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  • Violences

     

    Le point de vue de Gérard Leclerc

     

    SEMAINE 26-2005 054.jpgNous vivons un curieux moment, en cette dernière année de quinquennat de François Hollande. Inquiétant, à certains égards. Comment expliquer ce recours à la violence de toute une frange de la jeunesse d’extrême gauche ? Il est vrai que certains désignent des excès de répression policière. Mais même si certains faits sont à déplorer, la balance n’est pas égale entre la police et ceux qu’on appelle les casseurs et l’on peut s’inquiéter à juste titre de la charge qui repose sur nos forces de l’ordre, sans cesse sollicitées en cette période d’état d’urgence. Elles n’avaient vraiment pas besoin de cela alors que le pays doit faire face à la menace terroriste. On parle d’extrême fatigue de la part d’unités sans cesse sur la brèche.

    Par ailleurs, comment qualifier le débat public, qui enchaîne polémiques sur polémiques, avec diabolisation de l’adversaire ? Serions-nous condamnés aux échanges de noms d’oiseaux entre « fachosphère » et « bobosphère » ? C’est vrai que l’usage de certains mots peut s’avérer meurtrier sur le plan psychologique et moral. Mais arrive un moment où l’injure perd de son efficacité, tant elle devient banale jusqu’à l’insignifiance. Ainsi, à la suite de la polémique sur l’opportunité d’un concert à Verdun, animé par le rappeur Black M, la ministre de la culture a cru bon s’en prendre à « un ordre moral nauséabond » et le Secrétaire d’État aux anciens combattants a été jusqu’à prédire : « C’est le début du totalitarisme et je dis que c’est vraiment le fascisme qui nous attend. »

    J’avoue que les bras m’en tombent. Totalitarisme, fascisme, et quoi encore ? Le rôle des autorités est tout de même d’apporter un peu de sagesse et de mesure, surtout lorsque le climat public est à l’échauffement. Quand les ministres en rajoutent, il faut s’attendre à un pugilat généralisé. Souhaitons dans l’immédiat, avec quelque ironie, qu’il tourne à la confusion totale pour que chacun reprenne ses esprits, en s’apercevant que personne ne gagne à ce petit jeu. Il est quand même désolant que la commémoration de la bataille de Verdun se transforme en bataille verbale. Espérons que les esprits se calment et que François Hollande et Angela Merkel puissent retrouver l’élan du geste magnifique, accompli par François Mitterrand et Helmut Kohl pour mieux sceller le pacte de paix qui rassemble nos deux peuples.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 mai 2016.

    La France Catholique

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Livres & Actualité • Éric Zemmour: Les droits de l'homme ou la vie

     

    Comment notre religion des droits de l'homme favorise la conquête silencieuse de l'islam. Démonstration implacable d'un grand juriste. Et une remarquable recension d'Eric Zemmour [Le Figaro - 18.05]. Est-il vraiment utile de souligner sa proximité avec ce que l'école d'Action française a professé de tous temps, comme, d'ailleurs, les divers penseurs de la contre-révolution ?   LFAR

     

    XVMad37cc34-1d0b-11e6-a407-30bb1f38b0e0.jpgC'est le débat politique qui vient. Débat philosophique, idéologique, juridique. Débat existentiel. Débat qui revient. Dès 1980, Marcel Gauchet avait, le premier, annoncé que la conversion des démocraties occidentales à la politique des droits de l'homme les « conduirait à l'impuissance politique ». En 1989, Régis Debray avait brocardé « la doctrine des droits de l'homme, la dernière de nos religions civiles ». Mais la question a pris une tout autre ampleur. Il ne s'agit plus seulement de disserter doctement sur les limites désormais reconnues par tous d'une politique étrangère qui ne se soumettrait plus aux canons de la realpolitik. Il ne s'agit même plus de pointer les risques de désagrégation d'une citoyenneté républicaine minée par un individualisme démocratique revendicatif.

    Les Cassandre ont eu raison. Au-delà même de leurs craintes. Les droits de l'homme sont bien devenus notre seule religion civile, la seule identité à laquelle nos élites nous autorisent d'identifier la Nation. La religion des droits de l'homme est allée au bout de sa logique nihiliste. Mais l'enjeu est désormais encore plus vital. Dans ses décombres, et sous sa protection, on assiste impuissant à l'émergence, sur des parcelles de plus en plus nombreuses du territoire français, d'un nouvel ordre politico-juridique et d'un nouveau peuple dans le peuple, façonnés et unifiés par l'islam. Cette rencontre des droits de l'homme et de l'islam évoque celle du nitrate et de la glycérine. Elle est en train de faire exploser notre pays. Il fallait pour décrire cette collusion tragique à la fois un juriste et un théologien. Jean-Louis Harouel est notre homme. Agrégé de droit, professeur à Assas, et spécialiste de l'histoire des religions en général et du christianisme en particulier. Derrière un style parfois pesant d'universitaire, son scalpel est acéré. D'un côté, il nous démontre, après bien d'autres, que « c'est une erreur de considérer l'islam seulement comme une religion », car « l'islam est à la fois religion et régime politique ». L'islam est une loi implacable qui ne tolère aucune contestation : « La déclaration sur les droits de l'homme en Islam adoptée au Caire en 1990 interdit d'exprimer toute opinion en contradiction avec les principes de la charia ». De l'autre côté, il nous retrace la généalogie religieuse, idéologique et juridique de notre folle conversion aux droits de l'homme : « Les droits de l'homme sont la religion séculière qui a pris le relais de la religion séculière communiste… la promesse de perfection sociale ne réclame plus la suppression de toute propriété mais la négation de toute différence entre les humains. » Harouel est particulièrement passionnant lorsqu'il nous conte les origines chrétiennes de ces droits de l'homme. Reprenant la célèbre formule de l'écrivain anglais Chesterton, sur les « idées chrétiennes devenues folles », il la nuance et la corrige, en y voyant plutôt l'influence d'hérésies du christianisme, la gnose et le millénarisme : « le gnostique est un homme-Dieu au-dessus des lois et de la morale ordinaire du Décalogue… Le millénarisme annonce la promesse terrestre du royaume de Dieu alors que Jésus l'avait déplacé vers les cieux… La gnose et le millénarisme ont en commun le refus de considérer que le mal peut résider en l'homme. »

