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Idées, débats... - Page 455

  • Joyeux Noël !

    Budapest à Noël

     

    Superbe ! 

    Marché de Noël filmé à Budapest.  

    Pour celles et ceux qui, croyant au Ciel ou n'y croyant pas, aiment les gens de cœur. Et aiment les chœurs  … 

    Ce flash-mob* à été filmé à Budapest … plus exactement devant la basilique Saint-Etienne de Pest.

    À l’initiative des Franciscains, des centaines d’instrumentistes et de chanteurs se sont réunis… pour attirer l’attention sur les chrétiens persécutés dans le monde et chanter leur foi.

    Le résultat est émouvant et les sous-titres sont en français.   

    * Flash mob [Wikipédia] 

     

    4' 30'' Et c'est magnifique !

    Cliquez pour regarder en plein écran !

  • Civilisation • Une Nation sans héros ne peut pas survivre

                 

     Par Marc Rousset

     « Ainsi périrent plusieurs civilisations du passé, lorsque leurs défenseurs naturels renoncèrent à la lutte et à l’effort. Ce ne fut jamais l’abaissement de l’intelligence qui causa la ruine des peuples, mais celui de leur caractère »

    G. Le Bon, Psychologie du Socialisme-, Paris - Alcan, 1899 

    « La force de la Cité n’est pas dans ses remparts ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses hommes »

    Thucydide 

    464995803.jpgAu début du XXI° siècle dans les sociétés occidentales, les héros sont une race  en voie de disparition. Nous vivons l’époque du remplacement du militaire par l’humanitaire, du héros par la victime, de la conviction par la compassion, du courage par l’art de plaire, de la virilité par la féminité.

    Le chroniqueur médiéval italien, Giovanni Villani, écrivait déjà : « L’Empire romain entra dans sa décadence quand, comme une ruine, le nom de César tomba sur la Cité » précisant encore : « La Cour impériale accueillait les hommes vils au lieu des forts, les flatteurs au lieu des hommes d’action, et le passage des gouvernements aux mains des plus mauvais entraîna peu à peu la ruine de l’Empire »

    Si l’intérêt personnel individualiste est le seul fondement du pacte social, on ne voit pas ce qui interdirait à chacun d’en profiter au mieux de ses intérêts et de ses appétits, de se servir au lieu de servir. Cela d’autant plus que le discours de la société marchande, par le truchement de la publicité, fait à chacun l’obligation de jouir, plus exactement de n’exister que pour jouir. 

    La fin de l’exemple du courage et de l’héroïsme dans l’enseignement de l’histoire 

    L’homme européen ne peut vivre sans mythes et se contenter d’une forme de pensée technicienne, aride, froide, sèche.  Les héros des anciens livres d’histoire représentaient des « surmoi » propres à éveiller le courage. Au moins jusqu’à 1963, ils formèrent en France des hommes d’une vaillance très supérieure à la mollesse de nos contemporains, nonobstant l ‘appât du gain. A partir de cette date, les réformes successives de l’enseignement de l’histoire  ont chassé les figures chevaleresques. La Nation France est démâtée, emportée dans la dérive des continents par «  l’histoire connectée » qui étudie les interactions et les interdépendances. On n’enseigne plus que la Révolution française, version les droits de l’homme oublieux du citoyen, et la Shoah ! Le patriotisme est devenu ringard ; l’histoire est remplacée par la morale. L’erreur est de tout démythifier  dans un monde froid, aseptisé, hors-sol, pacifiste, technologique et numérique.

    Les Français se souviennent de la façon dont la III° République  tenta de façonner une conscience républicaine, laïque, égalitariste en droits. Elle le fit « en racontant des histoires » aux enfants du peuple. Le manuel, partout le même en France et dans les colonies, de l’école primaire  présentait une trentaine d’images  fortement « marquées » idéologiquement et accompagnées d’un court récit qui méritait pleinement le qualificatif de « mythique ». De « Nos ancêtres les Gaulois » au  « regard fixé sur la ligne bleue des Vosges », en passant par Bouvines, le panache blanc d’Henri IV, la prise de la Bastille….tout concourait à présenter l’image idéale, quasi divine, de la Nation jacobine. Dans une école sans épopée, la disparition de Bayard appelle bien au contraire  le triomphe des terroristes et des loubards. 

    La fin du dépassement de soi, d’un idéal  et de l’esprit de sacrifice 

    La plupart des Occidentaux n’ont pas vraiment de conscience nationale :  Peu importe ce qui se passe dans mon pays tant que ma vie personnelle n’est pas affectée. 

     « Toute collectivité sans cohésion sacrificielle, si efficace qu’en soit l’organisation, n’est qu’un agrégat sans volonté commune, anonyme et sans responsabilité »

    L’Académicien et poète français Pierre Emmanuel (1916-1984)

    L’homme ne peut accepter de donner sa vie que pour sa famille, une collectivité, une nation, une culture, une civilisation, une foi, une croyance, un idéal… On ne meurt pas pour des sociétés individualistes et matérialistes qui n’ont rien d’autre à offrir à leur jeunesse que le sexe et l’argent. L’histoire apprend que riches ou pas, puissants ou pas, orgueilleux ou pas, les nations, les empires et les civilisations disparaissent inévitablement sous les coups de bien moins puissants, bien moins armés, mais animés de la foi dans leur projet, fut-il- criminel. Avec un idéal et la foi chevillée au corps  des hommes décidés  peuvent déstabiliser et  renverser  un Etat, un Royaume, un Empire ! 

    Courage et héroïsme : la véritable richesse d’un pays 

    Les jeunes de 20 ans qui offrent leur vie quand la République le leur demande, méritent reconnaissance, respect et considération, même s’ils ne font pas fortune! Ces  jeunes constituent la plus précieuse des richesses de la Nation, car elle est  faite d’humanité, d’idéal, de dépassement de soi, et surtout  de chair et de sang ! 

    Aucune machine ne pourra jamais faire le métier de soldat. Les hommes sont condamnés à rester l’instrument premier du combat. Mais en trouvera-t-on encore longtemps pour porter les armes ? Rien n’est moins sûr si la France continue d’ignorer l’histoire de ses héros. Une société « fabrique » des défenseurs en les honorant, en leur offrant une place et une reconnaissance particulière pour leurs mérites, leur utilité, leur esprit de sacrifice. Elle suscite alors des vocations de volontaires qui feront le choix du métier des armes malgré des contraintes exorbitantes. Le risque pour la France de ne plus en trouver parmi ses fils, si l’on songe à la fin de l’Empire romain, n’est pas nul. 

    Les sociétés hédonistes matérialistes et d’argent considèrent les soldats-héros comme des Idiots utiles  

    Une démocratie ne peut durer si elle devient un amas d’individus égoïstes qui souhaite être défendu par un corps militaire digne et loyal, dont l’efficience et la fidélité reposent sur le sens du devoir et du sacrifice. On exploiterait alors les nobles sentiments et l’impécuniosité des militaires pour préserver le confort d’une masse de riches égoïstes sans idéal. Sans un minimum d’élévation morale partagée, tout héros mort pour la patrie ressemblerait à un idiot qui se serait fait escroquer. Nos démocraties européennes décadentes actuelles, c’est à peu près cela !

    Qui dit héros, dit gloire et modèle à imiter, dit multiplicateur d’énergies, dit capacité à se battre, à vaincre la peur, à s’imposer. En rendant un culte au héros, on favorise la cohésion et les chances de survie de la cité .

    Qui dit victime, dit mise en cause, culpabilité et judiciarisation à outrance, dit aussi atrophie des énergies, des volontés et des intelligences, dit enfin méfiance et incapacité à se battre. Endosser le statut de victime pour des soldats morts en opérations, c’est prendre le risque à terme, de ne plus trouver quiconque pour exercer correctement ce métier.

    Le service de la cité dans sa forme la plus exigeante qui est celle du métier des armes, mérite, non pas une émotion compassionnelle, ostentatoire et fugitive, mais une véritable, sincère, durable   et profonde reconnaissance empreinte de dignité et de respect. Autrement dit, doivent accéder au statut de héros, ceux qui, bravant la mort, ont fait honneur à leur pays.

    Selon Henri Hude, directeur du cours d’éthique à Saint-Cyr : « Sans un minimum d’élévation morale partagée, tout héros mort pour la Patrie ressemble à un idiot qui se serait fait escroquer ». L’esprit héroïque holiste de sacrifice du citoyen au service de l’hédonisme individualiste du consommateur relève de la quadrature du cercle et n’a donc aucune chance de perdurer à terme.   

    Marc Rousset 

    Ancien Directeur Général, Economiste, Géopoliticien, Ecrivain, Prix de l’Académie des Sciences Morales et Politiques

    Auteur de « Adieu l’argent-roi ! Place aux héros européens ! Critique de la Civilisation de l’argent et Apologie de l’héroïsme « 500 pages - Editions Godefroy de Bouillon-2016. 

