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  • La guerre civile aura bien lieu

     

    par Jean-Pierre Fabre-Bernadac 

    Tous les facteurs – politiques, économiques, sociaux – d’une crise majeure sont réunis. Pour Jean-Pierre Fabre, à l’origine de cette situation qui risque de dégénérer en conflit explosif, il y a une idéologie : le multiculturalisme. C'est ce qu'il expose dans la dernière livraison de Politique magazine.

     

    « Cela va exploser ! » « La situation va dégénérer ! » « La France est mûre pour la guerre civile ! »…

    Voilà des expressions que l’on entend chaque jour aussi bien dans les cafés du commerce que dans les bureaux les plus feutrés. Ces mots sont dits avec fatalisme ou répulsion, mais ils explicitent une prise de conscience. Ils indiquent mieux que de longues phrases l’état d’une société.

    Dans une situation explosive, il faut deux protagonistes pour s’affronter. Actuellement nous en avons trois : la population autochtone encore enracinée venant généralement des peuples d’en bas, la masse migratoire communautarisée et souvent islamisée et les « élites » mondialisées et « boboïsées » issues des classes supérieures. La confrontation de ces diverses strates de populations et la lente maturation de ce face à face conduit inexorablement à la guerre civile ou au minimum à une intervention de la force armée.

    Je ne suis pas le seul à le penser.

    Des voix se font entendre partout en Europe

    Eric Zemmour explique ainsi depuis longtemps que, pour lui, « la guerre civile est inévitable » en France. Michel Onfray n’est pas en reste qui, parlant du polémiste, s’écrit : « La France est dans une situation de guerre civile, et l’on n’est plus capable de débattre. » Il y a un mois, Yvan Rioufol écrivait un livre spécifique sur le sujet : « La guerre civile qui vient ». Enfin, Jean Raspail, interrogé par Boulevard Voltaire le 28 avril dernier, prédit le pire : « Il n’y aura pas de solution sans force et comme la force ne peut s’employer qu’avec une certaine violence, il n’y aura pas de solution sans une certaine violence. Ce n’est pas ce que je souhaite, c’est ce que je vois. »

    Cette levée de bouclier n’est pas le fait de l’hexagone. Dans toute l’Europe des voix se font entendre qui expriment une forte inquiétude devant les évolutions de nos sociétés. En Allemagne :  Henryk Broder et Necla Kelek. Aux Pays-Bas : Geert Wilders. Au Danemark : Nicolai Sennels. En Italie : Oriana Fallaci. D’autres, d’origine musulmane, comme Hamid Zanaz, Boualem Sansal (2084) Zineb El Rhazoui et Ayan Hirsi Ali font entendre aussi leur voix discordantes.

    Derrière eux, la peur et la colère s’emparent d’une partie des peuples européens. Ces émotions fortes traduisent des positions politiques radicales voire activistes. Même les pays européens réputés jusque là pour leur esprit de tolérance tels la Suède, le Danemark, la Norvège, la Finlande se sont joints à ce mouvement. Tous sont les porte-voix d’une réalité que des gouvernants inconscients, irresponsables et cyniques ne veulent prendre en compte.

    Pourtant, ils font une erreur, celle de brandir leurs justes analyses comme des épouvantails et non comme une réalité future. Ils sont les sonneurs d’une destinée funeste, les annonceurs d’un conflit incompris des puissants mais veulent croire encore que l’ont peut stopper le cataclysme.

    L’origine du mal

    Pour moi nous n’en sommes plus là, la tragédie s’est codifiée, la guerre civile est devenue inexorable. La lente érosion durant cinquante ans de notre société, sans qu’aucune autorité ne se dresse pour la stopper, à entraîner cette conjoncture. Aujourd’hui, il ne s’agit plus que d’une simple question de temps avant que l’incendie ne se propage.

    Mon but n’est pas d’émettre un jugement sur ce type de lutte armée et de jouer un rôle moralisateur. Mon but est d’analyser l’enchaînement futur de ce conflit intérieur inéluctable.

    Mais d’abord, quelles en sont les causes ?

    Tout vient au départ de l’idéologie multiculturaliste qui ignore les réalités d’une cohabitation impossible entre des populations vivant sous le même toit. Cela a commencé par la disparition progressive des civilités qui autorisent un vivre ensemble paisible. Puis par l’ethnicité des zones de non droit. Ensuite ce fut l’apparition de clans criminels allant de pair avec le mépris puis la haine du pays d’accueil. Enfin émergea la montée d’un Islam radical et revendicatif se nourrissant dans les banlieues d’un manque d’idéal. Si vous ajoutez une crise économique mondiale qui n’en finit pas et une perte de pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires, vous obtenez tous les ingrédients d’un cocktail Molotov qui n’attend plus qu’une mèche pour exploser.

    Pendant ce temps, nos fausses élites, telles des autruches, ont mis la tête dans le sable de peur de découvrir la réalité : l' « Homo Universalis » n’est qu’une vue de l’esprit conduisant à l’abîme. 

  • Academos : « Une seul attitude pour les royalistes : militer, à temps et à contretemps, et soutenir le Prince »

     

    Un commentaire reçu hier d'Academos à propos de

    Le prince Jean explique le sens de son récent voyage en Syrie : « Témoigner de l'amitié de la France »  [Lafautearousseau 4.05]

     

    JBD Résolution 150.jpg« Voilà un point de vue qui me confirme dans mon avis sur le Prince : il est là, il envoie des signes forts (comme on dit dans le jargon) mais certains ne savent pas les voir ni les entendre. Le Prince et sa famille modèle sont la présence sereine, calme, le recours, le remède à côté du mal lorsque la France en aura besoin, quand le Système (comme en 39 ou en 58) s'effondrera. Une seule attitude pour les royalistes : militer, à temps et à contretemps, et soutenir le Prince, « l'Héritier des siècles », là aussi à temps et à contretemps. Pas de sinistrose, de grincheries, de passéismes; le temps est à se préparer pour les évènements graves qui arrivent, et ce sera pour la France, avec le Prince. » •

    Nous ajouterons deux points :

    1. Telle est bien la ligne que maintient notre quotidien. Laquelle est d'ailleurs l'un des fondamentaux de l'Action française : le soutien aux princes d'Orléans, devenus les héritiers de la tradition royale française à la suite du comte de Chambord, Henri V de France.

    2. Ce n'est pas trahir un grand secret que de dire qu'Academos est le pseudonyme qu'utilise François Davin dans nos commentaires. Et ce nous est l'occasion de rendre hommage à celui sans qui ce blog n'aurait pas été créé en 2007 et n'aurait pas eu l'expansion qu'il a connue. François Davin continue d'ailleurs d'y participer au quotidien.

     

    L'équipe de Lafautearousseau

     

  • Le prince Jean explique le sens de son récent voyage en Syrie : « Témoigner de l'amitié de la France »

    Le prince Jean de France au Krak des Chevaliers 

     

    ENTRETIEN. L'héritier des rois de France, le prince Jean, accompagnait Mgr Rey en Syrie, du 28 mars au 2 avril dernier, semaine pascale. Il a donné à Politique magazine l'entretien qui suit [Numéro de mai – Chrétiens d’Orient, encore un souffle]

     

    P Jean Syrie.jpgMONSEIGNEUR, POUVEZ-VOUS EXPLIQUER VOTRE PRÉSENCE EN SYRIE AVEC LA DELEGATION FRANCAISE

    Mgr Rey est un ami. Il sait que j'ai tissé des liens forts avec le Proche-Orient. En octobre dernier, il m'a donc demandé de prononcer quelques mots après un concert caritatif organisé à Toulon au profit de SOS Chrétiens d'Orient. La recette a permis de financer une maison pour handicapés à Yabroud, ce qui me tenait à coeur. Quand il m'a proposé de l'accompagner en Syrie pour ce voyage, je n'ai pas hésité une seconde.

