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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Grandes ”Une” de L'Action française (2/8) : Du 10 au 17 février 36, la semaine tragique : mort de Bainville, misérable m

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    Voici la "Une" du Mardi 11 février :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k766240h

    • Maurras ayant rendu son hommage la veille, il reprend "La Politique" dans les colonnes trois quatre et cinq (presque complète, dont Pujo occupe la partie inférieure avec son article commencé la veille : "À quoi servent les bagarres")... 

    • Ce sont donc les deux premières colonnes de gauche qui sont consacrées à Bainville, avec l'article de Daudet et les condoléances :

    • d'abord, les condoléances des Princes :

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    • puis celles de nombreuses personnalités... :

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    • ...dont Albert Lebrun, Président de la République :

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    Voici le lien donnant accès à la page trois, dans laquelle toute la première colonne et la moitié de la seconde énumèrent la liste impressionnantes des messages reçus :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k766240h/f3.item.zoom

    Nous en extrayons juste cette toute petite partie de liste :

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    Le reste de la deuxième colonne :

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    Voici maintenant l'article de Daudet, dans son intégralité :

    • Sous le sobre titre "Jacques Bainville", Daudet y parle comme Maurras : "Le deuil qui frappe l'Action française frappe aussi les Lettres et la Patrie. Car le clair génie de Jacques Bainville servit avec lucidité les trois Causes connexes de la France, de la Monarchie et de l'Histoire... C'est un grand maître qui disparaît, mais ne disparaît pas tout entier... L'homme en lui était si attachant qu'il en aurait presque fait oublier l'oeuvre immense, aux perspectives de soleil sur la mer, de "trélus" disent les Provençaux. La poésie, la plus belle, la plus noble, le hantait et accompagnait toutes les démarches de son vaste esprit... Bainville est un moment de notre Histoire..." Et là, avec ce bel hommage, ce n'est plus à Léonard que l'on pense, mais à Horace et son "Non omnis moriar" ("Je ne mourrai pas tout entier"...).

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    • Enfin, en page quatre, Pierre Tuc consacre le début de sa Revue de Presse à Bainville :

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  • « Aborder l’antisémitisme de sang-froid » et obtenir « la réhabilitation pleine et entière » de Maurras….

            Télescopage heureux de notes concernant Charles Maurras, cette semaines, sur trois blogs et site différents....

            Sur son Blog, Hilaire de Crémiers vient d’annoncer le programme de ses commentaires sur les Contes du Chemin de Paradis et sur certains poèmes de Maurras.

            Nous venons nous-mêmes de répondre à Alain-Gérard Slama (dont on va retrouver un écho fort intéressant dans les lignes qui suivent…) et nous sortons incessamment sous peu une deuxième réponse à une autre personne qui a lamentablement caricaturé et insulté Maurras.

            Enfin, le site Maurras.net ( http://maurras.net/ ), dont nous parlons régulièrement dans ces colonnes, avait déjà écrit, il y a peu, qu’il fallait oeuvrer pour la réhabilitation de Maurras - et donc la révision de son procès... - dont la condamnation est aujourd’hui un fait, que nous devons prendre en compte. Voici que, dans sa livraison du 25 octobre, Maurras.net revient sur le sujet….      

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    "M. le Maudit", pour parler comme Fritz Lang ?....

    Si Maurras est enfermé par la conspiration du silence dans un cercueil fermé à double tour, et si ce cercueil est à son tour écrasé sous la chape de plomb du conformisme ambiant de la vérité officielle, c'est pour une raison bien simple : Maurras est celui qui a osé elaborer la critique globale et cohérente du Système en tant que tel; radicalement, au sens ethymologique et premier du terme, c'est-à-dire en critiquant la République idéologique à sa source, dans ses racines et ses fondements mêmes. 

    Le Système ne s'y est pas trompé : à ce titre, Maurras est, non pas dangereux, pour la République idéologique, mais le seul dangereux.

    Maurras et les quatre États confédérés

    par Philippe le 25 octobre 2010

    L’antisémitisme professé par Charles Maurras tout au long de sa vie est aujourd’hui le principal obstacle à sa réhabilitation. Nous le savons bien, et nous n’entendons pas occulter ce problème.

    Il ne s’agit pas seulement de la révision de la parodie de procès qui condamna Maurras en 1945, mais de sa réhabilitation pleine et entière en tant que référence et objet de connaissance, qu’on le considère comme penseur et maître à penser, comme homme de lettres, comme polémiste ou plus simplement comme figure majeure du patrimoine intellectuel national – et international.

    Notre mission se borne à servir deux exigences : d’abord revenir aux textes d’origine, dans leur version intégrale, et les mettre à disposition de nos contemporains, chercheurs ou simples « honnêtes hommes » ; ensuite prévenir tout risque d’anachronisme, documenter et contextualiser chacun de ces textes, surtout les plus à même de susciter interrogations ou controverses.

    Nous n’avons rien à justifier, rien à exhiber complaisamment, mais nous nous donnons le devoir d’expliquer et de faire comprendre.

    S’agissant de l’antisémitisme, la vive émotion qui entoure aujourd’hui ce thème rend la tâche particulièrement malaisée. Il est néanmoins possible, et nécessaire, de l’aborder de sang froid. Et si nous comprenons fort bien que l’on fasse grief à Maurras des positions qu’il a tenues, ce sont celles-là qu’il convient d’analyser et éventuellement de condamner, celles-là et non d’autres qu’il n’a jamais exprimées, voire qu’il a rejetées avec force.

    À la fin du dix-neuvième siècle, l’antisémitisme est surtout présent à gauche. Il est nombre de célébrités, et des plus consensuelles aujourd’hui, qui perdraient rapidement leur aura, et dont on débaptiserait séance tenante les nombreuses places et avenues qui portent leur nom, si d’aventure on exhumait certains de leurs écrits de jeunesse. Et parfois ces écrits ne sont pas seulement de jeunesse. Il suffit d’ailleurs souvent d’y remplacer « juif » par « grande banque », « finance internationale » ou « ultralibéralisme » pour retrouver presque à l’identique les discours d’une partie de la gauche contemporaine.

    Dans ce paysage survient l’affaire Dreyfus. Elle va donner d’une part naissance au sionisme, et d’autre part faire basculer le sentiment antisémite de gauche à droite. Des mouvements d’une telle ampleur ne se font pas sans brouiller le paysage intellectuel et multiplier les situations particulières. Largement répandu, largement toléré, l’antisémitisme se diversifie et se nuance à l’infini. La jeune Action française s’en réclame pour deux raisons principales : d’abord, le Juif y est perçu comme l’agent de l’Allemagne ennemie, vecteur de la philosophie allemande ; ensuite, le courant national antisémite est vu comme un vivier de recrutement potentiel. C’est ce qu’exprime clairement le serment des ligueurs :

    Seule, la Monarchie assure le salut public et, répondant de l’ordre, prévient les maux publics que l’antisémitisme et le nationalisme dénoncent. Organe nécessaire de tout intérêt général, la Monarchie relève l’autorité, les libertés, la prospérité et l’honneur.

    Ce sera également la position défendue par le duc d’Orléans : les émules de Barrès et de Drumont ont raison de se révolter contre l’abaissement de la nation, mais ils n’ont fait qu’une partie du chemin, ils ne font que dénoncer des maux visibles, ils s’attachent aux effets et non aux causes ; il reste encore à les amener à la solution, qui est monarchique. Dans l’énoncé de la phrase du serment, la Monarchie ne se définit pas elle-même comme nationaliste et antisémite ; elle proclame au contraire que ces attitudes n’auront plus raison d’être, une fois que l’institution royale aura résolu les problèmes qui ont provoqué ces réactions de défense.

    Maurras théorise cette attitude dans son analyse de l’État républicain. Celui-ci, ayant supprimé les corps intermédiaires, refusant l’existence de tout pouvoir autonome, local, social, ou professionnel, entre lui-même et le citoyen, donne libre cours à l’individualisme atavique gaulois et réduit chaque personne à un individu interdit de coalition et pesant peu face à sa toute-puissance. En revanche, les groupes sociaux liés par une solidarité naturelle s’en trouvent abusivement avantagés et deviennent de fait les meilleurs soutiens de ce régime qui les favorise : c’est la thèse maurrassienne des « quatre États confédérés » qui rassemblent Juifs, protestants, francs-maçons et étrangers, réunis sous le terme de « métèques » en référence à la « métécie » de l’Athènes antique.

    Restaurer les corps intermédiaires naturels de la société française remettra tout le monde sur un même plan et rendra, de fait, l’antisémitisme caduc ; c’est le message implicite de Maurras, qui transparaît même dans l’article que nous avons publié le 9 octobre dernier (« L’Exode moral ») et qu’on peut considérer comme le texte le plus antisémite qu’il ait jamais signé.

    Or il se trouve que le même jour, Alain-Gérard Slama publiait dans le Figaro magazine (page 129) un billet dans lequel il affirme que la politique juive du gouvernement de Vichy s’était directement alignée sur les thèses de Maurras et de son « idéologie de défausse sur le bouc émissaire juif ». Le jeune Alain-Gérard Slama avait été mieux inspiré dans l’intervention qu’il donna fin mars 1974 sur Maurras et la Révolution nationale lors du quatrième colloque Maurras organisé par le regretté Victor Nguyen à Aix en Provence. Slama en a bien oublié l’argumentation depuis, car s’il y a quelque chose qu’on ne trouve jamais, absolument jamais, sous la plume de Maurras, c’est le recours à la logique du « bouc émissaire ».

    Aujourd’hui nous vous proposons ce qui est sans doute le texte de Maurras qui explique le mieux sa théorie des « quatre États confédérés » : c’est un document de 1905, publié en plusieurs épisodes dans La Semaine Littéraire de Genève et repris avec des notes pour le lecteur français dans la Gazette de France. Le prétexte en est une réponse à un ouvrage d’un politologue suisse, Les Deux Frances, auquel Maurras répond par un éloge vibrant de l’unité française, qui le fera même qualifier plus tard de « jacobin » par certains de ses détracteurs.

    Le texte sera repris en 1916, puis en 1926, sous le titre « De la liberté suisse à l’unité française » dans le recueil Quand les Français ne s’aimaient pas dont la première édition comporte quelques passages blanchis par la censure.

    Maurras y est à ce point attaché à décrire les vertus de l’unité en France qu’on n’y discerne guère la thèse du Suisse, ce que sont selon lui les « deux Frances » qu’il distingue !

    Mais ce qu’on en retiendra, c’est sa critique de l’idée abstraite de liberté, qui prend des sens différents selon qu’on soit en Suisse ou en France, et surtout l’explication dépassionnée de sa conception des « quatre États confédérés », expression qu’il utilise depuis quelques années déjà. L’antisémitisme y compte seulement pour un quart, englobé par une théorie plus vaste des pouvoirs et des contre-pouvoirs.

    Maintenant, que le lecteur contemporain juge, textes et explications en mains, s’il y a là vérité ou erreur, éléments de leçon pour notre société contemporaine ou seulement considérations ayant valeur historique. Notre rôle s’arrête là.

