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  • Que de monde sur le front nord syrien !

    Antalya : Sommet russo-turco-américain sur la Syrie 

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    antoine_de_lacoste.pngIl y a quelques semaines nous nous interrogions sur le fait de savoir qui entrerait le premier dans Al Bab entre l'armée turque et l'armée syrienne. Un compromis a été trouvé sous le contrôle de la Russie et ce sont donc les Turcs qui ont libéré cette ville de l'Etat islamique (non sans mal d'ailleurs malgré le peu de combattants islamistes restés sur place).

    L'armée syrienne a dû laisser faire à la demande de Moscou qui ne voulait surtout pas voir les deux armées s'affronter. En revanche, les Syriens se sont positionnés juste au sud de la ville, sur la route de Raqqa, capitale de Daech. Le but est d'empêcher l'armée turque de s'aventurer plus loin en Syrie, ce dont Damas ne veut évidemment pas. La situation est très tendue, d'autant que les Turcs sont accompagnés de rebelles syriens à leur solde. Damas enrage de voir ces islamistes devenus pro turcs par nécessité se pavaner dans les rue d'Al Bab sans pouvoir intervenir.

    Mais même si Erdogan exige des Russes de participer à la future bataille de Raqqa, prévue d'ici quelques semaines, son principal souci n'est pas là. En effet, on se rappelle que si l'entrée de l'armée turque en Syrie avait pour prétexte de lutter contre l'Etat islamique, en réalité ce sont surtout les Kurdes qui étaient visés. Ankara ne veut pas d'un territoire autonome kurde dans le nord de la Syrie et a donc installé son armée de la frontière à Al Bab, empêchant ainsi les deux territoires kurdes à l'est et à l'ouest de faire leur jonction.

    Le nouvel enjeu crucial pour Erdogan est la ville de Manbij, tenue par les Kurdes et qui se situe à quelques dizaines de kilomètres au nord-est d'Al Bab. Pour éviter un assaut turc qui semblait tenter le sultan d'Ankara, les Kurdes ont solennellement remis une vingtaine de villages à l'armée syrienne tout en conservant le contrôle de Manbij, principale ville de la région.

    Il est évident qu'Erdogan ne peut pas donner l'ordre d'attaquer frontalement l'armée syrienne au risque de voir les Russes intervenir directement.

    Mais au-delà de cet accord kurdo-syrien, qui marque tout de même une évolution intéressante, l'enjeu de Manbij permet aux Américains de revenir au premier plan.

    Actif soutien des Kurdes depuis le début du conflit, les Américains leur ont adjoint quelques milliers de rebelles syriens, soi-disant non islamistes, armés et entraînés par eux. Plusieurs dizaines de membres des forces spéciales américaines sont présents depuis des mois dans la région pour accomplir cette tâche. On dit aussi que quelques militaires français sont sur place...

    Sous leur contrôle, cette force kurdo-rebelles syriens, appelée FDS (Front Démocratique Syrien, on a le droit de sourire...), progresse au sud vers Raqua que Washington aimerait voir libérer par cette coalition à sa solde, empêchant ainsi Damas de reconquérir son territoire. Pour bien marquer leurs intentions, les Américains viennent d'envoyer 400 hommes supplémentaires à Manbij. Les choses avancent d'ailleurs assez rapidement et la route reliant Raqqa à Deir ez Zor a été coupée, isolant donc la capitale de l'Etat islamique.

    Bachar a qualifié ce renforcement des effectifs américains d'invasion (il est vrai que contrairement aux Russes, il ne leur a rien demandé) mais on se doute que Washington n'en a cure.

    Pour prévenir tout risque de dérapage, une réunion vient de se tenir à Antalya, en Turquie, réunissant de hauts gradés russes, turcs et américains. Parallèlement Erdogan et Poutine se sont rencontrés et nous verrons probablement dans les prochains jours ce qui a été décidé.

    La grande confusion qui règne sur ce front nord permet d'envisager toutes les hypothèses pour la suite des opérations.

    Une chose importante semble toutefois se dessiner, c'est que Trump s'intéresse davantage à la Syrie qu'Obama et, compte tenu des options américaines habituelles dans cette région, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. 

  • QUI EST LE JUGE ?

    Les juges ont fait couper la tête de Louis XVI

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

     

    IMG_0786.jpgSi nous étions animé par une sorte de patriotisme corporatif qui lutte pour le gouvernement des juges, et, par là-même, pour la considération accrue des « auxiliaires de justice » que sont, selon la loi, les avocats, nous devrions être dans un état de contentement extrême.

    Que ce soit aux États-Unis d'Amérique, au Royaume-Uni ou chez nous, en France, l'autorité judiciaire, pouvoir indépendant de l'élection, animé par la seule considération de sa légitimité propre - « les clercs en ce que se connaissant » disait l'Université de Paris qui envoya Jeanne d'Arc au bûcher - est en passe de dominer le monde.

    À Washington, les juges - ou un juge - bloquent le décret sur l'immigration du Président nouvellement élu. À Londres, les juges exigent du Premier ministre qu'il soumette au Parlement ses décisions consécutives à la sortie de l'Union européenne. En France, ils jettent l'ombre de leur pouvoir sur les données de l'élection, car, en permettant - ou non - à François Fillon d'être candidat, ils commandent toute la destinée politique de la France pour les cinq ans à venir.

    C'est à une longue et profonde méditation que nous invite ce regard sur les rapports entre les juges et l'État. Nous savons que, chez nous, quand ils se sont opposés frontalement à l'autorité royale, ce sont eux, les juges, qui ont eu le dernier mot. D'abord, c'était le Parlement de Paris et ses avocats, dont un certain d'Anthon, devenu Danton. Ensuite, ce furent les mêmes, ou leurs neveux, transformés en juges révolutionnaires. Peu importe ! Ce sont les juges qui font couper la tête à Louis XVI, devenu Louis Capet. Ce sont eux qui mettent fin, dans le sang, à une tradition politique millénaire. Par eux, l'idéologie du moment triomphe de ce que Louis XIV appela « la facilité du bon sens » qui fut l'art politique d'où est sorti ce chef-d'oeuvre qui vit toujours, le Royaume de France.

    Il faut des juges ! C'est évident ! Comme il faut aussi des prêtres. Mais que chacun reste à sa place ! Que les juges soient les instruments principaux de la paix publique, de la concorde entre les citoyens, en « rendant à chacun ce qui lui est dû ». Que les prêtres célèbrent les Saints Mystères et annoncent aux foules et aux personnes la Parole de Dieu. Mais que les politiques, dont la fonction est aussi nécessaire que les deux premières, car sans la « tranquillité de l'ordre » dont ils doivent être les artisans, ni les juges, ni les prêtres ne peuvent remplir leur fonction, aient la liberté de leur action !

    Dans notre système actuel, seul le peuple est juge des politiques et son jugement s'exprime par les urnes et pas autrement !

    Un paradoxe suprême - un oxymore comme on aime le dire - domine notre avenir. La révolte du « pays réel » contre le « pays légal », intuition prophétique de Charles Maurras à la naissance du siècle dernier, est en train de gagner, sinon le monde, au moins la partie la plus éclairée de l'univers. Et la traduction politique de cette révolte se fait dans les urnes, par le suffrage universel direct. 

    Politique magazine mars 2017 -  Consulter ... S'abonner ...

  • Pour Macron, le « premier nuage » sera-t-il venu de la Réunion ?

