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D'accord avec Alain de Benoist : « Les gilets jaunes ? La revanche des ploucs émissaires ! »

  

Par Alain de Benoist

Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire cet entretien auquel nous n'avons rien à ajouter sinon notre accord. [27.11]. Lisez !  LFAR 

 

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La France, depuis une dizaine de jours, vit à l’heure des gilets jaunes, et les commentaires sont déjà nombreux. Feu de paille ou vague de fond ? Nouvelle fronde ? Nouvelle jacquerie ? Quel est votre sentiment ?

Il y a cinq ans, presque jour pour jour, le 23 novembre 2013, vous m’aviez interrogé sur le mouvement des bonnets rouges. J’avais alors attiré votre attention sur le fait que « tous les mouvements de protestation ou de révolte d’une certaine ampleur auxquels nous assistons aujourd’hui naissent en marge ou à l’écart des partis et des syndicats, lesquels ne sont de toute évidence plus capables d’incarner ou de relayer les aspirations du peuple ». Ma conclusion était celle-ci : « Un seul mot d’ordre : des bonnets rouges partout ! » Eh bien, nous y sommes : les gilets jaunes, ce sont les bonnets rouges partout. Après des années et des années d’humiliation, de paupérisation, d’exclusion sociale et culturelle, c’est tout simplement le peuple de France qui reprend la parole. Et qui passe à l’action avec une colère et une détermination (déjà deux morts et 800 blessés, plus qu’en mai 68 !) qui en disent long.

Même si les classes populaires et les classes moyennes inférieures en sont l’élément moteur – ce qui donne au mouvement une extraordinaire dimension de classe –, les gilets jaunes proviennent de milieux différents, ils réunissent des jeunes et des vieux, des paysans et des chefs d’entreprise, des employés, des ouvriers et des cadres. Des femmes autant que des hommes (je pense à ces retraitées septuagénaires qui n’hésitent pas, malgré le froid, à dormir dans leur voiture pour que les barrages puissent être tenus nuit et jour). Des gens qui ne se soucient ni de la droite ni de la gauche, et qui pour la plupart ne sont même jamais intervenus en politique, mais qui se battent sur la base de ce qui leur est commun : le sentiment d’être traités en citoyens de seconde zone par la caste médiatique, d’être considérés comme taillables et exploitables à merci par l’oligarchie prédatrice des riches et des puissants, de n’être jamais consultés, mais toujours trompés, d’être les « ploucs émissaires » (François Bousquet) de la France d’en bas, cette « France périphérique » qui est sans doute ce qu’il y a aujourd’hui de plus français en France, mais qu’on abandonne à son sort, d’être victimes du chômage, de la baisse des revenus, de la précarité, des délocalisations, de l’immigration, et qui après des années de patience et de souffrances, ont fini par dire : « Ça suffit ! » Voilà ce qu’est le mouvement des gilets jaunes. Honneur à lui, honneur à eux !

Qu’est-ce qui vous frappe le plus, dans ce mouvement ?

Deux choses. La première, la plus importante, c’est le caractère spontané de ce mouvement, car c’est ce qui affole le plus les pouvoirs publics, qui se retrouvent sans interlocuteurs, mais aussi les partis et les syndicats, qui découvrent avec stupeur que près d’un million d’hommes et de femmes peuvent se mobiliser et déclencher un mouvement de solidarité comme on en a rarement vu (70 à 80 % de soutiens dans l’opinion) sans que l’on ait même songé à faire appel à eux. Les gilets jaunes, exemple achevé d’auto-organisation populaire. Pas de chefs petits ou grands, ni césars ni tribuns, le peuple seulement. Le populisme à l’état pur. Pas le populisme des partis ou des mouvements qui revendiquent cette étiquette, mais ce que Vincent Coussedière a appelé le « populisme du peuple ». Frondeurs, sans-culottes, communards, peu importe sous quel patronage on veut les placer. Le peuple des gilets jaunes n’a confié à personne le soin de parler à sa place, il s’est imposé de lui-même comme sujet historique, et pour cela aussi, il doit être approuvé et soutenu.

