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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • La maison de Maurras est en piteux état, mais... à qui la faute ? A la Mairie, bien sûr !

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : La maison de Maurras est en piteux état, mais... à qui la faute ? A la Mairie, bien sûr !

    maurras maison se delabrant.jpg

    C'est La Provence qui l'a annoncé, mercredi dernier 27 novembre : par un petit visuel très court dans son édition de Marseille (ci dessous), et par un article un peu plus étoffé dans son édition de Martigues, avec une photo inquiétante, qui montre bien le mauvais état du lieu (ci dessus), en état de délabrement continu depuis des années, par manque de soins et d'entretien, tout simplement.

    Sans se rendre compte, probablement, de ce qu'il écrit, et qui permet de lancer une accusation contre la richissime Mairie de Martigues, justement pour négligence coupable, défaut de soins et d'entretien d'un Patrimoine remarquable, l'auteur de l'article commence ainsi, par ces lignes "bucoliques" (il aurait du talent, on dirait "virgiliennes", mais passons...) :

    "Le portail vert s'ouvre, découvrant un beau jardin. Allées de graviers blancs, massifs automnaux, oliviers, magnolias, myrte, arbousiers, buis, entourent la fameuse belle maison, classée sous le nom de "bastide du chemin de Paradis", connue à Martigues et dans les milieux politico-historiques comme la "maison de Maurras" (Lire par ailleurs). Léguée par sa famille à la mairie de Martigues pour 1 franc symbolique en 1997, celle-ci s'apprête à recevoir des travaux d'envergure, le permis ayant été voté à l'unanimité lors du dernier conseil municipal. Et elle en a bien besoin..."

    maurras bastide.jpg

    Ah, bon ? La bastide a "bien besoin" de "travaux d'envergure" ? Mais pourquoi donc ?

    Et c'est là que le bât blesse, pour la Mairie, qui voit ainsi dévoilée au grand jour son incurie, et :

    - soit sa mauvaise gestion,

    - soit sa volonté délibérée de laisser se dégrader la maison de Maurras, dans l'espoir peut-être de la voir disparaître, un jour, par écroulement ou parce que, son mauvais état empirant sans cesse, le bâti finirait par ne plus être "restaurable"...

    On pense à ce qui s'est passé à Marseille avec ces maisons de la rue d'Aubagne, qui ont fini par s'écrouler il y quelques semaines, après qu'on les ait laissé pourrir sur pied pendant des décennies, sans travaux d'entretien...

    Encore ces maisons formaient-elles un ensemble, se soutenant les unes les autres, et, même indigne, cet "habitat" (!) était... habité, les malheureuses personnes qui y logeaient leur apportant le peu de soins qu'elles pouvaient, et qui ont fini par ne plus suffire. 

    Rien de tel chez Maurras, où la maison est isolée, comme en pleine nature; jamais chauffée; dont les poutres sont forcément la proie, comme partout, des termites et des champignons; rongée par les intempéries et surtout l'humidité, qui a pénétré au coeur des pierres, des poutres et de la chaux qui sert de "liant" - comme on le faisait à l'époque - dans cette ville construite non pas au bord de l'eau mais dans l'eau, comme aimait à le dire Alexandre Dumas, amoureux du lieu :

    3039456636.jpg

     

    Cette maison, ce jardin de Maurras au Chemin de Paradis, nous les connaissons par coeur, à titre individuel ou à titre collectif, nous les militants et tous les membres de l'Union Royaliste Provençale, pour y être allé des dizaines de fois et y avoir organisé un grand nombre de rencontres, visites et manifestations diverses (et même un repas en soirée pour plusieurs dizaines de personnes, dans le jardin : un grand souvenir !...).

    Nous pouvons tous témoigner que cette maison, pleine des livres et objets familiers de Charles Maurras, était une maison en bon état, une belle bâtisse, et qu'il était seulement triste de la savoir inhabitée en permanence. Mais les gardiens s'en occupaient très correctement, et on ne voyait aucun signe de vétusté alarmante, nécessitant des "travaux d'envergure" dont elle aurait eu "bien besoin".

    Alors, que s'est-il passé ?

    Tout simplement, ceci...

    En 1997, il y a 22 ans, selon le voeu de Maurras lui-même, sa maison fut donnée à la ville de Martigues par Jacques Maurras; le Maire de l'époque était Paul Lombard, qui, bien que communiste, avait un "patriotisme municipal" qui lui permettait de passer outre les divergences politiques, pour ne considérer que le Patrimoine (dans une ville qui - ce n'est pas l'injurier que de le reconnaître simplement - n'est pas très riche en monuments remarquables).

    Au début, donc, tout se passa bien.

    La Mairie reprit même, et fit refaire à l'identique, mais en respectant la façon ancienne de construire, l'ensemble de la toiture, afin de mettre le monument hors d'eau, ce qui est la première des choses à faire, toujours et partout.

    Et l'ensemble maison/jardin était ouvert normalement au public.

    Cela dura tout le temps que Paul Lombard fut Maire, c'est-à-dire jusqu'en 2009, mais devait changer ensuite, lorsqu'une nouvelle équipe municipale d' "union de la Gauche" prit la Mairie. C'est à partir de ce moment-là qu'un petit groupe d'élus, aussi ignorants que sectaires et haineux, entama le processus qui devait mener à la fermeture de la totalité du lieu au public, et l'abandon complet de son entretien. 

    Situation démentielle et catastrophique, qui devait nous amener là où nous en sommes aujourd'hui : et maintenant, comme par hasard, quatre mois avant les Elections municipales, l'équipe en place se souvient qu'il y a une "maison de Maurras"; qu'elle a "bien besoin" de "travaux d'envergure" et vote un budget de 850.000 euros !

    Mais, que n'a-t-elle entretenu son patrimoine, au jour le jour - comme nous le faisons tous pour le nôtre ? Et pourquoi donc a-t-elle interdit l'entrée du lieu, depuis de trop longues années ? S'est-il passé quelque chose, qu'il faudrait cacher ?  

    Comme d'habitude, à chaque fois qu'il n'y a pas transparence, des rumeurs courent, parfois contradictoires, souvent convergentes. Quoi qu'il en soit, tous nos amis sur place nous disent la même chose : aucun n'a vu, ces dernières années, d'allées et venues de personnels d'entretien, la maison est toujours fermée, et son état est celui d'un édifice en voie de délabrement.

    Alors, voilà qu'on nous sort 850.000 euros du chapeau, et il faudrait que l'on s'extasiât ! Et que l'on remerçiât une Mairie si généreuse (elle peut, avec les millions, voire plus, qu'elle a !...) ! Eh bien, non !

    Les travaux dans la maison de Maurras ? Depuis des années, c'est... l'Arlésienne. Alors maintenant, nous ne croirons plus que ce que nous verrons. Car, c'est bien connu, les promesses n'engagent que ceux qui les croient...

    Et nous persistons à formuler nos demandes raisonnables, d'une façon calme et pacifique; au minimum :

    1. Que la Mairie re-donne l'accès au moins au jardin, si la maison a "bien besoin" - par sa faute - de "travaux d'envergure".

    2. A propos de ces travaux, que la Mairie "communique" (comme on dit aujourd'hui dans le jargon), qu'elle explique dans quel état se trouve le bâti, et qu'elle donne des informations sur un calendrier, même approximatif, des travaux, de leur durée, et de la future réouverture du lieu.

    Faute de quoi, on ne nous empêchera pas de penser - et nous ne sommes pas les seuls - qu'il s'agit là d'une opération de basse campagne électorale. On vient d'apprendre en effet que les Ecologistes - dont une partie au moins, à Martigues, est dans la majorité "de gauche" - viennent de déclarer que leur objectif - excusez du peu !... - est... l'Elysée pour 2022 ! Et on ne sait pas encore ce que feront les membres de l'ancienne gauche (PS...) qui font aussi partie de l'actuelle équipe municipale mais dont les groupes ont rejoint Macron depuis.

    L'équipe municipale actuelle préfère probablement ne pas laisser s'ouvrir un domaine de critiques éventuelles dans une élection qui va s'annoncer difficile...

    Dans ce contexte-là, nous pensons, oui, que l'annonce des travaux - même bienvenus... - dans une maison volontairement laissée à l'abandon pendant des années a quelque chose de... surprenant.

    lafautearousseau

  • Notre entretien sur Charles Maurras à Martigues, avec Georges Bourquard, du Dauphiné libéré...(III/V)

    FLEUR DE LYS SAINT LOUIS KANSAS.jpgQuels sont les rapports aujourd'hui, entre le royalisme et l'extrême-droite ?

    Comme pour sa question sur le nombre des royalistes en France aujourd'hui, nous avons fait une remarque préalable à notre interlocuteur : en prenant comme exemple "les trois François" (Fillon, Bayrou et Hollande), qui sont évidemment tous les trois républicains, mais fort opposés sur un grand nombre de sujets majeurs, il nous a été facile de lui faire comprendre que "les royalistes", cela n'existait pas; comme les républicains, les royalistes sont divers et variés, et il y a chez eux plusieurs sensibilités (au PS, on appelle cela des courants, non ?).

    Lors de la dernière élection présidentielle, il y a, ainsi, des royalistes, comme la Nouvelle Action Royaliste (Nar), qui ont appelé à voter Hollande au deuxième tour (après avoir appelé à voter Dupont-Aignan au premier); d'autres qui ont voté Sarkozy; d'autres qui ont voté Le Pen...

    Là aussi, il nous est impossible - et cela ne nous intéresse d'ailleurs pas - d'avoir ou de donner des chiffres sur l'importance de tel ou tel courant ou sensibilité, de savoir quelle proportion a voté pour quel candidat ou quel autre. Et, de toutes façons, nous n'avons aucun titre, en tant que lafautearousseau, à parler au nom de tous les royalistes : nous donnons notre point de vue, et s'y rallie qui veut : "Qui m'aime me suive !" disait Henri IV....

    prince jean les quatre.jpgAinsi, pour la dernière élection présidentielle, n'avons-nous pas donné de consigne de vote, et avons-nous laissé nos lecteurs décider en conscience. Non parce que nous nous désintéressions de la chose, mais parce que, pour nous, ce qui prime, c'est de présenter toujours plus et toujours mieux à nos compatriotes le recours qu'incarne la Famille de France, et tout ce qu'elle symbolise et porte comme espoir, pour la perennité de la Nation.