  • « L’Action française en Bretagne, entre renouveau et enterrement du royalisme » Vue par : Presses universitaires du Sept

    Notre ami Julien Rémy propose sur le site de l'URBVM un travail de grande ampleur, dense et fourni sur le Royalisme en Bretagne et ses rapports avec l'Action française.

    Vous pouvez consulter cette masse d'informations et de documents ici :

    https://urbvm.fr/2020/06/03/laction-francaise-en-bretagne-entre-renouveau-et-enterrement-du-royalisme-vue-par-presses-universitaires-du-septentrion/

  • Grandes ”Une” de L'Action française : du 4 au 11 septembre 1934, la croisière du Campana...(6/11)

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    • Dans le numéro du Lundi 23 Juillet 34 (page deux)... :

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    Voici la "Une" du Dimanche 16 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7657284

    On le voit, on n'y parle pas de la Croisière, qui sera seulement évoquée, comme dans le numéro de la veille, au début de la Revue de presse (par "Intérim", en page cinq) :

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    • Par contre, la "Une donne un bon compte-rendu de la réunion et du banquet tenu à Martigues en présence et en l'honneur de Maurras : évidemment, l'infatigable Commandant Dromard est là, toujours "en force", avec son "état-major" !...

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    • Il n'y aura rien non plus, dans le numéro du lendemain, 17 septembre, à l'exception du court début de la Revue de presse d'Intérim, en page trois :

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    Et rien non plus dans le numéro du Mardi 18 (ni du 19), sauf ce pavé que nous avons déjà montré, qui apparaît ici pour la première fois :

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    Par contre, comme le 16, ce numéro du 18 donne, toujours en "Une", un compte-rendu important de la journée de "Charles Maurras à Manosque" :

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    Mais pourquoi Manosque ? Tout simplement, si l'on peut dire, à cause de... Gérard Tenque, l'illustre concitoyen de Maurras, que celui-ci voulut honorer dans son jardin de la Bastide du Chemin de Paradis. Gérard Tenque fut le fondateur de l'Ordre de Malte. Il est l'une des trois principales figures de la Cité de Martigues, avec Maurras et  Joseph Boze, peintre de Louis XVI, qui osa déclarer, lors du pseudo-procès de Marie-Antoinette (dont il réalisa plusieurs très beaux portraits) devant les fous furieux terroristes du Tribunal révolutionnaire : "Ma tête serait sur le billot que je ne témoignerais pas contre sa Majesté"...

    Dans notre Feuilleton Une visite chez Charles Maurras... voir les quatre chapitres 15, 16, 17 et 18

    À Manosque, le buste en argent de Gérard, dans la Mairie de la ville...

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  • Grandes ”Une” de L'Action française : (1/2) Nazisme et communisme ? À égalité dans l'horreur ! Et faits pour d'entendre

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    Voici la "Une" du Dimanche 1er Juillet 1934 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765652k

     

    • Daudet est à "sa" place (la première colonne, de gauche, débordant sur le tiers supérieur de la deuxième). Il "tape dur" sur "Chautemps, chef de bande et terre-neuve du Cabinet", et ironise sur "le beau Régime pourrimentaire...".

    • Bainville aussi est à "sa" place (la sixième et dernière colonne). Mais, cette fois, il n'est pas en demi-colonne supérieure et se retrouve en demi-colonne du bas pour son article économique intitulé "L'un ou l'autre". Il y traite des prix et de notre monnaie, en concurrence - à son désavantage - avec les autres...

    • Ce changement de place est du à l'évènement considérable qui s'est produit dans l'Allemagne nazie, les 29 et 30 juin précédents, et que l'on connaît sous le nom de "nuit des longs couteaux" : l'extermination complète, sur ordre d'Hitler, des SA par les SS...

    Il était normal que l'AF évoquât longuement cet évènement, et lui consacrât la place importante qui lui revenait : le haut des deux dernières colonnes de droite, en "Une", et la moitié supérieure des trois colonnes de droite de la page deux !...

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    En page une, le haut des deux colonnes de droite (cinq et six) :

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    ...et, en page deux, le haut des trois colonnes de droite (quatre, cinq et six) :

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    • L'article de Maurras lui-même, "La Politique", toujours à "sa" place centrale, se trouve donc lui aussi réduit - actualité oblige ! - aux deux colonnes 3 et 4; il se compose de quatre paragraphes seulement, et c'est le très court paragraphe III qui va nous intéresser, aujourd'hui et, surtout, demain :

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    On le voit, Maurras, dans sa dernière ligne,  prévoit, affirme, prédit, à propos du nazisme et du communisme, qu'il renvoie dos-à-dos et condamne, "à égalité" : 

    "...Et ces égaux-là sont faits pour s'entendre... L'avenir le confirmera."

    Lorsqu'on prédit, à ce point-là, il faut évidemment bien connaître son sujet et être bien sûr de ses arguments et de son raisonnement; sinon, on passe pour un hurluberlu...

    Maurras n'a donc pas craint de prédire.

    Et, que croyez-vous qu'il arriva ?

    L'Histoire lui donna-t-elle tort, ou raison ?

    Vous allez voir qu'il ne faudra pas attendre bien longtemps pour être fixé, mais, comme on dit, "la suite au prochain numéro"...

     

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  • Sous la direction d'Axel Tisserand, préfacé par Michel Déon, de l'Académie française : Parution de « Maurras, 60 ans apr

     axel tisserand maurras 60 ans après.JPG

    Editions Téqui, 110 Pages, 18 euros

     

    Regard critique sur un poète-philosophe engagé dans les tourments politiques et religieux de son siècle

    Préface de Michel Déon de l’Académie française

    Chaque semaine ou presque, dans les médias ou dans les meetings politiques, Charles Maurras est cité – preuve de la fécondité de sa pensée politique. Mais, s’il est parfois cité d’une manière juste, il est souvent cité à contresens, ce qui montre que le journaliste ou l’homme politique connaît mal la pensée du fondateur de l’Action Française. Les Editions Téqui ont donc souhaité publier un livre référence sur cet auteur prolixe, ni hagiographie ni encensement. 

    Reprenant les interventions du colloque « Maurras soixante après », qui a réuni, à l’automne dernier, sous le haut patronage de Michel Déon, de l’Académie française et ancien secrétaire de Maurras, des philosophes, théologiens, universitaires et historiens de renom ; ce nouveau livre permet de découvrir la pensée profonde de Maurras. Il s’agit de la première « critique », au sens vrai du terme, de la diversité, de la profondeur et des limites Charles Maurras. 

    AXEL TISSERAND cafe 10 03 2012.JPGÀ propos de l’auteur :

    Axel Tisserand, président du Cercle de Flore et ancien élève du philosophe Pierre Boutang (lui-même disciple de Maurras), est agrégé des Lettres Classiques et docteur de l’École Pratique des Hautes Etudes, section des sciences religieuses. Il a déjà travaillé sur le sujet puisqu’il a présenté et commenté l’édition des Lettres des Jeux olympiques parues chez Flammarion (2004), et publié Dieu et le Roi, Correspondance entre Charles Maurras et l’abbé Penon chez Vrin (2007).

  • Trois textes de Maurras sur l'Enseignement: II et III, Aux origines du long déclin des humanités classiques...

               En 1902, une réforme des programmes du secondaire, comme il y en a tant eu depuis, s’opère au détriment des humanités classiques et plus particulièrement du latin.

               Quelques années plus tard, l’animateur de la revue Les Marges lance un cri d’alarme : quand on s’attaque au latin, c’est le français lui-même qui souffre. Et en 1910 il crée une Ligue des amis du latin et lance une campagne de pétitions. Son public est fait de conservateurs, de l’espèce des conservateurs bien sages, ceux qui acceptent de signer pour défendre la culture et le patrimoine, ou plutôt leur idée de la culture et du patrimoine, mais qui ne veulent à aucun prix s’engager plus loin, ni surtout, horreur suprême, donner un tour politique à leur action.

                Situation récurrente, qui ressemble tant à ce que nous pouvons observer aujourd’hui !       

    langevin wallon.JPG

               Dans un article de L’Action française du 11 mai 1911, Maurras répond à Eugène Montfort, le fondateur des Marges qui fut aussi celui de la NRF, avant de s’en faire promptement éjecter par André Gide : non, lui explique-t-il en substance, l’abaissement du latin et des humanités classiques n’est pas une bévue d’un pouvoir plein de bonne volonté auquel il suffirait d’ouvrir les yeux pour lui faire comprendre combien le savoir encyclopédique est utile à la société. C’est au contraire une politique cohérente, voulue et déterminée par les principes mêmes du parti républicain. Et Maurras décrit par le menu ce que sera, quarante ans plus tard, le plan Langevin-Wallon et le collège unique.

     

                De vives réactions de conservateurs surpris par cette attaque parviennent alors au journal. Eugène Monfort avait-il pensé que l’Action française allait soutenir son initiative ? Il persiste et signe : oui, nous sommes profondément démocrates ! Et partisans du latin en même temps. Nous n’y voyons aucune contradiction.

                Du latin pour le peuple, en quelque sorte ? Maurras alors enfonce le clou, et dans un second article paru le surlendemain 13 mai 1911, il s’attache à montrer à ces « démocrates latinistes » leur triste rôle d’idiots utiles, fossoyeurs malgré eux de ce qu’ils pensent défendre, attachés qu’ils sont à stigmatiser les effets tout en nourrissant les causes.

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                Juste deux grains de sel, avant de lire les deux articles...
               
                I : Profitons de l'occasion pour signaler -aujourd'hui, en 2010, le combat continue !...-  l'Association le latin dans les littératures européennes, ALLE, créée à l'initiative de professeurs de lettres des classes préparatoires littéraires des lycées Henri IV et Louis le grand, toutes disciplines confondues. Son secrétaire, Hubert Aupetit est titulaire d'une double agrégation, mathématiques et lettres. L'ALLE a reçu le soutien d'un grand nombre de figures éminentes. Voir la liste sur son site www.sitealle.com qui propose aussi 13 conférences-textes.
     
                Défendre la latinité, c'est aussi défendre le français, dont le latin est la langue ancienne, pour toujours : le temps n'éloigne pas une langue de son origine... Un latin qui , comme le rappelle aussi George Steiner, a joué et continue de jouer un si grand rôle, ''au carrefour des études comparées en Europe''. Sans oublier, évidemment, le grec....

     

                Signalons également que Jacqueline de Romilly parraine le festival latin-grec avec des académiciens scientifiques tels François Gros, Stanislas Dehaene, Jean-Claude Peker, Roger Balian, Jean Weissenbach et d'autres… Tous insistent pour dire combien l'apprentissage des langues anciennes contribuent à la formation d'un esprit scientifique......

     

                II : En lisant les lignes qui vont suivre, comment ne pas penser -le texte impose le rapprochement d'une façon lancinante...- à Alain Finkielkraut: par exemple, à son Défaite de la pensée, et aussi à ses réflexions récurrentes sur nous mêmes, aujourd'hui, qui sommes la première société dont les élites sont sans culture ?.....

