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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

Daudet "détaché de l'antisémitisme"

Daudet "détaché de l'antisémitisme"

1. De Paris Vécu, 1ème Série, Rive droite, pages 27/28 (écrit en 1929 et 1930) :

"...En ce qui concerne l'antisémitisme, il y a belle lurette que je m'en suis détaché de toutes manières - j'ai eu comme ami un juif authentique, Marcel Schwob - et que le développement de mon être intérieur m'a plutôt porté à essayer de comprendre Israël, et la raison de ses coutumes et de leur persistance, qu'à le maudire.
Je ris quand j'apprends que des personnes me croient encore dans le même état moral vis-à-vis des fils de Sion qu'il y a trente ou vingt-cinq ans.
J'ai toujours admiré, et même chéri, les vers de ce très mauvais bougre d'Henri Heine.
Je crois avoir été l'un des tout premiers à célébrer le Chad Gadya d'Israël Zangwill..."

Surtout, Léon Daudet - comme Charles Maurras - pose le "problème" en terme "politique", et non en terme "racial" ou en terme "de peau", comme l'ont fait un Voltaire ou un Napoléon, comme le fera un Hitler, comme le font aujourd'hui, dans nos Cités et banlieues, ceux qui crient en plein jour "Mort aux juifs !", et dont on sait qu'ils votent à 93% pour le candidat du Parti socialiste :
"Dans toute cette affaire de décomposition et de l'enjuivement de l'État français, c'est la démocratie qui est coupable et non le juif. Cela Drumont n'a jamais voulu le comprendre..." écrit Daudet, juste après la citation précédente.
Daudet a la même conception que le Maurras qui écrit :
"L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs bien nés."

2. De Paris Vécu, 2ème Série, Rive gauche, page 22 :

"...Marcel Schwob avait une vaste culture, la sensibilité à fleur de peau et l'esprit de charité.
Il n'était pas de physique agréable, bien que l'éclair de son regard bleu fût unique.
Mais il était attachant, et c'est par son souvenir, autant que par certaines réflexions qui me sont venues plus tard, que je me suis détaché de l'antisémitisme et que le problème de la race errante s'est imposé à moi objectivement, sous une forme simplement scientifique.
Je n'ai pas connu d'idéaliste plus complet que Marcel Schwob, promis, dès cette époque, à des affres surhumaines et qu'il devait supporter héroïquement.
Georges Hugo s'était pris lui aussi d'amitié pour Schwob. Il l'invita d'abord à Hauteville House, dont il était, à Guernesey, copropriétaire avec sa soeur, puis à La Marcherie, où se trouvait, cette année-là, Camille Claudel, soeur de Paul Claudel, et sculpteur de génie..."

3. De "Au temps de Judas", pages 218/219 :

"...Les juifs eux-mêmes ont reconnu qu'il y avait une question juive, puisque leurs sionistes se sont flattés de la résoudre, par la reconstitution territoriale d'une Judée.
Nul homme sensé ne songe à persécuter Israël ("Au temps de Judas" est paru en 1920, ndlr), après une guerre où ses fils ont mêlé leur sang à celui de nos enfants. Mais nul israélite sensé ne niera que l'égorgement de "L'Union Générale" fut une faute grave (1), comme fut une autre faute grave la campagne anticléricale et antimilitariste de l'Affaire Dreyfus.
Pour empêcher le retour de pareilles fautes, des précautions peuvent et doivent être prises, d'un commun accord, entre les représentants les plus qualifiés du peuple juif et les dirigeants de l'État français.
La nationalisation de cet État français, en assurant la sécurité extérieure, détruira ainsi les germes de haine qui nuisent à la paix intérieure..."

(1) : "L’Union générale" était une banque catholique française, fondée en 1878 par Paul Eugène Bontoux.
Après avoir connu un grand essor et réalisé de grandes choses, elle fit faillite de manière retentissante en 1882.
Cette banque rencontra un grand succès dans les milieux catholiques et légitimistes, et obtint même l'appui du comte de Chambord. Le secrétaire du pape, le cardinal Jacobini, s'engagea également au capital de la banque.
L'effondrement de celle-ci fut liée à des spéculations hostiles - aux visées politico-économiques - venant de divers milieux, dont certains milieux bancaires juifs.
A partir de là, il fut facile à certains antisémites de généraliser leur critique et leur ressentiment envers quelques banquiers à l'ensemble de la communauté juive...

4. De "Au temps de Judas", page 17 :

"...Persécuter Israël serait impolitique et odieux. Lui tracer des limites de bienséance et d'action politique, dont il recueillerait bien vite le bénéfice moral, serait une bonne et même une très bonne chose.
Beaucoup d'israélites intelligents le reconnaissent volontiers et demandent à ne pas être confondus avec ceux qu'ils appellent, génériquement et méprisamment, les "levys", c'est-à-dire les éternels mécontents, les éternels agitateurs.
Beaucoup d'israélites, intelligents et prévoyants, commencent à sentir, eux aussi, le besoin de l'ordre, d'un ordre qui les mettrait, cordialement, mais fermement, à leur plan..."
Un François Mitterand - président de la République française... - ne parlait pas autrement lorsqu'il refusait de reconnaître la responsabilité de l'État français dans "la rafle du Vel d'Hiv", estimant qu'il s'agissait là "d'une demande excessive de cette communauté"...