    Et, surtout, parce que, justement, nous sommes royalistes. Notre rôle n'est pas de prendre position sur l'échiquier politique, au(x) moment(s) et aux conditions choisies par le Système, et d'entrer ainsi dans les jeux et dans le cadre d'un Pays légal qui, on le voit bien, échoue de plus en plus, dans tous les domaines; préside à l'abaissement de la France; perd de vue le Bien commun et l'intérêt national, et engage le pays dans une impressionnante spirale du déclin.

    Notre rôle fondamental et essentiel, celui qui fonde véritablement notre raison d'être, n'est évidemment pas d'être le supplétif de tel ou tel dans les luttes stériles et perpétuellement renouvelées du Pays légal, où l'on oublie l'intérêt national pour le seul jeu mesquin des Partis. Notre rôle, unique, est au contraire de ne pas entrer dans ce jeu, dans ce Système; de n'y placer aucune espèce d'illusion ou d'espoir, mais bien au contraire de le dénoncer, et de proposer, comme le disait Léon Daudet, une autre politique "étant réellement d'opposition, c'est-à-dire prêchant ouvertement la subversion du Régime".

    On voit bien par là que ce n'est pas seulement avec l'extrême-droite que notre royalisme prend ses distances, mais avec tout parti quel qu'il soit, puisque tout parti est, de facto, élément consubstantiel du Système dont nous souhaitons le remplacement par la Royauté.

    maurras,chemin de paradisNous ne croyons pas, comme certains, aux "bonnes élections", aux "bonnes chambres", qui feraient une "bonne république". Gagnées par la droite, gagnées par la gauche, les élections, depuis l'instauration de la République en 1875, n'ont amené aucun changement fondamental dans le processus continu de décadence et d'affaiblissement de la France depuis cette date.

    Et comme Georges Bourquard connaît lafautearousseau, nous l'avons renvoyé à ce passage de Léon Daudet, élu député de Paris dans la Chambre Bleu horizon, en 1919, que nous avons récemment publié, en l'intitulant La grande illusion : croire aux élections en tant que telles, et qu'il suffit de les gagner, pour avoir une "bonne chambre" et, avec cette "bonne chambre", changer les choses, amender le Système de l'intérieur : c'est cela, la grande illusion.... 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2012/07/17/la-grande-illusion-par-leon-daudet.html

    On comprend ainsi que notre royalisme est "indépendant" de tout parti ou de toute mouvance, qu'il ne peut s'inféoder à aucun, tout simplement parce qu'il est d'une autre nature. Nous ne sommes ni d'extrême-droite, ni de droite, ni du centre, ni de gauche, ni d'extrême-gauche : nous sommes là pour proposer une autre Institution, celle qui a fait la France, celle qui a fait sa grandeur : la Royauté. Et cette royauté, elle sera pour tous les Français, quel que soit leur vote d'aujourd'hui, de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. 

    On pourra penser que ce sont des mots; que c'est une vue de l'esprit. Mais quand on voit l'état inquiétant dans lequel se trouve la France aujourd'hui, on est bien obligé de se dire que cela n'est pas arrivé tout seul, par hasard. Il doit bien y avoir quelque chose qui cloche, quelque part : et si c'était ce Système, avec son perpétuel affrontement stérile des Français entre eux ? Avec le désintérêt croissant pour la chose publique (la Res publica, la république.) ? Avec cet affaiblissement continu du Pays dans ses forces vives ?

    Pour conclure cette question (sa seconde), nous avons redit à Georges Bourquard qu'encore une fois nous ne prétendions évidemment pas parler au nom de tous les royalistes - chose impossible - et qu'il ne s'agissait là que de la position de lafautearousseau. La suive qui veut ! (à suivre)

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : L'entretien avec Le Dauphiné libéré (II/V)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les trois dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; puis avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montre bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Cette semaine - avant-dernière avant que notre Campagne de sensibilisation ne prenne une autre forme, dès le lendemain des élections municipales - nous vous présentons une conséquence directe de cette journée d'hommage du 1er septembre 2012 : Georges Bourquart, journaliste au Dauphiné libéré, nous a écrit trois jours après pour nous demander de lui faire visiter la Maison et le Jardin, et de lui présenter Charles Maurras... (II/V)

     

    maurras maison en entrant.jpgVous autres, royalistes, qu'aimeriez-vous voir en ce lieu ? Cette maison, qui vous est  si chère, que souhaiteriez-vous  la voir devenir ?

    Nous avons d'abord rappelé à notre interlocuteur que, désormais, depuis 1997, et conformément au voeu formellement exprimé par Maurras, "sa" maison de Martigues a été donnée à "sa" chère ville de Martigues ("Mon Martigues plus beau que tout" écrit-il dans l'un de ses plus beaux poèmes, Où suis-je ?).

    Maurras avait d'ailleurs réglé lui-même, dans les détails, cette donation, faisant même le compte de sièges que devraient occuper les différents partis (MRP, Socialiste, Communiste...) dans le Conseil d'administration !

    C'est Jacques Maurras, son neveu, qui remit les clés de la maison au maire de l'époque, Paul Lombard, qui, non seulement accepta la donation, mais vint en personne à la réception donnée dans le jardin, et prononça pour l'occasion un discours de remerciement aimable, et même chaleureux, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques Maurras.

    La "maison du Chemin de Paradis" appartient donc à la ville de Martigues, depuis que son maire, communiste mais en l'occurrence martégal avant tout, a accepté le don de Charles Maurras, motivé - pour reprendre son expression - par son "patriotisme municipal".

    Nous ne pouvons donc évidemment, en aucune façon, nous substituer en quoi que ce soit à la Mairie de Martigues, doublement légitime propriétaire des lieux : légitime par la possession du titre de propriété, et légitime par la volonté expresse de Charles Maurras. Et nous ne pouvons en rien nous attribuer l'une quelconque de ses prérogatives.

    Nous ne pouvons avoir qu'un souhait, mais il est très fort : que la paix et la sérénité reviennent, enfin, sur Charles Maurras et sur cette maison.

    Personne n'imagine ni ne souhaite - et nous pas plus que quiconque - que cette maison devienne une sorte de centre de diffusion des idées royalistes.

    maurras,chemin de paradisMais, oui, nous souhaitons fortement qu'elle devienne, à l'instar de la bonne centaine d'autres existant en France, l'une de ces Maisons des Illustres qui fleurissent dans tout le pays. Un lieu de calme, voué à l'étude, à la recherche, à la connaissance ou, tout simplement, pour ceux qui y viendraient, à la découverte d'une parcelle de notre patrimoine, à travers la visite de la maison et du jardin d'un grand poète, d'un penseur, d'un homme d'action. 

    Nous souhaitons que Martigues retrouve son Académicien, dont elle est privée, du moins dans la sphère "officielle", depuis plus d'un demi-siècle.

    Nous souhaitons que ce lieu soit rendu à l'Intelligence, au savoir, à la poésie, dans le dépassement de toute polémique, vaine et dépassée.

    Qu'elle soit ouverte à tous, en permanence, chacun se faisant, évidemment, comme partout ailleurs, sa propre opinion par lui-même, après l'avoir visitée. 

    Et qu'ainsi, elle vive, qu'elle rayonne, à la façon, par exemple, de la maison de Chateaubriand :

    http://maison-de-chateaubriand.hauts-de-seine.net/web/chateaubriand/accueil

    Serait-ce trop demander ?... (à suivre...) 

    maurras,martigues

    Paul Lombard, maire communiste de Martigues, n'avait pas hésité à venir en personne "chez" Charles Maurras, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques Maurras : certains devraient réviser leurs "classiques". Étonnons ceux qui connaissent mal Maurras : il avait, lui-même, prévu la place du Parti Communiste, dans le comité qui, selon lui, devait gérer, après lui, sa maison.  

    (à suivre...)

    lafautearousseau

  • Histoire & Actualité • Le suicide des lemmings

     

    par Ph. Delelis

    Une fable ou une parabole qui rappelle et illustre notre actualité. En effet, un sujet de méditation pour tous.

     

    Les lemmings sont des petits rongeurs de la famille des campagnols qui vivent dans les régions arctiques. Les dictionnaires les plus sérieux rivalisent de noms doux pour les décrire ou les renommer : ils sont ainsi appelés « lapins de Norvège » par Emile Littré, « souris de montagne » par Pierre Larousse, ou encore « petits rongeurs migrateurs des régions boréales » par le Dictionnaire de l’Académie Française.

    Pendant cinq siècles environ, on a considéré avec effarement les lemmings comme capables de suicides collectifs de masse. En particulier, il a souvent été observé qu’une population considérable de ces petits animaux se ruait au bord d’une falaise puis tombait dans la mer de Norvège ou dans les étangs scandinaves dont la température n’est guère plus clémente. Les lemmings s’y noient car leurs petites pattes ne leur permettent qu’une nage très limitée.

    Le mythe du suicide collectif est resté vivace jusqu’à une époque relativement récente où des scientifiques ont fini par expliquer le phénomène, soit par une bousculade tournant mal à l’issue d’une migration de masse, elle-même provoquée par la pression démographique, soit par la fuite devant des oiseaux de proie eux-mêmes attirés par le baby boom récurrent des lemmings (tous les quatre ans).

    En tout cas, le phénomène d’annihilation de masse des lemmings perdure : ils courent éperdument sur les plaines norvégiennes, les premiers doivent s’apercevoir trop tard du risque de chute, ils freinent brutalement mais, derrière eux, la masse galopante de leurs congénères les poe irrésistiblement dans le vide et… plouf !
    Un sujet de méditation pour tous. 

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  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : L'entretien avec Le Dauphiné libéré (III/V)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les trois dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; puis avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montre bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Cette semaine - avant-dernière avant que notre Campagne de sensibilisation ne prenne une autre forme, dès le lendemain des élections municipales - nous vous présentons une conséquence directe de cette journée d'hommage du 1er septembre 2012 : Georges Bourquart, journaliste au Dauphiné libéré, nous a écrit trois jours après pour nous demander de lui faire visiter la Maison et le Jardin, et de lui présenter Charles Maurras... (III/V)

    Quels sont les rapports aujourd'hui, entre le royalisme et l'extrême-droite ?

    Comme pour sa question sur le nombre des royalistes en France aujourd'hui, nous avons fait une remarque préalable à notre interlocuteur : en prenant comme exemple "les trois François" (Fillon, Bayrou et Hollande), qui sont évidemment tous les trois républicains, mais fort opposés sur un grand nombre de sujets majeurs, il nous a été facile de lui faire comprendre que "les royalistes", cela n'existait pas; comme les républicains, les royalistes sont divers et variés, et il y a chez eux plusieurs sensibilités (au PS, on appelle cela des courants, non ?).