     

                Pour ne pas céder à la tentation du découragement, qui pourrait saisir parfois, vue l'étendue du désatre aujourd'hui, cent ans après l'écriture de ces deux textes, nous avons résolu, comme vous allez le voir, de les illustrer sur le ton léger et amusé (on dirait décalé, dans le jargon, et en tout cas, au second degré...)

     

     

     

    La querelle des Humanités

    I

                Monsieur Eugène Montfort, directeur des Marges, ne se console pas de l'accueil que lui a fait M. le ministre de l'Instruction publique. Il apportait au Grand Maître de l'Université une pétition revêtue de nombreuses signatures de gens intéressés et de gens compétents en vue d'obtenir la révision des absurdes programmes de l'enseignement secondaire. Ces programmes de 1902, ayant tué l'étude du latin, n'ont pas amélioré celle du français, au contraire. Or, non seulement M. Steeg n'a pu cacher qu'il était hostile à la révision de ce précieux programme, mais il s'est montré tout à fait ignorant du péril que couraient l'esprit français et la langue française. De quoi M. Montfort s'étonne. Il aurait pu s'expliquer cette indifférence par les origines prussiennes de M. Steeg et par cette sensibilité protestante que les monuments de l'intelligence et de l'art français ne mettent jamais bien à l'aise.

                M. le ministre Steeg, qui peut être animé d'un vif sentiment d'amitié pour la France, imagine et aime la France autre qu'elle n'est et surtout qu'elle n'a été. Il est pour « la France idéale », celle qui n'est pas ou n'est pas encore et qui probablement ne sera jamais, faute de pouvoir exister. Si mes explications lui semblent ténébreuses, M. Eugène Montfort pourra les mieux comprendre en effectuant autour du protestantisme français un voyage de circumnavigation dans le goût de son intéressant périple méditerranéen : En flânant de Messine à Cadix. Je l'engage à flâner de Calvin à Monod ; il verra clair dans ce qui tient lieu de pensée aux Steeg, aux Buisson et aux Seignobos, il ne pourra plus être surpris de la folle ignorance ni de la méconnaissance haineuse que l'on témoigne à toutes les choses françaises dans les huguenotières de la rue de Grenelle et lieux circonvoisins.

                La réponse du ministre portait sur un deuxième point et là, M. Eugène Montfort a éprouvé une telle stupeur qu'il a ressenti le besoin d'ouvrir une enquête nouvelle sur les paroles du ministre, M. Steeg s'étant déclaré convaincu « qu'un mouvement comme celui qui se produit aujourd'hui pour reformer l'enseignement devait nécessairement avoir des raisons politiques ». J'imagine que tant d'horreur de la politique chez ce ministre en fonction, ce politicien de carrière, a dû estomaquer le directeur des Marges. Il aurait pu être tenté de répondre : — Politicien ? pas tant que vous ! Soit spontanément, soit par réflexion, il a adopté une position moins révolutionnaire. Il s'est contenté d'envoyer une circulaire nouvelle. Les écrivains et les artistes signataires de la première pétition ont reçu d'Eugène Montfort une demande ainsi conçue : « Ne jugez-vous pas qu'on puisse, sans arrière-pensée politique, désirer que soit rétabli l'enseignement du latin ? Le but n'est-il pas idéal et supérieur à toute politique ?  »

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                Question sage, trop sage. Et par trop de sagesse Eugène Montfort a péché. Il a laissé le sombre fanatique prendre barre sur lui, avoir raison sur lui. Car la question ainsi rédigée ne signifie plus grand'chose. D'abord, comme le lui dit fort bien Marcel Boulenger, « le but que vous poursuivez est idéal et supérieur à la politique, oui. Mais c'est comme si l'on disait que la victoire est supérieure au canon. Rien ne compte, rien n'arrive que par la politique ». Cela, c'est la politique-moyen. Mais il y a la politique-objet, la politique-idée. Elle est présente, elle est vivante dans les profondeurs de la question du latin. Il se peut qu'on veuille rétablir cet enseignement sans arrière-pensée politique, mais on peut nourrir cette volonté innocente sur l'excitation d'autres volontés qui ne le seraient pas : volontés politiques cachées, dissimulées, embusquées. Il se peut même, à la rigueur, que nulle volonté politique ne soit mêlée à nul degré, aux campagnes pour le latin ; en sera-t-il moins vrai que le retour intensif à cet enseignement puisse avoir des répercussions politiques, et, dès lors, la préoccupation du ministre ne devient-elle pas aussi naturelle que raisonnable et sensée ? Après tout, cet homme a le devoir de faire attention. Où vous ne voyez que la renaissance de Virgile et de Cicéron, il a raison d'examiner si l'on ne cache pas un portrait de Philippe VIII. Vous savez trop de latin, Montfort, pour ignorer la vieille formule qui s'impose au consul Steeg : « Que la République ne reçoive point de dommage ! »

                — Un dommage à la République ? À la Chose publique ! Mais n'y a-t-il mille avantages à ce que les esprits soient plus développés, mieux trempés et plus exercés ? les âmes mieux polies ? les caractères éprouvés sur les beaux modèles antiques ? N'est-il pas d'intérêt public que la langue commune soit mieux parlée ? Les bienfaits du latin sont faits pour rejaillir de degrés en degrés sur toute la nation…

                — N'en doutez pas ! Seulement vous parlez un sale langage, un langage de ci-devant. Des degrés ! Une hiérarchie, par Steeg ! Et le mot de nation n'est guère plus catholique. Petit malheureux, votre intérêt national est une chose et l'intérêt républicain, ou plutôt l'intérêt démocratique, en est une autre qui ne coïncide pas du tout avec la première et qui est même tout opposée.

                Pourquoi ? C'est ce qu'un sage correspondant de M. Eugène Montfort, Paul Acker , aurait dit parfaitement bien si, au lieu de parler de nos gouvernants, il avait parlé de notre gouvernement. « Leur démocratie », écrit-il (nous dirions : la démocratie) « ne souffre pas d'élite, elle ne souffre même pas une culture élevée, elle arrête tout par le bas. » Mais c'est qu'elle « doit  » l'arrêter ! Son dieu ou son démon, son principe le « veut » !

                Je prie le lecteur, je prie Montfort de considérer ce principe en lui-même et non dans les têtes diverses qui se flattent de le contenir ou que l'on félicite de l'avoir reflété. Je suis démocrate et je suis partisan du latin, propos à demi honorable pour celui qui le tient, ne prouve rien en faveur du latin devant la Démocratie ; ou cela prouve seulement qu'il y a dans les bons esprits des contradictions bienheureuses. Ils n'en vaudraient d'ailleurs que mieux s'ils ne se contredisaient de la sorte. Ajouter que Maximilien Robespierre ou l'abbé Sieyès, ou le comte de Mirabeau, ou Jean-Jacques Rousseau, furent copieusement abreuvés des sources grecques et romaines, cela fait-il que leur principe ne tende à dessécher les sources mêmes où ils avaient bu ? Je ne suis pas chargé de rendre ces gens-là conséquents. Mais j'ai l'office de montrer à quoi conduit directement, et par sa force intime, le principe qu'ils ont posé, prêché, vulgarisé.

                On se demande seulement comment il peut être nécessaire de le montrer, car cela est trop clair. Il est trop clair que M. Steeg a raison. L'enseignement secondaire fondé sur le latin et le grec, en raison de la culture générale qu'il détermine, est un principe de différenciation sociale. Il superpose aux différences qui naissent de l'inégalité des familles et de l'inégalité des biens une troisième inégalité, plus strictement personnelle que les deux autres, mais très sensiblement distincte du mérite personnel. Cette éducation d'un certain genre élève, ennoblit l'homme même et lui ajoute quelque chose qu'il ne peut se donner tout seul, qu'il tient de la société, que la société ne peut donner à tous et dont personne ne veut faire bon marché. De la meilleure foi du monde, le démocrate peut mépriser la fortune et faire fi de la naissance, mais il ne peut traiter de la même manière un certain dressage attentif, long, patient, méthodique de la sensibilité et de la raison, du goût et de l'intelligence. Cela suppose du loisir et des traditions, un capital, si modeste soit-il, et une famille ou, ce qui serait encore pire, l'Église ! Nulle supériorité n'est plus insultante pour le moraliste insurgé, car elle est morale et cependant liée à des causes d'ordre matériel et d'ordre charnel.

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                La monarchie et l'Église catholique discernaient parfaitement qu'il y avait là, néanmoins, un germe d'injustice et d'appauvrissement social. Car enfin pourquoi les fils des riches et des patriciens auraient-ils ce monopole de la culture ? Et pourquoi des aptitudes naturelles puissantes ne recevraient-elles pas l'éducation qui leur convient ? On répondait à ces deux questions en rendant l'enseignement secondaire extrêmement accessible à toutes les bonnes volontés. Les classes des Jésuites, par exemple, étaient ouvertes à tout venant, dans la nuit de l'ancien régime ; les bourses étaient innombrables, et les établissements où l'on pouvait apprendre beaucoup de latin et un peu de bon grec étaient extrêmement répandus. On en trouvait au fond des campagnes les plus lointaines, sans parler du curé que l'on trouvait partout. Bref, la carrière restait ouverte, les facilités d'accès permettaient aux talents d'atteindre à leur rang intellectuel et moral, en bénéficiant de mainte fondation due précisément à la fortune et à la naissance, l'or et le sang ayant la charge de rétablir l'équilibre autour d'eux, et, pour ainsi dire, contre eux. C'était leur service public.

                Et le service apportait donc un correctif utile, un tempérament nécessaire. Mais je vous prie, à quel principe ? À celui de l'inégalité. Le principe de l'égalité démocratique n'était pas satisfait et ne demandait pas à l'être, car il n'était pas posé.

                Mais un jour il le fut et la situation changea complètement. Elle changea d'abord dans la tête des politiques. Ces messieurs, ou pour parler avec justesse, ces citoyens virent très grand. Ils projetèrent de détruire les différences de classe, non en détruisant le latin, le signe des supériorités, mais en l'étendant à tout le monde. Beau plan qui finit par recevoir le nom d'instruction intégrale. Il ne fallut pas de longs jours pour sentir que, tel quel, on ne le réaliserait pas. Ce n'était pas possible, parce que ce n'était pas possible. Tout manquait, notamment le loisir et le capital. Dix ou quinze ans d'études désintéressées supposent l'indépendance matérielle. Elle n'existe pas pour quarante millions d'êtres, qu'on les nomme des citoyens ou des sujets. On renonça alors au système primitif, mais on entreprit d'en réaliser le simulacre dégradé. Au lieu d'appeler l'universalité du peuple à recevoir une éducation générale qui comprît nécessairement le latin, on prit le parti d'éliminer le latin de l'éducation générale. Oui, l'éducation sera la même pour tous ; il n'y aura d'inégalité que par rapport au passé, dont les témoins, en grande majorité, ne protesteront pas, puisqu'ils seront morts. L'homme sera moins élevé et moins instruit, mais il n'y aura plus des secondaires et des primaires, des latinistes et des « épiciers ». Tous seront épiciers, et tant pis si plus tard l'épicerie elle-même y perd quelque chose !