  • Société • Les prix 2016 de la Carpette anglaise ont été attribués ...

     

    Les distinctions attribuées le sont en termes brefs, ironiques et savoureux d'une redoutable efficacité. Les lecteurs de Lafautearousseau apprécieront les choix 2016.  LFAR

     

    L’académie de la Carpette anglaise* s’est réunie le 16 décembre 2016. Le jury, présidé par Philippe de Saint Robert, était composé de représentants du monde associatif** et littéraire.

    Au premier tour de scrutin, par huit voix sur treize, la Carpette anglaise 2016 a élu Mme Anne-Florence Schmitt, directrice de la rédaction de Madame Figaro pour l’abus constant d’anglicismes et d’anglais de pacotille, dans cette revue destinée à un large public féminin.

    La Carpette anglaise 2016 à titre étranger*** a été attribuée, à l’unanimité, à L’ENS Ulm qui développe des filières d’enseignement uniquement en anglais en se prétendant être une école internationale.

    L’académie félicite par ailleurs M. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, pour avoir exclu l’anglais de la communication européenne depuis le Brexit.

    Hervé Bourges, Paul-Marie Coûteaux, Anne Cublier, Benoît Duteurtre, Yves Frémion, Dominique Noguez et Marie Treps sont membres de cette académie. 

     

    * La Carpette anglaise, prix d’indignité civique, est attribué à un membre des « élites françaises » qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.

    ** Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle littéraire des écrivains cheminots (CLEC), Courriel (Collectif unitaire républicain pour la résistance, l'initiative et l'émancipation linguistique), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DDC).

    *** Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.

    Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise. Courriel : parlerfranc@aol.com

    Académie de la Carpette anglaise, chez Le Droit de Comprendre, 34 bis, rue de Picpus, 75012 Paris.

  • Histoire & Actualité • Vivre-ensemble … ou laisser mourir ?

    Le pont El-Kantara à Constantine construit en 1860, photochrome datant de 1899

    Par Pierre FORTIN

    Depuis plus de 50 ans maintenant, la France a décidé de mettre fin à l’Algérie Française, clôturant ainsi de manière brutale et désordonnée, 130 ans d’une cohabitation qui avait commencé par une conquête militaire. Et depuis bientôt 35 ans, la France à son tour envahie, tente désormais de créer une société multiculturelle et multiconfessionnelle.

    « Flux et reflux » nous dit-on, pour décrire ces migrations circum-méditérannée. Mais voilà, la comparaison s’arrête là, car entre les deux « Vivrensemble » (1), entre celui qui n’existe toujours pas et celui qui n’existe déjà plus, il y a toute l’épaisseur du dogme, s’opposant au fin constat de la nécessité.

    Quand des peuples ou des ethnies différentes cohabitent nécessairement sur un même territoire, quand cette nécessité est imposée à tous par les mêmes lois, les mêmes objectifs, les mêmes adversités naturelles mais aussi les mêmes avantages médicaux, éducatifs et sociaux, quand ces peuples partagent la même nationalité et par voie de conséquence, la même souveraineté, alors on peut parler de vivre ensemble. Même s’ils ne partageaient pas la même identité, et même si leurs représentants respectifs ne se voyaient pas attribuer la même citoyenneté (2) …on ne peut certes pas parler d’un seul peuple, mais de communauté nationale, oui.

    Mais quand il s’agit de forcer le mélange, quand la citoyenneté unique est fantasmée plus que réalisée, quand la quête de mixité sociale dissimule en réalité le diktat du métissage ethnique, bref quand l’idéologie cherche à s’imposer sur le réel, alors on peut dire que le « Vivrensemble » est convoqué mais jamais effectif.

    Quand la frange la plus radicale d’une de ces communautés organise le ressentiment envers les juifs, les apostats et les mécréants, alors on peut dire qu’il n’existe pas de communauté nationale unique mais des communautés, qui hélas, s’affrontent.

    Au souhait d’une société multiculturelle succède souvent la réalité d’une société multi-conflictuelle. Dans le cas de l’Algérie Française, l’affaire fût réglée de facto par la suprématie militaire d’une de ces communautés : les Chrétiens qui furent les colons mais aussi les bâtisseurs de l’Algérie. Dans le cas de la France Algérienne, le refus d’exercice de tout leadership (la fameuse repentance postcoloniale) ne permet plus d’échapper aux conflits devenus meurtriers en 2014, 2015, 2016, …Dès lors, le « Vivrensemble » socialiste a échoué.

    Et pourtant …

    Il aurait suffi d’écouter les Pieds Noirs au lieu de leur intimer de se taire ou d’aller se réadapter ailleurs. Il aurait suffi aux hommes d’état français, de concevoir un peu d’humilité envers ceux qui, auparavant, étaient venu les aider à repousser l’envahisseur nazi, après avoir participé pendant cinq à six générations à protéger leurs côtes méditerranéennes !

    Au contraire de cela, les politiciens français, renouant avec le pacifisme d’opérette qui avait été le leur à chaque fin d’entre-deux guerres (c'est-à-dire juste avant que d’appeler à l’aide la moitié de la Terre), devenus amnésiques et gaullo-communistes, crurent bon de trahir le mandat de la France et ses ressortissants d’Algérie.

    Mais au-delà de l’idéologie, comment expliquer l’hystérie anti-Algérie Française, comment expliquer la fusillade de la rue d’Isly ou même les porteurs de valise autrement que par un énorme sentiment de … jalousie, savamment dissimulé derrière un ralliement pseudo-humaniste à la décolonisation ?

    Jalousie oui, le mot n’est pas exagéré même s’il est tabou, jalousie bien sûr puisqu’eux, ils avaient réussi …

    A assainir la Méditerranée de ses pirates, ils avaient réussi,

    A régenter les barbares d’Afrique du Nord, ils avaient réussi.

    Mandatés par deux royautés, un empire et trois républiques,

    Pour coloniser les territoires barbaresques du Nord de l’Afrique,

    De Dunkerque à Tamanrasset, ils avaient réussi,

    De Tlemcen jusqu’à Annaba, ils avaient réussi.

    Ils avaient même réussi à sauvegarder les populations indigènes,

    A l’inverse des colons européens envers les Indiens d’Amérique,

    Et Ils n’eurent même pas l’idée, ni ne se donnèrent la peine

    D’affamer et réduire les paysans comme le firent les soviétiques !

    Les indigènes les appelaient les Pieds Noirs mais eux s’appelleront les « Européens », Des souliers des soldats de Charles X aux nationalités les plus diverses parmi ces ‘migrants’ qui vinrent ensuite, il n’y avait pourtant pas beaucoup de liens.

    Les autochtones retinrent les attributs militaires de leurs envahisseurs tandis que ces derniers se définiraient eux-mêmes par leur … diversité !

    Et malgré cette diversité européenne, augmentée des Juifs et des Musulmans, malgré ce constat émaillé de réussites, la colonisation de l’Algérie fut médiatiquement transformée en une accablante « occupation », vous savez, celle qui nous rappelle les heures les plus sombres… mais vous connaissez probablement la suite de cette chanson.

    Quand à cet inique concert, se mêlèrent ensuite les voix des dirigeants américains et soviétiques, on aurait dû comprendre qu’ils chantaient là le Requiem de leurs propres utopies d’harmonie universelle.

    Il fallait donc faire taire et réprimander ces Français d’Algérie, tout d’abord en leur faisant croire qu’on les avait compris mais aussi en encourageant toutes les factions et tous les coups bas, fomentés depuis l’étranger. Il fallait donc ensuite mettre à la mer ces Français, car ils avaient réussi. Ils avaient réussi le vivre-ensemble jusqu’à en être capable de mourir ensemble – les plaques de marbre ou de granit qui fleurissent sur la route du Monte-Cassino jusqu’à Berlin sont là pour le prouver.

    Car « L’œuvre civilisatrice de la France en Algérie », chère à Ferry, à Hugo, à Blum, à Jouhaux et à Lyautey passera aussi par l’éducation à la souveraineté nationale, qui fût gagnée au coude à coude, fusil en mains, et cela malgré les différences.

    Au lieu de tout cela, la civilisation européenne se montre actuellement totalement incapable d’organiser un véritable vivre-ensemble, non-dictatorial s’entend (3).

    Au contraire, elle paraît maintenant se résigner à se laisser envahir et finalement, à se laisser mourir.   

