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  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (20)...

    (Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP : contribution, commentaires, informations, renseignements, prêt de photos etc... bienvenus; retrouvez l'ensemble de ces documents dans notre Catégorie : Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP)

     

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    20 : À Martigues et Roquevaire, hauts-lieux maurrassiens... (1/5)

    (pour ces cinq livraisons, on pourra se reporter à notre Album (de 125 photos) : Une visite chez Charles Maurras...)

    L'Union Royaliste Provençale a la chance, si l'on peut dire, de "posséder" sur son territoire deux haut-lieux concernant directement Charles Maurras : son caveau familial (du côté paternel), à Roquevaire, et la maison de ses parents (du côté maternel), à Martigues.

    Bien entendu, nous avons souvent et régulièrement utilisé ces deux lieux, chargés d'histoire et d'émotion, lors de nombreuses manifestations et rencontres de tout ordre, mais surtout la maison et son jardin. Nous n'allions en effet à Roquevaire, du moins habituellement, qu'en septembre, pour les réunions de rentrée...

    Je commencerai donc, aujourd'hui, par parler de ces habituelles réunions de rentrée, qui se passaient dans les premiers jours de septembre, à Roquevaire, devant le caveau familial des Maurras (côté paternel), là où sont enterrés ses deux parents, son frère et lui-même.

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    Le rituel était assez immuable, mais il flottait toujours quelque chose de joyeux dans l'air : après les deux mois de vacances, on se retrouvait, enfin, Chauvet et Lavo "recevaient" les participants, toujours heureux de se (re)trouver là. Venaient surtout les Marseillais, Aixois et Toulonnais, car pour les Niçois, cela faisait 400km aller/retour, et pour les Avignonnais, 200. Mais il en venait malgré tout à chaque fois...

    Le 19 avril dernier, dans le numéro 10 de ces "livraisons", j'ai rappelé la belle figure de notre Président du Var, Pierre Navarranne. Après les mots de bienvenue de Pierre Chauvet (Lavo ne prenait jamais la parole en public), il y avait la récitation de La prière de la fin, assez souvent faite, justement, par le docteur Navarranne. Ce n'est qu'après plusieurs réunions que je me risquais à proposer à Chauvet/Lavo de réciter la traduction en provençal du Je vous salue Marie, faite par Maurras, ce qu'ils acceptèrent. Ainsi, nous nous répartissions un peu les rôles, avec Pierre Navarranne...

    Mais, pourquoi aller faire nos réunions de rentrée à Roquevaire ? Ou, si l'on préfère, pourquoi Maurras est-il enterré à Roquevaire ?

    Pour une raison très simple, que beaucoup ignorent : la famille Maurras n'est pas de Martigues, mais, partie des Alpes et du pays gavot il y a bien longtemps, elle a fini par s'installer à Roquevaire... où se trouve donc le caveau familial. Charles Maurras y est enterré, ainsi que son frère, Joseph, son père et sa mère. Seul son coeur se trouve à Martigues, dans le jardin de "sa" maison, qui est la sienne parce qu'elle était celle de sa mère, qui était une Garnier.

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    En Haute Provence, se trouve toujours le hameau "Les Maurras". C'est de Saint Julien le Montagnier que sont partis, il y a bien longtemps, les ancêtres des Maurras... À leur façon, en somme, ils étaient des "migrants", des précurseurs ! Bien en avance sur notre époque !

    Petite, mais charmante, commune du Haut Var, Saint Julien le Montagnier est située sur l'aire du Parc naturel régional du Verdon, à deux pas du très beau lac d'Esparron-sur-Verdon.

    Ce n'est qu'après que, fonctionnaire, le père de Charles Maurras fut muté... à Martigues, où il devait faire la connaissance de Marie-Pélagie Garnier. On connaît la suite...

    Le père de cette madame Garnier - laquelle épousa donc le futur père de Charles Maurras... - était marin, et navigua avec le Prince de Joinville, qui vint un jour visiter son ami dans sa maison, à Martigues.

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    De même, Maurras n'est pas né dans "sa" maison, mais dans une autre, très étroite, située sur l'actuel Quai Marceau (ci dessus). A l'époque ce Quai s'appelait le Quai Brescon sur toute sa longueur. Aujourd'hui, seule l'extrémité du Miroir aux oiseaux s'appelle encore Quai Brescon : l'autre partie, à l'opposé, où se trouve donc la maison natale de Maurras, s'appelle maintenant Quai Marceau. Voilà pourquoi on peut voir une ancienne photo montrant l'actuelle pointe du Quai Brescon/Miroir aux oiseaux sur laquelle Maurras a écrit de sa main : "Mon quai natal"...

    Mais nous verrons cela dans  nos prochaines livraisons...

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    Dans cette allée assez étroite, le caveau des Maurras est le troisième, en partant de la droite, après celui qui possède une bizarre ornementation métallique. Nous devions nous serrer de part et d'autre, et même descendre dans la restanque d'en dessous, pour entendre les intervenants... Comme ici (photo ci dessous, novembre 2016), lorsque je récite d'abord le "Te saludo Marío..." (en provençal) puis La prière de la fin. Il fallait parler fort !...

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    Ce n'est que beaucoup plus tard, après la disparition de nos Présidents Chauvet, puis Arnaud, que nous transformâmes radicalement nos réunions de rentrée, qui n'eurent plus lieu début septembre mais le dernier samedi de ce mois; et, surtout, qui se passèrent dans les Alpilles, là où avait lieu le Rassemblement royaliste (nous sommes allés plusieurs années à Fontvieille, par exemple, une autre fois à Maillane...)

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

     Les agriculteurs de la Coordination Rurale appellent à se mobiliser ce vendredi à Melle (Deux-Sèvres) aux côtés des forces de l’Ordre pour défendre les fermes et les champs menacés par des activistes d’ultra-gauche...

    (extrait vidéo 0'34)

    https://x.com/Frontieresmedia/status/1813604274485752260

     

    VIDEO. - Vienne: les agriculteurs déversent leur colère sur la préfecture à  Poitiers | Home

     

    Les agriculteurs réclament des aides "immédiates" et un allègement des  contraintes environnementales

     

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    L'affligeant spectacle du Système, qui s'affaisse et s'effondre sur lui-même : quelques réflexions sur l'élection de la Présidente de l'Assemblée nationale...

    Vincent Trémolet de Villers écrit, dans son éditorial du Figaro :

    "Quand on demandait à Michel Houellebecq quel serait le monde après le Covid, il répondait: «Le même en un peu pire.» Même réponse pour le monde d'après la dissolution : une situation équivalente mais dégradée..." 

    1. La gifle reçue hier - pour "le perchoir" de l'Assemblée - par le Front populaire est réjouissante, et le spectacle grotesque de l'indignation des ténors de ce "front" (?) fait, tout simplement rire ! "Ils" disent qu'ils ont gagné alors que, si l'on additionne les trois millions de non-inscrits, les quatorze millions et demi d'abstentionnistes et les un million six cent mille "bulletins blancs et nuls", on obtient, semble-t-il, plus de dix-neuf millions de Français que personne ne représente, sur les quarante neuf millions et demi de Français en âge de voter : très largement plus du tiers ! Et 2,3 fois le nombre d'électeurs NFP ! Quant au nombre d'électeurs RN & alliés, il est de 44% supérieur au nombre d'électeurs du Nouveau Front Populaire ! C'est cela qu'ils appellent "avoir gagné" ?

    2. Deuxième chose grotesque, de la part des mauvais perdants du front popu : ils parlent de "magouilles", mais Estrosi (de "la droite la plus à gauche du monde", comme le dit justement Bock-Côté) à fait voter communiste à Nice; les macronistes et la même "droite de gauche" ont fait élire l'ex vendeur de drogue Boyard dans le Val de Marne ou le triple "fiché S" Arnault en Avignon; le front popu a fait élire Borne dans le Calvados, Borne la reine, l'impératrice, la papesse du 49.3 ... On s'arrêtera là, en s'en tenant à ces trois exemples, mais on se posera la question : où sont les magouilles ? Où est la tambouille ? 

    3. Enfin, dernière remarque, la plus politique : quel crédit accorder encore à ce Système, après le spectacle affligeant qu'il donne depuis les Européennes, et que l'on vient à peine d'évoquer ? Ce Système s'est déjà effondré deux fois : la première en 1940, avec la Guerre et la défaite, qui étaient uniquement de sa faute; et la seconde, avec la misérable fin sans gloire de "la Quatrième". Aujourd'hui, avec la désaffection croissante du Peuple (on n'a jamais vu un tiers du-dit Peuple "divorcer" ainsi d'avec lui) et les magouilles "genre Quatrième" qui prennent le pas sur tout, n'assiste-t-on pas à un essoufflement complet du Système ? À son épuisement complet ? 

     

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    1. L'affaire de l'Abbé Pierre ? Nous préférons attendre, pour savoir, avant de dire ou écrire quoi que ce soit. Cependant nous approuvons le propos de Ch LECHEVALIER, sur "X" :

    "Abbé PIERRE Militante lesbienne de gauche, connue pour son engagement anti-curé, #Caroline_de_Haas a créé une véritable entreprise lucrative pour rentabiliser ses vieilles aigreurs misandres. En gros, elle est fort bien PAYEE (en majorité par de l'argent public) pour dire du mal des HOMMES. Sa technique est simple : 1/ recueillir des "confidences", souvent anonymes, longtemps après l'époque des allégations , 2/ prétendre que les accusatrices étaient "sous emprise", ce qui ne correspond à rien de juridique 3/ terminer l'arnaque en affirmant qu'il FAUT croire les femmes ... (aucune femme ne ment jamais, c'est bien connu) Après, il suffit de s'assurer d'un torchon comme @libe pour s'assurer de la notoriété (et de futurs clients). Qu'importe le fumier répandu ! Qu'importe la casse ! Et c'est comme ça qu'on salit l'image (post mortem) d'aussi magnifiques personnages que l'Abbé Pierre !! NB : il va de soi que #Caroline_de_Hass n'attaque ni à gauche ni côté Islam..."

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    2. Sur OpexNews (1/2) : 

    "La Belgique, le Danemark et le Brésil s'intéresseraient fortement au SAMP/T. Déjà équipés de batteries Patriot, l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis (EAU) le sont aussi mais à un horizon beaucoup plus lointain. Ce serait également le cas de la Grèce."

    NDLR : Le système sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T), appelé le plus souvent "Mamba", est un programme franco-italien de très grande qualité/efficacité, développé par Thales et MBDA... Son taux d'interception, en Ukraine, est de... 100% !

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    2 BIS. Sur OpexNews (2/2) :

    "La #Slovénie prévoit d'acquérir des canons #CAESAr ainsi que des systèmes de défense sol-air Mistral. Une lettre d’intention a été signée ce vendredi par le secrétaire d’État à la Défense slovène, @DamirCrncec, et la DGA."

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    La guerre en Ukraine le démontre amplement : nos armes font leurs preuves sur le terrain.

    1. Fierté pour elles et pour la France...

    2. Et un budget militaire à la hauteur de la dangerosité du monde actuel :

     

    4% du PIB

     

    4. Le Système et son (in)justice pourrie, ce n'est plus du laxisme : c'est de la mise ne danger permanente de la vie des Français, tout simplement...

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    5. De Jean-Frédéric Poisson, sur "X" :

    "BONNE NOUVELLE ! Von der Leyen vient d’être condamnée à cause de l’opacité des contrats Pfizer. Peu à peu, l’immense mensonge qui est au cœur de la crise COVID est révélé. Courage : la vérité finira par éclater. Les députés UE qui voteront pour elle le feront en connaissance de cause."

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    6. Encore et toujours, la christianophobie ordinaire et quotidienne, silencieuse, dans l'indifférence coupable (car elle lui plaît) du pays légal pourri : Tags anti-chrétiens et couteau planté dans la gorge d'une statue de la Vierge Marie : une église vandalisée à Paris. L’église Notre-Dame-du-Travail a été saccagée par des tags, des statues dégradées et des portes fracturées. Une enquête a été ouverte et une plainte va être déposée...

    https://www.lejdd.fr/societe/tags-anti-chretiens-et-couteau-plante-dans-la-gorge-dune-statue-de-la-vierge-marie-une-eglise-vandalisee-paris-147590

     

    6 BIS. À laquelle répondent les chrétiens du pays réel, pour qui la France est chrétienne, et le restera... De SOS CALVAIRES :

    "Calvaire vendu sur Leboncoin : installé sur son nouveau domaine, il a été béni en présence de 250 personnes, fin juin ! Soutenez-nous, faites un don en cliquant ici : soscalvaires.org/faire-un-don/"

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    À DEMAIN !

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  • Gens de France : de l'Assemblée générale 2010 à l'Assemblée générale 2011...

            On s'en souvient, l'an passé - année Henri IV oblige - le Prince avait choisi de présenter l'oeuvre de son ancêtre - y compris dans des aspects parfois méconnus... - et avait choisi de dialoguer avec un journaliste de Radio Notre Dame; puis un petit clip vidéo nous avait montré les progrès du prince Gaston; Lorant Deutsch, absent, était cependant présent sous forme d'un clip, lui aussi...

             Cette année, le Prince - qu'Emmanuel Le Roy-Ladurie et Mgr Brizard sont venus saluer - a choisi de reprendre un thème qui lui est cher : l'action sociale. Et c'est avec Frédéric Rouvillois - qui vient de donner une contribution signalée au Cahier de l'Herne - qu'il a dialogué....

            Comme toute Assemblée générale, la soirée a débuté par les habituels rapports "techniques" (financiers...) et moraux : le rapport moral  a, justement, permis à Christian Franchet d'insister sur "le lien social" et l'activité sociale, axe fort de l'action du Prince Jean.

             On se souvient de la visite de Saint Denis, mais il y a eu aussi cette autre visite à Reims, où le Prince a emmené 60 enfants, de 5 à 15 ans, visiter la cathédrale des Sacres. Ces enfants viennent du quartier de Clignancourt, dans le XVIIIème arrdt. de Paris, donc d'un quartier souvent qualifié de "difficile", et n'avaient jamais entendu parler de ce dont le Prince les a entretenus ce jour-là....

