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  • Éphémérides du mois de Février : Table des matières

    FLEURDEL CHAP S HUBERT AMBOISE.jpg1 : 1328 : Mort de Charles IV, fin des Capétiens directs. 1669 : Première de Tartuffe. 1801 : Naissance de Littré. 1920 : Premier Grand Prix d'Amérique... 1933 : Léon Daudet annonce la guerre avec Hitler... 1954 : Appel de l'Abbé Pierre. 

    2 : Évocation : Essai de bilan des Capétiens. Menton et Roquebrune deviennent françaises...

    : 1190 : Premier Conseil municipal de Paris. 1590 : Mort de Germain Pilon. 1689 : Première d'Esther. 1753 : Naissance de Stofflet. 1909 : Naissance de Simone Weil. 1924 : Mort du président Woodrow Wilson, utopiste naïf et malfaisant... 1945 : Maurras compose en prison son poème Où suis-je ?

    4 : 1575 : Naissance de Pierre de Berulle. 1644 : Aux origines du Régiment Royal Bretagne... 1881 : Naissance de Cavaillé-Coll. 1944 : Création de l'Antigone, d'Anouilh. (Le mythe d'Antigone, deux versions de la légende de la mythologie grecque). 1941 : Date probable de la Lettre à André Breton, de Saint Exupéry... 1995 : Première édition de La Folle Journée de Nantes.

    5 : 1404 : Naissance de Gilles de Rais, Barbe-bleue. 1624 : Naissance de la Marquise de Sévigné. 1676 : Louis XIV amnistie les "Bonnets rouges" de Bretagne... 1679 : Paix de Nimègue. 1807 : Mort de Pascal Paoli. 1878 : Naissance d'André Citroën.

    6 : 1711 : Succès complet de l'expédition de Rio de Janeiro menée par Dugay-Trouin. 1778 : Traité d'alliance entre Louis XVI et les Insurgents. 1934 : Manifestation anti-parlementaire, place de la Concorde. 1981 : Mort de Marthe Robin.

    7 : 1317 : Mort de Robert de Clermont, aux origines de la 3ème Maison de Bourbon, aujourd'hui Famille de France. 1517 : François Premier fonde Le Havre. 1594 : Lyon se rallie à Henri IV. 1662 : Aux origines de l'expression "Côté Cour, côté Jardins"... 1745 : Naissance de Joseph Boze. 1788 : Dernier rapport de La Pérouse... 1922 : Marie Curie, première femme élue à l'Académie de Médecine. 1992 : Traité de Maastricht.

    8 : 1764 : Naissance de Jean-Louis Lagnel. 1807 : Bataille d'Eylau. 1808 : Première observation scientifique du phénomène de réfraction permettant de voir le Canigou depuis la colline de Notre-Dame de la Garde, à Marseille. 1828 : Naissance de Jules Verne. 1919 : Inauguration du vol commercial Paris Londres.

    9 : 1879/1936 : Naissance et mort de Jacques Bainville. 1953 : Koenigsmark, le premier Livre de Poche...

    10 : 1638 : Voeu de Louis XIII. 1739 : Création du Régiment Royal Corse... 1891 : Naissance d'André Coyne. 1898 : Naissance de Joseph Kessel.

    11 : 1250 : Louis IX, premier roi de France à être fait prisonnier... 1650 : Mort de Descartes. 1660 : Pose de la première pierre du Fort Saint Nicolas, à Marseille. 1699 : Naissance de Mahé de la Bourdonnais. 1858 : Première apparition de Lourdes. 1868 : Mort de Léon Foucault. 1879 : Naissance d'Honoré Daumier. 1944 : Le château de Beynac classé Monument historique. 1973 : Inauguration à Marseille du premier monument commémoratif du Génocide arménien de 1915. 2015 : Lancement réussi à Kourou pour IXV...

    12 : Évocation : Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire... 1924 : Massacre de Pirmasens, fin de l'autonomisme Rhénan.

    13 : 1571 : Mort de Benvenuto Cellini. 1573 : Sacre d'Henri III. 1639 : Jean Casimir Vasa, futur roi de Pologne, est incarcéré par Richelieu dans la citadelle de Sisteron. 1787 : Mort de Vergennes. 1820 : Assassinat du duc de Berry. 1831 : Saccage de Saint-Germain l'Auxerrois. 1895 : Les frères Lumière déposent le brevet du cinématographe. 1960 : Première Bombe atomique française.

    14 : 842 : Serment de Strasbourg. 1772 : Kerguelen débarque sur les îles auxquelles il donne son nom. 1841 : Naissance d'une expression : "France, Fille aînée de l'Église...". 1933 : Mise en service de la première Horloge parlante.

    15 : Évocation : Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française: la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France... (suivant : 19 février).

    16 : 1608 : Mort de Nicolas Rapin. 1761 : Naissance de Pichegru. 1785 : Lavoisier décompose l'eau en oxygène et hydrogène. 1786 : Naissance d'Arago. 1855 : Apparition de la météorologie. 1892 : Léon XIII prône le Ralliement dans son encyclique Inter innumeras sollicitudines... 2021 : Mort de Raymond Lévesque.

    17 : 1596 : Marseille se replace sous l'autorité d'Henri IV. 1673 : Mort de Molière. 1781 : Naissance de Laënnec. 1788 : Mort de Quentin de la Tour.

    18 : 1726 : Mort de Jacques Carrey. 1800 : Frotté est fusillé. 1858 : Deuxième apparition de Lourdes. 1868 : Naissance de Marie-Joseph Gilg, le curé qui sauva Chambord en 1944... 1921 : Premier vol d'un hélicoptère. 2010 : La BNF acquiert le manuscrit de l'Histoire de ma vie, de Casanova.

    19 : Évocation : Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française: la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (précédent: 15 février). 2020 : L'épée d'Académicien de Charles Maurras déposée à l'Académie française...

    20 : 197 : Fin de la Bataille de Lyon. 1787 : Chateaubriand quitte Versailles, après avoir été "présenté" à Louis XVI... 1800 : Louis XVIII écrit à Napoléon, après son Coup d'État du 18 Brumaire. 1811 : Chateaubriand est élu à l'Académie française. 1875 : Naissance de Marie Marvingt. 1888 : Naissance de Bernanos. 1907 : Mort d'Henri Moissan. 1926 : Mort de Jules Durand. 1989 : Création du Parc national de Guadeloupe. 2002 : Ouverture du Centre européen du volcanisme, Vulcania2019 : Annonce de la découverte d'une tombe étrusque de 23 siècles à Aléria...

    21 : 1322 : Sacre de Charles IV. 1684 : Création du Régiment de Guyenne. 1738 : Mort d'Armand de Madaillan, à l'origine de l'Hôtel de Lassay. 1792 : Deuxième Lettre de Sanson, établissant les faits sur l'exécution de Louis XVI. 1885 : Naissance de Sacha Guitry. 1898 : Naissance de Bournazel. 1916 : Début de la bataille de Verdun. 1928 : Mort d'Ernest Cognacq.

    22 : 1358 : Coup de force d'Étienne Marcel. 1405 : Pose de la première pierre de la cathédrale Saint Siffrein de Carpentras. 1680 : Épilogue de l'Affaire des poisons. 1690 : Mort de Charles Le Brun. 1712 : Mort de Catinat. 1810 : Naissance de Chopin. 1821 : Louis XVIII fonde L'École des Chartes. 1875 : Mort de Corot. 1986 : Lancement du satellite SPOT 1. 1987 : Premier vol de l'A320.

    23 : 1440 : Apparition de l'Imprimerie à Strasbourg. 1634 : Mesme Gallet vend à Sully son Hôtel, qui devient l'Hôtel de Béthune-Sully. 1716 : Professionnalisation du Service des Pompes. 1766 : La Lorraine devient française. 1873 : Naissance de Jean-Jacques Waltz, dit Hansi. 2008 : Débuts de la "Via Rhôna"...

    24 : 1525 : Désastre de Pavie. 1619 : Naissance de Charles Le Brun. 1670 : Louis XIV prescrit l'édification de l'Hôtel des Invalides. 1704 : Mort de Marc-Antoine Charpentier. 1709 : Naissance de Jacques Vaucanson. 1948 : Mort de l'abbé Franz Stock.

    25 : 1116 : Mort de Robert d'Arbrissel. 1429 : Jeanne d'Arc rencontre le Dauphin à Chinon. 1796 : Stofflet est fusillé à Angers. 1803 : Napoléon contre la France : le "recès" de 1803... 1815 : Napoléon s'évade de l'île d'Elbe... 1841 : Naissance de Renoir. 1933 : La baronne Ephrussi de Rothschild fait don de sa villa "Île de France" à l'Institut.

    26 : 1725 : Naissance de Cugnot, père du fardier, ancêtre de l'automobile. 1744 : Naissance de Richard Marin de Laprade. 1803 : Napoléon écrit à Louis XVIII pour lui demander de renoncer au Trône de France... 1806 : Début des travaux de construction de l'Arc de Triomphe. 1896 : Becquerel découvre la radioactivité naturelle.

    27 : 36 : Date possible du départ de Judée de Ponce Pilate, qui doit aller se justifier devant l'Empereur Tibère... 303 : Célébration de Sainte Honorine. 1594 : Sacre d'Henri IV. 1984 : Le Belem classé Monument historique... 2007 : Création du Parc national de Guyane.

    28 : 1105 : Mort en Terre sainte de Raymond IV de Toulouse. 1533 : Naissance de Montaigne. 1712 : Naissance de Montcalm. 1791 : "Conspiration des poignards"... 1794 : Massacre des Lucs sur Boulogne. 1828 : Naissance de Renan. 1841 : Mort de Claude François Chauveau Lagarde, défenseur de Marie-Antoinette. 1933 : Mort de Bournazel. 1936 : Mort de Charles Nicolle. 2007 : Première note de lafautearousseau...

    29 : 1904 : Frédéric Mistral, Prix Nobel de littérature.

     

    Et pour les Éphémérides des mois de Janvier et de Mars :

    Éphémérides du mois de Janvier...

    Éphémérides du mois de Mars...

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  • Éphéméride du 2 juillet

    1986 : Gilles Vigneault reçoit la Légion d'Honneur

     

     

     

     

    1270 : Départ de Saint Louis pour la Croisade   

     

    Le roi s'embarque à Aigues Mortes, pour ce qu'il ne sait pas encore être sa dernière Croisade; il prendra Carthage le 24 juillet, et mourra de la peste devant Tunis le 25 août.

    Juste après cette expédition malheureuse - la huitième Croisade - d'autres souverains européens, dont le roi d'Angleterre, qui attendaient le roi de France pour partit avec lui lanceront la neuvième - et dernière - Croisade....

    Comme Charlemagne, qui, longtemps avant lui, avait accordé foi à des informations excessivement optimistes, signalant que l'émir de Saragosse serait prêt à s'allier avec lui, voire à se convertir, Saint Louis reçoit, sans les vérifier vraiment, des informations prétendant que l'émir de Tunis songerait à devenir chrétien...

    Certes, il s'agissait aussi - d'une façon, là, plus pragmatique et plus défendable - de sécuriser les arrières de la route maritime vers l'Orient.

    Mais tous les calculs du roi de France sombreront dans les sables tunisiens.

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    1619 : Mort d'Olivier de Serres 

     

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    Sa statue à Villeneuve de Berg, sa ville natale.

     

    De Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'Histoire, pages 4141/4142 :

    • SERRES Olivier de (Villeneuve-de-Berg, Ardèche, vers 1539, Le Pradel, près de Villeneuve-de-Berg, 2/VII/1619). Agronome français. D'une famille protestante originaire d'Orange, il possédait le domaine du Pradel, qui était d'importance médiocre, mais qu'il sut mettre en valeur par de nombreuses innovations : il fut le premier à pratiquer méthodiquement l'assolement, recommanda le soufrage de la vigne, se fit le propagateur de cultures peu répandues de son temps, telles que le maïs, le houblon, la betterave (dont il signala en passant les propriétés sucrières), la garance, le riz. Appelé à Paris par Henri IV il fit planter 20.000 mûriers blancs dans le seul jardin des Tuileries et naturalisa ainsi en France l'industrie de la soie; c'est à ce sujet qu'il écrivit son Traité de la cueillette de la soye par la nourriture des vers qui la font (1599), que le roi fit distribuer à des milliers d'exemplaires. Son ouvrage principal est le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs (1600), où il consigna le fruit de quarante années d'études et d'expériences et qui fut le premier traité d'agronomie digne de ce nom.

     

    Il est "L’une des plus nobles et des plus pures gloires de la patrie française", pour Charles Maurras...

     

    http://www.olivier-de-serres.org/

     

     

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    1778 : Mort de Jean-Jacques Rousseau

     

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     De Chateaubriand (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome II, page 129) :

    "...Je commençai, à Lausanne, les Remarques sur le premier ouvrage de ma vie, l'Essai sur les révolutions anciennes et modernes. Je voyais de mes fenêtres les rochers de Meillerie : "Rousseau", écrivais-je dans une de ces Remarques, "n'est décidément au-dessus des auteurs de son temps que dans une soixantaine de lettres de la Nouvelle Héloïse, dans quelques pages de ses Rêveries et de ses Confessions. Là, placé dans la véritable nature de son talent, il arrive à une éloquence de passion inconnue avant lui. Voltaire et Montesquieu ont trouvé des modèles de style dans les écrivains du siècle de Louis XIV; Rousseau, et même un peu Buffon, dans un autre genre, ont crée une langue qui fut ignorée du grand siècle."

     

    De Charles Maurras (L'Action française, 16 avril 1942, extrait) :

    "...Je hais dans Rousseau le mal qu'il a fait à la France et au genre humain, le désordre qu'il a apporté en tout et, spécialement, dans l'esprit, le goût, les idées, les mœurs et la politique de mon pays. Il est facile de concevoir qu'il ait dû apporter le même désordre sur le plan religieux.

    Mais, dit-on, les matérialistes de l'Encyclopédie l'ont détesté et persécuté parce qu'il avait des "principes religieux". Soit. Il en avait par rapport à eux. Mais l'immense majorité de la France catholique du XVIIIème siècle voyait dans sa doctrine ce que les théologiens appellent le Déisme : une immense diminution de leur foi, et, de ce point de vue, ce qu'il avait de plus ou de mieux que d'Holbach et que Hume se chiffre par un moins et un pis par rapport à cette foi générale d'un grand peuple ou l'incrédulité n'était qu'à la surface d'un petit monde très limité...

    ...Que Rousseau ait été tout ce qu'on voudra, il n'est pas niable qu'il est à l'origine de notre première Révolution, celle qui a emporté tous nos premiers remparts, bouleversé notre premier fond national. Qu'il n'en ait pas été le seul inspirateur, nul ne le conteste. Mais son apport fut le décisif : son tour sentimental, son accent de vertu fut capable d'accréditer beaucoup de choses suspectes et d'en inspirer d'autres plus pernicieuses et plus vicieuses encore. Son trouble génie multipliait le trouble hors de lui. C'est là ce qui fit sa plus grande puissance pour le mal. Napoléon n'aurait point fait tant de mal non plus, avec tout son génie et toute son énergie, sans le mélange de son esprit constructeur avec l'héritage révolutionnaire : aussi bien, disait-il lui-même, que, peut-être, eût-il mieux valu que Rousseau et lui n'eussent jamais existé..."

     

    • Sur Rousseau, consulter :  

     

    1. Dans notre Catégorie Grands Textes, le Grand Texte IX, Jean-Jacques, faux prophète, par Charles Maurras;

     

    2. Dans notre Catégorie Lire Jacques Bainville, les deux articles XXV, "Jean-Jacques Rousseau" et XXVI, "Encore Jean-Jacques Rousseau";

     

    3. Dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , la photo "Le redoutable Jean-Jacques..."

     

     4. Et le point de vue de Balzac, dans Rois de France, sur "la secte des Encyclopédistes"...

     

     

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    1816 : Naufrage de La Méduse

     

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    N'en déplaise à ses thuriféraires, la Révolution a bel et bien décapité la vitalité française, au propre comme au figuré : combien de morts fit-elle, on ne le sait même pas exactement, mais on peut avancer l'estimation de 800.000 personnes, en tenant compte du Génocide vendéen - le premier des Temps modernes, qui fit suite à l'acte fondateur des Totalitarismes modernes que fut l'assassinat du roi Louis XVI, le 21 janvier 1793.

    Encore ces 800.000 personnes furent-elles suivies par le million et demi de Français dans la force de l'âge - jeunes pour la plupart... - emmenés mourir loin de chez eux, et pour rien, dans les inutiles guerre napoléoniennes, inutiles car perdues d'avance...

    Il est bien évidemment impossible de dresser ici une liste de ces victimes, dont la diversité fait cependant rêver : des poètes, comme André Chénier, aux savants, comme Lavoisier ("La République n'a pas besoin de savants" !...) ou aux esprits pourtant "éclairés", comme Malesherbes. Et même un chien ! Sans compter, bien évidemment, les Révolutionnaires eux-mêmes, car, c'est bien connu, la Révolution mange toujours les révolutionnaires...

    Quand on songe à tous ces bon Français, à tous ces braves gens assassinés par l'irruption aussi soudaine qu'inattendue de la pire des barbaries dans la société la plus civilisée d'alors ("Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789, ne sait pas ce que c’est que la douceur de vivre" disait Talleyrand) on ne peut que se remémorer la morale de la fable Le loup et la vipère, de Jean Anouilh :

    Petits garçons heureux,
    Hitler ou Robespierre,
    Combien de pauvres hères
    Qui seraient morts chez eux ?

    Il est de bon ton, chez les partisans de cette ignoble boucherie que fut la Révolution, de se moquer de "l'affaire" de La Méduse, commandée par un officier royaliste, et dont le grand républicain devant l'Éternel que fut Géricault tira un tableau célèbre (ci dessous). C'est oublier un peu vite que, si l'on va au fond des choses, cette triste "affaire" de La Méduse - qu'il aurait été préférable, c'est certain, d'éviter - peut tout à fait être considéré comme un dommage collatéral de la Révolution, qui a privé la France, en si peu d'années, de tant et tant de ses élites et de ses talents, comme le montre la note suivante :

    JT de France2 : quelques secondes de mauvais esprit anti-royaliste à partir d'un fondement historique erroné... 

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     http://lettres.ac-rouen.fr/louvre/romanti/medus.html

     

    Et, sur l'évènement lui-même :

    https://www.herodote.net/2_juillet_1816-evenement-18160702.php

     

     

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    1915 : Parution de la Loi instituant l'attribution de la mention "Mort pour la France"

     

    Reconnaissance et récompense morale visant à honorer le sacrifice des combattants morts en service commandé et des victimes civiles de la guerre, cette loi (modifiée par la loi du 22 février 1922) confère aux victimes un statut individuel dont elles ne disposaient pas jusque-là :

     droit à la sépulture individuelle et perpétuelle dans un cimetière militaire aux frais de l'État (loi du 29 décembre 1915):

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (19)

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Un jeune homme insouciant, potache, voyageur...

    Un médecin, dégoûté et éloigné du Corps médical...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    2. Un jeune homme insouciant, potache, voyageur...

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    Illustration : Bas-relief dédié à Asclepios (Esculape), dieu de la Médecine (vers 325 avant J.-C. - Attique).
    Dans un cadre rectangulaire délimité par des pilastres, est représenté à gauche, le dieu Asclépios, assis sur un trône ; derrière lui se dresse sa fille Hygie. Sous le trône du dieu est lové son animal symbolique, le serpent. Devant lui, en taille inférieure, selon la convention, est représenté le couple des dédicants, avec les membres de leur famille (4 enfants); à l’extrémité du relief, une servante porte sur la tête une grande "kisté" (caisse) contenant les offrandes aux deux divinités honorées.