     « Fous dehors ! », « c’est quoi de gauche Macron ? », « les z’oreilles pas chez nous ! ». Emmanuel Macron arpente sous la pluie tropicale les allées du marché du Chaudron, quartier difficile de Saint-Denis de La Réunion
     

    Mur-bleu gds.jpgDans son magistral Napoléon, Jacques Bainville a donné pour titre à son XVIIème chapitre Le premier nuage vient d'Espagne.

    Pourra-t-on, un jour, dire que, pour Macron, le premier nuage, le premier accroc, sera venu... de son déplacement à l'Île de la Réunion ?

    Certes, il y avait eu ses deux déclarations scandaleuses sur la non-existence de la culture française, et - proféré en Algérie, circonstance aggravante - sur le crime contre l'humanité (la « barbarie ») qu'avait représenté la présence française là-bas. Il avait d'ailleurs, très vite, changé sa formulation, et employé le terme de « crime contre l’humain », ce qui ne veut rien dire du tout - la chose n'étant définie dans aucun code - mais qui précisément, en cela même, cadre parfaitement avec le personnage : je dis n'importe quoi, je brasse de l'air, j'enfume, donc j'existe...

    Nous avions évidemment commenté, en leur temps, ces deux insanités. [Voir plus bas].

    Cette fois-ci, c'est différent. Mais, en un sens, plus grave peut-être pour le candidat des Banques et du Hollandisme, de la droite et de la gauche, du centre et de tout et de n'importe quoi, pourvu que « ça marche » ! Car, on a beau dire et beau faire, le ridicule, s'il ne tue plus, fait quand même encore un peu mal. Parce qu'il met en pleine lumière la vérité vraie d'un personnage. C'est en cela que le ridicule peut encore être dévastateur.

    Or, Macron, dans son affligeant spectacle - paraît-il improvisé - à la Réunion est apparu ridicule. Pensant probablement « faire jeune », « faire peuple », il a fait monter un enfant de six ans sur scène, puis un quidam qui, une fois sur l'estrade, ne voulait plus en partir, un chauffeur de taxi se plaignant de la complexité administrative, un homme âgé partisan des médecines naturelles, un sourd-muet et un non-voyant défendant la cause des personnes handicapées... Arrêtons-là cet inventaire à la Prévert, c'est Pascal qui a raison : « Qui veut faire l'ange fait la bête... »  Cette mascarade de la Réunion a montré le personnage tel qu'il était au fin fond de lui-même : profondément creux, et tentant de masquer ce creux abyssal par un nuage de fumée, le plus épais possible. Le « hic » c’est que, manifestement, les gens se sont rendu compte de cette vacuité : dans une salle à moitié vide au début, le public, sans doute lassé de cette pitrerie, quittait l'endroit par vagues, nous disent les journalistes. Forcément, quand on vient pour de la politique, voir et entendre un bateleur d'estrade, cela lasse rapidement... 

    Macron s'est donc laissé apercevoir tel qu'en lui-même. D'autant plus que, à peine la page de la Réunion tournée, il a cru utile de déclarer - à propos de la Guyane - que « bloquer l’île » n’était pas admissible ! La chaleur ? La fatigue ? Certes, nous commettons tous des lapsus et, en l'occurrence, il n'y a pas mort d'homme. Mais, enfin, nous ne sommes pas tous candidat à l'élection présidentielle, et, s'il n'y a pas mort d'homme, ce n'est quand même pas très sérieux de parler d'île en évoquant la Guyane ! 

    Macron nous permettra, ainsi, de finir ce grain de sel par un sourire, en rattachant son immortelle déclaration à celle, non moins immortelle de Jean-Louis Debré déclarant, à propos de la Corse, qu'il n'imaginait pas l'avenir de l'île... séparée du continent !

    Admirables Emmanuel Macron et Jean-Louis Debré ! 

    Autres Grains de sel à lire sur le sujet ...

    La macro énormité d’Emmanuel Macron : « Il n'y a pas une culture française « ...

    Après l'insanité ridicule, l'insanité odieuse : Macron crache sur la France en Algérie !

  • Pierre Navarranne : Deuil de la Provence royaliste

    Pierre Navarranne lit la Prière de la fin sur la tombe de Maurras à Roquevaire

     

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    Les obsèques du Docteur Pierre Navarranne ont été célébrées mardi dernier, 28 mars, à Toulon, en présence d'une nombreuse assistance, d’une foule d’amis, autour de sa famille, notamment ses petits-fils, fidèles à sa mémoire.

    Pierre Navarranne, médecin, ancien président de l'Académie du Var, laisse aussi un grand souvenir à l'Action française à laquelle il était très attaché, où il a exercé d'importantes responsabilités, mettant à son service son exceptionnelle culture tant littéraire qu'historique et politique, mais aussi sa détermination, la noblesse et la chaleur de son caractère.

    L'Action française était présente : Philippe Lallement, qui a assumé sa succession comme président de la fédération du Var, la Fédération Royaliste Provençale et Lafautearousseau, y compris plusieurs représentants de la toute jeune et nombreuse nouvelle génération d'Action française.

    Après la messe, célébrée en l'église Saint-Georges de Toulon, la famille devait se rendre à Pau, son lieu de naissance, où Pierre Navarranne repose désormais.

    Notre famille de pensée et d'action gardera de lui le souvenir du grand royaliste et, à tous les sens, du grand Français qu'il a été. 

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    Un message du Prince Jean de France

     

    2380807990.jpgChers Amis,

    Je connaissais le Docteur Pierre Navarranne de mon passage aux Baux en Provence et à Toulon lors de la présentation d’Un Prince Français, dans cette région où nous revenons souvent en famille.  

    D’autres se chargeront de son éloge mieux que moi, le connaissant mieux.

    Je me rappelle un homme courtois et profond, fidèle à l’idéal monarchique et sa Famille de France.

    En ces moments douloureux, mes pensées vont à sa famille et à ses proches que j’assure de ma prière. Avec mes sentiments attristés.

    Votre affectionné.

    Vendôme

    Le 27 mars 2017

  • Conférence : L’Histoire des Bourbons de France et des Bourbons d’Espagne [Paris, ce soir, 31 mars]

     

    3038070342.jpgVendredi 31 mars 2017, l’Institut de la Maison Royale de France et la Hermandad Nacional Monárquica de España, délégation France, ont le plaisir de vous inviter à la conférence sur l’histoire des Bourbons de France et des Bourbons d’Espagne présentée par l’historien Philippe Delorme.

    Cette conférence exceptionnelle sera donnée à 19H30 dans la grande salle paroissiale de l’église Saint Germain l’Auxerrois, paroisse des rois de France. Pour pouvoir participer à cette conférence, merci de remplir et de retourner le bulletin d’Inscription ci-dessous.  

    Bulletin d’Inscription à la conférence

  • Alain de Benoist : « Post-vérité » - En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation…

     

    Alain de Benoist a donné cet entretien à Boulevard Voltaire le 22.03. L'indifférence à la vérité est-elle un stade ultime de la révolution ? Jusqu'à nier le fond anthropologique ou ontologique qui nous constitue en tant que personnes, mais aussi socialement, politiquement ? Alain de Benoist apporte ici une réponse nuancée : la vérité n'est pas simplement adequatio rei et intellectus, selon la définition classique, puisqu'elle dépend aussi de la perception que nous avons du réel et en quelque sorte de nos structures mentales. Ces dernières dépendent aussi de la communauté, de la civilisation auxquelles nous appartenons par naissance et héritage. Mais si ceux-là aussi sont niés au profit du caprice individuel ? Nous touchons là au cœur de la révolution qui nous détruit. D'où l'intérêt en quelque sorte vital de cet entretien.  LFAR  

     

    1791516973.jpgUn nouveau concept politico-linguistique fait actuellement beaucoup parler de lui : la « post-vérité ». Il y aurait donc une « anté-vérité » ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

    La « post-vérité » (post-truth) a, en effet, été choisie en 2016 comme « mot de l’année » par le Dictionnaire d’Oxford. Le terme est apparu aux États-Unis dans le sillage de la « French Theory » au début des années 1990, lorsque des auteurs comme Michel Foucault ou Jacques Derrida ont commencé à discréditer la notion de vérité comme un « grand récit » auquel on ne pouvait plus croire. Dans la foulée, un certain nombre de journalistes ont cru possible de s’affranchir de leur devoir de neutralité face aux événements. Le mot a, ensuite, été popularisé en 2004 avec le livre de Ralph Keyes, The Post-Truth Era.