             Christian Franchet a également rappelé l'action du Prince en ce qui concerne les PME (à travers le Comité Vauban) ses conférences sur le Management capétien : bref, des actions concrètes pour un prince qui se veut sur le terrain....

             Ensuite, il y a eu ce dialogue entre le Prince et Frédéric Rouvillois, dont l'humour et la profondeur ne furent pas absents : le Prince avait choisi, cette année de présenter les grandes figures des Rois à travers les siècles, de Clovis jusqu'à Louis-Philippe; puis celle des Princes, jusqu'à son grand'père, le Comte de Paris. Mais, toujours, en montrant combien fut fort chez eux le désir de justice (Saint Louis rendant la justice à Vincennes), de proximité avec les humbles et les pauvres (Louis XVI distribuant des aumônes au cours d'un hiver rigoureux), bref, ce lien social, indissociable de la durée, que les Rois ont tissé durant mille ans avec le peuple : "la royauté est populaire dans son essence" dit le Prince, et les exemples qu'il a choisis le montrent bien. Cette tradition ne s'est pas interrompue : les temps changent, mais ce souci de justice, de proximité avec les humbles ne change pas....

             Très prochainement sera postée, sur le Site du Prince, une vidéo dont on a pu voir quelques extraits hier....

              Puis le buffet, très chaleureux et très fourni, comme l'annnée dernière, a permis à tous de se retrouver (on était venu de la France entière...), d'entourer un Prince et une Princesse qui ont su - comme d'habitude - se rendre présents et accessibles à tous, et, tout en se restaurant, d'en profiter pour parler de mille et une choses avec... et d'évoquer les progrès accomplis depuis l'année dernière. On pouvait croiser Gérard Leclerc, Jean Sévillia, Yvan Aumont, Jacques Trémollet de Villers... au milieu des amis retrouvés d'un peu partout 

               Car, si beaucoup reste à faire, beaucoup a été fait, et des progrès, il y en a eu, et les bonnes nouvelles n'ont pas manqué...

               Tout le monde se souvient avec quelle allure et quelle distinction la Princesse Philoména a représenté non seulement la Famille de France mais, de fait, la France tout court lors des obsèques d'Otto de Habsbourg, à Vienne. On pouvait être fier, et on l'était, de dire aux gens : Voyez notre Famille, voyez la Princesse, le petit Prince, comme ils nous renvoient une image positive et saine - et même joyeuse, malgré les circonstances... Dans cette actualité et ce monde politique si souvent moroses, au mieux, repoussants, au pire.....

                Pendant ce temps, le Prince Jean était, pour un long voyage de onze jours, en Asie centrale, au Tadjikistan. Il a, évidemment, pu nouer de nouveaux contacts, tisser de nouveaux liens, compléter et parfaire sa connaissance des problèmes, étudier de nouvelles thématiques, dominer de nouveaux dossiers... Rencontrer des militaires, des diplomates, des économistes, des scientifiques et des chercheurs, mais aussi des petites gens, des gens de la base, si l'on peut dire, ces rencontres-là étant aussi indispensables que les autres si l'on veut appréhender vraiment les choses dans leur infinie complexité...

             La liste des pays que le Prince a visités s'allonge, donc, et parallèlement, en sillonnant ainsi et le monde et la France, sa connaissance des choses et des réalités, des gens et de leurs problèmes : le Prince poursuit, améliore, approfondit, parfait sa préparation. Il devient chaque jour un peu plus ce qu'il est : un recours, qui se prépare et qui se forme... Une chance pour la France....

             On a aussi appris avec joie la bonne nouvelle : cette Famille de France, qui nous sourit déjà de ses trois visages, va bientôt s'agrandir et nous offrira très vite - pour janvier... - un quatrième sourire. Une Famille heureuse déjà forte et unie, qui se renforce : beau symbole pour nos temps troublés....

             Mais il y a eu aussi une quatrième "grande" chose cette année : ce nouveau Site du prince, un outil indispensable, qui sert déjà beaucoup le Prince, en lui donnant une notoriété et une crédibilité plus grandes. Et ce n'est qu'un début, car le dynamisme entraîne le dynamisme, et le mouvement démultiplie le mouvement : il suffit de consulter les statistiques que fournit le site Viméo - qui héberge les vidéos du Site du Prince - pour voir l'intérêt que suscitent, justement, ces vidéos, de plus en plus regardées et de plus en plus téléchargées. Et, plus encourageant, un intérêt qui ne faiblit pas, mais qui au contraire va croissant....

            Encore à ses débuts, ce Site, par sa qualité et par l'image de sérieux - bien méritée - qu'il donne du Prince est indéniablement un plus pour lui : pour son action, pour se faire toujours plus et toujours mieux connaître, mieux comprendre et, finalement, mieux apprécier et mieux accepter....

           Après cette AG et cette soirée d'hier, il nous reste donc à repartir de plus belle pour la tâche qui reste à accomplir : tâche immense et difficile, ne nous leurrons pas, mais, quand les choses ont-elles été faciles ? Pendant la Guerre de Cent ans ? Pendant les Guerres de Religion ? Pendant et après la Révolution ?

            Nous savons, avec Bainville, que tout a toujours très mal marché, et que tout a toujours été très difficile : "Les temps sont durs, mais ce sont nos temps" dit le Prince.

            Et nous sommes résolus, aujourd'hui plus qu'hier, à marcher avec lui, à le suivre, à l'aider et à soutenir son action : une action pour le Bien commun, une action pour la France, autour de notre Famille de France, autour du Prince Jean !.....

  • Monseigneur Pontier, Archevêque des sans-papiers ?...

    "La charité ne se vante pas, ne s'enfle pas ; elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche pas son propre intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal, elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité".  (Saint Paul, 1 Corinthiens 13)

     

                La Provence nous l’apprend, dans son édition du mardi 7 Avril : deux pleines pages, s’il vous plaît, les pages 2 et 3, presque les meilleures, celles que tout le monde lit ou, du moins, celles que l’on ne peut pas rater.

                La Une, se voulant accrocheuse, annonce un reportage alléchant : « Ils hébergent des familles dans des paroisses de Marseille. Sans-papiers : des prêtres bravent la loi. Une action de désobéissance approuvée (c’est nous qui soulignons, ndlr) par l’archevêque de Marseille… ».

                On ajoutera d’ailleurs, dans la suite des articles, « Ils ont l’aval de Mgr Georges Pontier, Archevêque » ! Les pages deux et trois ne sont donc pas en reste : « La profession de foi de ceux qui aident les sans-papiers » ! Comme détournement du sens  de Pâques, bonjour !

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    Evêque ? Oui, sûrement. Mais dans le domaine politique, adversaire, encore plus sûrement !.....

     

                Qu’y a-t-il dans ces deux pages ? Une accumulation invraisemblable de contre vérités et de propagande gaucharde, pire que la pire des niaiseries bobo/gaucho/trotsko car, là, on essaye de se placer sous le couvert du christianisme, un christianisme réduit au rang d’un quelconque groupuscule révolutionnaire, et l’on pratique allègrement ce qu’on pourrait appeler un détournement de religion….

     

                Deux reproches à l’archevêque de Marseille : D’abord, il rappelle que le Christ a dit « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ». La citation est parfaitement juste, mais Georges Pontier en déforme le sens, lui qui est normalement chargé d’enseigner la vérité. On voit bien que, dans le contexte actuel, dans la France d’aujourd’hui, le phénomène migratoire insensé auquel nous  assistons ne peut en rien se comparer à la demande du Christ d’accueillir, dans tout endroit de la Palestine du premier siècle, un étranger  pèlerin qui ne demande rien d’autre qu’un toit pour la nuit et un peu de nourriture. Et qui ne menace en rien les structures sociales établies, ni le droit légitime des peuples qu’il traverse à continuer leur existence normalement, dans le respect et la poursuite des mœurs et des traditions qui sont les leurs. Or, tout le monde le sait, l’immigration est pensée et voulue aujourd’hui, par ceux qui s’en servent et qui la manipulent, pour détruire nos nations historiques. Et l’anti racisme qu’ils ont inventé pour anesthésier et terroriser l’opinion (toujours la  Terreur… les révolutionnaires ne changent pas….) n’est rien d’autre que le communisme du XXI° siècle, comme l’a très bien expliqué Alain Finkielkraut. Question : Monseigneur Pontier a-t-il lu Finkielkraut ? Sait-il cela, auquel cas c’est un apparatchik. L’ignore-t-il, auquel cas c’est un niais, un de ceux que Lénine nommait un idiot utile. Dans les deux cas, Georges Pontier est  indigne d’être un archevêque de l’Eglise catholique…..

     

                En essayant de se justifier, de trouver une pauvre petite légitimation à ses propos insensés, il croit avoir trouvé : il écrit « Chrétiens, c’est regarder le visage du Christ, quelqu’un qui a traversé le rejet et l’exclusion ». Mais, Monseigneur, puisque vous prétendez regarder le visage du Christ, et de celui qui a traversé « le rejet et l’exclusion », avez-vous regardé le visage de Benoît, attaqué de toutes parts par les loups ? Et, d’autre part, pour ce qui est du rejet et de l’exclusion, pourquoi le peuple français serait-il le seul à être exclu du droit, reconnu aux autres, à vivre et prolonger son identité propre et à recevoir chez lui, dignement, l’étranger, dans la proportion et sous les conditions qu’il peut supporter, sans, lui-même, devoir s’exposer à perdre sa personnalité ? Vous aimez votre lointain et vous avez raison. Mais vous l’aimez sous condition. Vous le méprisez en tant que personne car vous ne lui reconnaissez que des droits et aucun devoir. Votre charité ne ressemble guère à celle de l’Evangile : d’une part, elle se transforme vite en idéologie et en propagande; elle a besoin de publicité … d’autre part, elle ne se borne pas à porter secours, dans une circonstance donnée. Elle vise à soustraire durablement une personne en difficulté, en l’occurrence un étranger sans papiers, aux lois et à la justice du pays d’accueil, en l’occurrence le nôtre. L’étranger, vous l’aimez surtout hors la loi, valeur suprême à vos yeux semble-t-il,  et vous ne défendez pas votre  prochain, Benoît, qui lui est tout près de vous ? Ni, d’ailleurs, ce qui revient un peu au même, le peuple, la nation dont vous êtes issu ? Et vous voudriez nous faire gober que c’est « ça » la religion catholique et sa spiritualité vraie ?

     

                Nous en resterons là. Dans La Provence, vous êtes en « bonne » compagnie, du moins celle que vous avez choisie : vous êtes avec Lucienne « une institutrice à la retraite qui «  se moque bien que la petite fête ait ensuite lieu au PCF ». Cent vingt millions de morts, le communisme, cela ne vous gêne pas, Monseigneur que vos copains et vos copines aillent « faire la fête » au PCF ? Le savez-vous d’abord, que le marxisme a fait cent vingt millions de morts ? Qui êtes-vous Georges Pontier, un idiot utile ou un apparatchik ?.....

    C’est le moment de se souvenir de ce que De GAULLE dit un jour à Alain Peyrefitte : « vous savez, l’Eglise de France,  ce n’est pas le patriotisme qui l’étouffe ».

     

                En conclusion nous remarquerons le silence assourdissant de l’archevêché de Marseille, pour dire sa solidarité avec le PAPE Benoît XVI lors de l’énorme opération montée par les loups contre lui. On ne l’a même pas entendu du tout. Pas un seul petit mot, pas le moindre petit communiqué, rien. Pourtant c’était bien le rôle d’un évêque d’être aux côtés de son frère évêque attaqué et persécuté, le mot n’est pas trop fort. C’était bien son rôle de voler au secours de son Eglise, caricaturée et attaquée de toutes parts. Non, silence radio. Georges Pontier, le mauvais évêque (mais il n’et pas le seul…) n’a rien dit. Il ne s’est pas levé pour défendre son Église attaquée ni son frère dans l’épiscopat diffamé.  Et voulez-vous savoir pourquoi, voulez-vous  connaître la raison de ce silence assourdissant ? Il se réservait, lui et les siens, pour un autre combat autrement plus important et plus urgent à ses yeux : plus utile, pour lui, que de défendre l’Église et le pape, il réservait ses forces pour défendre… les clandestins, les hors la loi, et pour appeler à la désobéissance civile !  

  • Face à la crise ... le bon sens du peuple, et l' ”opinion” : rien à voir....

     

    L’on aurait sans-doute raison de distinguer le bon sens du peuple français, dans ce qui lui reste de tradition et d’enracinement, qui s’exprime encore, parfois, en certaines circonstances particulières et sur des sujets concrets, de façon nette et conforme à la simple sagesse ou à l’instinct de survie, de ce que l’on nomme abusivement l’opinion qui est, en fait, une création pure et simple du conditionnement médiatique au jour le jour et se caractérise par la frivolité, la superficialité, le caprice, la tyrannie de l’immédiateté, l’inconséquence. Ou, pour parler plus simplement, tout bonnement la sottise. On pourrait dire, en ce sens, que le sentiment populaire est sage et que l’opinion est stupide, conformiste et serve. Et le « système » veille en permanence à étouffer le sentiment spontané du peuple français au profit de son contraire qu’il crée, façonne, manipule à l’envi et qui est l’opinion. Le peuple, il s’en méfie. L’opinion, c’est sa chose, sa créature. Elle va toujours, comme lui, et il fait tout pour cela, dans le sens de la dissolution, de la médiocrité, du vulgaire.  

     

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    Ainsi, dans la crise qui ébranle, en ce moment, toutes les économies du monde, le réflexe habituel des Français, du moins d’une bonne partie d’entre eux, s’est exercé : épargner davantage, se «  serrer la ceinture » pour quelques temps, et attendre des jours meilleurs, qui ne manqueront pas de revenir, parce que la terre tourne et que les jours succèdent aux nuits. Ce n’est pas de la haute stratégie économique, mais c’est le bon sens et c’est sans-doute, en pareille situation, où nous ont mis les puissants et les intelligents du « système », tout ce que peut faire le commun des mortels. Ce réflexe d’épargne qui reste dans le fond du tempérament d’un grand nombre de Français, ne contribue d’ailleurs pas à la sortie de crise. Mais vivre sur des montagnes de dettes, qui sont d’ailleurs, le plus souvent, des dettes à la consommation (dont une bonne part de gadgets) et non des dettes d’investissement, est-ce la sagesse, est-ce le bon sens ?     

