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  • La mondialisation numérique, une menace pour les télétravailleurs français ?, par Jean-Philippe Chauvin.

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    « La mondialisation est un fait, elle n’est pas forcément un bienfait », ai-je pris l’habitude de dire depuis quelques années, et ce n’est pas l’article publié mardi par le quotidien L’Opinion qui va me rassurer ou me démentir sur ce point : son titre, en lui-même, annonce bien la suite : « Télétravail : pyjamas délocalisables ».

    jean philippe chauvin.jpgCar la Covid 19, en imposant le confinement (mais ne sont-ce pas plutôt les gouvernements qui ont joué cette carte, faute d’autre stratégie sanitaire et médicale dans nombre de pays ?), a changé les formes les plus marquantes de la mondialisation sans la remettre en question, contrairement à ce que certains espéraient ou prédisaient. Quand Michel Houellebecq annonçait un monde d’après qui serait juste « le même, en un peu pire », avait-il tort ? Nous l’espérions, nous en rêvions, même, mais il semble bien que le « sire triste »de la littérature française ait vu plutôt juste, même si les jeux ne sont pas totalement faits ni défaits.

     

    Ce que Maxime Sbaihi (l’auteur de l’article) écrit a le mérite de la clarté, rompant avec un certain irénisme mondialiste aujourd’hui plus discret mais toujours actif, au moins dans les hauteurs des sociétés mondialisées, et il nous montre comment la mondialisation, désormais moins « aéroportée » que numérique, a changé, non de paradigme mais de forme et de vecteur dominants : exit les grands voyages physiques, du moins pour l’instant, et voici le virtuel qui « délocalise » et « dépayse » plus sûrement, au risque de déstabiliser un peu plus nos propres sociétés et leurs réalités sociales comme… physiques ! L’écran remplace la présence réelle, le clic la poignée de main, la connexion la transmission (au sens fort du terme, enracinée et intergénérationnelle). Du coup, tout devient possible, y compris « le pire » pour les cadres en France et dans les pays occidentaux : ainsi, dans ce cadre du télétravail, « la mondialisation pourrait (…) devenir une menace nouvelle et bien réelle pour les cols blancs des cadres et professions intellectuelles supérieures. (…) Beaucoup d’entreprises forcées de jouer le jeu du télétravail ont rapidement réalisé qu’elles pouvaient opérer, parfois mieux, sans présence physique au bureau. Or qu’est-ce que le télétravail sinon une première forme de délocalisation ? » Quand il suffit d’un ordinateur pour remplir certaines fonctions et que le bureau fixe devient inutile, pourquoi, pour les entreprises en recherche d’économies et de meilleurs profits (souvent maquillés sous le terme de « compétitivité », en fait), conserver des salariés coûteux en France quand le même service peut être assuré ailleurs à moindre frais et sans risque de contestation sociale ? Ainsi, « en actant le divorce entre activité et bureau, le télétravail ne risque-t-il pas d’étendre leur séparation géographique au-delà des frontières ? Dans The Globotics Upheaval, paru en 2019, Richard Baldwin met en garde contre une « armée mondiale de télémigrants » vouée à concurrencer les emplois qualifiés occidentaux. » La mondialisation numérique qui s’accélère au fil de l’épidémie peut effectivement nous inquiéter sur ce point comme sur d’autres, avec ce risque d’appauvrir un peu plus les classes moyennes françaises sans profiter intégralement aux salariés de l’autre bout du monde, mais bien plutôt en priorité aux transnationales et à leurs actionnaires, peu regardants sur les moyens de valoriser leurs avoirs : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse »…

     

    Nous ne pouvons en être étonnés, la mondialisation considérant le monde comme un « seul village », aujourd’hui couvert d’écrans et peuplé d’individus interchangeables et d’opinions téléchargeables ! Cette réduction des personnes à de simples agents économiques, « producteurs-consommateurs », dont le pouvoir d’achat potentiel déterminerait la valeur et le poids en cette mondialisation-là, est évidemment une « dépersonnalisation » inquiétante des habitants de notre planète plurielle et une « déshumanisation » qui explique sans doute les dérives transhumanistes contemporaines, au moins annoncées par Huxley dans « Le meilleur des mondes », ce livre désormais considéré comme « réactionnaire » par les nouvelles pythies de la bien-pensance… Et, si les personnes ne sont plus que des individus « à valeur économique mesurable », pourquoi ne pas chercher ceux qui coûtent le moins pour rapporter le plus ? La logique des « avantages comparatifs » est trop souvent mortifère pour nos salariés nationaux, comme elle l’est pour les productions françaises, forcément plus chères que celles de pays dits « en développement » (ce processus théorisé par Rostow et Truman comme le mode d’accès privilégié et obligatoire à la société de consommation et de loisirs « idéale »), simplement parce que, au-delà des charges fiscales trop lourdes, les lois sociales françaises préservent mieux les intérêts des travailleurs que dans nombre de pays émergents… C’est d’ailleurs cet « amortisseur social » français qui a, sans doute, évité l’effondrement social des classes productives sans, pour autant, réussir à empêcher le désœuvrement organisé d’une part non négligeable de celles-ci, condamnées au chômage par la désindustrialisation, fille naturelle de la mondialisation libérale...

    Or, justement et de façon forcément inquiétante, « en banalisant le télétravail, le virus a peut-être donné le coup de fouet que la mondialisation numérique attendait pour redistribuer les cartes des emplois qualifiés. Les écrans effacent les distances et mettent en concurrence les compétences avec les coûts salariaux. La fameuse « troisième ligne » d’Emmanuel Macron, celle qui a pu continuer à travailler en pyjama à la maison, risque cette fois de se retrouver en première ligne ». Et, comme le souligne l’auteur, « les consultants, experts-comptables et responsables commerciaux peuvent se faire du souci » ! Mais ce constat qui semble rude peut aussi permettre une prise de conscience et une stratégie française, dont l’État aurait tout intérêt à se faire le promoteur, fondée sur une véritable valorisation de la matière grise, « nos vraies mines d’or du Pérou », pour paraphraser Sully. Pour cela, il peut paraître nécessaire d’alléger, au moins temporairement, les charges des entreprises françaises ou investissant en France, mais aussi et surtout d’améliorer les capacités de nos universités, grandes écoles, centres de recherche (publics comme privés), pour former les cadres de demain, ceux qui, derrière leur écran, auront de bonnes raisons de rester attachés à la France et qui pourront, par leurs qualités et savoir-faire d’excellence, empêcher les transnationales de céder à la tentation de la « délocalisation des pyjamas ».

     

    Bien sûr, cela nécessite des efforts et de la rigueur (et une vision à long terme de l’État, fut-il républicain et en attendant mieux, c’est-à-dire royal), mais, en ces temps particuliers, il n’est pas inutile de faire confiance à ce « cher et vieux pays » qui, par le passé, a montré bien des ressources de motivation et de fierté pour assurer sa liberté de parole et d’action. Qu’il puisse sembler endormi en cet automne covidien ne doit pas nous empêcher de penser qu’il est capable d’un beau et grand réveil, celui qu’espérait Bernanos et qu’envisageait de Gaulle !

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Vivre avec le virus, c’est retrouver la liberté, par Natacha Polony.

    "Que proposons-nous à ces jeunes gens qui ont la vie devant eux ?"
    © Hannah Assouline. 

    "La vie, pour un être humain, n’est pas une donnée biologique mais un art très personnel que nul ne doit se laisser voler. Etre véritablement humain, c’est choisir la compassion pour les autres, mais la liberté pour soi-même", rappelle Natacha Polony, directrice de la rédaction de "Marianne".

    Évidemment, ce ne sont pas les tranchées. Ce ne sont pas non plus les nazis ou la Milice, qui traquent et torturent. On a beau jeu de les traiter de chochottes, ces jeunes qui disent leur désespoir, leur solitude, ces commerçants, patrons de théâtre ou restaurateurs qui, après tout, n’ont pas à se plaindre, puisque, n’est-ce pas, ils sont indemnisés. Oui, nous sommes des générations de consommateurs choyés, trop souvent incapables de simplement nous figurer les horreurs qu’a vécues l’humanité avant nous. Mais quelque chose nous dit que l’argument ne tient pas. Que ces jeunes gens dépressifs ou suicidaires ne regrettent pas seulement de ne pas pouvoir « faire la fête », ce à quoi nous avions réduit la jeunesse et que finalement nous lui avons retiré.

     

    Pourquoi le désespoir pour les uns, la rage pour les autres ? 

     

    La crise sanitaire que nous vivons depuis un an est une mécanique perverse qui déploie ses effets progressivement. Mais, alors que nous commençons à admettre que, peut-être, il ne s’agit pas d’une parenthèse mais d’un changement d’époque, nous ne semblons toujours pas capables de reprendre la main. On entend d’ici les commentaires indignés (l’indignation est la nouvelle forme de la vertu contemporaine) : nous n’avons pas le choix, il faut éviter des morts. Ou, comme l’a hurlé le ministre de la Santé aux députés de la nation qui refusaient de prolonger indéfiniment l’état d’urgence sanitaire : « Vous êtes en train de débattre de sujets alors que nos soignants se débattent pour sauver des vies. C’est ça la réalité, mesdames et messieurs les députés, si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici. » En clair, toute réalité autre que celle des services de réanimation est illégitime, secondaire. Sans même aller jusqu’aux positions de l’essayiste Gaspard Koenig – qui rappelait, dans les Échos que seules 60 personnes sans comorbidité, parmi les 15-44 ans, sont mortes du Covid en 2020 en France [et 176 en tout dans cette classe d’âge] –, on peut malgré tout se pencher avec un tout petit peu de lucidité sur le modèle de société que nous nous voyons imposer par l’alliance des décisions politiques, du bruit médiatique et de l’amplification des réseaux sociaux, sans que jamais nous en ayons débattu collectivement, et surtout sans que jamais les enjeux soient véritablement déployés dans toute leur ampleur.

    Qu’est-ce qui provoque la déprime, la dépression, même, de tant de nos concitoyens ? Pourquoi le désespoir pour les uns, la rage pour les autres ? La plus grande violence qui nous soit infligée, n’en déplaise à ceux qui croient que les confinements à répétition constituent la seule réponse « raisonnable », est de nous priver de toute autonomie. Dans toutes les crises rencontrées jusqu’ici par les générations qui nous ont précédés, il appartenait à chacun de se déterminer en son âme et conscience pour décider de son destin. Être lâche ou courageux est un choix individuel, l’expression de notre liberté profonde. Même dans l’horreur d’une guerre, même quand la mitraille, les obus et la peur abominable les écrasent, certains, dans cette ordalie d’épouvante, se révèlent et refusent de n’être que des bêtes. « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait », telle est la phrase de Guillaumet, racontée par Saint-Exupéry dans Terre des Hommes après que son avion s’est écrasé dans la cordillère des Andes et qu’il a marché cinq jours et cinq nuits dans la neige, en costume de ville, pour retrouver la civilisation.