    Lors de la dernière élection présidentielle, il y a, ainsi, des royalistes, comme la Nouvelle Action Royaliste (Nar), qui ont appelé à voter Hollande au deuxième tour (après avoir appelé à voter Dupont-Aignan au premier); d'autres qui ont voté Sarkozy; d'autres qui ont voté Le Pen...

    Là aussi, il nous est impossible - et cela ne nous intéresse d'ailleurs pas - d'avoir ou de donner des chiffres sur l'importance de tel ou tel courant ou sensibilité, de savoir quelle proportion a voté pour quel candidat ou quel autre. Et, de toutes façons, nous n'avons aucun titre, en tant que lafautearousseau, à parler au nom de tous les royalistes : nous donnons notre point de vue, et s'y rallie qui veut : "Qui m'aime me suive !" disait Henri IV....

    prince jean les quatre.jpgAinsi, pour la dernière élection présidentielle, n'avons-nous pas donné de consigne de vote, et avons-nous laissé nos lecteurs décider en conscience. Non parce que nous nous désintéressions de la chose, mais parce que, pour nous, ce qui prime, c'est de présenter toujours plus et toujours mieux à nos compatriotes le recours qu'incarne la Famille de France, et tout ce qu'elle symbolise et porte comme espoir, pour la pérennité de la Nation.

    Et, surtout, parce que, justement, nous sommes royalistes. Notre rôle n'est pas de prendre position sur l'échiquier politique, au(x) moment(s) et aux conditions choisies par le Système, et d'entrer ainsi dans les jeux et dans le cadre d'un Pays légal qui, on le voit bien, échoue de plus en plus, dans tous les domaines; préside à l'abaissement de la France; perd de vue le Bien commun et l'intérêt national, et engage le pays dans une impressionnante spirale du déclin.

    Notre rôle fondamental et essentiel, celui qui fonde véritablement notre raison d'être, n'est évidemment pas d'être le supplétif de tel ou tel dans les luttes stériles et perpétuellement renouvelées du Pays légal, où l'on oublie l'intérêt national pour le seul jeu mesquin des Partis. Notre rôle, unique, est au contraire de ne pas entrer dans ce jeu, dans ce Système; de n'y placer aucune espèce d'illusion ou d'espoir, mais bien au contraire de le dénoncer, et de proposer, comme le disait Léon Daudet, une autre politique "étant réellement d'opposition, c'est-à-dire prêchant ouvertement la subversion du Régime".

    On voit bien par là que ce n'est pas seulement avec l'extrême-droite que notre royalisme prend ses distances, mais avec tout parti quel qu'il soit, puisque tout parti est, de facto, élément consubstantiel du Système dont nous souhaitons le remplacement par la Royauté.

    maurras,chemin de paradisNous ne croyons pas, comme certains, aux "bonnes élections", aux "bonnes chambres", qui feraient une "bonne république". Gagnées par la droite, gagnées par la gauche, les élections, depuis l'instauration de la République en 1875, n'ont amené aucun changement fondamental dans le processus continu de décadence et d'affaiblissement de la France depuis cette date.

    Et comme Georges Bourquard connaît lafautearousseau, nous l'avons renvoyé à ce passage de Léon Daudet, élu député de Paris dans la Chambre Bleu horizon, en 1919, que nous avons récemment publié, en l'intitulant La grande illusion : croire aux élections en tant que telles, et qu'il suffit de les gagner, pour avoir une "bonne chambre" et, avec cette "bonne chambre", changer les choses, amender le Système de l'intérieur : c'est cela, la grande illusion.... 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2012/07/17/la-grande-illusion-par-leon-daudet.html

    On comprend ainsi que notre royalisme est "indépendant" de tout parti ou de toute mouvance, qu'il ne peut s'inféoder à aucun, tout simplement parce qu'il est d'une autre nature. Nous ne sommes ni d'extrême-droite, ni de droite, ni du centre, ni de gauche, ni d'extrême-gauche : nous sommes là pour proposer une autre Institution, celle qui a fait la France, celle qui a fait sa grandeur : la Royauté. Et cette royauté, elle sera pour tous les Français, quel que soit leur vote d'aujourd'hui, de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. 

    On pourra penser que ce sont des mots; que c'est une vue de l'esprit. Mais quand on voit l'état inquiétant dans lequel se trouve la France aujourd'hui, on est bien obligé de se dire que cela n'est pas arrivé tout seul, par hasard. Il doit bien y avoir quelque chose qui cloche, quelque part : et si c'était ce Système, avec son perpétuel affrontement stérile des Français entre eux ? Avec le désintérêt croissant pour la chose publique (la Res publica, la république.) ? Avec cet affaiblissement continu du Pays dans ses forces vives ?

    Pour conclure cette question (sa seconde), nous avons redit à Georges Bourquard qu'encore une fois nous ne prétendions évidemment pas parler au nom de tous les royalistes - chose impossible - et qu'il ne s'agissait là que de la position de lafautearousseau.

    La suive qui veut ! (à suivre)

  • A Bernard-Henry Lévy, qui a -semble-t-il- ”un problème” avec Maurras.....(1)

              Mardi 9 octobre, sur France Inter...: quelle mouche a donc piqué Bernard-Henry Lévy? Il se lance dans une attaque surprenante et inattendue contre Henri Guaino, qui laisse rêveur: le philosophe fustige "le mec qui fait les discours de Sarkzoy" et qui est "d'inspiration maurrassienne". Il ajoute: "Guaino, il est raciste. C'est lui qui a fait ce discours ignoble" de Dakar, "où on disait que si l'Afrique n'était pas développée, c'est parce que les Africains n'étaient pas inscrits dans l'Histoire". "Dire cela en effaçant complètement la colonisation, la destruction du pays par cette époque honteuse du colonialisme, c'est du Guaino et c'est du racisme"....

              La réponse de Guaino ne se fait pas attendre, et elle est cinglante: "Ce petit con prétentieux ne m'intéresse pas. Qui est-il donc? Qu'a-t-il fait dans sa vie de si extraordinaire pour se permettre de juger comme ça? Je n'ai jamais rencontré BHL. Il ne m'aime pas, moi non plus. Il n'aime pas la France, moi si. Il a la bave aux lèvres, avec la haine qui suinte de partout." Et de poursuivre : «J'assume le discours de Dakar ligne à ligne, mot à mot, à la virgule près. Mais ce discours, c'est celui du président de la République: s'il ne voulait pas le prononcer, il ne l'aurait pas fait. Des crétins y en a toujours eu. Qu'est-ce que vous voulez que je réponde à autant de conneries?»

              Nous ne nous mêlerons pas du contentieux -puisque contentieux il semble y avoir...- entre BHL et Henri Guaino; mais nous ne laisserons pas ce dernier répondre seul au "philosophe strass et paillettes", madone et diva des soirées mondaines, dans les salons dorés.... ; nous aussi, puisqu'il a cru devoir "mettre Maurras là-dedans", nous avons deux mots à lui dire: d'abord, qu'il devrait cesser, comme il semble être en train d'en prendre l'habitude, de confondre échanges d'idées et insultes; dès qu'il n'aime pas quelqu'un, il le traite de "Maurrassien", pensant tenir là l'injure du siècle; mais "Maurrassien" n'est pas une insulte, et il n'est pas infamant de l'être; que l'on sache il n'y a pas (pas encore?...) d'Index des livres et des auteurs réprouvés, qu'il serait interdit de lire ou qui, si on les lisait, vous excluraient de la communauté des "bien-pensants"! à moins que BHL ne nourrisse secrètement, dans un coin de son cerveau, un tel "rêve"? Soyons sérieux: on peut très bien ne pas être d'accord avec les idées de Maurras, mais de là à traiter tous ceux qu'on n'aime pas de "Maurrassiens", avec mépris et dédain, comme le fait BHL, voilà qui passe les bornes, et qui relève tout simplement de la niaiserie. Nous n'irons pas jusqu'à parler de "TOC" (Trouble Obsessionnel Compulsif...) "au niveau du langage", mais c'est bien pour ne pas tomber dans la polémique stérile.....

              On pourrait -plus sérieusement- rappeler à BHL que, malgré qu'il en ait, Maurras reste un "continent" selon l'heureuse formule de Stéphane Giocanti; on pourrait...on pourrait....on pourrait....mais, plutôt que de nous lancer dans un plaidoyer "pro Maurras", nous préférons "appeler à la barre" un témoin que l'on pourra difficilement récuser, et à qui nous allons nous en remettre; un observateur impartial, qu'on ne pourra pas suspecter de complaisance; nous avons donc choisi de laisser la parole à Jean Paulhan, cité par Pierre Boutang, dans le passage qui suit, et de "dédier" ce beau texte à BHL, pour qu'il voit comment d'autres que lui (et non des moindres!...) ont parlé de Charles Maurras :(à suivre...)

  • A la découverte de l'homme Maurras (13) : ”...De la conque de Fos aux frères de La Mède...”

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui  (13) : "...De la conque de Fos aux frères de La Mède..."

    Vous commencez à mieux connaître et situer lieux et personnages de "Mon Martigues, plus beau que tout" qu'évoque Maurras dans son magnifique poème, Où Suis-je ?, écrit juste après l'inique condamnation de 1945; et surtout ce qui se rapporte à la maison de Maurras.

    Cette maison de Ferrières, "jardin" et "pavillon carré" (voir les deux notes d'hier et d'avnt-hier), se trouve assez en hauteur pour qu'on y jouisse d'une vue splendide, comme vous l'avez déjà vu également, dans le texte des Trente beautés de Martigues...

    Et Martigues se trouve à égale distance de deux autres beautés, nommés par Maurras dans ce poème Où Suis-je ? : "la conque de Fos" (ci-dessous), ouverte sur la grand'mer (reliée à Martigues par le Canal de Caronte) et, de l'autre côté, vers Marseille, "les frères de La Mède"

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    Fos, on le verra plus tard sur le Mur des Fastes du jardin de la Maison de Maurras,  tire son nom des "Fosses mariennes", ce gigantesque canal que fit creuser Marius, lequel, nous dit Plutarque, "tira le Rhône jusqu'à la mer", lorsque le consul vint chez nous, en Provence, pour écraser les Cimbres et les Teuton, un siècle avant notre ère...
    Ce canal partait du Rhône proprement dit, là où le fleuve était toujours un fleuve puissant, et le continuait en le suppléant, à partir du moment où il se perdait en divagations et marécages.
    Le consul voulait en effet à tout prix barrer la route maritime et côtière aux barbares, qui auraient pu, sans ce "mur liquide" qu'il leur opposa, se rendre très rapidement à Massalia puis à Rome.
    Marius, en bon général, avait choisi l'endroit où il voulait livrer bataille : près d'Aix, au pied de la montagne qu'on appellera, après son triomphe , la montagne de la Victoire, et qui deviendra par la suite la Sainte Victoire....
    Fos est donc le premier maillon de cette sorte de "route de Marius", dont elle conserve l'histoire en son nom toponymique...