    On remarquera avec notre auteur que la gnose et le millénarisme étaient déjà aux sources du communisme et de ses pratiques totalitaires ; et que les militants de gauche, guéris du communisme, sont devenus les militants les plus fanatisés des droits de l'homme. Pendant un siècle et demi, les droits de l'homme n'étaient pas du droit, mais un ensemble de principes guidant l'action politique. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale, et le traumatisme nazi, que la Convention européenne des droits de l'homme en 1950 instaura le « culte des droits de l'homme » et transforma les grands principes en droit positif et les juges en une « nouvelle prêtrise judiciaire ». Le professeur de droit Georges Lavau dira, sévère, que « les hauts magistrats se sont arrogé, en créant des règles nouvelles au nom des principes généraux du droit, une fonction de type prophétique ». Les droits de l'homme n'étaient plus les droits de l'homme : ils passaient de la défense des libertés pour protéger les individus d'un État trop puissant au principe de « non-discrimination » qui empêche l'État de protéger et défendre son peuple menacé d'éviction et de destruction sur son propre territoire.

    La boucle était bouclée. Celle qui tourne des droits de l'homme à l'islam. D'une religion à l'autre. D'un ordre totalitaire qui empiète sur la sphère privée (le principe de non-discrimination) à un ordre totalitaire qui nie la distinction entre sphère privée et sphère publique (l'islam). Les peuples européens sont coincés entre le marteau et l'enclume, menacés de mort: « Le millénarisme immigrationniste est de nature totalitaire… Il a remplacé le combat communiste pour la destruction des bourgeoisies par le combat pour la destruction des nations européennes. » L'analyse est implacable, le constat accablant, l'impasse totale. L'issue radicale. « Il est indispensable de discriminer… Soumettre l'islam à un statut dérogatoire pour le contraindre à se limiter à la sphère privée… S'inspirer du modèle discriminatoire suisse… La France ne peut espérer survivre qu'en rompant avec son culte de la non-discrimination. »

    Les droits de l'homme ou la vie. On connaît d'avance la réponse de nos élites politiques, intellectuelles, médiatiques, culturelles, artistiques, économiques : les droits de l'homme. Au nom des grands principes et des grands sentiments. Et aussi des petits calculs et petits intérêts. D'un amour de l'Autre jusqu'au mépris et la haine de soi. C'est la reprise de la célèbre formule de Robespierre: « que l'Empire périsse pourvu que les principes demeurent ». Sauf que l'Empire, c'est la France et les Français. Les deux camps vont dans l'avenir se conforter, s'insulter, s'affronter. Les droits-de-l'hommistes contre les populistes. Chacun flirtant avec sa propre caricature et ses certitudes. Chacun prétendra agir pour éviter « la guerre civile » qui vient. En vain. 

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    Les droits de l'homme contre le peuple. Jean-Louis Harouel, Desclee de Brouwer, 140 p., 14 €

  • Antifa & Société • Action antifasciste Paris-Banlieue était connue des politiques et des médias

     

    Par Gabriel Robin

    Une fois de plus, un énorme bobard politico-médiatique éclate au grand jour. Qui se trouve ici analysé et, à juste titre, dénoncé [Boulevard Voltaire, 21.05]. On sait que la jeunesse d'Action française est régulièrement en butte aux violences de ces groupes, ressuscitant un une sorte de fascisme rouge groupusculaire et seulement dotés d'une réelle capacité de nuisance.   LFAR

     

    2008088630.jpegCinq jeunes hommes se trouvaient toujours, hier soir, en garde à vue dans les locaux du 2e district de police judicaire, soupçonnés de « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Ces militants de la gauche radicale, connus de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), ont agressé deux fonctionnaires de police, sans raison particulière autre que l’envie d’en découdre. Une jeune femme aurait même pu mourir brûlée par les flammes d’un fumigène si elle n’avait pas pu s’extraire à temps du véhicule.
     
    Qui étaient précisément les personnes aperçues sur la vidéo diffusée par BFM TV montrant l’assaut ? Des professionnels de la casse en bande organisée, les fameux « antifas ». Sans surprise, les émeutiers appartenaient à la nébuleuse gauchiste. Au moins deux des casseurs étaient des membres du collectif Action antifasciste Paris-Banlieue, ultra-médiatisé lors de la mort d’un de ses membres, Clément Méric.
     
    Antonin, issu de la grande bourgeoisie parisienne, descendant en ligne directe, lit-on dans la presse, de l’écrivain catholique Georges Bernanos, fait notamment partie des personnes interrogées, en compagnie de son frère aîné. Le jeune homme était interdit de manifester, jusqu’à ce que le tribunal administratif n’annule cette interdiction. Preuve d’amitiés bien placées ? Le tribunal administratif avait considéré que le préfet de police ne « produi[sai]t aucun élément permettant de retenir que [le suspect] a personnellement participé à ces dégradations et violences ».
     