    PARLEZ-NOUS DE CES LIENS...

    Je ne connaissais pas la Syrie, mais je me suis rendu à quatre reprises au Liban. A chaque fois dans des perspectives différentes : politiques, sportives, amicales... J'y ai même présidé le bal des débutantes en 2010 ! Au Liban ou en Syrie, il me semble qu'en tant qu'héritier des rois de France, descendant de saint Louis et de François Ier, mon rôle est de donner un témoignage vivant de l'amitié historique qui unit notre pays et les chrétiens d'Orient. Et tant pis pour les vicissitudes politiques du moment. D'ailleurs, pour ma part, je ne vois pas comment on pourrait ne pas intégrer Assad dans la résolution du conflit sans risquer un chaos complet.

    CE N'EST PAS LA POSITION ACTUELLE DE NOTRE GOUVERNEMENT.. QUE PENSEZ-VOUS DE LA SITUATION EN SYRIE ?

    L'erreur est de plaquer nos habitudes de pensées et nos notions propres sur les réalités complexes de l'Orient. Hélas, c'est ce que font la plupart des médias occidentaux ! Ici, c'est l'équilibre confessionnel qui détermine le « vivre ensemble ». C'est pourquoi je suis persuadé que la voix de l'Église est très importante, car elle est à la fois réaliste et modérée. Minoritaires, les chrétiens sont aujourd'hui un symbole d'espérance pour ce pays. Ils reconstruisent écoles, logements, églises... Aidons-les à se réinstaller ! Cela facilitera le rétablissement des relations entre communautés. De mon côté, j'y trouve un encouragement à continuer mon travail sur l'enracinement, action que je mène avec mon association Gens de France auprès des jeunes générations et en particulier celles d'origine immigrée...

     

  • Mathieu Bock-Côté : « L'homme sans civilisation est nu et condamné au désespoir »

     

    A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Mathieu Bock-Côté a accordé un entretien fleuve à FigaroVox [29.04] où il proclame son amour de la France et fait part de son angoisse de voir le multiculturalisme détruire les identités nationales. Nous avons souvent dit notre proximité avec la réflexion de Mathieu Bock-Côté et, pour cette raison, l'avons beaucoup cité. Cette proximité de fond se révèle ici une fois de plus.  LFAR 

     

    En tant que Québécois, quel regard portez-vous sur la société française ?

    Je m'en voudrais d'abord de ne pas dire que j'aime profondément la France et que j'hérite d'une tradition très francophile, autrefois bien présente chez nous, qui considère encore un peu votre pays comme une mère-patrie. La France, en un mot, ne nous est pas étrangère. Vous me pardonnerez ces premiers mots, mais ils témoignent de mon affection profonde pour un pays avec lequel les Québécois entretiennent une relation absolument particulière. En un mot, j'ai le sort de la France à cœur!

    La pénétration de l'idéologie multiculturelle, que vous dénoncez dans votre livre, est-elle en France aussi forte que dans les pays d'Amérique ?

    Le multiculturalisme prend un visage tout à fait singulier au Canada. Au Canada, le multiculturalisme est inscrit dans la constitution de 1982, imposé de force au Québec, qui ne l'a jamais signé. Il a servi historiquement à noyer le peuple québécois dans une diversité qui le privait de son statut de nation fondatrice. Pierre Trudeau, le père de Justin Trudeau, était radicalement hostile au peuple québécois, à son propre peuple, qu'il croyait traversé par une tentation ethnique rétrograde. C'était faux, mais c'était sa conviction profonde, et il voulait désarmer politiquement le Québec et le priver de sa prétention à constituer une nation.

    Dans l'histoire du Canada, nous étions un peuple fondateur sur deux. Avec le multiculturalisme d'État, on nous a transformés en nuance identitaire parmi d'autres dans l'ensemble canadien. Il faut rappeler ces origines oubliées du multiculturalisme canadien à ceux qui n'en finissent plus d'idéaliser un pays qui a œuvré à oblitérer sa part française.

    Je vous donne au passage ma définition du multiculturalisme, valable au-delà du contexte canadien : c'est une idéologie fondée sur l'inversion du devoir d'intégration. Traditionnellement, c'était la vocation de l'immigré de prendre le pli de la société d'accueil et d'apprendre à dire nous avec elle. Désormais, c'est la société d'accueil qui doit se transformer pour accommoder la diversité. La culture nationale perd son statut: elle n'est plus qu'un communautarisme parmi d'autres. Elle devra toutefois avoir la grandeur morale de se dissoudre pour expier ses péchés passés contre la diversité.

    Retour au Canada. Au fil du temps, le multiculturalisme canadien s'est autonomisé de sa vocation antiquébécoise et en est venu à représenter paradoxalement le cœur de l'identité canadienne. Il a remplacé ce qu'on pourrait appeler l'identité historique canadienne par une identité idéologique fondée sur la prétention. Ce qui tient lieu d'identité commune au Canada aujourd'hui, et cela plus encore depuis l'arrivée au pouvoir de Justin Trudeau, que la France regarde étrangement d'un air enamouré, c'est le sentiment d'être une superpuissance morale, exemplaire pour l'humanité entière, une utopie réussie représentant non seulement un pays admirable, mais la prochaine étape dans le progrès de l'humanité.

    L'indépendantiste québécois que je suis a un regard pour le moins sceptique devant cet ultranationalisme canadien qui conjugue la fierté cocardière et l'esprit post-moderne.

    Plus largement, au Canada, le multiculturalisme sert de machine à normaliser et à banaliser les différences les plus extrêmes, les moins compatibles avec ce qu'on appellera l'esprit de la civilisation occidentale ou les mœurs occidentales. C'est le pays du communautarisme décomplexé, c'est aussi celui où on peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux et du premier ministre, qui y voit une marque admirable de tolérance.

    C'est le pays qui banalise sous le terme d'accommodements raisonnables un relativisme généralisé, qui peut aller très loin. C'est le pays où certains iront même jusqu'à dire que le niqab est peut-être même le symbole par excellence de la diversité canadienne, puisque son acceptation par les élites témoigne de la remarquable ouverture d'esprit de ceux qui le dirigent et des institutions qui le charpentent. Pour le dire autrement, le Canada pratique un multiculturalisme à la fois radicalisé et pacifié.

    En France, le multiculturalisme semble moins agressif ...

    Il domine aussi l'esprit public mais n'est pas nécessairement revendiqué par les élites, qui entretiennent, à travers la référence aux valeurs républicaines, l'idéal d'une nation transcendant sa diversité. On sait bien que la réalité est autre et que la référence républicaine s'est progressivement désincarnée et vidée de sa substance nationale depuis une trentaine d'années.

    En fait, la France fait une expérience tragique du multiculturalisme. Elle se délite, se décompose sous nos yeux, et la plupart de mes interlocuteurs, ici, me confessent avoir une vision terriblement pessimiste de l'avenir de leur pays. J'ajoute, et je le dis avec tristesse, que les Français semblent nombreux, lorsque leur pays est attaqué, à se croire responsable du mauvais sort qu'ils subissent, comme s'ils avaient intériorisé pleinement le discours pénitentiel occidental, qui pousse nos nations à s'autoflageller en toutes circonstances.