     

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    Curiosité géologique, situés sur la commune de La Mède, à deux pas de Martigues "li dous fraire" (les deux frères, ci-dessus) sont deux rochers de taille très inégale, situés tout près du rivage.
    Alexandre Dumas - qui aimait beaucoup le site de l'Etang de Berre -  et la commune de Martigues en particulier - parle de ces rochers dans son ouvrage "Le Midi de la France" (texte ci dessous).
    Il y en avait trois autrefois : il n'en subsiste plus que deux, le troisième ayant été détruit au début du XXème, lors du creusement du canal de Marseille au Rhône; mais, si l'on regarde au bord du rivage, on voit très bien son emplacement et ses restes au fond de l'eau...

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    lafautearousseau

  • A la découverte de l'homme Maurras (17) : le plan du jardin, dessiné par Roger Joseph

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui  (17) : dessiné par Roger Joseph, le croquis du jardin permet de comprendre ce qu'y a fait Maurras...

    Nous allons maintenant nous intéresser au jardin de la maison de Maurras, afin de bien comprendre les transformations qu'il a souhaité y apporter, et pour quelles raisons il a voulu le transformer (du moins, en partie)

    Voici d'abord le plan du jardin, dressé par Roger Joseph :

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    On constate, en le comparant avec le "plan masse" précédent, l'excellence du croquis de Roger Joseph.


    On entre donc dans le jardin, depuis le Chemin de Paradis - tout en bas du croquis - en franchissant (à droite et à gauche du portail central) la double et symétrique Allée des philosophes, plantée de cyprès. On est plein sud, ce sud vers lequel regarde la façade...

    Reculée de quelques mètres, suite à l'élargissement du Chemin, il y a quelques années, la double Allée des philosophes a été restituée dans son intégralité.

    Dos au chemin, on est alors en face de cette belle bastide, l'un des plus anciens bâtiments civils de Martigues (du XVIIIème avec des éléments XVIIème).

    On est frappé - comme on l'a vu avec les photos précédente... - par le dénivelé du terrain : cette topographie, en pente, existait déjà avant l'intervention de Maurras.

    Celui-ci n'a fait transformer que la partie supérieur gauche du jardin, lorsqu'on regarde la maison, en l'architecturant, en quelque sorte. Toute la moitié inférieure et le quart supérieur droit n'ont pas été touchés par les transformations voulues par Maurras. C'est dans cet endroit "non transformée" que se trouvent les oliviers, les roses et le "myrte fidèle" dont parle Maurras dans son poème Où suis-je ?

  • Littérature • Amouretti, fédéraliste, provençal et meilleur ami de jeunesse de Charles Maurras

    Un rarissime dessin montrant le Félibrige de Paris ou félibres fédéralistes réunis autour de Frédéric Mistral ... Maurras est en face de lui, à l'âge de vingt ans  

     

    Repris des éphémérides de Lafautearousseau au 18 juillet. Actualisé le 22.07 

     

    Frédéric Amouretti est né le 18 juillet 1863 à Toulon, et mort le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans...  Qui était-il ?

    S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.

    Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras : 

    « En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...». 

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les « fédéralistes », il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon « sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...», ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête « uno assemblado soubeirano, a Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, a Marsiho o a-z-Ais ». Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    1728246235.jpgL'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme « lou paire e lou redatour de la declaracioun », les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait : 

    « Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile ».  

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :  

    « Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue. » 

     

    Rappelons encore que dans les années 1890, en leur tout jeune âge, Frédéric Amouretti est le meilleur ami de Charles Maurras. Ils se rencontrent, notamment à Martigues, et Maurras, dans sa longue et belle préface, lui dédie son premier livre, Le Chemin de Paradis. Les passionnés d'études maurrasiennes, écouteront ici, Hilaire de Crémiers en parler en fin connaisseur de l'ouvre et de la pensée de Charles Maurras. [35 minutes] LFAR

     

     

  • GRANDS TEXTES (9) : Jean-Jacques, faux prophète, de Charles Maurras

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    Voici un texte, Jean-Jacques, "faux prophète" , par lequel Maurras, au cours d'une controverse avec Henri Guillemin, précise et récapitule sa pensée sur Rousseau.

    En 1942 , date de cette controverse, Maurras (né en 1868) a 74 ans, et Henri Guillemin, né en 1903, en a 39.

    Henri Guillemin a repris dans la Gazette de Lausanne sa violente offensive en faveur de Rousseau. Il m'a mis en cause deux fois. La première m'a laissé silencieux, pensant qu'il valait mieux, en ce moment, que deux Français ne donnent pas le spectacle de leur dispute par-dessus la frontière, devant un public en partie étranger. M. Henri Guillemin revient à la charge. Allons-y.

    M. Guillemin veut que la raison profonde de mon « aversion pour Rousseau » tienne à ce qu'il « apportait Dieu ». Ces mots sont la couronne de son article, c'en est le plus bel ornement. Ce n'est qu'un ornement. Car ou bien Dante et Bossuet n'apportaient pas Dieu, ou bien j'ai Dante et Bossuet en aversion. Les deux invraisemblances devraient faire réfléchir M. Henri Guillemin.

     

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    Historien, un temps secrétaire de Marc Sangnier, marié à la fille d'un Secrétaire du Sillon, Henri Guillemin gagna la Suisse lors de la Seconde Guerre mondiale, où il réalisa plusieurs documentaires culturels pour la télévison suisse romande...
     
     
     

    Je hais dans Rousseau le mal qu'il a fait à la France et au genre humain, le désordre qu'il a apporté en tout et, spécialement, dans l'esprit, le goût, les idées, les mœurs et la politique de mon pays. Il est facile de concevoir qu'il ait dû apporter le même désordre sur le plan religieux.

    Mais, dit-on, les matérialistes de l'Encyclopédie l'ont détesté et persécuté parce qu'il avait des « principes religieux ». Soit. Il en avait par rapport à eux. Mais l'immense majorité de la France catholique du XVIIIe siècle voyait dans sa doctrine ce que les théologiens appellent le Déisme : une immense diminution de leur foi, et, de ce point de vue, ce qu'il avait de plus ou de mieux que d'Holbach et que Hume se chiffre par un moins et un pis par rapport à cette foi générale d'un grand peuple ou l'incrédulité n'était qu'à la surface d'un petit monde très limité.

    On ajoute que Rousseau ralluma le sentiment religieux. Ici ? Ou là ? Cela a été possible ici, mais non là ; car là, il l'affadit, l'amollit, le relâcha, le décomposa. M. Henri Guillemin reproche aux ennemis de Rousseau leurs contradictions, il néglige celles de son client. Quand la contradiction est dans les choses et dans les hommes, il faut bien que ce que l'on en dit la reflète.

     Ce n'est la faute de personne si la liberté est le contraire de l'oppression, et si néanmoins l'individualiste liberté des Droits de l'Homme mena tout droit à la Terreur : le jacobin ne fut qu'un libéral, heurté et irrité par la résistance de la nature des hommes, lesquels, dès lors, ne lui semblèrent que des monstres à guillotiner.

    Ce n'est pas la faute du bien s'il est le contraire du mal, et si pourtant un homme qui est ivre ou fou d'optimisme et de philanthropie devient, au premier heurt de la nature ou de la société — du Réel, un misanthrope atrabilaire.

    Ce n'est la faute de personne si, la Tradition étant le contraire de la Révolution, Rousseau s'est montré tour à tour traditionnel et révolutionnaire, car tantôt il suivait le faux brillant de ses imaginations, et tantôt un autre caprice de sa fantaisie lui faisait parler le langage de tout le monde : mais ce ne sont pas ses propos de sens commun qui ont agi sur son siècle, c'est le Contrat social, c'est le Discours sur l'inégalité des conditions, c'est toute la partie de son œuvre ou l'absurdité la plus dangereuse est codifiée.

     

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    "...Au contraire, les faux prophètes... exprimaient contre les pouvoirs réguliers leurs passions, leurs fantaisies, leurs intérêts ou leurs pitoyables raisonnements, tout comme Rousseau, avec qui leur ressemblance est constante, quant à la frénésie, aux rêveries, aux révoltes, tout l'esprit révolutionnaire de l'Orient...."
     
     
     
     

     

    « Au commencement de ma carrière », d'après M. Guillemin (exactement, en effet, dans un article de 1899), j'ai comparé Rousseau et les roussiens aux prophètes juifs. J'ai eu tort. J'aurais dû dire: aux faux prophètes. Un quart de siècle plus tard, réimprimant le même morceau — page 6 de la préface de Romantisme et révolution parue en 1923 — j'ai écrit « faux prophètes ». Cette correction traduisait beaucoup mieux ma pensée. Ce que je voulais ainsi montrer dans Rousseau c'était le cas-type de l'insurgé contre toutes les hiérarchies, le cas essentiel de l'individualisme anarchique. Les vrais prophètes poursuivaient de leurs invectives le sacerdoce, la royauté et principalement tous les pouvoirs constitués, sociaux et moraux, mais ils le faisaient par une inspiration directe du Roi des rois et de la Puissance suprême. Au contraire, les faux prophètes (et le diable sait s'ils furent nombreux en Israël !) exprimaient contre les pouvoirs réguliers leurs passions, leurs fantaisies, leurs intérêts ou leurs pitoyables raisonnements, tout comme Rousseau, avec qui leur ressemblance est constante, quant à la frénésie, aux rêveries, aux révoltes, tout l'esprit révolutionnaire de l'Orient. Sans doute, ces contrefacteurs se prévalent-ils aussi de la divinité, mais les caractères qu'ils lui donnent sont d'une qualité sur laquelle il est difficile de se tromper : ce n'est pas Dieu.

    Je finirai par deux signes d'un étonnement profond.