      

    Les médias, le « système » l’entendent autrement : « l’opinion » veut à tout prix savoir quand la crise va finir. Cette unique question, à laquelle, pourtant, personne ne peut répondre sérieusement, est posée en boucle, comme on dit aujourd’hui, aux nombreux économistes, les compétents et les autres, ou aux responsables politiques qui se succèdent, sur les plateaux de télévision ou les studios de radio. S’ils ont le malheur de fixer un terme de quelques mois, les mines des journalistes s’allongent, la désapprobation se manifeste, sévère : c’est demain matin ou, tout au plus, après-demain que l’on aimerait entendre car, n’est-ce pas, l’opinion le veut. 

     

    Tout le monde aimerait bien, dans le « système », que les choses reprennent leur train : le crédit facile ; l’immobilier que l’on peut acheter sans en avoir vraiment les moyens parce que sa valeur doublera nécessairement en cinq ou six ans ; les voyages pour tout le monde, à bon marché, très bon marché, même s’ils sont nuls et le plus souvent sans but, ni enrichissement, ni intérêt pour les voyageurs, considérés comme des troupeaux en simple transhumance ; la gadgétisation à outrance des biens de consommation, par une profusion de produits dont l’utilité pour la plupart est fort contestable et qui grèvent les budgets, au détriment de ce que l’on estimait, jusqu’à présent, l’essentiel ; les délocalisations, en Europe de l’Est, en Chine, ou en Inde, qui dopent momentanément la compétitivité des entreprises et qui nous permettront bientôt de ne plus travailler – ou presque – de nos mains, d’être tous des « cerveaux », des petits ordinateurs « intelligents » ; et puis les trente-cinq heures, les RTT ; les défilés de la CGT, comme en 36, les lycéens ou les étudiants ignares, mais dans la rue, avec leurs profs, devenus guère plus savants, en tout cas guère plus sages … ; et puis la confusion du monde politique avec celui du show-biz, la politique spectacle, le Bling Bling, et tout le reste, que l’on est contraint de mettre un peu en sourdine, pour un temps, le temps d’une crise que l’on aimerait très courte ; et, en contrepartie, les petits jeux de bourse pour tout le monde, pour adultes, ou même pour ados, qui donnent l’illusion que l’on peut gagner – et conserver - une fortune, en quelques semaines, en quelques clics d’ordinateur ; et puis, les stock options distribuées à profusion, les salaires mirobolants même en cas d’échec, les parachutes dorés. Et cetera … Nos anciens se méfiaient de « l’argent qui n’est pas transpiré » et sans-doute avaient-ils raison. Mais l’idéologie du « système » est tout à l’inverse : en tous domaines, financier ou autre, c’est, en quelque sorte, toujours la dette qui est prônée ; c'est-à-dire la consommation au présent des richesses accumulées dans le passé et la primauté de l’immédiat sur le long terme.

     

    Il paraît assez normal que nous sortions de la crise et qu’une reprise intervienne à terme plus ou moins rapproché, ne serait-ce qu’en raison des liquidités considérables que les banques centrales et les Etats ont injectées ou qu’ils ont garanties - dans des entreprises du secteur financier puis industriel qui, sans cela, auraient été placées inéluctablement en redressement judiciaire ou liquidées. En un certain sens, il aurait été sain qu’elles le soient. C’eût été au détriment des actionnaires, mais surtout des épargnants et, plus généralement, de l’activité économique elle-même. Mais les immenses volumes de dettes qui auraient été épongés par des redressements judiciaires ou des liquidations, ne se sont pas évanouis : ils ont été, en fait, transférés et pris en charge, ou, à tout le moins, garantis, par les Etats, qui ont creusé d’autant leurs propres engagements ou leurs propres dettes, souvent déjà considérables et excessives. Il faudra bien les payer un jour et c’est ici, après que nous soyons sortis d’une première crise, grâce à l’intervention financière de la puissance publique, que nous entrerons assez probablement dans une seconde crise qui sera bien, alors, celle des Etats.

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    Il n’y a pas beaucoup de moyens pour un Etat, lorsqu’il lui devient difficile d’emprunter, de réduire ou contenir sa dette. Il n’y en a même guère que deux, à notre connaissance : le recours à l’impôt et l’inflation, ou à l’un et l’autre. Le bon sens nous suggère que le recours à l’impôt sera difficile, du moins en France, parce qu’il y atteint déjà des niveaux record et parce qu’il pénalise immédiatement l’activité économique. L’inflation est plus indolore et ses effets sont différés. Elle rogne essentiellement l’épargne, souvent détenue par des personnes d’un certain âge, et les rentes de divers ordres, notamment les retraites, alors que la pression sociale, en période d’inflation, permet généralement aux salariés d’obtenir au moins le maintien de leur rémunération.

     

    Ici, les Français qui en ont fait l’expérience, d’ailleurs du temps des trente glorieuses qui furent une ère de grande prospérité, savent que l’on peut vivre avec l’inflation et s’en accommoder un certain temps, comme l’on peut vivre avec du cholestérol ou du diabète. Elle n’ira pas toutefois, en l’occurrence, sans conflits et difficultés substantielles. Sur le plan international, par exemple, la Chine accepterait-elle sans se considérer gravement lésée, que la dette américaine soit financée par la dévaluation du Dollar, dont elle détient des stocks considérables, en bons du trésor américain ? Sur le plan intérieur, les épargnants de tous les âges et les retraités français – qui sont en partie les mêmes - n’ignorent pas qu’ils seraient sans-doute les premières victimes d’un retour à l’inflation.

     

    Peut-être faudra-t-il, comme en certaines périodes difficiles, que les Français, du moins un certain nombre d’entre eux, les plus touchés, recourent au complément d’un deuxième emploi et que des retraités reprennent un travail, pour compenser l’insuffisante revalorisation de leurs retraites, face à l’inflation. Le mouvement est déjà amorcé, notamment par les dispositifs Novelli qui viennent d’être mis en place.   

     

    Si ces perspectives – ou hypothèses - plutôt pessimistes, ont quelque réalisme, l’infantilisation de l’opinion par les médias et le « système » en général a quelque chose de dérisoire et de coupable qui finira bien par apparaître un jour, parce qu’ils se heurteront au mur des évènements et de situations nouvelles, sérieuses et graves. Les journaux télévisés devront bien alors, au moins pour quelques temps, « ouvrir » sur autre chose que sur le petit garçon, si triste que ce soit, qu’un chien a mordu grièvement … ou sur la petite fille franco-russe ou russo-française enlevée par sa maman et retrouvée par son papa, à la frontière austro-hongroise …  

     

    Le très vieil homme, mais très sage, très expérimenté et très noble qu’est l’archiduc Otto de Habsbourg l’a dit récemment, à propos de la crise : les problèmes d’argent ne sont pas les plus graves ; ce n’est pas d’eux dont on souffre le plus, encore moins ceux dont meurt.

     

    Mais de quels maux est-ce donc que l’on meurt ? Et comment le « système » qui n’est préoccupé que de savoir quel mois, quel jour nous « sortirons de la crise » pour que le monde mercantile, médiocre et dérisoire qui est le sien reprenne sa course sans souci, comprendrait-il un tel langage ?    

     

  • La première « force » (et la seule ?...) en France et dans le monde…

              A Michel Onfray, qui déclarait récemment avec dédain que tirer sur le christianisme ce serait tirer sur une ambulance, nous répondions que des deux forces en présence, christianisme et marxisme, c’était plutôt à notre très humble avis le marxisme qui était le plus mal en point ; tellement mal en point, d’ailleurs, qu’il était carrément mort...

             Le voyage de Benoit XVI en France ne vient-il pas, bien mieux que nos démonstrations, d’ apporter une preuve supplémentaire qu’en face, le christianisme ne se porte pas aussi mal que Michel Onfray et ses lunettes déformantes voudraient nous le faire croire ? Car ce voyage,  tout le montre,  a tourné au triomphe. Bien plus que les chiffres –déjà intéressants, et qu’il faut prendre en considération- c’est le message transmis et l’accueil réservé à ce message qui font le succès de cette visite.20080912PHOWWW00150.jpg

     

              « Discours d’une densité phénoménale », « un excellent professeur », « autorité morale et intellectuelle »… : on n’en finirait presque pas de recenser dans la presse -écrite ou parlée- les commentaires élogieux émis par des personnes qui n’étaient  pas toutes (et pour certaines même, loin delà…) des personnes acquises au Pape au départ !

              Il est donc bien là le grand, le vrai succès, plus que dans les 50.000 jeunes réunis sur le parvis de Notre-Dame, ou les 260.000 participants à la messe des Invalides, ou les presque 200.000 de Lourdes. Il est dans le fait que, soit qu’il ait assisté physiquement aux déplacements du Pape soit qu’il l’ait suivi à la radio, à la télé ou dans les journaux (1) , le public a massivement accompagné le Souverain pontife ; a manifesté un intérêt qui non seulement ne s’est pas démenti mais est allé crescendo ; l’a écouté avec un intérêt manifeste et soutenu.

              Pourquoi ? Parce qu’il était évident que l’on avait affaire à un guide, à un meneur, à quelqu’un capable de délivrer des paroles de vie. Pater et Magister, l’avons-nous appelé plusieurs fois dans ces colonnes. Le Pape a parlé avec autorité, calmement, posément, fermement. Il n’a rien éludé, rien évité ; il n’a pas choisi la facilité, bien au contraire ; et pourtant, ça a passé ; son message a même enthousiasmé les jeunes, et les moins jeunes : bien qu’il s’agisse d’un message difficile et fort, ou justement parce que il s’agit d’un message difficile et fort ? Et que le public sent bien, que dans la période fort troublée et fort incertaine que nous traversons, ce ne sont pas de paroles creuses, mièvres ou adoucies que nous avons besoin, mais bien de paroles qui nous ramènent à l’essentiel, qui nous indiquent les sommets et nous gardent des précipices (« Fuyez les Idoles !.... »)

              Dans le vide planétaire sidéral laissé par l’effondrement cataclysmique du marxisme et des idées révolutionnaires, qui parle encore au monde comme l’a fait le pape ? Qui propose encore quelque chose, du moins quelque chose  qui tienne la route ? Qui essaie de répondre aux faims et aux soifs des hommes et des femmes de notre temps, dont une bonne part, abusés par les faux prophètes, sont précisemment des victimes des illusions du matérialisme et de l’immense déception qu’il laisse après lui ?.....

              Il y a vingt ans, à la chute du Mur de Berlin, il y avait deux super puissances,  engagées dans une lutte à mort : c’était pendant cette époque, lointaine maintenant, et qui appartient à l’Histoire, que l’on appelait la guerre froide. Et l’on a dit, avec raison, qu’après l’effondrement du bloc de l’Est, seule restait comme super puissance celle des Etats-Unis. Mais n’est-ce pas exactement la même chose – mutatis mutandis- dans le domaine intellectuel et spirituel ? Dans cette lutte titanesque et séculaire entre les deux religions, la chrétienne et la révolutionnaire, il nous a été donné de vivre en direct, en quelque sorte, la désintégration de la religion révolutionnaire ; exactement comme des spectateurs ont pu voir se désintégrer la navette Columbia ou la première fusée Ariane V…..

              C’est fini : la religion révolutionnaire ne parlera plus jamais aux hommes ; du moins pour longtemps, elle ne les fera plus rêver, elle qui les a conduit au pire cauchemar que l’humanité ait jamais connu ! Jacques Julliard l’a exprimé mieux que nous n’aurions su le faire : « … Il n'est pas besoin de relever la tête bien haut pour savoir que l'horizon est bouché, que l'orient rouge est délavé, que le soleil levant s'est drapé de deuil. Or le fait est que jamais les socialistes ne nous ont donné une analyse convaincante de ce qui s'était passé, qui engageait pourtant la vision qu'ils se faisaient de l'avenir..."; "...rien qui nous explique pourquoi l'un des plus beaux rêves de l'humanité s'est transformé en un immense cauchemar...;...s'agit-il d'un vice intrinsèque?...." (2).

             On nous pardonnera, nous l’espérons, de nous citer nous même : « A bien y regarder – écrivions-nous récemment - et nous aurons à y revenir, il n'y a plus guère que le Pape, que l'Eglise Catholique, à tenir tête, héroïquement, au "bazar" qu'est le monde moderne, et à tracer, pour l'humanité toute entière, une autre voie que celles, avilissantes, du matérialisme sanglant des révolutions, ou du libéralisme doux de ce que nous nommons encore, par une singulière inconscience, le "monde occidental".  

              Voilà donc comment s’ouvre ce nouveau siècle. Une grand voix s’est tue, et pour longtemps : celle de la foi révolutionnaire. On comprend bien que, pour nous, c’est tant mieux ! Foi pour foi, Religion pour religion, nous préférons l’originale, celle qui se trouve aux racines de notre Histoire, qui est constitutive et partie intégrante de notre Etre profond, c'est-à-dire le christianisme qui nous est, d’une certaine façon, consubstantiel ; et qui est inséparable de ce que nous sommes, tout simplement, lui que la révolution a voulu extirper de notre sol et de nos consciences.     

     

    (1) : Il faut signaler à ce propos que, pour ce voyage, l’ensemble de la profession journalistique s’est signalé, en faisant bien son travail, souvent même très bien, et parfois même encore d’une façon remarquable. On ne compte plus les très pertinentes interventions d’un très grand nombre de journalistes et d’observateurs : on se plaint souvent –à juste titre, hélas…- d’une certaine médiocrité des médias. Elles viennent de nous montrer qu’il peut leur arriver de savoir faire, avec compétence, leur métier. Il nous a semblé que cela devait être noté….. 

    (2) : Le Nouvel Observateur, numéro 2230 du 2 août 2007. 