     

    Etre véritablement humain, c’est choisir la compassion pour les autres, mais la liberté pour soi-même. 

     

    Et nous, que proposons-nous à ces jeunes gens qui ont la vie devant eux ? De ne pas avoir ce choix qui est celui qui nous construit en tant qu’être humain. Il est interdit de se déterminer, interdit d’agir. Il ne faut qu’attendre. Attendre les confinements, attendre les aides de l’État. Ceux qui avaient retroussé leurs manches pour se forger un patrimoine, pour se préparer une vie meilleure, pour eux et leurs enfants, sont en train de tout perdre. Ils sont réduits à subir parce que toute forme d’action individuelle, tout refus de subir, serait incivique. Une mise en danger de la vie d’autrui. On ne dit pas organiser des fêtes ou s’entasser dans les bars, non. Seulement agir, travailler, vivre. Et arbitrer en fonction de son intelligence, en interaction avec d’autres, qui, même « fragiles », sont également doués de libre arbitre.

    Un membre du gouvernement déplorait, il y a quelques jours, l’absence de discours mobilisateur pour la jeunesse. Et selon vous, quel devrait-il être ?, lui a-t-on demandé. « Si je le savais… » fut la seule réponse. Alors, tentons une proposition. Mobiliser les jeunes gens de ce pays, c’est leur apprendre qu’ils sont maîtres de leur destin. Qu’il leur appartient de décider de ce que sera leur vie, et que l’État est là pour leur donner les moyens de cette liberté en compensant les inégalités qui l’entravent. Que la vie, pour un être humain, n’est pas une donnée biologique mais un art très personnel que nul ne doit se laisser voler. Et qu’être véritablement humain, c’est choisir la compassion pour les autres, mais la liberté pour soi-même. Si quelque chose comme une civilisation européenne doit perdurer, tandis que la dictature dérégulée à la chinoise affiche une réussite économique si flamboyante qu’elle en fait fantasmer certains, cela ne passera que par la réaffirmation de cette idée de l’homme développée depuis le XVIe siècle comme un être digne parce que libre.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Jean-Michel Vernochet : « Macron s’inscrit dans la suite de Robespierre, le feu et la verve en moins »

     

    Journaliste, écrivain, ancien grand reporter au Figaro Magazine, professeur à l’École supérieure de journalisme (ESJ Paris), Jean-Michel Vernochet sera l’invité du Cercle de Flore vendredi prochain, 16 février 2018. Il a bien voulu répondre d’ores et déjà à quelques-unes des questions du Cercle de Flore.

    627565382.jpgVotre dernier livre, sorti aux éditions Le Retour aux sources, s’intitule La Guerre civile froide – La Théogonie républicaine de Robespierre à Macron. Robespierre et Macron, même combat alors ?

    Il existe une continuité historique non démentie entre les pères de la Révolution française et les agents de l’actuelle révolution mondialiste. Nous sommes passés en deux siècles d’un projet républicain d’abord national à un projet européen – avec l’expansion napoléonienne : la guerre d’Espagne renvoyait en écho aux guerres de Vendée par son caractère “religieux” ; l’Église espagnole combattait par les armes la religion républicaine essentiellement anti-chrétienne. Aujourd’hui, la révolution globaliste (qui ne dit évidemment pas son nom) vise encore et toujours l’instauration d’une république universelle mieux connue du grand public sous le nom de “gouvernance mondiale”. Mais ce sont toujours les mêmes concepts qui sont à l’œuvre et, plus précisément, les mêmes idées directrices que celles qui qui animaient la “révolution mondiale” qu’avaient lancée Lénine et son armée, messianiste et athée, de révolutionnaires professionnels. Macron s’inscrit bien dans la suite de Robespierre, le feu et la verve en moins parce qu’il n’est plus un initiateur mais un simple exécutant, au mieux un syndic de faillite, le liquidateur d’une nation qui n’a plus sa place en tant que telle dans le nouvel ordre mondial… en marche.

    Comment expliquez-vous le triomphe des idées abstraites de « liberté, égalité, fraternité » et du babélisme juridique qui en a découlé ?

    Ces idées ont de quoi enflammer les imaginations et les cœurs. Elles sont le reflet d’un vieux rêve de l’humanité, celui d’un âge d’or à venir ou de son retour après avoir été perdu à l’instar de l’Éden originel. L’homme ne serait plus alors « un loup pour l’homme », la paix éternelle régnerait et le carnivore cohabiterait en bonne entente avec l’herbivore. Manque de chance, pour atteindre ce but sublime, il faut généralement exterminer tous ceux qui y font obstacle ou qui sont soupçonnés de scepticisme ou de simple tiédeur. Les ouvriers et les paysans russes furent, à partir de 1918, les premières victimes de ce mirage sanglant. Ces ennemis désignés du genre humain sont par définition prédestinés à l’échafaud ou au Goulag. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est qu’aucune tentative d’instaurer une république égalitariste – la Sérénissime République vénitienne n’a vécu dix siècles (697-1797) que parce que ses “valeurs” se situaient aux antipodes des celles des Lumières – n’a vécu ou survécu très longtemps… Pour la simple et bonne raison que les idées qui les dirigent sont non absolument viables. Elles sont frappées d’impossibilité matérielle, parce qu’elles sont ontologiquement un négationnisme du réel. Pour être brutal, disons que le socialisme n’a jamais nulle part fonctionné et que seules des institutions totalitaires voire strictement concentrationnaires (le socialisme de caserne) lui ont donné un semblant d’existence éphémère. Qu’est-ce que les soixante douze ans de l’Union soviétique au regard de la longue durée historique ?

    Alors que triomphe En Marche, vers quel projet politique d’enracinement faudrait-il se tourner ?

    Retour à la tradition, au bon sens, retour au réel comme le prônait Gustave Thibon. Il n’est pourtant pas bien difficile de voir et d’entendre les graves dissonances et discordances du discours officiel toujours imprégné d’utopisme et de graves distorsions de la réalité. Cela pour ne pas pas parler des mensonges éhontés que déversent à longueur de temps et d’antenne les canaux publics d’information… financés par nos propres impôts. Mais remonter la pente sera rude pour toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons. Entre autres parce que les classes économiques dirigeantes se battent “le nez dans le guidon” pour conserver leurs parts de marché. Celles-ci fondent comme neige au soleil sous le feu de la concurrence du Tiers-Monde, de la Chine notamment. Être “compétitif” est devenu le maître-mot quoi qu’il en coûte. Nos champs sont inondés de Roundup parce qu’il faut maintenir la compétitivité ! Plutôt crever que de ne pas s’aligner sur les coûts de production, les barèmes et les prix du Middle Ouest, des pampas argentines reconverties ou des déserts agricoles de l’Amazonie déforestée et dévastée. Ces classes économiques compradores ne voient généralement pas plus loin que leur intérêt à court ou moyen terme, parce qu’en fait elles ont égaré leur boussole morale… et vitale. L’économie ne saurait s’exercer sainement sans rigueur morale. Mais celle-ci a bel et bien disparu depuis que la trahison des clercs est effective, c’est-à-dire depuis que l’Église s’est en grande partie convertie à la religion des droits de l’homme, corollaire du monothéisme du marché. Religion qui porte l’exact contraire d’une éthique et qui n’est en soi qu’un instrument de sidération mentale, un moyen de coercition et de terrorisme intellectuel au service d’une société ouvertement et volontairement suicidaire.  

  • Ralliement

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Les Irlandais ont répondu « oui » au référendum qui portait abrogation de l’amendement constitutionnel interdisant l’interruption volontaire de grossesse. 

    À 66,5 % des votants. C’était le vendredi 25 mai. L’avortement sera donc légal jusqu’à trois mois de grossesse et, sur justification médicale, entre trois et six mois. Le Premier ministre Leo Varadkar, d’origine indienne et lui-même homosexuel affiché, s’est félicité de cette « révolution tranquille ». Ce référendum fait suite à celui de 2015 qui avait autorisé le prétendu mariage homosexuel. La catholique Irlande qui, il y a encore vingt ans, se refusait à ce genre d’évolution dite « sociétale », rejoint le troupeau européen des peuples qui se suicident, dans la pratique qui sera généralisée et, sans le dire, quasi obligatoire sous contrainte morale, d’une « culture de mort » qu’avait véhémentement dénoncée en son temps saint Jean-Paul II. En la circonstance, la voix souveraine de l’Église ne s’est pas fait entendre. Et c’est, peut-être, ce qu’il y a de plus grave.

    La lecture des éditoriaux du Monde et de Libération – on n’ose pas avancer d’autres titres ! – donne à comprendre, avec les mêmes arguments continuellement ressassés, quel plan diabolique oriente tout cet ensemble de décisions auquel l’Europe institutionnelle a amené tous les pays d’Europe ou presque ! Au nom des droits de l’Homme, le permis de tuer et de forniquer comme on veut, autant qu’on veut. Avec interdiction d’interdire sous peine de délit et de crime. Et ces lois sont les bases intangibles du nouvel ordre social : Sodome et Gomorrhe, et l’infanticide généralisé ! Exultation des médias : un référendum qui donne envie de référendum, écrit Le Monde. Restent encore cinq pays qui ne sont pas tout à fait alignés, dont la Pologne. C’est donc une évidence pour la haute morale qui guide nos maîtres à penser : il faudra réduire cette opposition. La Pologne est dénoncée ; l’Europe s’en occupe. Chypre devra y passer et il ne faudra pas oublier jusqu’à la petite principauté d’Andorre ! La même loi pour tous ! Et, après, qui osera se plaindre de la dégradation des mœurs, de l’effondrement de la natalité, de l’effroyable abandon moral de la jeunesse ? Et qui osera s’étonner des progrès de l’islam et de l’islamisme ? Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    « La France continue dans la même voie. Elle en arrive à la révision de ses lois de bioéthique. Pourquoi cette révision et à quoi sert-elle ? Politique magazine en fait son dossier de ce mois-ci. C’est, évidemment, capital. »

    Toute l’astuce consiste, en se servant de sondages dont on ne sait que trop comment ils sont fabriqués, à invoquer une opinion présentée comme majoritaire pour contourner l’obstacle d’une intelligente, forte, constructive opposition qui, par sa seule existence et la seule vérité de son argument, devrait arrêter toute tentative de passer outre. Eh bien, non ! Le rapport de synthèse du Comité consultatif national d’éthique, remis le mardi 5 juin, laisse la porte ouverte à toutes les transgressions. Notre dossier aide à comprendre le pourquoi et le comment.

    Le 23 mai à l’Élysée, le président Macron recevait en dîner privé différents partenaires des travaux préparatoires. La question portait sur la PMA et la GPA ; les représentants des opposants au changement de loi étaient, comme par hasard, minoritaires. L’Élysée a fait savoir que le président, maintenant, se réservait la question. A été annulé l’évènement national qui devait clore les États généraux de la bioéthique début juillet. Tout est reporté en septembre. La Manif pour tous, de son côté, a déjà envoyé aux autorités son propre rapport de 400 pages. Il est à espérer qu’il sera reçu et lu.

