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Famille de France & Patrimoine • Le domaine royal de Dreux sous la neige
La chapelle Royale Saint-Louis de Dreux
D’Ouest en Est, la neige a étendu son long manteau royal aux couleurs de la monarchie, sur la France.
En ce début d’année, nous vous proposons un peu de poésie apaisante grâce à ces photos récentes et superbes du Domaine royal de Dreux sous la neige.
Nous pouvons imaginer que nos petits princes, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite de France ont dû s’en donner à cœur joie. •
(Copyright photos : Natalia Meliashkevich)
Les lieux où résident les Princes
La statue de Saint-Louis trône dans le parc recouverte de son blanc manteau
Les jardins du Domaine Royal de Dreux
Les jardins du Domaine Royal de Dreux
Les petits amis à plumes du Prince Gaston sortent du poulailler après l’averse de neige.
Source : La Couronne
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Livres & Société • La quête buissonnière de Sylvain Tesson
Un terrible accident lui avait fait frôler la mort ; sauvé par un faisceau de prodiges chirurgicaux, il s’est relevé douloureusement, l’organisme laminé par de multiples séquelles, qui auraient justifié une retraite égrotante et sédentaire.
Mais l’arpenteur des steppes, l’amoureux des immensités sauvages ne l’a pas accepté : chargé d’un lourd fardeau de douleurs et d’un sac allégé, sans tente mais bourré de médicaments, il a repris la route à pied, cette fois à travers la France, de la frontière italienne au nord du Cotentin.
C’est donc au long d’un itinéraire de reconstruction personnelle que nous suivons Sylvain Tesson, qui a choisi « les chemins noirs » de notre territoire ; noirs comme le tracé des cartes IGN qui figurent les chemins, pistes et layons de nos campagnes et de nos forêts, et tout spécialement ceux qui sillonnent encore, s’ils subsistent, les pays d’hyper-ruralité ; c’est par ce terme en effet que nos hiérarques du développement économique et de l’aménagement du territoire désignent les zones peu habitées, frappées d’enclavement, de sous-équipement, et autres calamités propres à ce qu’il est convenu d’appeler maintenant « la France périphérique ».
Ce parcours rustique, inconfortable, le plus souvent solitaire, nous vaut un ouvrage méditatif, qui sent bon la nature par tous les temps, jalonné de rencontres savoureuses avec d’autres solitaires, donc le plus souvent brèves et lapidaires. Notre paladin des chemins noirs est aussi un poète aux accents parfois rimbaldiens qui nous fait partager avec un bonheur sobre les aubes glorieuses, les courbes paisibles et les rochers tourmentés ; nous goûtons avec lui la fraîcheur sucrée des mûres du chemin, la mélancolie des villages désertés, la surprise de chevreuils qui détalent, le repos sur les marches moussues d’un calvaire oublié.
Par ailleurs, les détours qu’il s’impose pour éviter les zones périurbaines clinquantes et bétonnières lui inspirent des commentaires ironiques sur la religion du progrès, et la dictature vulgaire du mercantilisme mondialisant, qui ne sont pas sans rappeler la verve de Jean Raspail.
Enfin, et ce n’est pas le moindre charme du livre, cette lecture nous rapproche d’un homme à la personnalité attachante et sensible, une sorte de vagabond-mousquetaire à l’œil pointu, que son accident a perclus mais non fourbu, et qui a su magnifiquement reconquérir sa liberté. •
Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson, Gallimard, 15 €, 142 pages. -
Histoire & Actualité • Éric Zemmour : « René Grousset, cet historien d'antan qui parle de nous »
René Grousset, « un immense historien »
Par Eric Zemmour
CHRONIQUE - A propos d'une histoire universelle écrite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, par un immense historien. La réédition bienvenue d'un chef-d'œuvre lumineux [Le Figaro - 14.12.2016]. Zemmour la commente en la comparant aux réalités et aux idées en vogue aujourd'hui. Passionnant. LFAR
L'histoire monde est à la mode. Nos historiens contemporains jouent à saute-mouton avec les frontières, les civilisations et les époques. Entre mépris du « roman national » et adaptation à la mondialisation, leur démarche se veut transgressive et se croit originale. Ils nous trompent et se trompent. Leurs prédécesseurs ne les ont pas attendus. On se souvient bien sûr de la somptueuse histoire du capitalisme de Fernand Braudel. Moins connu, mais non moins talentueux, René Grousset nous a légué, lui aussi, une histoire universelle, mais où le politique et le culturel sont privilégiés. Elle est écrite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce qui explique sans doute l'impression crépusculaire de fin du monde qui s'exprime dans le titre choisi : bilan de l'histoire.
Cette réédition est fort judicieuse. On a toujours intérêt à lire les historiens des temps passés. Il n'y a pas de progrès en histoire, seulement de nouvelles approches, répondant aux questions que les contemporains se posent. Les textes des grands historiens du passé sont en eux-mêmes une borne historique. Leur prose claire et élégante fait honneur à la langue française, et honte au jargon abscons et prétentieux des universitaires d'aujourd'hui. Leur liberté de ton et d'expression leur donne rétrospectivement une allure iconoclaste à nos yeux et nos esprits hantés par les menaces judiciaires du politiquement correct.
René Grousset serait aujourd'hui accusé d'islamophobie, car il ne fait aucune distinction entre islam et islamisme ; de germanophobie quand il analyse l'histoire allemande comme le retour récurrent « des mauvais rêves qui montent par moments de son tempérament de demi-barbare à son cerveau de civilisée » ; ou encore de complotisme, lorsqu'il explique les motivations avant tout commerciales de l'entrée en guerre des États-Unis du président Roosevelt : « Mais les marchés se fermaient. L'autarcie allemande, l'autarcie soviétique, l'autarcie japonaise… posaient à l'hôte de la Maison-Blanche les plus graves problèmes. » Il serait cloué au pilori par toute l'Université française pour son plaidoyer pourtant fort convaincant sur les Croisades.
René Grousset est tout pourtant sauf un franchouillard borné. Ayant rejoint le général de Gaulle à Londres, il ne dissimule pas sa gratitude envers « nos amis » anglais et américains ; même le régime stalinien de l'URSS est gratifié d'un éloge qui sonne curieusement à nos oreilles nourries d’antitotalitarisme : « un régime qui donne en stabilité, une continuité d'action, tout ce qu'on recherchait naguère en régime monarchique. » René Grousset fut par ailleurs conservateur en chef des musées Guimet et Cernuschi ; et a voué une grande part de son œuvre à la connaissance des cultures orientales.
Un fou d'Asie, de son histoire, de son art, de sa civilisation, à la manière d'un Chirac mais qui ne se sentirait pas obligé de renier les racines chrétiennes de la France et de l'Europe. Au contraire. Il n'hésite pas à présenter les religions asiatiques comme un christianisme inachevé : « La spiritualité des foules d'Asie et le mérite de leur enquête philosophique restent immenses, leurs virtualités chrétiennes infinies. » On comprend mieux en le lisant l'essor des spiritualités indiennes parmi la jeunesse occidentale des années 1960, et la progression des conversions au catholicisme dans la Chine d'aujourd'hui.