    1. Définitions du « Vivrensemble » :

    Définition 1 : Cohabitation harmonieuse sur un même territoire de peuples et d’ethnies différentes [wiktionary.org]

    Définition 2 : L’identité heureuse, comme promotion du « Vivrensemble » est une reprise des ‘très canadiens’ « accommodements raisonnables », revisités par [Alain Juppé] (4)

    Définition 3 : fantasme de la gauche remplaciste et pseudo-humaniste, lui permettant en réalité d’induire chez l’indigène la culpabilité de l’échec de ce « Vivrensemble », et aussi afin d’assurer la promotion du Grand Remplacement (sans jamais nommer celui-ci bien sûr !) [Renaud Camus] (5)

    2. « Les voies incertaines de la Repentance » de J.P.BRUN, page 54

    « 14 juillet 1865 : Par Senatus consulte , possibilité est offerte à tout indigène d’Algérie d’accéder à la pleine citoyenneté à la condition d’accepter que lui soit appliqué, comme à tout citoyen français, l’ensemble des dispositions de la législation nationale […] Les responsables religieux musulmans interdiront cette démarche en l’assimilant à une apostasie »

    3. Le « vivre-ensemble » : un remède de bisounours contre le terrorisme, mais une intention totalitaire, par Michel Geoffroy - http://www.polemia.com/le-vivre-ensemble-un-remede-de-bisounours-contre-le-terrorisme-mais-une-intentiontotalitaire/

    4. Juppé, le bienheureux qui voulait faire entre le loup dans la bergerie, par Véronique Bouzou  - http://www.bvoltaire.fr/veroniquebouzou/juppe-bienheureux-voulait-faire-entrer-loup-bergerie,179979

    5. Le Journal de Renaud Camus - http://www.bvoltaire.fr/renaudcamus/le-journal-de-renaud-camus-mercredi-24-juillet-2013,31658

    [Merci à LUC de sa transmission de ce texte] 

  • Cinéma • Eastwood : y a-t-il un magicien dans l’avion? Sully, du jamais vu au cinéma

     

    Par Olivier Prévôt

    Une excellente critique sur Sully - qui semble être déjà un film culte - que nous avons aimée [Causeur 9.12]. Les cinéphiles apprécieront, donneront leur avis, s'il y a lieu ...  LFAR

     

    Il n’est guère besoin de vanter le cinéma de Clint Eastwood. Une fois de plus, la critique se partagera entre les enthousiastes – qui nous donneront du « Le meilleur Clint Eastwood » (en général, depuis le précédent) – et les fines bouches qui avoueront avec une gourmandise entortillée « avoir un tout petit peu moins aimé celui-là ». De toute manière, nous irons tous voir Sully.

    Du jeu des acteurs – Tom Hanks et Aaron Eckhart – aux effets spéciaux qui rendent incroyablement « vrai » l’accident de l’avion US Airways et son amerrissage sur le fleuve Hudson en 2009, tout est parfait. J’ajouterai qu’après certaines scènes, on se demande comment on ne se retrouve pas aussi trempé que l’un des 155 passagers…

    On me dira que la véritable histoire de Sully est ailleurs – dans cette sorte de procès intenté contre les pilotes, à qui l’on reproche de ne pas avoir tenté de rejoindre l’aéroport et de sauver… l’avion. Valeurs humaines vs. gros sous. Soit, le film peut être lu ainsi : une parabole politico-sociale. La dimension de l’entertainment (la reconstitution du crash, comme si vous y étiez) introduirait une réflexion politique. Sauf que le crash n’introduit rien : il revient en boucle et sous différentes formes (rêves, récit, simulations…). Le crash est le propos du film : dans sa lutte pour la vie, nécessairement solitaire, l’homme demeure un animal social, responsable des et devant les autres.

     

    On n’a rien inventé depuis les débuts du cinéma. Tout a été dit depuis La Sortie des usines Lumière (le cinéma témoin de la réalité sociale), L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat (le cinéma comme expérience spectaculaire) et Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès (le cinéma comme fantaisie et artifice). Tous les films sont une combinaison de ces trois éléments : A + B = C. Tous sauf Sully, où A = B = C. C’est comme si L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat devenait un propos sur la vie des cheminots. Et ça, pareil tour de magie cinématographique, on ne l’avait jamais vu. 

    Sully, de Clint Eastwood, en salles. 

    Olivier Prévôt
    anime le site et la revue L'Esprit de Narvik

  • Merveilleux Maurras ! Que disait-il de la Grande Mosquée de Paris lorsqu'elle fut construite ?

     

    3578948983.jpgOn sait que la décision de construire la Mosquée de Paris, première mosquée construite en France métropolitaine, fut prise après la Première Guerre mondiale pour rendre hommage aux dizaines de milliers de morts de confession musulmane ayant combattu pour la France. Et manifester aux survivants la reconnaissance de leur sacrifice par le pays.

    Qu'en a dit Charles Maurras le 13 juillet 1926, lors de son inauguration ? Pas un mot contre l'idée même de rendre un hommage mérité, aux combattants musulmans de la Grande Guerre. A leur propos il parle des « nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ». Il n'y a pas chez Maurras de haine raciale. Ni de haine religieuse : il ne juge pas de l'Islam en soi. Mais il sait l'antagonisme des religions et des civilisations. Et sa culture historique autant que son jugement et son intuition politique l'amènent à pressentir et signaler un danger pour la France. Presque nul, alors. Présent et menaçant aujourd'hui sur notre sol même. Maurras ne dénonce pas l'hommage rendu aux combattants, ne critique même pas le fait de construire une mosquée à Paris. Avec mesure il écrit : « Nous venons de commettre le crime d’excès ». Son texte explicite en quoi consiste cet excès. Suit le pressentiment d'une menace : la crainte que nous ayons à payer un jour notre imprudence, en ce sens criminelle ; le souhait (Fasse le Ciel !) que les musulmans bénéficiaires de notre générosité « ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse. » Et nous y sommes.  LFAR         

     

    capture-d_c3a9cran-2015-08-11-c3a0-21-12-31.png« Mais s’il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on puisse en douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir... Nous venons de commettre le crime d’excès. Fasse le ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu et que les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse. »

    Charles Maurras le 13 juillet 1926

  • Sur les chemins de chez nous

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Peu importe qui il est. Désireux d’accomplir la promesse qu’il s’était faite sur son lit d’hôpital (« si je m’en sors, je traverse la France à pied »), un jour, il s’est mis en marche. Pas façon Macron, façon chemineau, comme un personnage de Giono. A pied donc, de Tende à La Hague, une belle diagonale du Mercantour au Cotentin, du 24 août au 8 novembre 2015, en empruntant au maximum les chemins les plus improbables, les plus délaissés, les plus retirés de la vraie France profonde. En est résulté un petit livre qui, en contrepoint du récit de cette pérégrination, propose une véritable réflexion sur la France d’aujourd’hui.

     

    Fuyant le « clignotement des villes » et méprisant les « sommations de l’époque » (en anglais, comme il se doit à l’ère de la globalisation : « Enjoy ! Take care ! Be safe ! Be connected ! »), le voyageur met en pratique une stratégie de « l’évitement ». Eviter quoi ? Ce qu’il appelle « le dispositif ». D’abord visible à l’œil nu : c’est la France des agglomérations telle que l’ont voulue les « équarrisseurs du vieil espace français », ZAC et ZUP des années soixante ayant enfanté les interminables zones pavillonnaires et les hideuses zones commerciales. Laideur partout.

     

    XVM344ffd0c-80af-11e6-8335-81b4993a1518-805x453.jpgCe réquisitoire implacable contre le saccage du territoire rejoint la dénonciation de la mondialisation, cette « foire mondiale » qui ruine un terroir « cultivé pendant deux mille ans ». Aux « temps immobiles » a succédé un « âge du flux » dont le « catéchisme » (« diversité », « échange », « communication ») est véhiculé par l’arrivée d’internet et la connexion généralisée. Temps immobiles : une nuit passée au monastère de Ganagobie (« Les hommes en noir […] tenaient bon dans le cours du fleuve. En bas, dans la vallée, les modernes trépidaient ») ; ou la vision du Mont-Saint-Michel (« C’était le mont des quatre éléments. A l’eau, à l’air et à la terre s’ajoutait le feu de ceux qui avaient la foi »).

     

    Faisant sienne la vision de Braudel selon laquelle la France procède d’un « extravagant morcellement » humain et paysager, l’auteur dénonce ensuite le « droit d’inventaire » que s’arrogent  « les gouvernants contemporains », notamment « les admirateurs de Robespierre » qui,  favorables à « une extension radicale de la laïcité », veulent « la disparition des crèches de Noël dans les espaces publics » (et pourquoi pas des milliers de calvaires ?) pour les remplacer par … rien du tout, le néant, la mort.

     

    Ce n’est certes pas un livre de propagande, ni un bréviaire idéologique mais bien l’œuvre d’un loup solitaire. Un livre qui peut sembler défaitiste, voire nihiliste (« je me fous de l’avenir »), au mieux nostalgique. Voir dans l’auteur un énième avatar du « bon sauvage » serait pourtant bien réducteur. On l’imagine mieux prêt à « chouanner » (selon le mot de Barbey qu’il rapporte lui-même). C’est sans doute là sa véritable portée : « Sur les Chemins noirs » de Sylvain Tesson est l’œuvre d’un antimoderne de bonne race qui nous aide à retrouver le chemin de chez nous. 