    Premier point. Comment l'expérience du roussisme depuis 200 ans n'a-t-elle pas illuminé l'unanimité des Français ? Que Rousseau ait été tout ce qu'on voudra, il n'est pas niable qu'il est à l'origine de notre première Révolution, celle qui a emporté tous nos premiers remparts, bouleversé notre premier fond national. Qu'il n'en ait pas été le seul inspirateur, nul ne le conteste. Mais son apport fut le décisif : son tour sentimental, son accent de vertu fut capable d'accréditer beaucoup de choses suspectes et d'en inspirer d'autres plus pernicieuses et plus vicieuses encore. Son trouble génie multipliait le trouble hors de lui. C'est là ce qui fit sa plus grande puissance pour le mal. Napoléon n'aurait point fait tant de mal non plus, avec tout son génie et toute son énergie, sans le mélange de son esprit constructeur avec l'héritage révolutionnaire : aussi bien, disait-il lui-même, que, peut-être, eût-il mieux valu que Rousseau et lui n'eussent jamais existé. Encore un coup, ce jugement devrait faire réfléchir tous les Français. En vérité, au degré ou voilà le pays déchu, ce n'est pas le moment de ramener qui que ce soit à l'école de Rousseau ni de réhabiliter celui-ci.

     

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     Le premier tombeau de Rousseau, sur L'île des peupliers, à Ermenonville, où il mourut en 1778. Sa dépouille y demeura jusqu'en 1794, lorsqu'un décret de la Convention ordonna que l'on transférât ses cendre au Panthéon.
     
    C'est devant ce premier tombeau qu'eut lieu, le 28 août 1800, l'entrevue à laquelle fait référence Maurras, et qu'a racontée, brièvement, Stanislas de Girardin : elle se passa lors de la visite de celui qui n'était encore que Bonaparte, venu chasser le lapin dans les forêt voisines d'Ermenonville... :
     
     
          -« Il aurait mieux valu pour le repos de la France, que cet homme n'eût pas existé ... »
          - « Et pourquoi, citoyen Consul ? », lui dit Stanislas
          - « C'est lui qui a préparé la Révolution française. »
          - « Je croyais, citoyen Consul, que ce n'était pas à vous de vous plaindre de la Révolution ! »
          - « Eh bien ! L'avenir apprendra s'il n'eût pas mieux valu, pour le repos de la Terre, que ni Rousseau ni moi n'eussions jamais existé. »
     
     
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    Second point. Seconde stupeur. Comment des hommes de mœurs irréprochables et même sévères et pures — comment des maîtres de la jeunesse peuvent-ils honorer l'auteur d'un livre comme les Confessions ? Un personnage comme le héros des Confessions ? Et l'esprit de ce livre où l'humilité même sent l'orgueil ou sent la révolte ! Il m'a toujours donné un malaise affreux. Peu suspect de bégueulerie et au risque d'être traité de renchéri et de coquebin, je dois dire que l'épisode de Mme de Warens me lève le cœur ; ni le nom de « maman » qu'il donne à sa maîtresse, ni le trépas odoriférant de la dame initiatrice, ni le récit de tout cela, écrit, signé et publié, ne peut manquer de m'administrer, à chaque lecture, un égal sentiment de l'odieux, du ridicule et du dégoût. Ai-je assez blasphémé ! Et maintenant, voici ma tête, cher Monsieur Henri Guillemin.

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    Dans le moment où M. Guillemin poussait sa pointe, une occasion m'était donnée, en Suisse même, de préciser ma pensée sur Jean-Jacques.

    Au cours d'une réception au Cercle des Arts de Genève qui avait suivi ma conférence sur Maurice Barrès, M. Albert Rheinwald, président du Cercle, rappela délicatement que Barrès lui envoyant, en 1917, la plaquette contenant le discours prononcé à la Chambre le 11 juillet 1912 contre l'octroi des crédits pour la célébration du deuxième centenaire de Jean-Jacques, avait ajouté : « En jugeant durement Jean-Jacques, je juge et condamne une partie de moi-même. » Et M. Rheinwald s'adressant à moi, poursuivait : « Selon vous, pour restaurer l'ordre français, il faudra s'inspirer de l'ordre grec… Hélas, je vois bien qu'alors ce genevois Rousseau n'aura plus droit au chapitre. Oserai-je dire que ce sera dommage ? Car enfin s'il faut éliminer Rousseau, c'est Chateaubriand et Lamartine et c'est Hugo qu'il faut éliminer aussi. Et c'est encore Delacroix… Pourquoi ne pas voir ce qu'il y a de sagesse dans le romantisme éternel ? »

     

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    "...comment des maîtres de la jeunesse peuvent-ils honorer l'auteur d'un livre comme les Confessions ? Un personnage comme le héros des Confessions ? Et l'esprit de ce livre où l'humilité même sent l'orgueil ou sent la révolte ! Il m'a toujours donné un malaise affreux...."
     
     
     
     

       À cette double interrogation et en remerciant mon aimable interlocuteur d'avoir si bien senti et dit comment un grand poète, doublé d'un grand citoyen, avait été capable de condamner une « part de lui-même » sur les exigences de l'ordre français, je ne me sentis point gêné d'avoir à ajouter que, si un tournoi sur le Romantisme et la Grèce excédait les mesures de la soirée, je tenais à ne pas refuser celle rencontre sur Rousseau. « Là, soulignais-je, il faudrait d'abord bien savoir ce que l'on veut débattre de précis. On nous objecte quelquefois que Rousseau donna d'excellents conseils politiques et les plus traditionnels du monde aux Corses et aux Polonais. Mais ce ne sont pas ces conseils qui ont agi sur nos Constituants ni sur Robespierre… Ce n'est pas avec ces conseils-là que Rousseau pesa sur son siècle, ni qu'il troubla l'ordre français. Quant à reconnaître une part de soi-même dans ce que l'on condamne, c'est le sort commun : je pourrais, tout indigne, vous réciter par cœur des tirades de La Nouvelle Héloïse… Qu'est-ce que cela prouve ? Le talent littéraire de son auteur. Bossuet a fait deux grands élèves au XVIIIe, Buffon et Rousseau. Les erreurs et les fautes de la pensée sont séparables de la beauté des cadences. Il importe en toute chose de distinguer pour ne pas confondre, sans quoi nous résorberions au chaos primitif, et l'excellence de cette liqueur russe [c'était un petit verre que mes hôtes m'avaient versé] nous ferait aimer les bolchevistes, à moins que leur méchanceté ne nous fasse haïr cet excellent kummel… Préservons nos pays de ces confusions, vraies mères des querelles et des révolutions ; gardons l'esprit libre et critique, notre goût, notre sens de l'amitié des hommes, et surtout honorons la grâce, en vérité, suprême et toute nationale, avec laquelle un Français de génie sut inventer les plus délicates formules pour exprimer un dissentiment, l'atténuer et, quand il le fallait, soit l'ennoblir, soit le faire oublier. »


    (15 avril 1942.)

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    Retrouvez l'intégralité des textes constituant cette collection dans notre Catégorie

    "GRANDS TEXTES"...

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  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français : faire de sa Maison un centre de recherches et de débats de

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : Une première victoire dans notre long combat; ce n'est qu'un début, nous continuerons jusqu'à la fin...

    Dans La Provence d'hier (mercredi 27 novembre 2019)

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    C'est à l'occasion des dernières Journées du Patrimoine (les 21 et 22 septembre dernier) que nous avons décidé de lancer notre campagne "Défendez Maurras... ! Sauvez sa maison... !"

    Nous voulions profiter d'un moment où le public était sensibilisé d'une façon toute particulière au Patrimoine, sachant qu'en plus, quelques mois plus tard, il y avait les Elections municipales. Donc, sans cynisme, mais par simple souci d'efficacité, nous voyions s'ouvrir une idéale "fenêtre de tir" pour lancer notre proposition, calme, pacifique, raisonnable et de simple bon sens :

    - qu'on en finisse avec l'ostracisme et l'interdit jeté sur Maurras;

    - que la Mairie redonne le libre accès à la Maison et à son jardin, comme cela avait toujours été le cas jusqu'à ces dernières années;

    - que l'on intègre la Maison de Maurras au réseau des Maisons des Illustres, et qu'elle devienne un grand centre d'études et de recherches, national et international, où seront étudiés sereinement tous les aspects de la pensée, de l'oeuvre de la vie de l'Académicien de Martigues, l'une des gloires de cette cité, avec Gérard Tenque (le fondateur de l'Ordre de Malte) et Joseph Boze (le peintre de Louis XVI)...

    Nos demandes sont légitimes (libre accès à un lieu historique et de mémoire) et raisonnables : puisque Maurras "crée débat", eh bien ! que l'on débatte ! Mais dans des débats équilibrés et contradictoires, vraiment ouverts, "à charge et à décharge"...

    Encore faut-il pour cela que le lieu soit ré-ouvert au public, et qu'il fonctionne comme tant d'autres, en France et à l'étranger, comme un lieu d'échanges intellectuels de haut niveau, pour le plus grand profit de tous.

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    La photo de La Provence montre bien la progression du délabrement de la maison : les volets en piteux état et, au second, des étais inquiétants parfaitement visibles derrière la fenêtre de droite, et que l'on devine également à celle de gauche; inquiétant...

     

    Nous n'aurons bien sûr pas le ridicule, ni la prétention ni le mauvais goût, de nous attribuer tout le mérite du "revirement" de la Mairie de Martigues, qui, jusqu'ici, brillait par son sectarisme d'une autre époque. Un dernier exemple, en réalité attristant, avait été donné avec l'épisode tragi-comique de notre "visite" (!) à Martigues avec Franz-Olivier Giesbert, à qui la Mairie avait carrément refusé l'accès, non seulement à la Maison mais même au simple jardin; j'avais, pour l'occasion,  repris le surnom de "portes closes" pour qualifier la Mairie (c'est le surnom donné à Philippe V dans Les Rois maudits, de Maurice Druon...).

    Cependant, nous envoyons depuis le début les notes de notre campagne quotidienne à des personnes influentes, judicieusement choisies (aussi bien en Provence qu'à Paris ou... ailleurs...). Certaines sont haut placées dans la Métropole, au Département et à la Région, à Marseille et aussi à Martigues, même si, bien sûr, toutes ne partagent pas nos convictions. Mais elles estiment justifiés nos arguments, encore une fois raisonnables, et de bon sens... (vous comprendrez, évidemment, que je ne cite aucun nom ni aucun titre ni aucun Service).

    J'ai donc la faiblesse de penser que les notes de notre campagne quotidienne; le coup de pied dans la fourmilière qu'elles représentent; les premières annonces que nous avons faites (une Lettre ouverte au Ministre de la Culture); et - selon ce que nous avions pensé, et le pari que nous avons pris - l'approche des prochaines élections municipales changent peu à peu la donne; et rendent possible, et crédible, le pari que nous avons fait mi-septembre : l'actuelle équipe municipale n'a et n'aura aucun intérêt à laisser s'ouvrir un "front" dont rien ni personne ne peut prédire ce qu'il donnerait...