Grousset est un esprit universel justement parce qu'il est français : « qu’il s'agisse de Bossuet ou de Voltaire, notre esprit classique, suivant les habitudes cartésiennes qui constituent son intime essence, simplifie pour mieux comprendre, et, pour être sûr de dominer le réel, le ramène d'office à l'aspect le plus général… l'esprit français légifère dans l'universel. » Pour le meilleur et pour le pire.
Avec notre auteur, c'est pour le meilleur et sa capacité de dégager des lois historiques qui valent pour tous les pays et tous les temps : « À bien lire l'Histoire, aucune civilisation n'est détruite du dehors sans s'être tout d'abord ruinée elle-même, aucun empire n'est conquis de l'extérieur, qu'il ne se soit préalablement suicidé. »
Grousset est un adepte de la « théorie des grands siècles » : chaque nation incarne successivement l'esprit du temps et donne alors ce qu'elle a de meilleur. Puis passe le relais à d'autres, quand le temps du déclin est venu. La France a eu le privilège d'avoir deux grands siècles : le XIIIe et le XVIIe. Et « nos deux plus grands siècles nationaux sont ceux où la discipline latine a été chez nous la plus forte ». On transmettra à Najat Vallaud-Belkacem…
Notre auteur n'a pas attendu Huntington pour raisonner en termes de conflits de civilisations. Et son explication par les décalages chronologiques parle étonnamment à notre époque : « L’islam date ses éphémérides du quatorzième siècle de l'Hégire, et il est exact que nombre de ses fidèles vivent encore à l'époque de notre trecento… ce décalage chronologique constitue pour l'humanité le plus grave péril. La plupart de nos malheurs viennent de ce que les peuples, ne vivant pas à la même époque, n'obéissent pas ni à la même logique, ni à la même morale. Combien de guerres a causées ce dénivellement culturel !»
Grousset n'a pas non plus attendu les théoriciens du « monde plat » pour déceler les virtualités unificatrices et belliqueuses à la fois de la technique : « Tous les peuples désormais se touchent… des peuples que nous venons de voir séparés par des abîmes psychologiques et culturels devront vivre en étroite symbiose, cohabiter dans une maison commune aux parois soudain resserrées, aux cloisons abattues. »
Même la menace du réchauffement climatique ne lui est pas inconnue, qu'il nomme poétiquement « lente saharification de la planète ».
René Grousset n'est pas un prophète ; seulement un grand historien. Un esprit universel, mais enraciné. Une âme ouverte sur toutes les spiritualités de l'univers mais qui reste un chrétien. Une race d'hommes disparue. •
Bilan de l'histoire. René Grousset, Desclée de Brouwer, 387 p., 20,90 €
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Vivent nos princes !
Le duc et la duchesse de Vendôme avec leurs trois premiers enfants, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite. Depuis, le prince Joseph est venu agrandir la famillepar François MarcilhacEn ce début d’année électorale qui verra, au printemps prochain, l’élection d’un nouveau président de la République, et celle d’une nouvelle Assemblée nationale, comment ne pas tourner nos pensées vers nos princes avec encore plus d’attachement et de regret que de coutume ? Le regret, tout d’abord, de leur absence à la tête de l’État, qui débouche sur celui de voir le pays de nouveau livré à ces joutes politiciennes qui lui font tant de mal. Encore ces joutes seraient-elles temporaires et permettraient la nomination d’un président assurant pour les cinq années suivantes une direction ferme du pays dans le seul intérêt des Français : nous pourrions considérer la période qui s’ouvre comme un mal nécessaire. Malheureusement, ce n’est pas le cas. D’autant que le quinquennat n’a fait que raccourcir encore le délai entre deux campagnes tout en conservant le mal inhérent au système que le septennat contenait déjà en lui : confier la charge suprême à celui qui aura su à la fois se montrer le plus habilement démagogue et bénéficier du soutien le plus constant de l’oligarchie.
Malheur républicain
Lors de l’intronisation de Philippe VI, un journaliste de la gauche espagnole avait déclaré sur les ondes françaises se sentir frustré, voire humilié de ne pas pouvoir participer au choix du chef de l’État : il nous enviait, nous, qui avions cette possibilité ! Quelle erreur de perspective ! Il avait la chance de voir se succéder dans la continuité la mieux assurée, l’un incarnant après l’autre l’histoire vivante de sa nation, le fils à son père dans ce lien charnel au peuple qu’entretient toute dynastie royale, et c’est nous, Français, qu’il enviait, nous dont la dynastie nationale est la plus ancienne d’Europe, nous, dont le descendant de saint Louis, de Louis XI, d’Henri IV ou de Louis-Philippe, le petit-neveu de Louis XIV ou de Louis XVIII, pourrait présider à notre destinée, et qui sommes contraints de désigner tous les cinq ans à la tête d’un État millénaire un de ces vulgaires politiciens que des partis politiques coupés des Français et indifférents à l’intérêt national auront indiqués à notre vote ! Qui doit se sentir frustré, voire humilié ? Car le beau choix que voilà ! D’autant, qu’en dépit des primaires, mascarade totalement phagocytée par les partis, les Français n’ont que celui de se prononcer entre des personnalités qui, non contentes d’être quasiment interchangeables, leur ont été imposées ! Humiliés, les Français le sont tous les cinq ans, quand ils sont les victimes de cette supercherie électorale qui leur donne l’illusion d’une souveraineté que les partis politiques, la finance internationale et des institutions supranationales, sans compter des médias aux bottes, ont transformée en songe pathétique. Oui, la démocratie est bien le régime des faux-semblants : faux-semblant d’une souveraineté populaire réduite à jouer les utilités d’un système qui verrouille tous les pouvoirs, faux-semblant d’une opinion publique préfabriquée par des médias aux ordres, faux-semblant d’un État qui ne peut plus assumer ses fonctions régaliennes et assurer les conditions du bien commun, déchiré qu’il est entre les intérêts privés et partisans qui le colonisent et la soumission à des structures politiques, administratives et financières supranationales qui lui interdisent toute décision indépendante. Le roi était empereur en son royaume : aujourd’hui que l’Europe a supprimé jusqu’aux frontières nationales, comment la question d’un souverain vraiment indépendant, à l’intérieur, des factions et, à l’extérieur, d’empires de tous ordres, pourrait-elle encore se poser à une république qui est devenue définitivement le règne de l’étranger ?