     

    Sur les chemins noirs. Sylvain Tesson, Gallimard, 144 p., 15 €

     

  • Traditions • Ranimer l’esprit de Noël

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngNoël se prépare et pas uniquement en décorant le sapin ou en dressant des listes de cadeaux. L’Église le sait qui donne quatre semaines à ses fidèles pour se disposer à la venue parmi nous de l’Enfant divin. Voici des ouvrages susceptibles d’aider les petits à entrer dans le mystère de la Nativité.

    Trouver en librairie un véritable calendrier de l’Avent catholique s’avère de plus en plus difficile. En voici un qui, même s’il n’est pas tout à fait conforme aux traditions, car les enfants n’auront pas la joie d’ouvrir chaque matin la mystérieuse petite fenêtre, a cependant de nombreuses qualités.

    Et d’abord celle d’être interactif : les petits devront, chaque jour, en colorier une partie afin que l’affiche soit entièrement enluminée au matin de Noël. Ils devront aussi l’enrichir des sacrifices quotidiens qu’ils déposeront au pied de la crèche, sacrifices suggérés avec intelligence : mettre la table, se priver de jeux vidéos, penser aux autres, prier, ne pas se mettre en colère, etc.

    Le Père Constantieux, chaque semaine, propose une « nourriture spirituelle » qui éclaire les mystères de la Nativité, invitant petits, et grands, à s’en pénétrer. Catherine de Lasa complète cet ensemble réussi par un très joli conte de Noël, racontant comment le sapin, vilain arbre qui pique, fut préféré à tous les végétaux par les anges pour honorer l’Enfant Dieu. À recommander à toutes les familles.

    Très recommandable aussi le joli album d’Arnaud de Cacqueray qui s’est fait une spécialité du thème de Noël, La femme au berceau.
    Voilà plus de deux mille ans, à Bethléem, un menuisier fabriqua à l’intention de sa jeune épouse le beau berceau en forme de nacelle où il comptait bientôt voir dormir leurs nombreux enfants.

    Mais le temps passa et le couple demeura stérile. À la longue, il admit qu’il n’engendrerait jamais. Aussi, lorsqu’une nuit de décembre, un Enfant naquit dans une étable de leur village, la femme inféconde décida d’offrir au Nouveau Né le beau berceau qui ne servait à rien. En échange de ce présent, la Mère lui promit qu’elle aussi, bientôt, enfanterait un fils promis à un très grand destin.

    On ne demande pas aux jolis contes d’être historiquement fiables. L’on sait bien que les parents de saint Pierre n’étaient pas de Bethléem et qu’ils avaient une nombreuse progéniture mais qu’importe ! Telle quelle, l’histoire, bien illustrée par les Dominicaines enseignantes de Fanjeaux, est charmante et, comme souvent avec les albums pour enfants d’Arnaud de Cacqueray, elle initie les petits à des questions graves resituées dans une optique chrétienne.

    Il faut bien le dire, en dépit de ses réelles qualités, Le renard de Bethléem de Nick Butterworth et Mick Inkpen ne possède pas la même portée spirituelle.

    Alors qu’il allait enlever un agneau dans les pâtures proches de Bethléem par une douce nuit d’hiver, un jeune renard affamé est le témoin effaré de l’apparition « d’hommes de lumière » venus annoncer aux bergers la naissance d’un roi. Curieux, l’animal décide d’aller voir, lui aussi.

    Il verra un Enfant nouveau-né, percevra la grâce de cette heure, avant de retourner traquer ses proies, car la faim est toujours là …
    Qui est cet Enfant ? En quoi sa venue va-t-elle changer la face du monde ? Les auteurs américains ne le disent pas, mais il est vrai que ces choses dépassent l’entendement d’un renard …

    Comme souvent, si les animaux sont représentés avec délicatesse, les humains, la Sainte Famille, les anges, sont, avec leurs traits vulgaires et leur gros nez, d’une affligeante laideur.

    Il n’est pas interdit de faire participer les petits à la fabrication des décorations. S’inspirant des traditions scandinaves, Hélène Leroux-Hugon et Juliette Vicart vous proposent un Noël en rouge.

    Si vous en avez assez de payer trop cher des pacotilles importées de Chine et si vous possédez un minimum de talent pour le bricolage ou la couture, vous apprendrez à réaliser sapin de lumière, photophores, lumignons, « triptyque des rois mages », cœurs décoratifs, guirlandes, coussinets, couronne de sapin, suspension ou boules de Noël. C’est de bon goût, relativement facile à exécuter. Y manque seulement, hélas, la dimension religieuse occultée par notre société consumériste pour qui Noël semble devenue l’occasion de s’autocélébrer …  

    [1] Catherine de Lasa, Père Marc Constantieux, illustration dAnne-Charlotte Larroque : Mon calendrier de lAvent à colorier . Téqui ; 5,90 €.

    [2] Via romana ; 28 p ; 12 €.

    [3 Salvator, 26 p, 12 €.

    [4] Pour un Noël en rouge ; Ouest-France, 46 p, 4,90 €.

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  • Histoire & Civilisation • Le « peuple-roi » est nu, les Français déshabillés ?

    Exécution de Louis XVI : Gravure allemande de 1793

     

    par Dominique Struyve*

    Causerie faite le 30 novembre 2016 au Café Histoire de Toulon. Une réflexion originale - du moins pour la plupart d'entre nous - remarquable et profonde et qui rejoint in fine notre actualité la plus immédiate et la plus angoissante.   LFAR

     

    Cafe Histoire de Toulon 9 Dominique  Struyve 2.jpgLe « peuple-roi » [1] est nu, les Français déshabillés

    Pour vous donner l’illusion de causer avec vous, je vous ferai entendre la voix de la « France, mère des arts, des armes et des lois » [2] , la voix des poètes, juristes et théologiens qui ont animé son corps tout entier. Leur voix éveillera en vous de nombreuses images contemporaines, votre réponse !

    Madame, je serois ou du plomb ou du bois,
    Si moy que la nature a fait naistre François
    Aux siecles advenir je ne contois la peine,
    Et l ’extreme malheur dont nostre Fran ce est pleine.
    Je veux maugré les ans au monde publier,
    D’une plume de fer sur un papier d’acier,
    Que ses propres enfans l ’ont prise & devestue,
    Et jusques à la mort vilainement batue.
    Elle semble au marchant helas! qui par malheur
    En faisant son chemin rencontre le volleur,
    Qui contre l ’estomacq luy tend la main armee
    D’avarice cruelle & de sang affamee:
    Il n’est pas seulement content de luy piller
    La bource & le cheval, il le fait despouiller,
    Le bat & le tourmente, & d’une dague essaye
    De luy chasser du corps l ’ame par une playe:
    Puis en le voyant mort il se rit de ses coups,
    Et le laisse manger aux matins & aux loups.
    Si est-ce qu’à la fin la divine puissance
    Court apres le meurtrier, & en prend la vengeance,
    Et dessus une rouë (apres mille travaux)
    Sert aux hommes d’exemple, & de proye aux corbeaux.
    Mais ces nouveaux Tyrans qui la France ont pillee,
    Vollee, assassinee, à force despouillee,
    Et de cent mille coups le corps luy ont batu, 
    (Comme si brigandage estoit une vertu)
    Vivent sans chastiment, & à les ouir dire,
    C’est Dieu qui les conduit, & ne s’en font que rire

    Bien qu’il s’adresse à Catherine de Médicis, en 1562, Ronsard nous émeut profondément dans la Continuation du discours des misères de ce temps. La polémique qui l’oppose aux protestants lui inspire une allégorie tragique, celle de la France « dévêtue », « à force dépouillée », extrêmement proche des images qui nous hantent tous. Aujourd’hui, en effet, le « peuple-roi » est nu, les Français déshabillés.

    Comment rendre aux Français leur habit politique ? Comment faire en sorte qu’ils recouvrent leur force ? 

    J’expliquerai, d’abord, la métaphore de l’habit et vous ferai entendre la voix d’un théologien. Nous étudierons, ensuite, comment remédier aux déchirements de l’habit politique, grâce au droit, et nous écouterons la voix d’un juriste nîmois. Nous découvrirons, enfin, comment remédier à l’arrachement de notre habit politique, par la pratique d’une méthode, et nous laisserons résonner la voix d’un poète provençal.

    Les origines morales de l’habit politique

    Quand il conseille Charles IX, âgé de douze ans, le prince des poètes reprend la métaphore de l’habit dans une maxime qui achève sa conception de « l’âme royale » : L’habillement des rois est la seule vertu [3].