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                Des moralistes vertueux s'en indignent. Ils déclament contre cette égalité par en bas. Ont-ils le moyen de l'établir par en haut ? Non, n'est-ce pas. Alors, qu'ils se taisent. Ou, s'ils veulent élever une voix raisonnable, qu'ils s'attaquent au principe démocratique. C'est lui dont la logique exige la disparition des différences sociales, qu'elles soient de classe, de région ou de métier. Pas de démocratie sans égalité, pas d'égalité sans niveau. L'égalité de citoyens souverains comporte un type aussi uniforme que possible. Un hom

  • A la découverte de l'homme Maurras (16) : Une visite mouvementée des Bainville et des Daudet...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui  (16) : Une visite mouvementée des Bainville et des Daudet...

    Nous redisons ici, aujourd'hui, ce que nous avons dit hier : nous dédions bien sûr l'ensemble de notre "feuilleton Maurras" - et tout spécialement ce numéro d'aujourd'hui - à ce pauvre membre de l'équipe municipale qui a refusé l'entrée du jardin à Franz Olivier Giesbert et à nous-même en osant déclarer :

    « Nous ce qu'on dit, c'est que cette maison elle n'est rien. Ce n'est pas un musée. C'est quatre murs où a vécu Charles Maurras. Rien d'autre. Eh oui ! C'est tout. »

    Voici un extrait de Charles Maurras et son temps (Ernest Flammarion, 1930) dans lequel Léon Daudet restitue quelque chose de l'amitié qui réunissait les trois figures de proue de l'Action française : Bainville, Maurras et lui-même, Daudet.
    Une amitié intellectuelle, certes, fondée sur l'accord des esprits, mais aussi, on va le voir, une amitié qui ne se limitait pas à l'intellectuel.

    Cet extrait a le mérite de rendre un peu de la réalité vivante, de la chaleur de ce que fut l'entente de ces trois amis.
    Et, au-delà des habituels développements sur leurs qualités intellectuelles, de nous les restituer dans ce qu'ils avaient d'humain, de bien vivants, en chair et en os si l'on peut dire...

    « En septembre 1925, nous avions décidé, nos amis Bainville, ma femme et moi, de nous rendre à l’invitation de Maurras à Martigues et de lui amener, comme il le désirait, Hervé Bainville, jeune homme de quatre années et son très jeune filleul François Daudet. Cette mémorable expédition commença mal : le train rapide faillit télescoper, près de Sens, un expresse qui le précédait, et, à partir de là, tel le bateau ivre, dériva de Sens à Saint-Germain-des-Fossés, à Montluçon, à Bourges, à Ganat, à Tarare, à Lyon et vers quelques autres villes encore ; si bien qu’au lieu d’arriver à Marseille le matin à neuf heures, comme il se doit, nous n’y parvînmes, après mille détours et péripéties, qu’à onze heures du soir. Soit quatorze heures de retard, et pas de pain, ni de victuailles dans le wagon restaurant ! Ma femme eut une inspiration très heureuse :

    - Je suis sûre, nous dit-elle, que Maurras aura préparé à souper. Ne restons pas ici. Sautons, avec nos bagages, dans ces deux automobiles, et allons tout de suite à Martigues !

    772595445.jpgSitôt dit, sitôt fait. Après quarante kilomètres avalés dans la nuit chaude et blanche de poussière, nous débarquions, vers minuit, dans la célèbre demeure du chemin de Paradis. Maurras, balançant une grosse lanterne, nous conduisit aussitôt dans la salle à manger, au milieu des rires et des cris d’appétit des enfants bien réveillés.

    Une jeune dame de beaucoup d’esprit a défini ainsi Maurras : « Un maître de maison ». Ce grand politique, ce poète admirable, ce redresseur de l’ordre français s’entend comme personne à régaler ses amis. Son hospitalité fastueuse avait combiné, ce soir-là, un festin de Pantagruel ou de Gamache, lequel commençait par une bouillabaisse classique, exhaussée de la « rouille » traditionnelle, qui met la soupe de soleil à la puissance 2 ; se continuait par des soles « bonne femme » et des loups grillés ; atteignait au grandiose et au sublime avec un plat d’une douzaine de perdreaux de Provence, demeurés tièdes et dorés, sur des « lèches » de pain, comme on ne les obtient que dans la vallée du Rhône – pardonne-moi, ô Bresse – et arrivés à la consistance du baba. Chaque enfant mangea son perdreau. Celui qui écrit ceci, comme disait Hugo, mangea deux perdreaux, pécaïre, toute une sole, le tiers de la bouillabaisse, et le reste à l’avenant, suivi de près par Jacques Bainville, romancier, journaliste, historien et financier des plus gourmands.

    Maurras ne cessait de nous encourager et de nous verser à boire, car j’aime autant vous dire tout de suite que sa cave est à la hauteur de sa table et qu’il est un des très rares amphitryons de France sachant vider, dans les grands verres, quelques bouteilles de vin du Rhône. Il nous en ouvrit, cette nuit-là, de prodigieuses. La conversation roula sur la poésie, le langage et la Provence, dans une atmosphère à la Platon. Les enfants, gonflés de nourriture et de sommeil, étaient allés se coucher, bien entendu, et dormirent douze heures d’affilée.

    Le lendemain, Maurras nous emmenait tous faire quelque deux cents kilomètres en automobile dans cette région enchantée qui est entre les Alpes et la mer, où l’on ne peut faire dix pas sans rencontrer un grand souvenir, un vers de Mistral, ou une belle fille élancée, au teint mat et aux yeux noirs.
    Ainsi passaient et couraient les douces heures claires de l’amitié et de la fantaisie.
    Ne croyez pas ceux qui vous diront que les gens d’A.F. sont des censeurs ou docteurs moroses; ou qu’ils ont mauvais caractère. Depuis vingt-trois ans que je vois quotidiennement Maurras, je n’ai cessé de découvrir de nouvelles raisons de l’admirer et de l’aimer....

     

    lafautearousseau

  • Grandes ”Une” de L'Action française : sur Charles Péguy, ”tombé les armes à la main, face à l'ennemi”, ainsi ”entré parm

     

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

     

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    Charles Péguy est mort 5 Septembre 1914, le premier jour de la première bataille de l'Ourcq, à Villeroy.

    En plus des désordres, lenteurs et désorganisations diverses dues à la guerre, le gouvernement français s'est replié sur Bordeaux, face à l'avancée ennemie : dans L'Action française du 8 Février on a cette information capitale :

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    • la "blessure" concernant Léon Daudet, dont il est question ici, provient d'un accident de la route le concernant, qui eut lieu le premier Août précédent (jour de la Mobilisation générale) : c'est encore Daudet qui en parle le mieux :

    accident de La Roche

    • Le trio Bainville/Daudet/Maurras est donc séparé, ce qui ajoute encore à la désorganisation générale et à la lenteur de la circulation des informations; ce n'est donc que treize jours après la mort glorieuse de Péguy que L'Action française lui rendra l'hommage qu'il méritait, sous la plume élogieuse de Maurras, dans le beau troisième paragraphe de sa "Politique" (colonnes trois et quatre), sobrement intitulé "III. Charles Péguy"...

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    • Bainville, lui, qui tient son Journal (et spécialement un Journal année 1914), ne rédigera sa note (qu'on lira plus bas) que le 20 septembre...

    Voici la "Une" du Vendredi 18 Septembre 1914 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k758482k

    • Voici ce troisième paragraphe, débutant en partie inférieure de la troisième colonne...:

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    ... et s'achevant en partie supérieure de la quatrième colonne :

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    • Et voici maintenant la belle Note rédigée par Jacques Bainville, dans son Journal, à la date du "20 Septembre" (tirée de notre Catégorie "Lire Jacques Bainville") :

    Lire Jacques Bainville...(VII) : "Ce Péguy !..."

     

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    Pour lire les articles...

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  • Grandes ”Une” de L'Action française : 15 Mai 1926, à Notre-Dame de Paris, la Reine de France assiste au service funèbre

    Une histoire de l'Action française... en lisant L'Action française !...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    Le roi est mort le dimanche 28 Mars précédent, à l'étranger, à cause de l'inique Loi d'exil. Mais cette loi ne s'appliquait qu'à la seule personne du souverain, pas aux autres membres de sa famille. La Reine de France put donc assister, au milieu de la foule et accompagnée d'une importante délégation de l'Action française, à la messe de requiem célébrée le samedi 15 Mai, à Notre-Dame : Léon Daudet (qui s'y trouvait, en compagnie de Maurras et de bien d'autres) raconte :

    "La Reine de France aux obsèques de Philippe VIII"

    (ndlr : Léon Daudet parle de "la Reine de France" : il s'agit de la Duchesse de Guise, Isabelle d'Orléans, épouse du Duc de Guise, devenu immédiatement Jean III à la mort de Philippe VIII)

    Voici le lien menant à la "Une" du Dimanche 16 Mai 1926 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k762681d

    Là, c'est Maurras qui consacre le premier paragraphe de sa "Politique" (partie supérieure de la troisième colonne) à l'évènement : "I : À Notre-Dame" et les deux premières colonnes de la "Une" qui sont consacrées au compte-rendu, avec une suite en page deux, qui occupe quasiment toute la troisième colonne...

    • Dès le 9 Mai, le journal annonça le "service solennel"... :

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    ... publiant ensuite, à partir du 10 Mai, l'annonce suivante, à peine augmentée :

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    • Le Mercredi 12 Mai, le Président de la Ligue d'Action française, Bernard de Vesins, commença à donner les premières informations pratiques pour l'assistance à la cérémonie et son déroulement :

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    • Le Vendredi 14, les consignes se firent plus strictes, et sont données par Maurice Pujo, afin que la cérémonie "se passe dans l'ordre et le recueillement qui conviennent à notre deuil... On devra donc s'abstenir de toute manifestation, même à la sortie. Aucun cri ne devra être poussé, quel qu'il soit..." :

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    • Enfin, le Samedi 15, jour de la cérémonie, parut cette dernière annonce (comme toutes les précédentes, évidemment en "Une"); à côté d'elle, dans sa "Politique", Maurras consacre ses deux premiers paragraphes à l'évènement... :

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    Après tourtes ces annonces, c'est donc dans le numéro du lendemain, Dimanche 16 Mai, que parut le compte-rendu de l'imposante manifestation ...

    • Voici d'abord le premier paragraphe de "La Politique", de Maurras (moitié supérieure de la troisième colonne) :

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    • Voici maintenant le compte-rendu de la cérémonie, qui occupe la quasi-intégralité des ceux premières colonnes de la "Une"... (cliquez sur les images pour les agrandir):

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    Fin de la première colonne; ensuite, on remonte les quatre images précédentes, et on repart avec "d'Aoste; le colonel Segui..."