    Vient un moment où la vérité doit être dite. Il n’y a pas de synthèse possible dans un « en même temps » supérieur entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le oui et le non. L’opinion ne fait pas la loi. Une majorité d’opinions favorables ne donne pas raison à une loi en soi criminelle et profondément immorale ; elle ne crée pas un droit de tuer, n’ouvre pas une possibilité de tripatouiller la vie humaine et de livrer au marché ovocytes, spermes, embryons, ventres, enfants et familles. Qu’est-ce que vaut l’opinion en pareil cas ? Ou ce qu’on appelle telle ? Surtout quand elle est manipulée ? Par l’argent et par des puissances plus ou moins cachées qui obéissent à des mots d’ordre ?

    Il faut en finir avec ces ralliements pseudo-démocratiques qui asservissent les uns après les autres tous les peuples chrétiens. Pour le plus grand profit de leurs ennemis ! Il est temps de dire : non licet. Vraiment souverain, c’est-à-dire libre, sera celui qui le dira avec autorité.      

    Hilaire de Crémiers

  • Quelle vérité pour demain ?, par Guillaume de Salvandy.

    La lumière contre « les lumières » (ndlr)

    Dans l’interrogatoire que conduit Pilate face au Christ sur­git cette ques­tion : “Qu’est-ce que la véri­té ?”. C’est une véri­table sur­prise qu’elle soit adres­sée à celui qui a dit “Je suis le Che­min, la Véri­té et la Vie.”. Notre monde moderne se pose la même ques­tion que le pré­fet romain, et l’épidémie de Covid-19 en est un beau révélateur.

    6.jpgLe Christ dans son ensei­gne­ment nous livre ce que cer­tains phi­lo­sophes grecs avaient déjà com­pris : il existe une véri­té, et donc un bien et un mal. Saint Tho­mas d’Aquin a pour­sui­vi cette pen­sée jusqu’à nous offrir une défi­ni­tion de la véri­té, qui comme toute bonne défi­ni­tion reste d’actualité : « veri­tas est adæ­qua­tio intel­lec­tus et rei », la véri­té est l’adéquation de la pen­sée et des choses.

    Mal­heu­reu­se­ment pour nous et nos esprits, les “lumières” du libé­ra­lisme se sont dif­fu­sées dans nos socié­tés euro­péennes, les réa­li­tés qui étaient jusqu’alors per­çues comme bonnes sont deve­nues dans la bouche des phi­lo­sophes que des ins­tru­ments du main­tien de l’ignorance et du des­po­tisme (voire de la tyran­nie). Pour cette pen­sée libé­rale, si bien et mal il doit y avoir, ils ne peuvent être déter­mi­nés comme tels que par l’individu qui est la variable d’ajustement moral, et donc in fine par la volon­té géné­rale : le vote. La véri­té devient donc une affaire de majo­ri­té, qui est sou­mise aux aléas des avis.

    En effet, on peut se per­mettre toutes les des­truc­tions des struc­tures sociales puisqu’elles ne sont pas intrin­sè­que­ment bonnes, ou dic­tées par une volon­té supé­rieure qui don­ne­rait le “la” de la véri­té. Et si la volon­té géné­rale, le vote, décide que les choses doivent chan­ger, com­ment aller contre ?

    Si deux hommes ou femmes décident de s’unir et de nom­mer cette union “mariage”, com­ment nier le béné­fice de cette chose si elle est per­mise par la volon­té générale ?

    Si un homme déclare se sen­tir femme, ou inver­se­ment, qui pour­rait nier cela puisque l’individu le proclame ?

    Cela nous est impos­sible dans une socié­té libé­rale, donc individualiste.

    Mais comme sou­vent, le libé­ra­lisme a ten­dance à dévo­rer ses propres enfants, on peut s’en aper­ce­voir dans la triste crise qui touche notre pays. Le libé­ra­lisme, en s’asseyant sur la reli­gion chré­tienne, révé­la­tion d’ordre super­sti­tieux pour nos phi­lo­sophes du XVIIIe, a trou­vé sa véri­té dans la science et son déri­vé, le scientisme.

    La science était jadis incon­tes­table, mais aujourd’hui n’importe qui peut se per­mettre, du haut de sa vac­ci­na­tion contre le téta­nos et les oreillons, d’en remon­trer aux scien­ti­fiques du monde entier.

    La pro­fes­sion de jour­na­liste était jadis res­pec­tée et leur parole consi­dé­rée comme qua­si invio­lable, regar­dez ce qu’il en est aujourd’hui.

    Il faut tout de même dire que ces deux dis­ci­plines ont été enta­chées d’un sérieux dis­cré­dit dû aux com­pro­mis­sions de cer­tains émi­nents représentants.

    Le libé­ral pro­clame qu’il n’y a de véri­té que dans l’individu, il est clair que l’affaire est bien plus com­plexe que cela. L’Action Fran­çaise a dans ses mis­sions de mon­trer la véri­té du régime répu­bli­cain à nos compatriotes.

    « Que l’État ait, comme les indi­vi­dus, des devoirs envers la véri­té et des droits contre les erreurs, c’est ce que le catho­li­cisme affirme, ce que le libé­ra­lisme nie. »

    Mar­quis de Roux, 1927.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Robert Redeker : « Il est possible que nous vivions la fin de l’Etat tel que Hobbes l’avait pensé : l’Etat-Léviathan ».

    L’écrivain et philosophe Robert Redeker publie aux éditions du Rocher « Réseaux sociaux, la guerre des Léviathans ».

    Ce livre s’applique à exhiber et analyser les conséquences politiques, culturelles, anthropologiques, et métaphysiques, d’une réalité qui projette les hommes dans une ère nouvelle, les réseaux sociaux.

    Leur montée en puissance est une volte des temps. Léviathan nouveau, ils entrent en guerre, en émissaire des GAFAM, contre le Léviathan traditionnel, l’État, pour exercer un pouvoir planétaire. Leur effet anthropologique tient dans la déprivatisation de l’homme, dont la domotique est l’un des instruments. Ils signent la fin de l’opinion publique, ce socle de la démocratie. L’auteur ausculte également les idéologies qui accompagnent les réseaux sociaux dans cette guerre, en particulier le mythe de la nature. oeuvre de philosophe, ce livre sans équivalent propose au public les analyses et les concepts pour comprendre et critiquer l’univers des réseaux sociaux, ainsi que lui résister.

    Pour discuter de cet ouvrage important (à commander ici) nous avons interrogé Robert Redeker.

    Pouvez vous faire un rappel historique et philosophique synthétique à nos lecteurs : qu’est-ce que le Léviathan ?

    Robert Redeker : Dans la Bible, le Léviathan est un monstre marin. En philosophie il est un concept forgé par Thomas Hobbes, au XVIIème siècle, pour désigner l’Etat que les hommes instaurent à l’issu d’un contrat d’association dans le but de mettre fin à « la guerre de tous contre tous », l’état de nature dans lequel « l’homme est un loup pour l’homme ». Autrement dit il n’y a que sous la tutelle de l’Etat, dans la mesure où il supprime la violence, que l’on peut vraiment devenir un homme.  Le Léviathan est la solution trouvée par l’Europe pour sortir de l’anarchie des guerres de religion. La conception de Hobbes est la source de l’Etat moderne.

    Vous dédiez votre livre à Martin Heidegger, « sans qui ce livre n’aurait pu être pensé ». Pourquoi ?

    Robert Redeker : C’est la lecture du plus grand philosophe du XXème siècle, Martin Heidegger, qui m’a appris à penser. Depuis 1975, pas un jour ne se passe sans que je pense à certains de ses textes, que je m’y réfère. Mais je ne suis pas un sectateur, je suis un écolier qui se sert d’outils fabriqués par le maître, et qui explore certains des chemins qu’il a ouverts, sans forcément parvenir aux mêmes conclusions que lui. Heidegger a donné comme maxime à l’ensemble de son œuvre : « Wege, nicht Werke », des chemins, pas des œuvres. Nous pouvons la reprendre à notre compte.

    En quoi les réseaux sociaux forment-ils un Léviathan nouveau, et une menace pour l’Homme selon vous ?

    Robert Redeker : Ils sont une nouvelle forme de pouvoir qui se fait passer pour un contrepouvoir. Ils inventent une nouvelle forme de politique, permettant à des minorités d’exercer une sorte de dictature. En ce sens : dicter leur volonté aux pouvoirs en place pour qu’ils s’y plient, et toute la société à leur suite. Ce n’est pas une dictature directe, mais indirecte : ils dictent aux Etats les mesure qu’ils doivent prendre. Non seulement le wokisme a trouvé dans les réseaux sociaux le véhicule idéal pour exercer le pouvoir partout où il le peut, mais il est structurellement lié aux réseaux sociaux, intimement, quasi généré par eux.. Sans eux il ne serait rien. 

    Vous citiez en 2020 l’affaire Griveaux et le personnage de Greta Thunberg comme deux symboles de ce changement des temps, anthropologique dites vous, lié aux réseaux sociaux. Expliquez-nous ?

    Robert Redeker : Les deux sont une pure création des réseaux sociaux. L’affaire Griveaux n’aurait jamais pu se produire en dehors des réseaux sociaux. Elle est impensable il y a dix ans. La technique créé l’évènement, qui est un spectacle. De même que la technique cinématographique créé le film. Mais, dans le cas des réseaux sociaux,  les spectateurs agissent sur le film, lui donnent une certaine direction, et finalement sont intégrés en lui, font partie de la machinerie. Nous en arrivons au point où l’on peut dire : il n’y a plus de réel en dehors des réseaux sociaux. S’il vivait encore, Jean Baudrillard le dirait, et il n’aurait pas tort. L’analogique laisse subsister le réel en dehors de la technique, tandis que le digital absorbe le réel et le dissout.

    Vous expliquez que les GAFA sont dans une guerre avec les Etats. Mais les Etats ne sont-ils pas finalement les complices, les instruments des GAFA désormais, et vice-versa (on pense aux lois restreignant la liberté d’expression, mais aussi aux collaborations communes avec journalistes, communicants du pouvoir, etc…) ?

    Robert Redeker : Il est possible que nous vivions la fin de l’Etat tel que Hobbes l’avait pensé : l’Etat-Léviathan. Nous serons sans doute amener à regretter ce grand protecteur. Cependant, dans toute guerre il y a des compromis provisoires passés avec l’adversaire, et des ruses. Les GAFA ne veulent pas prendre le pouvoir à l’intérieur des Etats, ils veulent se substituer à eux, devenir le pouvoir de l’avenir. Ils sont les éclaireurs du post-Etat. Selon eux l’Etat est dépassé, il n’y aura pas à le détruire, il va s’écrouler de lui-même. Vous vous souvenez de Lénine : l’Etat n’est pas aboli, il dépérit.

    L’hypercapitalisme des réseaux sociaux est en passe de réaliser le programme de Lénine : le dépérissement de l’Etat.