L’autre point qui m’a frappé, c’est l’incroyable discours de haine dirigé contre les gilets jaunes par les porteurs de l’idéologie dominante, la triste alliance des petits marquis au pouvoir, des précieuses ridicules et des marchés financiers. « Beaufs », « abrutis », « ringards » sont les mots qui reviennent le plus souvent (pour ne rien dire des « chemises brunes » !). Lisez le courrier des lecteurs du Monde, écoutez la gauche morale – la gauche kérosène – et la droite bien élevée. Jusqu’ici, ils se retenaient la bride, mais plus maintenant. Ils se lâchent de la manière la plus obscène pour exprimer leur morgue et leur mépris de classe, mais aussi leur peur panique de se voir bientôt destitués par les gueux. Depuis la formidable manifestation de Paris, ils n’ont plus le cœur de rétorquer à ceux qui se plaignent du prix de l’essence qu’ils n’ont qu’à s’acheter une voiture électrique (version moderne du « Qu’ils mangent donc de la brioche ! »). Quand le peuple se répand dans les rues de la capitale, ils font relever les pont-levis ! S’ils expriment sans fard leur haine de cette France populaire – la France de Johnny, celle qui « fume des clopes et roule au diesel » –, de cette France pas assez métissée, trop française en quelque sorte, de ces gens que Macron a tour à tour décrits comme des illettrés, des flemmards qui veulent « foutre le bordel », bref, comme des gens de peu, c’est qu’ils savent que leurs jours sont comptés.

On voit bien comment le mouvement a commencé, mais pas très bien comment il peut finir, à supposer, d’ailleurs, qu’il doive finir. Les éléments sont-ils réunis pour que cette révolte puisse se traduire de manière plus politique ?

Ce n’est pas en ces termes que se pose le problème. Nous sommes devant une vague de fond qui n’est pas près de faiblir, parce qu’elle est le résultat objectif d’une situation historique qui est, elle-même, appelée à durer. La question des carburants n’a évidemment été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ou plutôt la goutte d’essence qui a fait exploser le bidon. Le vrai slogan a tout de suite été : « Macron démission ! » Dans l’immédiat, le gouvernement va user des manœuvres habituelles : réprimer, diffamer, discréditer, diviser et attendre que ça s’effiloche. Ça s’effilochera peut-être, mais les causes seront toujours là. Avec les gilets jaunes, la France se trouve déjà en état pré-insurrectionnel. S’ils se radicalisent encore, ce sera tant mieux. Sinon, l’avertissement aura été majeur. Il aura valeur de répétition. En Italie, le mouvement Cinq étoiles, né d’une « journée de colère » lui aussi, est aujourd’hui au pouvoir. Chez nous, la déflagration définitive surviendra dans moins de dix ans. 

Intellectuel, philosophe et politologue
 Revue Eléments
 
 
Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 

Commentaires

  • Le monde de l'Argent, qu'il soit de droite ou de gauche, le monde des anywhere apatrides, le monde des bobos cosmopolites celui des thuriféraires de la mondialisation heureuse et des immigrationnistes de tous poils commence à trembler sur ses bases. La bourgeoisie, la classe vile, celle de d'argent a pris le pouvoir en 1789, elle devrait commencer à se faire quelque souci.

  • Merci pour cette analyse, mais on fait quoi.

    La force de cette jacquerie jaune ou rouge vient de la liberté d'expression que désirent tous les Français. Oui ce sont les gros et gras bourgeois qui ont pris le pouvoir. Le peuple qu'ils ne voient que quant ils lui demande d'aller se faire tuer au nom de la république, demande de mieux vivre et d'être respecté. En réponse ce peuple est diffamé, discrédité, Certains de ces jeunes qui voyaient en ce personnage royal (qui se croit roi) le changement de comportement . Non au contraire il , ils avec son équipe de bras cassés, dépense notre argent à tors et à travers. Trop c'est trop.