     

  • Républicain, comme ils disent… Du FN au PS, une querelle politique absurde, selon Frédéric Rouvillois

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    Hier, mardi 10 février, paraissait à la Une de Causeur, et sous ce titre même, l'article de Frédéric Rouvillois que l'on va lire. Brillante et spirituelle analyse qui, à propos de l'adjectif républicain conclut par cette formule lapidaire et radicale que nous faisons nôtre :« Une bulle de savon. Rien de plus. » Lafautearousseau

    Transformé en chef d’Etat « jupitérien » par la grâce de l’événement, notre ex-« Président normal », comme les Sages, les Pythies et  les Prophètes, s’exprime désormais par énigmes. Après avoir consacré sa conférence de presse du 5 février dernier à célébrer le mystérieux « esprit du 11 janvier », il a ainsi répondu à une question sur la législative partielle du Doubs par une formule à peine moins obscure : « Il y a des partis qui sont dans la République, ceux qui concourent aux suffrages sont dans la République, ont des élus dans la République, ont le droit, donc, d’avoir des candidats, et donc des élus. (…).  Mais est-ce à dire que tous les partis sont pleinement dans les valeurs de la République ? Non. Adhérent aux valeurs de la République ? Non. Au moins, à toutes les valeurs ? Sûrement pas.» Aussitôt, l’aphorisme est contesté par Florian Philippot, invité sur une radio périphérique à commenter la conférence de presse : en l’occurrence, réplique le vice-président du Front national, ceux qui se targuent d’être républicains sont justement ceux qui ont renoncé à l’être en acceptant de noyer la France dans l’Union européenne et qui, par là même, ont renié le principe républicain par excellence, la souveraineté nationale.

    Étant donné la fréquence avec laquelle on utilise le mot « républicain » et les graves conséquences que l’on en tire, le débat n’est pas sans intérêt. Mais lequel des deux a raison ? Hollande et les ennemis du Front national, qui lui reprochent de ne pas l’être même s’il profite de la République, et qui n’hésitent pas à appeler au front « républicain » pour lui faire barrage ? Ou Philippot et les siens, qui accusent ces républicains autoproclamés d’avoir délaissé, au profit d’une mondialisation oligarchique, ce qui ferait l’essence et le cœur même de la république?

    Dans l’absolu, ni les uns, ni les autres – dans la mesure où la notion de « république » s’avère aussi floue, aussi incertaine et finalement à peu près aussi inconsistante que celle de « démocratie ». Du reste, la petite querelle du 5 février n’est pas sans rappeler les interminables controverses du temps de la guerre froide, où les Etats socialistes (qui se qualifiaient de démocraties populaires) et les régimes libéraux (dits démocraties pluralistes) s’accusaient les uns les autres d’usurper le titre de démocratie, et prétendaient en être les seuls titulaires légitimes. Et encore le mot démocratie fournit-il quelques pistes pour savoir ce qu’il faut entendre par là, et qui peut s’en prévaloir : la démocratie, nous rappelle l’étymologie, est un système dans lequel le pouvoir appartient au peuple, démos. Pour le mot « républicain », les choses paraissent beaucoup plus aventureuses : personne ne peut dire ce que c’est, pas même l’imposant Dictionnaire critique de la république paru il y a quelques années, qui renonçait purement et simplement à définir son propre objet. 

    Pourrait-on, au moins, commencer par dire que la république est le contraire de la monarchie héréditaire? Même pas : en 1576, Jean Bodin intitule ce qui deviendra le plus célèbre traité de philosophie politique d’Ancien régime Les Six livres de la République, utilisant ce terme comme synonyme d’État, res publica, quel que soit le régime politique de ce dernier. Il n’y a pas d’incompatibilité : sur les pièces de monnaie que Napoléon Ier fait frapper à son effigie, on lit ainsi, côté face, Napoléon Empereur, et côté pile, République française. C’est aussi l’époque où un théoricien révolutionnaire rallié à Bonaparte, Roederer, invente la notion de « monarchie républicaine », et démontre dans un essai que l’hérédité n’entraîne pas une augmentation du pouvoir du « Chef de la République ».

    Mais alors, si la république, ce n’est même pas cela ? Eh oui : cela peut être tout et n’importe quoi, les États-Unis et l’URSS, la Chine populaire et la république de Saint Marin, la DDR et la république de Salo, Sade et Savonarole, la démocratie et l’aristocratie. La république, explique sobrement le Dictionnaire de l’Académie française en 1831, c’est, tout bonnement, « un État gouverné par plusieurs ».

    Dans ces conditions, on devine qu’il est assez délicat de savoir qui est « républicain », qui ne l’est pas, ce que pourraient bien être les « valeurs républicaines » et qui pourrait être en mesure d’en juger. Naguère, un éminent professeur de droit s’était interrogé sur la signification de l’article 89 alinéa 5 de la constitution, selon lequel ne saurait faire l’objet d’une révision «  la forme républicaine du gouvernement » ; au bout du compte, il fut bien obligé de constater le caractère insaisissable de la notion : cette « forme républicaine » inclut-elle le caractère national de la souveraineté (auquel cas le transfert de celle-ci à l’Union européenne serait impossible) ? L’organisation parlementaire du régime ? Le scrutin majoritaire à deux tours ? L’existence d’un Sénat et d’une juridiction constitutionnelle ? Le système de sécurité sociale et la retraite par répartition ? C’est comme on veut. Open bar. 

    Au passage, on note que certains de ces éléments se rencontrent également dans des systèmes politiques non-républicains, où personne n’aurait l’idée de les nommer ainsi. On qualifie de « républicain » ce qui, en France, est pratiqué en République, mais qui pourrait être qualifié autrement dans une monarchie : c’est ainsi que notre célèbre « méritocratie républicaine » est appelée « méritocratie royale » au Maroc – bien qu’elle n’ait en soi aucun lien nécessaire avec la république, pas plus d’ailleurs qu’avec la monarchie. 

    En fait, le terme républicain, dont on veut faire un indépassable critère du bien politique et moral, s’avère entièrement relatif, aussi bien dans l’espace que dans le temps.

    C’est ce que laissait deviner l’autre soir, à la télévision, une sortie du journaliste Christophe Barbier, l’homme qui parle toujours dans le sens du vent. Celui-ci déclarait en effet que, de nos jours, font partie intégrante des valeurs républicaines le refus de la peine de mort, le droit du sol comme mode d’acquisition de la nationalité et l’adhésion à une évolution fédérale de l’Europe. À ces mots, Florian Philippot, présent sur le plateau, manqua de s’étrangler avec la fameuse écharpe rouge de Christophe Barbier : de fait, il aurait pu rétorquer que le droit du sol fut institué en France sous François Ier, et que c’est sous la république, avec le Code civil de 1804, que fut établi le droit du sang, lequel ne sera pas remis en cause par la IIe République. Le droit du sol comme critère de républicanisme ? Dans ce cas, l’une des plus vieilles républiques du monde, la Suisse, ne serait pas républicaine, pas plus d’ailleurs que l’Italie ou l’Autriche.

    En bref, ce qui est républicain ici ne l’est point là-bas, ce qui l’était hier ne l’est plus aujourd’hui : plaisantes valeurs qu’une rivière borne!

    Autre exemple : si une approche fédéraliste de l’Europe est aujourd’hui un marqueur républicain, on peut supposer que tel n’était pas le cas en 2005 : ou alors, il faudrait en déduire que 56% des électeurs, ayant rejeté le projet de constitution européenne, n’étaient pas républicains à ce moment là. C’est du reste cette relativité qui permet à Alain Juppé d’excommunier sans états d’âme le Front national comme non-républicain au motif qu’il défend actuellement les thèses que lui-même développait autrefois, dans les années 1970-1980, lorsqu’il était l’étoile montante du Rassemblement pour la République. La question étant de savoir si le républicain d’aujourd’hui le sera toujours après-demain.

    Au total, l’adjectif républicain n’est donc pas grand-chose d’autre qu’un label. Une étiquette que l’on s’attribue, sans contrôle, pour démontrer que l’on est dans le camp du bien. Et que l’on refuse à ses ennemis afin de donner au combat que l’on mène, ou à leur exclusion, un vernis politique et une teinture morale. Une bulle de savon. Rien de plus.  

    L'auteur       

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    Frédéric Rouvillois est né en 1964. Il est professeur de droit public à l’université Paris Descartes, où il enseigne le droit constitutionnel et s’intéresse tout particulièrement à l’histoire des idées et des mentalités. Après avoir travaillé sur l’utopie et l’idée de progrès (L’invention du progrès, CNRS éditions, 2010), il a publié une Histoire de la politesse (2006), une Histoire du snobisme (2008) et plus récemment, Une histoire des best-sellers (élu par la rédaction du magazine Lire Meilleur livre d’histoire littéraire de l’année 2011).

    * Image (du haut) : wikicommons.

  • Les « Illusions perdues » de Malika Sorel

     

    CHRONIQUE D'ÉRIC ZEMMOUR, publiée dans l'édition du 12 novembre 2015 du Figaro 

    « Un réquisitoire contre la politique d'immigration suivie depuis trente ans par la droite comme par la gauche. Un témoignage de l'intérieur du système. Implacable. » Il s'agit de Décomposition française, le dernier ouvrage de Malika Sorel-Sutter, en librairie à dater du 16 novembre. Et il s'agit surtout de la trahison des élites politiques françaises. Trahison d'une ampleur inimaginable. Qui fait frémir. Et pourrait bien finir par entraîner de la part du peuple français dans ses profondeurs, au fur et à mesure qu'il en aura pris la pleine conscience, une réaction de rejet qui, comme l'a déclaré Nicolas Dupont-Aignant, hier matin, aux journalistes de France-Inter, en balayera tous les protagonistes. Ce qui nous différencie de Zemmour ? C'est que - sans nier que la République a pu en différentes circonstances, incarner le patriotisme français - l'universalisme, le multiculturalisme, l'utopie d'un peuple hors sol et hors Histoire, sont, selon nous, l'essence même de ce régime et n'en sont pas des accidents. Mais cela est un autre débat. Lafautearousseau

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgUn réquisitoire contre la politique d'immigration suivie depuis trente ans par la droite comme par la gauche. Un témoignage de l'intérieur du système. Implacable.

    Théorie du complot. Complotistes. On connaît la rengaine. Dès qu'un livre, un article, un propos mettent en cause les élites, politiques, économiques, artistiques, médiatiques, la réplique cingle, immédiate et imparable : « Théorie du complot. Complotiste. » L'ouvrage de Malika Sorel est une réplique à la réplique ; la preuve par neuf - à la fois témoignage et analyse - de la réalité : « L'un de nos malheurs réside dans le fait que beaucoup de nos élites ne sont pas fières de la France… Ce que j'ai observé chez nos élites est plutôt le résultat d'un cocktail de désinvolture, de cynisme, et d'indifférence envers la nation. »

    Le livre de Malika Sorel n'est pas sans défauts. Il est foisonnant ; hésitant entre l'ordre chronologique et thématique, entre témoignage personnel et analyse théorique ; accumulant extraits d'émissions de radio ou de télévision, citations, anecdotes, dans un style qui manque parfois d'élégance. Un air de déjà-vu, déjà lu, qui gâche l'originalité du propos. Mais l'essentiel est ailleurs. Il se dégage de cet ouvrage une sincérité, une authenticité, qui n'empêche nullement la hauteur de vue. Cette femme, née en France, de parents algériens, ayant passé son enfance en Provence, a reçu une brillante formation scientifique d'ingénieur. Elle aurait pu être Malika, après Rachida, Rama, Fadela, Najat, ou Myriam, toutes ces femmes dont nos présidents raffolent et font des ministres et des vedettes médiatiques.

    Mais Malika n'a pas voulu jouer ce jeu pervers de victimisation et de discrimination positive, de casting et de carriérisme. Elle a souhaité, Malika, devenir française à l'ancienne, en s'assimilant. Mal lui en a pris. Nos élites ne mangent plus de ce pain-là : « Dans la bouche de nos élites politiques, médiatiques et intellectuelles, le terme “populaire” ne renvoie plus aux Français de souche, tout comme “jeunes” ne désigne pas leurs enfants ou petits-enfants.» Malika a cru que Villepin serait son grand homme, avant de l'entendre reprendre l'antienne de la victimisation. Elle a vu Nicolas Sarkozy tenter de détruire la République indivisible, avant que Simone Veil ne lui interdise in extremis sa réforme constitutionnelle qui aurait inscrit la diversité dans le marbre. Elle a été membre du Haut Conseil à l'intégration que le gouvernement Ayrault supprimera pour défense excessive de la laïcité. Elle a entendu une conseillère du président Hollande lui jeter d'un ton rogue : « Nous avons besoin d'optimisme.»

    Malika avait tout faux, puisqu'elle croyait en la France qu'elle aimait d'amour. « Il y a dans l'assimilation une dimension magique, comme dans l'amour. » Malika a assisté à des comités interministériels où chacun rivalisait d'inventivité immigrationniste ; où les Français étaient sommés de s'habituer aux mœurs des étrangers ; où l'immigration était présentée comme la solution à tous nos maux. Où les professeurs, policiers, médecins, les médias, avaient intérêt à améliorer leur « interculturalité ». Elle a écouté les commissaires européens comme les représentants des États membres vanter une Europe multicultuelle comme l'avenir radieux du continent européen ; et réclamer que les programmes scolaires de tous les pays s'y adaptent. On comprend mieux, à la lire, où a été puisée la réforme des programmes de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a entendu une élue socialiste demander au premier ministre qu'on « décloisonne les femmes de polygames » pour qu'elles vivent plus à l'aise dans des appartements séparés. Elle a entendu Jean-Louis Borloo manger le morceau du « grand remplacement » : «Il faut bien que les Français, on ait en tête une chose, c'est que l'avenir du pays se joue là, dans les banlieues. Pourquoi ? Parce que le taux de natalité de ces quartiers est deux fois plus élevé que sur le reste du territoire national. »

    Elle a vu les auteurs d'un rapport gouvernemental effacer subrepticement une phrase tirée de l'enquête Pisa 2012 : « Plus préoccupants encore, les écarts entre les élèves issus de l'immigration et les autres demeurent très importants, même corrigés des variables socio-économiques.» Et faire comme s'ils n'avaient pas entendu que dans les concours d'accès à la fonction publique : « C'est à l'écrit sur copies anonymes que les élèves de l'immigration échouent.» Et pas du fait des discriminations à l'oral ! Elle a compris que c'était pour cette (fausse) raison pourtant que Sarkozy avait supprimé l'épreuve de culture générale de nombreux concours administratifs. Elle a observé « la crème de la crème » du Conseil d'État, faire assaut de subtilité juridique pour autoriser le voile à l'école, pour les élèves d'abord, et puis pour leurs mères qui accompagnent les sorties scolaires, ou permettre aux maires de contourner la loi de 1905 pour construire toujours plus de mosquées. Elle a entendu Erdogan recommander à ses nationaux immigrés de bien conserver des prénoms turcs pour leurs enfants alors que la France n'exigeait plus des prénoms français sur son territoire. Elle a entendu Éric Besson, officiellement ministre de l'Identité nationale d'un gouvernement de droite, proclamer en 2010 : « La France n'est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de Français de souche, il n'y a qu'une France de métissage. »

    Malika a tout compris. Nos élites ont mis au rencart le peuple français, pour une utopie universaliste de citoyens du monde. « Nous vivons la mise en minorité progressive du peuple autochtone sur ses propres terres. C'est le simple jeu de l'arithmétique, et cela, les élites politiques le savent… Nous ne sommes plus dans un régime de solidarité nationale, mais dans celui, imposé par le haut, d'une solidarité internationale… Politique du dernier arrivé, premier servi. » Non, ce n'est pas un complot, c'est pire, c'est la réalité. Malika est venue, a vu, et a été vaincue. Mais au moins, au bout de cet itinéraire, qui pourrait s'intituler « Illusions perdues », Malika sait. Elle sait que nos élites savaient. Et qu'elles ont voulu ce que, désormais, nous savons. 