    La « post-vérité » n’est pas le mensonge mais l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. L’ère « post-vérité » (ou « post-factuelle ») désigne une période dans laquelle les faits objectifs comptent moins que l’émotion pour modeler l’opinion publique. Dans cette optique, le rôle des victimes devient essentiel. L’image partout diffusée du petit Aylan, noyé sur les rives de la Méditerranée, qu’on a immédiatement utilisée comme un argument en faveur de l’accueil des migrants, en est un exemple typique. En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation.

    On sait bien qu’il est difficile de hiérarchiser les informations quand on est bombardé de nouvelles, de commentaires et d’images qui se succèdent à une vitesse folle. C’est le problème de l’« infobésité ». Cela n’a rien de nouveau, mais le phénomène s’est, de toute évidence, accéléré à l’époque postmoderne. La transformation de la vie politique en spectacle, c’est-à-dire en concours d’apparences, la déferlante des images, les pratiques commerciales frauduleuses, la publicité mensongère, l’avènement de la blogosphère et des réseaux sociaux, le règne de la télé-réalité et de l’« infotainement » (mêlant information et divertissement), le rôle joué par des « spindoctors » spécialistes dans l’art de raconter des histoires (« storytelling »), le recours aux algorithmes et aux « bulles de filtrage », voire la montée du narcissisme (tout individu peut devenir source d’information ou de désinformation), ont fortement contribué à effacer la frontière entre vérité et non-vérité, donnant naissance à ce que certains ont appelé la « démocratie des crédules ». L’avènement du numérique décourage, à lui seul, le sens critique et le raisonnement logique, en même temps qu’il provoque un manque chronique d’attention. Hannah Arendt distinguait les vérités de fait et les vérités de raison. La « post-vérité » révèle la vulnérabilité des premières.

    On parle aussi beaucoup des « fake news ». Mais ces « fausses vérités » ne sont-elles pas aussi l’ordinaire du monde de l’information, officielle ou non ?

    C’est l’autre volet de la question.

    Le journalisme professionnel a longtemps été censé recueillir la vérité publique, mais ce n’est plus le cas. Toutes les enquêtes d’opinion révèlent une défiance croissante vis-à-vis des grands médias : presse papier, radios, télévisions. Les gens réalisent que ce qu’on leur dit ne correspond pas à ce qu’ils voient. Depuis que les propriétaires des journaux ne sont plus des journalistes mais des milliardaires, ils sont devenus conscients des connivences incestueuses qui lient les médias aux élites financières et politiques, toutes issues du même milieu sociologique, toutes également discréditées. Mais au lieu de s’interroger sur les causes de cette défiance dont ils font l’objet, les grands médias préfèrent dénoncer les sources d’information alternatives comme fondées sur la rumeur et le mensonge. Après avoir exercé une cléricature riche en anathèmes, en mises à l’index et en excommunications, ils se posent en gardiens des faits et prétendent dire ce qu’il faut croire. La création de mystifications du genre « Decodex » ou « FactCheck » n’a pas d’autre origine. C’est dans ce contexte qu’ils s’en prennent à la « post-vérité ». 

    Ce n’est pas un hasard si l’on n’a jamais tant manié la notion de « fake news » (« informations contrefaites ») que depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump. Le peuple adhérerait spontanément à la « post-vérité », parce qu’il se composerait essentiellement de ploucs incultes et mal éduqués. À travers la dénonciation de la « post-vérité », c’est à une mise en accusation du populisme, dont les leaders orienteraient systématiquement le peuple vers ses bas instincts en faisant un usage stratégique des rumeurs et en usant d’« éléments de langage » n’ayant plus aucun rapport avec les faits, que l’on assiste. Or, les médias qui sont sur la défensive face aux « fake news » ont toujours été les premiers à en publier (on se souvient du « charnier » de Timișoara, des couveuses du Koweït, des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, etc.). Il y a longtemps que la grande presse s’est mise au service de l’idéologie dominante, devenant du même coup la principale fabrique du consentement (Noam Chomsky).

    Un retour à l’objectivité est-il possible ?

    L’objectivité absolue est impossible car personne ne parle à partir de nulle part, mais on peut au moins tendre à l’honnêteté. La notion de vérité fait, depuis des siècles, l’objet d’un vaste débat philosophique. On la définit souvent, à tort à mon avis, comme synonyme de la conformité aux faits : il y aurait d’un côté les faits, de l’autre les jugements de valeur. C’est oublier que notre cerveau ne perçoit jamais des faits bruts, mais des faits associés à des interprétations qui, seules, peuvent leur donner un sens. Nos structures cognitives ne nous portent pas à rechercher des faits mais à rechercher du sens, et donc à faire un tri spontané entre les informations en fonction de ce que nous pensons déjà, et plus généralement des exigences de notre écosystème mental. C’est la raison pour laquelle la « post-vérité » a encore de beaux jours devant elle. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Réactions diverses à une actualité qui ne l'est pas moins [Suite et fin]

     

    Mur-bleu gds.jpgScandale Le Roux : le lapsus révélateur... 

    Fabienne Sintes s'en est amusée, dans sa matinale de ce dernier mercredi, disant au porte-parole de Benoît Hamon qu'il n'était pas le seul. Alexis Bachelay (ledit porte-parole) venait de parler de Bruno Le Roux en disant Bruno « relou », lapsus qui a été fait plus d'une dizaine de fois, par autant de personnes, et qui, avouons-le, vaut son pesant d'or.

    Bruno Le Roux est donc le cinquième ministre de la « république exemplaire », promise en 2012 - durant le discours du Bourget - contraint à la démission pour cause de scandale. Un par an ! Il est fort, ce Hollande !

    Sitôt « l’affaire Fillon » lancée, Le Roux avait commis l'imprudence de dire, en substance, au micro de RTL, qu'il fallait interdire ce genre de comportement (l'emploi de proches et de membres de sa famille). Il ne se rendait pas compte de sa situation ? On reste confondu... Et on se demande : combien sont-ils dans son cas, dans le Pays légal, qui voient depuis tant de semaines Fillon lapidé par les journaleux, alors qu'ils ne peuvent pas ignorer qu'ils sont, eux-mêmes, dans l'œil du cyclone ? Qui va « sortir » demain, à droite, à gauche, au centre ?

    Cette « affaire Le Roux » pose, en plus, un autre problème, d'une toute autre gravité que le simple cas personnel d'un triste sire. Depuis janvier, on a vu, en quelque sorte, le pouvoir des Juges se mettre de lui-même au centre. C'était nouveau. Mais cela n'a pas duré bien longtemps. Voici que, deux mois à peine après que les Juges se soient arrogés le pouvoir, ils l'ont perdu, remplacé par les journaleux. Et même plus les journaleux de la presse écrite, parlée ou télévisuelle : non ! par des journaleux (?) bateleurs d'estrade, amuseurs publics, saltimbanques d'un nouveau genre, où le rire destructeur est la règle (de Ruquier à Barthès).