    Et que, donc, notre campagne contribuera à permettre ce que nous souhaitons tous : un heureux dénouement d'une situation dont on se demande si elle est plus ubuesque qu'attristante, ou l'inverse...

    François Davin, et l'équipe de lafautearousseau

    PS : je vous redonne ci-dessous les toutes premières notes de notre campagne; nous la poursuivons, comme si de rien n'était, jusqu'aux municipales, encouragés et motivés comme jamais après le premier succès que notre Cause vient d'enregistrer...

     

    27/09. Défendez Maurras ! Sauvez sa maison !... lafautearousseau "lanceur d'alerte"...

    26/09. Intégrer la Maison de Maurras au réseau des Maisons des Illustres...

    25/09. Journées du Patrimoine puis Municipales : quel sort pour la Maison de Maurras, à Martigues ? 

    24/09. IL FAUT SAUVER LA MAISON DE MAURRAS A MARTIGUES ! QU'ON L'AJOUTE AUX "MAISONS DES ILLUSTRES" !

    22 et 23/09. En vidéo, puisque la mairie communiste l'interdit "en vrai" : lafautearousseau vous invite à visiter le jardin de la maison de Maurras à Martigues

    21/09. Journées du Patrimoine : la Maison de Maurras toujours fermée, le scandale continue à Martigues (II/II)

    19 et 20/09. Journées du Patrimoine : la Maison de Maurras toujours fermée, le scandale continue à Martigues (I/II)

    lafautearousseau

  • HISTOIRE • A lire sur Louis XIV

     

    Sélection non-exhaustive d’ouvrages parus sur Louis XIV à l’occasion du tricentenaire de sa mort.

    par Anne Bernet

    Patrick Dandrey : Louis XIV a dit
    Les Belles Lettres ; 465 p ; 19 €.
    Dandrey trie les citations attribuées au Roi-Soleil et, les classant par thèmes, raconte Louis XIV à travers les paroles qu’il prononça et celles qui lui furent prêtées. Un des meilleurs livres de ce tricentenaire.

    Jean-François Solnon : Louis XIV, vérités et légendes
    Perrin ; 275 p ; 14,90 €. Paru
    L’essentiel de ce que les gens savent à propos de Louis XIV est faux. Solnon relève trente-huit assertions mensongères, en retrace l’origine, rétablit la vérité.

    Jean et François Anthoine : Le Roi se meurt
    Le Cerf ; 280 p ; 19 €.
    Valets de chambre de Louis XIV, les frères Anthoine ne quittèrent pas son chevet durant sa dernière maladie, attentifs autant aux faits et gestes du mourant qu’à ceux de son entourage. Leurs souvenirs, grinçants ou émus, restent irremplaçables.

    Alexandre Maral et Thierry Sarmant : Louis XIV, l’univers du Roi-Soleil
    Tallandier ; 224 p ; 31,90 €.
    Le Roi-Soleil voulut donner de son règne une image sublime. Parmi cette iconographie pour laquelle tous les arts furent convoqués, Alexandre Maral et Thierry Sarmant ont fait un choix, et offrent ainsi une biographie indirecte du monarque.

    Sous la direction de Jean-Christian Petitfils : Le siècle de Louis XIV
    Le Figaro-Histoire Perrin ; 456 p ; 23 €.
    Tel Voltaire, les spécialistes du Grand Siècle proposent une vue d’ensemble de la vie, de l’œuvre et du royaume de Louis XIV. Une somme accessible, complète et juste.

    Mathieu Da Vinha : Versailles, enquête historique
    Tallandier ; 255 p ; 18,90 €.
    Conseiller historique de la série télévisée Versailles, Mathieu Da Vinha rectifie ici les erreurs introduites dans le scénario pour les besoins de l’intrigue et donne un ouvrage de vulgarisation intelligent et accessible mais à laisser aux ignorants.

    Laurent Dandrieu : Le Roi et l’Architecte
    Le Cerf ; 200 p ; 12 €.
    En 1665, mécontent de tous les projets d’embellissement du Louvre, Louis XIV invite le Bernin à Paris. L’expérience tournera court mais sera paradoxalement le révélateur du « goût français ». Laurent Dandrieu, excellent connaisseur de l’Italie et du baroque, donne un récit jubilatoire de ce voyage.

    John Lynn : Les guerres de Louis XIV
    Tempus Perrin ; 560 p ; 12 €.
    Une synthèse, pas toujours bienveillante mais incontestablement complète, de l’histoire militaire du règne et de la conception que Louis XIV se faisait de son rôle de « roi de guerre ».

    Charles-Édouard Levillain : Le procès de Louis XIV
    Tallandier ; 400 p ; 24,90 €.
    En 1667, tandis que s’affirment les ambitions du jeune Louis XIV, Paul de Lisola, diplomate au service des Habsbourg, publie un pamphlet qui fera date dans l’histoire de la propagande anti-française. À travers cet écrit et son impact sur l’opinion internationale, Levillain explore un aspect méconnu du Grand Siècle. 

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  • Jeux olympiques : « Charles Maurras avait raison ... Le sport divise plus souvent qu'il unit ! »

     

    Par Alexis Feertchak           

    Pour l'ouverture des Jeux olympiques de Rio, l'historien du sport Pierre Arnaud a accordé un long - et intéressant - entretien au FigaroVox [5.08]. Loin de l'esprit de Coubertin, l'olympisme est selon lui gangréné par la corruption et les luttes politiques. Il s'y déclare d'accord avec Charles Maurras sur un point capital. Il n'est que de lire ... D'autant que les analyses techniques intéresseront les sportifs.   LFAR

     

    Lors des premiers Jeux olympiques, à Athènes en 1896, Charles Maurras écrivait : « Cet internationalisme-là ne tuera pas les patries, mais les fortifiera ». Son constat résiste-t-il au temps ?

    3972855348.jpgPierre ARNAUD. - Pierre de Coubertin écrivait en 1920 (soit 25 ans plus tard que Charles Maurras!) : « [l'olympisme doit] créer de la force nationale par l'entraînement sportif et de l'harmonie internationale par la concurrence sportive ». Une fois encore le « visionnaire » confondait ses désirs et la réalité. En conséquence et pour vous répondre précisément: Charles Maurras avait raison, ce qui ne saurait réjouir le démocrate que je suis.

    Le Comité international olympique a pris la décision de confier aux fédérations internationales la responsabilité d'exclure des sportifs russes alors que nombre d'entre eux sont convaincus de dopage. Comment analysez-vous cette décision ?

    Cette question est délicate. La réponse peut susciter bien des controverses. Sans doute conviendrait-il, avant de répondre, de consulter la Charte Olympique. Mais parle-t-elle d'ailleurs de ce cas précis ? Je vais tenter d'apporter une réponse de bon sens. Le CIO désigne parmi les villes candidates, celle qui sera officiellement chargée d'organiser les Jeux Olympiques. De ce fait, si le CIO choisit et élit une ville parmi les candidates, il ne choisit pas les athlètes qui vont concourir dans les différentes épreuves. Cela ne me semble pas de son ressort. Encore que... S'il y a infraction aux règles et aux codes de l'éthique sportive et olympique, chacun peut imaginer et accepter que le CIO joue le rôle d'un gendarme en excluant les contrevenants. Cependant, c'est bien en amont qu'il faudrait endiguer, contrôler et sanctionner les pays et les athlètes ainsi que les équipes médicales qui sont chargées de leur contrôle et de leur suivi... Il est donc clairement de la responsabilité des Fédérations sportives internationales et nationales de sélectionner les athlètes qui sont jugés dignes (du point de vue de leur performance - minima olympiques - et de l'éthique sportive) de représenter leur pays. Quant aux responsabilités politiques des Etats... il conviendrait aussi de les sanctionner lorsqu'elle est démontrée !

    Historiquement, quel sens donner aux divers boycotts ? Erodent-ils le mythe pacificateur du sport cher à Pierre de Coubertin ?

    Les boycotts sont toujours politiques ! Qu'il s'agisse de Championnats ou de Coupes du Monde ou de Jeux Olympiques... Le sens à donner me semble toujours le même : le manquement aux valeurs universelles des droits de l'Homme par des régimes politiques qui revendiquent l'organisation de compétitions doit susciter la réprobation voire leur marginalisation et leur exclusion. Encore une fois il s'agit d'éthique. Des Jeux doivent être propres non seulement du point de vue du dopage et du point de vue médical (et des contrôles les concernant) mais aussi du point de vue politique (et on pourrait ajouter, social et économique). Le moment n'est pas venu ici de faire l'inventaire des différentes tentatives de boycottage qui ont eu lieu au XX° siècle. De nombreux ouvrages et articles leur ont été consacrés en particulier par les fondateurs de la Théorie critique du sport, de la Revue Quel Corps ? (1975-1997) puis Quel Sport ? (depuis 2007) animés par Jean-Marie Brohm et Fabien Ollier. Ceux-ci ont d'ailleurs été à l'initiative de nombreuses campagnes significatives de boycott des Coupes du monde de football et des JO pour la simple et bonne raison qu'ils servaient à légitimer et à renforcer des régimes totalitaires, dictatoriaux ou militaro-policiers (notons par exemple le boycott du Mondial de la junte de Videla en Argentine, en 1978, avec le COBA ; le boycott des Jeux de la stratocratie brejnevienne à Moscou en 1980, avec le COBOM ; le boycott des Jeux liberticides de Pékin en 2008, avec le COBOP ; le boycott des Jeux du national-soviétisme de Poutine à Sotchi en 2014, avec le COBOSO).

    Quant au rôle pacificateur du sport... Permettez-moi d'être sceptique. Le sport divise plus souvent qu'il unit ! L'affrontement n'est possible que si l'on a un « terrain » d'entente c'est-à-dire des règles. Sinon... c'est la chienlit ! Mais par définition le sport c'est l'opposition, le combat, l'affrontement... dans le respect du fair-play et de la règle ! C'est bien là que règne toute l'ambiguïté passionnément cultivée par Pierre de Coubertin. On en revient alors à votre première question! Pour ce qui me concerne, je n'ai jamais eu beaucoup de sympathie encore moins d'admiration pour Pierre de Coubertin dont beaucoup pensent qu'il fut un avant-gardiste, un visionnaire. C'était en fait un doux rêveur, un utopiste dont l'acharnement à réaliser « son rêve olympique » au nom des valeurs du pacifisme et de l'entente entre les peuples révèle son immense orgueil et son aveuglement, tout comme d'ailleurs la plupart des dirigeants ou notables de son époque. Il était un homme de son temps... Et non d'un autre temps ! Un conservateur et non un précurseur, ce qui peut se vérifier dans nombre de ses interventions...

