sujet qu'il relie à l'actualité politique - ou politicienne - et au Politique tout court rappelant à cet égard quelques définitions et distinctions essentielles. Mathieu Bock-Côté, le brillant jeune sociologue québecquois, a désigné Jean Sévillia comme « un dissident de la première heure contre le terrorisme intellectuel ». Il a raison. Et les patriotes royalistes que nous sommes en savent gré à Jean Sévillia.  LFAR 

     

    XVM512bf016-8cad-11e6-b076-4c98042c7b75.jpgNicolas Sarkozy a suscité une vive polémique en reprenant à son compte le mythe de « nos ancêtres les Gaulois ». François Fillon souhaite quant à lui demander à trois académiciens de réécrire les manuels d'histoire en les inscrivant de nouveau dans le récit national. Comment expliquez-vous que l'histoire soit au cœur de ce début de campagne présidentielle, notamment à droite ?

    Permettez-moi de rappeler que la formule « Nos ancêtres les Gaulois » ne relève pas que du mythe. Les travaux de l'historien-démographe Jacques Dupâquier ont montré que les vagues migratoires qui se sont étalées entre le IIIe et le Xe siècle sur le territoire français n'ont représenté qu'un apport de 50 000 à 100 000 personnes pour 7 à 8 millions d'autochtones gallo-romains. La population, ensuite, n'a quasiment pas bougé, jusqu'à l'apparition d'un courant migratoire européen à partir du XIXe siècle et extra-européen à partir du XXe siècle. Ce qui signifie que tout un fond de la population française, encore aujourd'hui, compte des Gaulois parmi ses lointains ancêtres, même s'il a d'autres ascendances, et même si des Français tout aussi français que les autres n'ont pas une goutte de sang gaulois. La part du mythe relève évidemment du récit national élaboré entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle qui a fait des Gaulois les ancêtres de tous les Français. Alors que l'identité nationale est source de questionnements et de débats, alors que la France connaît une immigration sans précédent, les Gaulois sont donc sollicités dans cette polémique.

    Ultimement, deux visions s'opposent. Celle de la nation-contrat, héritée de Rousseau, conception préférée à gauche, qui ne prend en compte que la volonté d'être français comme signe d'appartenance à la nation. Et une conception qui mêle la nation-héritage, intégrant les données de l'histoire, et la nation choisie, à laquelle on peut s'agréger en adoptant les règles et les codes majoritaires, tout en conservant des traditions et une mémoire particulière. Cette conception équilibrée, qui est celle de Renan, a plutôt cours à droite. Ainsi un débat historique a-t-il des résonances très contemporaines dont s'emparent les politiques de droite qui savent quelles sont les préoccupations de leurs électeurs. Mais cet aspect politique et même politicien donne les limites du genre, car on peut prévoir qu'après l'élection présidentielle, ce sujet quittera l'esprit des hommes au pouvoir. Si la droite avait fait mieux que la gauche pour l'enseignement de l'histoire, cela se saurait…

    Quant à la proposition de François Fillon, elle postule que tous les académiciens soient indemnes d'une influence par l'idéologie du politiquement correct, ce que je trouve optimiste. Trouvons de bons historiens indépendants du ministère de l'Education nationale pour écrire les manuels scolaires, ce sera déjà bien.

    Les hommes politiques ne sont pas les seuls à se passionner pour l'histoire. Les Français de manière générale apprécient de plus en plus les émissions de radio, de télévision et les ouvrages consacrés à l'histoire. D'où vient ce besoin ?

    Dans une société en perte de repères, les gens cherchent des explications et des modèles, et ils les trouvent aussi dans le passé. La réduction de la place accordée à l'histoire à l'école et les torsions idéologiques auxquelles on assiste dans l'enseignement n'échappent pas non plus aux parents qui n'ont pas envie que leurs enfants apprennent n'importe quoi ou n'apprennent rien. Et d'une manière générale, dans un monde qui se globalise et s'uniformise, la quête de racines est très forte. Ce besoin d'enracinement se manifeste aussi par ce succès de tout ce qui touche à l'histoire.

    Vous avez écrit l'essai Historiquement correct. Cette réaction d'une partie de la classe politique et des Français en général est-elle une réaction à une histoire passée sous les fourches caudines du politiquement correct ?

    Pour partie, oui. Les Français sentent bien que l'école, et l'histoire à l'école, peuvent être le champ d'une manipulation des esprits. Pour reprendre l'exemple des Gaulois, il est assez sidérant de constater que la mention d'une hérédité qui est un fait pour une grande part de la population française est stigmatisée comme si elle trahissait une conception ethnique de la nation et un regard raciste sur la société. L'ascendance gauloise - terme d'ailleurs historiquement imprécis - est une donnée pour certaines familles. Pourquoi cette donnée historique devrait-elle être occultée ? Qu'est-ce qu'elle enlève aux Français qui n'ont pas le moindre ancêtre gaulois ? Le problème, c'est que le politiquement correct voudrait se débarrasser du passé. Mais faire de l'histoire en se débarrassant du passé, cela s'appelle du mensonge. Or beaucoup de Français sont las qu'on leur mente. 

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    Essayiste et historien, Jean Sévillia est chroniqueur au Figaro Magazine et membre du comité scientifique du Figaro Histoire. Il vient de publier Ecrits historiques de combat (Perrin).  

    Alexis Feertchak           

  • Paris ce lundi 10 octobre : Conférence d’Anne Bernet sur Cadoudal

     

    « Cadoudal et l’épopée chouanne », conférence d’Anne Bernet à Paris, le 10 octobre à 19h30.

    Institut Universitaire Saint-Pie X

    21, rue du Cherche-Midi, 75 006 Paris

    Métro : Sèvres-Babylone ou Saint-Sulpice

    Droit d’entrée : 7 euros (étudiants : 3,50 euros) ; Renseignements : 01.42.22.00.26