    La faiblesse de cette colère menée par des jeunes c'est qu'elle va s'opposer à des forces de police qui sont des professionnels de la bagarre. On a vu un vieux monsieur se faire matraquer. Les plus engagés veulent faire une marche sur les Champs Elysée, interdit, pourquoi? Cette rue de gros riches est en France et tout domaine public est ouvert au public. Au passage le domaine public est inaliénable et pourtant nos politiques le vendent aux étrangers. Liberté, égalité, ou êtes vous?

    Nos jeunes ne désirent que de retrouver un travail valorisant, en finir avec cette école de cancres, avec ces formations non structurantes. Détruire le statut des cheminots n'a pas fait arriver les trains à l'heure et dans le fond des campagnes.

    84% des Français sont d'accord avec ces jeunes et désirent un changement de gestion , plus saine et moins arrogante. Si c'est le cas, il faut que cette population face en sorte que demain ne soit pas un terrible jour de massacre imbécile comme à chaque bataille de rue. Cette fois nous sommes tous responsables de ce qui peut arriver.
    Seul nous ne pouvons pas grand chose, mais ensemble ....Demain il sera trop tard..

  • Aussi bien l'article d'Alain de Benoist que la vidéo de Thierry Ardisson sont percutants ; toutefois rien sur E.Philippe qui est le chef du gouvernement . E.Macron encaisse , au sens figuré mais , ce serait plutôt au premier ministre de jouer le rôle de fusible .
    Déjà , la diversion commence : il faudrait rétablir l' ISF selon certains mais le problème est celui des taxes . Hier , appris à la télé que déjà 80 millions d' Euro furent collectés ces dernières années au titre de la transition écologique , pour effet insignifiant , et des dizaines de millions sont prévues pour les années à venir . C'est de la folie : on prend de l'argent et il est jeté par les fenêtres Rendement de l'énergie éolienne ? et les fours solaires des Pyrénées Orientales convertis en attraction pour touristes : on met un petit morceau de métal - espérons que ce ne soit pas du plomb - dans une louche et , prodige , placé dans l'axe du rayon lumineux , il fond ! Pour être juste c'est de la technologie début cinquième république mais , si cela avait marché on aurait probablement continué .
    .
    Ça n'a pas marché non plus d' opposer les jeunes qui travaillent , aux retraités pensionnés et pour cause : leurs enfants , petits enfants , pour la majorité voient comme ils vivent de peu . Le travail paye ? Pour l'anecdote , une coiffeuse , à son compte m'indiquait qu' il lui restait un salaire de 1200 euros tous ses frais , cotisations payées ; avec sa mère qui l'aide au salon . Et pour mettre en évidence le déclassement général , la mère se souvient des années 1970 quand nombre de clients revenaient au bout de 15 jours pour être toujours avec coupe soignée .

  • Les remarques de Richard qui s'étonne que Macron encaisse les coups et que son Premier ministre ne joue pas son rôle de fusible traditionnel dans la 5ème République, me semblent très justes. Macron commet depuis le début de son mandant la grande erreur de s'exposer autant qu'il le fait. Ce président qui admire, à juste titre, l'idée d'un roi en France, n'a pas compris qu'un roi ne doit pas se jeter dans l'arêne politique à tout propos mais au contraire garder une distance suffisante afin de pouvoir prendre du recul en laissant le Premier ministre s'exposer en première ligne dans le rôle ingrat mais nécessaire consistant à recevoir les coups et ainsi protéger son maître. On lit et entend beaucoup trop le slogan "Macron démission" alors qu'ayant été élu au suffrage universel, il n'a de compte à rendre qu'à la nation. Ce que l'on devrait entendre c'est plutôt "Edouard Philippe démission" car le Président l'a désigné dans sa fonction et peut lui demander sa démission quand la colère populaire prend une grande ampleur nécessitant une correction majeure de ligne politique. Tous les présidents de la 5ème République ont agi de la sorte avec leur premiers ministre.

  • Dissolution du parlement et élections législatives avec , c'est impératif, la proportionnelle à un tour avec un seuil à 6% !!
    c'est ainsi que le parlement représentera tous les français
    En découlera évidemment une toute autre politique
    Et que ce parlement reprenne ses droits, à savoir, contrôler l'exécutif !!
    Faire circuler ce message svp
    merci pour la France

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