    Eric Zemmour            

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    Décomposition française, Malika Sorel-Sutter, Fayard, 310p, 18 €, en librairie le 16 novembre

  • Alain de Benoist : « Post-vérité » - En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation…

     

    Alain de Benoist a donné cet entretien à Boulevard Voltaire le 22.03. L'indifférence à la vérité est-elle un stade ultime de la révolution ? Jusqu'à nier le fond anthropologique ou ontologique qui nous constitue en tant que personnes, mais aussi socialement, politiquement ? Alain de Benoist apporte ici une réponse nuancée : la vérité n'est pas simplement adequatio rei et intellectus, selon la définition classique, puisqu'elle dépend aussi de la perception que nous avons du réel et en quelque sorte de nos structures mentales. Ces dernières dépendent aussi de la communauté, de la civilisation auxquelles nous appartenons par naissance et héritage. Mais si ceux-là aussi sont niés au profit du caprice individuel ? Nous touchons là au cœur de la révolution qui nous détruit. D'où l'intérêt en quelque sorte vital de cet entretien.  LFAR  

     

    1791516973.jpgUn nouveau concept politico-linguistique fait actuellement beaucoup parler de lui : la « post-vérité ». Il y aurait donc une « anté-vérité » ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

    La « post-vérité » (post-truth) a, en effet, été choisie en 2016 comme « mot de l’année » par le Dictionnaire d’Oxford. Le terme est apparu aux États-Unis dans le sillage de la « French Theory » au début des années 1990, lorsque des auteurs comme Michel Foucault ou Jacques Derrida ont commencé à discréditer la notion de vérité comme un « grand récit » auquel on ne pouvait plus croire. Dans la foulée, un certain nombre de journalistes ont cru possible de s’affranchir de leur devoir de neutralité face aux événements. Le mot a, ensuite, été popularisé en 2004 avec le livre de Ralph Keyes, The Post-Truth Era.

    La « post-vérité » n’est pas le mensonge mais l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. L’ère « post-vérité » (ou « post-factuelle ») désigne une période dans laquelle les faits objectifs comptent moins que l’émotion pour modeler l’opinion publique. Dans cette optique, le rôle des victimes devient essentiel. L’image partout diffusée du petit Aylan, noyé sur les rives de la Méditerranée, qu’on a immédiatement utilisée comme un argument en faveur de l’accueil des migrants, en est un exemple typique. En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation.

    On sait bien qu’il est difficile de hiérarchiser les informations quand on est bombardé de nouvelles, de commentaires et d’images qui se succèdent à une vitesse folle. C’est le problème de l’« infobésité ». Cela n’a rien de nouveau, mais le phénomène s’est, de toute évidence, accéléré à l’époque postmoderne. La transformation de la vie politique en spectacle, c’est-à-dire en concours d’apparences, la déferlante des images, les pratiques commerciales frauduleuses, la publicité mensongère, l’avènement de la blogosphère et des réseaux sociaux, le règne de la télé-réalité et de l’« infotainement » (mêlant information et divertissement), le rôle joué par des « spindoctors » spécialistes dans l’art de raconter des histoires (« storytelling »), le recours aux algorithmes et aux « bulles de filtrage », voire la montée du narcissisme (tout individu peut devenir source d’information ou de désinformation), ont fortement contribué à effacer la frontière entre vérité et non-vérité, donnant naissance à ce que certains ont appelé la « démocratie des crédules ». L’avènement du numérique décourage, à lui seul, le sens critique et le raisonnement logique, en même temps qu’il provoque un manque chronique d’attention. Hannah Arendt distinguait les vérités de fait et les vérités de raison. La « post-vérité » révèle la vulnérabilité des premières.

    On parle aussi beaucoup des « fake news ». Mais ces « fausses vérités » ne sont-elles pas aussi l’ordinaire du monde de l’information, officielle ou non ?

    C’est l’autre volet de la question.

    Le journalisme professionnel a longtemps été censé recueillir la vérité publique, mais ce n’est plus le cas. Toutes les enquêtes d’opinion révèlent une défiance croissante vis-à-vis des grands médias : presse papier, radios, télévisions. Les gens réalisent que ce qu’on leur dit ne correspond pas à ce qu’ils voient. Depuis que les propriétaires des journaux ne sont plus des journalistes mais des milliardaires, ils sont devenus conscients des connivences incestueuses qui lient les médias aux élites financières et politiques, toutes issues du même milieu sociologique, toutes également discréditées. Mais au lieu de s’interroger sur les causes de cette défiance dont ils font l’objet, les grands médias préfèrent dénoncer les sources d’information alternatives comme fondées sur la rumeur et le mensonge. Après avoir exercé une cléricature riche en anathèmes, en mises à l’index et en excommunications, ils se posent en gardiens des faits et prétendent dire ce qu’il faut croire. La création de mystifications du genre « Decodex » ou « FactCheck » n’a pas d’autre origine. C’est dans ce contexte qu’ils s’en prennent à la « post-vérité ». 

    Ce n’est pas un hasard si l’on n’a jamais tant manié la notion de « fake news » (« informations contrefaites ») que depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump. Le peuple adhérerait spontanément à la « post-vérité », parce qu’il se composerait essentiellement de ploucs incultes et mal éduqués. À travers la dénonciation de la « post-vérité », c’est à une mise en accusation du populisme, dont les leaders orienteraient systématiquement le peuple vers ses bas instincts en faisant un usage stratégique des rumeurs et en usant d’« éléments de langage » n’ayant plus aucun rapport avec les faits, que l’on assiste. Or, les médias qui sont sur la défensive face aux « fake news » ont toujours été les premiers à en publier (on se souvient du « charnier » de Timișoara, des couveuses du Koweït, des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, etc.). Il y a longtemps que la grande presse s’est mise au service de l’idéologie dominante, devenant du même coup la principale fabrique du consentement (Noam Chomsky).

    Un retour à l’objectivité est-il possible ?

    L’objectivité absolue est impossible car personne ne parle à partir de nulle part, mais on peut au moins tendre à l’honnêteté. La notion de vérité fait, depuis des siècles, l’objet d’un vaste débat philosophique. On la définit souvent, à tort à mon avis, comme synonyme de la conformité aux faits : il y aurait d’un côté les faits, de l’autre les jugements de valeur. C’est oublier que notre cerveau ne perçoit jamais des faits bruts, mais des faits associés à des interprétations qui, seules, peuvent leur donner un sens. Nos structures cognitives ne nous portent pas à rechercher des faits mais à rechercher du sens, et donc à faire un tri spontané entre les informations en fonction de ce que nous pensons déjà, et plus généralement des exigences de notre écosystème mental. C’est la raison pour laquelle la « post-vérité » a encore de beaux jours devant elle. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Histoire & Actualité • Mort de Fidel Castro : l'anticommunisme est un humanisme, sauf en France !


    Par Gilles-William Goldnadel 

    Le « lider Maximo » est mort ce 25 novembre. Gilles-William Goldnadel constate [Figarovox, 28.11] qu'au pays de Georges Marchais, le procès du communisme reste à instruire, comme en témoignent les éloges funèbres prononcés en hommage au boucher de La Havane. Gilles-William Goldnadel a raison. Serait-il d'accord pour que l'on instruise concomitamment les procès des tueries et crimes révolutionnaires français ? Ceux-ci sont l'origine et la matrice de ceux-là. LFAR  

     

    495725162.jpgCe n'est pas la première fois qu'ils nous font cette mauvaise farce. C'est toujours la même chose, on la croit morte. On se dit que cette fois ils ont compris. Qu'ils ne recommenceront pas. La sotte grandiloquence. Les hommages obscènes. Le déni de la réalité. Eh bien, non, ils ont recommencé.

    Ils ont pleuré Castro. Même la sœur, Juanita, n'ira pas à l'enterrement de son frère : «il a transformé l'île en une énorme prison entourée d’eau ». Mais certains, en France sont plus fraternels envers Fidel que la sœur du geôlier.

    Avant que de tenter d'expliquer l'inexplicable, un bref rappel de la réalité minimisée. Castro n'était pas seulement qu'un dictateur sud-américain. C'était un boucher et un équarisseur. Il ne s'est pas contenté de torturer et d'exécuter ses opposants, il a vendu leur sang, comme le rappelait le Wall Street Journal dans un article du 30 décembre 2005 : le 27 mai 1966, 3,5 litres de sang par personne furent médicalement ponctionnés sur 166 détenus par décision de Fidel Castro et vendus au Vietnam communiste au prix de 100 $ le litre. Après la prise de sang, 866 condamnés, en état d'anémie cérébrale, paralysés et inconscients, furent emmenés sur des brancards et assassinés.

    Miguel A. Faria dans Cuba, une révolution écrit à la page 415 de son livre : « Depuis que Fidel Castro a pris le contrôle de l'île en 1959, les estimations les plus crédibles précisent que de 30 000 à 40 000 personnes ont été exécutées par le peloton d'exécution ou dans les geôles cubaines. »

    Dès les premiers jours de la révolution, Castro ordonna des exécutions sommaires dans le but d'établir une culture de la peur qui annihila rapidement toute résistance. Les révolutionnaires d'opérette qui le soutiennent en France lui pardonnent avec indulgence ses exactions en même temps qu'ils maudissent ordinairement la peine de mort appliquée aux assassins de droit commun. Ils passent volontiers sous silence que dans les décennies suivantes, Castro s'assura de la soumission de son peuple en prolongeant l'État de terreur.

    Profitons du deuil cruel qui frappe la galaxie communiste et ses compagnons pour régler aussi son compte à celui dont l'icône christique ornait les thurnes estudiantines des seventies et encore de nos jours les T-shirts de quelques attardés. Che Guevara avant que de faire le guérillero en Bolivie, dirigeait dès 1959 la sinistre prison de la Cabana, où il avait acquis le tendre sobriquet de « carnicerito » (le petit boucher). Selon Stéphane Courtois, auteur du Livre noir du communisme, ladite prison était un lieu où la torture et les mutilations étaient quotidiennes. Selon Archiva Cuba, une association basée dans le New Jersey, et qui s'est donné comme mission de documenter les crimes de Castro, en 1959, à la Cabana, au moins 151 personnes innocentes furent assassinées.

    Parmi les 94 enfants dont on a pu établir la mort, 22 ont été exécutés par les escadrons de l'idole de l'extrême gauchisme.

    Quant à la situation actuelle, et sans même évoquer la faillite économique, Christophe Deloire, président de Reporters Sans Frontières, rappelait samedi que Cuba demeurait au 171e rang (sur 180) au classement mondial de la liberté de la presse.

    Ils ont pleuré Castro. Je ne parle pas des communistes. De Pierre Laurent, fils de Paul : « l’artisan de l'une des plus importantes révolutions initiées au XXe siècle… La démonstration de la possibilité de bâtir une société juste et souveraine pour tous les peuples ».

    Je ne parle pas de notre Président de la République actuel, tout content d'avoir imaginé effleurer l'Histoire en touchant un vieillard et dont les euphémismes dégoutants dans son hommage funeste : « manquements aux droits de l'homme… désillusions » montrent à quel point les socialistes évaporés n'ont pas totalement coupé le cordon ombilical ensanglanté.

    Je parle des compagnons de déroute, je parle des camarades de carnaval : Christiane Taubira, jamais économe d'une hyperbole : « le dernier géant du XXe siècle… ». Je parle de Clémentine Autain, invitée gentiment sur France Inter dimanche matin pour admonester ceux qui fêtent Kissinger mais cognent sur Castro et qui mériterait d'être engagée comme humoriste de la radio active de service public pour ce tweet mémorable et émouvant : « à Fidel Castro, pour la révolution cubaine, la résistance à l'impérialisme U.S, l'expérience « socialiste » d'un autre siècle. Hasta siempre !»

    Je parle enfin de Jean-Luc Mélenchon, dont Onfray disait samedi au Point qu'il avait « fumé la moquette », en tous les cas un havane hallucinogène, en écrivant ce twitt halluciné : « Fidel ! Fidel ! Mais qu'est-ce qui s'est passé avec Fidel ? Demain était une promesse. Fidèle ! Fidel ! L'épée de Bolivar marche dans le ciel. »

    Je conseille encore à tous ceux qui ne l'aurait pas regardé, de visionner l'hommage du futur candidat fraîchement adoubé par les communistes à la rapière envolée dans les cieux : Samedi matin, à l'ambassade de Cuba. Une homélie larmoyante. C'est sans doute lors d'un même petit matin blafard de 1953, que des staliniens aux yeux rougis rendirent hommage au petit père des peuples qui attend aujourd'hui son fidèle suivant.