    Question : comment le gouvernement du pays sera-t-il encore possible si un ministre majeur (l'Intérieur !) ne tient plus que trois mois, et se voit contraint de démissionner après une simple émission de la TNT ? Question qui, évidemment, ne signifie pas approbation de l'inconduite du ministre. 

    Deux mois donc, à peine, après que les juges se soient octroyé le pouvoir, les journaleux viennent de le leur prendre. Fort bien. Mais bientôt on le prendra aux journaleux. Qui ? La rue, la terreur : écoutez Mélenchon samedi place de la République, et Hamon dimanche, à Bercy...

    Allez, terminons par une note positive

    Le mathématicien Yves Meyer vient de recevoir le prix Abel 2017. C'est la quatrième fois que ce prix récemment créé (2003) - voulu comme une sorte d'équivalent du Prix Nobel, qui n'existe pas pour les mathématiques - est décerné à un français, et honore donc la qualité et la constance des chercheurs français. C'est là qu'on voit que, comme le disait Bainville, la France est, dans l'ensemble, une bonne affaire.

    Voilà qui nous sort un peu, par le haut, de la désolante médiocrité d'un Pays légal qui n'est, au fond, rien d'autre que ce qu'une infestation de tiques est à un beau chien de race...

  • Café Histoire de Toulon, ce jeudi 30 mars, soirée historique et identitaire !

     

    Le Grall, Pub associatif (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

  • Anniversaire du traité de Rome : « L'Union européenne telle que nous la connaissons est en fin de vie. »

     

    A l'occasion de l'anniversaire du Traité de Rome, Alexandre Devecchio a réalisé ce Grand Entretien avec Coralie Delaume et David Cayla, qui font le point sur l'Union européenne [Figarovox, 24.03]. Telle que nous la connaissons, elle est, selon eux, en fin de vie. Ce qu'ils démontrent au fil d'une analyse serrée, minutieuse et documentée qui intéresse les patriotes français, amis d'une Europe réelle non idéologique. Dont nous sommes.  Lafautearousseau

     

    Ce 25 mars marque le soixantième anniversaire du traité de Rome, acte de naissance symbolique de l'Union européenne. Quel bilan tirez-vous de soixante de construction européenne ?

    Un bilan assez calamiteux, forcément. Il n'y a qu'à voir comment se sont passés les divers anniversaires de ce début d'année. Car celui du traité de Rome n'est pas le premier que l'on « célèbre ». L'année 2017 est aussi celle des 25 ans du traité de Maastricht, et celle des 15 ans de l'euro qui est entré dans nos portefeuilles le 1er janvier 2002.

    Personne n'a eu le cœur à festoyer.Personne n'a pourtant eu le cœur à festoyer. Et pour cause. Les deux années qui viennent de s'écouler ont vu se succéder deux événements majeurs. D'abord la crise grecque de janvier à juillet 2015, qui s'est soldée une mise en coupe réglée de la Grèce. Comme l'explique le spécialiste du pays Olivier Delorme la situation économique du pays est désormais effroyable. Sa dette est très clairement insoutenable, ainsi que le répète inlassablement le FMI, bien plus lucide dans ce domaine que les Européens. Son PIB, qui s'est rétracté d'un quart depuis le début de la crise en 2010, a encore reculé de 0,1 % en 2016. Cela signifie qu'en dépit d'une cure d'austérité digne du Guinness Book, l'économie hellène ne se relève pas. Le fait que Michel Sapin puisse affirmer, au sortir de l'Eurogroupe du 20 mars que « Le drame grec est derrière nous » montre que la « postvérité » et les « alternative facts » ne sont pas l'apanage des « populismes ». Il est évident que le problème grec se reposera très bientôt.

    L'autre événement majeur est évidemment le Brexit, qui sera officiellement enclenché le 29 mars. Symboliquement, c'est un coup très dur pour l'Union européenne, qui se rétracte pour la première fois alors qu'elle n'avait fait jusque-là que s'élargir. On a beau nous seriner que la Grande-Bretagne était très peu intégrée, l'événement reste lourd de sens.

    D'autant qu'en choisissant l'option du « Brexit dur » et en affirmant qu'à un mauvais accord avec l'UE elle préférait « pas d'accord du tout », Theresa May envoie le signal d'un retour du volontarisme en politique, ce qui ne manquera pas de susciter l'intérêt et l'envie dans les pays voisins.

    De plus, contre toute attente, l'économie du pays ne s'effondre pas. Le professeur britannique Robert Skidelsky a récemment expliqué pourquoi dans une tribune parue dans la presse suisse : «la nouvelle situation créée par le Brexit est en fait très différente de ce que les décideurs politiques, presque exclusivement à l'écoute de la City de Londres, avaient prévu. Loin de se sentir dans une moins bonne situation (...), la plupart des électeurs du Leave pensent qu'ils seront mieux lotis à l'avenir grâce au Brexit. Justifié ou non, le fait important à propos de ce sentiment est qu'il existe ». En somme, les Britanniques ont confiance dans l'avenir, et cela suffit à déjouer tous les pronostics alarmistes réalisés sur la foi de modèles mathématiques. Or si la sortie du Royaume-Uni se passe bien économiquement, ça risque là encore de donner des idées aux autres pays.

    L'Union européenne est de moins en moins hospitalière. Les dirigeants européens semblent baisser les bras pour certains, tel Jean-Claude Juncker lâchant un « Merde, que voulez-vous que nous fassions ?» devant le Parlement européen le 1er mars. D'autres s'adonnent carrément à l'injure tel Jeroen Dijsselbloem, le président néerlandais de l'Eurogroupe, affirmant toute honte bue le 21 mars : « Durant la crise de l'euro, les pays du Nord ont fait preuve de solidarité vis-à-vis des pays touchés par la crise. En tant que social-démocrate, j'accorde une très grande importance à la solidarité. Mais [les gens] ont aussi des obligations. On ne peut pas dépenser tous l'argent dans l'alcool et les femmes, et ensuite appeler à l’aide ». Bref, le bilan de la construction européenne en ce jour anniversaire est peu engageant, c'est le moins que l'on puisse dire.

    Votre dernier livre s'intitule La fin de l'Union européenne. Quels pourraient être le scénario de la fin de l'UE. Une nouvelle crise grecque ? La victoire du FN à la présidentielle ?

    D'abord, nous observons que l'Union européenne est déjà en voie de décomposition du fait de son incapacité à faire respecter ses propres règles par les États membres.

    Dans notre livre, nous parlons de la fin de l'Union européenne au présent et non au futur. On a pu observer les déchirements européens à l'occasion de la crise des réfugiés. La Commission a été obligée de suspendre l'application des traités dans l'urgence pour faire face à la désunion. Quant à la crise de la zone euro, elle a été l'occasion de tels déchirements qu'aujourd'hui cette même Commission renonce à sanctionner l'Allemagne pour ses excédents et le Portugal et l'Espagne pour leurs déficits. De même, aucune sanction n'est tombée contre la Hongrie qui a réformé sa Constitution et sa justice de manière à pouvoir contourner l'application du droit européen sur son propre territoire.