    Notre époque est au grand déballage, notamment de sa vie privée, de ses chagrins, de ses joies, de ses peines et de son Moi, sur les réseaux sociaux, qui en tirent d’ailleurs algorithmes, outils publicitaires et de contrôle. Ne sont-ce pas les individus qui finalement, à travers le monde, sont devenus les propres acteurs de leur servitude volontaire, ce que Javier Portella appelle « des esclaves heureux de la liberté » ?

    Robert Redeker : Je ne saurais mieux dire. Nous allons vers la société de l’homme sans jardin secret, de l’homme transparent, c’est-à-dire aplati, de l’homme-vitre.

    Vous expliquez que cette guerre des Leviathan mènera à l’abolition de l’homme. Quelle est-elle ? N’est-ce pas profondément pessimiste ? Un renversement est-il encore possible selon vous ?

    Robert Redeker : Malheureusement le pessimisme a souvent raison dans l’histoire. De nombreuses formes d’humanité ont été englouties par le devenir. Michel Foucault ne disait pas autre chose en annonçant « la mort de l’homme » tel que l’Occident l’avait constitué depuis l’âge classique. Toute révolution technique est une anthropofacture : une re-formation de l’homme. La particularité de l’univers du numérique tient dans l’effacement de l’intériorité. L’homme qu’il fabrique est l’homme sans intériorité, c’est-à-dire sans vie privée, bref sans âme. Comment résister à cette évolution ? Par l’attention à la vie intérieure, sous la forme de la poésie, de la prière, de la méditation, de la philosophie.

    Propos recueillis par YV

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  • Général de Villiers : « L'Etat n'est plus au service de la Nation » 

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgL'ancien chef d'état-major des Armées  a donné au Figaro magazine (28.12) un entretien sur son nouveau livre Qu'est-ce qu'un chef ? Une méditation sur le besoin d'autorité et le rôle de ceux qui dirigent les autres. Interrogé par Jean-René Van der Plaetsen, il s'y exprime aussi sur la situation de la France. Non pas en politicien, mais en homme de commandement et en patriote. Nous donnons ici des extraits de cet entretien, politiquement et socialement significatifs, qu'il est intéressant de connaître. Nos lecteurs relèveront aisément les réflexions et les passages les plus saillants.  Lafautearousseau   

     

    avatar-journalistes-defaut.jpg(...) On a le sentiment que le pays n'a plus confiance en personne aujourd'hui. Pourquoi a-t-on perdu en route cette confiance qui existait au cours des Trente Glorieuses, par exemple?

    C'est l'échange entre le chef et le subordonné qui crée et installe la confiance. La confiance, c'est à mon sens le mot-clé, celui qui donne envie d'exécuter les ordres de son chef, celui qui permet l'obéissance d'amitié, car le vrai chef aime ses subordonnés et ses équipes, et il commande d'amitié. Je crois sincèrement, compte tenu de mon expérience au sein des armées, que c'est cet échange d'amitié qui génère l'obéissance active. L'adhésion l'emporte alors sur la contrainte. Or, aujourd'hui, on obéit trop souvent par contrainte et non plus par adhésion.

    Le citoyen obéit à l'Etat, représenté par l'administration, et il ne comprend pas pourquoi il est ainsi accablé de nouvelles taxes, normes et tracas par une bureaucratie tatillonne. C'est l'un des maux dont souffre aujourd'hui notre pays: l'Etat n'est plus au service de la Nation, c'est la Nation qui est au service de l'Etat. Or, c'est exactement à la relation inverse qu'il faut parvenir! L'Etat, qui n'est que l'incarnation de la Nation, a certes pour mission d'ordonner et de diriger les affaires de la Cité avec une organisation (défense, sécurité justice, éducation, etc.), mais il doit le faire au service des citoyens qui forment la Nation.

    Aujourd'hui, on constate qu'un fossé s'est creusé entre l'Etat et la Nation, entre ceux qui décident au sommet et ceux qui exécutent à la base. Tout le problème de l'autorité est résumé dans ce fossé grandissant. Je crois qu'il est temps de réagir pour remettre les hommes et les femmes de notre pays au centre des décisions. (...)

    Justement, pensez-vous que les élites ont pris la mesure de ce que vous décrivez, notamment depuis la révolte des « gilets jaunes » ?

    Le mouvement des « gilets jaunes » est une manifestation de ce que je décris dans mon livre : la délégitimation de l'autorité et le fossé qui se creuse entre le peuple et ses dirigeants. Avec les « gilets jaunes », on n'assiste pas à un mouvement social, mais à une crise sociétale. Ce n'est absolument pas la même chose et il faut en avoir bien conscience. Car on ne répond pas à une crise sociétale comme à un mouvement social. Les réponses doivent être profondes. D'autant que ces forces et mouvements qui traversent le peuple français sont aussi à l'œuvre en Europe. (...)

    Dans votre livre, vous rendez un hommage appuyé au maréchal Lyautey. En quoi l'enseignement de ce chef militaire est-il toujours d'actualité ?

    Hubert_Lyautey.jpgLa lecture du Rôle social de l'officier a été pour moi un événement fondateur. Ce livre a décidé en grande partie de ma vocation militaire, car sentir l'odeur de la poudre à canon n'a jamais été mon objectif. Ce livre, que j'ai relu des dizaines de fois, répond à bien des questions que nous nous posons encore aujourd'hui. Pour Lyautey, l'officier français a un rôle social à jouer - et je partage totalement son point de vue, en ajoutant cependant la précision suivante : tout chef, quel qu'il soit, a un rôle social à remplir. Lyautey avait déjà presque tout vu ou entr'aperçu à son époque. Sur le climat social, sur le fossé existant entre les chefs et les équipes, sur le désir d'autorité, sur le besoin d'humanité, son enseignement peut nourrir notre réflexion et nous éclairer. Ainsi, par exemple, sur la crise que traduit la révolte des « gilets jaunes ». Lyautey croit au creuset national ; d'une certaine façon, les « gilets jaunes » aussi.

    Quand le président de la République évoque le prochain service national universel, je veux y voir une émanation de la pensée de Lyautey. Plus le temps passe, et plus je suis convaincu que ce grand soldat avait tout compris : le rôle du chef, la diplomatie nécessaire, à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières. Il est allé jusqu'à nous proposer, comme s'il avait pressenti le problème à venir, une voie pour régler la question des migrations massives. Avant tous les autres, Lyautey a montré l'existence d'un lien entre la paix, la sécurité et le développement. Il est un modèle pour moi.

    Et j'en reviens ainsi à l'exemplarité : je crois qu'il faut se choisir des modèles dans la vie. Je vois tant de gens qui ne sont « d'aucun temps ni d'aucun pays », pour reprendre la formule de Fénelon. Comment peut-on élever notre jeunesse vers les sommets si on ne lui donne pas de modèles ? Notre époque a besoin de modèles. Pas de contre-modèles. Et, puisque nous évoquons notre jeunesse, je voudrais ajouter que je suis, au fond, assez optimiste lorsque je l'observe. Car je ressens chez nos jeunes une aspiration à s'élever, à croire en un idéal, à ne pas baisser les bras, à vivre sur des bases solides. Si l'on y ajoute le désir d'unité et l'espérance en notre pays, la France pourra assumer sa vocation singulière dans le monde.

    « Donnez-moi deux cents Beltrame et je vous gagne la guerre contre le terrorisme », a dit je ne sais plus quel officier. Vous qui avez été le chef d'état-major des Armées françaises, pensez-vous qu'il y ait aujourd'hui en France deux cents colonels Beltrame ?

    800px-Arnaud_Beltrame_(cropped).jpgJe suis très perplexe lorsque j'entends ce type de formule face à la complexité du phénomène terroriste. Je ne suis plus en situation de responsabilité, mais je suis persuadé que tous nos colonels sont aujourd'hui formés pour être des Beltrame. Permettez-moi de m'étonner, mais aussi, d'une certaine façon, de me réjouir : le grand public a découvert grâce à l'héroïsme magnifique du colonel Beltrame ce qui constitue le trésor de l'armée française. Croyez-vous qu'il y ait un seul de nos colonels qui ne soit pas prêt à mourir pour la France ? Ils sont formés pour cela.

    Grâce au sacrifice du colonel Arnaud Beltrame, les Français ont redécouvert le don gratuit. Il leur est apparu soudain, et avec quel éclat, que la culture de vie est plus forte que la culture de mort! Il y a heureusement des hommes qui croient encore aujourd'hui au sacrifice suprême. Et, croyez-moi, les jeunes qui entrent dans l'armée possèdent cette soif d'âme, d'engagement, de don gratuit. Ils viennent chercher dans l'armée l'exemple du colonel Beltrame, et cela concerne les soldats, les sous-officiers et les officiers. Ce sont tous des colonels Beltrame en puissance parce qu'ils savent très bien, l'époque s'étant considérablement durcie, qu'ils peuvent un jour ou l'autre y laisser leur peau.  ■ 

  • D'accord avec Alain de Benoist : « Les gilets jaunes ? La revanche des ploucs émissaires ! »

      

    Par Alain de Benoist

    Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire cet entretien auquel nous n'avons rien à ajouter sinon notre accord. [27.11]. Lisez !  LFAR 

     

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    La France, depuis une dizaine de jours, vit à l’heure des gilets jaunes, et les commentaires sont déjà nombreux. Feu de paille ou vague de fond ? Nouvelle fronde ? Nouvelle jacquerie ? Quel est votre sentiment ?

    Il y a cinq ans, presque jour pour jour, le 23 novembre 2013, vous m’aviez interrogé sur le mouvement des bonnets rouges. J’avais alors attiré votre attention sur le fait que « tous les mouvements de protestation ou de révolte d’une certaine ampleur auxquels nous assistons aujourd’hui naissent en marge ou à l’écart des partis et des syndicats, lesquels ne sont de toute évidence plus capables d’incarner ou de relayer les aspirations du peuple ». Ma conclusion était celle-ci : « Un seul mot d’ordre : des bonnets rouges partout ! » Eh bien, nous y sommes : les gilets jaunes, ce sont les bonnets rouges partout. Après des années et des années d’humiliation, de paupérisation, d’exclusion sociale et culturelle, c’est tout simplement le peuple de France qui reprend la parole. Et qui passe à l’action avec une colère et une détermination (déjà deux morts et 800 blessés, plus qu’en mai 68 !) qui en disent long.