    A Pékin en 2008 pour les Jeux olympiques d'été ou à Sotchi pour ceux d'Hiver en 2014, l'olympisme a été l'occasion d'une démonstration de force pour les pays organisateurs, mais aussi de coûteuses dépenses, comme pour la Grèce en 2004 ou pour le Brésil aujourd'hui. L'esprit de concurrence entre les pays organisateurs a-t-il dépassé les limites du raisonnable ?

    De la part des pays organisateurs (qui ont été choisis par les membres du CIO rappelons-le) il ne s'agit pas seulement d'une démonstration de force mais de la volonté d'acquérir un prestige et une reconnaissance mondiale. Les J.O. sont la vitrine non seulement économique, mais aussi sociale, politique, culturelle, etc. d'un pays. Comme toutes les vitrines des magasins, la vitrine sportive annonce plus de rêves qu'elle n'en peut offrir réellement! Elle masque bien souvent la misère politique et sociale effective derrière les fastes des installations, des cérémonies et des performances. On le constate encore une fois avec Rio en ce moment. C'est un miroir aux alouettes ou une grande armoire aux illusions! Et cela conduit inévitablement à la surenchère et donc à des dépenses très excessives et souvent inutiles comme je le rappellerai probablement plus tard. Il suffit de lire les articles et commentaires de Wladimir Andreff, professeur d'économie du sport, pour se persuader que l'organisation et le déroulement des J.O. sont une gabegie financière qui a pour principale cause le mensonge: mensonge sur les coûts estimés qui ne sont jamais respectés. Normal: le CIO se vend à l'encan, c'est à dire au plus offrant ! D'où l'explosion des coûts et l'affairisme qui entourent les marchés juteux de la « fête olympique » ! Vous n'avez pas lu W. Andreff ? Alors je reprends quelques-uns de ses chiffres. Quels ont été les « coûts de dépassement » des J.O. depuis 1984? Une seule ville a tenu ses engagements et n'a pas eu de déficit : Los Angeles en 1984 (elle n'avait, soulignons-le, aucun concurrent dans la course aux enchères). Par la suite ce ne sont que dépassements ahurissants : Barcelone en 1992 : 32 % ; Sydney en 2000 : 93 % ; Athènes en 2004 : 109% et surtout Londres en 2012 : 127 % et Pékin en 2008 : 1130 %!!! (1).

    Et Paris en 2024 … si jamais d'aventure le CIO avait la mauvaise intention de sanctionner Paris en ponctionnant sa population déjà écrasée par les dettes ? Mais il est vrai que, en matière d'Olympisme comme en d'autres domaines, les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! François Hollande accompagné par ses deux égéries Anne Hidalgo et Valérie Pécresse sont aujourd'hui à Rio ; voilà un voyage politique s'il en est pour défendre (discrètement paraît-il) la candidature de Paris en 2024. Et ne parlons pas de Tony Estanguet et de Teddy Riner grassement payés et entretenus pour jouer les VRP ...

    Que pensez-vous justement de la candidature de Paris pour les prochains Jeux olympiques ?

    Je ne suis pas seul à être franchement et carrément hostile au maintien de cette candidature. Les appels que nous avons lancés le 23 juin 2015 et le 12 janvier 2016, parus dans le Huffington Post et dans la Revue Quel Sport?, ont reçu quelques échos (bien faibles disons-le tout net) dans la presse et les médias. En résumé qu'écrivions-nous? Pourquoi Paris ne doit pas poser sa candidature, et si elle est quand même posée, pourquoi le CIO ne doit pas la retenir? Compte tenu de l'augmentation massive du chômage en France et des mesures d'austérité qui frappent tous les secteurs de la vie publique, nous estimons qu'il y a d'autres priorités qu'une candidature dispendieuse aux JO de 2024. Nous pensons en somme que le « rêve des Jeux » ne doit pas faire diversion.

    Parmi tous les arguments présentés il y a d'abord le coût (évoqué ci-dessus). Entre 60 et 100 millions d'euros risquent d'être engloutis en pure perte dans les frais de candidature. L'État a déjà débloqué un abondement exceptionnel de 10 millions d'euros pour assurer le bon fonctionnement du Groupement d'intérêt public «Paris 2024». 3 milliards de fonds publics seraient ainsi engagés sur un budget prévisionnel global de 6,2 milliards d'euros. Or, pour quasiment tous les Jeux, les budgets prévisionnels explosent (Athènes: 11,1 milliards ; Pékin: 32 milliards ; Londres: 11 milliards ; Rio: 12 milliards). Tandis que le CIO est exonéré d'impôts et que les retombées économiques ne bénéficient qu'au secteur privé, les populations sont obligées de supporter le poids de la dette pendant plusieurs années. L'hôpital public, le logement social, les transports en commun, l'éducation, la recherche scientifique ne doivent pas être affectés par l'opération de prestige de la parade olympique. «L'aventure olympique» ainsi désignée par Anne Hidalgo - dont je rappelle qu'elle était initialement hostile à cette candidature, mais çà c'était avant son élection à la mairie de Paris ! - se construit sur la base de contre-vérités qui vont rapidement devenir un mensonge d'État! Des J.O. low-coast à Paris? Mais vous n'y pensez pas! Nous disposons paraît-il des infrastructures: stades, piscines, gymnases, etc. Mais c'est oublier les appétits des grandes multinationales qui auront vite fait de dépasser les coûts en construisant des temples sportifs et commerciaux pharaoniques et donc surdimensionnés et qui n'auront, comme en Grèce après 2004, aucune utilité une fois les jeux terminés. Sans parler des transports, des logements «facilement reconvertibles» en logements sociaux. C'est comme si on demandait à l'abbé Pierre de construire le village olympique. N'y a-t-il pas mieux à faire avec l'argent des Français compte tenu de l'état piteux dans lequel se trouve notre pays? En clair, je pense que le redressement économique et social de la France ne passe pas par l'organisation de Jeux qui ne profiteront qu'aux nantis et ne satisferont que l'ego d'un spécialiste des commémorations à l'occasion du Centième anniversaire des J.O. de Paris (en 1924) !!!

    Second argument qu'il convient de méditer (et non des moindres) : la sécurité et les frais colossaux qui seront engagés pour protéger et garantir le déroulement des épreuves, où que ce soit, avec la mobilisation (c'en est une!) de milliers de policiers, gendarmes, militaires, de « forces » dites de « l'ordre ». Certes nous ne sommes pas en 2024 et l'on peut espérer ne plus avoir à se protéger du terrorisme et des djihadistes. Mais faudrait-il qu'au nom de la « fête olympique » nous acceptions, sans réfléchir aux conséquences sur les principes démocratiques, le quadrillage militaro-policier de l'espace public, la surveillance électronique généralisée, la restriction des libertés fondamentales ?

    Et pour terminer troisième argument: et la démocratie? Qui a décidé de poser la candidature de Paris pour les J.O. De 2024? A-t-on demandé l'avis aux parisiens et plus largement aux Français (ce sont eux tous qui payent!) ? Pourquoi ne pas faire une « votation » comme ce fut le cas en Suisse, ou un référendum national ? J'estime que des décisions aussi importantes ne doivent pas être confisquées par une multinationale olympique opaque et non démocratique qui abrite en son sein des fédérations et des athlètes plusieurs fois impliqués dans des affaires de corruption, de matchs truqués et de dopage (FIFA, UCI, IAAF, etc.).

    Je n'ai évidemment pas épuisé les arguments et les explications. C'est pour vous inviter à de nouvelles lectures...

    L'olympisme a survécu à deux guerres mondiales et à la Guerre froide. Dans un monde contemporain où réapparaît le vocabulaire de la guerre et des conflits, quel avenir voyez-vous pour les Jeux olympiques dans les prochaines décennies ?

    Le vocabulaire de la guerre, les conflits ne mettront pas fin à l'Olympisme et aux Jeux olympiques. Ils seront suspendus, le temps que revienne difficilement l'apaisement: comme ce fut le cas en 1919 (Jeux Inter-alliés) puis 1920 (Jeux d'Anvers pour récompenser la petite Belgique). Comme ce fut le cas encore en 1948 à Londres (pour les mêmes raisons) (2). La Guerre froide n'a jamais interrompu les Jeux: elle en a seulement accentué le caractère nationaliste et chauvin! À mon avis, ce n'est pas la politique ou plus largement les «relations internationales» (au sens diplomatique du terme) qui peuvent mettre un terme ou compromettre l'avenir des Jeux. Pour anéantir non seulement les Jeux Olympiques mais l'idéal olympique déjà bien fragilisé, il faudrait mettre un terme à la mainmise de l'argent et à l'imaginaire inégalitaire de la « surdimensionalisation »  de l'homme. Citius, Altius, Fortius... là est hélas le ver qui ronge le fruit. Parce qu'on confond l'esprit de compétition, la performance, le dépassement de soi-même avec le record ce qui induit déviations, perversités et transgressions diverses dont le professionnalisme, l'appât du gain et le dopage ne sont que les symptômes les plus apparents...

    Mais que dis-je ? Après avoir critiqué Pierre de Coubertin, voilà que je deviens aussi un doux rêveur aux utopies enchanteresses...

    (1). Pour une argumentation complète sur ces données et bien d'autres, voir la Revue Quel Sport ?, en particulier le n° 27.
    (2) ARNAUD Pierre et RIORDAN James, Sport et relations internationales (1900-1941), éd. L'Harmattan, collection Espaces et temps du Sport, 1998.

    Portait ci-dessus :  Charles Maurras à 25 ans, autour de 1895

    Pierre Arnaud est un professeur d'éducation physique et historien du sport né en 1942. Professeur émérite de l'Universit

  • Histoire • Qui fut le « baron Roger » ?

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

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    « Roger a recueilli [au Sénégal] une tradition qui est comme l’histoire de tout un peuple ».

                           Le Mercure de France, vol. 21 , 1828

     

    Plusieurs fois, comme reporter, j’ai parcouru le Sénégal, en y lisant certains écrits, de Loti à Senghor, inspirés par cette terre qui, avant d’être française jusqu’en 1960 (le site de la future Saint-Louis fut abordé par nous dès 1638), avait été marocaine (la dynastie islamo-berbère des Almoravides se forma vers 1040 dans une île du fleuve Sénégal).  Je connus plusieurs acteurs de l’histoire moderne de ce pays, dont le président académicien Léopold Senghor (1906-2001) qui, entre autres conseils, m’encouragea à user, comme le firent Morand, Sartre ou Camus, du « beau mot de Nègre » (et ses dérivés), que des lecteurs du Monde se plaignaient de me voir utiliser… Jamais, au cours de ces étapes sénégalaises, on me parla du « baron Roger », le plus original pourtant, avec le général Faidherbe, des gouverneurs d’une colonie vétérane qui avait été représentée aux états généraux de 1789 à Versailles. 