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    ...et s'achève en page deux, sur la quasi intégralité de la troisième colonne : on notera la représentation de "cent vingt-huit sections" de la Fédération des sections de Paris et de la banlieue !... :

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  • Notre entretien sur Charles Maurras à Martigues, avec Georges Bourquard, du Dauphiné libéré...(IV/V)

    MAURRRAS CANOTIER.jpgL'antisémitisme de Maurras...

    Nous avons surabondamment parlé de ce sujet sur le Blog, en répondant, par exemple, à des articles ou des déclarations d'un Bernard-Henry Lévy, d'un Alain-Gérard Slama ou d'autres....

    Comme pour de précédentes questions, nous avons donc renvoyé Georges Bourquard à ce qui se trouvait sur Lafautearousseau, et notamment à notre PDF M. le Maudit ...

    Nous ne devons pas craindre de parler franchement de l'antisémitisme de Maurras. Au contraire, il faut l'expliquer, le remettre dans son contexte et, le comparant à d'autres, montrer que Maurras fut finalement bien moins antisémite que beaucoup de gens lourdement encensés de nos jours. Et, en tout cas, bien différemment.

    Il faut être sérieux, et, surtout, il faut être juste et honnête. Ce que l'on n'est pas, avec Maurras et son antisémitisme...

    Sans remonter plus loin que lui - ce qui nous fait tout de même presque 2.000 ans... - force est de constater que, depuis que l'Empereur Titus, accomplissant la prédiction de Jésus, a détruit le Temple de Jérusalem, et emporté à Rome tout ce qu'il contenait, l'antisémitisme est une réalité assez largement partagée, qui transcende les époques, les pays, les peuples, les religions, les philosophies, les partis politiques. Celui qui se donnerait pour tâche de collecter les citations antisémites du monde entier, toutes cultures, toutes religions, toutes couleurs de peau, toutes époques, toutes opinions politiques ou philosophiques etc. confondues réaliserait sans peine un gros bouquin. Et l'on serait surpris des gens que l'on y "rencontrerait". D'ailleurs, nous réaliserons ce travail, un jour.

    maurras,chemin de paradisNous avons donc rappelé à notre interlocuteur que Napoléon dispose d'un tombeau grandiose aux Invalides, lui qui déclarait sans sourciller des juifs : "Ce sont des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France" ! Et que Voltaire avait, lui aussi, les honneurs officiels, au Panthéon. Il a pourtant bien écrit ceci : "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Voltaire, Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent..."

    Vraiment, le Système honore de ces gens, et a de ces fréquentations !

    N'est-il pas étrange, dans ces conditions, d'entendre toujours et à tout bout de champ le refrain "Maurras antisémite", alors que nul ne s'émeut du grandiose hommage rendu à ces deux antisémites que furent Napoléon et Voltaire ? Ou bien on rêve, ou bien on vit dans le mensonge, la tartufferie, l'hypocrise. Et, comme on ne rêve pas, la conclusion s'impose, d'évidence.

    Un exemple éloquent du traitement particulier réservé à Maurras : alors que Léon Poliakov, dans le tome III de son Histoire de l'Antisémitisme, fait de Voltaire "le pire antisémite français du XVIIIème siècle", Roland Desné défend Voltaire : "Ce n'est pas parce que certaines phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe du persécuteur".

    Ah, bon ? On fait pareil pour Maurras, alors ? Sinon, pourquoi deux poids et deux mesures ? La réponse est claire, ne soyons pas naîfs : c'est qu'il s'oppose au Système sur le fond; qu'il en a fait une critique, au sens propre, radicale, au point que nombre de ses démonstrations, de ses conclusions, sont, en fait, passées dans le domaine public; que ses adversaires, eux-mêmes, en sont imprégnés, s'en servent, les reprennent; et que l'idéologie qui sous tend le système s'en trouve irrémédiablement affaiblie. Est-ce pardonnable ?      

    Ceux qui reprochent son antisémitisme au seul Maurras - et pas aux autres ! - feraient bien de... lire Maurras ! Ils y trouveraient, par exemple, cette phrase : "L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs bien nés."

    Il est intéressant de rapprocher cette phrase de Maurras de ce cri de "Mort aux Juifs" que l'on entend, aujourd'hui, de façon tout à fait habituelle et banale (et "l'affaire Ilan Halimi" n'est pas si loin...), dans ces 1.500 (et plus...) zones sensibles repertoriées par le Système. Car il s'agit bien là d'un antisémitisme de peau, d'un racisme que, justement, Maurras condamne. Et le parti qui doit se sentir le plus gêné aujourd'hui avec l'antisémitisme, c'est le Parti socialiste, le parti du Président, qui a raflé 93% du "vote muslman" dans ces banlieues où règne et s'étale un antisémitisme chaque jour plus agressif et plus décomplexé.

    La vérité toute simple est que l'antisémitisme existait bien avant Maurras, et n'avait pas eu besoin de lui pour naître, croître et prospérer; de même, l'antisémitisme existe toujours après Maurras, et n'a toujours pas besoin de lui pour continuer sa course.

    Enfin, sur le ton de la plaisanterie, mais appliqué à une chose sérieuse, nous avons rappelé à Georges Bourquart cette phrase de Lionel Jospin, parlant de l' "héritage" de Mitterand, qu'il acceptait "sous réserve d'inventaire". Georges Bourquart se souvenait évidemment très bien de ce moment de télévision, et est convenu que, ce que l'on permettait à Jospin, on devait le permettre aux royalistes et à ceux qui se réclament de Charles Maurras...

    Alors, oui, nous pouvons et nous devons faire un inventaire de l'héritage de Maurras. Que cet inventaire remette en cause son antisémitisme, celui qu'il professait, ou non. Ou d'autres points, de sa pensée ou de son oeuvre.

    Et, lorsque nous nous adressons à des jeunes de 18 ans, quels en sont les aspects qui nous intéressent le plus et que nous leur présentons ? 

    A l'intérieur, c'est le Maurras de L'Avenir de l'Intelligence, celui qui a démonté le mécanisme qui nous a conduits à notre actuel Âge de fer, dans lequel les forces de l'Argent, de l'Or, dominent sans partage et ont tout asservi...

    maurras,chemin de paradisA l'extérieur, c'est le Maurras de Kiel et Tanger, celui qui a montré comment la France, dès qu'elle renouera avec sa politique et sa diplomatie traditionnelle, pourra "manoeuvrer et grandir" : il lui suffira de recommencer à faire ce qu'elle a toujours fait, au cours des siècles, c'est-à-dire fédérer autour d'elle les petites et moyennes nations, qui, seules, ne peuvent s'exprimer, mais, si elles s'unissent à la France, forment - avec elle - un bloc capable de parler aux plus grands empires... 

    Oui, Maurras a encore quelque chose à nous dire ici et maintenant, et sur les sujets majeurs de notre aujourd'hui; oui, on a besoin de Maurras; et ceux qui se privent de son intelligence, et qui privent l'Intelligence française de sa contribution, au motif qu'il professait un certain  antisémitisme – qui, après tout, s’apparente, derrière la violence des mots, à l’attitude politique que De Gaulle et Mitterrand, eurent parfois à l’égard des Juifs - ne rendent pas un bon service au Pays.

    Le second président de la Vème République, George Pompidou, lors d’un discours à l’école libre de sciences politiques, le 8 décembre 1972, cita un passage de Kiel et Tanger : 

    « S’agissant de la France, de sa place et de son rôle dans le monde, il faut d’abord en prendre la mesure. Quelqu’un qui n’a jamais été mon maître à penser, tant s’en faut, Charles Maurras, a, dans Kiel et Tanger, dès 1910, prévu le monde actuel, je cite : « composé de deux systèmes : plusieurs empires avec un certain nombre de nationalités petites ou moyennes dans les entre-deux. Un monde ainsi formé, continue Maurras, ne sera pas des plus tranquilles. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants et la paix des uns et des autres ne reposera guère que sur la terreur qu’auront su inspirer réciproquement les colosses. Société d’épouvantement mutuel, compagnie d’intimidation alternante ». C’est bien là ce que nous voyons, n’est-ce pas ? J’en conclus que l’action de la France, aujourd’hui puissance moyenne typique, est simple et évidente...»

  • Trois textes de Maurras sur l'Enseignement : I : L'École laïque contre la France.

                Le site Maurras.net ( http://maurras.net/ ) a ressorti récemment deux textes de Maurras, portant sur l'Enseignement. Le premier est de 1928 et il nous a paru intéressant de le relire, accompagné d'une déclaration du Ministre de l'Education nationale faite en... 2010, et mis en note, plus bas, en fin d'article (1). Car si, dans l'article de Maurras, on voit apparaître un précurseur du chèque scolaire, on verra que l'idéologie dénoncée par lui en 1928 reste bien installée aujourd'hui dans le Pays Légal, qui n'entend pas, sur ce point, reculer d'un pouce.

                La comparaison des deux textes est donc éclairante, et pleine d'enseignements....

                L'article de Maurras est paru dans l’Almanach de l’Action française pour 1928, et s'intitule L'Ecole laïque contre la France.

                Le site l'accompagne d'un petit commentaire, dont voici quelques extraits : « ...On pourrait négliger ce fait, d’ailleurs patent, que cette école est une très mauvaise école. Du point de vue de la justice, il suffit pour condamner cette école que, enseignant la doctrine de quelques-uns, elle soit payée par tous et obligatoire pour tous, en particulier pour ceux qui n’ont aucun moyen de se défendre contre ses inventions, ses conjectures, ses frénésies et ses fanatismes. »

                Sans doute les insuffisances morales ou simplement intellectuelles de l’école de Jules Ferry sont présentées avant tout par Maurras : sa fausse neutralité qui en fait l’église ou du moins la salle paroissiale du culte républicain, sa vision de l’histoire qui est anti-nationale jusqu’à l’incohérence, et jusqu’à son élitisme masqué derrière la gratuité puisque seuls les enfants des bourgeois assez riches pour prendre soin par ailleurs de l’éducation de leur progéniture peuvent prétendre échapper à son influence.

                C’est en politique justement qu’il tire la seule leçon qui vaille, et pense à frapper cette école au seul endroit qui lui serait douloureux : cette école républicaine, républicaine militante, n’a pas à être payé par ceux qui ne sont pas républicains".

                L’article est accompagné dans l’Almanach du portrait de Charles Maurras reproduit ci dessous, et d’un fac-similé de sa signature, reproduit en fin d'article.

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    L'École laïque contre la France

    Un système d'abêtissement

     

    Il faut en finir avec le carnaval de la liberté de l'esprit.

    Il faut en finir avec la plus sournoise mais la plus odieuse oppression intellectuelle qui ait pesé sur un pays.

    Il faut en finir avec la théocratie kantienne et roussienne qui accable écoliers et contribuables français.