Supercherie démocratique
Le premier qui, ayant inventé le mythe de la Volonté générale, s’avisa de dire : «
vous êtes souverains
», et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la supercherie démocratique. Oui, la démocratie humilie le peuple. Et doublement : en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes et les élections présidentielle et législatives pour un mode de désignation libre et sincère ; en le faisant participer, dès lors, à son propre asservissement.Quel qu’il soit, le prochain président appartiendra à une caste politique qui communie dans le renoncement à la France. Car notre inquiétude est décuplée de ce sentiment d’urgence qui nous habite désormais, non pas tant en raison des événements tragiques auxquels la France est confrontée depuis deux ans qu’en raison de ce dont ces événements sont le symptôme : celui de la dislocation progressive de notre nation comme communauté unie, partageant un même héritage et, parfois au cœur même de sa contestation, une même civilisation. Des élites s’autorisant de leur élection démocratique, mais n’en ayant pas reçu le mandat, ont, depuis plusieurs décennies, décidé de changer le visage de la France et largement entamé ce changement.
Un dogme d’État
Ces mêmes élites ont progressivement interdit aux Français, par des lois toujours plus liberticides, de s’opposer à leur politique tout en dénigrant, soit en le ringardisant, soit en le criminalisant, l’héritage national. Le multiculturalisme est devenu un dogme d’État tandis que les antiracistes professionnels font preuve d’un racialisme obsessionnel à partir du moment où il vise les Français de souche. Les mêmes, usant des mêmes procédés, violant parfois le vote explicite des Français, ont livré le pays à une administration supranationale tout en s’attaquant aux fondements de la société et en cherchant à interdire, là encore, tout sursaut. Étrangement, l’avortement est revenu au centre du débat politique à la fin de l’année, contredisant les propos de ceux qui, un peu superficiellement, y voient un sujet lunaire. Mais c’est, avec la complicité d’une droite veule et lâche, pour s’attaquer à la liberté d’expression et d’information – une nouvelle loi liberticide qui, si elle est définitivement adoptée avant la fin février, ne sera pas abrogée de sitôt…
Nous n’avons pas évoqué, en ces premiers jours de janvier 2017, l’actualité politicienne immédiate. Nous en aurons, malheureusement, amplement l’occasion jusqu’au printemps prochain. Nous avons même refusé d’évoquer aucun nom car il s’agissait, auparavant, de rappeler l’essentiel : les conditions de la souveraineté et des libertés, le mal-être du pays, les menaces qui pèsent sur son existence même. Nous avons commencé en parlant de nos regrets. Nous finirons sur notre attachement : il est indéfectible envers nos princes, car ils sont le passé, le présent et l’avenir de la France; son histoire vivante. Sans eux, tout est incertain, leur absence rendant même possible notre disparition comme nation. Avec eux, en revanche, les conditions de la renaissance seront réunies. C’est pourquoi, les vœux que je forme pour la France et pour les Français, je les lui adresse, je les leur adresse à travers ceux que l’Action française, dans son ensemble, forme pour Mgr. le comte de Paris, le dauphin Jean et le jeune prince Gaston. Dans son dernier livre, le Prince écrit :
C’est à nous de redonner son rang à notre pays, d’affronter une globalisation que nous n’avons pas voulue. La France millénaire ne peut perdre son identité. Il est encore temps.
* L’année 2017 ne nous décevra pas si elle nous rapproche du retour du Roi. À nous d’y travailler sans relâche : ce retour dépend aussi de nous car, conclut le Prince,l’avenir appartient à ceux qui agissent
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Primaire à gauche : voyage au bout de l'ennui
Par André Bercoff
TRIBUNE - Dans les sondages, tous les candidats de la primaire de la gauche sont très loin d'accéder au second tour de la présidentielle. André Bercoff, observe cette querelle d'égos socialistes comme « une nuit politique où des ombres se battent à l’aveugle » [Figarovox 6.01]. Il n'est guère plus tendre pour le candidat de la droite, ou dite droite, pas plus que pour l'infernal système des primaires, qui rend intégralement la main au régime des partis, pas plus qu'à la future présidentielle en soi-même. C'est en fait vis à vis du Système que Bercoff est critique. Comme nous. Notre position ? Lire ci-dessus « Vivent nos Princes ! ». Lafautearousseau
Anticipons : la primaire de la gauche socialiste et écologiste sera un jeu de massacre qui n'amusera que ceux qui n'ont rien d'autre à vivre. Déjà, la compétition de droite avait donné un avant-goût de ce que constitue cette aberration qui consiste à remettre en selle la mainmise des partis, alors que l'élection au suffrage universel à deux tours devait consacrer la fin du régime des marques et des succursales et l'accession directe, devant le peuple souverain, d'un homme ou d'une femme qui sollicite ses suffrages. En fait, l'implacable mécanique des primaires enferme le candidat dans un programme plus ou moins rigide composé pour un électorat précis, alors que par la suite, il devra conquérir les votes de la majorité de ses concitoyens. Une chose, en effet, est de capter les faveurs du camp de son cœur de cible, à gauche comme à droite ; une autre est de s'adresser à l'ensemble de la population pour espérer l'emporter au second tour de la présidentielle. Voilà pourquoi François Fillon est obligé de corriger aux entournures son programme sur la Sécurité Sociale, eu égard à la levée de boucliers qu'a suscité son thatchérisme à visage plus ou moins humain. Fillon semblait avoir trouvé la formule miracle : conservateur sur le social et l'identitaire, libéral sur l'économique et le secteur public. Mais les choses étant ce qu'elles sont, le vainqueur du match aller des Républicains, va-t-il connaître, au-delà des millions de ceux qui ont voté pour lui, un retour de bâton du plus fâcheux effet ? Les paris sont ouverts.
Du côté de Valls, également, ces choses-là sont rudes. L'homme du 49.3 devant passer sous les fourches caudines de la primaire, va jusqu'à affirmer que l'alinéa fatal, qu'il dit aujourd'hui vouloir abolir, lui a été imposé. Rires dans la salle, sifflets du public, les sacs de farine sont prêts. L'ancien Premier ministre qui ne voulait plus entendre parler du Parti Socialiste, se voit obligé de ferrailler à gauche toute, afin de rassembler un peuple qui lorgne déjà vers Macron et Mélenchon qui, eux, ont choisi de contourner l'épreuve et de proclamer à tout va leurs programmes de rêve. Ainsi, pour Mélenchon, le retour aux 35 heures réelles, la retraite à 60 ans, la Sécurité Sociale intégrale avec un remboursement à 100% et qu'importe de savoir qui paiera, pourvu qu'on ait l'ivresse des lendemains qui chantent. Quant à Macron, il lui suffit de dire qu'il est en marche. Ses fans le prennent au sérieux, et pas au mot. La suite montrera s'ils auraient dû faire le contraire.
Quant à Benoît Hamon et à Vincent Peillon, ils puisent dans les fondamentaux d'une gauche partie sans laisser d'adresse, en faisant des appels aussi stridents que désespérés aux minorités ethniques, sexuelles ou économiques qui peuvent encore entendre leurs chants de sirènes. Montebourg, quant à lui, affirme que Trump ne fait que l'imiter dans son désir de relocalisation et de démondialisation. Dans cette nuit du politique où des ombres se battent à l'aveugle, chacun cherche son chat en oubliant qu'à cette heure, tous les chats sont gris.