    Pourtant, on fait comme si. Les institutions européennes tournent en partie à vide, mais elles tournent, et en France le droit européen continue de s'imposer tout comme la logique d'austérité de s'appliquer. Jusqu'à quand ? Peut-être qu'une victoire du Front national accélérerait la rupture de la France avec les règles européennes et précipiterait son éclatement institutionnel mais rien n'est moins sûr. Encore faudrait-il que Marine Le Pen fasse ce qu'elle promet actuellement, et il n'est pas certain du tout qu'elle en ait les moyens. Avec qui gouvernerait-elle pour avoir une majorité ? Avec une partie de la droite traditionnelle ? Mais cette dernière ne veut absolument pas qu'on touche au statu quo...

    Un autre scénario envisageable serait en effet un défaut grec et une sortie de la Grèce de la zone euro. L'intransigeance allemande pousse de fait ce pays à envisager une stratégie de rupture, car comme on l'a dit précédemment, rien n'est résolu. Le jour où la Grèce fait officiellement défaut, les Allemands vont être contraints à « prendre leurs pertes » et donc à reconnaître ce qu'ils ont toujours refusé jusqu'à présent, c'est-à-dire qu'une union monétaire implique une union de transferts. Pas sûr qu'après cela l'Allemagne que souhaite encore rester dans l'euro.

    Le scénario d'une crise extérieure est aussi envisageable. Après tout, la crise financière de 2008-2009 est venue des États-Unis. Quelle réaction auraient les autorités européennes en cas de nouvelle crise financière mondiale ? Comment l'Allemagne, premier pays créancier au monde, absorberait-elle la perte de son épargne qui ferait suite à une déflagration financière mondiale ? Que se passerait-il si une nouvelle crise touchait par exemple l'Italie ou si une brusque remontée des taux d'intérêt rendait de nombreux pays d'Europe du Sud à nouveau insolvables ?

    Ce ne sont pas les scénarii de crise qui manquent. Ce qui manque, ce sont les scénarii crédibles qui permettrait à l'Union européenne d'en sortir renforcée. Aujourd'hui, on constate une telle divergence entre les économies des pays membres que tout choc externe touchera différemment les pays. Les pays créanciers seront-ils solidaires des pays débiteurs et inversement ? Vu les rapports de forces politiques actuels on peut sérieusement en douter.

    Enfin, il ne faut pas minorer l'importance de ce qui se passe en Europe de l'Est. Début février, le Belge Paul Magnette, pourtant connu pour être un fervent européen, constatait que « L’Europe est en train de se désintégrer ». Puis il lançait cet oukase : « j’espère que le Brexit sera suivi par un Polxit, un Hongrexit, un Bulgxit, un Roumaxit ». C'est iconoclaste, mais c'est lucide. La passe d'armes qui s'est récemment produite entre la Pologne et l'Union autour de la reconduction de Donald Tusk à la présidence du Conseil laissera des traces à Varsovie. Les propos échangés ont été très durs. Le ministre des Affaires étrangères polonais, Witold Waszczykowski, a affirmé que son pays jouerait désormais « un jeu très dur » avec l'UE. Puis d’ajouter : « Nous allons devoir bien sûr abaisser drastiquement notre niveau de confiance envers l'UE. Et aussi nous mettre à mener une politique négative ».

    La chute de l'UE était-elle inscrite dès le départ de son ADN ou s'agissait-il d'une bonne idée qui a été dévoyée ?

    Certains « eurosceptiques » pensent que le ver était dans le fruit, que la personnalité même des « Pères fondateurs » (Monnet, Schumann) souvent proches des États-Unis et/ou des milieux d'affaires portait en germes l'échec de l'Europe, qui ne pouvait être qu'un grand marché intégré un peu amorphe, une sorte de grande Suisse. Ce n'est pas notre avis.

    Il y a eu en effet, pendant toute l'époque gaulliste, un affrontement entre deux visions de l'Europe. Celle de Monnet et des autres « Pères fondateurs », désireux de fonder une Europe supranationale qui échappe aux « passions populaires » et soit confiée aux bons soins de techniciens. C'est elle qui s'est imposée, puisque l'Union européenne est un édifice économico-juridique avant tout, un Marché unique ficelé dans un ensemble de règles de droit qui sapent la souveraineté des pays membres. Cette Europe fait la part belle à l'action d'entités « indépendantes » : Commission, Banque centrale européenne, Cour de justice de l'Union. Celles-ci prennent des décisions majeures mais ne sont jamais soumises au contrôle des citoyens et à la sanction des urnes. On a donc décorrélé la capacité à décider et la responsabilité politique, ce qui est tout de même assez grave pour la démocratie.

    Pourtant, il existait une autre conception de l'Europe, celle des gaullistes. Elle semble d'ailleurs connaître actuellement un regain d'intérêt puisque l'on entend parler à nouveau, si l'on tend l'oreille, « d’Europe européenne ». Il s'agissait de bâtir une Europe intergouvernementale et d'en faire une entité politique indépendante de chacun des deux blocs (c'était en pleine Guerre froide), dont l'objet serait essentiellement de coopérer dans le domaine des Affaires étrangères, de la Défense, de la recherche scientifique, de la culture. Ça a été l'objet des deux plans Fouchet, au début des années 1960, qui ont échoué. Après cet échec, le général de Gaulle n'a pas tout à fait renoncé au projet. Faute d'avoir pu convaincre les Six, il a proposé à l'Allemagne d'Adenauer un traité bilatéral bien connu, le traité de l'Élysée. Ce traité a été signé parce qu'Adenauer y tenait. Le chancelier a toutefois fait l'objet de nombreuses pressions dans son pays, de la part de gens qui ne voulaient absolument pas renoncer au parapluie américain au profit d'un rapprochement franco-allemand. Ceux-là ont donc fait rajouter au traité de l'Élysée un préambule dans lequel il était écrit que le texte ne portait pas préjudice à la loyauté du gouvernement fédéral vis-à-vis de l'OTAN.

    C'est une vieille histoire, celle de l'affrontement de deux visions. Les uns voulaient un marché et des règles de droit intangibles pour cadenasser les peuples. Les autres voulaient créer une entité stratégique indépendante à l'échelle du monde et respectueuse des souverainetés. Rien n'était écrit, c'est l'état des rapports de force de l'époque qui a tranché. En tout état de cause, il est singulier de voir les prétendus gaullistes d'aujourd'hui prêter allégeance à l'Europe telle qu'elle est, et un François Fillon, par exemple, se ruer à Berlin pour promettre des « réformes structurelles » à Angela Merkel...

    Il faut ajouter qu'ensuite, les choses se sont dégradées par paliers. Le traité de Rome, qui créait le Marché commun, a plutôt été une bonne chose pour l'économie du continent. Le marché s'est élargi pour les produits finis des pays membres, et a offert des débouchés supplémentaires à leurs entreprises. Mais la transformation du Marché commun en Marché unique avec la signature de l'Acte unique de 1986 change tout. Pour nous, c'est une date clé. À ce moment-là, ce ne sont plus seulement les marchandises qui circulent librement, ce sont les facteurs mobiles de production, c'est-à-dire le capital productif et le travail. Ils vont naturellement s'agréger dans le centre de l'Europe, alors plus industrialisé donc plus attractif, pour des raisons historiques que nous expliquons longuement. En résulte un phénomène de « polarisation » qui appauvrit les pays de l'Europe périphérique, et enrichit le cœur, notamment l'Allemagne.