    Le multiculturalisme s'est imposé chez vous par une gauche qui, depuis le passage du socialisme à l'antiracisme, au début des années 1980, jusqu'à la stratégie Terra Nova, en 2012, a été de moins en moins capable de parler le langage de la nation, comme si cette dernière était une fiction idéologique au service d'une majorité tyrannique désirant écraser les minorités.

    Il s'est aussi imposé avec l'aide des institutions européennes, qui sont de formidables machines à dénationaliser les peuples européens.

    La droite, par ailleurs, toujours prompte à vouloir donner des gages au progressisme, a peu à peu abandonné aussi la nation, ou s'est du moins contentée de la définir de manière minimaliste en en évacuant l'histoire pour retenir seulement les fameuses valeurs républicaines.

    Le multiculturalisme est la dynamique idéologique dominante de notre temps, et cela en Amérique du nord comme en Europe occidentale. Chez les élites, il suscite la même admiration béate ou la même passion militante. Il propose toujours le même constat: nos sociétés sont pétries de stéréotypes et de préjugés, elles sont fermées à la différence et elles doivent se convertir à la diversité pour enfin renaître, épurées de leur part mauvaise, lavées de leurs crimes. Pour emprunter les mots d'un autre, le multiculturalisme se présente comme l'horizon indépassable de notre temps et comme le seul visage possible de la démocratie.

    La gauche européenne, en général, y voit d'ailleurs le cœur de son programme politique et idéologique.

    Je note autre chose: le multiculturalisme est partout en crise, parce qu'on constate qu'une société exagérément hétérogène, qui ne possède plus de culture commune ancrée dans l'histoire et qui par ailleurs, renonce à produire du commun, est condamnée à entrer en crise ou à se déliter. Lorsqu'on légitime les revendications ethnoreligieuses les plus insensées au nom du droit à la différence, on crée les conditions d'une déliaison sociale majeure.

    Mais devant cette crise, le multiculturalisme, loin de s'amender, loin de battre en retraite, se radicalise incroyablement. Pour ses thuriféraires, si le multiculturalisme ne fonctionne pas, c'est qu'on y résiste exagérément, c'est que les nations historiques, en refusant de s'y convertir, l'empêchent de transformer pour le mieux nos sociétés selon les termes de la promesse diversitaire.

    Il faudra alors rééduquer les populations pour transformer leur identité et les amener à consentir à ce nouveau modèle: on cherche, par l'école, à fabriquer un nouveau peuple, ayant pleinement intériorisé l'exigence diversitaire. On cherchera à culpabiliser les peuples pour les pousser à enfin céder à l'utopie diversitaire.

    C'est la tentation autoritaire du multiculturalisme, qui est tenté par ce qu'on pourrait appeler une forme de despotisme qui se veut éclairé.

    Quels sont les points communs et différence avec la France ?

    L'histoire des deux pays, naturellement n'est pas la même. La France est un vieux pays, une vieille culture, une vieille civilisation qui se représente généralement comme un monde commun à transmettre et non comme une utopie à exporter, même si la révolution française a eu un temps cette tentation.

    En un mot, la France a des ressources inouïes pour résister au multiculturalisme même si elle ne les mobilise pas tellement le discours culpabilisateur inhibe les peuples et les convaincs que l'affirmation de leur identité relève de la xénophobie et du racisme.

    Mais encore une fois, il faut le dire, c'est le même logiciel idéologique qui est à l'œuvre. Il repose sur l'historiographie victimaire, qui criminalise les origines de la nation ou réduit son histoire à ses pages noires, sur la sociologie antidiscriminatoire, qui annihile la possibilité même d'une culture commune, dans la mesure où elle n'y voit qu'une culture dominante au service d'une majorité capricieuse, et sur une transformation de la démocratie, qui sera vidée de sa substance, dans la mesure où la judiciarisation des problèmes politiques et le transfert de la souveraineté vers le gouvernement des juges permet de désarmer institutionnellement un peuple qu'on soupçonne de céder au vice de la tyrannie de la majorité.

    En un mot, si l'idéologie multiculturaliste s'adapte à chaque pays où elle s'implante, elle fait partout le même diagnostic et prescrit les mêmes solutions: c'est qu'il s'agit d'une idéologie, finalement, qui pose un diagnostic global et globalement négatif sur l'expérience historique occidentale.

    Vous définissez aussi le multiculturalisme comme la créature de Frankenstein du marxisme. Mais cette idéologie est née dans les pays anglo-saxons de culture libérale. N'est-ce pas paradoxal ?

    Je nuancerais. Le multiculturalisme comme idéologie s'est développée au cœur des luttes et contestations qui ont caractérisé les radical sixties et les radical seventies et s'est alimenté de références idéologiques venant des deux côtés de l'Atlantique. Par ailleurs, de grands intellectuels français ont joué un rôle majeur dans la mise en place de cette idéologie, née du croisement d'un marxisme en décomposition et des revendications issues de la contre-culture. Michel Foucault et Alain Touraine, par exemple, ont joué un grand rôle dans la construction globale de l'idéologie multiculturaliste. En fait, je dirais que la crise du progressisme a frappé toutes les gauches occidentales. Chose certaine, il ne faut pas confondre l'idéologie multiculturaliste avec une simple expression globalisée de l'empire américain. C'est une explication trop facile à laquelle il ne faut pas céder.

    En France, vieux pays jacobin qui a fait la révolution, le multiculturalisme reste contesté malgré la conversion de la majorité de nos élites …

    Il est contesté partout, il est contesté au Québec, il est contesté en Grande-Bretagne, il est contesté aux États-Unis, il est aussi contesté chez vous, cela va de soi. Sur le fond des choses, le refus du multiculturalisme repose sur le refus d'être dépossédé de son pays et de voir la culture nationale transformée en identité parmi d'autres dans une citoyenneté mosaïque. Il serait quand même insensé que la civilisation française devienne optionnelle sur son territoire, certains pouvant s'en réclamer, d'autres pas, mais tous cohabitant dans une fausse harmonie que de vrais propagandistes nommeront vivre-ensemble.

    Le drame de cette contestation, c'est qu'elle est souvent inhibée, disqualifiée ou criminalisée. La simple affirmation du sentiment national a longtemps passé pour de la xénophobie plus ou moins avouée, qu'il fallait combattre de toutes les manières possibles. D'ailleurs, la multiplication des phobies dans le discours médiatique, qui témoigne d'une psychiatrisation du débat public: on veut exclure du cercle de la respectabilité démocratique ceux qui sont attachés, d'une manière ou d'une autre, à l'État-nation.

    On ne sortira pas de l'hégémonie multiculturaliste sans réaffirmer la légitimité du référent national, sans redonner ses lettres de noblesse à un patriotisme enraciné et décomplexé.

    Depuis quelques années, on observe également en France la percée d'un féminisme identitaire qui semble tout droit inspiré de Judith Butler. Quelle a été son influence au Québec et plus largement en Amérique du Nord? Ce féminisme est-il une variante du multiculturalisme ?