Qui sortira indemne de ces primaires qui ont déjà fait pas mal de victimes et bien entamé, dans sa fragilité chancelante, la termitière des sondages ? Qui votera verra. En attendant, rendons un hommage sincère à ceux de nos représentants qui s'épuisent, pendant des mois, dans ce marathon du tout à l'ego, où l'on sent de plus en plus que l'activité principale consistera à numéroter ses abattis. Surtout que face aux échéances politiques, économiques et communautaires qui nous attendent, le combat ne cessera pas faute de combattants. •
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Après le premier débat de la primaire de gauche : Impressions, soleil couchant...
A la question « A gauche, quoi de neuf ?» ceux qui auront écouté le premier débat de la primaire, hier soir, seront vraisemblablement tentés de répondre « Que du vieux !» ...
Rien d'enthousiasmant, en effet, dans cet affrontement trop long, qui n'en fut d'ailleurs même pas un, mais bien plutôt une espèce de fouillis, terne et plat, très, très ennuyeux, et ce dès les premières minutes ; du redit, rien que l'on ne sache déjà, aucun relief, rien de saillant, de plaisant ; des rivaux, certes, mais surtout des égos, égaux mais en médiocrité ! Le tout entre Sa Suffisance Montebourg et les coups de menton à la Mussolini de Valls, le jeu de Hamon promu valeur montante d'un parti descendant et les inexistants de service luttant désespérément pour tâcher d'exister : rien de très folichon, de très attrayant, vraiment...
Mention spéciale, tout de même, à Vincent Peillon qui a déclaré que « la République a un genou en terre » (puisse-t-il dire vrai !) et qu'il va la relever (puisse-t-il dire faux !).
Il faut donc aller plus loin que le simple commentaire de l'incommentable. Alors que Mélenchon et Macron suscitent un réel intérêt, pas très élevé certes, mais tout de même, cet essoufflement total des vieux chevaux de retour du PS et de ceux qui gravitent autour de lui signifie, tout simplement la fin de la mort de l'ancienne gauche, telle qu'on la connaissait - triomphante ! - depuis 45.
D'abord, dans les années 80-90, ce fut la mort du PC. Souvenez-vous - c'était hier ! - le PC recueillait plus de 25% des voix au plan national (plus de 28 en 46 !), il était le premier parti de France, il dirigeait des communes, petites, moyennes et grandes par centaines, il dirigeait des départements, il avait un groupe important à l'Assemblée nationale. Après 45, et le retournement du PC, d'abord « allié » d'Hitler - suivant l'URSS de Staline - c'était l'époque où ceux qui comptaient parmi les premiers collabos éreintaient ceux qui comptaient parmi les premiers résistants - les royalistes - et le PC s'emparait « légalement » de l'imprimerie ultramoderne de L'Action française. Jacques Duclos, candidat du PC à la Présidentielle de 1969, « faisait » 21,27% des voix, c'est-à-dire qu'il réunissait sur son nom, et sur celui du PC, presque cinq millions de personnes (4.828.285 pour être précis). C'était hier ! A Marseille, dans ces « quartiers nord » qui ont élu le FN Stéphane Ravier aux dernières municipales, François Billoux était élu sans discontinuer, pendant quarante ans, sans alliances...
On sait comment l'énorme forteresse du PC sombra en quelques années, comme le Titanic sombra en quelques heures. L'un et l'autre semblaient, pourtant, insubmersibles...
On a pu croire, alors, que, désormais, les choses allaient rester figées, avec un PS devenu la nouvelle force à gauche, en lieu et place du dinosaure disparu. Ce temps a duré une petite trentaine d'années, et semble bien s'achever, maintenant, sous nos yeux, après le pitoyable épisode de la semble-Présidence de François Hollande, et après beaucoup trop d'épisodes judiciaires et de scandales, qui ont vidé les permanences d'un Parti qui passe son temps à donner des leçons de morale ; qui ont littéralement déboussolé les électeurs, et qui les ont fait s'évaporer dans la nature.
C'est probablement, du reste, l'une des seules choses digne d'intérêt dite ces derniers temps, à gauche : il y a bien, maintenant, « deux gauches irréconciliables » (dixit Manuel Valls), mais aucune des deux ne se fédèrera autour d'un vieux PS, moribond, usé jusqu'à la corde.
L'une se fédère sous nos yeux autour de Mélenchon, qui veut continuer à croire que les vieilleries révolutionnaires ne vont pas mourir, et qui croit sincèrement qu'elles ont encore quelque chose à dire aux citoyens du XXIème siècle.
L'autre se fédère, avec un ravissement presque touchant, presque puéril, autour de Macron, mais un Macron pour qui, précisément, « la gauche », cela ne veut plus rien dire du tout, et qui anime un courant dont les contours sont intraçables, allant de la gauche du centre à la droite de l'ex-gauche : comprenne qui pourra !
Macron est d'ailleurs d'accord sur ce point avec Marine Le Pen, et un nombre probablement majoritaire des Français : le vieux schéma droite-gauche institutionnelles est obsolète, et les électeurs sont maintenant volatiles à l'extrême.
C'est bien à une recomposition totale du Pays légal que nous assistons. Droite-Extrême Droite, PS-PC, c'est dépassé, c'est du passé... •
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Comment les Etats-Unis imposent leur loi
Embargos, lois bancaires, lois anti-corruption… En dix ans, les États-Unis ont imposé de fait leur droit national à nombre de nations européennes. Pour le moment, les pays alliés suivent les procédures, et le payent très cher.
« Je trouve très difficilement des banques pour faire commerce avec l’Iran. Pas pour des raisons juridiques, qui ont en partie disparu suite à l’accord sur le nucléaire, mais parce qu’elles ont peur des incertitudes. Il faut que l’Europe trouve un moyen de faire contrepoint à l’hégémonie de la juridiction américaine quant à la régulation du dollar » , déclarait récemment le directeur financier de Peugeot lors d’un colloque organisé à la Banque de France. L’amende de 8,9 milliards de dollars appliquée à la BNP Paribas en 2014 est dans toutes les têtes. Comment une juridiction américaine a-t-elle pu infliger une punition à une banque française pour des opérations survenues au Moyen-Orient ?
C’est le sujet d’un rapport d’enquête parlementaire publié en octobre dernier sur l’extraterritorialité de la loi américaine. En trente ans, les États-Unis ont monté une juridiction nationale visant à imposer leurs décisions économiques et géopolitiques aux autres nations du monde. Certaines lois sont le fruit d’une volonté locale, comme les lois anti-corruption, d’autres ont un caractère géopolitique défini, tels les embargos décrétés contre des puissances régionales mettant en cause la domination des États-Unis.
Toutes sont désormais au service des intérêts de l’empire. « Un cercle assez étroit de diplomates, hauts fonctionnaires, universitaires et think-tankers est parfaitement conscient (beaucoup plus qu’en Europe et en France en particulier) que le droit a une portée internationale, qu’il peut être un instrument de la diplomatie et de la politique économique internationale, qu’il concourt au soft power. Les intéressés assument l’utilisation du droit extraterritorial comme élément de la puissance américaine » , indique le rapport. Pour ce faire, ils utilisent les zones grises du droit national et international et profitent souvent du monopole financier que leur a procuré l’après-Seconde Guerre mondiale.