    Il y avait autrefois, en France, deux livres de classe, très inégalement respectables, d'une antiquité inégale, d'une popularité inégale aussi en fait comme en droit, mais qui représentaient ensemble la somme de l'esprit national. C'étaient le Catéchisme diocésain et (l'adjonction est de Nisard ) les Fables de La Fontaine.

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    Le catéchisme propageait tout l'essentiel de la morale et de la religion, il apprenait aux bambins ce qu'il faut faire et ce qu'il faut éviter, et comment et pourquoi ; le pourquoi naturel et le pourquoi surnaturel, la raison du devoir, la sanction du devoir, et ces précisions réalistes n'empêchaient pas d'entrouvrir à l'intention des âmes les plus fines, ou peut-être, en vue des moments les plus heureux des âmes communes, le royaume supérieur de la grâce et du pur amour. Le curé de village qui enseignait ainsi la morale et la foi philosophait pour toute l'âme. Il en intéressait toutes les parties basses, moyennes ou sublimes. Ainsi agissait-il. Ainsi obtenait-il des résultats spirituels et moraux dont toute la vie de notre France témoigne. Mais l'école laïque a supprimé le catéchisme. Elle l'a remplacé. Elle a substitué au catéchisme le manuel de morale laïque. Elle a substitué à la morale catholique ce stoïcisme germanique de Rousseau et de Kant, qu'il est bien permis d'appeler le dégoût solide et durable de toute raison, l'écœurement fondamental de toute intelligence claire et de tout esprit bien constitué, le haut-le-cœur essentiel du simple bon sens. Le bien pur pour le bien sec ! Le devoir de croire au devoir ! L'absolu désintéressement « sur la terre comme aux cieux » à la racine de tous les actes méritoires ! La vertu si cruellement escarpée qu'il n'y ait d'autre accès vers elle que l'hypocrisie. Et, par bonheur, trop de pathos et de charabia pour être assimilé même en surface non seulement par les enfants, mais par leurs maîtres ! Au total, une fois sur dix, éducation pervertie, neuf fois sur dix, néant d'éducation, d'où il résulte que le « petit sauvage » demeure inéduqué et qu'il se produit un formidable développement de criminalité dans l'enfance et dans la jeunesse.

    Il est vrai que l'école laïque ne s'est pas contentée de détourner au profit du manuel le catéchisme, elle lui a sacrifié aussi les Fables, elle a écarté aussi le répertoire exquis du bon sens national. Toute cette sagesse, toute cette malice, toute cette réflexion matoise et profonde a dû céder à des sentences utopiques, dans lesquelles le monde se conçoit renversé sens dessus dessous.

    De là, un prodigieux abêtissement.

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    Le paysan et le pâtre d'il y a septante-sept ans voyaient peut-être voler dans la nuit de Noël des angelots joufflus et des étoiles surnaturelles, mais ils savaient parfaitement à quelle catégorie particulière appartenaient ces êtres d'élite et d'exception : ils n'en concluaient pas au bouleversement des rapports naturels ni des rapports sociaux, ils ne croyaient pas au pouvoir international d'un programme de député, et l'idée que la guerre ou tout autre fléau pût être terminé par le tribunal à Genève n'entrait pas dans leur imagination. Ni la foi ni la poésie n'y faisait de tort au bon sens.

    Il n'en est plus de même, le Manuel a mêlé le Ciel et la Terre. Les fables vraies, les justes fables de La Fontaine qui gardaient et qui défendaient, ont cédé aux fables menteuses et niaises, aux fables qui livrent et trahissent, les fables de Léon Bourgeois et d'Édouard Herriot. Et le pis est que ce malheur n'est pas, comme pourrait le croire l'historien de l'an 3000, un résultat involontaire et inconscient d'une aveugle dégénérescence de race. Il est voulu. Il est visé. Il est systématiquement poursuivi. Nous payons pour qu'il soit touché. Une part de nos contributions annuelles est portée à l'État pour que, à chaque petit Français qui atteint l'âge d'aller à l'école, des sommes soient versées, des frais soient faits pour lui ôter des mains le catéchisme, lui rendre les Fables suspectes et lui imposer, avec toutes les marques et estampilles de l'État, le stupide petit Manuel qui lui enseignera de véritables billevesées sur la nature essentielle du réel et du possible, du bien et du mal !

     

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    Une religion d'État

     

    Tout le régime d'enseignement désigné sous le nom de laïcité représente un système complet d'embrigadement et de domestication des intelligences et des consciences populaires. Hors du peuple, dans les classes aisées, moyennes et supérieures, il y a des voies ouvertes toutes grandes pour échapper à cette trituration administrative des cervelles et des cœurs selon le procédé de Rousseau et de Kant qu'imposa la bande des huguenots sectaires et des kantistes bismarckiens qui entouraient Jules Ferry vers 1880 ! Un fils de famille bourgeoise a chance d'apprendre une autre morale que la prétendue éthique indépendante et ses burlesques fariboles : un enfant du peuple, non. Le pauvre petit avalera Rousseau et digérera Kant mis en pilules de la marque Buisson-Pécaut-Monod et Cie. Il n'aura pas le moyen de recevoir une autre éducation, ces sottises lui seront imposées par la loi de l'État, et avec l'argent de l'État, c'est-à-dire notre argent à tous. La secte kantienne et roussienne ne paye pas des établissements pour propager ses chimères anticatholiques et anticritiques, lesquelles sont aussi, par-dessus le marché, tout à fait anarchiques. Ce groupe s'est emparé de l'État, il s'y est installé, et c'est de là, par là, que sa marchandise anti-intellectuelle s'écoule.
                                                                     Sous la laïcité, le laïcisme..., haine du catholicisme.

     "...Jules Ferry dit vouloir "organiser l'humanité sans roi et sans Dieu". C'est d'abord sur le terrain de l'école que les Républicains engagent le combat...." ("Un Prince français", Chapitre 6, Foi, page 118).

    Que mon lecteur ne se fâche point des épithètes un peu rudes. Elles sont au-dessous de la vérité. Toute la France finira par savoir quel mécanisme d'abrutissement (et aussi quel instrument de démoralisation), constitue la morale rousso-kantienne dans l'enseignement primaire. Cela tue le pays. Cela tue l'esprit du pays. L'Université le sait bien, et tout ce qui pense dans l'Université, enseignement secondaire et supérieur. Mais cette haute Université est bâillonnée. Elle ne peut parler. Elle est d'État. L'État la tient et il la tue, comme il est en train de tuer, cet État républicain, toute bonne chose française.

    On le voit, c'est à un point de vue national, au point de vue de l'intelligence non confessionnelle, comme à un point de vue de simple moralité effective, que je me place pour éclairer le pays sur la véritable réalité du laïcisme : ce régime, cet État, est un régime de théocratie ou de sacristie, tous les mots d'ordre secret y sont d'ordre religieux et une dogmatique implicite y est imposée à ses adhérents de cœur et d'esprit, à ceux, qui ont véritablement reçu l'initiation aux derniers mystères, ou qui doivent voir, comme ils disent, la lumière du trente-troisième appartement .

    On me dira :

    — Quelle dogmatique ? Quelle idée enfermée dans ce dogme ?

    Je réponds :

  • « Le maurrassisme la pire des insultes à l'encontre de l'Eglise catholique » ? Lisez donc Maurras, Tillinac !

     

    Maurras s'explique ici, avec une hauteur et une ampleur de vue qui devrait faire rougir de honte l'auteur de l'accusation reprise en titre*. Il s'explique sur le grand respect, la sourde tendresse, la profonde affection qu'il voue - et avec lui toute l'Action française, croyants ou non - à la religion catholique. En ce temps là comme au nôtre, cet attachement - rendu pourtant parfois fort difficile par tels des revirements, des évolutions, ou des prises de position de l'Eglise - a toujours fait l'objet d'une sorte de critique catholique - venue de milieux bien déterminés - suspectant sa sincérité ou ses motivations supposées. Cette même mouvance s'employait par ailleurs, à combattre simultanément tout ce qui, dans l'Eglise pouvait relever de la Tradition. Nous n'ajouterons pas à la longueur de ce superbe texte. Il sera l'un de nos grands textesLafautearousseau

    * Denis Tillinac - Famille chrétienne, 28.04.2016

     

    I

    maurras_democratie_religieuse_1978_vignette.pngOn se trompe souvent sur le sens et sur la nature des raisons pour lesquelles certains esprits irréligieux ou sans croyance religieuse ont voué au Catholicisme un grand respect mêlé d'une sourde tendresse et d'une profonde affection. — C'est de la politique, dit-on souvent. Et l'on ajoute : — Simple goût de l'autorité. On poursuit quelquefois : — Vous désirez une religion pour le peuple… Sans souscrire à d'aussi sommaires inepties, les plus modérés se souviennent d'un propos de M. Brunetière : « L'Église catholique est un gouvernement », et concluent : vous aimez ce gouvernement fort.

    Tout cela est frivole, pour ne pas dire plus. Quelque étendue que l'on accorde au terme de gouvernement, en quelque sens extrême qu'on le reçoive, il sera toujours débordé par la plénitude du grand être moral auquel s'élève la pensée quand la bouche prononce le nom de l'Église de Rome. Elle est sans doute un gouvernement, elle est aussi mille autres choses. Le vieillard en vêtements blancs qui siège au sommet du système catholique peut ressembler aux princes du sceptre et de l'épée quand il tranche et sépare, quand il rejette ou qu'il fulmine ; mais la plupart du temps son autorité participe de la fonction pacifique du chef de chœur quand il bat la mesure d'un chant que ses choristes conçoivent comme lui, en même temps que lui. La règle extérieure n'épuise pas la notion du Catholicisme, et c'est lui qui passe infiniment cette règle. Mais où la règle cesse, l'harmonie est loin de cesser. Elle s'amplifie au contraire. Sans consister toujours en une obédience, le Catholicisme est partout un ordre. C'est à la notion la plus générale de l'ordre que cette essence religieuse correspond pour ses admirateurs du dehors.

    image.jpgIl ne faut donc pas s'arrêter à la seule hiérarchie visible des personnes et des fonctions. Ces gradins successifs sur lesquels s'échelonne la majestueuse série des juridictions font déjà pressentir les distinctions et les classements que le Catholicisme a su introduire ou raffermir dans la vie de l'esprit et l'intelligence du monde. Les constantes maximes qui distribuent les rangs dans sa propre organisation se retrouvent dans la rigueur des choix critiques, des préférences raisonnées que la logique de son dogme suggère aux plus libres fidèles. Tout ce que pense l'homme reçoit, du jugement et du sentiment de l'Église, place proportionnelle au degré d'importance, d'utilité ou de bonté. Le nombre de ces désignations électives est trop élevé, leur qualification est trop minutieuse, motivée trop subtilement, pour qu'il ne semble pas toujours assez facile d'y contester, avec une apparence de raison, quelque point de détail. Où l'Église prend sa revanche, où tous ses avantages reconquièrent leur force, c'est lorsqu'on en revient à considérer les ensembles. Rien au monde n'est comparable à ce corps de principes si généraux, de coutumes si souples, soumis à la même pensée, et tel enfin que ceux qui consentirent à l'admettre n'ont jamais pu se plaindre sérieusement d'avoir erré par ignorance et faute de savoir au juste ce qu'ils devaient. La conscience humaine, dont le plus grand malheur est peut-être l'incertitude, salue ici le temple des définitions du devoir.