    Les premiers responsables de l’impunité dont jouissent ces groupuscules para-terroristes sont les mouvements politiques de gauche, qui ont toujours été complaisants avec ce bras armé. Lors de l’affaire Méric, dramatique pour les deux parties mises en cause, les médias et les politiques se sont immédiatement rangés du côté des « antifas », sans respect pour la présomption d’innocence d’Esteban Morillo, lequel, de son côté, a toujours clamé avoir agi en état de légitime défense. En 2013, Antonin posait en photo lors de l’hommage rendu à son ami décédé au cours d’une bagarre. Son visage s’était même retrouvé dans les pages de plusieurs journaux…
     
    Jean-Luc Mélenchon parlait ainsi, à propos de ce fait divers, d’un « fait politique », sans jamais dénoncer la violence – pourtant de notoriété publique – du collectif Action antifasciste Paris-Banlieue. Pis : ils les défendait, et défendait une proximité avec cette mouvance. Logique, le Front de gauche ne peut pas se couper de sa base !
     
    Ce qui était attendu de la part de Jean-Luc Mélenchon l’était moins de la part du gouvernement, et même de l’UMP d’alors. Il faudra rappeler à Manuel Valls qu’il avait essayé de récupérer cette histoire pour diaboliser le Front national, qui n’était pas du tout impliqué, de près ou de loin.
     
    Plus savoureux encore, une partie de l’UMP parisienne, réunie autour de Nathalie Kosciusko-Morizet, s’était rendue à l’hommage rendu à Clément Méric, organisé par le collectif Action antifasciste Paris-Banlieue, et diffusé en direct par la chaîne BFM TV ! NKM, la super bobo, a-t-elle aussi crié « ¡No pasarán! » ?
     
    Une fois de plus, un énorme bobard politico-médiatique éclate au grand jour. Non, les « antifas » ne sont pas des anges, mais des petits nervis qui rêvent du Grand Soir en se donnant le frisson dans la rue. Il est temps de les mettre hors d’état de nuire. Il est aussi temps de dénoncer les liens profonds que les partis de gauche entretiennent avec ces idéalistes factieux, longtemps manipulés par leurs aînés pour accomplir la basse besogne contre les patriotes. 

    juriste

     
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  • Mémoire & Société • Verdun, BlackM : la nuit de l'inculture

    Verdun. Crédits photo: Service Historique de la Défense

     

    Par Vincent Trémolet de Villers           

    Vincent Trémolet de Villers montre ici [Figaro, 17.05] comment, l'affaire BlackM est révélatrice d'une époque de « profanation intégrale » où il n'y a plus ni silence ni recueillement. Une analyse sur le fond des choses.  LFAR

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpgIl faut n'avoir jamais arpenté le paysage lunaire où reposent les villages martyrs: Beaumont, Fleury, Cumières… pour envisager de commémorer la bataille de Verdun par un concert de rap. Il faut n'avoir jamais lu une page de Barbusse - « chacun sait qu'il va apporter sa tête, sa poitrine, son ventre, son corps entier, tout nu, aux fusils braqués d'avance » - pour dire comme Black M, le chanteur invité, « on va s'amuser ». Il faut ne rien connaître des paroles de poilus - « c'est vraiment une vision de mort, de destruction acharnée, ce ravin. Des morts partout, dans toutes les positions».  - pour affirmer comme notre secrétaire d'État aux Anciens Combattants que la vague d'indignation qu'a provoquée l'organisation de ce concert est « un premier pas vers le fascisme ». C'est avoir oublié, enfin, que Verdun, c'est 300.000 morts français et allemands dont 100.000 sans sépulture et que seul « le silence des consécrateurs convenait au repos des hommes qui avaient accepté en silence, qui avaient souffert en silence, qui étaient morts en silence » (Montherlant). Plongés dans la nuit de l'inculture, nous devons donc supporter les provocations, les approximations, les manipulations du gouvernement (contre lequel sur ces sujets l'opposition se montre bien timide et laisse le champ libre au Front national). Comme si le souvenir des soldats morts au combat était un moyen de «faire plaisir aux jeunes» et l'Histoire, un outil sondagier circonstanciel. La France a ainsi voté une résolution de l'Unesco déniant tout lien historique entre les juifs et le mur occidental (le mur des Lamentations), voire le temple de Jérusalem !

    Nous avons entendu un ancien ministre de l'Économie devenu commissaire européen affirmer qu'il ne croyait pas « aux racines chrétiennes de l'Europe» transformant ainsi une réalité indiscutable en acte de foi. Nous avons supporté les  mots sidérants d'un secrétaire d'État chargé de la mémoire de nos soldats traitant de « fascistes » ceux qui par les maigres moyens des réseaux sociaux ont voulu empêcher de voir transformer l'ossuaire de Douaumont en arrière-plan d'un divertissement de masse. Tout cela n'empêche pas l'inculture de se montrer arrogante. Nous recueillons les fruits d'un enseignement moral sans fondement, sans hiérarchie, sans profondeur, où le seul impératif est de traquer le « fascisme » renaissant et le retour d'un « ordre moral nauséabond ». Un antiracisme hors-sol qui surveille, punit et ne comprend plus rien.

    Selon cette grille, la civilisation était du côté de Black M et la barbarie du côté des lecteurs de Ceux de 14. C'était un Noir contre les Blancs, un jeune contre des vieux, la modernité contre les réacs. Que le chanteur s'en soit pris autrefois aux «youpins», aux « pédés », aux « kouffars » (les mécréants dans la terminologie de Daech) ne comptait pas. Les mêmes qui traquent « les dérapages » et curent comme un coquillage l'esprit d'Éric Zemmour pour y trouver une pensée criminelle ont pris la défense du rappeur, victime selon eux « du politiquement correct » . Il fallait vraiment être un pinailleur pour ne pas accepter l'évidence: Black M à Verdun, c'est bien, puisque Robert Ménard et Marion Maréchal-Le Pen sont contre !

    « Tout est culture », proclamait Jack Lang il y a vingt-cinq ans, le tag comme une fresque de Piero della Francesca. « Tout est histoire », proclamons-nous aujourd'hui, et rien ne distingue la «plainte d'un blessé dans la nuit glaciale et pluvieuse» (Genevoix) et les rythmes d'un morceau de rap. Les faits, les hommes, les lieux, les dates sont des outils jetables pour politiciens et communicants. Dans nos temps de « profanation intégrale » (Alain Finkielkraut), il n'y a plus ni silence ni recueillement. Ni dignité, même. Tout se vaut et tout se vautre dans la médiocrité.