    Ce féminisme est dominant dans nos universités et est particulièrement influent au Québec, surtout dans une nouvelle génération féministe très militante qui voit dans la théorie du genre l'expression la plus satisfaisante d'une certaine radicalité théorique qui est pour certains une drogue dure. La théorie du genre, en d'autres mots, est à la mode, très à la mode (et elle l'est aussi plus généralement dans les universités nord-américaines et dans les milieux culturels et médiatiques), et il est mal vu de s'y opposer. Il faut pourtant dire qu'elle est portée par une tentation nihiliste radicale, qui entend tout nier, tout déconstruire, au nom d'une liberté pensée comme pure indétermination. C'est le fantasme de l'autoengendrement. La théorie du genre veut éradiquer le monde historique et reprendre l'histoire à zéro, en quelques sortes, en abolissant la possibilité même de permanences anthropologiques.

    On peut certainement y voir une autre manifestation de l'héritage des radical sixties et de l'idéologie diversitaire qui domine généralement les départements de sciences sociales et au nom de laquelle on mène la bien mal nommée lutte contre les discriminations - parce qu'à force de présenter toute différence à la manière d'une discrimination, on condamne toutes les institutions à la déconstruction. Devant Judith Butler, la tentation première est peut-être de s'esclaffer. Je comprends cela. Il faut pourtant prendre son propos très au sérieux, car sa vision des choses, et plus largement, du courant néoféministe qu'elle représente, est particulièrement efficace dans les milieux qui se veulent progressistes et craignent par-dessus tout de ne pas avoir l'air assez à gauche.

    Depuis les attentats de janvier 2015, le débat autour de l'islam divise profondément la France. Cette question est-elle aussi centrale en Amérique du Nord? Pourquoi ?

    Elle est présente, très présente, mais elle est l'est de manière moins angoissante, dans la mesure où les communautarismes ne prennent pas la forme d'une multiplication de Molenbeek, même si la question de l'islam radical et violent inquiète aussi nos autorités et même si nous avons aussi chez certains jeunes une tentation syrienne.

    Mais la question du voile, du voile intégral, des accommodements raisonnables, se pose chez nous très vivement - et je note qu'au Québec, on s'inquiète particulièrement du multiculturalisme. Nos sociétés sont toutes visées par l'islamisme. Elles connaissent toutes, aussi, de vrais problèmes d'intégration.

    Généralisons un peu le propos : partout en Occident, la question de l'Islam force les pays à se poser deux questions fondamentales: qu'avons-nous en propre, au-delà de la seule référence aux droits de l'homme, et comment intégrer une population qui est culturellement très éloignée, bien souvent, des grands repères qui constituent le monde commun en Occident ?

    Cela force, à terme, et cela de manière assez étonnante, plusieurs à redécouvrir la part chrétienne oubliée de notre civilisation. Non pas à la manière d'une identité confessionnelle militante, évidemment, mais tout simplement sous la forme d'une conscience de l'enracinement.

    Les musulmans qui arrivent en Occident doivent accepter qu'ils arrivent dans une civilisation qui a longtemps été le monde chrétien, et où sur le plan symbolique, l'héritage chrétien conserve une prédominance naturelle et légitime.

    Cela ne veut pas dire, évidemment, qu'il faille courir au conflit confessionnel ou à la guerre des religions: ce serait désastreux.

    Mais simplement dit, la question de l'islam nous pousse à redécouvrir des pans oubliés de notre identité, même si cette part est aujourd'hui essentiellement culturalisée.

    L'islamisme et ses prétentions hégémoniques ne sont-ils pas finalement incompatible avec le multiculturalisme qui suppose le « vivre ensemble » ?

    L'islamisme a un certain génie stratégique: il mise sur les droits consentis par les sociétés occidentales pour les retourner contre elles. Il se présente à la manière d'une identité parmi d'autres dans la société plurielle: il prétend s'inscrire dans la logique du multiculturalisme, à travers lui, il banalise ses revendications. Il instrumentalise les droits de l'homme pour poursuivre l'installation d'un islam radical dans les sociétés occidentales et parvient à le faire en se réclamant de nos propres principes. Il se présente à la manière d'une identité parmi d'autres qui réclame qu'on l'accommode, sans quoi il jouera la carte victimaire de la discrimination. C'est très habile. À travers cela, il avance, il gagne du terrain et nous lui cédons. Devant cela, nous sommes moralement désarmés.

    Il faudrait pourtant se rappeler, dans la mesure du possible, que lorsqu'on sépare la démocratie libérale de ses fondements historiques et civilisationnels, elle s'effrite, elle se décompose. La démocratie désincarnée et dénationalisée est une démocratie qui se laisse aisément manipuler par ses ennemis déclarés. D'ailleurs, au vingtième siècle, ce n'est pas seulement au nom des droits de l'homme mais aussi au nom d'une certaine idée de notre civilisation que les pays occidentaux ont pu se dresser victorieusement contre le totalitarisme. Du général de Gaulle à Churchill en passant par Soljenitsyne, la défense de la démocratie ne s'est pas limitée à la défense de sa part formelle, mais s'accompagnait d'une défense de la civilisation dont elle était la forme politique la plus achevée.

    Comment voyez-vous l'avenir de la France. Le renouveau conservateur en germe peut-il stopper l'offensive multiculturaliste de ces 30 dernières années ?

    On dit que la France a la droite la plus bête du monde. C'est une boutade, je sais, mais elle est terriblement injuste.

    Je suis frappé, quant à moi, par la qualité intellectuelle du renouveau conservateur, qui se porte à la fois sur la question identitaire et sur la question anthropologique, même si je sais bien qu'il ne se réclame pas explicitement du conservatisme, un mot qui a mauvaise réputation en France.

    Je définis ainsi le conservatisme : une philosophie politique interne à la modernité qui cherche à la garder contre sa tentation démiurgique, contre la tentation de la table-rase, contre sa prétention aussi à abolir l'histoire comme si l'homme devait s'en extraire pour se livrer à un fantasme de toute puissance sociale, où il n'entend plus seulement conserver, améliorer, transformer et transmettre la société, mais la créer par sa pure volonté. Le conservatisme rappelle à l'homme qu'il est un héritier et que la gratitude, comprise comme une bienveillance envers le monde qui nous accueille, est une vertu honorable. C'est une philosophie politique de la finitude.

    Réponse un peu abstraite, me direz-vous. Mais pas nécessairement: car on aborde toujours les problèmes politiques à partir d'une certaine idée de l'homme. Si nous pensons l'homme comme héritier, nous nous méfierons de la réécriture culpabilisante de l'histoire qui domine aujourd'hui l'esprit public dans les sociétés occidentales. Ce que j'espère, c'est que la renaissance intellectuelle du conservatisme en France trouve un débouché politiquement, qui normalement, ne devrait pas être étranger à l'héritage du gaullisme. Pour l'instant, ce conservatisme semble entravé par un espace politique qui l'empêche de prendre forme.

    Et pour ce qui est du multiculturalisme, on ne peut bien y résister qu'à condition d'assumer pleinement sa propre identité historique, ce qui permet de résister aux discours culpabilisants et incapacitants. Il faut donc redécouvrir l'héritage historique propre à chaque pays et cesser de croire qu'en l'affirmant, on bascule inévitablement dans la logique de la discrimination contre l'Autre ou le minoritaire. Cette reconstruction ne se fera pas en quelques années. Pour user d'une image facile, c'est le travail d'une génération.

    Le multiculturalisme peut-il finalement réussir le vieux rêve marxiste de révolution mondiale? La France va-t-elle devenir les Etats-Unis ou le Canada ?