    Cet ordre intellectuel n'a rien de stérile. Ses bienfaits rejoignent la vie pratique. Son génie prévoyant guide et soutient la volonté, l'ayant pressentie avant l'acte, dès l'intention en germe, et même au premier jet naissant du vœu et du désir. Par d'insinuantes manœuvres ou des exercices violents répétés d'âge en âge pour assouplir ou pour dompter, la vie morale est prise à sa source, captée, orientée et même conduite, comme par la main d'un artiste supérieur.

    Pareille discipline des puissances du cœur doit descendre au delà du cœur. Quiconque se prévaut de l'origine catholique en a gardé un corps ondoyé et trempé d'habitudes profondes qui sont symbolisées par l'action de l'encens, du sel ou du chrême sacrés, mais qui déterminent des influences et des modifications radicales. De là est née cette sensibilité catholique, la plus étendue et la plus vibrante du monde moderne, parce qu'elle provient de l'idée d'un ordre imposé à tout. Qui dit ordre dit accumulation et distribution de richesses : moralement, réserve de puissance et de sympathie.

    II

    On pourrait expliquer l'insigne merveille de la sensibilité catholique par les seules vertus d'une prédication de fraternité et d'amour, si la fraternité et l'amour n'avaient produit des résultats assez contraires quand on les a prêchés hors du catholicisme. N'oublions pas que plus d'une fois dans l'histoire il arriva de proposer « la fraternité ou la mort » et que le catholicisme a toujours imposé la fraternité sans l'armer de la plus légère menace : lorsqu'il s'est montré rigoureux ou sévère jusqu'à la mort, c'est de justice ou de salut social qu'il s'est prévalu, non d'amour. Le trait le plus marquant de la prédication catholique est d'avoir préservé la philanthropie de ses propres vertiges, et défendu l'amour contre la logique de son excès. Dans l'intérêt d'une passion qui tend bien au sublime, mais dont la nature est aussi de s'aigrir et de se tourner en haine aussitôt qu'on lui permet d'être la maîtresse, le catholicisme a forgé à l'amour les plus nobles freins, sans l'altérer ni l'opprimer.

    Par une opération comparable aux chefs-d'œuvre de la plus haute poésie, les sentiments furent pliés aux divisions et aux nombres de la Pensée ; ce qui était aveugle en reçut des yeux vigilants ; le cœur humain, qui est aussi prompt aux artifices du sophisme qu'à la brutalité du simple état sauvage, se trouva redressé en même temps qu'éclairé.

    Un pareil travail d'ennoblissement opéré sur l'âme sensible par l'âme raisonnable était d'une nécessité d'autant plus vive que la puissance de sentir semble avoir redoublé depuis l'ère moderne. « Dieu est tout amour », disait-on. Que serait devenu le monde si, retournant les termes de ce principe, on eût tiré de là que « tout amour est Dieu » ? Bien des âmes que la tendresse de l'évangile touche, inclinent à la flatteuse erreur de ce panthéisme qui, égalisant tous les actes, confondant tous les êtres, légitime et avilit tout. Si elle eût triomphé, un peu de temps aurait suffi pour détruire l'épargne des plus belles générations de l'humanité. Mais elle a été combattue par l'enseignement et l'éducation que donnait l'Église : — Tout amour n'est pas Dieu, tout amour est « DE DIEU ». Les croyants durent formuler, sous peine de retranchement, cette distinction vénérable, qui sauve encore l'Occident de ceux que Macaulay 2 appelle les barbares d'en bas.

    Aux plus beaux mouvements de l'âme, l'Église répéta comme un dogme de foi : « Vous n'êtes pas des dieux ». À la plus belle âme elle-même : « Vous n'êtes pas un Dieu non plus ». En rappelant le membre à la notion du corps, la partie à l'idée et à l'observance du tout, les avis de l'Église éloignèrent l'individu de l'autel qu'un fol amour-propre lui proposait tout bas de s'édifier à lui-même ; ils lui représentèrent combien d'êtres et d'hommes, existant près de lui, méritaient d'être considérés avec lui : — n'étant pas seul au monde, tu ne fais pas la loi du monde, ni seulement ta propre loi. Ce sage et dur rappel à la vue des choses réelles ne fut tant écouté que parce qu'il venait de l'Église même. La meilleure amie de chaque homme, la bienfaitrice commune du genre humain, sans cesse inclinée sur les âmes pour les cultiver, les polir et les perfectionner, pouvait leur interdire de se choisir pour centre.

    Elle leur montrait ce point dangereux de tous les progrès obtenus ou désirés par elle. L'apothéose de l'individu abstrait se trouvait ainsi réprouvée par l'institution la plus secourable à tout individu vivant. L'individualisme était exclu au nom du plus large amour des personnes, et ceux-là mêmes qu'entre tous les hommes elle appelait, avec une dilection profonde, les humbles, recevaient d'elle un traitement de privilège, à la condition très précise de ne point tirer de leur humilité un orgueil, ni de la sujétion le principe de la révolte.


    La douce main qu'elle leur tend n'est point destinée à leur bander les yeux. Elle peut s'efforcer de corriger l'effet d'une vérité âpre. Elle ne cherche pas à la nier ni à la remplacer par de vides fictions. Ce qui est : voilà le principe de toute charitable sagesse. On peut désirer autre chose. Il faut d'abord savoir cela. Puisque le système du monde veut que les plus sérieuses garanties de tous les « droits des humbles » ou leurs plus sûres chances de bien et de salut soient liées au salut et au bien des puissants, l'Église n'encombre pas cette vérité de contestations superflues. S'il y a des puissants féroces, elle les adoucit, pour que le bien de la puissance qui est en eux donne tous ses fruits ; s'ils sont bons, elle fortifie leur autorité en l'utilisant pour ses vues, loin d'en relâcher la précieuse consistance. Il faudrait se conduire tout autrement si notre univers était construit d'autre sorte et si l'on pouvait y obtenir des progrès d'une autre façon. Mais tel est l'ordre. Il faut le connaître si l'on veut utiliser un seul de ses éléments. Se conformer à l'ordre abrège et facilite l'œuvre. Contredire ou discuter l'ordre est perdre son temps. Le catholicisme n'a jamais usé ses puissances contre des statuts éternels ; il a renouvelé la face de la terre par un effort d'enthousiasme soutenu et mis en valeur au moyen d'un parfait bon sens. Les réformateurs radicaux et les amateurs de révolution n'ont pas manqué de lui conseiller une autre conduite, en le raillant amèrement de tant de précautions. Mais il les a tranquillement excommuniés un par un.

    III

    L'Église catholique, l'Église de l'Ordre, c'étaient pour beaucoup d'entre nous deux termes si évidemment synonymes qu'il arrivait de dire : « un livre catholique » pour désigner un beau livre, classique, composé en conformité avec la raison universelle et la coutume séculaire du monde civilisé ; au lieu qu'un « livre protestant » nous désignait tout au contraire des sauvageons sans race, dont les auteurs, non dépourvus de tout génie personnel, apparaissaient des révoltés ou des incultes. Un peu de réflexion nous avait aisément délivrés des contradictions possibles établies par l'histoire et la philosophie romantiques entre le catholicisme du Moyen-Âge et celui de la Renaissance. Nous cessions d'opposer ces deux périodes, ne pouvant raisonnablement reconnaître de différences bien profondes entre le génie religieux qui s'était montré accueillant pour Aristote et pour Virgile et celui qui reçut un peu plus tard, dans une mesure à peine plus forte, les influences d'Homère et de Phidias. Nous admirions quelle inimitié ardente, austère, implacable, ont montrée aux œuvres de l'art et aux signes de la beauté les plus résolus ennemis de l'organisation catholique. Luther est iconoclaste comme Tolstoï, comme Rousseau. Leur commun rêve est de briser les formes et de diviser les esprits. C'est un rêve anti-catholique. Au contraire, le rêve d'assembler et de composer, la volonté de réunir, sans être des aspirations nécessairement catholiques, sont nécessairement les amis du catholicisme. À tous les points de vue, dans tous les domaines et sous tous les rapports, ce qui construit est pour, ce qui détruit est contre ; quel esprit noble ou quel esprit juste peut hésiter ?

    Chez quelques-uns, que je connais, on n'hésita guère. Plus encore que par sa structure extérieure, d'ailleurs admirable, plus que par ses vertus politiques, d'ailleurs infiniment précieuses, le catholicisme faisait leur admiration pour sa nature intime, pour son esprit. Mais ce n'était pas l'offenser que de l'avoir considéré aussi comme l'arche du salut des sociétés. S'il inspire le respect de la propriété ou le culte de l'autorité paternelle ou l'amour de la concorde publique, comment ceux qui ont songé particulièrement à l'utilité de ces biens seraient-ils blâmables d'en avoir témoigné gratitude au catholicisme ? Il y a presque du courage à louer aujourd'hui une doctrine religieuse qui affaiblit la révolution et resserre le lien de discipline et de concorde publique, je l'avouerai sans embarras. Dans un milieu de politiques positivistes que je connais bien, c'est d'un Êtes vous catholiques ? que l'on a toujours salué les nouveaux arrivants qui témoignaient de quelque sentiment religieux. Une profession catholique rassurait instantanément et, bien qu'on n'ait jamais exclu personne pour ses croyances, la pleine confiance, l'entente parfaite n'a jamais existé qu'à titre exceptionnel hors de cette condition.

    La raison en est simple en effet, dès qu'on s'en tient à ce point de vue social. Le croyant qui n'est pas catholique dissimule dans les replis inaccessibles du for intérieur un monde obscur et vague de pensées ou de volontés que la moindre ébullition, morale ou immorale, peut lui présenter aisément comme la voix, l'inspiration et l'opération de Dieu même.

    Aucun contrôle extérieur de ce qui est ainsi cru le bien et le mal absolus. Point de juge, point de conseil à opposer au jugement et au conseil de ce divin arbitre intérieur. Les plus malfaisantes erreurs peuvent être affectées et multipliées, de ce fait, par un infini. Effrénée comme une passion et consacrée comme une idole, cette conscience privée peut se déclarer, s'il lui plaît, pour peu que l'illusion s'en mêle, maîtresse d'elle-même et loi plénière de tout : ce métaphysique instrument de révolte n'est pas un élément sociable, on en conviendra, mais un caprice et un mystère toujours menaçant pour autrui.