    « On oubliera, écrit Roland Dorgelès dans Les Croix de bois. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qui l'aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois…»   

    Vincent Tremolet de Villers        

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/Opinions du Figaro et de Figarovox.    

     

     

  • Histoire & Actualité • La France n’a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l’Afrique et aux Africains

     

    par Bernard Lugan

     

    46878456-jpeg_preview_large.jpgDans la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France par les partisans du « grand remplacement », la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement la bataille de Verdun, constitue un argument de poids. Son résumé est clair : les Africains ayant permis la victoire française, leurs descendants ont donc des droits sur nous.

    Voilà qui explique pourquoi ces ardents défenseurs du « vivre ensemble » que sont MM. Samuel Hazard, maire socialiste de Verdun, et Joseph Zimet, à la ville époux de Madame Rama Yade, et en charge de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, ont voulu mettre le sacrifice de millions de Poilus au service de leur idéologie.

    Laissons donc parler les chiffres[1] : 

    1. Effectifs français (métropolitains et coloniaux)

    - Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20% de la population française totale.

    - Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73.000 Français d’Algérie, soit environ 20% de la population « pied-noir ».

    - Les pertes françaises furent de  1.300 000 morts, soit 16,67% des effectifs.

    - Les pertes des Français d’Algérie furent de 12.000 morts, soit 16,44% des effectifs.

    2. Effectifs africains

    - L’Afrique fournit dans son ensemble 407.000 hommes, soit 5,22 % de l’effectif global de l’armée française.

    - Sur ces 407.000 hommes, 218.000 étaient des « indigènes » originaires du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, soit 2% de la population de ces trois pays.

    - Sur ces 218.000 hommes, on comptait 178.000 Algériens, soit 2,28 % de tous les effectifs français.

    - L’Afrique noire fournit quant à elle, 189.000 hommes, soit 1,6% de la population totale et 2,42% des effectifs français.

    - Les pertes des unités nord africaines furent de 35.900 hommes, soit 16,47% des effectifs.

    - Sur ces 35.900 morts,  23.000 étaient Algériens. Les pertes algériennes atteignirent donc 17.98 % des effectifs mobilisés ou engagés.

    - Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens sont imprécis. L’estimation haute est de 35.000 morts, soit 18,51% des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit 15.87%. Pour importants qu’ils soient, ces chiffres contredisent donc l’idée-reçue de « chair à canon » africaine. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains.

    Des Africains ont donc courageusement et même héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ». Gloire à eux. Cependant, compte tenu des effectifs engagés, il est faux de prétendre qu’ils ont permis à la France de remporter la victoire. Un seul exemple : le 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments. Les 2/3 d’entre eux étaient formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés très majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.

    Autre idée-reçue utilisée par l’idéologie dominante : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre. Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, si la France importa six millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire, elle en importa 170 millions du reste du monde.

    Conclusion  durant la guerre de 1914-1918, l’Afrique fournit à la France 3,5% de toutes ses importations et 5,22 % de ses soldats. Ces chiffres sont respectables et il n’est naturellement pas question de les négliger. Mais prétendre qu’ils furent déterminants est un mensonge doublé d’une manipulation.


    Bernard Lugan

    13/05/2016 

    [1] Les références de ces chiffres sont données dans mon livre Histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours. Le Rocher, en librairie le 2 juin 2016.

    le blog officiel de Bernard Lugan

  • Livres • La traque de Mohamed Merah

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngPersonne n’a oublié l’affaire Merah. D’abord traités avec une désinvolture par les médias et la classe politique, focalisés sur les prochaines élections présidentielles, les assassinats, début mars 2012, dans la banlieue toulousaine et à Montauban, de quatre soldats des régiments parachutistes, commencèrent d’intéresser quand on s’avisa que, toutes d’origine nord-africaine ou antillaise, les victimes auraient pu être la cible d’un tueur raciste et, de préférence, d’extrême-droite, thèse bonne à exploiter tandis que s’accentuait dans les sondages la poussée du Front National. L’atroce massacre perpétré la semaine suivante dans la cour d’une école juive de Toulouse, qui tua un jeune enseignant, ses deux petits garçons et une fillette, les autres enfants devant miraculeusement la vie à une défaillance de l’arsenal du criminel, en commotionnant à juste titre l’opinion, parut pain béni pour discréditer la droite nationale. Jusqu’au moment où la police, officiellement lâchée sur les traces d’un monstre fasciste, remonta la piste d’un terroriste islamiste, ce qui faisait moins bien dans le tableau …

    Conseiller spécial de Claude Guéant, alors Ministre de l’Intérieur, Hugues Moutouh, dans ce récit sans surprises – tout ayant déjà été dit – des événements, tient beaucoup à convaincre que cette fausse piste relevait de la haute stratégie destinée à tromper Merah, non d’un sordide calcul électoraliste, et que s’acharner à traquer des militants du Bloc Identitaire plutôt qu’un « loup solitaire » djihadiste ne contribua pas à permettre l’attaque de l’école juive. Allez savoir pourquoi, ce plaidoyer pro domo, comme d’ailleurs tout le reste du livre, sonne faux, vide et creux… 

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    168 heures chrono ; la traque de Mohamed Merah, de Hugues Moutouh, Plon, 193 p., 16,90 €.

  • Symboles & Traditions • Le très ancien drapeau de la section d'Action Française de Marseille ...

     

    Insignes, drapeaux, hymnes et symboles nationaux ou patriotiques sont de retour. Les revoici au goût du jour, respectés, recherchés, montrés, chantés ou arborés.

