Sur l’antisémitisme de Charles Maurras
Charles Maurras et l’Action française sont souvent voués aux pires gémonies sous couvert d’antisémitisme, allant de pair avec la xénophobie, selon la conception de Michel Dreyfus, pratiquant ainsi l’amalgame avec les totalitarismes du XXème siècle.
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Avant toute chose, à titre préliminaire, on renverra ces autoproclamés « porteurs de la conscience universelle » (cf. Maurice Bardèche, Nüremberg, Tome 1 - La terre promise et Tome 2 - Les faux monnayeurs) aux crimes de Joseph Staline qui, lui aussi, déporta et extermina les communautés juives d’U.R.S.S. À titre d’illustration, on citera le Mémorial des Milles d’Élie Chouraqui attestant d’un million de juifs morts en Sibérie par la déportation dans les Goulags. Ce que les guides de ce musée ne précisent pas, en revanche, c’est que ce million de morts est à mettre au débit de l’Union Soviétique, non des (prétendus) régimes fascistes.
Sur l’antisémitisme des régimes dits « fascistes » : On relèvera que l’Italie de Mussolini (seul régime authentiquement fasciste; pour une définition du fascisme, on renverra encore à Maurice Bardèche, Qu’est-ce que le fascisme ?) n’était pas antisémite doctrinalement ; pas plus que ne l’était le national-catholicisme de Franco ou celui de Salazar au Portugal. Pour être complet, on soulignera que Mussolini accepta la condition sine qua non posée par Adolf Hitler pour obtenir son soutien de collaborer clairement à la politique nazie de déportation et, plus tard, d’extermination.
Aurions-nous pu éviter cette collaboration de l’Italie fasciste aux projets d’Adolf Hitler ? Certainement. Pendant de nombreuses années, Charles Maurras et l’Action française plaidèrent pour une alliance entre la France et l’Italie ; non pas par ralliement aux doctrines fascistes, non par antisémitisme, mais tout simplement pour ne pas donner un allié supplémentaire à Adolf Hitler qui se déclarait dans Mein Kampf comme un ennemi implacable et mortel de la France. Par ailleurs, on soulignera que Charles Maurras avait oeuvré à la traduction de Mein Kampf, demandant à tous les patriotes sincères de lire cet ouvrage afin que tous puissent prendre conscience du danger que représentait pour le pays l’Allemagne nazie.
Pendant de nombreuses années, Charles Maurras et l’Action française avertirent sur la guerre dévastatrice que nous promettait Hitler. Jacques Bainville fut l’un des tous premiers - dès 1930 !... - à prophétiser les persécutions des Israélites, et le journal avait tout anticipé, jusqu’au fameux « Service du Travail Obligatoire »…
Voir à ce sujet les deux notes de notre Catégorie Lire Jacques Bainville :
Ces éléments préliminaires étant rappelés, venons en maintenant au coeur du sujet, par des exemples simples : On reprend bien souvent l’exemple de Léon Blum sous prétexte de son appartenance à la communauté israélite. Le mensonge est grossier et ne résiste pas à l’épreuve des faits. Dans son édition de l’Action française du 15 mai 1936, Charles Maurras écrivait qu’ « il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer… ».
Nous n’en dirons pas davantage, il convient pour nos adversaires de tirer les conséquences politiques de ces constatations.
Bien sûr, on nous renverra à la face le fait que « les juifs » étaient dans la théorie des États Confédérés, théorie prétendument raciste :
Il est important de préciser que Maurras réfutait et condamnait les théories antisémites raciales comme toute forme de racisme et de racialisme. Ces condamnations, constantes, répétées, univoques, découlent d’abord du constat de Jacques Bainville sur la réalité de la constitution de la Nation française d’une part et sur la condamnation par Maurras de ces thèses racistes n’ayant, selon le Maître, aucun fondement positiviste, ne pouvant dès lors passer l’examen méthodologique, critique et ne pouvant donc ipso facto, prospérer d’une quelconque façon.