    Le-pape-Francois-inaugure-le-debut-de-l-Annee-sainte (1).jpgIl faut définir les lois de la conscience pour poser la question des rapports de l'homme et de la société ; pour la résoudre, il faut constituer des autorités vivantes chargées d'interpréter les cas conformément aux lois. Ces deux conditions ne se trouvent réunies que dans le catholicisme. Là et là seulement, l'homme obtient ses garanties, mais la société conserve les siennes : l'homme n'ignore pas à quel tribunal ouvrir son cœur sur un scrupule ou se plaindre d'un froissement, et la société trouve devant elle un grand corps, une société complète avec qui régler les litiges survenus entre deux juridictions semblablement quoique inégalement compétentes. L'Église incarne, représente l'homme intérieur tout entier ; l'unité des personnes est rassemblée magiquement dans son unité organique. L'État, un lui aussi, peut conférer, traiter, discuter et négocier avec elle. Que peut-il c

  • Grandes ”Une” de L'Action française : du 4 au 11 septembre 1934, la croisière du Campana...(5/11)

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    • Dans le numéro du Lundi 23 Juillet 34 (page deux)... :

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    Voici la "Une" du  Samedi 15 septembre, qui donne - tout en bas des deux colonnes centrales - la photo que nous avons déjà vue dans notre deuxième livraison sur cette croisière : le passage en revue des Camelots par le Comte de Paris, accompagné de Maurras, Pujo... et les autres ! :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765727r

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    Il n'y a pas d'articles, dans ce numéro, pour accompagner cette photo en "Une". Mais, en page trois, la Revue de presse (toujours signée "Intérim" puisque Maurras est en Provence) commence par cette lettre envoyée au Figaro par Simon Arbellot, l'un des passagers du Campana :

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    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

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  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : L'entretien avec Le Dauphiné libéré (IV/V)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé les trois dernières semaines en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, d'abord, puis Jean-François Mattéi et sa très belle intervention dans le jardin du Chemin de Paradis, le 1er septembre 2012; puis avec une sorte de reportage, tiré de nos riches archives, sur ce que fut cette journée d'hommage du 1er septembre 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la mort de Maurras.

    Le rappel de cette journée montre bien ce qu'était la Maison de Maurras jusqu'à ce que la Mairie de Martigues n'en interdise l'accès, ne la "ferme", aussi sournoisement que brutalement; n'érige autour d'elle comme une sorte de Mur de Berlin, aussi réel qu'invisible...

     "Avant", tout le monde pouvait aller admirer le lieu, et  nous ne nous privions pas, à l'Union Royaliste Provençale. Ces jours heureux sont, pour l'instant, révolus. Jusqu'à quand ? C'est toute la question, et la raison de notre protestation, qui ne cessera que lorsque nous aurons obtenu ce que nous demandons :

    1. Des informations claires et précises sur les travaux promis, et un calendrier, même approximatif, concernant le déroulement de ces travaux, qui doivent aboutir à la réouverture de la Maison au public...

    2. Et, en attendant, la remise à disposition du public du libre accès au jardin, sans autres conditions que celles qui prévalent en n'importe quel autre endroit public du pays, selon les règles et normes en vigueur partout...

    Cette semaine - avant-dernière avant que notre Campagne de sensibilisation ne prenne une autre forme, dès le lendemain des élections municipales - nous vous présentons une conséquence directe de cette journée d'hommage du 1er septembre 2012 : Georges Bourquart, journaliste au Dauphiné libéré, nous a écrit trois jours après pour nous demander de lui faire visiter la Maison et le Jardin, et de lui présenter Charles Maurras... (IV/V)

    L'antisémitisme de Maurras...

    Nous avons surabondamment parlé de ce sujet sur le Blog, en répondant, par exemple, à des articles ou des déclarations d'un Bernard-Henry Lévy, d'un Alain-Gérard Slama ou d'autres....

    Comme pour de précédentes questions, nous avons donc renvoyé Georges Bourquard à ce qui se trouvait sur Lafautearousseau, et notamment à notre PDF M. le Maudit ...

    Nous ne devons pas craindre de parler franchement de l'antisémitisme de Maurras. Au contraire, il faut l'expliquer, le remettre dans son contexte et, le comparant à d'autres, montrer que Maurras fut finalement bien moins antisémite que beaucoup de gens lourdement encensés de nos jours. Et, en tout cas, bien différemment.

    Il faut être sérieux, et, surtout, il faut être juste et honnête. Ce que l'on n'est pas, avec Maurras et son antisémitisme...

    Sans remonter plus loin que lui - ce qui nous fait tout de même presque 2.000 ans... - force est de constater que, depuis que l'Empereur Titus, accomplissant la prédiction de Jésus, a détruit le Temple de Jérusalem, et emporté à Rome tout ce qu'il contenait, l'antisémitisme est une réalité assez largement partagée, qui transcende les époques, les pays, les peuples, les religions, les philosophies, les partis politiques. 

    Celui qui se donnerait pour tâche de collecter les citations antisémites du monde entier, toutes cultures, toutes religions, toutes couleurs de peau, toutes époques, toutes opinions politiques ou philosophiques etc. confondues réaliserait sans peine un gros bouquin. Et l'on serait surpris des gens que l'on y "rencontrerait". D'ailleurs, nous réaliserons ce travail, un jour.

    Nous avons donc rappelé à notre interlocuteur que Napoléon dispose d'un tombeau grandiose aux Invalides, lui qui déclarait sans sourciller des juifs : "Ce sont des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France" ! Et que Voltaire avait, lui aussi, les honneurs officiels, au Panthéon. Il a pourtant bien écrit ceci : "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Voltaire, Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent..."

    Vraiment, le Système honore de ces gens, et a de ces fréquentations !

    N'est-il pas étrange, dans ces conditions, d'entendre toujours et à tout bout de champ le refrain "Maurras antisémite", alors que nul ne s'émeut du grandiose hommage rendu à ces deux antisémites que furent Napoléon et Voltaire ? Ou bien on rêve, ou bien on vit dans le mensonge, la tartuferie, l'hypocrisie. Et, comme on ne rêve pas, la conclusion s'impose, d'évidence.

    Un exemple éloquent du traitement particulier réservé à Maurras : alors que Léon Poliakov, dans le tome III de son Histoire de l'Antisémitisme, fait de Voltaire "le pire antisémite français du XVIIIème siècle", Roland Desné défend Voltaire : "Ce n'est pas parce que certaines phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe du persécuteur".

    Ah, bon ? On fait pareil pour Maurras, alors ?

    Sinon, pourquoi deux poids et deux mesures ? La réponse est claire, ne soyons pas naîfs : c'est qu'il s'oppose au Système sur le fond; qu'il en a fait une critique, au sens propre, radicale, au point que nombre de ses démonstrations, de ses conclusions, sont, en fait, passées dans le domaine public; que ses adversaires, eux-mêmes, en sont imprégnés, s'en servent, les reprennent; et que l'idéologie qui sous tend le système s'en trouve irrémédiablement affaiblie. Est-ce pardonnable ?      

    Ceux qui reprochent son antisémitisme au seul Maurras - et pas aux autres ! - feraient bien de... lire Maurras ! Ils y trouveraient, par exemple, cette phrase :

    "L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs bien nés."

    Il est intéressant de rapprocher cette phrase de Maurras de ce cri de "Mort aux Juifs" que l'on entend, aujourd'hui, de façon tout à fait habituelle et banale (et "l'affaire Ilan Halimi" n'est pas si loin...), dans ces 1.500 (et plus...) zones sensibles répertoriées par le Système. Car il s'agit bien là d'un antisémitisme de peau, d'un racisme que, justement, Maurras condamne.

    Et le parti qui doit se sentir le plus gêné aujourd'hui avec l'antisémitisme, c'est le Parti socialiste, le parti du Président, qui a raflé 93% du "vote muslman" dans ces banlieues où règne et s'étale un antisémitisme chaque jour plus agressif et plus décomplexé.

    La vérité toute simple est que l'antisémitisme existait bien avant Maurras, et n'avait pas eu besoin de lui pour naître, croître et prospérer; de même, l'antisémitisme existe toujours après Maurras, et n'a toujours pas besoin de lui pour continuer sa course.

    Enfin, sur le ton de la plaisanterie, mais appliqué à une chose sérieuse, nous avons rappelé à Georges Bourquart cette phrase de Lionel Jospin, parlant de l' "héritage" de Mitterand, qu'il acceptait "sous réserve d'inventaire". Georges Bourquart se souvenait évidemment très bien de ce moment de télévision, et est convenu que, ce que l'on permettait à Jospin, on devait le permettre aux royalistes et à ceux qui se réclament de Charles Maurras...

    Alors, oui, nous pouvons et nous devons faire un inventaire de l'héritage de Maurras. Que cet inventaire remette en cause son antisémitisme, celui qu'il professait, ou non. Ou d'autres points, de sa pensée ou de son oeuvre.

    Et, lorsque nous nous adressons à des jeunes de 18 ans, quels en sont les aspects qui nous intéressent le plus et que nous leur présentons ? 

    A l'intérieur, c'est le Maurras de L'Avenir de l'Intelligence, celui qui a démonté le mécanisme qui nous a conduits à notre actuel Âge de fer, dans lequel les forces de l'Argent, de l'Or, dominent sans partage et ont tout asservi...

    A l'extérieur, c'est le Maurras de Kiel et Tanger, celui qui a montré comment la France, dès qu'elle renouera avec sa politique et sa diplomatie traditionnelle, pourra "manoeuvrer et grandir" : il lui suffira de recommencer à faire ce qu'elle a toujours fait, au cours des siècles, c'est-à-dire fédérer autour d'elle les petites et moyennes nations, qui, seules, ne peuvent s'exprimer, mais, si elles s'unissent à la France, forment - avec elle - un bloc capable de parler aux plus grands empires... 

    Oui, Maurras a encore quelque chose à nous dire ici et maintenant, et sur les sujets majeurs de notre aujourd'hui; oui, on a besoin de Maurras; et ceux qui se privent de son intelligence, et qui privent l'Intelligence française de sa contribution, au motif qu'il professait un certain antisémitisme – qui, après tout, s’apparente, derrière la violence des mots, à l’attitude politique que De Gaulle et Mitterrand, eurent parfois à l’égard des Juifs - ne rendent pas un bon service au Pays...

    Le second président de la Vème République, George Pompidou, lors d’un discours à l’école libre de sciences politiques, le 8 décembre 1972, cita un passage de Kiel et Tanger : 

    « S’agissant de la France, de sa place et de son rôle dans le monde, il faut d’abord en prendre la mesure. Quelqu’un qui n’a jamais été mon maître à penser, tant s’en faut, Charles Maurras, a, dans Kiel et Tanger, dès 1910, prévu le monde actuel, je cite : « composé de deux systèmes : plusieurs empires avec un certain nombre de nationalités petites ou moyennes dans les entre-deux. Un monde ainsi formé, continue Maurras, ne sera pas des plus tranquilles. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants et la paix des uns et des autres ne reposera guère que sur la terreur qu’auront su inspirer réciproquement les colosses. Société d’épouvantement mutuel, compagnie d’intimidation alternante ». C’est bien là ce que nous voyons, n’est-ce pas ? J’en conclus que l’action de la France, aujourd’hui puissance moyenne typique, est simple et évidente...»

    (à suivre...)

    lafautearousseau