    Tel l'insigne des Camelots du Roi, au revers des vestons, authentique et mérité, avec son numéro matricule ancien, gravé sur son attache.  A moins qu'il ne soit très indûment en vente sur Internet ....  Comme s'il s'agissait d'un vulgaire objet marchand ... On sait que la Fédération Nationale des Camelots du Roi a été dissoute le 13 février 1936 par décision du Front Populaire. Mais l'esprit des Camelots du Roi, la transmission des insignes, devenus symboles et tradition, se sont toujours prolongés à l'Action Française. Nous y reviendrons.

    Les drapeaux anciens - ou modernes - sont un autre symbole fort du patriotisme français. A travers les générations, deux guerres mondiales et trois Républiques, toutes faillies, l'Action Française a conservé les siens.

    Témoin : le drapeau qui illustre ces quelques lignes (photo ci-dessus), celui de la section d'Action Française de Marseille, sans-doute presque centenaire. Il a conduit les Cortèges Traditionnels de Jeanne d'Arc - ordonnés, impressionnants par leur silence, très différents d'une manif  ... Il a été en tête des journées de février 1934, des défilés de 1936 en opposition au Front Populaire. Il a encore longtemps servi pour les Fêtes de jeanne d'Arc d'après guerre où l'Action Française se reconstituait ... 

    Permanence du patriotisme et du royalisme français ... Il est temps, nous semble-t-il, qu'il y ait, selon l'expression de Pierre Boutang, des gens qui réapprennent la fidélité.  •  LFAR

     

  • Cette Révolution française, si peu sociale...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa toile est un lieu d’informations et de débats, et il m’arrive d’intervenir dans quelques uns de ces derniers pour dénoncer ou défendre certaines positions politiques ou historiques : je le fais en tant que royaliste engagé, et sans cacher ni mon identité ni mes idées royalistes, même si, parfois, celles-ci me valent d’être censuré ou « bloqué » par des « modérateurs » qui ont une conception fort étrange de la discussion et de la liberté d’expression… Ce n’est pas le cas sur le site du quotidien royaliste « La faute à Rousseau » qui me laisse toute latitude pour réagir et exprimer mes opinions monarchistes, ce dont je le remercie. 

    Il y a quelques semaines, un contradicteur républicain a engagé et poursuivi le débat sur la Révolution de 1789 et ses conséquences, et j’ai pris la liberté de répondre à quelques uns de ses arguments, en toute courtoisie et cordialité, ce qui a permis d’échanger, au sens fort du terme, et non de polémiquer. Voici ci-dessous quelques éléments que j’ai voulu apporter à la discussion qui, je le souhaite, n’est pas terminée, et qui pourront intéresser quelques lecteurs de mon bloc-notes politique… 

    Sur la Révolution française 

    Sans doute faut-il en finir avec quelques mythes autour de la Révolution et de la République, transmis par une Education nationale qui n'a eu de cesse de légitimer ce régime dont elle n'était que la modeste servante depuis Jules Ferry... 

    Quelques éléments sur la Révolution, trop souvent négligés par l'historiographie : 1791, et le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier, véritables destructions par la nouvelle classe dirigeante bourgeoise de toute protection sociale et ouvrière, au bénéfice des féodalités de l'Argent. En somme, la victoire d'un libéralisme extrême que la République ne fera que fortifier, allant même jusqu'à transformer les semaines de 7 jours en décades (10 jours) pour limiter encore les congés ouvriers... Je suis toujours surpris que ceux qui se prétendent de Gauche défendent une révolution qui va, en définitive, totalement à l'encontre de ce qu'ils disent souhaiter pour la classe ouvrière ! 

    A part cela, reprenons rapidement quelques éléments évoqués par M. Renaudo (le contradicteur républicain) : non, ce n'est pas le roi qui a déclaré formellement la guerre (il n'en avait pas le droit au regard de la nouvelle constitution de 1791), mais bien l'assemblée législative qui y voyait un moyen de sortir de l'impasse politique interne et de faire oublier ses erreurs. Certains y voyaient même le moyen d'en finir avec la monarchie... 

    La guerre de la Révolution sera suivie de la guerre impériale, et ne s'achèvera qu'en juin 1815 à Waterloo. Bilan : environ 2 millions de morts violentes en France, ce qui va affaiblir la démographie française qui ne cessera de décliner désormais jusqu'en 1945... 

    Quant au roi Louis XVI, il est renversé justement parce qu'il refuse de faire tirer sur le peuple, dont il se veut le père, et parce qu'il veut, jusqu'au bout, respecter la lettre et l'esprit d'une constitution à laquelle il a prêté serment, le 14 juillet 1790, lors de la Fête de la Fédération, date qui est célébrée depuis 1880 chaque 14 juillet, étrangement d'ailleurs car elle est bien peu républicaine... 

    En revanche, la République, elle, n'a jamais hésité à faire tirer sur le peuple, « au nom de sa défense », que cela soit dans le Berry, en Corse ou en Vendée, mais aussi à Paris en 1795, ou en juin 1848, sans oublier mai 1871 ou les diverses fusillades de Fourmies et Courrières durant la IIIe République, entre autres... Faîtes le bilan et osez la comparaison, les chiffres et les faits, têtus, parlent d'eux-mêmes... 

    Quant à la "Liberté égalité fraternité", je constate que, aujourd'hui, cette formule est répétée à l'envi par des hommes et des gouvernements qui ne respectent guère les libertés fondamentales (qu'est-ce donc que cet état d'urgence qui permet d'assigner à résidence des écologistes et des contestataires de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dernière lubie républicaine, au lieu de frapper ceux qui soutiennent le terrorisme ?), se moquent de la justice sociale (formule qui, d'ailleurs, a été d'abord formulée, non par les républicains, mais par... Louis XVI !), et répriment la classe ouvrière, faisant condamner, en janvier 2016, des ouvriers de Goodyear en voie de licenciement et en juste colère à huit mois de prison ferme : drôle de fraternité ! 