    J'imagine déjà certains scandalisés par cette dernière ligne.

    Le scandale habite ailleurs. Il demeure dans le fait que, précisément, il n'y ait pas scandale quand ces hommages publics au boucher de La Havane sont rendus par des personnes publiques qui ont pignon sur rue.

    Et l'explication vient. D'abord l'anti-occidentalisme pathologique, dans sa version antiaméricaine. Tout fut pardonné à Fidel au nom de la lutte sacrée contre l'impérialisme yankee. Tout, y compris le massacre et la mise au pas de son peuple. Mais cette anti occidentalisme radical n'est pas seulement politique, il est aussi racial.

    Qu'on me permette de me citer dans mes Réflexions sur la question blanche (2011) : « Il faut se faire à la déraison : un sombre salaud cubain, vénézuélien, bolivien ou mexicain basané, qui sait ? mâtiné d'indien, ne sera jamais aussi honni qu'un bon vieux salaud chilien tel que Pinochet, poursuivi jusqu'au bord du tombeau, et que Sartre charriait pour « sa gueule de salaud latin » classique, à la Franco. ».

    Ensuite et surtout en raison du fait que le procès du communisme reste à instruire en France. Il s'agit d'une triste spécificité française.

    Il n'y a qu'en France que les archives du KGB n'aient pas été exploitées, après l'effondrement de l'URSS ce dont se désolait ma chère Annie Kriegel. Même dans l'Italie si communisante du compromis historique, les archives ont parlé, et l'on sait quel compagnon de route ou quel journaliste émargeait au budget soviétique. Il n'y a qu'en France où des syndicats politisés peuvent reconnaître leurs liens avec le PC sans être pour autant démonétisés. Il n'y a qu'en France où le parti communiste peut encore oser s'appeler par son nom et s'affubler d'un marteau et d'une faucille. Il n'y a qu'en France où des artistes sentencieux peuvent se produire à la fête du journal de l'organe central du parti communiste sans risquer la sentence. Il n'y a qu'en France où le parti de la gauche morale peut s'allier électoralement avec un parti communiste sans rougir ni être déconsidéré.

    Car c'est en France encore que ceux qui ont combattu extrêmement le communisme et ses épigones d'extrême-gauche ont été médiatiquement rangés dans le ghetto de l'extrême droite.

    Ce fut notamment le sort de Stéphane Courtois, qui faillit connaître la mort civile pour avoir écrit Le livre noir du communisme.

    Pour avoir eu le courage suicidaire d'estimer à 100 millions le nombre d'êtres humains assassinés pour imposer le communisme. Paul Kangor dans The Communist estime que le livre de Courtois est largement en dessous de la réalité. Courtois évaluait à 20 millions les crimes de Staline, mais Alexandre Yakovlev , adjoint de Gorbatchev, cité par Kangor, estime le carnage entre 60 et 70 millions d'humains.

    L'anticommunisme est un humanisme. 

    Post-scriptum citoyen : dimanche à 13h sur TF1, on pouvait voir les cubains réfugiés en Floride, ces anciens boat-people, fêter la mort du dictateur. Pas sur la chaîne de service public France 2 à la même heure. Seulement des cubains éplorés. Pour ceux qui, comme moi, n'arrivent pas à accepter comme un fléau naturel, la mainmise de l'idéologie sur le bien indivis des citoyens payant la redevance, je signale la naissance du « Collectif des usagers du service public audiovisuel » (contact@collectif-uspa.fr).

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.

  • L'hommage de Mathieu Bock-Côté à Max Gallo

     

    Par Mathieu Bock-Côté           

    Depuis Montréal, Mathieu Bock-Côté, dans cette tribune [Figarovox, 21.07],  rend hommage à l'historien Max Gallo, « un homme qui vouait une passion charnelle à la France ». Il s'y livre à quelques considérations critiques sur les vices de l'époque moderne, qui retiendront l'attention. Nous notons que, selon lui, « au fil du temps, Max Gallo était passé d'une conception un peu aride de la République à une passion charnelle pour la France. » Tout est dit.  LFAR

     

    2760774407.2.jpgIl y a des hommes si robustes et imposants qu'on en vient à croire que rien ne peut les arracher à l'existence. Les années passent et leur vigueur demeure, même si on sait bien qu'ils sont comme nous de simples mortels. Quand la faucheuse passe, on peine à y croire. C'est probablement le sentiment qu'inspire au plus grand nombre le décès de Max Gallo. Historien, écrivain, homme politique, il en était venu à jouer un rôle bien particulier dans la vie publique française : il était de ceux qui rendent l'histoire au commun des mortels. Ce dernier ne demande qu'à se passionner pour elle, pour peu qu'elle ne soit pas confisquée par des spécialistes qui transforment les débats propres à leur discipline en discussions ésotériques, qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'amour du passé. À travers le roman historique, Max Gallo cultivait le vieil art de l'histoire populaire.

    D'un livre à l'autre, il s'agissait pour Max Gallo d'expliciter les époques dans lesquelles il se plongeait et de dévoiler les grandes passions mettant les hommes en mouvement. L'œuvre de Max Gallo n'est pas celle d'un historien enfermé dans une spécialité au point de se laisser hypnotiser par elle. C'est malheureusement la tentation des historiens de notre temps, qui ont voulu faire de l'histoire une science sociale comme une autre, au point de la désenchanter, trop souvent, en la condamnant à l'aridité. Au contraire: pour lui, l'histoire se peignait comme une grande fresque. Il voulait faire revivre de grandes époques, et pour cela, il faisait revivre les grands hommes à travers lesquels elles s'incarnent. Il cherchait à entrer dans leur tête, à percer leur psychologie et leur mentalité. Pour comprendre l'action des grands hommes, il faut voir le monde comme ils le voient.

    Cette réflexion sur les grands hommes tranchait avec l'esprit de l'époque. La tentation intellectuelle des dernières décennies a été de relativiser leur rôle, certains allant même jusqu'à le nier. L'illusion déterministe a voulu congédier l'action humaine et sa capacité à influencer le cours des choses, et même, quelquefois, à le faire basculer. Le biographe, lui, voit le monde autrement. Sans tel homme, sans telle femme, le cours de l'histoire aurait été tout autre. Que serait le vingtième siècle sans de Gaulle, sans Churchill ? Que serait l'histoire de la France sans Napoléon, pour le meilleur et pour le pire ? Sans prétendre qu'elle s'y réduise, c'est peut-être à travers l'action des grands hommes que la liberté humaine se révèle le mieux. Ce n'est pas sans raison que pendant longtemps, on a cru à la nécessaire éducation du Prince.

    Max Gallo était l'héritier d'une tradition historique essentielle, mais souvent moquée par les modes idéologiques qui se sont succédées depuis quelques décennies : l'histoire nationale. Il s'agit de raconter à un peuple son histoire, ou si on préfère, sa grande aventure, en chantant ses belles pages, sans négliger ses pages moins glorieuses aussi. L'éducation historique est essentielle au développement du sentiment national et d'appartenance collective : elle donne à l'homme le sentiment de participer à quelque chose qui le dépasse. On a souvent caricaturé l'histoire nationale à la manière d'une simple histoire patriotique pour les esprits simplets et militants. Pour cela, on a cru devoir opposer au récit glorieux d'hier un récit humiliant, enseignant la haine de soi. Il fallait voir dans la nation une mystification collective et transgresser ses grands symboles.

    En fait, on a assisté, en quelques décennies, à un étrange retournement. La mutation diversitaire de l'histoire l'a transformée en instrument de déconstruction nationale, chaque communautarisme faisant sécession mentalement de la nation pour se présenter comme la victime d'une majorité dont il faudrait désormais contester et abolir les privilèges. La gauche radicale a vu dans la dénationalisation des pays occidentaux le stade suprême de la décolonisation : le multiculturalisme permettrait à la démocratie de s'affranchir du culte de la patrie. Cela aurait pu être la triste devise des dernières décennies : qui apprend l'histoire apprend à détester son pays. On a ainsi voulu couper le lien entre les peuples occidentaux et leur héritage historique. On croyait engendrer des hommes libres alors qu'on fabriquait des individus déculturés.

    Max Gallo n'a pas cédé à cette manie : mieux, il l'a combattue. Fier d'être Français, écrivait-il, en pleine vague pénitentielle. Il rappelait ainsi que le patriotisme n'est pas une pathologie, et qu'un peuple se dissoudra inévitablement si on l'enferme dans un présentisme débilitant, où il n'est plus possible de mettre quoi que ce soit en perspective. La fierté nationale n'a rien d'un patriotisme cocorico, comme on le voit dans les stades lors des grandes compétitions sportives. Il s'agit surtout d'assumer l'histoire de sa nation et de vouloir la poursuivre, en lui assurant la maîtrise de ses destinées. Et pour cela, le récit national est une part essentielle de l'identité nationale. Il faut pouvoir en admirer les grands hommes, les grandes périodes, les grands événements. On ne construit rien de grand sans admiration. Cela, Max Gallo le savait aussi.

    On ne saurait raconter l'histoire d'un peuple en la confondant avec celle d'une faction ou avec le déploiement d'une seule idée. Chacun embrasse à travers son histoire les grandes contradictions qui définissent la condition humaine. D'une certaine manière, la nation est une médiation vers l'universel. Au fil du temps, Max Gallo était passé d'une conception un peu aride de la République à une passion charnelle pour la France. Cela témoignait aussi d'une évolution de sa philosophie politique personnelle. Ce qui l'intéressait, c'était l'âme de la France. À travers elle, chose certaine, c'est une des pages les plus intéressantes de l'histoire humaine qui s'écrit. On se désolera que Max Gallo ne soit plus là pour nous raconter la suite des choses. On ne doutera pas que son œuvre aura donné à ceux qui la fréquentaient le désir de poursuivre l'histoire de France et peut-être même, celui de la raconter.    

    « La mutation diversitaire de l'histoire l'a transformée en instrument de déconstruction nationale, chaque communautarisme faisant sécession mentalement de la nation. »

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Mathieu Bock-Côté : « Macron oblige ses opposants conservateurs à élever le niveau »

     

    Par Mathieu Bock-Côté

    L'analyse qui suit - comme toujours pertinente et profonde - n'est pas d'esprit politicien. Mathieu Bock-Côté ne néglige pas de constater avec lucidité qu' « une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste ». Son objectif peut se résumer à ceci : « Il ne s'agit pas de restaurer le monde d'hier, d'ailleurs, mais de renouer avec les permanences essentielles de toute civilisation ». Ainsi se définit ce qu'il nomme conservatisme. Mais qui pourrait tout aussi bien, dans son acception noble, s'appeler un traditionalisme.  LFAR   

     

    2760774407.2.jpgOn annonçait une victoire écrasante de la République en Marche, avec une opposition atomisée, condamnée à l'insignifiance politique. Le coup d'éclat d'Emmanuel Macron culminerait dans la conquête d'un pouvoir absolu. Le résultat du deuxième tour des élections législatives oblige à nuancer ce portrait. Tous ont noté un taux catastrophique d'abstention. Et si la gauche historique est presque fauchée, l'opposition de droite évite l'humiliation. De même, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon trouvent leur place à l'Assemblée : on y trouvera donc une concurrence forte entre deux figures désirant occuper la fonction tribunitienne. C'est un peu comme si une part significative du corps électoral s'était révoltée au dernier moment contre une complète macronisation de la vie politique. Le pluralisme démocratique sera assuré dans la nouvelle assemblée, même si la victoire de LREM est indéniable et ne saurait être décrétée illégitime, quoi qu'en disent ceux qui croient avoir un monopole sur le peuple qu'ils imaginent toujours en insurrection.

    Le cycle électoral engagé avec les primaires s'est donc terminé : c'est peut-être même une nouvelle époque politique qui commence en France. On peine toutefois à la caractériser. Le macronisme semble concrétiser le rêve du grand parti de la raison, rassemblant les gens qui s'autoproclament éclairés des deux bords du spectre politique, comme s'ils parvenaient à se libérer d'une polarisation désuète, ne correspondant plus au monde d'aujourd'hui. C'est le parti de ceux qui se veulent intelligents et se croient seuls à l'être. Idéologiquement, le macronisme cherche à traduire cette vision en distinguant d'un côté les progressistes et de l'autre les conservateurs. Les premiers adhéreraient à l'esprit de l'époque. Ils seraient réformistes, ouverts, mobiles, innovateurs. Les seconds, qu'ils soient de gauche ou de droite, seraient exagérément accrochés à leurs privilèges ou leurs souvenirs. Ils seraient corporatistes ou nostalgiques. On les présente comme des esprits chagrins. Cela sans compter les populistes, qu'il faudrait tenir à l'écart de la conversation civique.

    Que la distinction entre progressistes et conservateurs soit essentielle n'est pas faux. Elle ne saurait toutefois se définir de manière aussi caricaturale. Ces termes ne sauraient désigner simplement une attitude devant le changement. Ce qui distingue les premiers des seconds, c'est le rapport aux limites. Et Emmanuel Macron, on l'aura noté ces dernières semaines, n'est pas un progressiste caricatural. Le président est plus intéressant que le candidat. Dans son désir manifeste de restaurer, ne serait-ce que sur le plan des apparences, la verticalité du pouvoir, il s'éloigne de l'histrionisme sarkozyste et de la normalité hollandienne. Autrement dit, il cherche à s'approprier symboliquement les marques d'un certain conservatisme, ou du moins, à laisser croire qu'il n'est pas étranger à la dimension hiératique du pouvoir. Si la tendance se maintient, il parviendra, pour un temps du moins, à ne pas raviver la colère de ceux qui sont attachés à la prestance des institutions. Les Français seront beaucoup moins nombreux à avoir honte de leur président.

    Mais on passe là à côté de l'essentiel. Pour l'instant, on peine surtout à repérer les lignes de clivage idéologique fortes autour desquelles pourra prendre forme le débat politique dans les années à venir. On a beau vouloir passer du clivage gauche-droite au clivage progressistes-conservateurs, ou même au clivage plus improbable qu'on ne le dit entre mondialistes et souverainistes, cette grande transformation politique demeure pour l'instant hypothétique : à tout le moins, elle tarde à se fixer. Nous sommes dans une période de mutation où les grandes catégories politiques demeurent brouillées. C'est un changement d'époque. On ne saurait se contenter non plus d'une mise en scène d'un conflit entre un bloc élitaire et un bloc populaire, ou d'une lutte entre le centre et la périphérie, à moins de consentir à un retour explicite de la lutte des classes qui pourrait entraîner bien des débordements. Sur quelles bases se construira l'opposition au macronisme ?