Une offensive économique et diplomatique
Ainsi, parce qu’elle utilise 10% de matériel américain, la compagnie Airbus ne peut vendre ses avions à l’Iran, au risque de perdre ses entrées aux États-Unis. Dans le système financier, la situation est plus préoccupante : un transfert en dollars entre une banque française et une banque liée à un pays sous embargo américain entraînant une opération de compensation à Wall Street, toute entité effectuant ce type d’opérations peut subir les foudres de Washington.
Ainsi de la BNP Paribas, laquelle risquait de se voir interdire l’accès aux circuits financiers en dollars en cas de non paiement de son amende. Une éventualité impossible à envisager pour un établissement mondial. Les différentes lois américaines étant très pointues sur la question (FCPA, FATCA, Patriot Act, etc.), toute entreprise étrangère ayant effectué de près ou de loin une transaction avec une entité violant la loi américaine peut être touchée.
C’est particulièrement vrai des sanctions économiques, que le rapport parlementaire décrit comme un « outil alternatif » aux interventions militaires. Une armée de plus de 1000 agents spécialisés y veille, bénéficiant de l’entraide des différents services du renseignement américain. Depuis 2009, année d’une forte accélération des procédures, les entreprises européennes ont versé plus de 40 milliards de dollars de pénalités diverses aux administrations américaines en charge du droit extraterritorial. •
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Libéralisme, que de niaiseries on débite en ton nom !
Le mot est partout, aujourd'hui. Que ce soit pour s'en parer, et le prendre comme un drapeau, ou, à l'inverse, que ce soit pour le vouer aux gémonies, il est difficile d'écouter un discours de candidat ou d'écouter un politologue sans que ce mot de « libéralisme » ne revienne, et plutôt dix fois qu'une...
On peut, tout d'abord, faire remarquer que, comme pour d'autres mots (par exemple, « conservateur »), tout dépend de ce que la personne qui emploie le terme « libéralisme » met dans ce mot.
Cependant, les mots ont, malgré tout, un sens, et, comme le dit avec justesse Edgar Morin, il y a bien trois courants de pensée majeurs, aux XIXème et XXème siècles, trois pensées politiques d'envergure : la pensée de Marx, pour la Révolution, celle de Tocqueville pour le courant libéral, celle de Maurras, pour la pensée réactionnaire.
Voici, pour alimenter le débat, et surtout pour nos jeunes lecteurs, deux passages de Léon Daudet sur le libéralisme, cette « anarchie molle » :
« Je préfère cent fois un révolutionnaire convaincu, même, surtout en réunion publique, à un libéral. Il y a de l'étoffe dans le premier. Il n'y en a pas dans le second. La pire anarchie, c'est l'anarchie molle... » (« Au temps de Judas », page 87) ; « Le libéral est un homme qui vénère le Bon Dieu mais qui respecte le diable. Il aspire à l’ordre et il flatte l’anarchie. Cela dans tous les domaines, notamment l’intellectuel et le politique... (il est l’homme des) « concessions à perpétuité ». « Le libéral domine le XIXème siècle. Il en est l’enseigne et l’orgueil. Ce triomphe seul, s’il en était d’autres, suffirait à stigmatiser une époque. Ce n’est point la rue révolutionnaire, c’est le salon libéral qui est à l’aube des émeutes et des septembrisades. Car sur le terrain social, comme sur le terrain économique et politique, les méfaits du libéralisme sont innombrables, d’autant plus pernicieux qu’ils tiennent à l’erreur des honnêtes gens. C’est ainsi que dans les assemblées dites bonnes, élues sous le signe de la patrie et de la famille, les honnêtes gens font rapidement le lit des coquins… Vous distinguerez d’emblée le libéral à la crainte qu’il a d’être taxé de réactionnaire. Est-il rien de plus beau, de plus net, de plus harmonieux, de plus efficace aussi, je vous le demande, que de s’affirmer en réaction contre la sottise et le mal, ceux-ci eussent-ils pour eux le nombre et la force ? Comment le corps humain sort-il de la maladie ? Par la réaction… Le terme injustement bafoué, vilipendé, honni, de Réaction doit être relevé et repris hardiment, si l’on veut donner la chasse à l’erreur sanguinaire, si l’on veut ramener ici et ailleurs, la vraie paix et les institutions et notions de vie avec la ruine des notions et institutions de mort, honorées au XIXème siècle. » (« Le Stupide XIXème siècle ») •
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Nantes : Conférence de Jean Sévillia ce soir 12 janvier. A ne pas rater !
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Troisième front majeur en Syrie : Raqqa
Par Antoine de Lacoste
Cette note - en quelque sorte une note d'information et de réflexion - fait suite à deux premiers article déjà publiés dans Lafautearousseau : « Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep » et : « Deuxième front majeur en Syrie : la Province d'Idlib ». On s'y rapportera avec profit. LFAR
Après Alep (qui se termine) et Idlib (qui pourrait commencer bientôt), le troisième front majeur en Syrie est celui de Raqqa, la capitale de l'Etat islamique.
Pour bien comprendre les enjeux de la guerre en Syrie et les stratégies militaires qui en résultent, il faut avoir bien présent à l'esprit que l'Etat islamique règne aujourd'hui sur un territoire assez restreint et bien loin de ce que l'on appelle la Syrie utile. Il ne s'étend finalement que le long de l'Euphrate, depuis le nord de Raqqa jusqu'à Deir er Zor vers l'est et la frontière iraquienne.
Les Russes ont, depuis le début de leur intervention, négligé de s'attaquer à ce territoire dépourvu d'intérêt stratégique. Cela leur a été beaucoup reproché mais l'urgence n'était pas là. Il fallait dans un premier temps bloquer la progression des milices islamistes dans la province d'Idlib (cf. notre article précédent) puis chasser des grandes villes les insurgés. Ce fut fait à Homs, Damas (même si la campagne proche à l'ouest est toujours occupée) et Alep maintenant.
Il y a fort à parier que l'armée russe ne va toujours pas organiser d'offensive contre Raqqa. Il semble en effet plus important de sécuriser d'autres zones : l'est d'Alep, l'ouest de Damas (la fameuse Ghouta où le Roi Louis VII perdit une partie de son armée lors de la désastreuse deuxième croisade) et Idlib bien sûr.
La force de l'Etat islamique a longtemps résidé dans le fait que la frontière turque lui était ouverte, ce qui permettait l'acheminement incessant d'armes et de volontaires venus du monde entier. Mais il a fini par se heurter à la volonté des kurdes de saisir l'occasion de cette guerre pour, enfin, se tailler un territoire dans le nord de la Syrie. Ils sont en effet majoritaires dans de nombreuses petites villes de cette région et si une neutralité réciproque avait été trouvée avec l'armée syrienne, la présence de l'Etat islamique dans cette région a permis aux kurdes de bénéficier de l'aide américaine pour l'en expulser.