    1610951927.pngDernier point : les libertés sous l'Ancien régime étaient bien plus développées qu'aujourd'hui, en particulier localement, les pouvoirs des provinces, des corporations, des villes ou des universités, étant bien plus importants et décisionnaires qu'ils ne le sont actuellement : d'ailleurs, la dernière réforme territoriale nous a bien montré le peu de cas que faisait la République des doléances des régions, celle-ci décidant de Paris d'un découpage territorial qui n'a aucun sens et ne satisfait personne, de l'Alsace à la Bretagne... 

    Tout compte fait, mieux vaut la Monarchie sociale, fédérale et "libertale" que cette République jacobine, liberticide et féodale-bourgeoise ! Alors, oui, vive le roi de France, des travailleurs et des provinces libres ! 

    (à suivre, bien sûr…)

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Syrie : Eviter le pire en attendant le meilleur

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    C’est peu dire que les réactions politiques occidentales ont été discrètes après la reprise de Palmyre par l’armée syrienne. Il est vrai que nos gouvernants ont dû se livrer à un difficile exercice de style. Comment reconnaître à cette victoire militaire l’importance qu’elle mérite après avoir expliqué pendant des années que la priorité était de « renverser Assad » ? Camouflet suprême, il a même fallu saluer le concours des forces russes, comme l’a fait du bout des lèvres le département d’état américain. C’est déjà une avancée : il n’y a pas si longtemps, soutenir le régime syrien contre les islamistes revenait à préférer la peste au choléra. Jusqu’où peut aller l’aveuglement idéologique… N’est-ce pas Laurent Fabius ?

    à l’évidence, l’offensive de l’armée syrienne, aidée du Hezbollah libanais et de l’aviation russe, est une victoire stratégique et symbolique pour Bachar el-Assad. Elle n’est certes qu’une bataille dans la guerre contre le groupe état islamique. Mais le régime continue de pourchasser les djihadistes pour les extirper de leurs principaux fiefs dans le pays. Surtout, ce succès est le plus important obtenu face à Daech dans le conflit syrien. Le pouvoir alaouite s’impose comme l’adversaire le plus efficace et le plus déterminé de l’organisation terroriste, organisation qui a revendiqué les attentats meurtriers de Paris et de Bruxelles.

    C’est pourquoi la victoire de Palmyre devrait être célébrée comme telle par les chancelleries occidentales. Elle contribue à la stabilisation politique de la région et laisse entrevoir un avenir à des populations éprouvées par cinq années de guerre. C’est le cas, en particulier, des populations chrétiennes qui ont subi violences et discriminations. Politique magazine a pu rencontrer ces communautés dont la présence sur ces terres des origines du christianisme n’est aujourd’hui même plus assurée. L’enjeu est donc à la hauteur de l’espoir soulevé par le recul de l’hydre djihadiste aux confins syro-irakien. Présents en Syrie depuis 2000 ans, acteurs majeurs du tissu économique et social, les chrétiens sont des facteurs d’équilibre et de dialogue dans un Moyen-Orient en fragmentation. Nul besoin d’être prophète pour comprendre que la « transition » politique syrienne, sur laquelle se sont focalisés les Occidentaux au prix de compromissions dramatiques, n’est clairement pas une priorité.

    Ainsi, un léger frémissement se fait sentir du côté américain. Alors que les islamistes sont de plus en plus isolés dans Alep, la grande ville syrienne du nord, Barack Obama a répété que ce serait « une erreur de renverser le régime d’Assad ». Mieux vaut tard que jamais. Mais que de temps, et de vies, perdus ! On attend désormais une réaction officielle française à la hauteur des événements. Elle pourrait s’inspirer de cette réflexion du député des Français de l’étranger, Thierry Mariani : « M. el-Assad n’est pas un président idéal et sans reproche mais il est en train de gagner la guerre. Et nous avons avec lui des intérêts communs et des ennemis communs ». 

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    Rédacteur en chef de Politique magazine

  • Racines chrétiennes de l'Europe : réponse à Pierre Moscovici

     

    Pierre Moscovici, commissaire européen en charge de l'économie, a déclaré le 8 mai qu'il ne « croyait pas aux origines chrétiennes de l'Europe ». Maxime Tandonnet montre ici à fort juste titre [Figarovox - 11.05] comment la négation de l'histoire, de la connaissance des faits et du passé est devenue l'un des piliers de l'Europe moderne. Naturellement, à son pur détriment.  LFAR

     

    Tandonnet.jpgPierre Moscovici, commissaire européen en charge de l'économie, a déclaré le 8 mai qu'il ne «croyait pas aux origines chrétiennes de l'Europe». Le débat n'est pas nouveau. Il avait dominé les travaux de rédaction de la «Constitution européenne» en 2005. A l'époque, la France et le président Jacques Chirac étaient en pointe du refus d'inscription de cette notion dans le texte, s'opposant à la Pologne, l'Italie, l'Allemagne. Finalement, l'idée d'inscrire les racines chrétiennes dans la Constitution européenne avait été écartée. Puis, cette dernière avait été rejetée par les référendums français de mai et hollandais de juin 2005.

    D'un point de vue historique, la négation des racines chrétiennes de l'Europe est une contre-vérité. L'Europe est née sur les ruines de l'Empire romain dont le christianisme était devenu la religion officielle à la suite de la conversion de Constantin en 312. Elle est issue d'une longue épreuve d'affrontement entre des peuples germains convertis au christianisme pour la domination politique sur le continent. Le baptême de Clovis en 498, puis l'alliance des Carolingiens avec le pape ont constitué des étapes décisives de l'apparition de l'Europe. L'Empire de Charlemagne, proclamé en 800, qui couvre grosso modo un territoire correspondant à l'Europe occidentale, se confond avec la chrétienté. Il en est le protecteur et le bras armé. Il se donne pour objectif la conversion des peuples voisins (saxons, Frisons, Avars) et le début de la reconquista de l'Espagne musulmane.