    À tout le moins, il s'inscrit dans la grande histoire du progressisme radical et porte l'espoir d'une humanité réconciliée, délivrée de ses différences profondes, où les identités pourraient circuler librement et sans entraves dans un paradis diversitaire. On nous présente cela comme une sublime promesse: en fait, ce serait un monde soumis à une terrible désincarnation, où l'homme serait privé de ses ancrages et de la possibilité même de l'enracinement. L'homme sans histoire, sans culture, sans patrie, sans famille et sans civilisation n'est pas libre: il est nu et condamné au désespoir.

    En un sens, le multiculturalisme ne peut pas gagner : il est désavoué par le réel, par la permanence de l'authentique diversité du monde. Il pousse à une société artificielle de carte postale, au mieux ou à la décomposition du corps politique et au conflit social, au pire. Et il est traversé par une vraie tentation autoritaire, chaque fois. Mais il peut tous nous faire perdre en provoquant un effritement de nos identités nationales, en déconstruisant leur légitimité, en dynamitant leurs fondements historiques.

    Et pour la France, permettez-moi de lui souhaiter une chose: qu'elle ne devienne ni les États-Unis, ni le Canada, mais qu'elle demeure la France.

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    Propos recueillis par Alexandre Devecchio@Alex_devecch

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • En voilà un qui ne manque pas de toupet ! Le relance par le migrant ... Ben voyons !

    Source : Site Le Figaro

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  • Mode vestimentaire musulmane : et si nous en tirions un enseignement ?

     

    par Yves Morel

     

    La polémique

    De grandes sociétés commerciales de produits vestimentaires (Dolce et Cabana, Marks & Spencer, H & M, Uniqlo) se lancent à la conquête de la clientèle musulmane, désormais très présente sous nos latitudes, et lui proposent des gammes de vêtements aussi couvrants qu’élégants. En France, cette offensive commerciale donne lieu à une polémique, surtout depuis que Mme Laurence Rossignol, ministre des Droits des Femmes, a fustigé ces grandes maisons, complices objectives de l’asservissement de la gent féminine à la Charia, allant même, dans son emportement, jusqu’à dérailler au point de comparer l’attitude des musulmanes adeptes de cette mode vestimentaire (qualifiée d’islamique), à celle des « nègres » (sic!) d’Amérique qui, au milieu du XIXè siècle affirmaient préférer demeurer des esclaves humiliés mais nourris par leurs maîtres plutôt que de devenir des hommes libres à la dignité enfin reconnue, mais sans moyens de subsistance. Si l’emploi de cette épithète raciste de « nègre » a valu à Mme Rossignol des volées de bois vert de toutes les associations antiracistes « et pour l’amitié entre les peuples » (un adhérent du FN ou même de la droite « républicaine » aurait eu droit à une assignation judiciaire), elle a reçu le soutien de toutes les organisations féministes.

    Une dizaine d’entre elles félicitent la ministre d’avoir « réagi avec force et indignation à la banalisation du port du voile islamique ». Mme Danielle Bousquet, présidente du « Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes » (cela ne s’invente pas) estime que la ministre « a eu raison de dénoncer l’irresponsabilité des grandes marques qui, au nom du profit, n’hésitent pas à reprendre à leur compte une stratégie fondamentaliste politico-religieuse ». Mme Badinter, elle, appelle à boycotter ces produits. Les hommes de gauche (ou tout simplement « républicains ») ne sont pas en reste. M. Gilles Clavreul, « délégué interministériel, chargé de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » (Diantre !) vole au secours de Mme Rossignol « dont le seul crime est de défendre la dignité et la liberté des femmes contre les noces barbares du cynisme marchand et de la bigoterie ».

    Héroïque Laurence Rossignol, émule laïque de sainte-Geneviève, qui tente d’arrêter les barbares modernes. Pierre Bergé, millionnaire affairiste de la haute couture se juge fondé à prodiguer des leçons de morale à ses confrères : « Renoncez au fric, ayez des convictions. Vous êtes là pour embellir les femmes », leur a-t-il lancé avec un bel aplomb. Un bel aplomb, oui, car ce chevalier qui vole au secours de la femme opprimée (en même temps que des gays) a montré, tout au long de sa carrière, que lui-même ne renonçait pas facilement au « fric », tout au contraire (cf ses condamnations passées pour délit d’initié, etc…) et qu’au cours des années 1960, il vendait (force publicité à l’appui) des vêtements orientaux totalement couvrants destinés aux musulmanes et promus dans ses catalogues où l’on pouvait voir des femmes voilées (par ses soins). Notre Premier ministre lui-même y est allé de son couplet : « Ce que représente le voile, non ce n’est pas un phénomène de mode, non ce n’est pas une couleur qu’on porte, non c’est un asservissement de la femme ».

    Comment ne fondrions-nous pas devant tant de protestations indignées émanant de si irréprochables professeurs de vertu ?

    Ils ont pourtant tout fait pour en arriver là

    En vérité, l’irruption, en Europe occidentale, de cette mode vestimentaire islamique est riche de méditations auxquelles se livrer, et d’enseignements à tirer.

    Tout d’abord, de quoi se plaignent tous ces républicains et gens de gauche ? Durant des décennies, tout particulièrement pendant toutes les années 1980 et tout le septennat de M. Mitterrand, ils n’ont cessé de promouvoir le droit à la différence dans tous les domaines, d’inciter les immigrés à ne pas s’assimiler à notre société et, au contraire, à promouvoir leur propre culture d’origine, en opposition à la nôtre. Dans certains hypermarchés, des pancartes étaient rédigées en arabe à leur intention. Il était jugé très seyant d’arborer la fameuse épinglette « Touche pas à mon pote ». Les socialistes affirmaient qu’ainsi « la France s’enrichirait de ses différences » (propos de Gérard Collomb, entre bien d’autres) ; M. Mitterrand déclarait, sur le ton péremptoire de l’exigence comminatoire : « Je veux qu’on bouscule les traditions, les habitudes et les usages français » (pas à l’Elysée, ni à Latché, cependant), tandis que son épouse Danielle défendait expressément « le port du tchador » (à vrai dire, elle confondait voile et tchador).

    Eh bien, c’est fait : nos musulmans ne se sentent pas français, n’aiment pas la France, rejettent peu ou prou notre société, ne souhaitent pas s’y intégrer, et se contentent d’une citoyenneté purement juridique et du respect superficiel de nos lois. Ils s’amarrent à qui mieux mieux à leur culture d’origine, et, pour quelques-unes d’entre eux, basculent dans l’islamisme radical. Ils n’ont que faire de nos principes républicains, libéraux, démocratiques et laïques, cherchent à nous imposer leur mode de vie, leurs coutumes alimentaires, le respect de leur religion, et fustigent nos femmes, trop libérées et découvertes à leur gré. Nos gens de gauche, et d’ailleurs presque toute notre classe politique, notre intelligentsia, nos « élites », ont voulu cela, et ont fait en sorte que cela advienne. Il est donc tout à fait déplacé, voire scandaleux, de leur part, de critiquer certains des effets, pourtant très prévisibles, de la situation qu’ils ont eux-mêmes créée. Et il n’y a rien d’étonnant, ni même de scandaleux (d’un point de vue strictement logique) à ce que, dans une société « polyethnique et multiculturelle », cultivant à l’envi la « diversité » et le « droit à la différence », en laquelle le marché est devenu l’étalon unique de toute valeur, les musulmanes achètent des vêtements conformes aux exigences éthiques de la culture arabe et de l’islam.