    Assisterons-nous au retour d'une politique apaisée ? Rien n'est moins sûr. Le macronisme victorieux n'est déjà plus euphorique. Certes, l'opposition en bloc et systématique à tout ce que proposera Emmanuel Macron est stérile. Le discours antisystème en est venu à tourner à vide et la faillite du Front national au deuxième tour de la présidentielle le confirme. Les Français ne sont certainement pas enthousiastes devant la nouvelle présidence. Elle ne les révolte pas non plus. Ils souhaitent manifestement qu'Emmanuel Macron soit capable de débloquer un pays que plusieurs sentent enfoncé dans l'impuissance. Ils ne rêvent pas non plus d'une grande liquidation. Il n'est pas interdit de penser non plus qu'il soit capable d'en surprendre plusieurs, si les circonstances historiques l'exigeaient. Chose certaine, devant un bouleversement politique de grande ampleur qu'ils sont très peu nombreux à avoir prévu, il n'est pas interdit d'éviter les prophéties positives ou négatives pour les prochains temps.

    Il n'en demeure pas moins que le réel conserve ses droits et qu'on ne saurait soumettre durablement la politique à un mirage technocratique. La dissolution du politique dans un matérialisme avilissant prend aujourd'hui le visage de l'économisme le plus étroit. Le citoyen est réduit à la figure d'un individu qui n'est plus lié intimement à la communauté politique. Mais de l'immigration massive au multiculturalisme en passant par le terrorisme islamiste et les nouveaux enjeux sociétaux, la crise de civilisation que la France traverse avec les autres sociétés occidentales ne vient pas de se dissiper d'un coup. Elle a été étrangement absente de la dernière séquence politique. Elle s'imposera de nouveau. On ne peut durablement censurer la réalité, malgré ce que pensent ceux qui s'imaginent qu'il suffit de ne pas parler d'un problème pour le faire disparaître.

    Certains relativiseront cette crise de civilisation en disant que le monde a toujours changé et toujours changera. Dès lors, la première vertu de l'homme devient sa capacité d'adaptation à tout ce qui arrive. C'est ce que réclame la mondialisation. Comment ne pas y voir une technicisation à outrance de l'existence ? Mais l'homme ne saurait habiter le monde en étant toujours en marche, comme s'il était soumis à un flux incessant et immaîtrisable. Il a aussi besoin de permanences. Il a besoin d'habiter un monde durable qui marche moins qu'il ne demeure. Qui portera ce désir de continuité ? L'inépuisable question de l'identité de la droite revient alors dans l'actualité. Pour l'instant, une partie de la droite se contente d'une critique comptable du régime qui s'installe, comme si elle était heureuse de se tenir éloignée des enjeux civilisationnels qui ont marqué les dernières années. Elle rêve de moins en moins secrètement de se rallier au nouvel état des choses. Une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste.

    La pensée conservatrice a connu une vraie renaissance ces dernières années. Elle s'était peut-être exagérément accrochée à l'échéance présidentielle de 2017, comme si elle représentait un possible point tournant de l'Histoire. Elle s'était fait croire qu'elle avait renversé l'hégémonie culturelle de la gauche. C'était une illusion. On ne reconstruit pas en une élection un monde déconstruit pendant un demi-siècle. Il ne s'agit pas de restaurer le monde d'hier, d'ailleurs, mais de renouer avec les permanences essentielles de toute civilisation. Ce travail de discernement ne va pas de soi. Pour reprendre les mots d'un philosophe, rien n'est aussi complexe que de distinguer l'essentiel de l'anachronique. Le travail de fond devra se poursuivre, au-delà des seuls rendez-vous électoraux qui, aussi importants soient-ils, ne sauraient définir exclusivement la vie de la cité. Il s'agit de faire renaître un imaginaire, une anthropologie, de désenfouir des sentiments oubliés. Ce n'est qu'ainsi que le conservatisme redeviendra une politique de civilisation. 

    « Une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste. »  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Jean Sévillia, un dissident de la première heure contre le terrorisme intellectuel

     

    Par Mathieu Bock-Côté
     
    Mathieu Bock-Côté - que nous avons souvent cité ici pour la grande clarté de ses justes analyses - a lu Les écrits historiques de combat de Jean Sévillia. Ce dernier a été, selon lui, l'un des premiers à analyser avec lucidité et courage les contours du politiquement correct quand celui-ci était encore triomphant. Ainsi souligne-t-il fort opportunément combien Jean Sévillia a fait oeuvre utile tant au sein du grand groupe de presse auquel il collabore depuis de longues années que par son œuvre personnelle [Figarovox 27.09]. Nul n'ignore la proximité de Jean Sévillia avec notre école de pensée active et l'on se souviendra qu'il a été, avec Marcel Jullian, Gérard Leclerc, Jacques Tréomlet de Villers et Jean-Marc Varaut, l'un de ceux qui ont accueilli et salué le prince Jean de France lorsqu'il vint aux Baux de Provence en juin 2002, rencontrer les royalistes qui s'y rassemblaient chaque année depuis trente ans.    Lafautearousseau
     
     

    3222752275.jpgNombreux sont ceux qui dénoncent le politiquement correct, mais rares sont ceux qui prennent vraiment la peine d'étudier sa logique et son fonctionnement. Dans de nombreux livres parus au fil des quinze dernières années, Jean Sévillia s'est imposé cet exercice, pour voir de quelle manière le politiquement correct manipule les esprits et étouffe la liberté de pensée, de réfléchir et de débattre, dans des sociétés qui prétendent pourtant avoir renversé tous les tabous. Aujourd'hui, sous le titre Écrits historiques de combat (éd. Perrin, 2016), il rassemble trois d'entre eux, Historiquement correct, Moralement correct et Le terrorisme intellectuel. Il fait précéder le tout d'une vigoureuse préface inédite où il revient sur l'état de la vie intellectuelle en France, aujourd'hui, et sur les manifestations de dissidence contre le conformisme progressiste, à un moment, où le pays est victime d'une offensive islamiste qui ramène le tragique au cœur de la cité.

    Cette réédition est heureuse: ces trois ouvrages, parus respectivement en 2003, en 2007 et en 2000, n'ont pas vieilli. Ou plutôt, l'analyse qu'ils nous proposent est confirmée. J'ajouterai qu'ils ont été écrits avant la percée médiatique du nouveau conservatisme français, qui a traumatisé une gauche habituée à définir seule les paramètres de la respectabilité idéologique. Même s'ils demeurent aujourd'hui très minoritaires dans un paysage médiatique où l'hégémonie progressiste est indéniable, les dissidents conservateurs sont néanmoins plusieurs et ont le bonheur, comme on dit, de chasser en meute. Il n'en a pas toujours été ainsi. Quand Jean Sévillia a écrit ses livres, il était un des rares à affronter aussi ouvertement le progressisme, tout en le faisant avec une grande courtoisie démocratique, sans jamais verser dans la polémique gratuite. Il a fait preuve d'un immense courage civique. C'était un précurseur, comme plusieurs l'ont justement noté.

    Sévillia est non seulement journaliste de profession mais historien de vocation. On comprend pourquoi Historiquement correct ouvre ces Écrits historiques de combat. L'espace public, on le sait, est accroché à une certaine vision de l'histoire, qui conditionne le présent et contribue à sa définition. En d'autres mots, le récit historique joue un grand rôle dans la définition des termes de la respectabilité médiatique et de la légitimité politique. Et comme le montre Sévillia, la conscience historique occidentale est obstruée par des légendes et autres mythes qui déforment le passé. Il faut savoir se délivrer de cette mythologie culpabilisante. Qu'il s'agisse des croisades, de l'inquisition, des guerres de religion, des Lumières, de l'esclavage ou de bien d'autres thèmes, Sévillia déconstruit avec une érudition remarquable les clichés qui habitent l'esprit public contemporain. Avec une culture encyclopédique, fruit de très nombreuses lectures, il invalide la vulgate médiatique.

    L'entreprise est indispensable : Sévillia montre comment une forme d'obstination dans l'anachronisme domine notre rapport au passé. On ne pose pas aux acteurs des temps anciens les questions qu'ils se posaient mais on les écrase sous nos préoccupations contemporaines. On instrumentalise le passé pour justifier le dynamitage de la continuité historique. Si le passé est empoissonné, c'est la tradition qu'il faut rejeter, pour mieux repartir à zéro. C'est l'obsession de la table rase. Paradoxe: on pourrait croire que plus le passé s'éloigne et plus son étude se dépassionne. C'est le contraire. Le passage des années le simplifie à outrance. On ne veut y voir que des gentils et des méchants. Plus les témoins disparaissent et plus l'histoire se laisse enfermer dans un récit idéologique qui gomme la complexité des situations. Elle devient dès lors inintelligible. Sévillia réhabilite les vertus de la nuance historique. C'est à cette condition que l'histoire peut redevenir un laboratoire pour réfléchir aux divers visages de la nature humaine.

    Moralement correct examine un autre grand pan du système d'inhibitions qui étouffe le débat public, en illustrant comment les ravages associés aux grandes mutations culturelles liées à la révolution libertaire des années 1970 sont sacralisés. Sévillia montre de quelle manière s'impose la figure de l'individu-roi, au nom de qui on détricote les institutions et on pousse à la dissolution des mœurs communes dans la cité. À terme, cet individu délié, qui s'autocongratule en se présentant comme un citoyen du monde, perd les médiations protectrices pourtant constitutives de son humanité, qu'il s'agisse de la famille ou de la patrie : le bien commun devient impensable. L'individualisme fanatisé fait des ravages et pousse l'être humain vers le fantasme le plus destructeur qui soit, celui de l'autoengendrement. Ici encore, la contribution de Sévillia est majeure : elle démontre la dynamique idéologique commune aux revendications « sociétales ». Toute querelle politique véritable repose en fait sur une divergence anthropologique.

    Troisième ouvrage de ces Écrits historiques de combat, Le terrorisme intellectuel propose une remarquable analyse du politiquement correct à travers une petite histoire de l'intelligentsia française depuis la Deuxième guerre mondiale. De Lénine à Staline, de Mao à Pol Pot, elle s'est très souvent trompée et croit encore aujourd'hui indiquer le sens de l'histoire. Elle se trompe à nouveau en décrétant la fin des nations, en célébrant l'immigration massive ou la théorie du genre. Derrière son hostilité à la civilisation occidentale, on retrouvera une forme de fureur nihiliste, qui la pousse à tout déconstruire. Elle aime aussi présenter ses contradicteurs dans les habits d'un fascisme éternellement renaissant, ce qui est n'est pas sans efficacité lorsque vient le temps d'exécuter médiatiquement un adversaire, de le frapper d'ostracisme. Encore aujourd'hui, on préfère psychiatriser un adversaire plutôt que de débattre avec lui. La parole dissidente fait encore scandale.

    J'y reviens: c'est un travail de longue haleine qui permet aujourd'hui à Jean Sévillia de rassembler ces trois livres. On les lira ou les relira avec grand bonheur. À la différence de ceux qui ont adhéré aux mythes progressistes avant de rejoindre eux aussi le camp des critiques du politiquement correct, on peut dire que Jean Sévillia était dès le début une figure dissidente. Dans nos sociétés, il faut d'abord avoir été de gauche pour avoir un jour le droit de ne plus l'être. On tolère les esprits désenchantés, mais beaucoup moins ceux qui n'ont pas été bluffés. Il ne s'agit pas de se moquer de ceux qui ont d'abord cru au progressisme, avant de s'en éloigner, mais seulement de constater qu'il était possible, dès le début, de ne pas se laisser bluffer par ses légendes, de ne pas se plier à ses commandements. Ces Écrits historiques de combat nous rappellent que Jean Sévillia fut de ceux-là. Il s'est imposé comme un écrivain politique indispensable de nos temps où la liberté se paie plus cher qu'on ne le croit. 

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

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  • HOLLANDE : UNE PERTE TOTALE DE LÉGITIMITÉ

     

    par François Marcilhac*

     

    500021990.jpgCertes, il y a l’individualisme des Français, mais l’explication serait un peu courte. Le fait que nos compatriotes aient été si peu nombreux à pavoiser, comme le leur avait demandé Hollande, leurs balcons et fenêtres du drapeau tricolore, le vendredi 27 novembre, jour de l’hommage national aux victimes du terrorisme islamiste, est avant tout le signe d’une perte totale de légitimité. 

    Ce n’est pas d’être récupérés par le pouvoir que les Français ont craint. Non, c’est bien plus simple que cela : Hollande parle désormais dans le vide et un hommage rendu par un gouvernement qui n’est plus ressenti que comme un pouvoir de fait est à leurs yeux nul et non avenu. Et ce n’est pas le raout écologique, la green party du Bourget à laquelle, paraît-il, la survie de la planète est suspendue, qui va les réconcilier avec leur « président normal ». Comment camper en sauveur du monde l’homme qui s’est révélé incapable de protéger ses concitoyens au cœur du XIe arrondissement de Paris ?