    Jusqu'au XVIIIe siècle, pendant au moins treize siècles, le christianisme est, de fait, le ciment des sociétés européennes. Dans les périodes obscures du Moyen-âge, de chaos, d'invasions, de destructions, le savoir est préservés dans les monastères et les abbayes. Les croisades pour la reconquête des «lieux saints» obsèdent les esprits pendant deux siècles. La légitimité du monarque est «de droit divin». La féodalité est soudée par des liens de vassalité, d'essence religieuse. Le christianisme et ses rituels imprègnent profondément la vie quotidienne. Le clergé dispense l'enseignement, soigne les malades, assiste les pauvres, encadre l'existence quotidienne. L'intervention divine est l'explication de tout événement: épidémie, guérison, bonne ou mauvaise récolte, défaite ou victoire militaire... D'ailleurs, s'il est une caractéristique commune au patrimoine architectural de l'Europe, c'est bien la présence partout des églises.

    Quand M. Moscovici affirme «ne pas croire aux racines chrétiennes de l'Europe», il se situe sur un terrain inapproprié. Le sujet ne relève pas de la croyance mais du savoir. De fait, il prononce des paroles de nature idéologique. Il porte un jugement personnel sur une question qui est de l'ordre factuel. Dans son esprit, la négation des racines chrétiennes de l'Europe vaut reconnaissance du caractère multiculturel de l'Europe et de sa vocation à intégrer la Turquie. Il opère une confusion, classique, entre histoire et idéologie. Or les deux ne sont pas forcément liées. Rien ne l'empêcherait d'admettre la vérité historique - l'Europe a des racines chrétiennes - et d'ajouter que de son point de vue, l'Europe doit changer, poursuivre sa déchristianisation et sa marche vers une société multiculturelle.

    De fait, la négation de l'histoire, au sens de la connaissance des faits, du passé, des racines, est devenue l'un des piliers de l'Europe moderne. Il n'est pas innocent que l'histoire chronologique ait été largement bannie de l'enseignement et des manuels scolaires. La droite au pouvoir n'est pas exempte de tout reproche. N'a-t-elle pas supprimé en 2010 l'enseignement de l'histoire en terminale scientifique au prétexte d'un rééquilibrage entre les filières? Aujourd'hui, le latin et le grec disparaissent du programme des collèges. La «mémoire» n'existe que pour aviver la mauvaise conscience. La connaissance de l'histoire, voire la simple curiosité historique, factuelle, bien au contraire, paraissent vouées à s'effacer. La logique dominante est celle de la table rase, héritée des idéologies totalitaires du XXe siècle. L'entreprise de déculturation bat son plein: l'histoire politique et littéraire, les langues anciennes, l'orthographe. L'idéal, conscient ou inconscient, est d'engendrer peu à peu un homme neuf, un Européen parfait, apuré de son patrimoine culturel, religieux, intellectuel. C'est-à-dire un homme réduit à sa fonction de consommateur et d'agent économique, privé des outils de l'esprit critique et qui se prêtera plus facilement à toutes les manipulations idéologiques y compris extrémistes, de droite comme de gauche. 

    Maxime Tandonnet           

    Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru en août 2014. Découvrez également ses chroniques sur son blog.

  • Après le colloque du 7 mai, le rendez-vous de Béziers : Défendre l'héritage

     La Galerie des Rois au portail de Notre-Dame

     

    Par François Marcilhac

    Cet article a été rédigé avant le colloque d'Action française du 7 mai dernier, à Paris. Il reste d'une parfaite actualité. Et clairement utile dans le contexte des débats préélectoraux en cours.  LFAR

     

    500021990.jpgNous sommes entrés dans une année périlleuse. Périlleuse pour le pays. Si les minorités, heureusement fort rares dans l’histoire de France, ont constitué la faiblesse de la royauté, dont nous n’avons jamais été les charlatans, rappelait Maurras, en revanche, parmi les nombreuses faiblesses, constitutives, elles, de la république, il y a les récurrentes années électorales dont le catastrophique Chirac, pour se faire réélire en 2002, a encore accru la fréquence en passant du septennat au quinquennat.  

    UN RÉGIME DÉSASTREUX

    Et si toutes les régences ne furent pas catastrophiques, toutes les années électorales, elles, le sont puisque même le président ne pense plus qu’à l’élection. Quand un pays ne connaît pas de crise économique ni ne souffre d’une dette abyssale, quand il a gardé toute sa souveraineté extérieure et intérieure, qu’il n’est soumis ni à un directoire étranger qui décide pour lui ni à la désagrégation de son peuple et de sa civilisation sous l’effet d’un raz-de-marée migratoire ordonné par ce même directoire et organisé par des élites « nationales » qui ont trahi, quand pâturage et labourage demeurent les deux mamelles de sa prospérité et que l’industrie assure indépendance économique et travail, quand l’Etat ne prémédite pas l’analphabétisation du peuple et, qu’enfin, les fondements de la société ne sont pas méthodiquement sapés au nom d’un individualisme pathologique devenue l’idéologie officielle, alors oui, il peut se payer le luxe de vivre en République, du moins pour un court laps de temps, car il finit rapidement par le payer.