    L'Acte unique est donc un virage substantiel. Mais la mise en place de l'euro, qui fluidifie encore les mouvements de capitaux et qui rend l'Allemagne sur compétitive parce qu'il est sous-évalué pour elle, n'arrange rien. Enfin, l'élargissement à l'Est des années 2004 et 2007 est une nouvelle étape, car elle fait entrer dans le Marché unique de très nombreux Européens qui bénéficient de la libre circulation des personnes comme tout le monde, mais dont les salaires et les protections sociales sont bien moindres qu'à l'Ouest. Cela accroît très fortement la mise en concurrence des travailleurs. Les pays de l'Est se sont d'ailleurs spécialisés dans le dumping social.

    Après la chute de l'UE, faudra-t-il reconstruire une nouvelle Europe ? Pourquoi ne pas conserver une partie de ce qui a été construit ? N'y a-t-il rien à sauver de l'Union européenne ?

    Il y a des choses à sauver. Mieux, il y a des choses à développer. Toutefois, cela nécessite que soit préalablement défait l'existant, car l'édifice juridico-économique qu'est l'Union européenne (et qui n'est pas l'Europe, il faut insister là-dessus) met les pays européens en concurrence les uns avec les autres au lieu de les rapprocher. Au point de faire (re)surgir des animosités que l'on croyait hors d'âge, et même de conduire à des propos à la limite du racisme, comme ceux de Dijsselbloem évoqués plus haut.

    Pour la suite, il faudra bien admettre que tout ce qui a marché jusqu'à présent en Europe relève de l'intergouvernemental et ne doit rien à l'Union. On peut donner quelques exemples : Airbus, entreprise d'abord franco-allemande mais ayant attiré à elle les Néerlandais et les Espagnols, justement parce que ça fonctionnait. À ceci près qu'on ne pourrait plus le refaire aujourd'hui, car les règles européennes en vigueur actuellement, notamment la sanctuarisation de la « concurrence non faussée », ne le permettraient pas. Voilà à cet égard ce que dit Jacques Attali : « On ne pourrait plus faire Airbus aujourd'hui (…) la Commission européenne concentre toute son attention et ses efforts sur la politique de concurrence. Cela conduit à un désastre, parce qu'une politique de concurrence sans politique industrielle s'oppose à la constitution de groupes européens de taille mondiale ».

    On peut également citer l'Agence spatiale européenne, celle qui envoie Thomas Pesquet dans l'espace. Ça, c'est l'Europe qui marche, mais on ne l'évoque guère car elle ne pose pas problème. Elle relève de projets ponctuels, concrets, circonscrits, et permet la mise en commun de compétences sans déperdition de souveraineté. Sans doute pourrait-on garder Erasmus également, si cher au cœur des européistes et qui est, c'est vrai, un programme de l'Union. Mais l'apprentissage des langues et les échanges culturels ne doivent pas concerner pour autant qu'un nombre infinitésimal d'étudiants privilégiés. En outre, il n'y a pas besoin de traités d'ordre supranational pour faire cela. La Turquie, la Macédoine, participent au programme sans être dans l'UE. 

    « Tout ce qui a marché jusqu'à présent en Europe relève de l'intergouvernemental et ne doit rien à l'Union. »

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    Coralie Delaume et David Cayla viennent de publier La fin de l'Union européenne (Michalon 2017).

    Alexandre Devecchio

    1630167502.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

  • Réactions diverses à une actualité qui ne l'est pas moins [A suivre]

     

    Mur-bleu gds.jpgEnfants marocains fugueurs et snifeurs de la Goutte d'or

    France info nous l'apprend ce mercredi 22 mars : des enfants marocains, en grand nombre, dont certains ont moins de dix ans, courent sur les trottoirs, entre les gens, après avoir respiré colle et autres substances toxiques, dans le quartier de la Goutte d'Or, à Paris ! Dans leur état, ces malheureux gamins, évidemment, s'agressent : l'un d'eux a déjà eu la gorge tranchée, le SAMU ayant réussi à intervenir, de justesse. Le journaleux se demande, évidemment, avec gravité, ce que font les Services sociaux. Mais c'est lui qui semble avoir perdu la raison : à cet âge, quitter son pays, traverser l'Espagne pour « atterrir » à Paris, et vivre la vie que l'on vient, rapidement, de décrire, cela s'apparente à une fugue, débouchant sur un enfer. Il faut, de toute urgence, faire cesser l'une et l'autre. La solution, ce ne sont pas les Services sociaux qui la trouveront. La solution, c'est de réunir tous ces enfants, les remettre à l'ambassadeur du Maroc, à charge pour lui d'affréter un ou plusieurs avions, pour les ramener chez eux et les rendre à leurs familles.  

    Hamon, traître trahi, n'est pas content du PS !

    Voici que Benoît Hamon nous joue la version moderne, et tout aussi comique dans sa désarmante naïveté, de L'arroseur arrosé, qui fit la joie des spectateurs du cinéma, à ses débuts. Il n'a pas de mots assez durs, lui et ses « lieutenants » (!) contre ce PS qui le lâche, et va rallier (pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait) cette sorte d'horreur absolue qu'incarne ... Macron ! Mais, de quoi se plaint-il ? C'est bien connu : un pur trouve toujours un « plus pur » qui l'épure. De même, un traître trouve toujours un plus traître qui le trahira à son tour... 

    Hamon participa au calamiteux gouvernement du calamiteux quinquennat du calamiteux Hollande ; il y embêta tout le monde, devenant même l'un des symboles des Frondeurs, tant et si bien qu'il s'en fit virer, avec son collègue Montebourg, par un Valls, père fouettard comme jamais. Oui mais ça, pense Hamon, c'était « avant » (comme dans la pub avec Alain Delon). Maintenant que petit Ben (dixit Martine, Aubry pour les intimes), tout étonné d'être là, se retrouve candidat, il ne sait plus quoi faire dans ce costume de toute évidence beaucoup trop large pour lui, pour sa « carrure ». Alors, il devient hargneux ; il appelle ses chers immigrés à la rescousse ; il trouve un lien qui bien sûr n'existe pas entre Jean Jaurès, Guy Môcquet et Ibrahim Ali ; bref il se lance dans une fuite en avant désespérée, il dit n'importe quoi pour tenter de meubler le grand vide sidéral qu'il représente : il ferait peine, s'il n'était pas repoussant, avec ses appels incessants et quasi hystériques aux grands ancêtres de la Révolution, de la Terreur, de la Commune, de la violence révolutionnaire sanguinaire...  

  • Béziers, 29 mars, 19 h : Jacques Trémolet de Villers parle du procès de Jeanne d'Arc. C'est aujourd"hui !

     

    Conférence de 

        Jacques Trémolet de Villers
    Avocat à la Cour d’appel de Paris
        auteur de l’ouvrage qu’il dédicacera :

        « Jeanne d’Arc - Le procès de Rouen »

        le mercredi 29 mars 2017 à 19 h
        au restaurant Maria Thérésa à Béziers
        Entrée : 54 avenue du 22 août ou 23 rue Solferino

    La soirée se déroulera de la manière suivante :

    •  19 h :      Accueil. Un apéritif sera servi.
    •  19 h 30 : Conférence.
    •  20 h 30 : Pour ceux qui le désirent, dîner sur place avec le conférencier qui continuera à répondre aux questions (Prix 15 € : entrée, plat, dessert, vin en sus – Salle privatisée).

     

    Tremollet J.jpgLe 21 février 1431 s'ouvre l’un des plus fascinants et décisifs procès de l’Histoire : celui de Jeanne d’Arc.