    « Ceux qui nous frappent savent que nous sommes vulnérables. Ils savent que la société française, que les sociétés européennes, occidentales sont fragiles parce qu’un profond malaise les étreint. Ce malaise est dans l’école, dans la culture, dans la justice, dans l’économie, dans la politique. » Comment ne pas être d’accord avec une analyse aussi lucide ? Oui, il convient de dénoncer « des décennies de renoncements, de reniements et de lâchetés collectives  », ainsi que la politique européenne, notamment l’incapacité à « réformer Schengen », ou l’obsession aveugle « à s’élargir  » sans fin. Oui, nous aussi, « nous n’acceptons pas de voir disparaître  » « la France de toujours ». Oui, « un pays n’est pas une page blanche » — Maurras évoquait un « terrain vague » — sur laquelle il n’y aurait « plus de nations, plus d’État, plus de frontières, plus d’identités, plus d’attaches, plus d’héritage  ». Et pourtant, comment le dégoût ne nous prendrait-il pas en apprenant que c’est Sarkozy qui a osé proférer de tels mensonges — dans sa bouche — à Schiltigheim en Alsace, le 25 novembre dernier ? Cherchant à se présenter non pas tant comme le chef des Républicains que comme l’ancien chef de l’Etat, évitant dès lors, pour prendre de la hauteur, de critiquer trop directement Hollande et la gauche mais désireux tout de même de (re)lancer la campagne pour les régionales, il est surtout apparu comme un ancien président en campagne pour 2017... Instrumentaliser la situation dramatique du pays pour retrouver les accents virils et patriotiques de 2007 et de 2012, quelle indécence ! Croire que les Français seront majoritairement dupes, quel aveuglement ! Lui dont la politique a précisément eu pour effet d’aggraver le malaise « dans l’école, dans la culture, dans la justice, dans l’économie, dans la politique ». Lui qui a soumis la France au délire de l’Europe ouverte à tous les vents via la forfaiture du traité de Lisbonne. Lui qui a déstabilisé la Libye, dont la situation devient chaque jour plus menaçante, et commencé d’apporter un soutien aux « rebelles » syriens avant que Hollande ne poursuive dans la même voie. Lui qui a favorisé comme jamais l’immigration et a écrit, le 31 mars 2009, dans sa lettre de mission pour le débat sur l’identité nationale, que « l’ensemble des personnes qui vivent sur le territoire de la République, quelles que soient leurs origines, qu’ils soient étrangers ou français », « tous sont appelés à être des citoyens ». « Notre Nation est métissée. L’immigration constitue une source d’enrichissement permanent de notre identité nationale. [...] La France dont nous défendons les couleurs est une France ouverte sur les autres, sur le monde, sur l’avenir. C’est une France qui évolue avec son temps. C’est une France à laquelle chaque nouvel arrivant, chaque nouveau Français apporte son histoire, les richesses de son origine, sa contribution. » Oui, pour Sarkozy, la France est bien une page blanche que chacun peut venir colorier, et ensanglanter, à sa guise.

    Il lui était d’ailleurs facile de prouver sa toute nouvelle conversion à la « France de toujours » : Baroin lui en offrait l’occasion sur un plateau. Sur ordre du Grand Orient de France, le président de l’Association des Maires de France (AMF) n’a-t-il pas demandé, moins d’une semaine après les attentats islamistes contre les « croisés » et les « infidèles » et à une semaine de l’Avent, une loi interdisant les crèches dans les lieux publics ? Or Sarkozy s’est bien gardé de dénoncer cette atteinte à la « France de toujours ». Chez les Baroin, on est maçon de père en fils et l’AMF, que quittent des maires patriotes chaque jour plus nombreux, n’est plus que le vecteur de cette haine froide du christianisme qu’une définition particulièrement sectaire de la laïcité doit propager : « Une approche philosophique du vivre ensemble que l’on peut qualifier d’humaniste parce qu’elle ne se réfère à aucun dogme religieux ni à aucune vérité “révélée” et qu’elle n’est soumise à aucun appareil religieux. » Comme l’a commenté Gérard Leclerc sur Radio Notre-Dame (24 novembre), « cette définition, qui sent bon le rationalisme rabougri et le b-a ba de la rue Cadet, est tout simplement inepte  ». Et n’a évidemment rien de laïque, si être laïque, c’est simplement respecter la croyance ou la non-croyance de chacun. Oui, nos élites sont décidément indignes de la situation où leur carriérisme et les groupes de pression les ont placées. A droite comme à gauche, elles témoignent d’une coupure totale avec l’être même de la France.

    Un être qu’ignore le régime des partis, lequel transforme tout ce qu’il touche. Ainsi des élections régionales, qui n’ont plus de régionales que le nom. Comment en serait-il autrement alors que les nouvelles régions arbitrairement dessinées par le pays légal ne correspondent à rien ? On n’est même pas sûr qu’elles aient une logique économique puisque aucune étude d’impact n’a précédé leurs nouveaux contours. Ce qui ne signifie pas que l’enjeu régional n’existe pas, au contraire : fédéraliste par essence, l’Action française est peut-être la seule à proposer un projet en ce sens. Mais en attendant, il faut bien se prononcer au plan national, c’est-à-dire, car la république travestit tous les mots, au plan politicien. Un vote PS ou LR est évidemment inenvisageable. Que reste-t-il ? Les candidats qui partagent sur l’indépendance nationale, l’Europe ou l’immigration des analyses proches des nôtres. Deux listes sont donc théoriquement possibles. Mais tout est aussi fonction des personnalités, régionales ou départementales. Par exemple, dans la Somme, l’une des deux listes possibles cache, derrière un paravent patriotique, un vrai vote LGBT. Quant à l’Île-de-France, Wallerand de Saint-Just joue, pour compenser son défaut de notoriété, sur un homonyme de sinistre mémoire et ne propose aux Franciliens sur ses affiches d’autre choix qu’entre la djihadiste en bonnet phrygien de 1793 et celle, voilée, d’aujourd’hui. Avant de se faire siffler par ses éventuels électeurs pour avoir taclé les positions sociétales de Marion Maréchal-Le Pen. Manifestement, certains croient que se dédiaboliser, c’est comme s’encanailler sur le tard : il suffirait pour cela d’adopter les codes devenus ringards de l’après Mai-68, alors que le train de l’histoire, en avançant, a donné naissance à une jeunesse décomplexée qui n’a pas peur de renouer avec les fondements de la société.

    C’est cette jeunesse qui renversera tous les politiciens qui, quelle que soit l’étiquette arborée, se révéleront indignes d’incarner la « France de toujours ». 

    L’Action Française 2000

     
  • Éric Zemmour condamné ou la tentation autoritaire du multiculturalisme

     

    Éric Zemmour vient d'être condamné à 3000 euros d'amende pour incitation à la haine raciale et religieuse. Mathieu Bock-Côté se demande, pour FigaroVox, s'il est devenu interdit d'être pessimiste quant à l'avenir des sociétés occidentales. Cette tribune reflète une certaine et légitime exaspération. Ses conclusions sont tranchées, franches. Sa dénonciation du régime multiculturaliste et de l'idéologie diversitaire est, sur le fond, au sens propre, radicale. Elle va, nous semble-t-il, à l'essentiel, par delà même le cas Zemmour, qui mérite, en l'occurrence, notre soutien et notre sympathie. Celle des idées et de l'ction.  LFAR
     
     

    Mathieu Bock-Coté.jpgÉric Zemmour vient de se faire condamner pour incitation à la haine raciale et religieuse. Immédiatement, ses nombreux ennemis ont célébré : enfin, le vilain essayiste sera reconnu à la manière d'un délinquant dangereux par les Français. Ce sera à nouveau l'occasion de chercher à le congédier de l'espace public, en accusant ses employeurs d'avoir à leur service un propagateur de haine, un polémiste ignoble qui ne devrait pas avoir accès à de grandes tribunes. Ce ne sera pas la première fois, ni la dernière. L'occasion est belle pour tenter d'en finir avec celui qui est devenu le diable de la gauche multiculturaliste française.

    Revenons sur les propos sanctionnés de Zemmour. Ils se résument aisément : il craint que la France ne bascule, tôt ou tard, dans la guerre civile. Cette dernière est peut-être même déjà commencée, sans qu'on n'ose la nommer. On se contente de traiter comme des faits divers ou comme des événements isolés les tensions intercommunautaires qui témoignent d'une implosion du pays. L'immigration massive a créé un nouveau peuple et qu'on le veuille ou non, le continent européen sera probablement témoin d'affrontements significatifs dans les années à venir. En fait, l'immigration massive aura représenté un suicide identitaire pour l'Europe.

    Posons les choses simplement : on peut être en accord avec Zemmour et le voir comme un homme éclairé et courageux, tout comme on peut être en désaccord avec lui et l'accuser de catastrophisme et dans ce cas, on lui répondra vertement. Mais en quoi ses propos devraient-ils tomber sous le coup de la loi ? En quoi devrait-il être interdit d'être pessimiste quant à l'avenir des sociétés occidentales ? Le pessimisme devrait-il tomber juridiquement interdit ? Redouter un péril et l'annoncer, est-ce le souhaiter ? À moins qu'il ne faille prophétiser un avenir radieux pour être le bienvenu dans l'espace public et mériter le titre d'interlocuteur respectable ?

    Bizarrement, c'est peut-être de cela dont il s'agit. L'idéologie multiculturaliste au pouvoir dans toutes les sociétés occidentales a quelque chose d'une religion politique qui suscite un fanatisme idéologique inquiétant chez ses promoteurs : elle distingue le monde d'avant la révélation diversitaire et celui d'après. Avant, le monde était marqué par des discriminations nombreuses et des exclusions détestables. C'était l'époque de la grande noirceur identitaire, où l'identité nationale justifiait une homogénéité autoritaire au service exclusif de l'homme blanc hétérosexuel. La conscience collective officielle en Occident est traversée par ce fantasme, d'autant qu'il est souvent au cœur des programmes historiques scolaires.

    Le monde d'après la révélation diversitaire serait tout autre. Elle prophétise une société nouvelle, fondée sur la reconnaissance mutuelle des différences sous le signe d'un vivre-ensemble harmonieux. La condition pour que ce monde advienne, toutefois, c'est que les nations occidentales renoncent à se placer chacune au cœur de leur propre pays, et à se proposer comme norme identitaire et culturelle. Il ne doit plus y avoir de distinction entre le citoyen et l'étranger, ce qui du coup, abolit la nécessité pour le second de s'assimiler au premier. C'est l'idée d'un monde enraciné qui doit périr. L'homme nouveau, sans préjugés, verra son règne arriver.

    Évidemment, les choses ne se passent pas comme le voudrait la prophétie multiculturelle. Les sociétés européennes éclatent. Une crise majeure se laisse deviner. La contagion islamiste de certaines cités n'en est qu'une facette. L'idéologie multiculturaliste doit traduire ces oppositions dans son logiciel sociologique. On y verra en général une crispation des populations « de souche » qui tarderaient à se convertir à la révélation diversitaire. En un mot, la France serait coupable de ses malheurs. Son crime ? Ne pas se considérer comme une page blanche et vouloir conserver son héritage historique et sa culture. Cette crispation engendrerait différentes phobies qu'il faudrait combattre politiquement et peut-être même pénaliser juridiquement.

    La formule revient souvent : la liberté d'expression ne devrait pas être celle de prêcher la haine, de stigmatiser certaines communautés ou de critiquer certaines religions. Mais la définition de la haine et des phobies est aussi imprécise qu'étendue. D'ailleurs, on assiste à une extension du domaine de l'interdit. C'est peut-être inévitable : au rythme où le nouveau monde s'installe, il tolère de moins en moins ce qui lui rappelle le monde ancien et ceux qui persistent à s'y vouloir fidèles. C'est le paradoxe progressiste : plus il suscite des résistances dans la population, plus il croit devoir se radicaliser. Plus la dissidence idéologique sera forte, et plus il faudra la réprimer.

    On en arrive à la condamnation de Zemmour qui nous en dit beaucoup sur le sort réservé à l'opposition idéologique en régime multiculturaliste. Elle est tout simplement inadmissible. On ne saurait tolérer au cœur de l'espace public un homme contestant ouvertement les assises du multiculturalisme et proposant conséquemment de restaurer les fondements du régime ancien, dont on ne doit penser que du mal. Zemmour trouve manifestement un écho chez ceux qui se réjouissent de voir leur malaise politique et culturel exprimé clairement au cœur de l'espace public. Il devient le porte-parole médiatique d'une dissidence populaire profonde, d'autant que les partis « de droite » ont longtemps refusé de la traduire politiquement.

    Mais la gauche multiculturaliste peine à croire qu'on ne veuille pas vraiment de l'avenir radieux qu'elle promet. Elle doit donc trouver un grand coupable accusé de manipuler des masses égarées traversées par des pulsions mauvaises. On les accuse aussi de flatter la plus mauvaise part de l'homme, celle que la civilisation devrait justement proscrire et refouler dans les marges de la vie sociale. Zemmour devient alors la cible publique. Leur émergence médiatique témoigne plutôt d'une rupture de digue : certains constats qui étaient interdits, ou du moins, certains sentiments, sont désormais au cœur de la vie civique.

    Mais ceux qui accusent Zemmour d'avoir engendré la protestation populaire avec quelques camarades intellectuels et médiatiques lui prêtent une toute puissance démoniaque, comme s'ils avaient le pouvoir de créer les choses simplement en les nommant. On comprend pourquoi il faut les censurer de toutes les manières possibles. Surtout, il faut alors un message clair pour exécuter publiquement ceux qui annoncent la mauvaise nouvelle. Il s'agira d'abord de jeter sur eux la mauvaise réputation, par exemple en les accusant de faire le jeu du Front national ou en les accusant de droitiser le pays.

    Le prix à payer pour rompre avec les codes de la respectabilité diversitaire doit être de plus en plus élevé. Mais les injures ne suffisent plus et l'intimidation progressiste est de moins en moins efficace. La sanction doit alors être clairement établie aux yeux de tous : les condamnations pour propos haineux permettent alors de rejeter hors de la cité et de l'humanité ceux qui en sont reconnus coupables. Le régime multiculturaliste réinvente l'ostracisme et le droit doit participer à une reconstruction de l'espace public à la lumière des nouveaux interdits moraux et idéologiques prescrits par l'idéologie diversitaire.

    On s'exaspérera avec raison du pouvoir incroyable des différents lobbies qui parviennent ainsi à baliser de manière toujours plus étroite la liberté d'expression. Mais cette exaspération serait incomplète si on ne dénonçait pas le zèle idéologique des juges et les lois liberticides sur lesquelles s'appuie leur action. Le multiculturalisme est un régime politique qui se défend contre le désaveu populaire en devenant de plus en plus autoritaire. On voit mal comment chaque nation parviendra à en sortir sans abolir ces lois liberticides et sans restaurer les conditions d'une liberté d'expression authentique, émancipée de la censure idéologique et juridique. 

     
     
    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologue et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.