     

    Un médecin, dégoûté et éloigné du Corps médical...

    Préface intégrale de "Devant la douleur", nouvelle Édition "achevée d'imprimer le 6 octobre 1931 par F. Paillart à Abbeville (Somme)".

    Introduction à la nouvelle Edition.

    "De 1885 à 1893, soit pendant neuf ans, j'ai étudié la médecine à la Faculté de Paris, séjourné dans les hôpitaux comme bénévole, externe, puis interne, provisoire.
    Voici mes états de service :
    Hôtel-Dieu, chez Tillaux, comme "roupiou" (étudiant remplaçant un externe dans un hôpital, hdlr), puis comme externe; hôpital Necker, puis Charité, chez Potain, comme externe; hôpital Cochin, chez Gouraud, puis chez Babinsky, comme interne provisoire; entre tant, j'avais suivi les services de Péan (Saint-Louis), de Charcot (Salpêtrière), de Besnier (Saint-Louis), de Budin (Maternité) et, assidûment, les cours de Farabeuf, de Mathias Duval et de Damaschino à l'Ecole de médecine, et les travaux pratiques de Broca (Auguste) et de Poirier; enfin, j'avais été élève d'Artaud, pendant un an, au laboratoire de Gréhaut, au Jardin des Plantes, ancien laboratoire de Claude Bernard.
    C'est dire que j'avais sérieusement travaillé et passé mes examens et concours haut la main (ayant commencé ses études au Lycée Charlemagne, Daudet les poursuivit brillamment au Lycée Louis le Grand, et fut lauréat du Concours général, ndlr); et, en 1893, lors de mon premier mariage, par lequel j'entrai - pour en sortir vite - dans la famille de Victor Hugo, il ne me manquait plus que ma thèse. Je n'ai pas eu le temps, depuis, de la passer. Elle ne m'aurait servi de rien.
    Alors arriva un évènement dont il reste un témoin : mon vieil ami Charles Nicolle, directeur de l'Institut Pasteur à Tunis.
    J'avais eu, au concours de l'Internat, un sujet exceptionnel, auquel ni moi, ni mes camarades n'étions nullement préparés : "Muqueuse de l'utérus, diagnostic différentiel des métrarrhagies". C'était l'année où Arroux fut reçu le premier et Maurice Nicolle, frère de Charles, le second. Ma copie écrite avait été, comme chez tous les concurrents, médiocre. Mais ma question orale (innervation et irrigation de la main) fut très bonne et devait logiquement me rattraper. Comme nos professeurs et examinateurs dissertaient - dans un bureau de l'avenue Victoria - de nos mérites respectifs, je dis à Charles Nicolle : "Viens voir un peu comment ça se passe." Nous montâmes, à pas de loup, l'escalier de bois, dont j'entends encore les craquements humides, traversâmes deux salles encombrées de bancs et de pupitres, et arrivâme à la porte entr'ouverte de l'aréopage. Le moment était bien choisi : Albert Robin, agérégé de la Faculté, non encore professeur, avait la parole et disait ceci, que Charles Nicolle et moi écoutâmes pieusement :
    "Daudet pourrait être titulaire, vu sa composition orale, qui a eu le maximum. Mais son ami, le fils du professeur X... étant recalé, nous ne devons l'admettre que comme provisoire, le premier, si vous voulez."
    J'étais fixé. Je poussai le coude de Charles Nicolle, avec qui j'avais suivi, auprès de Leredde, le grand syphiligraphe, de Grandmaison et de Camescasse, les conférences d'internat, à l'hôpital des Enfants-Malades, rue de Sèvres, et nous redescendîmes l'ecalier moisi.
    Dès le lendemain, indigné, je prenais ma plume, littéraire cette fois, et traçais le scénario des "Morticoles", paru chez Fasquelle en 1894, où j'exhalais, avec ma légitime rancune, ma colère de candidat laborieux, et sacqué pour une raison futile.
    "Les Morticoles", aussitôt signalés par Séverine, Mirbeau et bien d'autres, eurent un vif succès. Trois ans plus tard, comme je faisais mes vingt-huit jours à Grenoble, en qualité de médecin-auxiliaire, puis d'aide-major (1897), mon supérieur immédiat me disait avec ravissement : "Vous avez un fameux toupet ! Mais ce que vous avez écrit est encore au- desous de la vérité."
    On m'a dit cela toute ma vie. Je n'y ai d'ailleurs prêté aucune attention, n'ayant jamais été accessible ni aux compliments, ni aux blâmes. J 'écris ce que je pense, ce que je crois juste, et je me fiche des opinions aléatoires, oscillantes, éphémères, des uns et des autres.
    La médecine, loyalement pratiquée, et en dehors des routines officielles, est une carrière magnifique, je dirai grandiose,, à laquelle il y a un portique de connaissance générale qui n'existe en aucune autre profession : l'internat des hôpitaux.
    Cette institution mal connue - si ce n'est par son bal annuel, qui n'est pas pour les demoiselles - permet à une élite de jeunes gens - de vingt-deux à vingt-six ans (quatre ans de stage), sans compter la prolongation de la médaille d'or - d'acquérir un incomparable "thesaurus" organique, clinique, thérapeutique et, au bout du compte, philosophique.
    Après trente-neuf ans écoulés, je me remémore, encore aujourd'hui, tel cancer, telle cirrhose, tel goître exophtalmique, tel kyste hydatique, tel anévrisme aortique, tel pneumothorax, que j'avais observés, tel lit, tel numéro, pendant l'explication des chefs de clinique, de Petit, Sapelier, Gilles de la Tourette, Babinsky, Foubert, Vaquez et autres.
    Car le chef de clinique est très important, dans le service médical ou chirurgical. Suchard, maître en sa partie, m'a appris ce que je sais d'anatomie pathologique. Esbach, ce que je sais d'analogie. Mathias Duval m'a enseigné ce que je sais d'embryologie. Farabeuf m'a fait connaître l'anatomie et l'accouchement. Avec le génial Potain, j'ai compris ce qu'était un coeur et un rein. J'ai entrevu, aux leçons du mardi de Charcot, à la Salpêtrière, l'abîme béant du sytème nerveux.
    Puis j'ai lu, énormément lu, dans les textes non expurgés, cherchant les changements de route de l'art médical, émerveillé du flux et du reflux des hypothèses scientifiques, de la candeur avec laquelle les professeurs de l'Ecole de médecine juraient s'en tenir au réel, ne rien ajouter, ne rien retrancher. Alors qu'ils pratiquaient le lit de Procuste, et dormaient, depuis trente ans, dans des draps semés de poux dogmatiques.
    Nous connaissons les calamités issues des connaissances chimiques, mécaniques et autres. Nous connaissons moins, ou nous ignorons, les conséquences redoutables des erreurs de la physiologie humaine.
    À côté des médecins et thérapeutes, qui cherchent à guérir, il y a les pontifes, mandarins et autres, qui ne cherchent qu'à donner le change, gagner des grades, des titres, et à faire de l'argent.
    "Devant la douleur" avertit sur les uns et les autres.
    Je n'ai, pour cette nouvelle édition, pas une ligne à changer, ni à retrancher.
    Comme disent les marins bretons : "A Dieu Vat !"

    Léon Daudet."


    Faut-il regretter cette désillusion et cet éloignement de sa vocation première ? Elle lui a permis de devenir ce qu'il était : Léon Daudet...
    On verra pourtant, dans les quatre documents suivants, que le jeune étudiant ulcéré par l'injustice, devenu par la suite le polémiste redoutable que l'on sait, savait admirer ce qui était admirable dans cet "ensemble" qu'il rejetait; et qu'il conserva toute sa vie un souvenir ébloui de plusieurs de ses anciens "maîtres"...

  • Éphéméride du 4 juin

    1629 : Début de la construction du Palais Cardinal, futur Palais Royal...

     

     

     

    Célébration de Sainte Clotilde

     

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    Sainte Clotilde est la patronne de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT). Reine de France, elle amena son époux Clovis à se tourner vers Dieu lors de la bataille de Tolbiac (voir notre Éphéméride du 10 novembre), et marqua ainsi à jamais l'Histoire de France...

    • https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1268/Sainte-Clotilde.html

     

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    1609 : Mort de François Miron  

     

    4 juin,molière,misanthrope,alceste,montgolfière,annonay,louis xviii,charte constitutionnelle de 1814,bainville,napoléon,république,révolution,louis xviFils de magistrat, François Miron eut une belle carrière : d'abord Maître des requêtes, il devint Lieutenant civil (c'est-à-dire responsable de la sécurité à Paris) et, enfin, Prévôt des marchands.

    Il édicta des règlements contraignants pour améliorer la salubrité de la capitale, aménagea des fontaines, pava les bords de la Seine, réglementa l'apparence des façades et l'alignement des rues; il interdit en particulier les façades en saillie, dont les encorbellements risquaient de s'effondrer.

    Mais quand le roi décida d'aménager la Place Dauphine (ci-dessous) et d'en réserver les habitations à des bourgeois et des commerçants, à l'exclusion des artisans, Miron écrivit une lettre à Henri IV pour l'en dissuader. Faisant preuve de beaucoup de sagesse, et d'un intuition fort politique, il parla sans détour au roi, avec une franchise qui l'honore :  

    "Cher Syre, permettez que je me retire; en jurant fidélité au Roy,4 juin,molière,misanthrope,alceste,montgolfière,annonay,louis xviii,charte constitutionnelle de 1814,bainville,napoléon,république,révolution,louis xvi j'ai promis de soustenir la royauté; or Votre Majesté me commande un acte pernicieux à la royauté... Je refuse; je le répète à mon cher maistre et Souverain bien-aimé : c'est une malheureuse idée de bâtir des quartiers à l'usage exclusif d'artisans et d'ouvriers. Dans une capitale ou se trouve le Souverain, il ne faut pas que les petits soyent d'un côté et les gros et dodus de l'autre, c'est beaucoup et plus sûrement mélangés; vos quartiers pôvres deviendraient des citadelles qui bloqueraient vos quartiers riches. Or comme le Louvre est la partye belle, il pourroit se fait que les balles vinssent ricocher sur votre couronne... Je ne veulx pas syre estre le complice de cette mesure..." 

    Mélanger les "dodus" et les "menus", éviter de créer des ghettos, et leur préférer le brassage des populations (la "mixité sociale !) : c'était assurément un sage conseil que Miron donnait là à son "cher" souverain.

    Celui-ci avait bien de la chance d'avoir de tels serviteurs, qui n'hésitaient pas à parler franc, pratiquant ainsi - avant même que Boileau ne l'exprimât - son sage précepte : "Aimez qu'on vous conseille, et non pas qu'on vous loue." 

    Dans une autre lettre à Henri IV, datée du 24 mai 1605, et relative à l'aménagement de la toute nouvelle Place royale (aujourd'hui, Place des Vosges), François Miron, toujours sincère, expliqua au roi ce que devait être, selon lui, le développement de Paris : 

    "Syre, la capitale de votre empire ne doit pas être une ville de commerce, encore moins d'industrie et flanquée de manufactures...

    Si vous attirez à Paris, par vos fabriques, un essaim trop prodigieux d'artisans et d'ouvriers, vous vous condamnez à leur bailler toujours de l'ouvrage; si vous n'en pouvez mais, dans vos caques si l'argent manque, gare à la sédition ! Votre trône est sur un tonnelet de poudre !

    Protégez l'industrie, soutenez, encouragez, fortifiez le commerce, mais que ce soit dans vos villes de province : à Lyon, la soie; dans la Picardie, les étoffes de laine; à chaque province, à chaque ville, chose spéciale selon son goût et ses aptitudes. À Paris, faites du luxe, c'est-à-dire de beaux et superbes bâtiments pour amorcer vos voisins qui apporteront leur pécule; ranimez les arts comme peinture qui parle à l'âme et musique au coeur. Que votre noblesse, dangereuse dans les châteaux, loin de l'oeil royal, c'est-à-dire du maître, vienne dans Paris. Le soleil aura ses rayons !

    Sans cela, Syre, que Dieu garde vos successeurs de malencontre. Si le populaire de vos provinces se jette sur Paris, comme sur une proie, ils dévoreront tout, oui, tout jusqu'à la royauté; j'ai dit. François Miron"

     

     

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    1629 : Début de la construction du Palais Cardinal, futur Palais Royal...

     

    C'est le cardinal de Richelieu qui demanda à son architecte, Jacques Lemercier (voir l'Éphéméride du 13 janvier), l'hôtel splendide qui porta, d'abord, son nom : le Palais Cardinal.

    Pierre Corneille a vanté la beauté de l'édifice en termes élogieux :

    "Non, l’univers entier ne peut rien voir d’égal
    Aux superbes dehors du Palais-Cardinal.
    Toute une ville entière, avec pompe bâtie,
    Semble d’un vieux fossé par miracle sortie,
    Et nous fait présumer, à ses superbes toits,
    Que tous ses habitants sont des dieux ou des rois..."

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    Richelieu devait, très vite, offrir son palais à Louis XIII (par une donation entre vifs, le 6 juin 1636), mais le roi - qui mourut peu de temps après son ministre, en 1643 - n’habita jamais le Palais Cardinal. Anne d’Autriche, sa veuve, quitta le Louvre en octobre 1643, avec ses deux fils, Louis XIV et son frère Philippe, encore enfants, et vint demeurer dans le Palais, qui prit alors le nom de Palais Royal.

    La régente ordonna de nombreux embellissements dans le palais, dont une galerie, placée à l’endroit le plus retiré : c’est là que se tenait le Grand conseil.

    En 1652, Louis XIV abandonna la résidence du Palais Royal pour aller habiter le Louvre. On avait, entre-temps, construit un appartement dans le palais pour son frère, appelé, selon l'usage d'alors, Monsieur.

    Monsieur épousa Henriette d'Angleterre dans la chapelle du Palais Royal, le 31 mars 1661, et conserva, dès lors, ce palais pour résidence habituelle. Cet usage fut confirmé en février 1692 par Louis XIV, qui donna par Lettres patentes la propriété du Palais Royal au duc d’Orléans, son frère, à titre d’apanage.

    Jules Hardouin-Mansart, premier architecte de Louis XIV et surintendant des bâtiments du roi, éleva ensuite une galerie - décorée par Charles-Antoine Coypel - puis Philippe d’Orléans, son fils, fit exécuter de grands travaux. Il choisit Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), qui passait pour le plus habile architecte de son temps, et lui confia le grand salon qui servait d’entrée à la vaste galerie construite par Mansart.

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     Très grand rectangle de paix et de beauté en plein coeur de Paris, les très beaux jardins du Palais royal...

    Durant la Révolution, le Palais royal fut malheureusement l'un des endroits d'où partaient les attaques contre Louis XVI et la monarchie : le duc d'Orléans de l'époque - qui se fit appeler Philippe-Égalité - haïssait son cousin, et ne songeait qu'à le remplacer. Il aurait dû méditer l'adage selon lequel la révolution mange toujours les révolutionnaires : lui qui joua les apprentis sorciers, et tint un rôle si indigne durant cette époque, paya de sa vie son comportement insensé et criminel...

    La Révolution effaça autant qu'elle le put les traces de la royauté dans le Palais royal : dans notre Album Fleur de lys, fleurs de lys..., voir la photo "Au Palais royal (I) : avant..." et les deux suivantes...

    Ensuite, au XIXème siècle, l'endroit devint un lieu à la fois raffiné et interlope : Balzac et d'autres romanciers en ont fait leurs délices...

    Aujourd'hui, la paix est revenu dans ce havre de tranquillité et de beauté, hélas défiguré par les colonnes de Buren et autres soi-disant oeuvres d'art de prétendus artistes qui n'existeraient pas si leurs prétendues ouvres d'art - payées à grands frais par le contribuable - étaient présentées - et donc inconnues... - ailleurs qu'en un lieu si beau...

    http://paris1900.lartnouveau.com/paris01/le_palais_royal.htm

     

     

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    1666 :  Première pour Le Misanthrope, ou l’Atrabilaire amoureux

     

    La pièce est jouée au Théâtre du Palais Royal à Paris.

    Cette seizième pièce de Molière, pourtant l'une de ses meilleures comédies, n'a que peu de succès à ses débuts.

    L'auteur interprète lui-même le rôle d'Alceste qui, avec sa franchise brutale et son mépris des conventions, représente le véritable homme libre dans une société hypocrite.misanthrope.jpg

    "...Je veux qu'on soit sincère et qu'en homme d'honneur
    On ne lâche aucun mot qui ne parte du coeur...

     "...Je refuse d'un cœur la vaste complaisance
    Qui ne fait de mérite aucune différence;
    Je veux qu'on me distingue; et pour le trancher net,
    L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait...

    "...Je veux que l'on soit homme et qu'en toute rencontre
    Le fond de notre coeur dans discours se montre..." (Acte I, Scène I)
     
     
     

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    1721 : Après la grande peste, le "Voeu des Échevins de Marseille"

     

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    C'est aujourd'hui la Chambre de Commerce qui a pris le relais de la Municipalité, et qui offre chaque année, le 4 juin, un cierge de cire blanche, aux armes de la Ville de Marseille (Croix bleue sur fond blanc). À l'origine, le cierge devait peser "quat

  • ”Louis XVI” 2013 !...

    Les Messes pour Louis XVI ne doivent pas être de pure commémoration.....

    Albert Camus le meurtre du roi pretre.pdf

          Les Messes pour Louis XVI, dites partout en France - et à l'étranger - depuis 1793, ne sont plus de pure commémoration. Elles doivent aussi, elles doivent surtout, pour aujourd'hui, nourrir le processus de dérévolution dont la France a besoin pour renouer avec son Histoire, se replacer dans le droit fil de sa trajectoire historique et, s'il se peut, reprendre, un jour, sa marche en avant.

          Pendant bien des années, en effet, tous les 21 janvier, les Messes pour Louis XVI étaient, essentiellement, commémoratives.

          Les dernières de cette longue série, que l’Action française était presque seule à maintenir, ne réunissaient plus, du moins en province, malgré une fidélité remarquable des participants, que peu de monde; elles étaient plutôt tristes; souvent, le célébrant ne disait pas un mot du roi Louis XVI; ces Messes avaient un air de naufrage du grand souvenir qui les motivait.

          Les choses ont bien changé depuis déjà quelques années. 

          Il nous semble qu'elles ont basculé, pour un certain nombre de raisons assez identifiables, autour des années 1987, 1989 et 1993 ... 

    Affiche A3 copie.jpg

     

           1987, c'était le millénaire capétien où le comte de Paris prit l'heureuse décision de titrer, avec solennité, ses petits-fils Jean et Eudes, ducs de Vendôme et d'Angoulême ; de désigner le prince Jean comme devant reprendre le flambeau de la Famille de France et de la tradition royale. Par là, il semble qu'il rouvrait à l'hypothèse monarchique un horizon nouveau ...

           1989, ce fut l'échec patent des commémorations de la Révolution.

           1993, deuxième centenaire de l'exécution de Louis XVI, ce fut, grâce à l'action de quelques uns (Jean Raspail, Marcel Jullian, Jean-Marc Varaut ...) l'occasion d'un procès en règle de la Révolution, de ses horreurs, de l’exécution du Roi et de la Reine, du martyre de Louis XVII, de la Terreur, du génocide vendéen ...  

           Quelques uns encore (Jean-Marc Varaut, Alain Besançon, Jean-François Mattéi) ont développé l’idée que cette révolution était la matrice des horreurs révolutionnaires et totalitaires qui ont marqué tout le XXème siècle. Ainsi, le rejet de la Révolution commençait à s’inscrire dans notre modernité. Et aboutissait, de facto, à la remettre en cause. On sait que, depuis, cette remise en cause est pratiquée aussi par des intellectuels issus de la Gauche, parmi les plus éminents.