    Et il n’y a rien de scandaleux, non plus, du même point de vue, à ce que des sociétés de confection et de vente de vêtements, cherchent à attirer cette clientèle. L’apparition de cette mode vestimentaire musulmane n’est que l’une des très nombreuses et très logiques conséquences de toute notre politique d’immigration, suivie depuis le début des années Mitterrand, et préparée dès avant, avec la loi Pleven en faveur des immigrés (1972) et le décret Giscard d’Estaing-Chirac-Durafour autorisant le regroupement familial (1976). Et elle constitue une preuve de plus de l’inanité de notre modèle républicain d’intégration.

    Mais elle nous interpelle également au sujet de notre conception de la dignité de la femme. Mme Rossignol et autres nous présentent ces musulmanes élégamment couvertes comme des êtres dégradés, asservis et dénaturés au point d’aimer leur servitude et d’en assurer la défense, l’illustration et la promotion.

    En vérité, qui est asservi ? Qui est libre ?

    Mais enfin, Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs les Députés (imitons le langage rituel des débats de notre Assemblée nationale), mesdames et messieurs les femmes et hommes politiques, les haut(e)s fonctionnaires, les journalistes et autres hérauts (et héros ?) de la modernité, de la « diversité » et de la « multiculturalité » (en même temps que de la « liberté »), réfléchissez un tout petit peu et appliquez à vous-mêmes et à vos propres idées la salutaire distance critique que vous préconisez pour l’examen de quantité de questions relatives à notre identité culturelle, à notre passé et à tout ce qui va à l’encontre de votre vision du monde. Après tout, comment pouvez-vous être si certains que toutes les femmes musulmanes voilées sont ces créatures asservies, humiliées, dégradées et aliénées que vous présentez, et que nos femmes occidentales prétendûment libérées et souvent vêtues de manière provocante sont des personnes humaines fières et dignes, maîtresses de leur corps et de leur âme, saines d’esprit, droites de jugement, éclairées et moralement supérieures ?

    En réalité, tout montre que les secondes, sous l’apparence d’une libération provocante, sont complètement asservies à un univers perverti par une sexualité débridée et une marchandisation de toutes les « valeurs » et du corps (qu’il s’agisse de celui de la femme ou de l’homme). L’Occidental, homme ou femme, n’est plus qu’un obsédé de la chair, qui voit et met du sexe partout, et en fait la seule dimension de l’existence et la seule finalité de notre espèce, ravalée au rang de l’animal. Il se croit libre, mais n’a jamais été aussi aliéné qu’à notre époque frelatée. Est-il donc impensable, dans ce contexte, qu’une jeune fille, une jeune femme arabo-musulmane saine d’esprit, intelligente, digne, un peu fière, ayant une certaine force de caractère, fasse le choix de vivre conformément à une éthique religieuse qui prescrit le refus de la mise à l’étalage de la chair et de la réduction du corps à un objet (convoité mais méprisé) de concupiscence, soumis aux lois du commerce ? S’il existe incontestablement des femmes asservies à la tyrannie des mâles et à une conception obscurantiste de la religion, dans beaucoup de cas, le port de vêtements couvrants illustre le refus de la décadence matérialiste, mercantile et perverse de notre société occidentale et le choix d’un mode de vie plus digne, plus moral et plus respectueux du corps et de la dignité de la femme, en même temps que de l’homme.

    Dans les amphis, les bibliothèques universitaires, les médiathèques des grandes villes, on peut voir des jeunes filles et des jeunes femmes studieuses, intelligentes, instruites, cultivées, saines de corps et d’esprit, tout à fait capables de jugement et de libre arbitre, et qui pourtant, conformément aux préceptes de leur éthique religieuse, portent le voile traditionnel (qui laisse apparaître leur visage) ; et on peut gager sans risque qu’elles sont, du point de vue intellectuel et moral infiniment plus libres et maîtresses d’elles-mêmes et de leur corps que bien des écervelées françaises de souche légèrement vêtues, adonnées à toutes les frasques sexuelles possibles, accros à tous les sites pornographiques, et qui se bousculent dans les boîtes de nuit , discothèques et autres salles de spectacle.

    Contradiction et échec de notre modèle républicain

    On ne peut pas à la fois souhaiter que notre nation devienne le melting pot de toutes les cultures jusqu’à voir son identité profondément altérée, et refuser les conséquences naturelles de l’introduction des cultures étrangères en France. Lors de la mémorable émission du 26 septembre dernier On n’est pas couché, M. Yann Moix lançait à la figure de Mme Morano (qui avait commis le crime inexpiable de définir notre nation comme étant « de tradition judéo-chrétienne et de race blanche ») que « demain, la France sera peut-être musulmane », et que l’observation de notre valeur républicaine de laïcité imposait de ne surtout rien tenter pour prévenir cette évolution. Seulement voilà : M. Yann Moix se trouve justement, en tant que républicain démocrate et libéral, hostile à l’islamisme et à toutes les tenues vestimentaires musulmanes qui lui paraissent asservir la femme. Eh bien, mon cher Monsieur, c’est bien regrettable : vous ne pouvez pas, sans une insoutenable contradiction, accepter l’islamisation de la France et rejeter les préceptes moraux et les coutumes de l’islam. Accepter l’islamisation de notre nation dans le cadre républicain, laïque et libéral, c’est vouloir tracer un cercle carré.

    En définitive, cette polémique autour de mode vestimentaire dite islamique est une excellente occasion de nous remettre en question, de nous interroger sur la prétendue supériorité absolue de notre modèle républicain ouvert à tous les vents et censément propre à intégrer les cultures les plus diverses. En cela, cette mode est plutôt une bonne chose. 

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

  • Jacques Myard à propos du TAFTA : « L'Europe ne doit plus être à la botte des Etats-Unis »

     

    François Hollande a rencontré Barack Obama, Angela Merkel, Matteo Renzi et David Cameron lundi 25 avril, à Hanovre, sur fond de tensions en Europe au sujet du traité transatlantique. Pour Jacques Myard, l'opacité des négociations est anti-démocratique [Figarovox 25.04]. Il est surtout d'avis - et nous le sommes aussi - que les conditions dans lesquelles ce traité se négocie sont contraires à notre souveraineté et qu'à son stade actuel l'appliquer serait contraire à nos intérêts. Jacques Myard a raison  LFAR

     

    904710507.jpgLe président des Etats-Unis a exprimé le souhait que les négociations concernant le TAFTA soient terminées d'ici la fin de l'année 2016. Que cela vous inspire-t-il ?

    A ce jour, nous n'avons aucune idée précise et tangible de ce que contient ce traité de partenariat transatlantique. Ces négociations s'orchestrent en l'absence totale de transparence.

    En commission des affaires européennes j'avais vivement protesté contre les conditions scandaleuses dans lesquelles les parlementaires français ont la possibilité de consulter l'état des négociations entre les Etats-Unis et la Commission européenne :

    Cette consultation se passe dans une salle sécurisée au secrétariat des Affaires européennes du gouvernement français. Les députés ont l'interdiction de prendre des documents avec clé USB, et demeurent sous la surveillance permanente d'un fonctionnaire, dans un temps limité, et au passage, exclusivement en anglais. Ce ne sont donc plus les États qui mandatent la Commission mais la Commission qui soumet les États à sa botte… elle-même aux ordres de Washington.