    Dans le miroir du prince, Ronsard transmet au souverain l’éthique de Saint Thomas d’Aquin dont la vision de l’homme est essentiellement dynamique, comme le prouve l’emploi constant de potestas, vis, virtus, dynamis. Vertu, en particulier, signifie force. Comment revêtir son âme de force ? Par un habit ! L’habit, « c’est l’ajustement intermédiaire entre celui qui a un vêtement et le vêtement qu’il a » [4] . Saint Thomas reprend la définition d’Aristote que l’on peut expliquer ainsi : de même qu’à chaque sport correspond un sous-vêtement technique parfaitement adapté au corps, de même, à chaque mouvement de l’âme, correspond un habit.

    J’ai cherché à faire voir le rayonnement d’une « âme royale » dans un calligramme, La buse de chalumeau. Vous voyez ainsi que l’homme a le pouvoir de vouloir, de connaître, de se souvenir, d’imaginer, d’attaquer ou de tempérer. Toutes ces forces sont disposées par l’intermédiaire de qualités distinctes, les habits. L’homme entre en pleine possession de toutes ses puissances, la volonté, l’intelligence, la mémoire, l’imagination, les passions, par les habits qui les déterminent à l’action de façon stable. L’homme qui jouit ainsi de l’empire de lui-même agit rapidement et communique aisément.

    Cafe Histoire de Toulon 9 Dominique  Struyve.jpg

    Cliquer pour agrandir

    La buse de chalumeau nous a permis de contempler la vision dynamique de l’âme que nous a transmise Saint Thomas et que Ronsard a conservée. La force lumineuse du roi vient de la vertu. La faiblesse du royaume provient d’une déchirure de l’habit politique. Comment y remédier ?

    La riposte de Jean de Terrevermeille [5] aux rebelles

    Jean de Terrevermeille [6] est le contemporain exact d’une crise d’une exceptionnelle gravité pour la royauté, le témoin direct de l’anarchie qui se développe sous le règne de Charles VI, si bien que la trilogie des Tractatus qui débute en 1419 répond à un casus historique : « le Dauphin a-t-il un titre irréfutable à administrer le royaume durant l’incapacité de son père, Charles VI ?» 

    Bien que Jean de Terrevermeille écrive une œuvre polémique contre les rebelles, dont le Duc de Bourgogne est le chef, il recherche avant tout la paix qui peut seule rendre au corps du royaume son unité. Il en étudie les conditions juridiques conçues comme veritas vitae. On touche, là, la manière dont la Bible modèle les esprits à la fin du Moyen Âge. Il s’agit, pour le juriste nîmois, d’appréhender une vérité concrète, à la fois vivante et vitale, de telle sorte que la métaphore du corps s’impose à son esprit comme une évidence englobant toute la réalité politique.

    La métaphore du corps, et de la tête, appartenait déjà à la pensée médiévale toute imprégnée des Lettres de Saint Paul. Dans le Tractatius Tertius, Jean de Terrevermeille reprend une expression du XIIe siècle qui permet aux juristes de désigner le corps ecclésial, l’Eglise visible, corpus mysticum. Même si tous les groupes sociaux sont nommés, par extension, corpora mystica, il définit le royaume, pour la première fois de son histoire, comme corpus mysticum regni.

    Si le Roi est la tête et le royaume le corps, chaque Français est un membre mystique du corpus regni. L’unité vitale du corps dépend de la tête qui veut [7] mais aussi de chaque membre qui aime [8] . Le jus fidelitatis marque la suprématie du caput mais chaque membre mystique revêt l’habit de la fidélité et agit dans l’élan que donne l’influx vivifiant de la tête.

    L’habit politique est une qualité, une disposition dont le siège est dans la volonté et l’intelligence [9] . Il confère à l’homme, au membre mystique, une facilité à agir.

    L’unité du corps mystique dépend, par conséquent, de la vivacité de l’habit de la fidélité qui porte chaque membre à une activité précise et réglée dans la société, en fonction de sa place.

    Jean de Terrevermeille a posé les fondements de la monarchie moderne, telle qu’elle s’est épanouie au XVIIe siècle. C’est ainsi que la voix de Bossuet retentit au Louvre, le Vendredi 10 mars 1662 : « Mais il nous importe peu, Chrétiens, de connaître par quelle sagesse nous sommes régis, si nous n’apprenons aussi à nous conformer à l’ordre de ses conseils. S’il y a de l’art à gouverner, il y en a aussi à bien obéir. Dieu donne son esprit de sagesse aux princes pour savoir conduire les peuples, et il donne aux peuples l’intelligence pour être capables d’être dirigés par ordre ; c’est-à-dire qu’outre la science [10] maîtresse par laquelle le prince commande, il y a une autre science subalterne qui enseigne aussi aux sujets à se rendre dignes instruments de la conduite supérieure ; et c’est le rapport de ces deux sciences [11] qui entretient le corps d’un État par la correspondance du chef et des membres. » [12]

    La guillotine a mis fin à cette merveilleuse « correspondance du chef et des membres ». Après le 21 janvier 1793, les Français sont « à force dépouillé(s) », privés des libertés locales qui leur permettaient d’agir. Le « peuple-roi », selon l’oxymore suggestif du poète guillotiné André Chénier, est mis à nu.

    Il faut attendre plus d’un siècle pour qu’un poète provençal, Charles Maurras, propose une « science subalterne » qui rende aux Français un habit politique.

    L’empirisme organisateur

    Quand Charles Maurras entre en politique, la mémoire des Tractatus est perdue, comme en témoigne la Préface du Dilemme de Marc Sangnier (1906), puisque l’image du « chef de chœur » supplante celle de la tête pour louer l’« Église de l’ordre ». La décomposition de la France incite le poète de Martigues à concevoir une méthode originale, l’empirisme organisateur, qu’il définit dans L’Action française, le 10 avril 1916 : « C’est en rétablissant la vérité sur le passé que l’on atteint à un clair jugement du présent et que l’on peut former des inductions raisonnables sur l’avenir. On ne sait bien ce qu’il faut faire que lorsqu’on sait comment s’y sont pris ceux qui ont su y faire avant nous. Telle est la méthode d’empirisme organisateur. »

    Vous remarquerez, d’abord, que le titre même du journal, Action française, s’inscrit dans le besoin urgent des membres de renouer avec l’action dont ils sont privés par la centralisation jacobine. Vous noterez, ensuite, que la « vérité sur le passé », qui est au cœur de la méthode maurrassienne, renoue, malgré une amnésie involontaire, avec la veritas vitae oubliée. Enfin, vous aurez compris que Maurras tente de rendre aux Français leur habit politique en s’appuyant sur la puissance de la mémoire [13] et tire parti de la « vertu du bon conseil », telle que l’a définie Saint Thomas. La vertu de prudence est d’ailleurs « nécessaire pour bien vivre ».[14]

    C’est la tolérance imprudente de la « femme sans tête » [15]  qui prouve l’excellence de l’empirisme organisateur, puisqu’elle conduit Maurras à prophétiser, le 13 juillet 1926, lors de l’inauguration de la mosquée de Paris : « Mais s’il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on puisse en douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir... Nous venons de commettre le crime d’excès. Fasse le ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu et que les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse. »

    C’est le silence qui conviendrait après qu’une telle voix s’est élevée. Je vais cependant clore cette causerie par quelques mots.

    Nous avons écouté le dialogue fructueux des poètes, des théologiens, des juristes.

    Nous avons ainsi découvert la force de l’habit politique dont les Français ont été revêtus pendant plus de mille ans.

    La fidélité aux leçons du passé nous assure, certes, de toujours bénéficier d’une clarté prévoyante. Mais je crois profondément que, seule, la fidélité au Roi, à la tête du corps, aujourd’hui dépecé plus que jamais par les rebelles, peut nous enter dans une veritas vitae qui fait de nous les vainqueurs de la putréfaction ambiante.   