           Au cours des années qui ont suivi, la redécouverte progressive de notre histoire monarchique par un certain nombre d’intellectuels, mais aussi dans la presse, les médias, et, finalement, une frange non négligeable de l’opinion française, s’est faite, de plus en plus, de façon non plus négative, mais positive.

           De fait, notre hypothèse étant qu’un certain basculement de ce que Barrès nommait « les puissances du sentiment » s’est produit, en France, à partir de 1987 jusqu’à aujourd’hui, l’on ne peut plus parler ni de la Révolution ni de notre passé monarchique, après, comme on en parlait avant…  

           Ce n’est sûrement pas une coïncidence, si, simultanément, dans toute la France, les Messes du 21 janvier ont pris, de façon a priori surprenante, un nouveau visage. Les assistances sont devenues nombreuses, ferventes, priantes ; les prêtres sont devenus sensibles à l’exemplarité du Roi et de la Reine, au sort indigne infligé à Louis XVII, aux conséquences sociales, politiques et, même, religieuses de la Révolution. Ces Messes ont cessé d’être des Messes d’enterrement. Elles ont retrouvé un sens. La liturgie y est, souvent, redevenue très belle et la présence des Princes, à Paris, comme en Province, donne à ce qu’elles commémorent une incarnation qui pourrait être utile au temps présent.

           C’est ainsi que les Messes pour Louis XVI contribuent symboliquement et performativement à ce que nous appelons le processus de dérévolution. Processus dont la France a besoin pour rompre le cycle schizophrène qui, depuis deux siècles, l’a coupée d’elle-même.

           Nous avons la chance historique – pour la première fois depuis fort longtemps – que les Princes de la Maison de France, y soient, à titre éminent, partie prenante.  

           Si nous savons contribuer à activer et amplifier ce processus, tout simplement, nous serons utiles, non à notre propre plaisir, mais à notre Pays.

           Nous publierons ici la liste de toutes les messes dont nous aurons connaissance... 

     Lundi 21 Janvier 2013

     

    Paris : * 12h15, Saint-Germain-l'Auxerrois. Messe célébrée à la demande de l’Oeillet Blanc par le Révérendissime Père Abbé de Kergonan, Dom Piron, en présence de Mgr le Comte de Paris et des princes de la Maison de France

              * 18h, St Nicolas du Chardonnet (5ème).

    Saint-Denis : 12h00, en la Basilique Saint-Denis.

    Marseille : * 19h, Basilique du Sacré-Coeur, 81 avenue du Prado, 8ème. Messe célébrée par Monseigneur Jean-Pierre ELLUL. Avec chants grégoriens, orgues et chorale.

                   * 18h30, Eglise Saint Pie X, 44, rue Tapis Vert (1er).

    Montpellier: 18h, Chapelle des pénitents Bleus, rue des Étuves.

    Béziers : 18h, Église des Pénitents, rue du 4 Septembre.  

    Bordeaux : 19h, Eglise saint-Bruno (tram ligne A).

    Fabrègues : 18h30, Prieuré Saint-François de Sales, 1 rue Neuve des Horts.

    Lyon :  18h30, Église Saint-Denis de la Croix-rousse. 

    Grenoble : 18 h, Collégiale saint-André.

    Toulon : * 18h30, Paroisse Saint-François de Paule. Messe célébrée par Mgr. Rey, évêque de Fréjus-Toulon.

                * 18h30, Eglise Sainte Philomene, 125 bd Grignan, Le Mourillon.

    Mulhouse : 19h30, en l'église Saint-Etienne.

    La Gaubretière (Vendée) : 10h30, en la chapelle de Ramberge.

    Roullet-Saint-Estèphe : 18h30, en l'église de Roullet.

    Ceyssac : 18h30, en l'église (43000 – Le Puy-en-Velay). 

    Saint-Etienne : 19h, à la Chapelle St Bernard. 

    Perpignan : 18h30 au Prieuré du Christ-Roi, 113 avenue du Maréchal Joffre. 

    Caen : 18h30, Chapelle Saint Pie X.

    Fontainebleau :  18 h 45, Eglise du Carmel, 8 Bd. Général Leclerc (Fraternité St Pierre).

    Limoges : 11h15, Saiont-Michel-des-Lions.

    Lille : 19h, Chapelle Notre-Dame-de-la-Treille, 26 rue d'Angleterre.

    Nancy : 18h30, Chapelle du sacré-Coeur, 65 rue du Maréchal Oudinot.

    Rennes : 19h, Chapelle Saint-François, 43, rue de Redon.

    La Rochelle : 18h15, cathédrale Saint-Louis, Place de Verdun.

    Quimper : 18h45, en la cathédrale Saint-Corentin.

    Saint-Paul-de-Jarrat (Ariège) : 18h, église paroissiale.

    Dieppe (Seine-Maritime) : 9h30, église Saint Jacques.

    Toulouse : 18h15, en l'église St Jérôme, 2 Rue du Lieutenant Colonel Pélissier. 

    Avignon : 18h, en la chapelle de la Sainte Croix (Pénitents gris), 8 rue des Teinturiers.

    Nice : 18 h 30, en l'Oratoire St Joseph, 18 rue Catherine Ségurane.

    Rouen : 18h30, Eglise St Patrice.

    Italie :

    Une Messe sera célébrée à Rome; lieu, date et heure seront donnés très prochainement... 

    Belgique : 

         * Bruxelles : 19h, Eglise Conventuelle du Couvent Sainte Anne, Avenue Léopold Wiener, 26 B. Messe célébrée par Mgr Gilles Wach. 

      * Rixensart : 11h, au château, en présence de la Princesse de Mérode, Jeanne de Lur- Saluces et les Membres belges de l’Association Louis XVI (Antenne de Belgique). Messe célébrée par le Père Gregor. S.A.S le Prince Maximilien de Croy-Roeulx donnera lecture du Testament du Roi.

    *A Tournai, chaque année depuis 1844, une Messe pour Louis XVI est célébrée en la cathédrale...

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    Manifestations organisées d'autres jours que le 21 janvier :

    1. Samedi 19 janvier

    Strasbourg : 16h30 en la cathédrale Notre-Dame.

    Fontaines-les-Dijon (Côte-d'Or) : 11, basilique Saint-Bernard.

    Vichy : 10h30, en la chapelle du Sacré-Coeur (Ecole Jeanne d'Arc, 12 rue du Mal Joffre).

    Le Planquay (Eure) : 11h, Messe, Église du Planquay.

    Louailles (Sarthe) : 11h, Messe, Église de Louailles.

                                 Après la messe, déjeuner-débat à 12h30, salle polyvalente de Vion (3,5 km de Louailles) animé par Christian Franchet d’Espèrey, sur le thème "Louis XVI : une politique étrangère française, une leçon pour le temps présent".

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    2. Dimanche 20 janvier

     

    Périgueux :   16 heures, en l'église Notre-Dame-de-Toutes-Grâces, 19, rue du 34e Régiment-d'Artillerie.

    Brive : 10H30, en l'église du Christ-Roi de Brive, rue d'Espagnac.

    Amiens : 10h30, Chapelle, 195 rue Léon Dupontreué.

    Nice : Journée-hommage (Messe, Déjeuner, Conférence) : renseignements 04 93 81 22 27

    Nancy : 9h25, Église Saint Pierre, Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny. 

    Fête des Rois de l’U.S.R.L. et de La LORRAINE ROYALISTE à partir de 12 h. Repas suivi de la galette traditionnelle, Restaurant « Chez Maître Marcel » (au coin des rues Raymond Poincaré et de l’Armée Patton à Nancy). Allocutions de Jean-Marie CUNY, Jean-Paul LUPORSI, Philippe SCHNEIDER. Inscrivez-vous dès maintenant à La Lorraine Royaliste, 22 rue Victor Hugo, 54000, Nancy ou téléphonez au 06 19 19 10 69. Inscription impérativement pour le 15 Janvier au plus tard.

    Nantes : * 12h30 : Dépôt de Gerbe en hommage à Louis XVI et aux victimes de la Révolution . 
                 * 13h15 : Repas à la Taverne du Château : 23 Allée Commandant Charcot (PAF : 23 euros. Inscription obligatoire par mail : urbvm@hotmail.fr )

                 * 15h : Conférence de Gérard Bedel : Louis XVI ou la tragédie de la Vertu. (PAF pour ceux qui ne déjeunent pas sur place : 2 euros).

    Belloy (Oise) : 11h, Messe, Église de Belloy. 

    Paris : Marche aux flambeaux en hommage à Louis XVI. Rendez-vous devant l’église de la Madeleine à 18h00 précises.  

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    3. Mardi 22 janvier :

    Bayonne : 18h30, en la cathédrale de Bayonne. Messe célébrée par Mgr. Aillet, Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron. 

                          La Messe sera suivie par un dîner (19 h 45 au Restaurant

  • Le regard vide, extraits n° 22, 23, 24 et 25 (et dernier)

                Voici les quatre derniers extraits de la série dont nous avons commencé la publication le lundi 7 septembre.
     
    MATTEI.jpg

    Il faut être reconnaissants à Jean-François MATTEI, avons-nous dit, d’avoir écrit « Le regard vide - Essai sur l'épuisement de la culture européenne ». Et, en effet, il faut lire et relire ce livre, le méditer, en faire un objet de réflexion et de discussions entre nous. Il dit, un grand nombre de choses tout à fait essentielles sur la crise qui affecte notre civilisation – et, bien-sûr, pas seulement la France – dans ce qu’elle a de plus profond.  

     Ce livre nous paraît tout à fait essentiel, car il serait illusoire et vain de tenter une quelconque restauration du Politique, en France, si la Civilisation qui est la nôtre était condamnée à s’éteindre et si ce que Jean-François MATTEI a justement nommé la barbarie du monde moderne devait l’emporter pour longtemps.

     C’est pourquoi nous publierons, ici, régulièrement, à compter d’aujourd’hui, et pendant un certain temps, différents extraits significatifs de cet ouvrage, dont, on l’aura compris, fût-ce pour le discuter, nous recommandons vivement la lecture. 

                                     Extrait n° 22 : page 197.

     

    la culture de l’âme

     

    Dans son bel essai sur l’identité de la culture européenne, Europe, la voie romaine, Rémi Brague établit de façon convaincante que l’Europe s’est pensée, depuis les Romains, sur le modèle de la secondarité culturelle. La civilisation romaine a pris en effet conscience d’elle, au cours de sa longue histoire, à partir de l’opposition tranchée entre la Romania et la Barbaria. On le voit clairement, et rétroactivement, dans les Rerum gestarum libri XXXI d’Ammien Marcellin. Le dernier grand historien romain reconnaît dans la défaite de Rome en août 378 contre les goths –« une foule de gueux épouvantables »- la fin de la civilisation vaincue par les Barbares. L’Orbis romanus se réclamait en effet de l’instauratio de l’humanité entière, non pas son « instauration », mais sa « restauration », c’est-à-dire la célébration de l’acte initial d’apparition de l’homme arraché à son animalité primitive. L’instauratio romaine de l’humanité, assimilée à la raison universelle, témoigne de sa dépendance à l’égard de la Grèce qu’elle avait pourtant vaincue par les armes. Mais le vainqueur ne put restaurer la splendeur grecque, par l’imitation des lettres et des arts, qu’en instaurant un nouvel espace de culture qui portera plus tard le nom d’ « humanisme », une notion inconnue des Grecs. Rémi Brague souligne le double versant de cette secondarité qui animera l’Europe au cours de son histoire : : « Être « romain », c’est avoir en amont de soi un classicisme à imiter, et en aval de soi une barbarie à soumettre…  Être « romain », c’est se percevoir comme Grec par rapport à ce qui est barbare, amis tout aussi bien barbare par rapport à ce qui est Grec » (1).

                  Curieusement, et nous revenons à la jonction initiale des deux principaux courants de la culture européenne, c’est l’enseignement chrétien qui prendra le relais de la philosophie grecque en approfondissant la notion d’homme intérieur. Saint Paul, tout en refusant la sagesse du monde que Dieu a frappé de folie, annonce que Dieu habite en chacun des hommes comme dans un sanctuaire. Il n’y a plus désormais de Juif ni de Grec, d’esclave ni d’homme libre, d’homme ni de femme, mais des enfants de Dieu identifiés au Christ qui est, selon l’Epître aux Colossiens, « tout et en tout » (1). Paul appelle alors celui qui s’appréhende lui-même selon la loi de Dieu, qui est la loi de son intelligence et non la loi du péché, un « homme intérieur » ; la même expression revient dans plusieurs épîtres pour désigner le nouvel être spirituel créé par le baptême (2). L’image de ce sanctuaire intérieur, d’une ampleur infinie, que l’homme creuse au fond de lui quand il fait la découverte de Dieu, sera amplifiée par Saint Augustin ; Dieu, interior intimo meo, « plus intérieur que ma propre intimité », lui apparaît au livre XII des Confessions sous la triple forme psychologique de l’être, de l’intelligence et de la volonté.

    (1)     : Paul, Colossiens 3, 11.

    (2)     : Paul, Romains 7, 22 ; 2 Corinthiens 4, 16 ; Ephésiens 3, 16 ; cf. 1 Pierre 3,4.

                           -extrait n°  23 : pages 226/227.

                (C’est reconnaître que) la pure présence à soi, dans l’écoulement indifférent  de la vie, abolit tout horizon de signification en aveuglant le regard que l’on porte sur le monde. Selon le mot d’Ernst Bloch, dans Traces, « laissés à nous-mêmes, nous sommes encore vides » (1). Une telle vacuité, ou une telle vanité d’existence, est brillamment mise en scène par Gilles Lipovetsky dans L’Ere du vide. Prenant acte de l’ébranlement des mœurs et de la révolution individualiste de la seconde moitié du XXème siècle à travers la désaffection politique, l’érosion des autorités, la désagrégation des personnalités et l’émergence des valeurs hédonistes, l’auteur dresse le portrait éclaté d’une société désenchantée dans laquelle « la désubstantialisation post-moderne » fait bon ménage avec « la logique du vide ». La thèse centrale de l’ouvrage est présentée avec la froideur du diagnostic : « c’est désormais le vide qui nous régit ». Le lecteur assiste alors à une série étourdissante de variations kaléidoscopiques sur la séduction des apparences qui abolit les identités, le désinvestissement des valeurs qui cultive les indifférences, la stratégie narcissique du vide qui évacue les significations, la déconstruction post-moderne qui détruit la créativité artistique, la société de dérision qui parodie les modèles transcendants et les violences urbaines qui imposent un régime de barbarie à une époque suicidogène.

                Là où la tragique révélait la plénitude de la condition humaine et l’apocalypse de la fin des temps, le « vide sans tragique ni apocalypse » (2) déréalise le monde et déserte le sens. Notre époque illustre ad nauseam la sentence de Nietzsche dans le Zarathoustra : « Le désert croît. Malheur à celui qui recèle un désert ! »(3) Ce à quoi répond Lipovetsky en assurant au nomadisme contemporain que « le désert est devant nous, à inscrire parmi les grandes conquêtes à venir ». En conséquence, les multiples traits de cette société hédoniste dans laquelle le Moi, bien que comblé d’informations, devient « un miroir vide » (4), concourent à évoquer le mirage de ce désert intérieur.

    (1)     : E. Bloch, Traces (1930), Paris, Gallimard, 1968, page 7.

    (2)     : G. Lipovetsky, L’Ere du vide (1983), Paris, Gallimard, « Folio », 1993, page 16.

    (3)     : F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, IV, 16 « Parmi les filles du désert », page 348.

    (4)     : G. Lipovetsky, L’Ere du vide, pages 64 et 69. Souligné par l’auteur.

     

    Extrait n° 24 : pages 285/286.

                Allan Bloom rejoint les propos de Kosic et de Claudel quand il écrit que l’âme humaine doit avoir une structure de cathédrale gothique. Tout repose en effet en Europe, chez Platon et chez Kant, chez Bach, Cézanne ou Klee, sur l’architectonique de l’œuvre qui articule le regard aux ogives, les ogives à la voûte, la voûte au vitrail et le vitrail à Dieu dans la structure diaphane de la lumière. Kosic retrouve ici naturellement le souci platonicien de l’âme qui permet de sortir de l’envoûtement de la caverne vers son ouverture afin de parvenir, « dans ce passage transcendant », à fonder le monde. Et le philosophe tchèque de faire appel à la fois à Platon et à Heidegger, aux deux bouts de l’Europe, pour repenser l’harmonie d’un monde où les noces de la terre et du ciel, évoquées par Camus un soir de ruines romaines, célèbrent la communion des hommes et des dieux. La culture de l’âme parvient alors, dans le travail de la terre, à vivre sous le ciel en compagnie des hommes et à honorer les dieux qui tournent vers eux leurs regards (1).

    (1)     : Kosic, La Crise des temps modernes, pages 149/188/199 et 234.

     

    Extrait n° 25 : pages 291/292 (dernière page de l’œuvre).

               Le philosophe brésilien Bento Prado Junior, qui avait attiré mon attention sur la gravure de Goya, discernait en elle l’image du nomadisme de notre époque perdue dans un labyrinthe sans issue (1). Pour parfaire son interprétation, il proposait de changer le titre de l’œuvre, No saben el camino, « Ils ne connaissent pas le chemin », en No sabemos el camino, « Nous ne connaissons pas le chemin ». Et il commentait ainsi le nouveau titre, en l’appliquant à notre situation actuelle :

    « Si nous ne sommes pas capables de discerner les voies sur al surface de la Terre, c’est parce que nous en sommes pas capables de nous localiser, sur la Terre, entre le Ciel qui est au-dessus d’elle et l’Enfer qui –on le suppose- est en dessous. Justement, ce qui  nous manque, c’est l’horizon. »

                Je ne peux m’empêcher de penser, en lisant ces phrases, à la magnifique sentence de Georges Steiner tirée de l’un de ses premiers livres, Dans le château de Barbe-Bleue, qui éclaire la dualité de la condition humaine :

    « N’avoir ni paradis, ni enfer, c’est se retrouver intolérablement privé de tout, dans un monde absolument plat » (2).

                Quelques mois avant sa disparition, Bento Prado Junior ajoutait que ce nomadisme, voué à = »la recherche interminable de l’horizon » dans la vaste plaine de nos indifférences, ne se réduisait pas à la curiosité. Il nous entraîne dans une plus haute quête qui est toujours guidée, non par un visage aveugle, mais, disait el philosophe brésilien, « par un télos éthique ». Il reprenait ici, en un pays neuf éloigné de la vieille Allemagne, l’expression même de Husserl. Une telle fin révèle la hauteur essentielle de la culture européenne qui surplombe son horizon historique et lui donne son orientation. Nous pourrons connaître le chemin et nous délivrer de nos chaînes par une conversion du regard qui rend visible ce qui nous est tellement proche et que nous ne voyons plus. C’est à une telle conversion qu’amène la culture en nous permettant de retrouver chaque fois, selon une image plus ancienne, « le chemin qui conduit chez nous » (3).

    (1)     : Bento Prado Junior, « Gérard Lebrun et le devenir de la philosophie », Actes du Colloque de Nice « Brésil Brésils », Philosophie brésilienne et traditions françaises, J.-F. Mattéi,  P. Guenancia  et J.-J. Wunenburger  éd., Lyon, Editions de l’Université Jean Moulin, 2008.

    (2)     : G. Steiner, Dans le château de Barbe-Bleue, page 67.