    C’est donc récemment que j’ai eu connaissance de l’existence de Jacques-François Roger (1787-1849), dit le « baron Roger » depuis son ennoblissement sous la Restauration, gouverneur du Sénégal (1821-1827) et écrivain colonial (Kélédor, histoire africaine et Fables sénégalaises), et cela grâce aux travaux d’une remarquable africaniste indienne francophone, Kusum Aggarwal (1), universitaire à Delhi, docteur de Paris-IV, qui s’est penchée sur ce personnage délaissé au point d’être « oublié » même dans le répertoire de l’Académie des sciences d’outre-mer, Hommes et destins… Au moment de la décolonisation, le baron fut quand même redécouvert un instant et même comparé à André Gide ou Albert Londres pour sa lucidité sur l’Afrique noire. 

    220px-Jacques-François_Roger.jpgProtégé par la future bienheureuse Mère Anne-Marie Javouhey, fondatrice en 1807 des moniales missionnaires de Saint-Joseph de Cluny, et quoique, dit-on, franc-maçon voire républicard, Roger fut nommé en 1819 « gérant de l’Habitation royale » (ferme modèle), située près de Saint-Louis-du-Sénégal, la colonie venant d’être rendue à la France par les Anglais. Il s’y activa si bien qu’il fut bientôt bombardé gouverneur du territoire. Travailleur, imaginatif, bâtisseur (sa « folie » à Richard-Toll a été classée en 2016 au patrimoine national sénégalais), Roger fut populaire parmi les colons et les indigènes (il en épousa une, et leur postérité serait toujours présente au Sénégal) car il innova utilement en matière agricole : son jardinier, Claude Richard, a donné son nom à Richard-Toll, « le jardin de Richard ». Malade, Roger dut rentrer en métropole où il devint ensuite député du Loiret jusqu’à sa mort du choléra en 1849 ; il milita à la fois comme « coloniste » et comme « abolitionniste » (de l’esclavage) à la façon d’un Alexis de Tocqueville. Ses publications de 1828, en France, sur le Sénégal, montrent un intérêt réel pour ce que Senghor nommerait plus tard la « Négritude ». La spécialiste hindoue du baron a pu écrire qu’il fut « le premier à dépasser une conception strictement occidentale du continent noir » ; bref, « le Nègre de Roger n’est pas un sauvage inculte », précise-t-elle, un peu à la manière de Senghor.   

    Lire : Kelédor et Fables sénégalaises, textes de Roger publiés en 1828 et réédités par l’Harmattan à notre époque. 

    (1) Voir notamment  le n°1 des Cahiers de la Société internationale d’étude des littératures de l’ère coloniale (SIELEC), association universitaire fondée en 1999 à Montpellier, Ed. Kailash, Pondichéry et Paris, 2003

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (21)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

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    21 : À Martigues et Roquevaire, hauts-lieux maurrassiens... Aujourd'hui, comment la maison du Chemin de Paradis est devenue "la maison de Maurras"... (2/5)

    (pour ces cinq livraisons, on pourra se reporter à notre Album (de 125 photos) : Une visite chez Charles Maurras...)

     

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    "...Mon Martigues, plus beau que tout !..."

    On voit parfaitement la maison de Maurras et son jardin, dans le quartier de Ferrières, juste en face du bord inférieur gauche du stade...

     

    C'est dans un "drôle" de petit livre que l'on apprend quand, comment et pourquoi est né l'amour immense de Maurras pour "sa" maison de Martigues...
    "Sans la muraille des cyprès" est le titre de ce qui, à proprement parler, n'est d'ailleurs pas un livre, mais une sorte de fourre-tout assez invraisemblable, dans lequel Mademoiselle Gibert, secrétaire de Maurras, a réuni, en 1941, plusieurs textes différents, certains n'ayant aucun rapport entre eux.
    Le titre lui-même n'en est pas un non plus, puisqu'il ne s'agit que des premiers mots du premier de ces textes, jetés là "en vrac", pourrait-on dire, ce qui n'avait, d'ailleurs, pas été du goût de Maurras...
    Pourtant, si on laisse là ces considérations, la Préface de "Sans la muraille des cyprès" va nous apporter une foule de renseignements de première main, puisqu'ils sont fournis par Maurras lui-même : les uns carrément drôles, d'autres touchants, certains surprenants : on va suivre l'évolution des goûts et des désirs, dans la tête d'un enfant; puis, l'enfant ayant grandi, l'évolution de ses choix, décisions et réalisations : ce "non livre" improbable apporte ainsi, comme le diable, sa pierre à l'édifice; bien que fort surprenant, il n'est donc pas inutile, loin de là...

    Marie Pélagie Garnier - née le 27 avril 1836 et décédée en 1922, à l'âge de 86 ans - était la fille de Pierre Étienne Garnier, maire de Martigues, et de Marie Antoinette Joséphine Boyer. Elle avait donc deux soeurs : Valérie et Mathilde. Et la famille Garnier possédait à Martigues une "maison", dans le quartier de l'Île (celle où est né Maurras, ci dessous), une "campagne", c'est-à-dire, en fait un terrain planté de vignes et d'oliviers; et un "jardin", l'actuelle "maison de Maurras" et son jardin.

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    Comme sur la maison natale de Bainville, à Vincennes, une plaque, un temps, était apposée sur la façade de cette minuscule maison (3m70 de large !) indiquant la naissance de Maurras en ce lieu. À Martigues (comme à Vincennes) les plaques ont disparu... 

     


    Maurras explique, peu après le début du texte, qu'il a commis un sacrilège, dont il se repentira toute sa vie, en faisant abattre plusieurs magnifiques cyprès dans "le jardin" ("...j'ai débuté dans ma longue carrière en offensant ces maîtres sacrés..."); et comment il se rachètera ensuite, par une sorte de frénésie de plantation de cyprès...
    Mais, revenons-en au début de "l'affaire", et voyons comment "cette offense mortelle succédait, il est vrai, au plus bel exploit de mon adolescence..."

    1A.jpg"Je n'avais pas mes quatorze ans" écrit Maurras; il y a donc huit ans qu'il a connu sa première tragédie, la mort de son père adoré, alors qu'il n'avait que six ans. Il sera frappé bientôt par la deuxième tragédie que fut sa quasi surdité, en 1882 : il aura alors ces fameux "quatorze ans" qu'il n'a pas encore quand il commence son récit...
    "Je n'avais pas mes quatorze ans. On procédait à un partage de famille qui avait tardé. Selon l'usage établi chez nos bons bourgeois de Provence, notre grand-mère avait légué à ses enfants une maison de ville, une "campagne" et un jardin. La soeur aînée de notre mère annonçait son intention de se réserver la maison. Sa cadette voulait prendre le champ de vignes, d'olives et de blé. "Prends le jardin, maman ! disais-je, prends le jardin." Elle hésitait. Cette petite propriété, deux hectares et demi de fleurs, de fruits et de légumes, était moins de rapport que d'agrément; elle avait ceci d'onéreux qu'il fallait dédommager d'autres héritiers. Mais je voulais le jardin, et le voulais bien. Jadis, quand nous étions plus jeunes, avant d'aller à Aix pour nos études secondaires, on nous conduisait au "jardin", pour le moins tous les jeudis et les dimanches, et nous en revenions armés de ces grands roseaux verts qu'on appelle chez nous des cannes, et qui tournaient, comme nos têtes, à tous les vents. Puis j'aimais au jardin, le jardinier, la jardinière qui me faisaient boire le lait de leurs brebis et manger "le pain de maison" qu'ils pétrissaient eux-mêmes. Et j'aimais plus que tout le pavillon carré assis au-dessus des parterres, et qui m'avait ri de tout temps par l'or de sa façade, la broderie de ses fenêtres et les denticules de sa corniche : n'avait-il pas été bâti au XVIIIème siècle, avec le reste des pierres de l'église de l'Île ? La tradition le disait, c'était un nouveau lien de cette vieille pierre à moi..."

    On sait maintenant, et de source sûre, comment "sa" maison et "son" jardin sont venus à Maurras : entre la maison de ville - où il était pourtant né... - et la campagne, c'est "le jardin" que ce petit garçon voulait : trop tôt orphelin de père, il y passait au moins des jours heureux; voilà pourquoi, comme il le dit, "il le voulait et le voulait bien"...
    Ce que nous connaissons tous, aujourd'hui, comme "la maison du Chemin de Paradis" ou "le jardin de Charles Maurras", c'était, pour un petit orphelin de moins de quatorze ans un "jardin" et un "bâtiment carré", havres de paix et d'amusements, de joies simples, de jeux et de bonheur...

    La chose fut d'ailleurs heureuse : "Le voeu de notre mère allait d'accord. Seulement mon désir s'exprimait tout haut avec une force d'insistance qui finirent par l'emporter. On paya ce qu'il fallut, le jardin fut à nous, et bien nous en prit.
    Lorsque, ses soixante ans sonnés, un peu meurtrie par dix années de Paris1AA.jpg brumeux, notre mère eut vu partir son second fils pour les colonies (1) et, me laissant dans la grand'ville, revint seule en Provence, cette maison rustique, ce jardin sec et chaud, cette terrasse ensoleillée et embaumée que purifient le vents qui passent, lui auront dispensé une trentaine d'années tranquilles. Nous l'aurons gardée jusqu'au bout saine, lucide, gaie, en pleine possession de ses facultés, enfin digne d'elle et de son pays. Les "prends le jardin, maman !" n'auront pas fait conclure une mauvaise affaire, ni donné un mauvais conseil. J'en triomphai, mais ce triomphe fut suivi d'une lourde chute..."

    (1) : Maurras eut deux frères : l'un, François, ou Romain, qui ne vécut quasiment pas, et, en 1872 (donc, de quatre ans son cadet) Joseph, qui partit à Saïgon, où il mourut en 1924.
    Joseph eut quatre filles de son premier mariage, et un fils, Jacques, de son second : c'est ce fils, Jacques, adopté par Charles Maurras, qui fit don de la maison de Maurras à la Ville de Martigues, conformément au vœu de son oncle et père adoptif, en 1997..