Cette offensive s'est traduite par la fameuse bataille de Kobané qui, après des bombardements massifs de l'aviation américaine, a permis aux Kurdes de chasser l'Etat islamique de cette ville en janvier 2015 et de le couper de la frontière turque.
On se doute qu'Erdogan n'a pas assisté au dénouement de cette bataille avec beaucoup d'allégresse. Une enclave kurde sur sa frontière syrienne est pour lui inacceptable mais la présence des Américains sur le théâtre d'opérations lui interdisait évidemment toute initiative.
L'intervention russe va tout changer.
Dans un premier temps tout va mal entre Poutine et Erdogan. Ce dernier n'avait en effet qu'une obsession : la chute de Bachar pour d'une part créer l'arc sunnite avec ses amis Saoudiens et Qataris et d'autre part devenir le nouveau sultan de la région. Son ambition démesurée était telle qu'il en a perdu le sens commun. En donnant l'ordre d'abattre un bombardier russe il s'attaquait en réalité à plus fort que lui.
La réconciliation ayant eu lieu aux conditions dictées par Poutine, la Turquie a reçu l'aval russe pour franchir la frontière syrienne, et avec l'aide de milices plus ou moins islamistes armées par elle, de s'attaquer concomitamment aux Kurdes et à l'Etat islamique.
Faire faire le travail par d'autres est vieux comme le monde, mais Poutine a, une fois de plus, apporté la démonstration de sa supériorité stratégique. Dans cette affaire il a surtout convaincu Erdogan de ne plus faire de la chute de Bachar une priorité absolue. En échange, il le laissait intervenir contre les Kurdes, obsession de la Turquie et enjeu mineur pour la Russie. Bien sûr, il y a ces milices armées par la Turquie qui finiront pas poser problème, mais ce n'est pas le plus important pour le moment.
Bachar ne voit pas d'un très bon œil cette situation. Il craint évidemment que les Turcs ne se retirent plus et ne veut pas avaliser le fait qu'il ne pourra jamais reconquérir l'ensemble du territoire syrien.
C'est une vraie divergence avec Moscou, la seule importante pour le moment. Les Russes ne croient pas l'armée syrienne capable de tenir l'ensemble du territoire, même avec l'aide des Iraniens et du Hezbollah libanais. Tenir la Syrie utile serait déjà un beau retournement de situation alors qu'en 2013 Hollande voulait bombarder Damas et qu'en 2015 Lattaquié risquait d'être sous le feu des canons islamistes.
En tout état de cause c'est Poutine qui décide et Bachar ne peut guère se permettre de le contredire. •
A lire aussi dans Lafautearousseau ...
Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep
Deuxième front majeur en Syrie : la Province d'Idlib
[Merci de ses transmissions à Philippe Lallement]
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L'irréversible processus de crétinisation de la gauche française
Par Gilles William Goldnadel
CHRONIQUE - Manuel Valls, Ségolène Royal, Vincent Peillon, Audrey Azoulay ou Benoît Hamon... Gilles-William Goldnadel recense les « fadaises, billevesées et autres coquecigrues » qui ont ces derniers jours alimenté le débat public [Figarovox - 9.01]. Avec son style, sa dialectique percutante, ses idées, ses préoccupations propres, qu'on n'est pas forcé de toutes partager, Goldnadel dit ici les quatre vérités de la gauche d'aujourd'hui. Et il a raison. LFAR
Les dernières déclarations de M. Peillon m'autorisent plus que jamais à poser cette question : la gauche française n'est-elle pas entrée dans un processus irréversible de crétinisation ? Cette question est sérieuse, elle ne se veut ni blessante ni offensante, mais elle s'impose plus que jamais.
Un livre savoureux reste à écrire pour décrire comment un parti d'intellectuels souvent prestigieux aura perdu son crédit et son sérieux par le truchement de ses fadaises, billevesées et autres coquecigrues.
Ainsi, pour prix des voix LGBT était-il absolument nécessaire de souscrire à la théorie du genre avant que de la nier ?
Sans parler de son jargon jargonnant pour faire société et vivre ensemble grâce à l'en commun inclusif.
Je sais bien que les socialistes organisent une primaire qui porte en l'espèce bien son nom. Je sais bien qu'ils sont tenus de complaire, ce verbe est cruel, à leur clientèle des terres neuves, mais tout de même, un Peillon n'est pas un Hamon, pris dans une trappe électorale.
Par quelle funeste magie un être aussi lettré peut-il se laisser aller à comparer le sort du mahométan d'aujourd'hui à l'israélite d'hier ? Pourquoi faut-il m'obliger à l'exercice ingrat de devoir rappeler que les juifs en 1940 ne massacraient personne en invoquant leur Dieu et que fort heureusement aucun enfant musulman n'a été massacré dans une école ou un supermarché ?
Ainsi donc , en voulant fustiger niaisement Vichy et la lepenisation, M. Peillon aura contribué à la plénélisation des esprits ou du moins de ce qu'il en restait au parti socialiste.
En réalité, on pourrait avancer que les gauches européennes sont en train de payer leur goût immodéré de l'étiquette. J'entends par là leur addiction pour l'essentialisme, autre nom du préjugé religieux, racial, sexuel ou social et leur détestation symétrique de la réalité dérangeante.
Pour la gauche, le musulman doit porter en toutes circonstances et par tous les temps, même contre les évidences météorologiques, l'étiquette de victime.
Sauf que les temps ayant changé et les étiquettes valsé, la gauche s'est ridiculisée.
Mais, étrangement, elle continue à ne pas s'en apercevoir et poursuit son étiquetage saugrenu sans en mesurer le prix sur son crédit.
C'est ainsi que la gauche télévisuelle de service public, dans le cadre de l'Émission Politique sur la deuxième chaîne continue d'échantillonner les téléspectateurs sélectionnés pour poser des questions à leur invité selon un étiquetage idéologique stéréotypé.
Pour poser une question à M. Valls, il était apparemment indispensable de sélectionner une musulmane voilée qui se plaignait de sa condition victimaire. L'étiquetage devient rituel : c'est ainsi qu'au mois de janvier 2016, la chaîne invitait une certaine Wiam Berhouma pour porter la contradiction la plus offensante à Alain Finkielkraut dans l'émission « des paroles et des actes ».
Cette femme était, renseignements aisément pris, une proche du Parti des Indigènes de la République, organisation que certains esprits chagrins étiquettent de raciste. Par une coïncidence cosmique la femme voilée questionnant Manuel Valls, Mme Trabelsi, est également proche du Parti précité et admiratrice de M. Ramadan. Le jeune et sympathique étudiant choisi dans l'émission politique également en 2016 pour questionner Nicolas Sarkozy présentait un profil assez voisin.