    (3)   

  • La Nouvelle revue universelle publie son n° 31... qui confirme son nouveau départ !

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    Fondée en 1920 par Jacques Bainville, reprise par l'équipe de Politique magazine, la Nouvelle revue universelle - trimestrielle - est de la même qualité.

                Elle se situe parmi les revues de réflexion comme Commentaires ou Esprit. Nous avons de la chance de disposer d'un tel instrument : à nous de la faire connaître !...

    Un esprit nouveau souffle sur la Revue, une dynamique prometteuse s'installe : que chacun en profite, y participe et concoure à faire de la Revue, toujours plus et toujours mieux, le forum qui servira nos Idées en ces temps de crise, face aux évènements qui se préparent...

                Abonnez-vous, faites abonner vos amis et connaissances, donnez des adresses de personnes susceptibles d'être intéressées :   

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    Voici le "A nos lecteurs", par Christian Franchet d'Espèray, qui "ouvre" ce numéro : il a été écrit avant la manifestation du 24 mars – mais cela change peu de choses puisque cette journée a surtout confirmé et amplifié le mouvement du 13 janvier –, et aussi avant l’élection du pape François, qui a ouvert d’emblée de nouvelles et passionnantes perspectives pour l’Eglise romaine, pour les chrétiens en général et même pour tous les Français.

    Enfin, sachez-le, Christian Tarente consacre un article au nouveau pape dans le prochain Politique magazine, qui sort très bientôt....

     La France est de retour !

    par Christian  Franchet d'Espèrey

     

    Dolente et souffreteuse, grabataire et fiévreuse, elle ne manquait pourtant pas de médecins à son chevet. Mais tant de doctes praticiens rassemblés pour découvrir que seule… l’aggravation de son mal parviendrait à la sauver ! Où es-tu, Molière ?… Bref, cette pauvre France était au plus mal, elle se traînait de crise en crise, souffrant de perte de mémoire et de troubles identitaires. Pire, elle finit par contracter une dérive anthropologique aiguë, un mal affreux, long et difficile à résorber. 

    Nous en étions là… A vrai dire, nous en sommes toujours là, si ce n’est que deux évènements inattendus sont venus nous remettre au cœur une dose d’espoir que nous n’attendions plus.  

    manif pour tous 24 MARS 2013 3.jpgPremier évènement : l’immense clameur poussée par le peuple de France en réponse à un projet de loi proprement insensé, dans toutes les acceptions du terme. Ce que nous avons appelé ici-même le « cri d’Antigone », cet appel sacré aux lois inviolables, a déchiré la nuit.  Des portes de Paris au Champ de Mars, une triple marée humaine a déferlé. Les images qu’on en a prises ont fait le tour de la terre. Les quelques peuples déjà soumis à la nouvelle barbarie, ou en voie de l’être, comme tous les autres qui nous regardent, stupéfaits, sombrer dans la décadence, tous ont vu ce million de personnes défiler sur le pavé parisien non pour défendre leurs salaires, leurs « droits acquis » ou leurs privilèges, mais pour défendre l’être humain contre ceux qui s’acharnent à le détruire. 

    Immense clameur… Immense soulagement, aussi, à la face du monde : le peuple français existe encore ! On le croyait moribond, peut-être déjà mort… et il a bougé, il s’est redressé, debout il s’est mis en marche, tout au bonheur de se retrouver, et de crier et chanter pour soutenir la plus irréprochable, la plus irrécusable, la plus irréfutable des causes. Contre une pression dominante qui paraissait insurmontable, cette foule a fait éclater sa vitalité retrouvée. De la braise, une flamme a jailli… elle peut faiblir, vaciller, mais elle ne doit plus s’éteindre. À chaque instant, nous devons être prêts à réveiller cette ardeur – non pour elle-même, mais pour qu’après avoir réchauffé les cœurs, elle serve àrendre un avenir à l’intelligence. 

    MALI 2013 1.jpgDeuxième évènement, concomitant, bien qu’à 4000 kilomètres de là. C’est la terre africaine qui nous l’a offert. La grande épopée coloniale française, déployée dans des circonstances multiples et à des époques successives, a été marquée à la fois d’heures glorieuses et de lourdes ambiguïtés, qui ont laissé des souvenirs amers mais aussi des traces historiques indélébiles d’amitié et de solidarité. Quand est venu le temps incertain de la décolonisation, des efforts – insensés là encore – furent faits pour que nous doutions de nous-mêmes dans un sempiternel état de repentance. Il est sûr que le grand mouvement qui a poussé des Français, depuis le XVIe siècle, à aller s’installer partout dans le monde ne s’est pas fait sans heurts, sans violences, sans injustices. Il est sûr, notamment, que l’exportation de nos « valeurs démocratiques », de nos pseudo-droits de l’homme et de notre matérialisme n’a pas fait que du bien. Il reste que cette grande confrontation de peuples a eu beaucoup d’effets bénéfiques : ce sont ceux-là qu’il faut, aujourd’hui encore, privilégier et développer. Toute une idéologie « anticolonialiste » a prétendu nier cette réalité profonde que la France recèle, dans sa culture et dans son être même, des trésors d’amitié, de générosité, de don de soi, d’ouverture aux autres qu’elle a le droit et le devoir de répandre partout où sa présence peut être reçue. Nos amis maliens ont fait fête à nos troupes débarquant à Bamako : c’est l’âme même de la France qui répondait à leur appel. Et tant pis pour les grincheux et les pisse-froid qui ont hurlé à l’aventure néocoloniale.  

    Toute idée de « recolonisation », certes, est absurde : comme le dit l’antique sagesse, on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. La colonisation du XIXe siècle a vécu et ne reviendra pas. Mais il est tout aussi vrai – d’une vérité profonde – que les liens qui unissent la France aux Africains francophones – liens exclusifs, comme ceux d’un cousinage… – ont été tissés par notre histoire commune : cette histoire, nous pouvons et devons, avec eux, la regarder en face, sans honte ni mauvaise conscience, lucides sur ses ombres et ses lumières, mais sans que nous cessions jamais de tendre la main à tous ceux-là qui, dans le continent noir, rêvent de la France. Voilà le sens à donner à la présence de nos soldats au Mali. Après avoir chassé les barbus islamistes du désert, ils doivent ouvrir la voie à des coopérants de toutes sortes, enseignants, ingénieurs, techniciens, avant que n’accourent des o.n.g. anglo-saxonnes venus servir de paravent à des intérêts douteux. Certes, entre les touaregs et les populations noires du sud, les relations ont de tout temps été tendues. La démarche que dicte le bon sens est de profiter de notre prestige retrouvé – qui est celui de la France, et d’elle seule – pour les aider à trouver une solution politique durable. Enfin un authentique projet digne de notre destin ! 

    « La civilisation qui se construit n'a pas simplement besoin de technique et de moyens. Elle a essentiellement besoin d'une inspiration qui puisse donner un sens à ses prodigieuses ressources et les mettre vraiment au service de la condition humaine. » (Cardinal Jean Danielou, peu après mai 1968). 

    Pour la génération de ceux qui ont eu 20 ans en 1968, et donc 60 en 2008, cette période de quarante années fait désormais figure de nouvel entre-deux guerres : les illusions lyriques des barricades de la rue Gay Lussac portaient en germe la débâcle finale, le débarquement à Obama Beach de la crise des subprimes. Une crise financière ? Sans doute mais, d’abord et surtout, une crise de l'intelligence, qu’un cardinal Daniélou avait diagnostiquée dès l’origine et qui n'a cessé de s'aggraver. Crise de la raison, crise du sens. Et d’abord du sens des mots. On connaît l'ambiguïté sémantique des mots libéral et libertaire :une des tâches que s'est fixées la Nouvelle Revue universelle est de contribuer à la lever. Mais l'expérience le prouve : quand le libéral rencontre le libertaire et s'accorde avec lui, ce n’est pas seulement que la liberté vraie est menacée, c'est d’abord que l'intelligence est terriblement atteinte. Les victimes de ce symptôme – aujourd'hui à l'état pandémique – prennent pour une joyeuse fièvre du samedi soir la redoutable fièvre quarte qu’ils ont contractée. Le virus est là, et il est mortel. 

    ENQUETE 2 17 11 2012.JPGC’est pourquoi, comme nous l’annoncions dans notre dernier numéro, Antoine de Crémiers a pris à bras le corps « les impasses et l’impuissance de notre bel aujourd’hui », impasses dans lesquelles nous sommes complètement bloqués, et impuissance qui nous mine. Nul pessimisme dans son approche, mais un regard clinique aiguisé : son diagnostic s’appuie sur les réflexions d’un grand nombre d’observateurs de notre temps. Quelle place réelle la modernité accorde-t-elle à démocratie, et plus généralement à la politique ? Entre pratique économique réaliste et idéologie philosophique équivoque, où situer le libéralisme ? La Nouvelle Revue universelle n’a pas fini d’en débattre. Antoine de Crémiers en assure une impressionnante ouverture de rideau. 

    Première et immédiate illustration : François Reloujac dénonce le rôle joué dans la genèse de la crise par la démission des hommes politiques, c’est-à-dire par la négation, dans une inconscience tragiquement coupable, de la seule règle d’or qui tienne, une règle en or massif : politique d’abord. 

    Autre illustration proposée, cette fois, par Gilles Varange. Pour la politique mondiale, l’année 2013 va, selon toutes probabilités, rester marquée d’une pierre noire bien plutôt que blanche : la fameuse modernité mondialisée va voler en éclats. Non sans faire beaucoup de dégâts. La satisfaction intellectuelle de ceux qui n’ont cessé de l’annoncer ne pèsera pas lourd à côté de la tâche immense de reconstruction qui les attend, qui nous attend… 

    ARMEE PAN.jpgUne sauvegarde a cependant été maintenue : notre dissuasion nucléaire. Mathieu Epinay nous raconte cette étonnante aventure dont on retiendra l’exceptionnelle valeur d’exemple. Tous nos chefs d’Etat l’ont respectée : « La fonction conférerait-elle un sens plus aigu du sacré ? Non, c'est plutôt que sa gravité stimule une réflexion objective et pragmatique. » Il y a là non seulement une garantie pour l’avenir, mais une démonstration que, quand la France veut, elle peut. 

    Mais ne rêvons pas trop vite, la modernité, pour mieuxprotéger ses laboratoires où il est fait défense à Dieu d’entrer, n’hésite pas à aller au-delà d’elle-même. Grégor Puppinck voit dans la Cour européenne des Droits de l’Homme le symbole même d’une postmodernité fondée sur un relativisme et un subjectivisme érigés en absolu. Sa jurisprudence entend transformer le mécanisme de protection des droits de l’homme en une machine à propager et imposer la postmodernité aux Etats, fussent-ils réticents ou hostiles. 

    La dénaturation du mariage est une des manifestations de cet état d’esprit. Dans une petite fable, dont l’apparence charmante ne peut dissimuler ce qu’elle a de terrifiant, François Schwerer nous fait entrer de plain-pied dans le meilleur des mondes, tandis que le poète Claude Wallaert nous montre que Créon triomphant ne saurait échapper au châtiment : il lui promet « la mort des rats ». 

    Le prophète exigeant et doux que, par un jour d’avril 2005, un conclave nous a donné pour pape, sous le nom de Benoît XVI, a donc estimé que, pour le bien de l’Eglise, son devoir était de se retirer. Ceux qui se croient autorisés à le critiquer seraient avisés de s’interroger sur ce que signifie réellement « servir jusqu’au bout le bien commun ». Notre directeur, Hilaire de Crémiers, a expliqué le sens à donner à ce retrait, qui n’a, naturellement, riend’une « démission », car elle doit tout à l’ultime lucidité d’un homme qui sait mieux que personne comment l’Eglise doit être conduite dans le temps que nous vivons. Son geste est une parfaite illustration d’une phrase de son encyclique sur l’espérance, Spe Salvi, que Xavier Walter aimait à citer : "Tout agir raisonnable et loyal est espérance en acte". 

    LOUIS XVI MESSE.jpgUn précepte que ne récusera pas Dom Philippe Piron, Abbé de l’abbaye bénédictine de Kergonan, à l’entrée de la presqu’île de Quiberon, si actif pour faire vivre et croître sa communauté.

    Nous le remercions de nous avoir autorisés à publier le texte de la belle homélie qu’il prononça, par un 21 janvier enneigé, en l’église Saint-Germain l’Auxerrois.

    Christian Franchet d'Espèrey

  • Mode vestimentaire musulmane : et si nous en tirions un enseignement ?

     

    par Yves Morel

     

    La polémique

    De grandes sociétés commerciales de produits vestimentaires (Dolce et Cabana, Marks & Spencer, H & M, Uniqlo) se lancent à la conquête de la clientèle musulmane, désormais très présente sous nos latitudes, et lui proposent des gammes de vêtements aussi couvrants qu’élégants. En France, cette offensive commerciale donne lieu à une polémique, surtout depuis que Mme Laurence Rossignol, ministre des Droits des Femmes, a fustigé ces grandes maisons, complices objectives de l’asservissement de la gent féminine à la Charia, allant même, dans son emportement, jusqu’à dérailler au point de comparer l’attitude des musulmanes adeptes de cette mode vestimentaire (qualifiée d’islamique), à celle des « nègres » (sic!) d’Amérique qui, au milieu du XIXè siècle affirmaient préférer demeurer des esclaves humiliés mais nourris par leurs maîtres plutôt que de devenir des hommes libres à la dignité enfin reconnue, mais sans moyens de subsistance. Si l’emploi de cette épithète raciste de « nègre » a valu à Mme Rossignol des volées de bois vert de toutes les associations antiracistes « et pour l’amitié entre les peuples » (un adhérent du FN ou même de la droite « républicaine » aurait eu droit à une assignation judiciaire), elle a reçu le soutien de toutes les organisations féministes.

    Une dizaine d’entre elles félicitent la ministre d’avoir « réagi avec force et indignation à la banalisation du port du voile islamique ». Mme Danielle Bousquet, présidente du « Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes » (cela ne s’invente pas) estime que la ministre « a eu raison de dénoncer l’irresponsabilité des grandes marques qui, au nom du profit, n’hésitent pas à reprendre à leur compte une stratégie fondamentaliste politico-religieuse ». Mme Badinter, elle, appelle à boycotter ces produits. Les hommes de gauche (ou tout simplement « républicains ») ne sont pas en reste. M. Gilles Clavreul, « délégué interministériel, chargé de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » (Diantre !) vole au secours de Mme Rossignol « dont le seul crime est de défendre la dignité et la liberté des femmes contre les noces barbares du cynisme marchand et de la bigoterie ».

    Héroïque Laurence Rossignol, émule laïque de sainte-Geneviève, qui tente d’arrêter les barbares modernes. Pierre Bergé, millionnaire affairiste de la haute couture se juge fondé à prodiguer des leçons de morale à ses confrères : « Renoncez au fric, ayez des convictions. Vous êtes là pour embellir les femmes », leur a-t-il lancé avec un bel aplomb. Un bel aplomb, oui, car ce chevalier qui vole au secours de la femme opprimée (en même temps que des gays) a montré, tout au long de sa carrière, que lui-même ne renonçait pas facilement au « fric », tout au contraire (cf ses condamnations passées pour délit d’initié, etc…) et qu’au cours des années 1960, il vendait (force publicité à l’appui) des vêtements orientaux totalement couvrants destinés aux musulmanes et promus dans ses catalogues où l’on pouvait voir des femmes voilées (par ses soins). Notre Premier ministre lui-même y est allé de son couplet : « Ce que représente le voile, non ce n’est pas un phénomène de mode, non ce n’est pas une couleur qu’on porte, non c’est un asservissement de la femme ».

    Comment ne fondrions-nous pas devant tant de protestations indignées émanant de si irréprochables professeurs de vertu ?

    Ils ont pourtant tout fait pour en arriver là

    En vérité, l’irruption, en Europe occidentale, de cette mode vestimentaire islamique est riche de méditations auxquelles se livrer, et d’enseignements à tirer.

    Tout d’abord, de quoi se plaignent tous ces républicains et gens de gauche ? Durant des décennies, tout particulièrement pendant toutes les années 1980 et tout le septennat de M. Mitterrand, ils n’ont cessé de promouvoir le droit à la différence dans tous les domaines, d’inciter les immigrés à ne pas s’assimiler à notre société et, au contraire, à promouvoir leur propre culture d’origine, en opposition à la nôtre. Dans certains hypermarchés, des pancartes étaient rédigées en arabe à leur intention. Il était jugé très seyant d’arborer la fameuse épinglette « Touche pas à mon pote ». Les socialistes affirmaient qu’ainsi « la France s’enrichirait de ses différences » (propos de Gérard Collomb, entre bien d’autres) ; M. Mitterrand déclarait, sur le ton péremptoire de l’exigence comminatoire : « Je veux qu’on bouscule les traditions, les habitudes et les usages français » (pas à l’Elysée, ni à Latché, cependant), tandis que son épouse Danielle défendait expressément « le port du tchador » (à vrai dire, elle confondait voile et tchador).

    Eh bien, c’est fait : nos musulmans ne se sentent pas français, n’aiment pas la France, rejettent peu ou prou notre société, ne souhaitent pas s’y intégrer, et se contentent d’une citoyenneté purement juridique et du respect superficiel de nos lois. Ils s’amarrent à qui mieux mieux à leur culture d’origine, et, pour quelques-unes d’entre eux, basculent dans l’islamisme radical. Ils n’ont que faire de nos principes républicains, libéraux, démocratiques et laïques, cherchent à nous imposer leur mode de vie, leurs coutumes alimentaires, le respect de leur religion, et fustigent nos femmes, trop libérées et découvertes à leur gré. Nos gens de gauche, et d’ailleurs presque toute notre classe politique, notre intelligentsia, nos « élites », ont voulu cela, et ont fait en sorte que cela advienne. Il est donc tout à fait déplacé, voire scandaleux, de leur part, de critiquer certains des effets, pourtant très prévisibles, de la situation qu’ils ont eux-mêmes créée. Et il n’y a rien d’étonnant, ni même de scandaleux (d’un point de vue strictement logique) à ce que, dans une société « polyethnique et multiculturelle », cultivant à l’envi la « diversité » et le « droit à la différence », en laquelle le marché est devenu l’étalon unique de toute valeur, les musulmanes achètent des vêtements conformes aux exigences éthiques de la culture arabe et de l’islam.

    Et il n’y a rien de scandaleux, non plus, du même point de vue, à ce que des sociétés de confection et de vente de vêtements, cherchent à attirer cette clientèle. L’apparition de cette mode vestimentaire musulmane n’est que l’une des très nombreuses et très logiques conséquences de toute notre politique d’immigration, suivie depuis le début des années Mitterrand, et préparée dès avant, avec la loi Pleven en faveur des immigrés (1972) et le décret Giscard d’Estaing-Chirac-Durafour autorisant le regroupement familial (1976). Et elle constitue une preuve de plus de l’inanité de notre modèle républicain d’intégration.

    Mais elle nous interpelle également au sujet de notre conception de la dignité de la femme. Mme Rossignol et autres nous présentent ces musulmanes élégamment couvertes comme des êtres dégradés, asservis et dénaturés au point d’aimer leur servitude et d’en assurer la défense, l’illustration et la promotion.

    En vérité, qui est asservi ? Qui est libre ?