    MENACES SUR LA COMMUNAUTÉ NATIONALE

    Mais nous qui y vivons depuis plusieurs générations et qui devons à ce régime l’état désastreux dans lequel se trouve la France, nous ne pouvons que voir se profiler avec angoisse cette nouvelle année électorale. Aux cadeaux qu’au prétexte d’une fausse reprise la majorité socialiste a commencé à faire à des électorats qui ne lui sont plus aussi fidèles qu’auparavant — fonction publique en général, enseignants —, à la baisse d’impôt annoncée pour 2017, aux reculades, comme sur la loi El Khomri, qu’Hollande pratique sous la menace du désordre orchestré par sa propre gauche, mais qu’il doit savamment doser aux exigences de la Commission européenne, de Merkel et du MEDEF pour lesquels ce projet de loi dans son état initial n’était qu’un minimum, à la soumission toujours accrue, mais rétribuée, de notre diplomatie, qui est discréditée, il est à craindre, comme le montrent de récentes campagnes racialistes, que nous évoquions dans le précédent numéro, que le pays légal n’ajoute une politique de fuite en avant envers la « diversité ». Ces communautés étrangères, encouragées par lui à la fois à s’installer sur notre sol et à ne pas s’assimiler, ne sont-elles pas appelées à devenir un électorat de substitution, génération après génération par le droit du sol mais immédiatement par le bradage organisé à grande échelle de la nationalité française ?

    ACTUALITÉ DE LA QUESTION INSTITUTIONNELLE : NOTRE COLLOQUE DU 7 MAI

    Autant dire que jamais la question institutionnelle — ramener l’héritier — n’a été plus actuelle et que jamais non plus conduire une politique de salut public pour sauvegarder l’héritage n’a été un devoir plus urgent. Or l’Action française, en ce mois de mai, ce double mois de Marie et de Jeanne, les deux patronnes de la France, sera sur les deux fronts.

    Nous serons tout d’abord sur le front institutionnel avec notre colloque du 7 mai, dont le thème est : « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? ». Question actuelle comme le montre, depuis plus d’un an maintenant, cette interrogation sur les « valeurs de la république », dont l’évocation telle des mantras ne peut plus que « saouler », effectivement, jusqu’aux patriotes républicains les plus sincères, dans la faillite de tout ce sur quoi la république a prétendu se fonder : une « liberté » qui est celle de la finance et des voyous, mais qui prive les citoyens de leurs droits fondamentaux : vivre en sécurité, s’exprimer sans crainte du juge, élever dignement ses enfants dans le respect des valeurs fondamentales de notre société ; une « égalité », qui tolère 5 millions de chômeurs, la préférence étrangère, et l’arrogance de l’oligarchie ; une « fraternité » où le gouvernement favorise le communautarisme le plus haineux et cherche à diviser les Français en promouvant un racialisme d’Etat ; la laïcité, enfin, quatrième mousquetaire de la trinité républicaine, pensée comme une arme de destruction massive des racines tant chrétiennes que gréco-romaines de la France. Complicité objective des mondialistes et des terroristes de l’Etat islamique qui se pense lui aussi comme mondial, dans cette guerre à mort déclarée au christianisme, dont les valeurs s’opposent radicalement tant au règne du consumérisme matérialiste qu’à l’enfer islamiste. D’un côté on massacre les « croisés », de l’autre on s’en prend à l’identité catholique de nos compatriotes en assimilant le prêtre au pédophile et en taisant les centaines d’actes antichrétiens commis en France, comme pour les banaliser.

    FAIRE ÉMERGER UNE PAROLE NATIONALE

    Les calomnies commanditées que ces mêmes media déversent toujours plus fréquemment depuis plusieurs mois sur l’Action française relèvent de la même haine idéologique et prouve que l’oligarchie nous a identifiés avec raison comme l’ennemi irréductible de tout ce qu’elle représente. Nous sommes en effet en France le seul lieu politique de débat véritable, comme le montre encore le riche éventail de nos invités à notre prochain colloque, ce que ne supportent absolument pas ceux qui veulent continuer, surtout à un an de la présidentielle, d’enfermer le débat politique dans ces échanges sans surprise entre politiciens de « gauche » et de « droite » d’accord sur l’essentiel : la France et les Français ont fait leur temps. Parce que notre seul souci est l’intérêt du pays — « Tout ce qui est national est nôtre » —, nous dialoguons avec tous ceux qui ont le courage de partager la même exigence. Certes, ce faisant, nous cherchons bien sûr à promouvoir nos solutions, que résume, sans l’y réduire, le retour du Roi, mais nous nous attelons aussi, en période de crise, à faire émerger une parole nationale riche de la diversité d’élites partageant un seul a priori  : le devoir sacré pour tout politique est de défendre exclusivement les intérêts de la France et des Français. On comprend que seuls les meilleurs acceptent de dialoguer avec nous, quand ils ne sont pas déjà chez nous.

    URGENCE DU COMBAT DE SALUT PUBLIC : PRÉSENT À BÉZIERS

    Actualité de la question institutionnelle, mais aussi urgence du combat de salut public. Robert Ménard, en organisant les rendez-vous de Béziers s’inscrit dans cette démarche de rassemblement, craignant à juste titre qu’un caporalisme étroit, contraire à l’esprit de débat, et qui n’est, bien souvent, que la manifestation d’un manque profond d’assurance, ne finisse par nuire à la victoire du camp national qui peut avoir sa chance en 2017. Cette tentative est nécessaire pour définir une stratégie de salut public : d’où ma présence. Depuis trois ans, dans les différentes couches de la population, même chez certains intellectuels de gauche, les yeux commencent à s’ouvrir. Une jeune génération est plébiscitée par les Français dès lors qu’elle affirme, sans complexe, des valeurs nationales et traditionnelles, faisant apparaître comme ringards des aînés qui en sont encore à courir après les derniers relents de Mai-68. Oui, nous vivons une époque formidable. Tout d’abord, évidemment, au sens étymologique : notre époque est terrifiante. Mais elle est aussi grosse de promesses exceptionnelles, si nous nous en donnons les moyens. 

    L’ACTION FRANÇAISE 2000