Notons que dans la même émission, les sélectionneurs, sans doute dans un esprit d'équilibre idéologique, se sont sentis dans l'obligation d'inviter Cédric Herrou, activiste No Border en Provence et renvoyé devant le tribunal correctionnel pour avoir convoyé des sans-papiers. Dans la presse convenue, il est plus convenable d'étiqueter son geste « délit de solidarité » et tant pis s'il revient à s'octroyer le pouvoir souverain de décréter lui-même le droit d'asile au lieu et place des autorités républicaines. Il est vrai que ses amis de la Gisti, dans le cadre de la peillonnisation des esprits, se plaisent à étiqueter semblables individus comme des « Justes ». Au-delà de la comparaison scabreuse, les risques pris par les uns hier et par les autres à présent, ne semblent pas identiques, au regard de la jurisprudence pratiquée aujourd'hui par nos juges bienveillants.
Notons encore que M. Valls, qui hier encore morigénait Mme Merkel pour l'ouverture des portes et fenêtres de l'Allemagne aux migrants venus d'Orient, était tout d'un coup bien timide devant le sans frontières arrogant. Hier encore, étiqueté Jules Moch sur son képi, qui sait si demain ce n'est pas l'étiquette de Jules Guesde que Manuel portera sur sa casquette.
Certains - ou certaines - pratiquent un auto étiquetage essentialiste de la même farine désormais étouffante. C'est ainsi que dans Le Monde, Ségolène Royal s'affuble elle-même de l'étiquette sinon de femme battue, au moins d'injustement traitée ès qualités. En avant-première d'une émission sur la chaîne « Toute l'histoire », notre ministre explique sérieusement à un Gérard Miller, psychanalyste cathodique qui l'écoute religieusement, que les critiques qui lui ont été adressées lorsqu'elle a dit la « vérité » sur Cuba étaient de nature sexiste…
Et d'appeler révolutionnairement à la « transgression féminine ».
Pas moins.
Bien entendu, la gauche n'est pas avare d'épithètes pour les étiquettes sur ses adversaires. « Fachos », « populistes », « islamophobes », « extrême droite ». Ce genre d'étiquetage ne déchiquette plus méchamment depuis que les dents des étiqueteurs sont élimées.
Et depuis que le curseur qui fixe les extrémités du planisphère politique a changé un peu de mains.
Les islamo-gauchistes de la Seine-Saint-Denis m'ont évidemment étiqueté de raciste et certains de nazi pour avoir moqué l'étiquetage « colonie juive de Jérusalem ». Étrange appellation géographique. La valse des étiquettes fait place aux étiquettes Valls, puisque c'est sous son ministère que l'étrange arrêté qui plaît tant dans le 93 aura été pris. À voir un terroriste, sympathisant de l'État islamique, se déchaîner hier au volant de son camion à Jérusalem, en employant contre les « colons juifs » la même conduite que son compère de Nice, on comprendra qu'il est des petits étiquetages qui grandissent.
L'appellation sur la Toile connaît aussi la loi de l'étiquette. Ainsi du droit contesté pour les gueux et les fâcheux de contester les aristocrates de la presse convenable. Voilà la bien fâcheuse sphère rageusement étiquetée « fachosphère ». Apparemment nos aristocrates sont moins fâchés par une islamosphère ou une gauchosphère innommées et pourtant peu avares d'étiquetage racial. Rien à sphère. La gauche, c'est bien connu, a l'étiquette sélective.
Le meilleur - ou le pire - pour la fin et l'illustration du processus de crétinisation. Dans un étrange et dernier hommage à Michel Déon, notre ministre de la Culture, Audrey Azoulay a cru devoir étiqueter politiquement et pour l'éternité le dernier des hussards : « Malgré sa proximité avec les thèses de Charles Maurras, il gardait en littérature une totale liberté dans ses choix » (Le Figaro, Bertrand de Saint-Vincent).
Imagine-t-on un seul instant, un ministre de la Culture de droite rendant un hommage mérité à la liberté créatrice de Louis Aragon « malgré sa proximité avec les thèses de Joseph Staline » ?
Tout est là peut-être. La gauche avait Aragon et elle avait Ferrat. Elle avait tort, sans doute, mais elle faisait rêver et chanter. Aujourd'hui, elle a Peillon, Hamon et Azoulay . Elle fait encore pleurer. •
« "Fachos" , "populistes" , "islamophobes", "extrême-droite". Ce genre d'étiquetage ne déchiquette plus méchamment depuis que les dents des étiqueteurs sont élimées. »
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
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On a les héros qu'on peut ! Les héros qu'on veut ...
Mémorial Léon Blum {Israël)
Cambadélis a voté Léon Blum ! Il s'agissait pour lui et pour le PS - ce lundi 9 janvier - de la simulation de vote destinée à vérifier la bonne préparation de la primaire de la gauche : il fallait tester les bureaux de vote, le bon déroulement du vote proprement dit et tutti quanti... Quatre bulletins « d'essai » avaient été imprimés : l'un portait le nom de Léon Blum (choisi, donc, par Cambadélis), ce Léon Blum qui n'a pas su utiliser le temps dont il disposait, avant la guerre, pour armer la France, alors qu'Hitler transformait l'Allemagne en forge de Vulcain ; les trois autres noms étant Jean Jaurès (le pacifiste plus que naïf, qui fit pourtant baptiser ses enfants, et ne renia jamais sa foi chrétienne, en pleine période d'hystérie antichrétienne de la jeune IIIe République...), Colette Audry (très connue dans son immeuble), et la sinistre Louise Michel : vous savez, cette communarde qui mit le feu à Paris, en détruisant des trésors d'art inestimables, notamment le Palais des Tuileries. « Paris sera à nous ou n'existera plus ! », disait-elle, illustrant parfaitement l'esprit révolutionnaire ; et s'inscrivant dans la ligne d'un Carrier, qui déclarait « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre façon ! »
Nous laisserons Jean-Christophe Cambadélis à ses amitiés si surprenantes. Et nous préférerons, puisque nous sommes le 11 janvier, faire mémoire d'une autre personnalité, autrement sympathique, et ô combien plus attachante : le Maréchal de Lattre de Tassigny (mort le 11 janvier 1952).
Il disait : « A la Grèce, nous devons surtout notre raison logique. A Rome, nos maximes de droit et de gouvernement. Mais à l'Evangile nous devons notre idée même de l'homme. Si nous renions l'Evangile, nous sommes perdus. »
Combien cela nous change d'un Blum ou d'une Louise Michel ! Voilà, certes, un modèle, un ami, bien préférable à ceux de Jean-Christophe Cambadélis !...
Et comme ses mots sonnent juste, au moment où l'Europe subit sa troisième agression par l'Islam : après les deux premières agressions militaires (celle de 711, par l'Espagne et Gibraltar, et celle de 1453, par Constantinople) voici l'agression démographique et mentale, tout aussi dangereuse.
Et pour s'y opposer, quoi ?
Comme le disait Chateaubriand - à qui la phrase de de Lattre fait écho - « Chassez le christianisme et vous aurez l'Islam... » •
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Les recettes anti-jihadistes de M. Fillon
Par Péroncel-Hugoz
La propulsion au premier rang des candidats à l’élection présidentielle française de 2017 du néo-gaulliste François Fillon, au détriment des « favoris » Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, a provoqué une ruée sur les écrits récents de cet homme politique discret, lus par notre confrère. On aura intérêt à les connaître, sans omettre de noter les interrogations qui les accompagnent.
