A la découverte de l'homme Maurras (16) : Une visite mouvementée des Bainville et des Daudet...
lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.
C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.
Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...
Aujourd'hui (16) : Une visite mouvementée des Bainville et des Daudet...
Nous redisons ici, aujourd'hui, ce que nous avons dit hier : nous dédions bien sûr l'ensemble de notre "feuilleton Maurras" - et tout spécialement ce numéro d'aujourd'hui - à ce pauvre membre de l'équipe municipale qui a refusé l'entrée du jardin à Franz Olivier Giesbert et à nous-même en osant déclarer :
« Nous ce qu'on dit, c'est que cette maison elle n'est rien. Ce n'est pas un musée. C'est quatre murs où a vécu Charles Maurras. Rien d'autre. Eh oui ! C'est tout. »
Voici un extrait de Charles Maurras et son temps (Ernest Flammarion, 1930) dans lequel Léon Daudet restitue quelque chose de l'amitié qui réunissait les trois figures de proue de l'Action française : Bainville, Maurras et lui-même, Daudet.
Une amitié intellectuelle, certes, fondée sur l'accord des esprits, mais aussi, on va le voir, une amitié qui ne se limitait pas à l'intellectuel.
Cet extrait a le mérite de rendre un peu de la réalité vivante, de la chaleur de ce que fut l'entente de ces trois amis.
Et, au-delà des habituels développements sur leurs qualités intellectuelles, de nous les restituer dans ce qu'ils avaient d'humain, de bien vivants, en chair et en os si l'on peut dire...
« En septembre 1925, nous avions décidé, nos amis Bainville, ma femme et moi, de nous rendre à l’invitation de Maurras à Martigues et de lui amener, comme il le désirait, Hervé Bainville, jeune homme de quatre années et son très jeune filleul François Daudet. Cette mémorable expédition commença mal : le train rapide faillit télescoper, près de Sens, un expresse qui le précédait, et, à partir de là, tel le bateau ivre, dériva de Sens à Saint-Germain-des-Fossés, à Montluçon, à Bourges, à Ganat, à Tarare, à Lyon et vers quelques autres villes encore ; si bien qu’au lieu d’arriver à Marseille le matin à neuf heures, comme il se doit, nous n’y parvînmes, après mille détours et péripéties, qu’à onze heures du soir. Soit quatorze heures de retard, et pas de pain, ni de victuailles dans le wagon restaurant ! Ma femme eut une inspiration très heureuse :
- Je suis sûre, nous dit-elle, que Maurras aura préparé à souper. Ne restons pas ici. Sautons, avec nos bagages, dans ces deux automobiles, et allons tout de suite à Martigues !
Sitôt dit, sitôt fait. Après quarante kilomètres avalés dans la nuit chaude et blanche de poussière, nous débarquions, vers minuit, dans la célèbre demeure du chemin de Paradis. Maurras, balançant une grosse lanterne, nous conduisit aussitôt dans la salle à manger, au milieu des rires et des cris d’appétit des enfants bien réveillés.
Une jeune dame de beaucoup d’esprit a défini ainsi Maurras : « Un maître de maison ». Ce grand politique, ce poète admirable, ce redresseur de l’ordre français s’entend comme personne à régaler ses amis. Son hospitalité fastueuse avait combiné, ce soir-là, un festin de Pantagruel ou de Gamache, lequel commençait par une bouillabaisse classique, exhaussée de la « rouille » traditionnelle, qui met la soupe de soleil à la puissance 2 ; se continuait par des soles « bonne femme » et des loups grillés ; atteignait au grandiose et au sublime avec un plat d’une douzaine de perdreaux de Provence, demeurés tièdes et dorés, sur des « lèches » de pain, comme on ne les obtient que dans la vallée du Rhône – pardonne-moi, ô Bresse – et arrivés à la consistance du baba. Chaque enfant mangea son perdreau. Celui qui écrit ceci, comme disait Hugo, mangea deux perdreaux, pécaïre, toute une sole, le tiers de la bouillabaisse, et le reste à l’avenant, suivi de près par Jacques Bainville, romancier, journaliste, historien et financier des plus gourmands.
Maurras ne cessait de nous encourager et de nous verser à boire, car j’aime autant vous dire tout de suite que sa cave est à la hauteur de sa table et qu’il est un des très rares amphitryons de France sachant vider, dans les grands verres, quelques bouteilles de vin du Rhône. Il nous en ouvrit, cette nuit-là, de prodigieuses. La conversation roula sur la poésie, le langage et la Provence, dans une atmosphère à la Platon. Les enfants, gonflés de nourriture et de sommeil, étaient allés se coucher, bien entendu, et dormirent douze heures d’affilée.
Le lendemain, Maurras nous emmenait tous faire quelque deux cents kilomètres en automobile dans cette région enchantée qui est entre les Alpes et la mer, où l’on ne peut faire dix pas sans rencontrer un grand souvenir, un vers de Mistral, ou une belle fille élancée, au teint mat et aux yeux noirs.
Ainsi passaient et couraient les douces heures claires de l’amitié et de la fantaisie.
Ne croyez pas ceux qui vous diront que les gens d’A.F. sont des censeurs ou docteurs moroses; ou qu’ils ont mauvais caractère. Depuis vingt-trois ans que je vois quotidiennement Maurras, je n’ai cessé de découvrir de nouvelles raisons de l’admirer et de l’aimer....
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