    Même si les classes populaires et les classes moyennes inférieures en sont l’élément moteur – ce qui donne au mouvement une extraordinaire dimension de classe –, les gilets jaunes proviennent de milieux différents, ils réunissent des jeunes et des vieux, des paysans et des chefs d’entreprise, des employés, des ouvriers et des cadres. Des femmes autant que des hommes (je pense à ces retraitées septuagénaires qui n’hésitent pas, malgré le froid, à dormir dans leur voiture pour que les barrages puissent être tenus nuit et jour). Des gens qui ne se soucient ni de la droite ni de la gauche, et qui pour la plupart ne sont même jamais intervenus en politique, mais qui se battent sur la base de ce qui leur est commun : le sentiment d’être traités en citoyens de seconde zone par la caste médiatique, d’être considérés comme taillables et exploitables à merci par l’oligarchie prédatrice des riches et des puissants, de n’être jamais consultés, mais toujours trompés, d’être les « ploucs émissaires » (François Bousquet) de la France d’en bas, cette « France périphérique » qui est sans doute ce qu’il y a aujourd’hui de plus français en France, mais qu’on abandonne à son sort, d’être victimes du chômage, de la baisse des revenus, de la précarité, des délocalisations, de l’immigration, et qui après des années de patience et de souffrances, ont fini par dire : « Ça suffit ! » Voilà ce qu’est le mouvement des gilets jaunes. Honneur à lui, honneur à eux !

    Qu’est-ce qui vous frappe le plus, dans ce mouvement ?

    Deux choses. La première, la plus importante, c’est le caractère spontané de ce mouvement, car c’est ce qui affole le plus les pouvoirs publics, qui se retrouvent sans interlocuteurs, mais aussi les partis et les syndicats, qui découvrent avec stupeur que près d’un million d’hommes et de femmes peuvent se mobiliser et déclencher un mouvement de solidarité comme on en a rarement vu (70 à 80 % de soutiens dans l’opinion) sans que l’on ait même songé à faire appel à eux. Les gilets jaunes, exemple achevé d’auto-organisation populaire. Pas de chefs petits ou grands, ni césars ni tribuns, le peuple seulement. Le populisme à l’état pur. Pas le populisme des partis ou des mouvements qui revendiquent cette étiquette, mais ce que Vincent Coussedière a appelé le « populisme du peuple ». Frondeurs, sans-culottes, communards, peu importe sous quel patronage on veut les placer. Le peuple des gilets jaunes n’a confié à personne le soin de parler à sa place, il s’est imposé de lui-même comme sujet historique, et pour cela aussi, il doit être approuvé et soutenu.

    L’autre point qui m’a frappé, c’est l’incroyable discours de haine dirigé contre les gilets jaunes par les porteurs de l’idéologie dominante, la triste alliance des petits marquis au pouvoir, des précieuses ridicules et des marchés financiers. « Beaufs », « abrutis », « ringards » sont les mots qui reviennent le plus souvent (pour ne rien dire des « chemises brunes » !). Lisez le courrier des lecteurs du Monde, écoutez la gauche morale – la gauche kérosène – et la droite bien élevée. Jusqu’ici, ils se retenaient la bride, mais plus maintenant. Ils se lâchent de la manière la plus obscène pour exprimer leur morgue et leur mépris de classe, mais aussi leur peur panique de se voir bientôt destitués par les gueux. Depuis la formidable manifestation de Paris, ils n’ont plus le cœur de rétorquer à ceux qui se plaignent du prix de l’essence qu’ils n’ont qu’à s’acheter une voiture électrique (version moderne du « Qu’ils mangent donc de la brioche ! »). Quand le peuple se répand dans les rues de la capitale, ils font relever les pont-levis ! S’ils expriment sans fard leur haine de cette France populaire – la France de Johnny, celle qui « fume des clopes et roule au diesel » –, de cette France pas assez métissée, trop française en quelque sorte, de ces gens que Macron a tour à tour décrits comme des illettrés, des flemmards qui veulent « foutre le bordel », bref, comme des gens de peu, c’est qu’ils savent que leurs jours sont comptés.

    On voit bien comment le mouvement a commencé, mais pas très bien comment il peut finir, à supposer, d’ailleurs, qu’il doive finir. Les éléments sont-ils réunis pour que cette révolte puisse se traduire de manière plus politique ?

    Ce n’est pas en ces termes que se pose le problème. Nous sommes devant une vague de fond qui n’est pas près de faiblir, parce qu’elle est le résultat objectif d’une situation historique qui est, elle-même, appelée à durer. La question des carburants n’a évidemment été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ou plutôt la goutte d’essence qui a fait exploser le bidon. Le vrai slogan a tout de suite été : « Macron démission ! » Dans l’immédiat, le gouvernement va user des manœuvres habituelles : réprimer, diffamer, discréditer, diviser et attendre que ça s’effiloche. Ça s’effilochera peut-être, mais les causes seront toujours là. Avec les gilets jaunes, la France se trouve déjà en état pré-insurrectionnel. S’ils se radicalisent encore, ce sera tant mieux. Sinon, l’avertissement aura été majeur. Il aura valeur de répétition. En Italie, le mouvement Cinq étoiles, né d’une « journée de colère » lui aussi, est aujourd’hui au pouvoir. Chez nous, la déflagration définitive surviendra dans moins de dix ans. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     Revue Eléments
     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • Retour sur la disparition d'Edmond Siméoni

    Edmond et Gilles Simeoni à Lozzi, plus haut village de Corse à 1044 mètres d'altitude

    Par Michel Franceschetti 

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    Tous les Corses sont devenus orphelins vendredi 14 décembre, quand Edmond Simeoni a rendu son dernier soupir à Ajaccio. 

    Il incarnait la défense de la Corse et de son peuple depuis si longtemps... 

    Né le 6 août 1934 à Corte, il fit ses études de médecine à Marseille et exerça à Bastia au milieu des années 1960 comme gastro-entérologue. 

    Avec son frère Max, il anima la contestation au projet d’un centre d’expérimentation nucléaire en Corse (1960), créa le CEDIC (centre d'étude et de défense des intérêts de la Corse) puis l’ARC (Action Régionaliste Corse) en 1967. Il se fit connaître en 1970 par son opposition au déversement des boues rouges de la société italienne Montedison au large de l’île de Beauté. Pour sauver une Corse en état de sous-développement avancé, son mouvement s'engagea dans la dénonciation de la mainmise des clans sur la vie politique locale, la redécouverte de la culture traditionnelle corse, la lutte contre la spéculation et la défense de l’environnement. 

    En 1974, l'ARC publia son livre-manifeste « Autonomia » réclamant la reconnaissance du peuple corse et une autonomie interne dans le cadre de la République. 

    Tout bascula le 21 août 1975. Un commando de militants de l’ARC dirigés par Edmond occupa une cave d’Aleria pour dénoncer les scandales financiers dans la filière viticole et l'impunité dont bénéficiaient certains pieds-noirs. Le ministre de l’intérieur, Michel Poniatowski, couvert par le 1er ministre Jacques Chirac, utilisa des moyens démesurés: 1.500 gardes-mobiles, blindés, hélicos… Les armes parlèrent et firent 2 morts à Aleria et 1 à Bastia le lendemain. Le jacobinisme n'avait pas voulu discuter.

    Incarcéré, Edmond fut amnistié en 1981. Mais le FLNC, fondé en 1976, avait commencé ses actions terroristes. Simeoni s'opposa toujours aux violences clandestines, ce qui lui valut de nombreuses critiques des extrémistes. Il continua à incarner un courant modéré dans la forme mais intransigeant sur la défense des racines qui font l'identité  corse. Elu plusieurs fois sur les bancs de l'assemblée territoriale, il était reconnu comme un sage qui gardait une grande influence. Il eut la joie de voir son fils Gilles devenir maire de Bastia puis président du conseil exécutif de la Corse.    

     

    Edmond travaillait beaucoup auprès des Corses de l'extérieur, persuadé que leur appui était nécessaire pour sauver son île. Il écrivait toujours beaucoup et certains de ses très récents textes sont très instructifs. 

    Droit à l'existence du peuple corse 

    « Le Peuple Corse qui a le droit imprescriptible à la vie - il le tient de l'Histoire et de sa légitimité -, a aussi le droit en vertu des conventions internationales, le droit imprescriptible, à la reconnaissance officielle, à la maîtrise de son destin dans son Pays, pour y vivre paisiblement dans la paix; mais aussi par la création d'un développement maîtrisé et mieux partagé, projet dont le socle est constitué par les principes de l'humanisme. »

    Blog d'Edmond Simeoni, 21 novembre 2018 

    Sur la violence 

    « Que notre combat engagé, pour la reconnaissance, la dignité et la liberté, n’a jamais eu pour vocation de démembrer nos Etats respectifs. Leur intransigeance, leur refus systématique de dialogue ont inévitablement suscité, dans certains cas et suivant les Pays, des actions violentes  que l’on peut regretter mais  qui sont tout à  fait  compréhensibles ; L’objectif a toujours été de faire reconnaître les droits et la légitimité de nos peuples en lutte. Il y aurait suffi une volonté et des évolutions adaptées, conformes aux intérêts légitimes des parties pour prévenir cette évolution. »

    Remise du Prix Coppieters à Edmond Simeoni le 24 novembre 2018

    L'autonomie 

    Le plus important est, écrit Edmond Siméoni dans son billet du 1er mars, de « poursuivre notre chemin sans outrances, sans violences avec pour objectif un statut d’autonomie de plein droit dans la République. »

    Qu’est-ce que cette autonomie ? Edmond le précise dans le quotidien « La Dépêche » du 7 février :

    « Nous voulons rester dans une République qui conserve ses pouvoirs régaliens : la monnaie, la Défense, la Police, la Justice, les Affaires étrangères, avec pour le reste une autonomie de gestion. » 

    Idées et personnalité d'Emmanuel Macron

    (publié sur son blog le 1er mars 2018). 

    « Le Président de la République Française est un homme pressé, affairé, ambitieux ; il voit le monde à travers le diagramme, les ratios, la productivité ; il est parfaitement à l’aise à Davos et il vit les rendez-vous avec les grands de ce monde avec une jubilation manifeste. Il croit que le monde économique en particulier doit être tiré vers le haut, par des entreprises leaders performantes et qu’ainsi le cycle vertueux finira par profiter à toutes les bases. 

    On cherche en vain, dans sa démarche générale, une once d’humanité, de compassion, de compréhension; on a l’impression, peut-être fausse, qu’il considère les sociétés, les peuples, les entreprises, les institutions comme de simples variables d’ajustement qui doivent progressivement trouver leur juste place, grâce à l’harmonie rédemptrice du capital, des grands groupes, des financiers ! Un fantasme.

    A mon sens, le lien avec la Corse est clair ; il ne connaît pas du tout le dossier et la modestie des enjeux locaux, à l’échelle mondiale, le dissuade de s’y intéresser .»