    Cette jeune fille de 19 ans, prétendue analphabète, hallucinée, hérétique, sera en moins de cent jours condamnée à être brûlée vive.
    Dès le premier interrogatoire, les juges, Cauchon en tête, assènent les coups. Ils sont abbés, docteurs en théologie, familiers du droit canon, décidés à la faire plier.

    Dès sa première parole, Jeanne, seule à la barre, déjoue les pièges des hommes d’Église et de loi. Elle fait preuve d’un ton libertaire, habile et plein d’humour qui les déstabilise par la force de sa sincérité.
    Les voix, puisque c’est là l’essentiel, portent.

    Cent jours durant, va se jouer, en cette froide salle d’audience, l’éternel combat de la vérité.

    Tout procès se conclut dès la première audience. Jacques Trémolet de Villers, plaideur des plus importants procès politiques de ces dernières décennies, décrypte les paroles échangées et nous livre, en voix off, son commentaire jour après jour. Il introduit son lecteur dans la salle, lui fait comprendre les convictions des parties, et surtout lui fait saisir le courage sensible du personnage de Jeanne, jusqu’à craindre l’issue…

    ll y a du bon dans la procédure. Elle conserve, comme des pierres précieuses dans une châsse, un véritable trésor, et demeure en dernière analyse la seule raison sérieuse d’organiser la justice des hommes. Le texte intégral du procès, seul témoignage à faire véritablement entendre Jeanne, a été élaboré, de façon minutieuse, à partir des actes authentiques (les minutes conservées en latin et en français), vérifiés aux meilleures sources et complétés par les dépositions du procès d’annulation.

    Jacques Trémolet de Villers a plaidé de nombreuses affaires civiles et pénales à caractère politique, idéologique et médiatique. Écrivain, il a publié une biographie du célèbre avocat du XIXe siècle Pierre-Antoine Berryer, Aux marches du palais, de même que Heureux qui comme Ulysse, commentaire de son anthologie de la poésie française Vingt-quatre poèmes que nous devrions savoir par coeur pour les dire à nos enfants. Il poursuit son travail avec cet « Évangile selon Pilate » qu’est le procès de Jeanne d’Arc.

    Source : Le Midi Blanc

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  • Café Histoire de Toulon, ce mercredi 29 mars : « La catastrophe écologique vue par les alter-cathos ».

     

    Le Café Histoire de Toulon annonce la prochaine causerie du mercredi 29 mars 2017 devant les Amis du Pub Le Graal. Cette causerie, animée par Luc Richard, portera sur le thème :  La catastrophe écologique vue par les alter-catholiques. 

    Chrétiens et écologistes peuvent-ils œuvrer ensemble face à une société de consommation dévastatrice des écosystèmes et des communautés humaines ?  Pour passer du Global au Local, il leur est nécessaire de regarder en face la catastrophe écologique. Pour les y aider, Luc Richard a dirigé le livre collectif  La catastrophe écologique, fruit pourri du capitalisme,  fruit d’une journée de réflexion organisée par l’Observatoire Socio-Politique diocésain de Toulon et la revue LIMITE, en écho à l’encyclique Laudato Si. 

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

    Signalons en outre le texte passionnant de la causerie du mois de janvier 2017, de Danièle Masson, agrégée de Lettres classiques sur Eric Zemmour et le fait religieux. A lire ci-après. Café Histoire de Toulon  Danielle Masson.pdf

  • La Fontaine avait « prédit » Macron dans sa fable de la Chauve-souris et des deux belettes

     

    1903076588.10.jpg« Je suis oiseau : voyez mes ailes !... Je suis souris : vivent les rats ! »

     

    Macron se moque du monde, avec ses ralliements en cascade, qui montrent bien son « parti clic » (il suffit de cliquer sur un clavier pour faire partie de son mouvement) pour ce qu'il est vraiment : un vrai grand magasin, genre Samaritaine, où « on trouve de tout » ; et il a raison puisque, pour un moment au moins, ça marche (c'est le cas de le dire, d'ailleurs, pour un parti qui s'appelle « En Marche » !).

    Jean-Yves Le Driant, socialiste bon teint - et, nous l'avons dit, bon serviteur du Pays, comme ministre de la Défense - se rallie-t-il ? Ah, oui, mais je ne suis pas de gauche pour autant, voyez Bayrou, qui me soutient ! répond celui qui réussit le tour de force d'être le chouchou des Banques et le vrai continuateur du plus que calamiteux François Hollande, dont il inspira le programme tant qu'il resta à Bercy.

    Madelin, et Perben - donc, en gros, des gens réputés « à droite » - me soutiennent-ils ? Ah, oui, mais je ne suis pas de droite pour autant ! Voyez Robert Hue ou Daniel Cohn-Bendit autour de moi

    Ainsi la chauve-souris de La Fontaine sauva-t-elle par deux fois sa peau : « Je suis oiseau : voyez mes ailes » dit-elle d'abord, puis « Je suis souris : vivent les rats ».

    Quel jeu, autre que celui de la chauve-souris, nous joue donc notre Macron, la madone des Banquiers, le fils chéri du « capitaine de pédalo » (dit aussi « Flanby », ou « Fraise des bois », selon qu'on est chez Mélenchon ou Montebourg) ? Aucun ! Macron dit à chacun ce qu'il veut entendre, et il ajoute qu'il nous aime passionnément, et il peut parler sept minutes d'affilée (ouf !) sans que l'on puisse résumer ce qu'il a dit, comme le faisait justement remarquer Marine Le Pen, lors du premier débat télévisé de la bande des cinq, sur TF1...

    Le problème est qu'en réalité, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, on ne vote pas pour élire le président de la République. Du moins, pas seulement. On vote pour élire le président de la République, oui, mais un président qui devra être suivi, et emmener, une majorité à l'Assemblée, afin de gouverner normalement pendant cinq ans. Et c'est là que le bât blesse, pour notre illusionniste national, notre grand équilibriste permanent, notre Janus aux largement plus que deux visages...

    Quelle majorité ferait-il élire, si par malheur il était élu ? Les journaleux se gaussent des « Etats Désunis d’Amérique », après l'élection de Donald Trump - qui leur est insupportable et qu'ils n'ont toujours pas digérée. Mais, Macron élu, la majorité qu'il essaierait de faire entrer à l'Assemblée ne serait rien d'autre qu'un agrégat inconstitué de personnalités tellement disparates et hétéroclites qu'elles n'auraient qu'un seul lien entre elles : celui d'être.... désunies !

    Et Macron prétendrait gouverner avec « ça » ?

    C'est de l'escroquerie pure et simple...

    Allez, un peu d'air pur, de culture et de vent frais avec notre bon vieux La Fontaine !   

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    LA CHAUVE-SOURIS ET LES DEUX BELETTES

    Une Chauve-Souris donna tête baissée
    Dans un nid de Belette ; et sitôt qu'elle y fut,
    L'autre envers les Souris de longtemps courroucée,
    Pour la dévorer accourut.

    Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
    Après que votre race a tâché de me nuire !
    N'êtes-vous pas Souris ? Parlez sans fiction.
    Oui vous l'êtes, ou bien je ne suis pas Belette.
    Pardonnez-moi, dit la Pauvrette,
    Ce n'est pas ma profession.
    Moi Souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles :
    Grâce à l'Auteur de l'univers,
    Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;
    Vive la gent qui fend les airs ! 
    Sa raison plut, et sembla bonne.
    Elle fait si bien qu'on lui donne
    Liberté de se retirer.
    Deux jours après, notre étourdie
    Aveuglément se va fourrer
    Chez une autre Belette aux Oiseaux ennemie.