Le plus vendu, le plus lu, le plus commenté des nouveaux livres de M. Fillon paraît être Vaincre le totalitarisme islamique (Albin Michel, 2016, 155 p.). L’islam fait vendre, tous les éditeurs européens le savent depuis dix ou quinze ans. Beaucoup d’auteurs écrivant sur ce thème se copient les uns les autres... L’ancien chef de gouvernement du président Sarkozy a-t-il fait oeuvre originale dans l’essai pré-cité ?
Il ne suffit pas en effet de se placer soi-même sous les prestigieuses égides d’Albert Camus, Richelieu, Montaigne, Renan, Hannah Arendt, voire d’invoquer la Sagesse persane, sans oublier, évidemment, Charles de Gaulle, pour être soi-même à la hauteur. Mais laissons toute idée préconçue et allons directement aux textes de François Fillon !
Quelques citations
Chers lecteurs, jugez donc par vous-mêmes !
« [Après les premiers attentats dans Paris], de nombreux intellectuels, vexés sans doute d’avoir découvert à cette occasion ce peuple auquel ils ont confisqué la parole depuis quelques décennies [ont mis en doute la gravité de la situation] ».
« Il y a tellement de « loups solitaires » qu’ils ont fini par constituer une meute ! ».
« Pour reprendre l’écrivain [algérien] Boualem Sansal : « La France a fait montre de cécité, naïveté, ignorance ».
« Sur les six premiers mois de 2016, 550 attentats ont été recensés, soit plus de 4.000 morts, soit trois attentats par jour [dans le monde] ».
« Le serpent change de peau, non de nature ! » (adage persan).
« Après la Révolution de 1789, la France s’est trouvée une autre religion mensongère et idolâtre : la démocratie et la laïcité », écrit le magazine francophone de l’Etat islamique, dans sa livraison du 12 février 2015 ».
« En Syrie, Poutine a fait preuve d’un pragmatisme froid mais efficace (...). La Russie a obtenu en six mois ce que les Etats-Unis et leurs alliés n’ont pu réaliser depuis 2014 ».
« Nous avons refusé, par peur de stigmatiser, par souci de ne pas blesser, de faire le lien entre religion et terrorisme », etc., etc.
Après les constats, les remèdes...
S’il est élu à l’Elysée au printemps 2017, voici les quatre mesures « concrètes » que M. Fillon promet d’édicter aussitôt, dans le cadre des lois françaises existantes :
- Le « bannissement perpétuel » de la France sera appliqué à certains Français ou étrangers résidents dans l’Hexagone, sur le modèle de ce que décréta Danton, sous la Révolution, à l’encontre des nationaux ayant pris les armes contre le pays, et dont le nombre est à présent estimé à 2.000. (Notons que peu de temps après avoir, jadis, édicté la même mesure, Danton fut guillotiné par ordre de son rival Robespierre, lui-même étant décapité ensuite...). Conséquence de ce bannissement : la nationalité française sera retirée aux bannis, avec effet « immédiat et effectif ».
- Les individus, convaincus « d’entretenir des intelligences avec une puissance ou une organisation étrangère, en vue de susciter des actes d’agression contre la France », seront punis de trente ans de détention criminelle.
- « Expulsion sans délai du territoire national, avec interdiction d’y revenir, aux étrangers de mouvance intégriste et tenant des propos incompatibles avec les valeurs de la République française ».
- Surveillance sévère d’« Internet, devenu l'un des meilleurs sergents recruteurs de Daech » sur le modèle de la surveillance des banques pratiquant le blanchiment d’« argent sale », avec si besoin est, sous contrôle d’un juge, coupure de l’accès à la Toile.
Comme l’écrit le général de Gaulle, dans le tome II de ses « Mémoires de guerre » : « L’optimisme va bien à qui en a les moyens...»
M. Fillon a-t-il ces moyens ? Et ses concurrents ?... Réponse mi-2017 Inchallah !
Repris du journal en ligne marocain le360 du 6.01.2017
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Service militaire : gare au contresens
François Fillon a préféré s’esquiver plutôt que d’affronter au Parlement l’ahurissante loi orwellienne sur le délit d’entrave à l’avortement. Soit. Au palais Bourbon, d’autres députés ont sauvé l’honneur dans un combat d’amendements digne de Camerone.
Jean-Frédéric Poisson, le seul candidat qui eût abrogé la loi Taubira, en est. Pourtant, à part les 70 000 suffrages qui se sont portés sur son nom, les catholiques français n’ont pas jugé bon de soutenir leur champion naturel à la primaire. Dont acte. Cela lui laissera le temps d’améliorer son programme sur la Défense.
Car si sortir de l’OTAN est une intention louable, rétablir le service militaire est en revanche un contresens qui, de surcroît, a pu lui aliéner le suffrage des premiers intéressés. De plus, les chefs d’état-major ne demandent pas d’augmenter les effectifs. Ils veulent des soldats volontaires, qualifiés, polyvalents et donc des professionnels engagés sur plusieurs années. Revenus à la vie civile, ces « jeunes vétérans » sont des ambassadeurs plus enthousiastes que des conscrits déçus par un service médiocre.
Les besoins actuels ne justifient pas l’appoint de 400 000 hommes… et femmes (?). Sur une classe d’âge de 700 000 personnes, l’armée française incorporait en effet près de 200 000 hommes. Ils ont été remplacés par 100 000 soldats professionnels, mieux payés, mieux entraînés et moins nombreux, si bien qu’on a pu se passer de l’élite diplômée des « aspis » du contingent.
Rétablir le service militaire imposerait de retrouver des infrastructures qui n’existent plus et de recruter des cadres pour la formation initiale. Avec les coûts d’entraînement, la facture dépasserait les 10 milliards d’euros, proche du budget d’équipement de nos armées, pour un effet militaire très faible.
Il est vrai que la formule, bien utilisée, avait ses mérites : brassage social dans un cadre structurant, endurcissement, goût de l’effort, solidarité, patriotisme. Elle profitait surtout aux moins favorisés, ce qui explique son retour en grâce actuel. Mais l’armée française, modernisée, n’en a plus ni les moyens ni les structures. Pour tenir son rang, elle doit consacrer 40% du budget à son équipement.
Lui confier une mission sociale et pédagogique étrangère à sa mission de défense est possible. Elle sait faire, mais c’est une décision politique qu’il faudra payer cher.
On peut répondre à moindres frais à ces justes préoccupations sociales. Il suffit de rétablir dans ses droits et ses protections la famille naturelle et de favoriser une nouvelle école qui instruise, au service de familles qui éduquent.Les 100 milliards engloutis tous les ans par le mammouth totalitaire de l’éducation nationale, mieux utilisés, devrait y suffire amplement sans que le coût d’une telle opération repose entièrement sur la Défense dont ce n’est pas la mission première. •