    1 André Chénier, Iambes (1794).

    2 Du Bellay, Regrets, IX (1558)

    3 Institution pour lʼadolescence du Roi (1562).

    4 Somme théologique, 1-2 Q XLIX, De habitibus in generali.

    5 Joannes de Terra Rubra (né en 1370, mort le 25 juin 1430).

    6 Jean Barbey, La fonction royale, essence et légitimité, NEL, Paris 1983.

    7 Regarder la volonté dans le calligramme.

    8 Regarder la volonté dans le calligramme.

    9 Regarder lʼintelligence dans le calligramme.

    10 Regarder lʼintelligence dans le calligramme.

    11 Lire Bossuet, Politique tirée des propres paroles de lʼÉcriture sainte, Éd Dalloz, Paris, 2003.

    12 Sermon sur la Providence, OEuvres oratoires, T4 (1661-1665), Desclée de Brower, Paris, 1921.

    13 Regarder la mémoire dans le calligramme.

    14 Q. LVII, De intellectualibus vertutibus.

    15 La République française

     

    * Professeur de Lettres Modernes

  • Langue française • Les expressions à bannir au bureau : « C'est juste pas possible ! »

     

    Par Quentin Périnel

    Chaque lundi, Quentin Périnel, journaliste au Figaro, décrypte un mot ou une expression grotesque que nous prononçons au bureau - ou ailleurs - et qu'il faut éradiquer de notre vocabulaire. Lafautearousseau est d'autant plus d'accord avec cette juste chronique [du 12.12] que l'emploi vicieux qu'elle dénonce avait déjà été signalé ici et copieusement moqué dans un grain de sel de Scipion, il y a belle lurette ! Nos lecteurs doués de mémoire s'en souviendront, les agiles le retrouveront dans nos colonnes. Où les anglicismes sont prohibés. Même s'il peut s'en glisser quelques uns malgré tout, tant leur nombre est grand et les habitudes anglo-serviles sont tenaces.  Lafautearousseau

     

    picture-1606281-61449egn.jpgC'est « juste la fin du monde », pour citer le titre du dernier film de Xavier Dolan. Une très jolie mise en abîme. Cette expression, c'est précisément la fin du monde. Parce que sérieusement, c'est « juste » exaspérant. C'est « juste » insoutenable. C'est « juste » éreintant. J'arrête ici le massacre, sinon cela risque de vous hérisser le poil - le mien l'est déjà - dès potron-minet. Il est effarant de voir à quel point la société a été contaminée par la tentation d'ajouter ce petit adverbe dans n'importe quelle phrase que l'on veut accentuer ! C'est juste terrifiant. Et contrairement à ce que l'illustration peut laisser penser, les femmes ne sont pas les seules à s'être amourachées de cette tournure de phrase très laide. Tant s'en faut.

    « Juste » a remplacé le « trop » qui était à la mode juste avant son arrivée. Désormais, on ne dit plus « c'est trop hallucinant » mais « c'est juste hallucinant ». Voire pire : « c'est juste trop hallucinant », le comble du comble. À titre personnel, j'ai déjà entendu dans un couloir un collaborateur - manifestement très enthousiaste - s'exclamer: « non mais attends, c'est juste hyper intéressant » ! Je vais préserver ici son anonymat afin de ne pas le froisser. C'est un fait : au bureau aussi, cet écart de langage jouit d'une belle popularité. La preuve : vous avez été nombreux, depuis la rentrée, à me suggérer une chronique à ce sujet, agacés par vos collègues qui l'emploient de manière intempestive en réunion. Il était juste très urgent de réagir avant que vous ne vous impatientiez !

    D'où vient cette manie ? Son origine est la même que pour beaucoup d'abus de langage de cette espèce : des États-Unis. Et plus particulièrement du jargon des stars d'Hollywood... Notre « juste » est un anglicisme de la pire espèce. « I just called to say I love you », une chanson de Stevie Wonder, en est un exemple. Mais à l'oral, la tournure de phrase est encore plus choquante. On la trouve dans n'importe quel film ou série américaine que l'on regarderait en VO. Or, des films ou des séries US, nous autres Français en sommes fans ! C'est donc là que le bât blesse. C'est la raison pour laquelle en réunion - après nous être nourris de VO tout le week-end - nous parlons comme le héros ou l'héroïne d'une série Netflix. Mon conseil : rappelez à vos collègues qu'ils ne sont ni Jack Bauer, ni Blair Waldorf. 

    Pour le bien de cette chronique, vous pouvez évidemment revenir vers moi et me soumettre les horreurs que vous entendez autour de vous. Je vous répondrai à @quentinperinel sur Twitter et qperinel@lefigaro.fr par mail.

    Quentin Périnel           

  • BD • Une BD sur Saint-Ex

     

    par CS

     

    Dans un premier album, Pierre-Roland Saint-Dizier et Cédric Fernandez nous avaient fait découvrir les premières années de la vie d’Antoine de Saint-Exupéry, en particulier son amour irrépressible pour l’aviation et ses pas de pionnier, avec Jean-Mermoz et Henri Guillaumet, dans l’aéropostale. Le second tome s’ouvre sur la découverte, le 7 septembre 1988 au large de Marseille, de la gourmette de l’aviateur.

    Une pêche aussi improbable que miraculeuse qui, à la faveur d’un flashback, permet de retrouver l’écrivain aviateur aux Etats-Unis. Il est à New York à l’invitation du cinéaste Jean Renoir pour une adaptation…

    Il essaie également de faire entrer les Etats-Unis dans la guerre. Mais considéré comme pétainiste, les milieux gaullistes sont réticents à faire de lui une voix de la France libre. Il publie Pilote de guerre en février 1942 et se lance dans l’écriture du Petit prince. Mais sa France lui manque et il ne veut qu’une chose : servir son pays…

    Bien que romancée, cette bande-dessinée permet de comprendre les relations compliquées avec les femmes en particulier Consuelo. Elle décrit les tourments de l’écrivain souvent tiraillé entre plusieurs passions et dont le nom restera à jamais associé à son chef d’œuvre : le Petit prince.

    Ce héros de guerre (titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre) a marqué de son empreinte la littérature. En effet, pas moins de 140 millions d’exemplaires du Petit Prince dans près de 250 traductions ont été publiées et vendues.

    Saint-Exupéry, Tome 2, Le royaume des étoiles, P-R Saint-Dizier et C. Fernandez, Editions Glénat, 56 pages, 14,50 euros.

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  • Société • Frédéric Rouvillois : « La maîtrise des codes est  un moyen d'intégration »

     

    Par Stéphane Kovacs 

     

    INTERVIEW - Professeur de droit public, Frédéric Rouvillois - que les lecteurs de Lafautearousseau connaissent bien - est l'auteur du Dictionnaire nostalgique de la politesse (Éditions Flammarion, 2016). Pour lui, le savoir-vivre est la condition du vivre ensemble [Figaro, 8.12].

     

    Pourquoi est-ce important  de maîtriser les bonnes manières aujourd'hui ?

    À vrai dire, c'est important pour de très nombreuses raisons, certaines purement pragmatiques, d'autres beaucoup moins. Parce que le savoir-vivre est la condition du vivre ensemble, parce que la politesse s'avère particulièrement vitale lorsque les conditions d'existence sont plus difficiles et parce que la maîtrise des codes est un moyen d'intégration et, le cas échéant, au sein de l'entreprise par exemple, un argument supplémentaire permettant de départager deux candidats de même valeur. D'où le développement contemporain des manuels de savoir-vivre dans l'entreprise. À quoi s'ajoute le fait que la politesse est un moyen de réenchanter un peu un monde terne et prosaïque, de lui rendre des couleurs, de la poésie. La politesse n'est jamais loin de la nostalgie.

    À l'heure des nouvelles technologies, a-t-on encore le temps d'être poli ?

    Les nouvelles technologies ne font, sur ce point, que confirmer une tendance déjà ancienne, puisqu'elle remonte au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans un monde où tout va vite, dans cette civilisation de l'homme pressé, on a de moins en moins de temps: or, par définition, la politesse implique de donner un peu de son temps aux autres, gratuitement. Autant dire qu'elle va à rebours de l'évolution contemporaine. Ce qui me paraît du reste une raison supplémentaire pour essayer de la respecter…

    François Fillon veut que l'on enseigne la politesse à l'école. N'est-ce pas plutôt aux parents  de le faire ?

    François Fillon a sans doute raison d'insister là-dessus, même si c'est d'abord à la famille d'inculquer aux enfants, dès leur plus jeune âge, les règles de la politesse, c'est-à-dire, du respect de l'autre. L'école, sur ce plan, ne peut être qu'un lieu de confirmation et de mise en œuvre des acquis. En somme, si l'on attend qu'elle apprenne la politesse aux plus jeunes, ont fait sans doute fausse route. Cela ne saurait être son rôle, et elle n'en a pas les moyens. 

    Stéphane Kovacs 

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Société & Culture • Le temps retrouvé de la politesse

    Frédéric Rouvillois : « La politesse est une vertu nécessaire dans notre monde nombriliste »          

  • BD • Une BD non consensuelle sur Mao Zedong

     

    par CS

    Mao Zedong, surnommé le Grand Timonier est mort le 9 septembre 1976, il y a donc 40 ans. Il avait 82 ans. Son portrait trône toujours, de manière au moins anachronique (sinon insultante) sur les portes du palais impérial de Pékin.

    C’est Deng Yingchao, veuve du Premier ministre Zhou Enlaï, qui narre l’histoire personnelle et politique du plus grand dictateur et criminel de tous les temps, puisque son idéologie a tué pas moins de cent millions de personnes en quarante ans de pouvoir quasi absolu.