  • Une question de légitimité

    Par Philippe Mesnard 

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    Emmanuel Macron, si on en croit ses propos récemment rapportés par Paris Match et Le Point, entre autres, ne se contente d’assumer fermement la fermeté dont font preuve les forces de l’ordre. Il considère que les Gilets jaunes sont, dans l’ordre, ultra-violents, désorientés, manipulés par les puissances étrangères, demeurés. 

    russia-today-sputnik-sites-russes_0_0.pngJ’aimerais exagérer mais il faut simplement le lire : « 40 000 à 50 000 ultras violents qui veulent abattre les institutions », « Pour des gens qui sont faibles, ou fragiles, ou en colère, cela a une espèce de résonance », « Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C’est Russia Today, Spoutnik, etc. Regardez, à partir de décembre, les mouvements sur Internet, ce n’est plus BFM qui est en tête, c’est Russia Today », « Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d’extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un Gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan. »

    En fait, tous les opposants à Macron (synecdoque qui englobe le Président, son gouvernement, ses députés, ses sbires et ses financiers), bien au-delà des Gilets jaunes, sont considérés comme des idiots utiles de la Russie, avec quelques variantes. Par exemple, à en croire les touites de Macron et Loiseau (ministre chargé des Affaires européennes), les opposants au traité d’Aix-la-Chapelle sont complices des crimes nazis, les opposants à l’Union européenne sont des nazis. Sur des sujets plus intérieurs, les opposants sont simplement des assassins, selon Philippe et Castaner, qui s’emparent des statistiques sur les accidents de la route à peu près comme Jacques Toubon s’emparait de celles sur l’immigration, misant plus sur le choc des formules que sur la connaissance des chiffres. Il y a une disqualification permanente de l’opposant, qui va de pair avec une spectaculaire relégitimation du pays légal : Macron ne jure plus que par les partis, les syndicats, les départements et les communes. Et, tout en lançant le Grand Débat National, Macron explique que la parole de ceux qui débattent n’est pas égale (« Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un ministre ou un député ! »). Une disqualification de la parole du pays réel qui accompagne la criminalisation de la parole médiatique (Macron n’ayant pas de mots assez durs sur les journalistes) avec la loi sur les infox dont on voit bien – surtout en découvrant avec stupeur les infox du gouvernement – qu’elle servira surtout à empêcher la circulation des informations non conformes, pendant que le projet de loi anti-casseurs servira surtout à empêcher la circulation des opposants non conformes. Extension du domaine de la violence légale.

    661_magic-article-actu_dda_436_3626e6429c976908975528fd04_grand-debat-national-le-site-mis-en-ligne-mardi-soir_dda4363626e6429c976908975528fd04.jpgLe plus troublant est la manière dont ce pouvoir revient lui-même sur la question de sa légitimité : « Quand vous écoutez les gens, qu’est-ce qu’ils disent ? Ils veulent couper la tête du président. Ils disent que les députés sont tous des salopards » (les Français, décidément nostalgiques, ne croient qu’aux bonnes vieilles recettes) et « Mais il faut se poser la question “D’où tu parles ? Quelle est ta légitimité ?” Celui qui est maire, celui qui est député, celui qui est ministre a une légitimité ou une responsabilité. Le citoyen lambda n’a pas la même. Il ne représente que lui-même. » Sans doute, mais si Macron pose cette question de la légitimité, c’est qu’il se sait illégitime. Illégitime en France, où il a été élu avec une abstention record, avec l’aide d’un véritable coup d’état judiciaire et par défaut face à l’ex-FN. Illégitime car incapable de quitter sa posture de président du parti-des-gens-qui-savent, du parti-des-gens-qui-changent, du parti des Français-qui-adhèrent-au-projet qui, comme toujours en république où la nation est contractuelle, sont le seul peuple respectable. Et il n’accuse les Gilets jaunes d’être illégitime que parce qu’il reconnaît, dans l’émergence de ce mouvement, un schéma d’illégitimité qui lui est bien familier : celui d’En Marche ! et de son leader charismatique : « Eric-Drouet-figure-des-Gilets-jaunes-interdit-de-se-rendre-a-Paris.jpgDrouet, c’est un produit médiatique, un produit des réseaux sociaux », observe-t-il en dénonçant l’abdication des médias traditionnels à faire leur travail de hiérarchisation et d’analyse. « L’envers du décor de cette crise a été très peu montré », souligne-t-il. […] la déconstruction de ce qu’est le mouvement, de ses influences, la déconstruction de ses influences extérieures, ça, on l’a très peu entendu. Il y a eu une forme aussi de légitimation accélérée de ce qu’a été ce mouvement qui est un problème. »

    Comme tous les démagogues qui sentent la faveur publique faiblir, Macron agite le spectre du complot intérieur et extérieur, cette matrice ombreuse qui accouche en France, depuis 1792, des lois les plus liberticides et des gouvernements les plus autoritaires – et les moins légitimes au regard du bien commun. ■ 

    Philippe Mesnard

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

     
    Vu (juste) par le Canard enchaîné : le scandale de nos autoroutes, construites avec notre argent et bradées au privé :
    Bruno Le Maire refuse toujours de publier le rapport qui pointe les 55 milliards d’euros de rente indue des concessionnaires. Et il reste bien silencieux sur une clause très désavantageuse pour l’État cosignée en 2015 par un certain Macron…

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    Cliquez sur l'image pour l'agrandir et utilisez le zoom...

     

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    1. "Non aux envahisseurs" en Allemagne aussi : à Upahl (dans le Mecklenbourg, pas loin de Berlin), le projet de construction d’un village de conteneurs pour héberger 400 migrants provoque des émeutes et des habitants tentent de prendre d’assaut un bâtiment officiel. Mais, pendant ce temps, Herr Scholz, chancelier du Quatrième Reich, s'apprête a assouplir les règles d'admission d'envahisseurs pour en accueillir entre un million et demi et deux millions ! Là-bas aussi, le Pays légal, la "tête", est contre le Peuple (ou l'inverse, comme on voudra...)

    https://www.breizh-info.com/2023/02/02/214768/upahl-allemagne-le-projet-de-construction-dun-village-de-conteneurs-pour-heberger-400-migrants-provoque-des-emeutes-des-habitants-tentent-de-prendre-dassaut-un-batiment-officiel/

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    2. Climat : la Pologne s’apprête à faire marche arrière sur l’éolien et à revoir à la baisse sa promesse de faciliter l’installation d’éoliennes...

    https://www.ouest-france.fr/europe/pologne/changement-climatique-la-pologne-prete-a-reculer-sur-l-eolien-f20df624-a244-11ed-92f2-333ccb208462

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    3. On attend avec impatience "le jugement des Juges" ! D'accord avec Gilbert Collard... :

    "Mahfoud, le suspect qui a avoué le meurtre de Sihem, a été condamné en 2015 à 12 ans de prison et n'aurait dû sortir qu'en 2024 (en prison préventive depuis 2012) : la loi ne le permet pas aujourd'hui, mais un jour il faudra bien juger ces juges irresponsablement responsables !"

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     ... mais on peut aller plus loin dans la critique : le 7 juillet 2020, lendemain du jour où Eric Dupond-Moretti a été nommé Ministre de la Justice, nous posions ici-même cette question :
    Force est de constater que, plus de deux ans après, et sur le sujet, le Ministre n'a rien fait.
    Qu'est-ce qu'il attend ?
    Ah, oui, c'est vrai ! Il est exact qu'il pense de drôles de choses ! :

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    4. Le pillage, la vampirisation de l'Afrique continuent ! Qui en sont - avec d'autres... - les responsables ? Les néo-colonialistes, qui - et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres !... - créent un titre de séjour pluriannuel spécifique pour les médecins étrangers. Le texte de loi Darmanin sur l'immigration va accentuer cette saignée et empêcher le développement sanitaire et médical de l'Afrique ! Mais les voleurs de l'avenir et du développement des générations futures africaines s'en fichent royalement, de l'Afrique, de son développement et de ses générations futures...

    Mais, après, ils viennent accuser, tous azimuts, de "racisme" !!!!!

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/02/02/projet-de-loi-immigration-en-france-l-exode-des-medecins-senegalais-est-une-realite-il-y-a-une-vraie-saignee_6160296_3212.html 

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    4 BIS. Et, puisqu'on parle du pillage de l'Afrique par les bobos/gauchos/migrantos et Compagnie, on pourra lire (ou relire...) notre PDF :

    LES VRAIS AMIS DE L'AFRIQUE ET DES AFRICAINS...

    Ce PDF n'est que la réunion des trois articles parus en novembre 2009 dans lafautearousseau, et "réunis" pour la commodité de la diffusion :

    • le mercredi 25 novembre 2009 :

    Les vrais amis de l'Afrique et des Africains : Carmes de Kaolack, Sénégal...(1/3)

    • le jeudi 26 novembre 2009 :

    Les vrais amis de l'Afrique et des Africains : Carmes de Kaolack, Sénégal...(2/3)

    • et le vendredi 27 novembre 2009 :
    Les vrais amis de l'Afrique et des Africains : Carmes de Kaolack, Sénégal...(3/3)

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    6. Bastien Pierre-Louis communique (sur tweeter) :

    "Félicitations aux fiers habitants de Laàs qui ont finalement obtenu une suspension des travaux !"
     
    Transformation de l’ancienne chapelle en cabaret : l’association Bien vivre à Laàs obtient satisfaction en justice :
     

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    7. SOS CALVAIRES communique (sur tweeter)  :

    "Ce #calvaire du XIXe siècle a repris ses couleurs d'origine, grâce aux #routiers du #Clan St Ferreol et St Ferjeux, des #scoutsdeurope. Merci à eux !"

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    À DEMAIN !

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  • Pour parler encore et toujours plus de Maurras, en cette année 2022, 70ème anniversaire de sa disparition...(1)

    Sur l’antisémitisme de Charles Maurras

     

    Charles Maurras et l’Action française sont souvent voués aux pires gémonies sous couvert d’antisémitisme, allant de pair avec la xénophobie, selon la conception de Michel Dreyfus, pratiquant ainsi l’amalgame avec les totalitarismes du XXème siècle. 

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     Pour chacune des neuf illustrations, cliquez une première fois sur l'image, pour l'agrandir; puis cliquez une seconde fois, et utilisez le zoom...

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    Avant toute chose, à titre préliminaire, on renverra ces autoproclamés « porteurs de la conscience universelle » (cf. Maurice Bardèche, NürembergTome 1 - La terre promise et Tome 2 - Les faux monnayeurs) aux crimes de Joseph Staline qui, lui aussi, déporta et extermina les communautés juives d’U.R.S.S. À titre d’illustration, on citera le Mémorial des Milles d’Élie Chouraqui attestant d’un million de juifs morts en Sibérie par la déportation dans les Goulags. Ce que les guides de ce musée ne précisent pas, en revanche, c’est que ce million de morts est à mettre au débit de l’Union Soviétique, non des (prétendus) régimes fascistes. 
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    Sur l’antisémitisme des régimes dits « fascistes » : On relèvera que l’Italie de Mussolini (seul régime authentiquement fasciste; pour une définition du fascisme, on renverra encore à Maurice Bardèche, Qu’est-ce que le fascisme ?) n’était pas antisémite doctrinalement ; pas plus que ne l’était le national-catholicisme de Franco ou celui de Salazar au Portugal. Pour être complet, on soulignera que Mussolini accepta la condition sine qua non posée par Adolf Hitler pour obtenir son soutien de collaborer clairement à la politique nazie de déportation et, plus tard, d’extermination. 
     