    Il n'y a donc aucune nécessité à précipiter les choses, quoiqu'en dise Barack Obama. La France n'a pas à redorer le blason pâlissant d'un président américain en fin de mandat.

    D'autre part nous savons pertinemment que le commerce mondial se développe très bien indépendamment de ce type d'accords ; hors crise, il croit de 7 % par an sans traité de ce type… C'est pourquoi je suis très réticent à accélérer le processus et fort sceptique quant à la nécessité finale d'un tel accord.

    En quoi les élus français pourraient-ils avoir une influence sur les négociations ?

    Je demande à ce que ce traité soit soumis au parlement français, et pas seulement au niveau européen. Il est largement question de la souveraineté de la nation. La Commission est en train de prendre des positions qui outrepassent son mandat.

    Sur la question des clauses d'arbitrage, de la création d'une cour indépendante d'arbitrage public, il est fondamental que l'Etat français se positionne. Pour être au minimum démocratique, cet accord devra impérativement être soumis à ratification ou approbation des parlements nationaux.

    Barack Obama affirme que cet accord permettra un relèvement des normes, et non son abaissement. Cette promesse vous paraît-elle crédible ?

    Les normes sanitaires américaines mettront en péril la qualité des nourritures venant des Etats-Unis en Europe. Notre pays met l'accent sur la qualité de la nourriture, à l'opposé de leurs méthodes de lavage des poulets au chlore ou de bœuf aux hormones…

    D'autre part, si l'accord n'est pas approuvé par une majorité qualifiée du congrès, les États fédérés des Etats-Unis ne l'appliqueront pas. Tant que nous n'aurons pas la garantie que l'accord sera appliqué côté américain, inutile de le signer. La réciprocité est le gage essentiel de la loyauté d'un accord.

    Ce sujet, comme l'extraterritorialité du droit américain doit être abordé franchement avec les Etats-Unis. Ce pays a trop tendance à outrepasser ses compétences juridictionnelles pour imposer des sanctions aux sociétés étrangères, dont françaises, au seul motif qu'elles ont utilisé le dollar…

    François Hollande rencontre Angela Merkel, Barack Obama, David Cameron et Matteo Renzi à Hanovre, pour évoquer les «grands sujets internationaux». Le président a précisé qu'il n'évoquerait pas le sujet du TAFTA car il est «trop impopulaire»…

    Ce sujet est une preuve supplémentaire du fait que M. Hollande refuse d'agir en chef d'Etat. Il ne veut pas se résoudre à parler franchement, droit dans les yeux aux Américains. Il est pourtant devenu plus que nécessaire de poser des limites à leur hubris et à leur volonté de puissance démesurée… 

    Jacques Myard est député-maire de Maisons-Laffitte (Yvelines). Il est également président du Cercle Nation et République.

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières

  • Fondamentaux d'Action Française • La civilisation

     

    par Stéphane BLANCHONNET

    Un Article de Stéphane BLANCHONNET paru dans à-rebours.fr et dans L'AF2000. Et un article parmi plusieurs autres qui rappellent utilement les fondamentaux de la politique d'Action française.  LFAR

     

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    Contrairement à ce qu'affirment les préjugés à son égard (et ils sont légion !), Maurras n'a jamais fait de la nation un absolu. Nous avons déjà évoqué ce point dans deux autres chroniques doctrinales (sur « la nation et la nationalité » et sur le « nationalisme intégral »). Elle est à ses yeux la forme la plus complète, au temporel, des cercles communautaires. Rien de moins, rien de plus. Enfin, un peu plus tout de même !

    La France pour Maurras appartient à un ensemble plus vaste auquel elle nous relie. Cet ensemble, c'est la civilisation. Il s'agit en quelque sorte d'un universel concret qui ne doit surtout pas être confondu avec l'universalisme abstrait, négateur des réalités nationales, ethniques et religieuses, défendu sous ce même nom par les partisans du cosmopolitisme.

    Maurras n'a aucun mépris pour les cultures différentes de la nôtre. Toutes à ses yeux méritent le nom de civilisation « parce qu'il n'y a point de société sans tradition, ni d'hommes sans société. » Mais il n'est pas non plus aveuglé par un absurde apriori égalitariste. Si toutes les civilisations consistent en un capital moral et matériel transmis, une seule, LA civilisation, a donné au monde la juste conception du beau, du bien, du vrai et de la raison, c'est la civilisation gréco-romaine, prolongée par le catholicisme, dont la France n'est pas la seule héritière dans la modernité mais sans conteste la plus éminente. 

    Repris de A rebours

    Voir aussi ...

    Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

    Le Quadrilatère maurrassien

    La Monarchie que nous voulons

    Le « coup de force »

  • Aix-en-Provence, ce mardi 3 mai, Pierre de Meuse invité du Café actualités... A ne pas manquer !

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    PIERRE de MEUSE nous invite à réfléchir sur les présupposés des positions respectives. Docteur en droit, conférencier, sociologue et historien, Pierre de Meuse collabore à de nombreuses revues, la "Nouvelle revue d'histoire" en particulier, et a écrit divers ouvrages dont une histoire des hérésies, son livre sur l'identité française devant être bientôt publié.

     

  • « Encore et toujours l'axe germano-américain » vu par Éric Zemmour

     

    L'Allemagne est devenue l'interlocuteur incontournable des États-Unis en Europe, brisant les dernières illusions françaises d'un couple franco-allemand au premier plan. Grand lecteur de Jacques Bainville, Eric Zemmour [Figaro magazine du 29.04] analyse la situation présente à la lumière d'un siècle d'histoire. Dont Bainville a démonté les mécanismes en son époque, qui, à bien des égards, préfigure le nôtre. Zemmour prolonge l'analyse jusqu'à nous avec pertinence. Et, comme au siècle dernier, la faiblesse de la France tient de même en tout premier lieu à son système politique. LFAR            

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgIl ne fait même plus semblant. Quand Obama vient en Europe, il ne s'arrête qu'à Berlin. Ne discute qu'avec Angela Merkel. Ne fait l'éloge que de la chancelière. La petite classe française, italienne, et même anglaise, est priée de se déplacer. Comme si les Américains avaient fini par trouver le fameux numéro de téléphone que Kissinger cherchait en vain pour l'Europe ; un numéro à l'indicatif berlinois. Comme s'il y avait la première et la deuxième division. Une hiérarchie qui ruine les illusions françaises sur le couple franco-allemand. Quand on se souvient que le général de Gaulle comptait sur l'Europe des six - dirigée par la France - pour «retrouver la place qu'elle avait perdue depuis Waterloo, la première du monde» - on évalue à sa juste mesure la décadence française. Et l'éclat de la revanche allemande. Obama n'est pas le seul à agir ainsi. Le sultan turc Erdogan a, lui aussi, négocié en tête-à-tête avec Merkel l'affaire des réfugiés syriens.