    Son récit entre flashback et anecdotes retrace la vie trépidante de ce fils de paysans qui n’a pas hésité à laisser mourir sa première femme et son premier fils, faisant passer l’idéologie communiste qui l’animait avant la protection et l’amour de sa famille.

    En fait, le récit parfois glaçant de « Grande sœur Deng », comme la surnomment ses auditeurs et admirateurs rappelle que l’ambition du chef communiste n’avait de limite que l’assouvissement de son bien-être personnel.

    C’est une biographie concise et sans concession, un vrai travail d’historien qu’ont réalisée ici JD Morvan, Voulizé, (à qui l’on doit Louis XIV) et Raphaël Ortiz avec le concours très éclairé du sinologue Jean-Luc Domenach.

    Ils retranscrivent à merveille l’histoire mouvementée de cette vaste Chine composée de multiples peuples que seule une autorité forte pouvait soumettre.

    L’ensemble est dense mais aucun des moments forts (Longue Marche, création de la République populaire, Révolution culturelle) n’est oublié. Une BD qui parfois met à mal l’histoire officielle, pour le plus grand bonheur des lecteurs. 

    Mao Zedong, J-D Morvan, F. Voulyzé, R. Ortiz et J-L Domenach, Editions Glénat, 56 pages, 14,50 euros

  • Histoire • Pascalis - victime méconnue de la Révolution - qui mérite la reconnaissance des royalistes et des Provençaux

     

    Par Pierre de Meuse

     

    Image1.pngEn ce début décembre, il ne semble pas inopportun d’évoquer un personnage méconnu mais attachant, qui mérite la reconnaissance à la fois des royalistes et des Provençaux : Jean Joseph Pierre Pascalis qui naquit à Eyguières, dans les Alpilles le 6 février 1732 et mourut assassiné à Aix-en-Provence le 14 décembre 1790, victime de sa fidélité au roi et à la Provence, pour les libertés de laquelle il avait passionnément combattu. Il était né dans une famille d’origine « gavotte », qui s’était haussée à force de vertus dans la moyenne bourgeoisie si typique de l’Ancien régime. Comme son oncle et son grand-père, il avait embrassé la profession d’avocat, où il était renommé plutôt pour ses qualités de juriste que pour son talent oratoire. C’est ainsi qu’il rédige avec quatre autres jurisconsultes un Mémoire pour Mme de Mirabeau née Émilie de Marignane, contre son mari, le célèbre Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de Mirabeau, qui lui en gardera une sévère rancune.

    Sa grande faculté d’analyse juridique lui fait obtenir des postes de premier plan : il est assesseur d’Aix (c'est-à-dire représentant des Etats auprès des Consuls de la ville) et Procureur de Provence (porte-parole de ces mêmes Etats au parlement et devant le gouvernement), et il défend avec courage la modernisation et la revitalisation des institutions provençales. Il s’oppose ainsi au maintien des privilèges fiscaux de la noblesse, dans un « Mémoire sur la contribution des trois ordres aux charges publiques », s’appuyant sur l’observation de la situation présente, mais aussi sur la « Constitution provençale » antérieure à l’annexion de 1406. Cependant, ses convictions favorables aux réformes ne l’empêchent pas de lutter contre le centralisme ; en témoigne son « Mémoire pour dénoncer la commission contre la contrebande » (1773) et surtout son « Mémoire sur le projet de rétablir les Etats de Provence » (1787). Il n’est pas un révolutionnaire, n’exige pas l’abolition des ordres, mais seulement l’aménagement de leur représentation. En 1788 il est élu aux Etats généraux en remplacement de Joseph Servan, mais décline cet honneur : il veut rester en Provence car il sent bien que les orages s’approchent pour sa petite patrie avec la révolution. Sa position en vue lui a valu beaucoup d’ennemis, au premier rang desquels se trouve évidemment Mirabeau, et son âme damnée, un prêtre, l’abbé Jean-Joseph Rive, ancien curé de Molegès, ancien bibliothécaire du duc de La Vallière, un homme qui cherche à se venger par tous moyens y compris le meurtre de l’insuffisante rémunération que la vie aurait donnée à son immense talent. La révolution connaît beaucoup de personnages de cet acabit. Cet ecclésiastique multiplie les appels au meurtre contre Pascalis, qu’il appelle un scélérat et un « mortel exécrable », ainsi qu’un énergumène dans des libelles largement diffusés. Dans un pamphlet de 1789, il appelle carrément au meurtre de l'avocat. Il a d’ailleurs recruté une troupe d’hommes de main, composée de gens prêts à tous les crimes. Au moindre signal, ils savent qui doit mourir de leurs mains.

    Or le 20 juillet 1790 l'Assemblée départementale des Bouches-du-Rhône s’établit à Aix-en Provence. Ses premières décisions réalisent la destruction des toutes les anciennes institutions provençales. Les Etats, le Parlement, la protection de la langue provençale, l’existence même de la Provence, tout est promis à la démolition. Dès que Pascalis constate qu’il est impossible d’arrêter ce mouvement, il décide de quitter le barreau. C’est ainsi que le 27 septembre, il se rend en grande tenue au Parlement pour prendre congé. Dans son discours d’adieu, il constate ne plus être en état d’accomplir ses mandats, et tient à alerter les Provençaux sur les dangers du mouvement en cours, car selon lui, il contient le « renversement de la Monarchie », « l’anéantissement de notre Constitution, la destruction de toutes nos institutions politiques », le déni du désir majoritaire des Provençaux. Enfin il termine en formulant l’espoir d’un retour à la raison où nos citoyens rendus à leurs sentiments naturels de fidélité, de franchise et de loyauté, béniront la sagesse de notre Constitution, permettant « l'exécution de nos traités avec la France, le rétablissement de la Monarchie, et avec le retour de nos Magistrats celui de la tranquillité publique. » Ses derniers mots marquent qu’il « veut vivre et mourir citoyen provençal, bon et fidèle sujet du Comte de Provence, Roi de France. » Ce discours nous rappelle celui de Calvo Sotelo, prononcé avant son assassinat. En période révolutionnaire, en effet, tout désaccord avec le flux torrentiel doit être puni de mort. Et c’est ce que décident Mirabeau et l’Abbé Rive. Pendant près de trois mois, par une série d’actions judiciaires et administratives ils accusent Pascalis et ses soutiens d'avoir prêché la guerre civile, ce que précisément les deux compères s’occupent activement à faire. Un procès verbal est envoyé à la Constituante pour l’inculper. La Commune est sommée de le décréter d’arrestation, menaces à l’appui. Et le prêtre indigne de conclure son courrier par cette conclusion : « Il ne faut pas tergiverser, Monsieur le Président, il n'y a à conserver dans le nouvel empire français que de vrais citoyens et d'excellents patriotes. Tout homme quel qu'il soit, par quelques travaux qu'il puisse s'être distingué, s'il devient un jour l'ennemi de la patrie, il doit lui faire sacrifice de sa tête sous une lanterne. » 

    Pendant tout ce temps, que font les royalistes ? Pascalis continue sa vie tranquille, dans l’hôtel particulier qu'il loue sur le Cours, dit aujourd’hui « Mirabeau », au no 34. (Hôtel Barlatier de Saint Julien). Dans la ville, des cercles se constituent au grand jour, comme la « société des amis de l'ordre et de la paix », pour réclamer le soutien au roi et le rétablissement des libertés de la Provence. Ils ne font pas grand’ chose, mais se font remarquer en se réunissant au cercle Guion (actuellement le café « Les deux garçons »).

    Le 12 décembre au crépuscule, le cercle Guion est attaqué, il y a plusieurs blessés par balle. Les « antipolitiques » de l’abbé Rive envahissent le cercle au cri de « fơu toutei leis esgourgea » (1). Le Cercle est saccagé. Ledit abbé donne l’ordre d’arrêter Pascalis afin de l’assassiner. Celui-ci se trouve à ce moment dans le petit château de La Mignarde, construit aux Pinchinats par un pâtissier enrichi, une maison que les aixois connaissent bien encore aujourd’hui. Ses amis lui conseillent tous de s’enfuir car chacun sait quel sort lui réservent Mirabeau et Rive. Pourtant, l’avocat se refuse à fuir. Il n’imagine pas qu’on puisse commettre une telle monstruosité. Il se contente donc de répondre « ils n’oseraient ! » aux amis venus le prévenir. Il est de toutes façons trop tard, car quelques heures plus tard, une petite centaine de voyous attaquent La Mignarde, enlèvent Pascalis et le mettent au cachot à l’hôtel de ville, ainsi que le vieux marquis de la Roquette. Pendant deux jours Rive et Mirabeau attendent. Que se passe-t-il ? Sans doute Mirabeau et Rive s’efforcent-ils d’obtenir des autorités un procès et une exécution immédiate, mais celles-ci restent silencieuses. Alors le mardi 14 décembre, la Garde nationale, qui retourne à Marseille en colonne est stoppée au bas du Cours (Mirabeau) par des activistes de Rive qui exhortent les soldats à se rendre aux prisons des casernes afin de « tuer le monstre ». Malgré les ordres de leurs officiers, une grande partie des troupes en armes se sépare des rangs afin de suivre les mots d’ordre des factieux. Un exemple de plus de ce qui est le quotidien de la révolution depuis 1788 : une armée intérieure en perpétuelle révolte contre ses cadres, et dans laquelle toute velléité de reprise en main est systématiquement sanctionnée, découragée, discréditée.