    Mais enfin, Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs les Députés (imitons le langage rituel des débats de notre Assemblée nationale), mesdames et messieurs les femmes et hommes politiques, les haut(e)s fonctionnaires, les journalistes et autres hérauts (et héros ?) de la modernité, de la « diversité » et de la « multiculturalité » (en même temps que de la « liberté »), réfléchissez un tout petit peu et appliquez à vous-mêmes et à vos propres idées la salutaire distance critique que vous préconisez pour l’examen de quantité de questions relatives à notre identité culturelle, à notre passé et à tout ce qui va à l’encontre de votre vision du monde. Après tout, comment pouvez-vous être si certains que toutes les femmes musulmanes voilées sont ces créatures asservies, humiliées, dégradées et aliénées que vous présentez, et que nos femmes occidentales prétendûment libérées et souvent vêtues de manière provocante sont des personnes humaines fières et dignes, maîtresses de leur corps et de leur âme, saines d’esprit, droites de jugement, éclairées et moralement supérieures ?

    En réalité, tout montre que les secondes, sous l’apparence d’une libération provocante, sont complètement asservies à un univers perverti par une sexualité débridée et une marchandisation de toutes les « valeurs » et du corps (qu’il s’agisse de celui de la femme ou de l’homme). L’Occidental, homme ou femme, n’est plus qu’un obsédé de la chair, qui voit et met du sexe partout, et en fait la seule dimension de l’existence et la seule finalité de notre espèce, ravalée au rang de l’animal. Il se croit libre, mais n’a jamais été aussi aliéné qu’à notre époque frelatée. Est-il donc impensable, dans ce contexte, qu’une jeune fille, une jeune femme arabo-musulmane saine d’esprit, intelligente, digne, un peu fière, ayant une certaine force de caractère, fasse le choix de vivre conformément à une éthique religieuse qui prescrit le refus de la mise à l’étalage de la chair et de la réduction du corps à un objet (convoité mais méprisé) de concupiscence, soumis aux lois du commerce ? S’il existe incontestablement des femmes asservies à la tyrannie des mâles et à une conception obscurantiste de la religion, dans beaucoup de cas, le port de vêtements couvrants illustre le refus de la décadence matérialiste, mercantile et perverse de notre société occidentale et le choix d’un mode de vie plus digne, plus moral et plus respectueux du corps et de la dignité de la femme, en même temps que de l’homme.

    Dans les amphis, les bibliothèques universitaires, les médiathèques des grandes villes, on peut voir des jeunes filles et des jeunes femmes studieuses, intelligentes, instruites, cultivées, saines de corps et d’esprit, tout à fait capables de jugement et de libre arbitre, et qui pourtant, conformément aux préceptes de leur éthique religieuse, portent le voile traditionnel (qui laisse apparaître leur visage) ; et on peut gager sans risque qu’elles sont, du point de vue intellectuel et moral infiniment plus libres et maîtresses d’elles-mêmes et de leur corps que bien des écervelées françaises de souche légèrement vêtues, adonnées à toutes les frasques sexuelles possibles, accros à tous les sites pornographiques, et qui se bousculent dans les boîtes de nuit , discothèques et autres salles de spectacle.

    Contradiction et échec de notre modèle républicain

    On ne peut pas à la fois souhaiter que notre nation devienne le melting pot de toutes les cultures jusqu’à voir son identité profondément altérée, et refuser les conséquences naturelles de l’introduction des cultures étrangères en France. Lors de la mémorable émission du 26 septembre dernier On n’est pas couché, M. Yann Moix lançait à la figure de Mme Morano (qui avait commis le crime inexpiable de définir notre nation comme étant « de tradition judéo-chrétienne et de race blanche ») que « demain, la France sera peut-être musulmane », et que l’observation de notre valeur républicaine de laïcité imposait de ne surtout rien tenter pour prévenir cette évolution. Seulement voilà : M. Yann Moix se trouve justement, en tant que républicain démocrate et libéral, hostile à l’islamisme et à toutes les tenues vestimentaires musulmanes qui lui paraissent asservir la femme. Eh bien, mon cher Monsieur, c’est bien regrettable : vous ne pouvez pas, sans une insoutenable contradiction, accepter l’islamisation de la France et rejeter les préceptes moraux et les coutumes de l’islam. Accepter l’islamisation de notre nation dans le cadre républicain, laïque et libéral, c’est vouloir tracer un cercle carré.

    En définitive, cette polémique autour de mode vestimentaire dite islamique est une excellente occasion de nous remettre en question, de nous interroger sur la prétendue supériorité absolue de notre modèle républicain ouvert à tous les vents et censément propre à intégrer les cultures les plus diverses. En cela, cette mode est plutôt une bonne chose. 

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

  • Les messages du « voile »

     

    par Annie Laurent

     

    1214153452.jpgLe port du "voile" et son développement actuel comportent des signes adressés aux musulmans et au reste du monde. Ils invitent également à des réflexions concernant aussi bien le regard que l’islam porte sur l’être humain que sur son projet conquérant.
     
    Protéger la femme et assurer sa liberté ; rassurer l'homme et garantir sa vertu

    Le jilbâb, dans ses variantes, met le corps féminin à l’abri de la concupiscence des hommes. "C’est un bouclier" (Bruno-Nassim Aboudrar, Comment le voile est devenu musulman, Flammarion, 2014, p. 155). La liberté et la sécurité de la musulmane sont conditionnées par le port de cet habit spécifique.

    L’imam Hassan Amdouni, établi en Belgique, opposé au voile intégral, donne un sens identique au hidjâb.

    "Le hidjâb est le moyen par lequel Dieu – qu’Il soit loué – honore la femme et met fin au marchandage forcé de son charme, et à l’agression répétée du regard convoitant des hommes ! A ce niveau, le hidjâb œuvre à la fois contre une déstabilisation de l’ordre social et contre le ravalement de la femme au niveau de l’objet" (Le hidjâb, Maison d’Ennour, Paris, 2001, p. 86).
     
    Leïla Babès, sociologue française d’origine algérienne, en tire cette remarque : "Le mot d’ordre est le suivant : le corps de la femme est objet de désir sexuel, elle doit donc le voiler pour assurer la tranquillité des hommes" (Le voile démystifié, Bayard, 2004, p. 11).

    Faut-il penser que l’islam considère l’homme incapable de maîtriser ses sens, au point de devoir enfermer la femme, soit chez elle, soit dans un vêtement enveloppant au dehors ?

    "En déduire comme l’ont fait les exégètes, tout comme le font les musulmans aujourd’hui par la surenchère à laquelle ils se livrent, que la prescription a un caractère éternel et non circonstancié, c’est reconnaître que les hommes musulmans sont des hommes sans éducation, incapables de contrôler leurs instincts animaux"(L. Babès, op. cit., p. 32).

    La retenue est pourtant recommandée à l’homme par le Dieu du Coran :"Dis aux croyants : de baisser leurs regards, d’être chastes. Ce sera plus pur pour eux. – Dieu est bien informé de ce qu’ils font"(24, 30). 
     
    Enfin, revêtu par une jeune fille, le "voile" indique que celle-ci est pieuse et sérieuse, donc prête à être épousée. Mais que dire de ces étudiantes qui portent un hidjâb arrangé avec affectation et coquetterie, sur un visage très maquillé et avec un pantalon moulant, comme on le voit en Egypte ou en Syrie ? Seule la chevelure présenterait-elle un élément troublant pour l’homme au point que la cacher devienne obsessionnel ?

    Rappeler ou réintroduire la condition traditionnelle de la femme en islam

    Lorsqu’il est imposé, et quelle qu’en soit la forme, le "voile" réintroduit dans l’univers mental musulman une conception traditionnelle de l’islam qui postule l’infériorité de la femme.

    Il en devient l’emblème : « porter le voile de façon stricte, c’est vouloir se conformer à la Sunna du Prophète et assumer tout le discours coranique de la relation entre les deux genres » (Viviane Liati, De l’usage du Coran, Mille et une nuits, 2004, p. 271).

    Négation de la femme en tant que personne

    Le voile intégral suggère la négation de la femme en tant que personne, puisque l’expression du visage (tristesse, joie, rire, pleurs, etc.), reflet de l’intériorité, est le vecteur privilégié du dialogue entre semblables. Ce qui poussait Jihane Sadate, l’épouse de l’ancien président d’Égypte, à qualifier ses concitoyennes qui le portaient de "tentes ambulantes".

    Témoignage d’une musulmane qui, ayant été contrainte de porter le niqab, recevait les félicitations de ses proches pour sa "perfection" : "Pourtant, en moi, il n’y avait plus rien. J’étais devenue rien. Sans visage, sans nom, sans volonté, sans désirs" (Zeina, Sous mon niqab, Plon, 2010, p. 88). Non sans souffrance, elle est parvenue à se libérer de ce voile oppresseur.
     
    Obstacles à des rapports humains paisibles et sains, le niqab et la burqa provoquent le regard des autres, ce qui est paradoxal.

    "Ces musulmanes d’Occident [qui portent le voile intégral] se comportent comme des images. Et cela pour exprimer une religion, affirmer une culture qui abomine l’ostentation en général, celle des femmes tout particulièrement, et proscrit les images" (B.-N. Aboudrar, op. cit., p. 19).
     
    Le voile, quel qu’il soit, sépare. Il est ségrégatif et, comme tel, postule aussi la méfiance envers la femme.

    "En voilant la femme, l’islam instaure le doute et la suspicion, non seulement à l’égard de celles qui ne se conforment pas à la norme, mais à l’égard de toutes les femmes. Car, en même temps qu’il dé-montre la femme, le voile en suggère toute la puissance magnétique sur les hommes. Voilée ou non, la femme reste donc un être dangereux, réduit à un corps qui fascine et qui inquiète." (L. Babès, op. cit., p. 44).

    Un féminin masculin

    C’est contre cette conception, inséparable de l’obligation du port du voile, que se sont élevés les pionniers du féminisme arabo-musulman, notamment le premier d’entre eux, l’Égyptien Qasim Amin (1863-1908), diplômé en droit de l’université de Montpellier et auteur de La libération de la femme, ouvrage qu’il publia au Caire en 1899.

    Constatant l’absence de clarté du Coran qui, de toute façon, n’interdit pas aux femmes de montrer leurs visages, il en déduit que le voile relève de coutumes habillées d’un vernis religieux et qui n’ont rien de sacré. "Le voile n’est qu’une affaire de mœurs, pas de religion"(cité par Le Point, n° 2277, 28 avril 2016).

    Il faut donc, explique Amin, adapter la tenue des femmes au bien de la société contemporaine. Or, à ses yeux, l’isolement, à la maison ou sous le voile dans la rue, est négatif socialement car il empêche les femmes d’être des "êtres complets" et de contribuer au progrès des sociétés islamiques. La pensée d’Amin encouragea les musulmanes à se débarrasser de leurs voiles. Le ton fut donné par sa compatriote Hoda Chaaraoui, qui se dévoila publiquement à Alexandrie en 1923.
     
    D’autres intellectuels arabes ont suivi la voie d’Amin. L’un des plus connus est le Tunisien Tahar Haddad (1899-1935), auteur de La femme tunisienne devant la loi et la société (1930), ouvrage qui inspira le Code du statut personnel promulgué en 1956 à l’initiative du futur président Habib Bourguiba. Les femmes étaient désormais libres de choisir leur conjoint, de poursuivre des études, de travailler hors de leur foyer, de voter et d’être des citoyennes à part entière.

    Ainsi, de nouvelles habitudes se sont propagées un peu partout jusque dans les décennies 1970-80, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’islamisme influence le retour du voile, par les idées, la persuasion et la finance.

    Aujourd’hui, dans le chiisme (moins figé que le sunnisme), notamment en Iran, des savants se prononcent contre l’obligation faite aux femmes de se couvrir les cheveux. La réforme qu’ils préconisent est conçue comme allant de pair avec l’émancipation féminine. Ce courant se développe depuis l’élection, en 2013, de l’actuel président, Hassan Rohani.
     
    Promouvoir le communautarisme, affirmer une identité et engager une stratégie de conquête

    Le "voile" constitue une sorte de "certificat d’islamité", d’appartenance à la "meilleure communauté suscitée parmi les hommes" (Coran 3, 110), qui permet de distinguer les musulmanes des "mécréantes". "On se pose en s’opposant. Il y a une altérité irrémédiable et revendiquée" (V. Liati, op. cit, p. 270).

    Promotion du communautarisme

    Le "voile" accompagne des revendications identitaires qui s’affirment dans la vie privée et sociale (cf. le refus de la mixité entre adultes) par la réclamation de droits spécifiques, conformes à la charia (loi islamique), et, sous l’excuse de la liberté religieuse, favorise le communautarisme.

    Telle est la position affirmée par Ahmed Jaballah, président de l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF, affiliée aux Frères musulmans), le 21 novembre 1989, à l’intention du Premier ministre d’alors, Lionel Jospin, au moment de la première "affaire du voile" à l’école, survenue à Creil.

    "Vous laissez entendre que le Coran n’impose pas le foulard. Or le livre sacré des musulmans est très clair et très explicite, et ne laisse aucun doute sur le devoir de chaque musulmane de porter le voile"(Le Monde, 22 novembre 1989, cité par Gilles Kepel, À l’ouest d’Allah, Seuil, 1994, p. 280).

    Revendication identitaire

    Par ailleurs, le retour du voile, qu’il soit volontaire ou qu’il relève d’un conditionnement familial ou social, postule une identité qui ne veut pas se laisser corrompre par l’influence des mœurs occidentales, jugées néfastes. En témoigne cette discussion qui s’est déroulée dans l’Algérie française entre une métropolitaine, Marie, épouse d’un musulman mais refusant de se voiler, et sa belle-mère.

    Marie : "Dieu n’a pas fait la figure des femmes pour la mettre derrière un rideau, honteusement ".
    Sa belle-mère : "Les femmes de chez nous sont des filles de soumission et de patience et non des effrontées dont chacun, dans les rues, peut connaître le visage pour ensuite salir l’honneur" (B.-N. Aboudrar, op. cit., p. 93).

    Stratégie conquérante

    La propagation du "voile" en Europe, la solidarité envers les musulmanes "victimes" de la laïcité et la mobilisation de l’Oumma (la communauté islamique) sont au service d’une stratégie de conquête mise en œuvre par les réseaux liés aux Frères musulmans. C’est ce que démontre  Paul Landau, spécialiste de l’islamisme, dans son enquête sur l’UOIF, Le Sabre et le Coran (éd. du Rocher, 2005). Projet auquel s’oppose le mouvement Objectif France, présidé par Rafik Smati, Français d’origine algérienne.

    "L’évolution vers le radicalisme religieux au fil du temps me confirme dans la conviction que le foulard islamique n’est pas un attribut religieux, mais un outil de conquête politique. Ne soyons pas naïfs : le voile est un étendard de l’islamisme !" (Site Nouvelles de France, 27 avril 2016).

    Pour conclure

    Ce n’est pas en tant que vêtement – sauf dans ses formes aliénantes ou disgracieuses – que le voile islamique pose problème mais à cause du projet dont il est le vecteur, aussi bien dans les pays de tradition musulmane en cours de réislamisation que dans les pays où l’islam s’établit à travers l’émigration.

    Selon Hanifa Chérifi, membre du Haut-Conseil à l’Intégration, les atermoiements de l’Etat français ont entraîné un processus dangereux pour l’unité nationale.

    "Si l’on s’était donné le temps de la réflexion, on se serait rendu compte que le port du voile est un obstacle au processus d’intégration scolaire, sociale et, surtout, d’intégration dans le monde du travail"(Le Monde, 16-17 décembre 2001).

    Il reste aux Etats européens à ouvrir les yeux sur cette réalité et à prendre les mesures qui s’imposent. Saisie d’une affaire concernant l’employée musulmane d’une entreprise belge qui refusait de retirer son foulard islamique sur le lieu de son travail, l’avocate générale de la Cour de Justice de l’Union européenne a estimé, dans ses conclusions, que cette interdiction "peut être licite car elle ne constitue pas une discrimination directe fondée sur la religion, dès lors que cette interdiction s’appuie sur un règlement général de l’entreprise interdisant les signes politiques, philosophiques et religieux visibles sur le lieu de travail" (Le Figaro, 1er juin 2016). 

    Repris de Clarifier, La Petite Feuille Verte, juin 2016

    Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient.

  • Le chaos des référentiels

     

    par Michel MICHEL, sociologue

    Sur l'instabilité structurelle du paysage idéologique en France 

     

    mm.jpgUne société ne se caractérise pas seulement par ce qu’elle est, mais aussi par ce qu’elle vise. L’homme est un être normatif et chaque société est caractérisée par des « utopies » qui constituent son armature morale et lui donnent une échelle commune de valeurs.

    Gramsci avait montré que les idéologies n’étaient pas seulement une « superstructure » passive mais qu’au contraire, elles jouaient un rôle déterminant dans la conquête et l’exercice du pouvoir. 

    Feu le système Don Camillo/Peppone

    Depuis la « philosophie des lumières », la France était traversée par une tension entre le catholicisme et  une religion du « Progrès » (« réforme », « révolution », « changement », « modernité », etc.). Demain avait remplacé le Ciel comme ce qui polarise l’Espérance.

    Aujourd’hui, la croyance au « Progrès » s’est effondrée (les gens ne croient plus que leurs enfants auront une vie meilleure que la leur). Avec la chute du mur de Berlin, la croyance aux « lendemains qui chantent » a perdu ses adeptes. Avec le communisme qui était hégémonique après la guerre de 40, les différentes formes de « progressisme » se sont dissipées.

    Selon Gilles Lipoveski, la « modernité » consistait à jouir de l’avenir, la « post-modernité » à jouir du présent (« nous voulons tout et tout de suite » proclamaient les soixante-huitards). Il est probable que ce déclin du « Progrès » comme valeur se prolongera dans les prochaines années, sauf succès idéologique du « transhumanisme » (mais il me semble que si les gens sont prêts à bénéficier des techniques, ils ne sont pas prêts à en faire une pierre d’angle sur laquelle bâtir leur vie).

    Pendant longtemps, la France a vécu dans une diarchie idéologique de type Don Camillo/Peppone : les conflits avaient été rudes (surtout vers le début du 20e siècle : séparation de l’Eglise et de l’Etat, expulsion des moines, affaire des fiches, etc.) ; mais, après la guerre de 14 – 18 ils s’étaient assoupis, à peine réveillés par la « guerre scolaire » au début du septennat de F. Mitterand.

    L’irruption d’une grosse immigration musulmane est venue modifier cette guerre de tranchée presque ritualisée. 

    Masse amorphe et minorité structurantes

    Sans doute les populations qui composent la France, dans leur immense majorité,  se contentent de vivre « habituellement » avec une conscience limitée des enjeux idéologiques qui n’affectent pas directement leur activité de producteurs, consommateurs, spectateurs.  Comme la limaille dans un champ magnétique, elles s’orientent en fonction des pôles  qui leurs sont les plus proches. Mais aujourd’hui, d’autant plus qu’il n’y a plus de modèle dominant, et que les acteurs sont atomisés sans échelle de valeurs communes, la régulation par le marché reste souvent seule pour orienter les comportements. C’était le destin que promettaient à la fin du XXe siècle – pour s’en réjouir ou pour le déplorer- ceux qui, devant la décrépitude des « grands récits » (religieux et idéologiques) annonçaient « la fin de l’histoire » dans une société confortable insignifiante, régie par une « démocratie procédurale » dépourvue de toute dimension tragique. Depuis pourtant, la prophétie attribuée à André Malraux (personne n’en connaît la source) : « le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas » semble être justifiée. Par ailleurs le consensus « à gauche » des intellectuels semble mis à mal (cf. Eric Zemmour, Michel Houellebecq, Maurice Dantec,  Philippe Muray,  Alain Finkielkraut, Michel Onfray,  etc.). Cette tendance se confirmera-t-elle les prochaines décennies ? C’est possible. 