    La voilà derechef en danger de sa vie.
    La Dame du logis avec son long museau
    S'en allait la croquer en qualité d'Oiseau,
    Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage :
    Moi pour telle passer ! vous n'y regardez pas :
    Qui fait l'oiseau ? C'est le plumage.
    Je suis Souris : vivent les Rats ;
    Jupiter confonde les Chats.
    Par cette adroite repartie
    Elle sauva deux fois sa vie.

    Plusieurs se sont trouvés, qui d'écharpe changeants,
    Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue.
    Le sage dit, selon les gens :
    Vive le Roi ! vive la Ligue !

     

  • MACRON À LA UNE..

     

    ENQUÊTE. Des accords avec quelques magnats de la presse, le soutien de l'Élysée et des communicants ambitieux : c'est le secret de la campagne médiatique d'intensité rare en faveur d'Emmanuel Macron. Décryptage.

     

    PAR LOUIS ANDERS 

    « On ne communique pas sur la com'... ». Au téléphone, la réaction du mouvement « En Marche » est nette : le service de presse ne souhaite pas divulguer d'informations sur sa force de frappe. Et pour cause : il est le coeur nucléaire du réacteur, celui grâce auquel un homme inconnu du grand public il y a encore trois ans peut désormais nourrir des espoirs d'accéder au second tour de la présidentielle. La communication d'Emmanuel Macron est en partie assurée par de jeunes loups aux vives ambitions. Son poisson-pilote, Ismaël Emelien, 29 ans, a été formé chez le géant de la publicité Euro RSCG, l'entreprise qui contrôle (avec Publicis) la majeure partie des annonces payantes passées dans les médias. Autour de lui figurent d'autres membres du cabinet de Macron quand il était ministre de l'Économie. Des garçons aux pratiques contestables : à Bercy, ces derniers n'hésitaient pas à bloquer pendant des mois les notes du secrétaire d'État au numérique, Axelle Lemaire, dans le but de réserver à leur employeur l'image de la modernité. En tout, le service de communication d'En Marche emploie à lui seul un quinzaine de personnes, soit le tiers des salariés du mouvement. Une véritable machine de guerre.

    DES UNES À LA PELLE

    Le résultat ? Des unes à la pelle dans Paris Match, des articles laudateurs dans Le Figaro ou L'Obs, des reportages sur la femme d'Emmanuel Macron dans la presse féminine, des passages positifs sur les grandes chaînes de radio et de télé alors que l'homme ne dispose pas encore de programme. Dernière opération réussie : les cinq pages consacrées au candidat à la présidentielle le 12 février dans le Journal du dimanche. Une opération de com destinée à déminer les interrogations qui commencent à poindre concernant les financements dont il bénéficie. Le dossier, réalisé « avec le concours du candidat d'En Marche » précise l'hebdomadaire, consiste en un déroulé d'informations lisses fournies par son propre porte-parole... S'y ajoutent des articles intitulés « En Marche visé par les hackers », « Pourquoi il les ensorcelle », ou « Macron, confidences sacrées » dans lequel l'homme « ne renie pas la dimension christique » du chemin qu'il suit... Vous avez dit propagande ?

    LES MAGNATS QUI LE SOUTIENNENT

    Les relais médiatiques, le candidat les a trouvés directement chez les propriétaires de la presse. Actionnaire important du groupe Le Monde SA (Le Monde, L'Obs, Challenges, Télérama, Huffington Post), Pierre Bergé a affirmé publiquement être au service d'Emmanuel Macron. Plus discrètement, l'homme d'affaires israélien Patrick Drahi soutiendrait également l'ex-secrétaire général adjoint de l'Élysée : c'est grâce à son intervention qu'il avait pu acheter le groupe SFR en dépit des blocages montés à l'époque par le ministre Arnaud Montebourg. Depuis, les titres du groupe SFR Presse (BFM, RMC, L'Express, Libération, etc.) apportent un soutien monolithique à Emmanuel Macron et relayent abondamment les attaques contre les autres candidats. Pour sa campagne, En Marche s'est directement attaché les services du président de SFR Presse, Bernard Mourad ; cet ancien banquier de Morgan Stanley a naguère travaillé pour le compte de la filiale médias d'Arnaud Lagardère (dont le groupe détient notamment Paris Match, Europe 1 et le JDD).

    N'en jetez plus ? En voilà encore. Le candidat de 39 ans serait également secondé par l'Élysée, si l'on en croit la très informée lettre Faits & Documents. Dans L'Obs du 19 janvier, Manuel Valls en personne n'affirmait-il pas : « J'en ai marre de voir que le secrétaire général de l'Élysée aide à lever des fonds pour celui qui veut tuer notre parti » ? Un coup de gueule qui fait écho au voyage récent du candidat Macron au Liban, lequel aurait été organisé en sous-main par l'exécutif ; et à la phrase prononcée par le président Hollande en personne devant deux journalistes : « Il faut liquider le PS pour créer un Parti du Progrès » (Un président ne devrait pas dire ça, éd. Stock, 2016). Une grille d'analyse qui pourrait expliquer la relative bienveillance dont bénéficie le candidat Macron dans les médias publics (AFP, Radio France et France Télévision).  

    Politique magazine mars 2017 -  Consulter ... S'abonner ...

  • LES MYSTÉRIEUX FINANCEMENTS DE M. MACRON


    400 000 euros pour le meeting de campagne à Lyon, 20 000 euros par mois pour le QG parisien, 50 salariés à temps plein, un baryton de l'opéra de Paris pour travailler la voix du candidat, des contrats passés avec l'agence de stratégie électorale Liegey Muller Pons, des déplacements en cascade y compris à l'étranger...

    Une campagne, ça coûte cher, très cher. Emmanuel Macron le sait, lui qui pourrait se voir opposer une plainte pour avoir dépensé des fonds publics à son profit quand il était ministre de l'Économie : selon les journalistes Frédéric Says et Marion L'Hour (Dans l'enfer de Bercy, éd. JC Lattes), l'homme a employé à lui seul et en huit mois seulement 80% des frais annuels de représentation du ministère afin de préparer sa campagne présidentielle. Il s'est aussi appuyé à temps plein sur trois collaborateurs parlementaires censés n'être détachés qu'à mi-temps. Une paille, par rapport aux dépenses actuelles.

    Qui finance En Marche ? Longtemps discrète sur l'origine de ses fonds, l'équipe de communication tente aujourd'hui de déminer le terrain. Le mouvement serait ainsi rémunéré par 18 000 donateurs, affirme son secrétaire général. Mais seuls 3% d'entre eux assureraient l'essentiel des dons avec des apports supérieurs à 4 000 euros. Le discours officiel du mouvement d'Emmanuel Macron est simple : c'est un parti politique à part entière qui ne peut recevoir plus de 7 500 euros par personne. Contactée par Politique magazine, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a confirmé l'existence d'un parti dénommé « En Marche ». « Une association loi 1901 a été inscrite à la Commission et elle répond aux critères pour financer ce que l'on définit comme un parti politique », nous explique-t-on. Le président de cette association est Emmanuel Macron, et la structure a été inscrite auprès de la Commission le 20 février 2016, quand l'homme était encore ministre de l'Économie...Les rumeurs courent à son sujet. Lors de sa création, ladite association était domiciliée à l'adresse personnelle de Laurent Bigorgne, le directeur de l'Institut Montaigne. Or, ce lobby libéral favorable à l'Union européenne et à l'immigration est directement financé par les plus grandes multinationales européennes et américaines et certaines banques de Wall Street. 

    Politique magazine mars 2017 -  Consulter ... S'abonner ...