    A ce moment se produit un des aspects les plus lamentables de cette affaire : les casernes où se trouvent les prisons sont gardées par un demi-régiment suisse : le régiment d’Ernest, anciennement d’Erlach. Le détachement de 400 hommes est commandé par le Maréchal de camp Rodolphe de Diesbach. Les soldats mutinés et la foule des badauds encerclent les casernes où se trouvent les prisons (2) et commencent à démolir les murs, à casser les portes. Le procureur général syndic demande à l’officier suisse de ranger ses troupes en bataille pour leur résister, ce qu’il fait séance tenante. Les magistrats présents sont alors brutalisés, menacés de mort. On envoie trois officiers municipaux pour parlementer avec la populace, qui les maltraite et les oblige à signer une décharge pour « donner Pascalis ». Ils prennent soin d’ajouter à leur signature la mention dérisoire « contraint et forcé ». Puis le cortège sinistre se rend au Cours, et Pascalis, La Rochette et l’écuyer de Guiramand sont pendus aux réverbères, devant la maison de Pascalis, afin que sa femme soit témoin du crime. Leurs têtes seront promenées deux jours durant à Aix et Marseille, au milieu des pillages et des scènes d’ivrognerie. Mirabeau et Rive ont triomphé mais ils ne survivront pas longtemps à leur victime (3). Mirabeau aura même le temps d’être mis en accusation pour « activités contre-révolutionnaires » par Lameth. Les révolutions dévorent toujours leurs enfants, disait Bainville.  

    Quelles réflexions nous propose ce sinistre épisode ? La première est que la Terreur ne date pas de 1793. Elle est consubstantielle à la révolution. A la terreur de la rue qui commence dès 1788 se rajoute en 1792 celle des comités. Il n’y a pas une révolution pacifique des Sieyès, Mirabeau, La Fayette, et une révolution sanglante, celle des Marat, Carrier, Robespierre. La seconde est une question : comment un homme de la qualité de Pascalis peut-il avoir gardé confiance en la légalité de son temps, au point d’attendre ses assassins ? On est forcé d’y voir l’effet d’une illusion sur la nature humaine. Le légalisme est partout, y compris dans l’obstination ridicule des geôliers à obtenir une décharge écrite. Car enfin dans cette affaire, la lâcheté est le principal encouragement au crime. Tout le monde tremble devant l’émeute. Pascalis est devenu un homme seul. Et comment le baron Rodolphe de Diesbach, homme couvert des lauriers de quatre guerres, peut-il laisser son nom souillé par un meurtre aussi infâme ? En répondant à cette question, ne lève-t-on pas un voile significatif sur la période révolutionnaire. Si Diesbach ne prend pas la décision de tirer sur la troupe révoltée, c’est qu’il sait d’expérience que sa décision ne sera pas approuvée par l’autorité, et qu’il sera lourdement puni par le pouvoir même qui l’a nommé. La monarchie traditionnelle ne s’est pas défendue, par horreur de la guerre civile, alors qu’elle lui était imposée sans possibilité de refus. Ce faisant, elle a condamné ses fidèles et s’est livrée à ses ennemis. Quant à ceux qui s’opposaient à la révolution, ils ne pouvaient défendre le pouvoir qu’ils soutenaient qu’en s’opposant à lui. Leçons tragiques et paradoxales, mais qui peuvent nous éclairer aujourd’hui dans des circonstances qui peuvent devenir semblables.

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    Plaque commémorative de l'assassinat de Pascalis - en Provençal - avec un commentaire de Frédéric Mistral  

    (1)  Il faut tous les égorger !

    (2)  Les casernes se trouvaient à quelques centaines de mètres du Cours (Mirabeau), près de la gare routière actuelle.

    (3)   Mirabeau mourra en avril 1791, dans le mépris général, peut-être assassiné par les jacobins.  Rive lui survivra six mois et mourra d’une attaque d’apoplexie en octobre de la même année

  • Livres & Société • Le danger de l’islam selon Chesterton

     

    par Lars Klawonn

     

    Pour les imbéciles, tout changement est une chance. Et surtout, tout changement vis-à-vis de « l’ancien monde ». La diversité est donc une chance. Le métissage en est une autre, comme l’abolition des frontières, l’égalité des religions ou l’islam. Tout cela est, selon les imbéciles, une chance formidable pour nos sociétés. Ceux qui parlent des dangers et mettent en garde contre les changements permanents, ceux qui entendent défendre l’homme enraciné contre l’universalisme bébête de l’homme connecté se font traiter de suppôts de l’’extrême-droite et de fascistes.

    Dire que tout changement implique un danger, et qu’il doit être mûrement réfléchi pour s’assurer qu’il apporte plus d’avantages que d’inconvénients, c’est fatiguer trop les cerveaux momifiés des imbéciles. Au lieu de réfléchir, de penser, c’est-à-dire de distinguer les choses, ils préfèrent décréter, moraliser et s’indigner ; au lieu d’analyser les dangers et de les anticiper, les imbéciles adorent minimiser, naviguer à vue et agir en situation car, pour eux, il y a toujours une solution. Mais si un jour il sera trop tard pour réagir, que feront-ils ? Si un jour le péril est entré en la demeure, quelles seront les réponses des imbéciles ?

    G.K. Chesterton (1847- 1936) n’a pas écrit d’ouvrages sur l’islam, mais il a bien réfléchi à la question. Dans son livre Chesterton face à l’islam, Philippe Maxence, l’un des meilleurs connaisseurs de son œuvre, résume de façon à la fois détaillée et synthétique l’approche de l’écrivain anglais. S’appuyant sur de nombreuses citations, il montre en quoi consiste selon l’auteur de l’Auberge volante le danger d’une immigration musulmane incontrôlée. Chacun pourra vérifier par soi-même la vision prophétique qu’il en donne, comme de l’ère moderne et de ses maux, et constater l’actualité brûlante de ses analyses.

    Maxence nous montre bien que pour Chesterton, s’il fallait opposer quelque chose à la progression de l’islam en Europe, c’est bel et bien le christianisme et ses valeurs. Il savait qu’une civilisation sans Dieu est destinée à s’effondrer. Aujourd’hui la menace de l’islam est triple. Elle nous arrive par l’immigration, par le terrorisme et par l’économie (l’achat des entreprises occidentales). Or le vrai danger vient de l’intérieur de l’Europe, de son désengagement de soi-même, de sa soumission à la loi du marché, de son défaitisme, de sa lâcheté, de sa laïcité, de ses pleurnicheries et de ses dogmes de l’égalité et du pacifisme.

    Le visionnaire catholique a compris avant tous les autres que l’homme moderne, remplacera la pensée par les idées, le monde concret par l’abstraction, la distinction des choses par la généralisation et l’indifférenciation, la connaissance par la publicité et le mal par le traitement thérapeutique et la victimisation des criminels ; il a compris que le monde moderne veut le dépassement des nations par une nouvelle superpuissance supranationaliste et impérialiste, la destruction des peuples et leur soumission absolue au culte de l’argent et du commerce.

    Que l’on ne s’y méprenne, notre écrivain n’est pas un pessimiste, en tous cas pas plus que Lord Byron qu’il admire. Cet homme de bon sens se battait pour une société fondée sur la famille et la propriété privée qu’il défendait contre le capitalisme libéral et le communisme marxiste. Pour lui, les vieux principes issus du corpus chrétien permettent de répondre aux défis contemporains. « Le salut pour notre civilisation est dans un retour en arrière », dit-il. Mais prenez garde ! On n’a pas affaire à un passéiste, loin s’en faut. Au contraire, c’est un homme terriblement remuant, un anticonformiste, un polémiste redoutable. Faire revivre le passé ne l’intéressait nullement. En s’insurgeant contre l’homme sans racine, il a trouvé mieux, beaucoup mieux. A savoir que c’est en puisant à la source de notre civilisation, dans ce qu’elle a de vivante, d’organique et d’incarné qu’elle reçoit la force nécessaire pour bondir sur ses ennemis, l’épée à la main, comme Saint-Georges le patron des Anglais. 

    Chesterton face à l’islam de Philippe Maxence, Viva Romana 2014.

    Journaliste culturel, collaborateur au journal La Nation (Lausanne), à la revue Choisir (Genève) et à la Nouvelle Revue Universelle

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