L’invalidation des thèses « gobinistes », « hitlériennes » etc… emporte également invalidation et réfutation intégrale des conceptions de Michel Dreyfus considérant que l’antisémitisme est nécessairement combiné à la notion de xénophobie. On relèvera par ailleurs que, dès lors, le postulat de Dreyfus implique et conçoit la communauté juive comme une communauté ethnique, du moins dans l’esprit des antisémites. Désaccord sur la méthode, désaccord sur le fond et sur la définition profonde de la judéité ; de là à en arriver au concept humoristique du juif antisémite développé par Woody Allen, il n’y a qu’un pas… Qui fut allègrement dépassé par les officines du CRIF, de Radio J, du Consistoire, qualifiant Éric Zemmour de « juif antisémite » lorsque ce n’est pas Yannick Jadot qui s’y met à son tour qualifiant Éric Zemmour de « juif de service faisant le jeu des antisémites », toujours sur Radio J, sans que personne ne s’en émeuve du côté de la LICRA, du MRAP ou de SOS Racisme…
Pour continuer sur le registre de Woody Allen, les autorités communautaires lui ont « retiré sa Licence de juif, il n’est plus juif ! ». Incidemment, cela signifierait que pratiquer l’antisémitisme à l’encontre d’Éric Zemmour ne serait donc pas de l’antisémitisme. Il y aurait de quoi en perdre son latin.
C’est d’ailleurs Éric Zemmour, incarnation du concept humoristique de « juif antisémite », qui nous donne l’une des clefs de compréhension de « l’antisémitisme maurrassien », en reprenant ce que disait Clermont-Tonnerre au sujet de la communauté israélite de France : « Rien en tant que communauté, tout en tant qu’individu ! ».
Il n’y a rien de plus maurrassien. Pourquoi ? Parce que l’individu doit être avant tout Français, se définir comme Français, se penser Français, se vivre Français ; la pratique de sa religion n’intéressant pas les affaires de l’État.
Ce dont Charles Maurras et l’Action française ne veulent pas ? Tout simplement ce dont Richelieu ne voulait pas : qu’aucune communauté, quelle qu’elle fût, ne devînt un État dans l’État…
Ce que théorisa Richelieu avec la communauté protestante, Charles Maurras et l’Action française le théorisèrent avec la communauté israélite ; là est toute la substance de la théorie des États confédérés.
Quant à Léon Daudet...
Nous entendons déjà les hurlements de nos adversaires, faisons un peu d’humour pour détendre l’atmosphère…
Dans « Les aventures de Rabbi Jacob », Germaine demande à son mari Victor Pivert « comme un pivert, investisseur à Paris » : « Tu as des amis juifs, toi ?! »
Oui, l’Action française a des amis juifs… Le capitaine Pierre David, Marcel Proust, et tous les autres… Charles Maurras, qui avec Léon Daudet, révéla Marcel Proust n’a-t-il pas écrit que « Proust nous sera un témoin de la vérité retrouvée » ? Stéphane Giocanti le relève si subtilement : « Expression intéressante quand on connaît le titre du dernier volume d’À la recherche du temps perdu… ».
L’Action française n’a-t-elle pas acclamé le Capitaine Pierre David ?
Mais, au fond, peut-être que tous les « juifs d’Action française » étaient à leur époque un peu comme Éric Zemmour… Des juifs antisémites ?
Terminons encore par de l’humour, parce qu’il faut bien à un moment ou à un autre traiter les bêtises et les mensonges par de la dérision.
Pour paraphraser Desproges : « On me dit que des juifs sont d’Action française ?…Vous pouvez rester. »
Et pour reprendre Les aventures de Rabbi Jacob : « Cela ne fait rien Monsieur, on vous garde quand même ! ».
Et deux petites dernières, pour terminer... :
(Ce texte ne prétend pas épuiser le sujet, ni le lecteur ! Il s'agit simplement de la mise par écrit de réflexions collectives et d'échanges réguliers entre les membres de la Rédaction de lafautearousseau)