    Les Turcs ont renoué avec le tropisme berlinois des Ottomans. L'Amérique aussi. Les deux guerres mondiales ne doivent pas nous aveugler. A chaque fois, le ralliement américain aux armées franco-anglaises fut tardif et décisif. Mais il effaçait surtout dans les mémoires le soutien constant que l'Amérique avait apporté à son adversaire allemand. Soutien financier, diplomatique, et idéologique qui renforçait une proximité née de l'immigration allemande en Amérique, et d'une même obsession de la puissance industrielle, qui fonde l'impérialisme des armes. En 1870, les Américains se réjouissaient déjà de la défaite de Napoléon III dont ils venaient de se débarrasser dans leur arrière-cour mexicaine. A la fin de la Première Guerre mondiale, ils empêchaient Foch et Pétain de rentrer victorieux à Berlin. Les Allemands resteront persuadés de ne pas avoir perdu la guerre. Pendant les années 20, les Américains soutiennent financièrement, médiatiquement et diplomatiquement la «pauvre» République de Weimar assaillie et occupée par les «méchants» bellicistes français. Ce soutien, financier en tout cas, se poursuivra encore sous Hitler. Après 1945, les Français et les Anglais ont convaincu les Américains de transformer l'Allemagne en pays agricole. Mais ceux-ci font marche arrière. La menace soviétique fait taire les récalcitrants. En 1963, Kennedy prononce le fameux discours « Ich bin ein Berliner », non pour défendre Berlin contre les chars russes, mais pour couler l'alliance privilégiée des «deux vieillards», Adenauer et de Gaulle, scellée quelques mois plus tôt. Et en 1990, alors que Margaret Thatcher menace Kohl d'une guerre, c'est l'Américain Bush qui donne sa bénédiction à la réunification allemande. La messe est dite. La France a renoncé à se battre. La France de Sarkozy essayait d'être reconnue par le maître américain comme le meilleur élève de la classe otanienne. Ambition dérisoire que Hollande n'a même plus. 

    Eric Zemmour           

  • Et si on laissait un peu le Maroc tranquille ?

    Marche homo à Paris en 2015 © Copyright : DR

     

    Par Peroncel-Hugoz

    Cette fois-ci notre confrère a essayé de se mettre à la place du Marocain moyen face au déferlement grandissant de pressions extérieures pour remodeler le Royaume selon des normes « mondialistes » …

     

    peroncel-hugoz 2.jpgUn jour ce sont les « avocats socialistes de Wallonie », un autre les « féministes radicales » de Barcelone ou Nantes , et ensuite, au choix, des partisans français radicaux de « l’abolition de la peine capitale au Maroc », des militantes genevoises « contre le travail des enfants », ou bien des tenants de la « théorie du genre » (gender studies), se disant mandatés par l’Union européenne ou par dieu sait quelle université germanique ou hexagonale, etc … Arrêtez, n’en jetez plus, bientôt à ce rythme, plus un jour ne se lèvera sur le Maghreb sans que ne débarquent, le verbe haut, à Tanger, Rabat, ou Laâyoun des délégations plus ou moins officielles, d’ « assoces » ou d’ONG, qui, avant un long week-end branché de « Kech » ou sur une plage sans mikas d’Agadir ou Larache, chercheront à ameuter des Marocains pour qu’ils se « mobilisent » contre la loi locale sur l’avortement, l’inversion sexuelle, l’héritage inégal ou tout autre sujet choquant l’ultra-sensibilité occidentale. Sans parler des spectaculaires exhibitions de Femens à Rabat, face au Mausolée royal, ou à Béni-Mellal, symbole du Maroc profond, exhibitions organisées pour forcer les autorités marocaines à adopter en matière de mœurs des mesures libertaires semblables à celles qui se sont mises en place en Occident ces derniers lustres … 

    La palme récente des intempestives tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures du Maroc revient sans doute à cette chanteuse corso-séfarade au prénom de série nord-américaine, Jenifer, artiste en perte de vitesse en Europe, et qui pour faire parler d’elle, a profité d’une prestation lors d’un défilé de mode en musique au Maroc, pour mettre en demeure les autorités du pays d’abroger l’article du code pénal en vigueur (d’ailleurs très rarement appliqué) prévoyant jusqu’à 3 ans de prison pour des cas avérés d’homosexualité. De quoi je me mêle, Madame Jenifer ?! Imagine-t-on le tintamarre médiatique qui se déclencherait illico outre-Méditerranée si tel artiste maghrébin profitait d’une performance en Catalogne, sur la Côte-d’Azur ou les bords de Seine, pour prêcher en faveur de la polygamie, de la circoncision ou des aliments halal ? 

    Pays généralement poli et mesuré, attentif aussi à ses intérêts touristiques (rien n’est plus volatil que le touriste …), mais jaloux quand même de sa souveraineté, le Maroc s’efforce le plus souvent de ne pas perdre patience devant ce harcèlement moral de plus en plus insistant, y mettant quand même le holà lorsque les bornes de l’outrecuidance sont plus que dépassées, par exemple quand le bateau-clinique d’avorteuses bataves fut interdit à proximité des ports de Chérifie. Les groupes de pression étrangers, culottés mais quand même pas téméraires (et puis Tizi-Ouzou ou même Tipaza n’ont pas les « charmes » de « Kech » ou  Essaouira …) usent et abusent de la bienveillance marocaine, mais ils ne se risqueraient évidemment pas à essayer d’aller porter leurs « bonnes paroles » en Algérie, Turquie ou Egypte sans songer un instant même à l’Arabie… 

    Justement, venons-en maintenant aux sonores manifs désormais programmées à l’avance pour contraindre Rabat à abolir la peine capitale ; Rabat qui bien sagement, n’a pourtant pas exécuté un seul condamné, si grave soit son crime,  depuis 1993. Indulgent (et habile), le Maroc vient même d’autoriser sur son sol la tenue, en 2016, d’un « Festival du film contre la peine de mort » (sic) Néanmoins, les vitres trembleront sans doute encore sous les cris des abolitionnistes à Rabat ou Casa, voire Khénifra ou Tétouan, mais aucun danger que ce soit le cas en Chine (record mondial des exécutions capitales dont le chiffre exact est secret d’Etat), en Iran (plus de 1000 exécutions en 2015), en Arabie (151 en 2015), ou aux Etats-Unis d’Amérique ( 28 en 2015) … •

    Lire : François Bonjean, « L’âme marocaine vue à travers les croyances et la Politique » , 1948, réédité en 2016 par Afrique-Orient, Casablanca ; Elie Faure « L’âme islamique ou de l’érotisme à l’abstraction », in « D’autres terres en vue », Livre de poche, Paris, 1980

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 29.04.2016

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Le Duc et la Duchesse de Vendôme au dîner du Roi Juan Carlos à Monaco

    Avec Le Prince Souverain de Monaco © David Nivière

     

    Le Jeudi 21 avril était organisé à Monaco par S.A.R. le Prince Alvaro de Orléans-Bourbon un dîner pour son cousin Sa Majesté le Roi Juan Carlos. Le Prince y avait invité tout son cousinage pour un rendez-vous qu’il avait souhaité familial et amical. Etaient aussi présents, le Roi Siméon de Bulgarie et son épouse, le Prince Régnant du Liechtenstein, le Prince Souverain de Monaco et la Princesse Caroline, les Princes de Luxembourg, de Bourbon-Siciles, de Savoie, de Grèce, de Yougoslavie, d’Albanie ainsi que le Duc et la Duchesse de Vendôme.

    Un compte rendu détaillé de ce dîner vient d’être fait dans le magazine Point de Vue (n°3536 du 27 avril 2016). 

     

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     Avec la famille de S.A.R. le Prince Alvaro de Orléans-Bourbon © David Nivière

     

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     Avec Sa Majesté le Roi Juan Carlos © David Nivière

     

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     Le Duc et la Duchesse de Vendôme © David Nivière

     

    Prince Jean de France - Site officiel