    Aurions-nous pu éviter cette collaboration de l’Italie fasciste aux projets d’Adolf Hitler ? Certainement. Pendant de nombreuses années, Charles Maurras et l’Action française plaidèrent pour une alliance entre la France et l’Italie ; non pas par ralliement aux doctrines fascistes, non par antisémitisme, mais tout simplement pour ne pas donner un allié supplémentaire à Adolf Hitler qui se déclarait dans Mein Kampf comme un ennemi implacable et mortel de la France. Par ailleurs, on soulignera que Charles Maurras avait oeuvré à la traduction de Mein Kampf, demandant à tous les patriotes sincères de lire cet ouvrage afin que tous puissent prendre conscience du danger que représentait pour le pays l’Allemagne nazie. 
     

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    Pendant de nombreuses années, Charles Maurras et l’Action française avertirent sur la guerre dévastatrice que nous promettait Hitler. Jacques Bainville fut l’un des tous premiers - dès 1930 !... - à prophétiser les persécutions des Israélites, et le journal avait tout anticipé, jusqu’au fameux « Service du Travail Obligatoire »…
     
    Voir à ce sujet les deux notes de notre Catégorie Lire Jacques Bainville :
     
    Ces éléments préliminaires étant rappelés, venons en maintenant au coeur du sujet, par des exemples simples : On reprend bien souvent l’exemple de Léon Blum sous prétexte de son appartenance à la communauté israélite. Le mensonge est grossier et ne résiste pas à l’épreuve des faits. Dans son édition de l’Action française du 15 mai 1936, Charles Maurras écrivait qu’ « il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer… ». 
     
    Nous n’en dirons pas davantage, il convient pour nos adversaires de tirer les conséquences politiques de ces constatations. 
     
    Bien sûr, on nous renverra à la face le fait que « les juifs » étaient dans la théorie des États Confédérés, théorie prétendument raciste : 
     
    Il est important de préciser que Maurras réfutait et condamnait les théories antisémites raciales comme toute forme de racisme et de racialisme. Ces condamnations, constantes, répétées, univoques, découlent d’abord du constat de Jacques Bainville sur la réalité de la constitution de la Nation française d’une part et sur la condamnation par Maurras de ces thèses racistes n’ayant, selon le Maître, aucun fondement positiviste, ne pouvant dès lors passer l’examen méthodologique, critique et ne pouvant donc ipso facto, prospérer d’une quelconque façon. 
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    L’invalidation des thèses « gobinistes », « hitlériennes » etc… emporte également invalidation et réfutation intégrale des conceptions de Michel Dreyfus considérant que l’antisémitisme est nécessairement combiné à la notion de xénophobie. On relèvera par ailleurs que, dès lors, le postulat de Dreyfus implique et conçoit la communauté juive comme une communauté ethnique, du moins dans l’esprit des antisémites. Désaccord sur la méthode, désaccord sur le fond et sur la définition profonde de la judéité ; de là à en arriver au concept humoristique du juif antisémite développé par Woody Allen, il n’y a qu’un pas… Qui fut allègrement dépassé par les officines du CRIF, de Radio J, du Consistoire, qualifiant Éric Zemmour de « juif antisémite » lorsque ce n’est pas Yannick Jadot qui s’y met à son tour qualifiant Éric Zemmour de «  juif de service faisant le jeu des antisémites », toujours sur Radio J, sans que personne ne s’en émeuve du côté de la LICRA, du MRAP ou de SOS Racisme…
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    Pour continuer sur le registre de Woody Allen, les autorités communautaires lui ont « retiré sa Licence de juif, il n’est plus juif ! ». Incidemment, cela signifierait que pratiquer l’antisémitisme à l’encontre d’Éric Zemmour ne serait donc pas de l’antisémitisme. Il y aurait de quoi en perdre son latin. 
     
    C’est d’ailleurs Éric Zemmour, incarnation du concept humoristique de « juif antisémite », qui nous donne l’une des clefs de compréhension de « l’antisémitisme maurrassien », en reprenant ce que disait Clermont-Tonnerre au sujet de la communauté israélite de France : « Rien en tant que communauté, tout en tant qu’individu ! ». 
     
    Il n’y a rien de plus maurrassien. Pourquoi ? Parce que l’individu doit être avant tout Français, se définir comme Français, se penser Français, se vivre Français ; la pratique de sa religion n’intéressant pas les affaires de l’État. 
     
    Ce dont Charles Maurras et l’Action française ne veulent pas ? Tout simplement ce dont Richelieu ne voulait pas : qu’aucune communauté, quelle qu’elle fût, ne devînt un État dans l’État…
     
    Ce que théorisa Richelieu avec la communauté protestante, Charles Maurras et l’Action française le théorisèrent avec la communauté israélite ; là est toute la substance de la théorie des États confédérés. 
     
     
    Quant à Léon Daudet...
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    Dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir les deux photos  :
     
     
     
     
     
    Nous entendons déjà les hurlements de nos adversaires, faisons un peu d’humour pour détendre l’atmosphère…
  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

    "LA" claque pour le CRIF et le grand rabbin...

    Sondage choc : 79 % des juifs de France voteront Éric Zemmour au premier tour des présidentielles…

    Et 92 % des juifs de France désapprouvent le CRIF et le grand Rabbin dans leur consigne de vote contre Éric Zemmour (85 % d'entre eux ne se sentent pas représentés par le CRIF)...

    europe-israel.org/2022/02/sondag 

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    1. La France Rurale - Le Mouvement de la Ruralité dénonce l'arnaque escrolo, à partir d'un exemple : le prétendu lait d'amande... :

    "Le lait d'amandes, qui n'est d'ailleurs pas du lait, très prisé par les animalistes, antispeciste et autres extrémistes défenseurs de nature et environnement est une aberration totale par ses besoins en eau... Quand l'idéologie écolo détruit la nature !"

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    https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/agriculture-ce-cache-derriere-lait-amande-97182/

     

    La France Rurale - Le Mouvement cde la Ruralité

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    2. Bravo, Dimitri !

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    Goldnadel et Zemmour ont raison : pour enlever à l'extrême-gauche révolutionnaire les médias du Sévice public dont ils se sont emparés en 45 (avec tant d'autres pans entiers de la société, dont l'École...) il faut privatiser, si l'État se révèle incapable de récupérer ce qu'il s'est laissé arracher, dans des circonstances exceptionnelles...

     

    3. 33 secondes de l'émission Face à Baba, qui faisait se rencontrer Éric Revel et Éric Zemmour. Éric Revel conclut, fort honnêtement :

    "...Le programme économique d'Éric Zemmour répond aux questions de pouvoir d'achat des Français..."

    https://twitter.com/ZemmourTV/status/1504244604270518272?s=20&t=vXm6-KqBEfG--VOlI4I9NA

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    4. L'Allemagne, colosse aux pieds d'argile ? Comment les Allemands se sont piégés eux-mêmes en dénucléarisant et en devenant dépendants du gaz russe, par Bernard Jomard (dans Forbes) :

    https://www.forbes.fr/politique/comment-les-allemands-se-sont-pieges-eux-memes-en-denuclearisant-et-en-devenant-dependants-du-gaz-russe/

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    5. Stanislas Rigault a parlé  du "Mozart" d'un peu tout, qu'on essaye de nous "vendre" lorsqu'on parle de Macron. Un Mozart qui se révèle, en fait, être simplement le pilote (?) du "bateau ivre" qu'est son quinquennat, le pire de la Vème République... Et, comme on le dit dans Kaamelkot : "C'est pas faux !...

    Stanislas Rigault
    "On disait que Macron était le Mozart des finances, on a eu les gilets jaunes, on disait que Macron était devenu le Mozart de la santé, on a eu une gestion catastrophique. Aujourd’hui on nous dit que Macron est le Mozart des relations internationales on voit le résultat..."
     
    En somme, Stanislas parle comme Maurras : "notre maîtresse, en politique, c'est l'expérience..."
     
    Il a raison (Maurras aussi !!!!!)

    (extrait vidéo 1'36)

    https://twitter.com/stanislasrig/status/1504145667282907149?s=20&t=vXm6-KqBEfG--VOlI4I9NA

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    6. En Corse, le "jeu" (?) imprudent et dangereux d'une bande de pieds nickelés aux abois, inconscients, jouant les apprentis sorciers... Qu'est-ce que c'est que cette proposition d' "autonomie" baroque et saugrenue, balancée tout d'un coup, "comme ça", à trois semaines de la Présidentielle, pour répondre à une sorte de guérilla urbaine, et à l'occasion de manifestations qui, quoi qu'en disent les participants, comportent une large part de soutien au lâche assassinat d'un préfet ? C'est un message désastreux et une forme d'abandon de l'autorité de l'État. En face, de jeunes Corses - inconscients eux aussi - prétendent affirmer leur fierté et la défense de leur identité, mais ils oublient un peu vite que, comme Samuel Paty, le préfet Érignac fut froidement et lâchement assassiné : par une bande dont fait partie le terroriste Colonna. Cette bande l'abattit de 3 balles : une dans la nuque à bout portant, les deux autres dans la tête pour l'achever alors qu'il gisait sur le sol. Si défendre la Corse c'est défendre un assassin de ce tonneau, alors,

    merci, mais, non merci !...

    L'entretien de Benjamin Morel avec Étienne Campion, dans Marianne : "Avec l'autonomie de la Corse, Macron nous mène à la dislocation du pays par ses périphéries..."

    https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/benjamin-morel-avec-lautonomie-de-la-corse-macron-nous-mene-a-la-dislocation-du-pays-par-ses-peripheries

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    Aimer, servir, défendre la Corse (et toutes les provinces françaises), oui, bien sûr, dans une Royauté des Libertés, l'Autorité étant "en haut" et les libertés "en bas". Mais cela n'a rien à voir avec un culte clanique de la violence criminelle et maffieuse : la Corse mérite mille fois mieux que "ça" !

     

    7. Dans la série "il vaut mieux entendre "ça" que d'être sourd", voici la variante "il vaut mieux lire "ça" que d'être aveugle !!!!! :

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    C'est bien Audiard qui a raison :

    LES CONS, ÇA OSE TOUT,

    C'EST MÊME À ÇA QU'ON LES RECONNAÎT !

     

     

    À DEMAIN !

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  • Lire Jacques Bainville (XXV) : Jean-Jacques Rousseau

     (Comme tous les textes publiés dans cette Catégorie, celui-ci, aussitôt paru, est incorporé à notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.)

     

    rousseau "Qu'est-ce que la célébrité ? Voici le malheureux ouvrage à qui je dois la mienne." Je ne vous donnerai pas en plus de trois ou quatre le nom de l'auteur de ces lignes et vous avez déjà reconnu cet accent de désanchantement et d'orgueil. C'est l'homme que le gouvernement de la République fêtera bientôt au Panthéon qui inscrivait ces mots en tête d'une réédition de son premier ouvrage, ce célèbre et absurde "discours" où il niait la civilisation et l'art dans le pays et le temps même où l'art et la civilisation étaient parvenus au degré d'achèvement le plus haut. On imagine assez bien une sorte de dialogue, pareil à ceux où Rousseau se faisait le juge de Jean-Jacques et dans lequel l'auteur du Contrat social examinerait la séance de la Chambre où il a été question de lui, et où il répéterait, l'appliquant à toute son oeuvre, ses paroles d'une amertume et d'un amour-propre incurables : "Voici le malheureux ouvrage à qui je dois ma célébrité."