    Trois pôles idéologiques

    Aujourd’hui et dans les prochaines années, trois pôles sont susceptibles de proposer un système cohérent de valeurs et un projet de société susceptible de structurer notre société : le pôle « catholique et français toujours », le pôle des « valeurs républicaines » et le pôle « islamiste ».

    - Le pôle « catholique et Français toujours ». Le vieux courant contre-révolutionnaire en est le noyau dur autour duquel se regroupent tous ceux pour qui la France est une réalité charnelle qui n’a pas commencé en 1789.  Ce courant est largement réactivé par les jeunes générations qui ont conservé une pratique religieuse (de la génération Jean-Paul II à La Manif pour tous).   Dans les années 60 à 80 les « progressistes chrétiens » avaient choisi l’enfouissement dans le monde et déconfessionalisaient les structures cléricales produisant la CFDT, la JOC et le deuxième gauche. Mais ce courant, encore largement représenté dans les structures officielles de l’institution ecclésiastiques, n’est pas parvenu à se reproduire. Le poisson dans l’eau a fondu laissant l’Eglise à ceux qu’ils nomment « les chrétiens identitaires » ou « décomplexés ».S’agglomèrent autour de ce mouvement de gros courants qualifiés de « populistes » qui peuvent regrouper des non-pratiquants, voire des athées, mais qui sont particulièrement sensibles à ce qu’on a appelé « la crise d’identité » (« on est chez nous »). 

    - Le pôle des « valeurs républicaines »  réactualise le vieux courant du « contrat social ». Il s’agit d’émanciper l’individu des déterminations qu’il n’a pas choisies : déterminations sociales, culturelles familiales voir « naturelles » (cf. la dénonciation des « stéréotypes de genre »).

    La nationalité française a pour fondement non pas l’appartenance à un groupe humain déterminé, mais l’adhésion aux grands principes du mouvement révolutionnaire : universalisme, égalitarisme, laïcisme… La France est moins la patrie des Français que celle des « droits de l’Homme » (avec un H majuscule).

    En théorie, toutes les institutions de la république sont fondées sur ces principes ; ses promoteurs sont regroupés dans un certain nombre de sociétés de pensée (comme le Grand Orient, La Libre pensée, l’Union Rationaliste ou quelque syndicat d’instituteurs). Toute les « clientèles » qui bénéficient des largesses de l’appareil d’Etat se doivent de tenir ce discours « politiquement correct » (ou « langue de bois »).

    Pendant quelques décennies on a voulu « achever » la révolution française par une « république sociale » qui traduirait dans la vie réelle les principes formels du régime (ce qui est loin d’être évident, cf. les travaux de Jean-Claude Michéa). Mais étant donné l’effondrement de la religion du Progrès et face aux échecs soviétique, maoïste ou cubain, « 1789 » est devenu le dernier bastion du mythe révolutionnaire (cf. par exemple les propos de Vincent Peillon). 

    Cette philosophie contractualiste s’accorde assez facilement avec l’externalisation des fonctions souveraines de l’Etat vers des instances supranationales (Union Européenne, OTAN, TAFTA , etc.). Elle sert aussi de fondement justificatif au libéralisme/libertaire. 

    - Le pôle islamiste : L’immigration de masse a amené en France des populations qui loin de leur cadre de vie coutumier se retrouvent en situation d’anomie. Les cités sont tout sauf des ghettos (par exemple : 56 nationalités au Val Fourré et plus encore d’ethnies différentes). L’Islam est le seul point commun à ces populations maghrébines, subsaharienne ou turques, la seule référence pour dépasser l’identité de la cage d’escalier. La confrontation à l’offre d’intégration par les « valeurs républicaines » et  la société « libérale/libertaire » a suscité une réaction identitaire qui se traduit par un renforcement de la pratiques religieuse (ou plutôt des pratiques puisque dans le sunnisme, il n’y a pas de clergé susceptible d’homogénéiser ces pratiques).

    Ce pôle est dominé par des influences étrangères (heureusement diverses : saoudiennes, qataries, marocaines, turques…) qui subventionnent les mosquées et fournissent les imams suivant des logiques qui n’ont pas grand-chose à voir avec le bien commun de la nation française. D’autre part, il est normal que les adeptes d’une religion de la Loi espèrent établir une société conforme à la chariah.  

    Naturellement, on trouvera de nombreux exemples qui échappent à cette typologie (serviteurs de l’Etat souverainistes, catholiques bretons militants au PS, ou maghrébins convertis au christianisme ou au laïcisme, aussi il faut comprendre ces trois pôles comme des « idéal-types » qui, à la façon de Max Weber, sélectionnent les traits les plus pertinents pour permettre un raisonnement qui dépasse  une vision atomisée et « nominaliste » de la société française.

    Les enjeux de ces affrontements  idéologiques sont surtout symboliques : voile dans les lieux publics, mariage gay, déchéance nationale…  Mais chaque pôle pourra se prévaloir d’une légitimité qui pourra entrer en concurrence avec les deux autres :

    • celle de l’identité et des traditions coutumières françaises,
    • celle des institutions légales,
    • celle de la jeunesse et d’un accroissement exponentiel.

    Il y a donc, à présent, non plus deux, mais trois projets de société, provoquant le durcissement de chaque « camp », une radicalisation réactionnelle. 

    Deux contre un…

    Quelles alliances sont possibles pour établir une hégémonie ?

    Cependant, aucun de ces trois pôles ne semble – à présent en tout cas -  en capacité de soumettre les deux autres.  Pour construire un socle hégémonique susceptible de fonder un consensus, il est donc nécessaire de suivre une stratégie d’alliance. Trois combinaisons sont possibles :

    1. La stratégie du « think tank » socialiste terra nova. Les « clientèles » suscitées par le contrôle des administrations ne suffisent pas à assurer l’avenir du PS. Il faut donc s’appuyer sur  les groupes  libertaires (minorités de « genre », anciens soixante huitards devenus « bobos »…) -d’où l’ouverture du front des « réformes sociétales »- et pourquoi pas libéral/libertaire( Emmanuel Macron) et d’autre part, il importe aussi de capter les voies des immigrés.  Le thème un peu usé de l’anti-racisme n’y suffit pas. D’où la ralliement au modéle d’une société multi-culturelle, quitte à faire quelques entorses aux principes de « laïcité » au grand dam des intégristes des « valeurs républicaines ».

    Dans cette optique, l’adversaire idéologique principal, le « fédérateur externe », c’est le courant « catholique et français toujours » qu’il faut diaboliser (fascisme, populisme, « guerre civile »…) et écarter des médias contrôlables (en attendant de trouver les moyens de contrôler les réseaux sociaux d’internet). Le roman de Michel Houellebecq Soumission donne une idée du scénario  auquel cette stratégie pourrait aboutir.

    2. La stratégie de la résistance identitaire.  Il s’agit de défendre la France « coutumière »  (« on est chez nous ») particulièrement contre l’immigration de masse. Mais cette position suscite dans le spectacle de médias dominants l’accusation infamante de xénophobie voire de racisme. Il s’agit donc de contrer la diabolisation en  se « justifiant » par le vocabulaire du « consensus légal » de l’idéologie des « valeurs républicaines (d’où par exemple la surenchère laïque et républicaine du Front National).  En outre, comme s’opposer à l’immigration de masse vous fera considérer comme « raciste », il est plus « correct » de tenir un discours contre l‘Islam analogue à celui du « petit père Combe » contre le catholicisme. Bien entendu, ce compromis stratégique soulève l’inquiétude des catholiques les plus traditionnalistes qui comprennent qu’avec

  • Libertés, des racines à la Quête par Frédéric Winkler

    TERE DE FRANCE, MULT ESTES DULZ PAIS (Chanson de Roland)
    Lanza del Vasto disait : « Tais-toi beaucoup pour avoir quelque chose à dire qui vaille d’être entendu. Mais encore tais-toi pour t’entendre toi-même ».
    La terre de France est vendue aux plus offrants, lorsque l'on ne la donne pas, comme ce fut le cas pour les Minquiers et les Ecrehous en 1953. Lorsque nos « prêteurs » financiers réclameront les dettes abyssales de l’Etat ripoublicain, incapable de payer, qui sait ce qu’ils prendront ! On ne respecte plus ni les Champs, châteaux, domaines, jardins, maisons, rivières et lacs jusqu'aux églises que l'on détruit et les monastères qu'on exporte, pierre par pierre à l’étranger. Tout est soldé dans notre pays de cocagne !

    48148_500781593301674_1708701184_n.jpgLes sites avec vue imprenable, ports et décors de vacances deviennent propriétés privées pour des touristes d'ailleurs.
    Mais ce n'est pas tout car l'usine est fermée, raflée. L'atelier et l'entrepôt, la spécificité française et le savoir-faire disparaissent. Le magasin, la boutique, les champs, croulent sous une fiscalité honteuse. Cela même avec, quelquefois des ministres se ridiculisant en laissant croire aux bonnes affaires pour la France, lorsqu'un fleuron de notre économie part à l'étranger. On délocalise, mot la mode, pour ne pas dire que l'on dévisage et déshumanise nos spécificités. Voilà triste mais véridique la constatation de notre vécu d'aujourd'hui.
    Les métros sont devenus des lieux de vie pour mendiants et « SDF » dont certains, donnèrent pourtant leur sang pour la liberté de ceux qui, par dédain, les croisent en les oubliant. Alors que nous assistons à cette société du spectacle où l'argent coule à flot et navigue, quand il n'engraisse pas des inutiles, simulant la gouvernance de nos institutions.
    Le libéralisme a couvert au nom du progressisme, nos villes, de tours immondes où s’est entassé par nécessité, le peuple désargenté. Alain Paucard avait parlé du règne des « Criminel du béton » dans un pamphlet. Ces logements sont à l'image de l'homme désiré par nos technocrates : anonymes, cosmopolites et déracinés... L'homme ne respectera son environnement citadin que lorsque celui-ci sera harmonisé avec la nature, dans le sens du beau, du bon et du bien, non pas, comme trop souvent, dépourvu de vie, de beauté, d'espace verts, véritables ghettos agressifs aux couleurs criardes, tout à fait étranger à notre éthique historique.
    Quant aux paysans, ils sont endettés. Ce n'est que soupirs, plaintes dans les autres professions, comme pour la jeunesse, cela se termine quelquefois par la dépression et le suicide ! Ce système a créé les cultures intensives, favorisé les regroupements des terres avec les Safer, de tristes mémoires, pour le profit des plus gros, détruisant des cultures multiséculaires, fruit de la souffrance comme de la richesse d’un monde paysan en disparition. Mais pas seulement car ces destructions imbéciles, massives des haies ancestrales, protégeaient la faune et la flore, que l'on refait benoitement aujourd'hui, se rendant compte de la catastrophe dont l’incidence est aussi climatique. La politique révolutionnaire du « table rase » est une utopie intellectuelle, il était temps de s'en rendre compte !
    Mais était-ce pour décourager de « nouveaux Chouans » qui désireraient s'y cacher, comme le dit la chanson de Gilles Servat : « Madame la colline », véritable plaidoyer contre les bulldozers et les tronçonneuses. La république aurait-elle peur d'une autre révolte à l'Ouest, n'a-t-elle pas fait déjà ce qu'il fallait pour éliminer les Bretons ? De la Révolution à la Guerre de 14 en passant par le Camp de Conlie !!!
    Bref, la république détruit l'agriculteur, métier jadis libre par excellence et dont la vocation est de nourrir son prochain...Cet univers croule aujourd'hui sous les charges et les contraintes étatiques les plus diverses. L'emprise des trusts financiers se fait de plus en plus sentir, la nourriture industrielle tente de remplacer la traditionnelle production nutritive. La communauté européenne dirige l'économie Française, « geler » la terre, laisser en friche, quelle honte, exode rural, pollution, désertification, abandon des communautés rurales, arrachage des vignes, quotas laitiers, destruction du cheptel, reconversion, remembrement. N'oublions jamais que le monde rural est la sève de notre peuple et sa disparition sera sans retour. Pour se libérer des fléaux comme la fiscalité, il faut établir de saines institutions pour remédier aux inacceptables situations des démunis comme aux pressions sur la communauté nationale. De nombreuses mesures permettraient de réduire la misère morale et sociale qui règne dans notre pays et ainsi redonner aux citoyens l'espérance d'un avenir meilleur. L'urbanisme mieux géré permettra à notre jeunesse de connaître d'autres horizons que l'univers restreint des tours grises, parkings et centres commerciaux des banlieues étouffantes.
    Un Etat qui depuis des années laisse s'installer la misère du monde sur notre territoire, appauvrissant un peu plus sa population qu'il devrait protéger, ne laissant aucune chance d’intégration pour ceux qui le désirent réellement. Un Etat qui autorise des "zones de non droit" dans lesquelles s'installent des commerces parallèles et des trafics, tolérant chaque jour des agressions, des viols, des trafics, des enlèvements, des braquages, des assassinats, des tortures. Un Etat qui laisse des armes de guerre circuler dans des endroits bien connus et dont nos commerces en sont, chaque jour, les victimes. Une justice à deux vitesses, trouvant continuellement des excuses à des agresseurs alors que la population souffre de ses incohérences
    La république détruit tout ce qui nous est cher comme le tissu social. Le bilan est lourd aujourd’hui, depuis plus de deux cent ans, ce n’est que mensonges, révoltes et massacres, endettement, déshumanisation, vols des biens sociaux ouvriers et pillage des valeurs qui faisaient la grandeur de la France. Aujourd’hui, à coup d’Ordonnances, elle limite les droits sociaux comme les protections élémentaires du peuple. Une caste de parvenus confisque l’énergie économique et financière de notre pays au nom d'une soi-disant « liberté » ayant détruits les libertés réelles, vécues jadis. C’est ainsi en s’y réclamant, que la république berne le peuple dont elle a enlevé toute volonté et pouvoirs. Bref qu’elle soit maquillée de rose, rouge ou bleu, elle entraîne notre pays vers sa disparition, transformant les citoyens en « agent économique » corvéables à merci, numérotés, étiquetés, contrôlés, comme le disait Proudhon. Bref des robots qui demain seront délocalisables pour le profit des puissances d'argent qui dirigent les paltoquais politiciens, toujours entourés d’ailleurs de « cornichons » à l’abri des courants d’air, chers à Bernanos, formatés BFMTV, nous entraînant chaque jour, un peu plus vers l'abime... Il suffit pourtant de regarder ce système, d‘avoir un peu d’analyse, de sens critique et ne pas perdre de temps à croire inlassablement à une bonne république, comme à une Vie, comme les « benêts » devant un rêve impossible !
    Mais qu’importe, notre espérance est ailleurs, dans les esprits libres de demain, qui reprendront leur destin en main et décider dans tout ce qui les touche, c'est le principe de subsidiarité. Cette responsabilité, ce sens des libertés, que nous avons oublié par paresse, parfois soumission ou confort mais que le système s'est approprié boulimiquement.
    Il est temps en effet, que la France retrouve le chemin de l'élévation, celui des promesses de son baptême, comme aimait à dire Jean Paul II, celui d'une destinée communautaire et non matérialiste aux ordres d'un internationalisme financier. Pour symboliser ce chemin oublié, écoutons Jean Gionot dans « La Chasse au Bonheur »: « Il faut faire notre bilan. Nous avons un héritage laissé par la nature et par nos ancêtres…Une histoire est restée inscrite dans les pierres des monuments ; le passé ne peut pas être entièrement aboli sans assécher de façon inhumaine tout avenir. Les choses se transforment sous nos yeux avec une extraordinaire vitesse. Et on ne peut pas toujours prétendre que cette transformation soit un progrès…Nos « destructions » sont innombrables. Telle prairie, telle forêt, telle colline sont la proie des bulldozers et autres engins ; on aplanit, ou rectifie, on utilise ; mais on utilise toujours dans le sens matériel, qui est forcément le plus bas. Telle vallée, on la barre, tel fleuve, on le canalise, tel eau on la turbine. On fait du papier journal avec des cèdres dont les croisés ont ramené les graines dans leurs poches. Pour rendre les routes « roulantes » on met à bas les alignements d’arbres de Sully. Pour créer des parkings, on démolit des chapelles romanes, des hôtels du XVIIe, de vieilles halles…Qu’on rejette avec un dégoût qu’on ne va pas tarder à payer très cher tout ce qui jusqu’ici, faisait le bonheur des hommes »
    Nous désirons apporter une analyse structurée afin de construire. Les moyens de communication restent un outil créant une opinion sympathisante, plus qu’hier, nécessaires à la solution libératrice et empiriquement royale. L’Etat républicain s’écroulera de ses incompétences et scandales, comme de l’exaspération de la population.
    Mais tant que la majorité des citoyens vivra dans un faux bonheur matérialiste, tant que l’homme se couchera au lieu de s’élever, rien n’avancera. Il ne s’agit pas de refaire ce qui a existé, comme disait Paul Valéry, mais de retrouver l’esprit qui animait les bâtisseurs de cathédrales. Cela ne veut pas dire qu’il faille attendre. Cela veut dire qu’il faut, chaque jour, faire avancer ses idées et convaincre. Il faut que chacun prenne conscience de l'avenir que nous prépare les financiers du Nouvel ordre Mondial. Le « prêt à penser » couplé par le matérialisme que nous avons, par faiblesse accepté nous entraînent vers l'abêtissement et l'abaissement de l'esprit humain. Non qu'il faille se détourner de ce que la technique apporte mais ne pas en être dépendant, gagner en autonomie dans l’alimentation comme dans le comportement. S’alimenter chez les petits producteurs proches comme se détourner des supermarchés du mondialisme, c’est un chemin demandant un effort sur soi-même, une révolution intérieure.
    Les libertés à reprendre se nomment : famille, métiers, communes, villes, salaires, repos, conditions de vie, de travail, retraites et apprentissages, identité et culture, francophonie et langues régionales, bref la citoyenneté pleine et entière, telle que l'entendaient les grecs anciens dans la Cité. Aménager le maximum de nature et d'espace verts dans nos cités pour retrouver l'harmonie et l'équilibre dans nos vies. Recherchez dans vos archives municipales, dans les affranchissements des communes aux temps médiévaux et vous verrez l'ampleur des droits et pouvoirs perdus. Il n'y a pas de régime idéal mais reste seulement celui qui forgea notre histoire. Celui qui apporte cette possibilité du bien, cette vie communautaire disparue et oubliée.
    Chaque jour, être imperméable aux sirènes du régime comme retisser les relations sociales. Trouver, retrouver ce temps où nous nous regardions, dans notre pays, en frères. Ne jamais penser que c'est irréalisable et que vous êtes seule, le système s'évertue à vous le faire croire. Lorsque des dizaines de gens commenceront à réagir ainsi, beaucoup de choses changeront. Retrouver l'humanisme de notre sang par l'éthique chevaleresque que nous défendons, courtoisie, sens du service, respect et honneur, voilà ce qui fera la différence demain. Il est temps et puis qu’importe les résignés, nous devons renouer ce lien séculaire de Peuple et Roi. Sceller un nouveau destin commun, une nouvelle aventure, retrouvons ce fil conducteur comme l’envol de l’oiseau France qui, au-delà de la droite et la gauche, tel un phénix renaît de ses cendres, pour le sourire demain aux visages de nos enfants… Notre jour viendra !
    FW (à suivre, Projet de société)

  • Sur le site officiel de l'Action française, lâcheté et autoritarisme, l’éditorial de François Marcilhac.

    Malheureusement, les légitimes critiques que le Prince a formulées le 24 avril dernier à l’encontre de l’action gouvernementale n’ont pas été prises en compte par celui-ci [1]. Ces critiques constituaient pourtant autant de fanaux dans l’épais brouillard qui ressort de la gestion de la crise sanitaire par le pouvoir depuis deux mois. Oui, le Prince a eu raison de noter « un clair manque de stratégie générale. J’ai le sentiment qu’aucune anticipation n’est de mise et que le gouvernement navigue à vue. » Le Premier ministre aurait dû — il en avait le temps — faire preuve de modestie en se laissant guider par les propos du Prince pour dresser son cap et présenter, le 28 avril, son plan de déconfinement, plutôt que de s’enfermer dans sa morgue.

    françois marcilhac.jpg

    Une morgue à laquelle Macron nous avait davantage habitués que son premier ministre. En tout cas, entendre Edouard Philippe proférer les paroles suivantes devant les députés ne manque pas de sel  : «  J’ai été frappé, depuis le début de cette crise, par le nombre de commentateurs ayant une vision parfaitement claire de ce qu’il aurait fallu faire selon eux à chaque instant. La modernité les a souvent fait passer du café du commerce à certains plateaux de télévision. Les courbes d’audience y gagnent ce que la convivialité des bistrots y perd, mais cela ne grandit pas, je le crains, le débat public.  » Outre que la convivialité des bistrots a beaucoup perdu depuis la mi-mars pour une raison bien plus importante, dont celle relevée par le Premier ministre n’est que la conséquence, comment en rajouter sur les «  gens qui ne sont rien  » ou les «  Jojo gilet jaune  » de son supérieur  hiérarchique, quand on a été incapable, depuis le début de la crise, d’inspirer la confiance des Français, et qu’on les a pris ouvertement pour des imbéciles, notamment par l’intermédiaire d’une porte-parole dont les propos auraient fait rougir de honte le dernier des piliers de café, si du moins les cafés étaient encore ouverts  ? Oui, le Prince a eu raison de noter qu’ «  au-delà même de la nature hasardeuse des décisions successives, la manière dont elles sont annoncées relève plus de la communication que de l’information  », ajoutant, notamment à propos de l’affaire des masques : «  Comment ne pas comprendre que de nombreux Français se sentent manipulés  »  ? 

    L’exercice auquel s’est livré Edouard Philippe ce mardi n’aura convaincu personne. Trop de palinodies, trop de contradictions, trop de mépris auront marqué l’action gouvernementale depuis un mois et demi pour que les Français puissent encore faire «  confiance  » dans l’équipe actuelle. Et c’est sur ce mot que le Premier ministre a osé terminer son allocution ! Comme s’il avait encore l’autorité morale pour proclamer sa confiance dans le civisme des Français, un civisme que le catastrophique ministre de l’intérieur aura mis à rude épreuve, notamment par ses consignes de laxisme dans les quartiers dits «  sensibles  » (manifestement au sens n° 6 du Littré  : «  qui cause un impression pénible  »), quartiers devenus ouvertement, voire officiellement des zones de non-droit. «  Au même moment, note encore le Prince, dans des lieux respectueux de la loi et écartés des principaux foyers de contamination, on a pu relever ce qui s’apparente à des atteintes à nos libertés fondamentales, à travers certains contrôles policiers vétilleux… » 

    Que retenir des propos du premier ministre, outre le détail des mesures ? Le refus, pour le pouvoir, d’assumer pleinement ses responsabilités vis-à-vis des familles comme des responsables locaux, sociaux et économiques. Car, si on ne peut qu’être satisfait de sa volonté de discuter de l’application et de l’adaptation des mesures avec les responsables locaux, après avoir fait preuve d’autoritarisme, notamment sur la gestion des masques, pour dissimuler sa criminelle incurie, comment ne pas noter aussi que sa volonté de gérer au cas par cas, d’être au plus près du terrain, lui permet surtout de se défausser de ses responsabilités ? Ainsi, en matière d’éducation, s’agissant du primaire et du secondaire, sur les maires et le personnel enseignant au sens large. Une tradition de lâcheté, il est vrai : s’agissant du voile islamique, depuis des décennies, nos ministres de l’éducation nationale successifs ont le plus souvent laissé se dépatouiller tout seuls les principaux et les proviseurs avec les provocateurs. Le gouvernement se défausse aussi sur les parents (le «  volontariat  » pour le retour à l’école), partagés entre les desiderata de leur employeur et le légitime souci de préserver la santé de leurs enfants. Le Prince a raison de parler d’ «  une certaine philosophie “utilitariste” guid[ant] plusieurs décisions  »,  notamment  «  le fait de renvoyer les enfants à l’école, au risque d’une seconde vague, pour remettre les “utiles” au travail.  »

    Autre exemple de lâcheté gouvernementale  : refuser de rendre le masque obligatoire dans les commerces, alors qu’il le sera dans les transports. Il appartiendra dès lors aux commerçants de s’occuper de la gestion, qui se révélera souvent incertaine et douloureuse, de la prévention sanitaire. Sans avoir l’autorité pour cela, ni, surtout, sans pouvoir se fonder sur des textes précis, ils devront faire la police, en devant concilier les réactions divergentes, parfois agressives, des clients. Les grandes surfaces auront les moyens d’imposer une politique sanitaire, notamment par l’emploi de vigiles. Il n’en sera pas de même des petites commerces, déjà fragilisés par une fermeture de deux mois ! Le premier ministre a déclaré ce mardi qu’il y aurait «  assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai  »  : nous le croyons d’autant plus volontiers qu’il définit les besoins au plus juste ! Quant à la sécurité sanitaire dans les transports, on voit à quel point le pays légal est déconnecté du pays réel… en ne prenant jamais le métro ! On aimerait voir Edouard Philippe, avec toute sa morgue, faire appliquer la distanciation sociale et autres gestes barrières aux heures d’affluence  ! Quant à imposer qu’on ne s’assoie qu’un siège sur deux… Les syndicats de conducteurs s’interrogent  : on les comprend  !

    Oui, c’est bien le manque de courage qui caractérise encore l’exécutif, lequel s’accompagne toujours d’autoritarisme. Notons ainsi l’atteinte frontale à la liberté religieuse : en ne prévoyant un retour à la messe publique que le 2 juin, Macron et Philippe avouent qu’ils instrumentalisent l’épidémie pour priver les chrétiens, après Pâques, d’Ascension et de Pentecôte… Les évêques ont réagi : rappelant que «  la liberté de culte est un élément constitutif de la vie démocratique  » — nous dirions plus simplement que la liberté de culte est une liberté non négociable —, ils ont remarqué avec raison  : «  Nous voyons mal comment la pratique ordinaire de la messe favorise la propagation du virus et gène le respect des gestes barrières plus que bien des activités qui reprendront bientôt. La dimension spirituelle et religieuse de l’être humain contribue, nous en sommes persuadés, à la paix des cœurs, à la force dans l’épreuve, à la fraternité entre les personnes, et à toute la vie sociale.  » Mais l’exécutif n’en aura certainement pas cure… Et il n’est même pas certain que l’électorat catholique saura s’en souvenir en 2022  !

    Quant au recul provisoire sur le traçage numérique — il aurait dû faire l’objet du débat ce même 28 avril —, il ne laisse pas d’inquiéter, d’autant que le pouvoir semble prévoir, pour accompagner sa mise en place, la création d’une milice sanitaire dont on voudrait être certain que son existence sera provisoire et qu’elle aura pour seul objet la santé des Français. Le saurons-nous dès samedi, où le projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire de deux mois, jusqu’au 24 juillet, sera présenté en Conseil des ministres avant d’être examiné la semaine prochaine au Parlement ? Dans un courrier adressé dimanche aux députés de La République en marche, le président du groupe, Gilles Le Gendre, avait souligné que ce projet de loi contiendrait «  aussi les dispositions d’ordre législatif indispensables à la mise en œuvre du plan de déconfinement  » qu’a dévoilé mardi après-midi Edouard Philippe à l’Assemblée. Méfiance, donc  ! Les mauvaises surprises sont certainement loin d’être finies.

    Oui, comme le souligne cruellement le Prince  : «  Il est temps que nos gouvernants prennent conscience de ce qui est leur responsabilité : le service de la France et des Français.  »

    François Marcilhac

    En Post scirptum

    Le communiqué du comte de Paris

    A l’heure où nous écrivions, nous ne connaissions pas encore les trois tweets que le Prince a publiés après la déclaration du premier ministre. Nous les livrons à nos lecteurs.

    « La liberté de culte est une liberté fondamentale de notre pays. Laissons, comme le propose Jean-Christophe Fromantin les maires et les responsables religieux s’entendre de manière raisonnable sur le sujet.

    Tout le monde s’accorde pour un retour à la normale de façon progressive, mais pas de façon partiale comme proposé par le gouvernement hier.  Tout ce qui ajoute de l’humain à l’Homme et qui fait appel à notre responsabilité nous reste interdit (culte, culture, cafés, …).

    C’est contre la maladie qu’il faut se battre et non contre les hommes. Prenons garde à ne pas céder à une infantilisation digne des régimes autoritaires.  »

    Ils se suffisent évidemment à eux-mêmes.

  • Maurrassiens et technocratie, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (14/15)

    Nébuleuse maurrassienne et Technocratie

    Si un mouvement politique à considéré la prise de pouvoir par la Technocratie «  normale  », c’est bien l’Action française. Depuis 1956, elle a été sensibilisée à la montée en puissance technocratique. C’était, a rappelé Christian Franchet d’Esperey dans une belle émission de Radio-courtoisie1, la grande idée de Pierre Debray lorsqu’il rendait compte dans Aspects de la France, des évolutions de la société industrielle. Par sa grande pédagogie, Il fit comprendre le «  phénomène technocratique  » à toute une génération d’étudiants monarchistes des camp CMRDS.

    philippe germain.jpgPour Hilaire de Crémiers, Debray avait compris par Maurras que la technocratie n’était pas un pure produit de la société industrielle mais la complice nécessaire à l’idée et aux institutions républicaines dans beaucoup de pays, y compris en Union Soviétique. Une sorte de dénonciation avec quarante ans d’avance de ce que certains appellent la super-classe mondiale qui prétend diriger, car les «  technos  » pensent avoir le savoir du pouvoir et le pouvoir du savoir. Et maitre Trémolet de Villers de renchérir sur le phénomène du «  complot des éduqués  » qui cherchent où se placer pour trouver les places où coule l’argent publique, se cooptent en passant du public au privé, ne prennent pas le risque de se faire taxer de «  sale capitaliste  » mais profitent des résidences d’été, des voitures de fonction, des grands hôtels, des aéroports. A son tour Franchet d’Esperey rappelle que Debray fut le premier a mettre en évidence dans la Nomenklatura soviétique la rivalité entre les bureaucrates – disons l’élite politique – et les technocrates. En fait Debray avait été influencé par les analyses postmarxistes des revues Arguments et Socialisme et Barbarie. D’où son espérance de la montée d’une «  nouvelle classe ouvrière  » française pouvant faire revivre l’anarcho-syndicalisme avec lequel l’Action française des origines avait cherché la jonction. On ne trouvait ce langage nulle part ailleurs, d’autant qu’il était exprimé en totale fidélité maurrassienne.

    Les boutangistes de l’hebdomadaire La Nation Française – ces maurrassiens séparés de la «  vieille maison  » – s’opposaient aussi au groupe social des technocrates mais sur d’autres bases. D’abord les influences des positions «  humanistes  » et anti-techniques de philosophes comme Heidegger et Gabriel Marcel. Ensuite la volonté de s’appuyer sur les «  poujadistes  », cette classe moyenne agressée par les développements de la société industrielle.

    Les deux héritiers catholiques de Maurras ont montré une hostilité à l’égard de la société de consommation déracinante, massifiante et désacralisée. Leur opposition à la technocratie est différent de l’anti-synarchisle communiste et de celui des contre-révolutionnaires catholiques, même proche comme Louis Daménie. Depuis longtemps les maurrassiens s’attendent à une prise du pouvoir politique par les technocrates. Au point d’ailleurs qu’ils envisagèrent d’appuyer une stratégie royaliste sur ce groupe sociale.

    Retournement et Technocratie

    En 1980, les maurrassiens2 de la Nouvelle Action Française qui étaient entré en dissidence avec la ligne «  ralliée  » des Renouvinistes, avaient développé une réflexion stratégique novatrice sur la base du phénomène technocratique et celui de la «  société du spectacle  » dénoncée par Guy Debord.

    Dans le n° 13 du laboratoire d’idées de La Revue Royaliste, le sociologue Michel Michel proposait «  un modèle  » stratégique basé sur une ligne politique différente de celle de Debray et des boutangistes, concernant la technocratie  : «  Une autre ligne est possible que nous inspire la pratique même des contre-révolutionnaires dans la situation créée dans le passé par la modification des élites du début de l’ère industrielle. Au début du XIX° siècle, le système de valeurs des contre-révolutionnaires semblait indissolublement lié à I ‘ancienne société féodale et s’appuyait sur I ‘aristocratie terrienne et les portions de la société qu’elle contrôlait. Pourtant, la pensée contre-révolutionnaire a su tout au long du XIX° siècle, conquérir des fractions importantes des «  nouvelles élites  », rechristianiser en partie une bourgeoisie voltairienne, etc…  De même, au début du XX° siècle, I’Action française a su présenter à des groupes non acquis (intellectuels, syndicalistes, «  producteurs  » de Valois, etc…) une synthèse leur permettant de s’accorder avec les groupes qui avaient conservé la sensibilité de l’ancienne France. Pourquoi donc ne pas rechercher à convertir une fraction des élites nouvelles de la technocratie, non à la sensibilité de la bourgeoisie conservatrice ni même à celle héritée de Ia société féodale, mais à ce que notre système d’analyse et de valeurs a de permanent ? » En d’autres termes Michel proposait d’infiltrer la Technocratie afin de retourner ses meilleurs éléments au profit de la restauration monarchique.

    Appelons désignons la voie technocratique proposée par Michel, comme un modèle stratégique de type «  retournement  », cette tactique si chère au spécialiste du renseignement Vladimir Volkoff, ancien étudiant maurrassien rédacteur à Amitié Française Université. Le retournement appartient bien à la «  boite à outils  » maurrassienne. Le doctrinaire du néo-royalisme la revendiquait dès 1909  : «  Lorsque j’étais enfant, explique Maurras, le plus beau des faits d’armes, celui qui unissait la bravoure à l’utilité, me semblait devoir être d’accourir à toute bride sur la batterie ennemie, de hacher à leur poste les servants et les canonniers, puis, au lieu d’enclouer vainement les pièces conquises, de les retourner aussitôt pour leur faire jeter le désordre et la mort dans les lignes de l’adversaires.3  » Rêverie d’enfant que Maurras mettra en application pour retourner la jeune Action française alors républicaine – cette élite en fusion d’après l’historien Jean-Pierre Deschodt – au service du roi. Rêverie d’enfant qui deviendra modèle stratégique dans son texte trop méconnue Mademoiselle Monk4. Modèle stratégique que le maurrassien Patrick Buisson déploya auprès de Nicolas Sarkozi, au point de lui permettre d’acceder à la Présidence de la République en 2005. Car une stratégie n’a de valeur que déployée.

    Débat de stratégie royaliste

    Un débat s’instaura entre le maitre et l’élève, entre Pierre Debray et Michel sur le bienfondé du modèle proposé. Pour ce dernier «  De même qu’il y a aujourd’hui des enseignants contre l’école, des curés contre I ‘Eglise et des magistrats contre I ‘appareil judiciaire, on doit s’attendre à ce que les plus exigeants des technocrates ne soient plus des instruments dociles de la «  raison d’Etat  » technocratique. Pourquoi ne pas envisager d’être les promoteurs dans ce milieu d’une «  nouvelle synthèse  » et d’y organiser l’équivalent de ce que te syndicat de la magistrature a été pour le milieu judiciaire ? A I’ancienne synthèse, aujourd’hui en décomposition, fondée sur la dialectique entre une intelligentsia progressiste (eschatologie du progrès et de la «  libération de I’Homme  ») et une technocratie de la rationalité abstraite (mal) régulée par I’opinion publique€, nous proposons de substituer une nouvelle synthèse fondée sur une intelligentsia anti-progressiste (néo-traditionnaliste,… ) et une technocratie enracinée (service public des communautés concrètes), plus tard (peut-être) régulée par un pouvoir politique indépendant.  »

    Pour sa part, dans Je Suis Français, Debray argumenta contre l’hypothèse du retournement technocratique  : «  En 1956 quand j’ai commencé à étudier le phénomène, je l’ai abordé sous un angle purement sociologique et non pas historique. A L’époque je parlais de bureau-technocratie. Ce qui prêtait à malentendu. Ainsi La Revue Royaliste semble s’imaginer que je refusais le progrès technique, que je versais dans le poujadisme et que je suivais trop servilement certaines analyses des «  gauchistes  » de Socialisme et Barbarie… Il est vrai que ce sont des marxistes dissidents qui ont été les premiers à nous alerter sur la véritable nature de la société soviétique et sur les transformations d’un capitalisme détaché du capital. Mais il fallait reprendre ces analyses, exactes au niveau des faits, en fonction de l’empirisme organisateur.  » Ce qu’il fit. Partant du constat de physique sociale de la création d’une Nomemklatura par le «  citoyen-général Bonaparte  », il contesta le modèle stratégique proposé par Michel.

    Ce débat fut interrompu par l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république. Il n’en reste pas moins vrai que le dossier de retournement technocratique proposé par Michel Michel reste un modèle du genre digne de celui de la «  Stratégie nationaliste  » proposé en 1962 par Pierre Debray et qui lui aussi ne fut pas déployé.

    C’est donc par l’intérêt constant qu’elle porte au phénomène technocratique et à sa prise de pouvoir politique, jusqu’à y voir prospectivement un potentiel stratégique, que l’Action française à jugé à minima «  normale  » la prise du pouvoir politique par Macron en 2017. Nous verrons qu’elle va même au-delà.

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 «  Centenaire de la Revue Universelle fondée par Jacques Bainville en 1920  », Libre journal de Jacques Trémolet de Villers , émission du 28 mai 2020, Radio-Courtoisie, avec Jacques Trémolet de Villers, Hilaire de Crémiers, Christian Franchet d’Esperey.
    2 Olivier Dard, «  « Des maorassiens aux maoccidents : réflexions sur un label et sa pertinence en lisant un essai récent », in Bernard Lachaise, Gilles Richard et Jean Garrigues (dir), Les territoires du politique. Hommages à Sylvie Guillaume, Presses universitaires de Rennes, 2012, pp. 167-176.
    3 Charles Maurras, Préface de 1909 à Enquête sur la Monarchie, Les éditions du porte-glaive, 1986, p.5.
    4 Le texte de Maurras est paru en 1902 dans la Gazette de France avant d’être repris en 1905 dans L’Avenir de l’intelligence sous le titre Mademoiselle Monk.

  • Onfray, ou la sculpture de soi, avec Annick Geille.

    Source : https://www.atlantico.fr/

    Michel Onfray publie ces jours-ci le douzième volume de sa contre-histoire de la philosophie –La résistance au nihilisme- (Grasset) ainsi que le premier numéro (en ligne) de sa revue « Front populaire ». Double actualité du philosophe le plus populaire de France.

    4.jpgLire Michel Onfray ces derniers temps, l’écouter sur un plateau ou à la radio, c’est constater le même phénomène. Onfray est devenu bon. Très bon. Pourquoi ? Depuis sa  -regrettable- lettre à Macron, et la mise en lumière d’erreurs  et d’approximations dans certains textes concernant l’histoire des religions, le fondateur des « universités nomades» s’est repris. Michel Onfray est une éponge. Il lit, écoute, entend, ressent et corrige le tir. Très réceptif, celui qui fait aimer la philosophie un peu partout en France apprend de ses erreurs, s’il y en a : tant et si bien qu’en ce début d’été 2020, le « sachant » médiatique qu’il est devenu parvient à une sorte de perfection dans  la consolidation de son image.