    Nous connaissons assez Rousseau pour savoir qu'il serait déjà fâché avec M. Viviani et avec M. Guist'hau, qu'il leur reprocherait toute espèce d'horreurs et de diffamation et qu'il les haïrait pour l'avoir défendu.

    D'un certain point de vue, celui de l'auteur, il n'aurait peut-être pas tout à fait tort, car enfin il est bien certain que ce ne sont pas ses partisans qui le lisent le plus. Et, par exemple, le grand écrivain, le grand artiste qui a apporté à la tribune, dans un magnifique langage, les raisons qu'il avait de ne pas s'associer à une fête en l'honneur de Rousseau (Maurice Barrès, ndlr) est, m'a-t-on dit, le lecteur enthousiaste et jamais las des Rêveries du promeneur solitaire.

    Connaissez-vous cette suite douloureuse des Confessions ? C'est le lamento du maudit et cela commence sur cette plainte d'autant plus déchirante qu'elle est plus mal fondée : "Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime. Ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous les liens qui m'attachaient à eux." Est-ce Job ou Rousseau qui gémit ? Mais toutes les Rêveries du promeneur solitaire ont ce goût de cendre.

    Oui, sans l'ombre d'un doute, Maurice Barrès est sinon le seul, à la Chambre, du moins à peu près le dernier qui lit encore Jean-Jacques et personne, en tout cas, n'y sait comme lui en quoi consiste la mélodie de "l'extravagant musicien". Les professionnels du parlementarisme sont trop occupés par leurs électeurs pour garder le temps de la méditation et de la lecture. Cela se sent d'ailleurs très bien à leurs discours, et à leurs articles pour ceux qui se mêlent d'écrire. 

    C'est même pourquoi ils aiment si passionément les petites représentations du Palais-Bourbon où des académiciens prennent la parole et où il est question de philosophie, de littérature ou plus souvent de théologie. Le fait de participer, rien que par leur présence sur les bancs, à ces jeux désintéressés et supérieurs, les flatte au bon endroit, celui où tout de même ils sentent quelque chose comme une lacune. Le président Brisson, qui connaissait bien le faible et le fort de ses amis, facilitait toujours le tour de parole aux lettrés de la droite. Il devait, à part lui, appeler çà : relever le niveau. 

    Je me garderai bien d'ailleurs de faire tout particulièrement un crime aux quelques quatre cents et quelques députés qui ont voté les crédits de la fête, de ne jamais lire et, peut-être, de n'avoir jamais lu une ligne de Jean-Jacques. La plupart de nos contemporains sont dans le même cas.

    J'avais une grand'mère - et cela remonte à des temps déjà lointains - qui avait toujours la Nouvelle Héloïse à portée de la main et qui ne passait pas de journée sans relire quelque lettre de Julie, de Saint-Preux ou de milord Edouard. C'était une "femme sensible" et elle serait bien étonnée si elle entendait et si elle voyait ce qui se passe de notre temps. Célébrer Jean-Jacques au moment où personne ne le lit plus lui paraîtrait certainement une gageure assez forte.

    Car c'est un fait qu'on ne le lit plus. Rousseau, vivant dans la polémique, imposé par la religion d'état de la République, est aussi absent que possible des conversations et de la littérature. Ainsi, les danseurs russes ne l'ont pas mis en ballet : faut-il qu'il soit oublié ! Cependant, pour Nijinski, le début si passionné, si fiévreux et si charmant de Julie serait bien un prétexte à pantomime aussi fécond que l'Après-midi d'un faune. Cette omission permet de mesurer le peu qu'il reste de Jean-Jacques Rousseau.

    L'Action française, 16 juin 1912. 

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    La tombe de Rousseau, transportée au Panthéon le 11 octobre 1794, malgré les protestations du marquis de Girardin, chez qui Rousseau fut d'abord enterré.

    Il est significatil et révélateur, ce fait que les Révolutionnaires, pères fondateurs de l'idéologie de la Nouvelle religion républicaine, aient souhaité ce transfert : il veut bien dire quelque chose, "quelque part", comme on dit aujourd'hui dans le jargon...

    En 1812, pour le centenaire de la naissance de Rousseau, aucune commémoration officielle n'eut lieu : Napoléon avait bien d'autres chats à fouetter, il  partait attaquer la Russie, c'était pour lui le commencement de la fin...

    Par contre, son bicentenaire fut célébré très officiellement en 1912, par une République encore mal assurée : cette célébration souleva d'ailleurs une tempête de protestations, comme le discours "anti-Rousseau" de Barrès à la Chambre : "profondément imbécile" (pour le Contrat social) et "demi-fou" (pour Jean-Jacques), Barrès n'y était pas allé de main morte !... Comme Jules Lemaître qui, peu auparavant, en 1907, écrivait : "(Rousseau) qui, semble-t-il, ne savait pas bien ce qu'il écrivait..". Sans parler bien sûr de "Charles" (Maurras) et son "misérable Rousseau"...

    Et puis, en 2012, pour le tricentenaire : rien...

  • Lire Jacques Bainville...(XI) : Le Titanic ? Insubmersible ! Ou : réflexion sur la crédulité, d'hier, d'aujourd'hui, de

      TITANIC.jpg("...C'est-à-dire, qu'en somme, la science n'a pas aboli la croyance... Le genre humain, dans notre siècle de mécanique, vit sur un fond de crédulité aussi solide qu'en aucun temps..."

    Parti le 1O avril de Southampton, le paquebot réputé "pratiquement insubmersible" heurte un iceberg le 14 en fin de soirée, et coule quelques heures plus tard, le quinze avril 1912.

    L'occasion pour Jacques Bainville de montrer ses talents de journaliste, la profondeur de sa réflexion, sa sagesse et son "actualité", mais aussi son humour...)

    Le naufrage

    Il ne nous est encore parvenu qu'un très petit nombre de ces détails d'épouvante, d'héroïsme et de tragédie qui accompagnent toutes les grandes catastrophes et qui n'auront certainement pas fait défaut au naufrage du Titanic. Mais en attendant l'horreur dramatique que ne manquera pas d'apporter le récit des survivants, la télégraphie sans fil nous a déjà procuré plus d'un frisson. Ces signaux de détresse dans la nuit, cette précision scientifique que l'approche de la mort elle-même ne trouble pas, les mystérieux appareils n'émettant plus, à un moment donné, que des dépêches confuses, n'y a-t-il pas là comme une sorte de fantastique macabre digne d'Edgar Poe ?

    On ne saurait manquer d'être frappé, en particulier, du très laconique et très tranquille "marconigramme" que le télégraphiste Philipps, durant les trois mortelles heures que le Titanic mit à couler, expédiait à ses parents pour les rassurer. "Aucun danger. Paquebot pratiquement insubmersible", mandait-il, imperturbable. Cet état d'esprit, il est certain qu'il aura régné jusqu'à la dernière minute, à bord du transatlantique en perdition. Puisse cette belle confiance avoir agi à la manière d'un anesthésique et jeté un voile d'illusion sur l'horreur des agonies !

    C'est pour autre chose que j'aime, dans sa concision marconigraphique, l'expression dont s'est servie l'opérateur Philipps. "Pratiquement insubmersible" est un mot beau comme l'antique quand il est prononcé à bord d'un navire qui va s'engloutir quelques minutes plus tard par trois mille mètres de fond. Insubmersible, le Titanic ne l'était pourtant que théoriquement, et la pratique a bien montré comme la théorie était fragile. Mais qu'est-ce qu'il en savait, l'opérateur Philipps, que son paquebot fût insubmersible ? Absolument rien, sans doute. Ou du moins rien autre chose que ce qu'on lui en avait dit, et qu'il répétait de confiance, comme les passagers instruits des premières, comme les émigrants des troisièmes...

    Et il faut bien que cela soit. Il faut bien que nous croyions sur parole un très grand nombre de gens, constructeurs de bateaux, savants, médecins ou astronomes, qui nous affirment telle ou telle chose, démontrables peut-être, mais dont l'immense majorité des hommes est incapable de se procurer ou d'entendre la démonstration. C'est-à-dire, qu'en somme, la science n'a pas aboli la croyance. Au contraire, elle la nécessite autant que jamais. Le genre humain, dans notre siècle de mécanique, vit sur un fond de crédulité aussi solide qu'en aucun temps. Le Titanic "pratiquement insubmersible" ! Cette petite phrase prouve que Philipps et ses compagnons d'infortune sont morts au milieu d'une absence d'esprit critique merveilleuse.

    Notez bien que nous vivons tous ou presque tous dans les mêmes conditions. Nous tenons en général pour "pratiquement" irréalisables toutes sortes d'accidents ou de malheurs, qui rôdent cependant sans relâche autour de nous. A combien de personnes n'avez-vous pas entendu dire que la guerre était devenue "pratiquement" impossible de nos jours ? Et quand on émet l'hypothèse d'une nouvelle Révolution, d'une nouvelle Terreur, d'une nouvelle Commune, combien de gens haussent les épaules et soutiennent qu'aujourd'hui on ne peut plus, pratiquement, revoir de pareilles horreurs. Les guerres, cependant, nous les voyons éclater en Europe même, aussi fréquentes que jadis quand ce n'est pas davantage, et plus meurtrières souvent. Quant aux guerres civiles, au retour des grandes tueries, à la facilité à verser le sang, aux exécutions sommaires, vous n'avez qu'à penser un instant aux exploits de Bonnot et de Garnier et aux dispositions que nos foules montrent pour le lynchage... Et vous ne serez pas rassurés, moins rassurés en tout cas que le télégraphiste Philipps dans sa cabine du Titanic.

    Je ne sais si M. W.T. Stead, le célèbre fondateur de magazines, qui est parmi les victimes du naufrage, croyait lui aussi à l'impossibilité pratique de la submersion. Mais ce que je sais bien, c'est que M. W. T. Stead, comme tout radical progressiste qui se respecte, croyait fermement aux esprits et qu'il évoquait dans son salon avec familiarité les grands hommes défunts. Or, à quoi cela sert-il, je vous le demande, d'être spirite et d'avoir commerce avec l'au-delà, si nos amis de l'autre monde ne nous avertissent même pas des catastrophes ! Au moins la fable nous dit que, dans une circonstance pareille, Simonide fut préservé par ses dieux. M. W. T. Stead n'aura pas été sauvé par les siens. C'est un coup pour le spiritisme. Nous le regrettons d'autant plus que si M. W. T. Stead, journaliste excellent, eût échappé au naufrage du Titanic il en eût fait un reportage d'une valeur exceptionnelle. A moins que l'on ne considère que ce n'est pas une si fâcheuse destinée, pour un roi de la presse, de périr victime d'un aussi tragique fait divers.

    L'Action française, 18 avril 1912. 

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