    «  Le gauchisme culturel fait la loi dans la plupart des médias traditionnels »,  précise l’auteur dans « La résistance au nihilisme », douzième volume de sa contre-histoire de la philosophie ( Grasset). Après cet hommage aux théories  de l’essayiste et sociologue Jean-Paul Le Goff « Le gauchisme culturel et ses avatars » (cf. revue « Le Débat » 2013), Michel Onfray déroule sur 528 pages une somme considérable : Le panorama intellectuel de la France d’après 68. Un vade-mecum du « nihilisme contemporain  comme symptôme de ce que les déshérités n’ont plus aucune consolation »  précise l’éditeur. Une sorte de défilé des penseurs du demi-siècle, avec le déroulé des œuvres, théories et opinions, espoirs, contradictions, désillusions  en  mémoire d’une époque assez bouillonnante ;  facile à lire  - malgré son érudition-, « La résistance au nihilisme » regroupe, tels les onze précédents volumes de cette « Contre-histoire de la philosophie », les cours que le philosophe délivra à ses étudiants de tous âges lors de ses « universités populaires itinérantes ». Le volume 12 de cette «philosophie alternative » fait l’inventaire des vraies- ou fausses- valeurs du dernier demi-siècle, dans le vide des promesses non tenues de Mai 68. « Il s’agit de l’extraordinaire chantier de Michel Onfray :écrire une contre- histoire cheminant le long de la » philososophie officielle » indique la quatrième de couverture. Nous croisons Bernard- Henri Levy et les « Nouveaux philosophes », tels que vus par Gilles Deleuze (1925-1995) : «  Ils ont introduit en France le marketing littéraire ou philosophique au lieu de faire une école (…) Il faut que la multitude d’articles de journaux, d’interviews, d’émissions de radio ou de télé remplacent le livre, qui pourrait très bien ne pas exister du tout. Au fil des pages, nous rencontrons Bourdieu (1930-2002) : «  Pierre Bourdieu fait exploser les catégories qui voudraient qu’on soit de droite donc contre mai 68, ou de gauche, donc pour mai 68 ». Or il y eut des gens de droite pour Mai 68, Maurice Clavel par exemple, et des gens de gauche contre, ainsi Régis Debray » rappelle l’auteur.  

    Onfray renverse certaines statues à bon escient. « Pour le dire  autrement, tous ceux qui ont trempé dans Vichy, Guitton, Valéry, ou Maurice Clavel, la collaboration, soit activement comme Rebatet, Chardonne ou Morand, soit passivement comme Beauvoir, Sartre, et Merleau-Ponty,  ces derniers en ayant vécu normalement, sans rien faire contre l’occupant, en s’arrangeant même plutôt bien de sa présence (…) ». Beau chapitre consacré à Jankélévitch, et à l’antisémitisme tel que défini par « Yanké », qui exige de « pouvoir revendiquer sa judéité sans qu’autrui l’assigne à ce qu’il aura présenté comme étant sa définition. » 

    Comment  ce «nihilisme »  contemporain est-il advenu  ? Outre le « gauchisme culturel » qui  en est le principal artisan,  s’est déchaîné l’antiracisme. «  SOS Racisme a introduit le principe racial et le communautarisme ethnique qu’il affirme combattre. Cette façon de faire marque une rupture avec la tradition républicaine française : les Juifs, les « Beurs », les Maghrébins, les »Blacks » revendiquent des droits pour eux, ils mènent un combat politique en leur faveur et de ce fait, ils inaugurent la revendication identitaire qui fait fi de l’appartenance commune à la collectivité. (…) La République a vécu. » ,dit Michel Onfray à ce propos. 

    L’auteur règle ses comptes à l’écologie punitive. » Leur critique de la raison, du cartésianisme, de la science, du progrès, des Lumières est partielle et partiale(…)» Contrairement à ce que font croire au peuple les clichés du gauchisme culturel ,Michel Onfray note la présence d’hommes de droite dans les rangs de la Résistance, dont le premier d’entre eux, le Général de Gaulle « sans cesse récusé par la gauche pour n’être pas des siens a été l’homme qui a initié la Résistance en France « mais les légendes ont toujours été préférées aux vérités qui gênent », conclut Onfray sur ce chapitre.`

    « Dans l’histoire de la philosophie, il existe une domination  idéaliste, notamment platonicienne. Or, on peut proposer une contre-histoire de la philosophie qui se soucie d’un autre lignage : matérialiste, hédoniste, nominaliste, athée, sensualiste,etc. », dit encore Onfray pour définir le concept de ses recherches. D’abord repris par France-Culture, ses cours sont commercialisés « sous forme de coffrets comprenant chacun 11 à 13 disques compacts audio », édités par Frémeaux & Associés ». On les trouve aussi sur le site de Michel Onfray. Le discours se propage.

     

    Et voici que le philosophe alternatif devient éditeur  de  presse, alors que paraît sa revue « Front populaire » (titre qui a les défauts de ses qualités, mais pourquoi pas ?) («  Déjà imprimée, la revue papier trimestrielle sera disponible le 23 juin en kiosques et le 25 en librairies. Mais d'ores et déjà, cette publication de 166 pages qui entend "mener le combat des idées pour retrouver notre  souveraineté" a gagné le pari financier de son lancement. (cf. Challenge/juin 2020.)»Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres ! » : tel est la profession de foi de «  Front Populaire » ( cf.Discours de la servitude volontaire/1548/. La Boétie) « Le Discours sur la servitude volontaire » n’est rien d’autre qu’un manuel d’insurrection – mais quel manuel! », précise Onfray, dans  son édito. « Résister à la petite musique crétinisante du pouvoir »… Et de tous les pouvoirs, au fond :  la formule pourrait définir non seulement la revue, mais le projet de la galaxie Onfray 2020. Le fondateur et l’ animateur treize années durant  de la « l’université populaire » de Caen est aujourd’hui le dirigeant d’une entreprise « made in Onfray ». Entreprise pensée au millimètre près, depuis le site : contact@michelonfray.com, avec comme logo les lunettes rectangulaires du philosophe. Lui qui n’a pas de passion pour les journalistes- et c’est un euphémisme- en est devenu un. Editeur de presse, à lui et à Stéphane Simon -son associé- (ex associé de Thierry Ardisson), les joies du « business plan », du retour sur investissement ,du stress et du surmenage propres aux lancements de presse. Les contributeurs de « Front Populaire « sont des « souverainistes de droite ou de gauche » issus de la société civile. 

    Les  cours de « contre-philosophie » sont dans l’air du du temps. Une fureur  sourde gagne le pays. Tout le monde est « contre » tout. Les amphithéâtres des universités populaires sont bondés. Michel Onfray a compris. Le public n’en peut plus des discours idéologiques préfabriqués. Onfray est donc  devenu imprévisible. Plus libre. Et c’est ce que son public attend. Cette liberté de ton, cette proximité qui force le respect car il n’y a jamais de préétabli des mots, de théorie guidant le téléspectateur dans la « bonne » direction.

    Jadis impressionnée par « La stricte observance » (Gallimard/Folio), petit texte (128 pages) limpide, d'une grande importance, peu remarqué, dans lequel Onfray s'interrogeait sur la mort (celle de la femme aimée, suivie du décès de son père, ouvrier agricole en Normandie), j’en avais rendu compte ici. L’auteur posait des questions à la foi chrétienne, qu’il respecte. L’homme qui advenait était vrai. Croyants ou pas, nous partagions sa peur. Sa douleur. "Humain, trop humain" : Michel Onfray nous ressemblait. "On ne fait jamais son deuil, disait-il, "c'est le deuil qui nous fait”. Bras tendus dans le noir,Onfray cherchait la lumière. Cela arrive à des gens très bien.Le deuil, la solitude,  la peur.Pas très gai, mais universel. Ce récit romanesque, inspiré de « Vie de Rancé », dernière et magnifique oeuvre de Chateaubriand, disait presque tout de Michel Onfray. « Heureuse solitude, Seule béatitude, que votre charme est doux, De tous les biens du monde, en ma grotte profonde, Je ne veux plus que vous ». (François-René de Chateaubriand, Vie de Rancé/1844)

    Avec « La résistance au nihilisme » et « Front populaire »Michel Onfray s’impose. Au point que le philosophe, de plus en plus « populaire », pourrait (dit-on) « songer à un destin politique ». Problème. Il y a deux Onfray. Le tribun, qui a l’art et la manière de développer la planète Onfray, et l’auteur de « La stricte Observance ». Pudique, sauvage. Une sorte d’ennemi intérieur du premier, résistant à la résistance. Entre l’homme des vidéos, des sites, des abonnements et de l’édition, et l’écrivain secret qu’est Onfray, - qui va l’emporter ? L’artiste fasciné par le « Cosmos », ou le dompteur des foules assoiffées de considération ? Le romancier de « La Stricte Observance » ou le bateleur du tarot ? A suivre.

    « La résistance au nihilisme »/contre- histoire de la philosophie 12 (Grasset)/29 euros/ 528 pages

    « Front populaire »/ Revue trimestrielle mise en ligne le 18 juin/ publiée en kiosque et dans les librairies  le 23 juin/166 pages/ 14,90€. 

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  • El-Azhar entre politique et religion, par Annie Laurent.

    Annie_Laurent.jpgAnnie Laurent poursuit - dans la Petite Feuille Verte - son étude sur El-Azhar, dont nous avons relayé déjà les deux premiers numéros(El-Azhar, Vatican de l'islam ? puis El-Azhar, « phare de l’islam sunnite »).

    Elle s'intéresse ici à la ligne doctrinale suivie par cette institution au cours des dernières décennies. Loin d’ouvrir la voie à une rénovation de la pensée islamique, comme pouvaient le laisser entrevoir les travaux d’intellectuels musulmans à partir du début du XXème siècle et jusqu’à nos jours, l’approche d’El-Azhar est demeurée centrée sur une vision conservatiste. En témoignent notamment les contraintes et sanctions disciplinaires que cette institution impose aux « nouveaux penseurs ».

    Annie Laurent s’arrête ici au seuil de la révolution qui s’est déroulée en Egypte en 2011, dans le contexte des « printemps arabes ». La prochaine Petite Feuille Verte exposera la manière dont El-Azhar a vécu cet événement, en particulier l’arrivée au pouvoir du militant Frère Musulman, Mohamed Morsi, en 2012, suivie du coup d’Etat du maréchal Abdelfattah El-Sissi, en 2013. Elle présentera aussi les réponses apportées par El-Azhar aux exigences du président égyptien en vue d’une réforme de l’islam.

    El-Azhar, Vatican de l’islam ?, par Annie Laurent

    El-Azhar, "phare de l’islam sunnite", par Annie Laurent

    El-Azhar entre politique et religion

    « Depuis sa création et de par sa place centrale dans la société égyptienne et dans la ville du Caire, El-Azhar a hébergé différentes mouvances politiques et religieuses. Dans l’entre-deux-guerres, elle est devenue le centre de la lutte entre les Anglais, les leaders nationalistes et la nouvelle monarchie du roi Fouad. Ensuite, les Frères musulmans prirent de plus en plus d’importance au sein de l’université et celle-ci devint le foyer de manifestations politiques et idéologiques » (Oriane Huchon, Les clés du Moyen-Orient, 21 avril 2017).

    De fait, tout au long de son histoire, l’institution a souvent été mêlée à la vie politique et aux débats idéologiques de l’Égypte et du monde islamique. Le XXème siècle, époque où les pays arabo-musulmans, libérés de la tutelle ottomane, cherchaient à réorganiser l’Oumma, tandis qu’émergeait au Levant l’attrait pour les États-nations imités des modèles occidentaux, n’a pas échappé à ces interférences.

    EL-AZHAR ET LA MODERNITÉ

    C’est en partie des rangs d’El-Azhar qu’est issu le « réformisme », terme qui peut être source de confusion. En effet, fondé au Caire en 1883, ce mouvement est souvent considéré comme le promoteur d’une modernisation de la pensée islamique. En réalité, freinant l’élan émancipateur inauguré par certains intellectuels musulmans à la même époque, le « réformisme » a œuvré à la restauration de la religion « authentique », purgée des « innovations blâmables » (bidaâ), formule désignant les éléments étrangers qui s’y étaient greffés (cf. PFV n° 64-65). C’est ce qu’illustrent propos et actions de ses principaux responsables.

    Mohamed Abdou, pilier du « réformisme »

    Mohamed Abdou

    Diplômé d’El-Azhar, Mohamed Abdou (1849-1905) fut d’abord journaliste puis cadi (juge) et mufti (consultant en droit). Dans son Traité de l’unicité divine (1897), il recommandait le retour aux sources tout en démontrant que l’islam est une religion éminemment raisonnable. « Toutefois, elle [la raison] doit s’incliner devant Dieu seul et s’arrêter aux limites posées par la religion », écrivait-il (cité par Faouzia Charfi, Sacrées questions, Odile Jacob, 2017, p. 81).

    « En cette fin de XIXème siècle, où des appels à la Nahda [Renaissance] du monde arabe commencent à se manifester dans les domaines politique et culturel, c’est une Nahda religieuse que prône Mohamed Abdou » (Robert Solé, « Réformer l’islam », Ils ont fait l’Égypte moderne, Perrin, 2017, p. 109).

     

    Mustafâ El-Marâghi et l’exclusivisme islamique

    Mustafâ El-Marâghi

    La restauration du califat, dont le siège aurait été au Caire, désirée par Mustafâ El-Marâghi (1881-1945), deux fois recteur d’El-Azhar au XXème siècle (cf. PFV n° 80), ne pouvait s’accommoder de la reconnaissance de partis politiques non religieux pour lesquels il « affichait le plus profond mépris » (Francine Costet-Tardieu, Un réformiste à l’université El-Azhar, Khartala, 2005, p. 121).

    Ainsi, il combattit le mouvement nationaliste Wafd (Délégation en arabe), laïcisant, libéral et très populaire fondé en 1918 par Saad Zaghloul. Vainqueur des élections législatives en 1924 (195 élus sur 214 sièges), ce parti parvint au pouvoir en 1926. Il sera dissous par Nasser en 1953.

    Le Wafd attirait en son sein de nombreux coptes, ce qui lui valait d’être discrédité par ses adversaires, parmi lesquels Marâghi. Dans un discours prononcé le 11 février 1938, ce dernier s’en prit aux chrétiens : « Ceux qui veulent séparer la religion de la vie sociale sont en vérité les ennemis de l’islam […]. Ils veulent vous dominer et faire disparaître ce qui subsiste de la grandeur de l’islam, du culte musulman. Vous vous êtes fiés à leur amitié, allant ainsi à l’encontre du Livre de Dieu » (Ibid., p. 129-130). Lors de la campagne électorale qui suivit, les oulémas déclareront dans leurs sermons qu’« un vote pour le Wafd est un vote contre l’islam » (ibid., p. 131).

    Le réformisme a ouvert la voie à l’islamisme, dont la matrice est représentée par les Frères musulmans (FM), fondés en 1928 à Ismaïlia par l’Égyptien Hassan El-Banna avec un double objectif : restaurer le califat et établir un Etat islamique appliquant la charia. Sur les FM, cf. Olivier Carré et Gérard Michaud, Les Frères musulmans, Gallimard, coll. Archives, 1983 ; Gilles Kepel, Le Prophète et Pharaon, La Découverte, 1984.

     

    Youssef El-Qaradaoui, diplômé d’El-Azhar et Frère musulman

    Youssef El-Qaradaoui

    Né en Egypte en 1926, Qaradaoui « est le fils de ce courant intellectuel musulman qui a voulu depuis les années trente régler ses comptes avec la civilisation occidentale dans ses deux dimensions, libérale et socialiste », écrit Amin Elias dans un article consacré au parcours de ce prédicateur très influent sur les réseaux sociaux (Confluences Méditerranée 2017/4, n° 103, p. 133-155).

    Dès l’âge de 16 ans, Qaradaoui choisit de devenir un « soldat » de la cause islamique en adhérant aux FM dont il avait rencontré le fondateur. Cela ne l’empêcha pas d’être admis à la faculté des sciences religieuses d’El-Azhar où il entra en 1950. Il y déploya une activité de militant, créant en 1953 avec plusieurs amis le « Comité de la Renaissance d’El-Azhar » dont l’objectif était de « réveiller la conscience islamique, créer une nouvelle génération capable de comprendre l’islam et de mener le combat pour sa cause, à rassembler les fils d’El-Azhar autour de cette cause sublime ». En 1973, il a soutenu une thèse de doctorat portant sur les sciences du Coran et de la Sunna.

    Auteur de plusieurs livres, dont Islam versus laïcité (Le Caire, 1980), Qaradaoui a fondé à Londres en 2004 l’Union internationale des savants musulmans (UISM) dont il est le président et qui œuvre à rétablir le califat « sous une forme moderne », apte à tenir un rôle de magistère concurrent d’El-Azhar. Il a également créé le Conseil européen de la Fatwa (décret politico-religieux) et de la Recherche, largement financé par l’émirat de Qatar. Établi à Dublin, ce Conseil dispense des enseignements et des conseils aux musulmans résidant en Europe.

    Ce n’est qu’en 2013, avec l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi, que Qaradaoui, impliqué aux côtés des FM dans la révolution égyptienne de 2011, a été déchu de son poste de membre du Comité des savants d’El-Azhar.

     

    CENSURES ET CONDAMNATIONS D’INTELLECTUELS

    El-Azhar a une longue pratique de la censure et des sanctions contre les auteurs novateurs ou iconoclastes. En voici quelques exemples :

    Ali Abderrazik

    Ali Abderrazik (1888-1966). Dans son essai L’islam et les fondements du pouvoir (Le Caire, 1925 ; traduction française aux éd. La Découverte, 1994), ce titulaire d’un doctorat d’El-Azhar préconisait la séparation du temporel et du spirituel. Il contestait le caractère sacré du califat, d’abord parce qu’il est ignoré par le Coran, ensuite parce qu’il lui semblait inadapté aux temps nouveaux. « Ce sont les manuels du fiqh (jurisprudence) qui ont créé une équivoque à ce sujet », remarque le Père Henri Lammens dans son commentaire de l’œuvre d’Abderrazik (L’islam, croyances et institutions, Dar el-Machreq, Beyrouth, 1943, p. 145). Dès la parution du livre, Abderrazik fut exclu d’El-Azhar, décision approuvée par le gouvernement égyptien du roi Fouad 1er qui cherchait alors à restaurer le califat.

    Mohammed Khalafâllah

    Mohammed Khalafâllah (1916-1998). Dans son travail sur l’analyse du texte du Coran, cet étudiant égyptien d’El-Azhar soulignait l’importance « que l’exégète ne reste pas esclave d’une lecture littéraliste mais qu’il ait le souci de saisir le signifié au-delà du signifiant ». Le jury lui interdit de soutenir sa thèse au motif que celle-ci remettait en cause le dogme du Coran incréé et une fatwa émise par des savants religieux l’accusa d’apostasie, accusation qui visa aussi le superviseur de son travail, le cheikh Amin El-Khûli. Tous deux furent interdits d’enseigner les sciences coraniques (Cf. Rachid Benzine, Les nouveaux penseurs de l’islam, Albin Michel, 2004, p. 162-172).

    Nasr Abou Zeid

    Nasr Abou Zeid (1943-2010). Cet universitaire égyptien, dont les travaux s’inscrivent dans la ligne de Khalafâllah et Khûli, estimait que « le lien entre études coraniques et étude